Le #BREXIT – ou l’opportunité unique pour un #SwissIn

Ce soir il n’y a pas de match; j’aurais pu tranquillement passer ma soirée à repasser mon linge sous l’orage, en sirotant une Boddingtons.

Or jeudi, 51.9% des votants britanniques ont choisi de quitter l’Union européenne; une décision sur le fil du rasoir qui déclenche nombre de ricanements, cris d’orfraies ou feulements satisfaits sur tous les canaux médiatiques suisses. La réaction qui m’a le plus choqué est néanmoins la prise de position de J. Schneider-Ammann, Président de la Confédération, en milieu de matinée. Ce ton geignard et résigné ne peut être celui de la Suisse aujourd’hui.

Le #BREXIT est une chance unique pour la Suisse de reprendre la main, et de donner à la construction européenne une nouvelle dynamique. Après la baffe britannique, l’Union européenne a besoin de nouveaux partenaires, de signaux positifs forts, et d’un acteur a même de contribuer aux changements qui sont appelés de tous. Une Europe plus fédéraliste, moins bureaucratique, qui permette les échanges et les synergies sans être une machine administrative hors de contrôle.

Or qui mieux que la Suisse peut amener son expérience dans ce domaine? En redéposant officiellement une vraie demande d’adhésion, en se lançant dans un #SWISSIN, la confédération helvétique reprendrait son avenir en main, et passerait d’un rôle de parasite à celui de constructeur du renouveau de l’Union Européenne.

 

European Commission President Jean-Claude Juncker, right, welcomes the President of Swiss Confederation Johann Schneider Ammann upon his arrival at the EU Commission headquarters in Brussels on Friday, Jan. 15, 2016. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)
European Commission President Jean-Claude Juncker, right, welcomes the President of Swiss Confederation Johann Schneider Ammann upon his arrival at the EU Commission headquarters in Brussels on Friday, Jan. 15, 2016. (AP Photo/Geert Vanden Wijngaert)

Monsieur Schneider-Amman, ce n’est pas le moment de “prendre acte” en pleurnichant, mais d’agir en entrepreneur et saisir la chance d’un #SWISSIN! La Suisse doit s’engager aujourd’hui dans le renouveau européen, plutôt que d’attendre en ricanant et sombrer tous ensemble dans 5 ans. La Suisse ne se construit pas (plus) sur les décombres de l’Union Européenne.

Trop opposées sur leurs valeurs, la France et l’Allemagne sont incapables de construire ensemble aujourd’hui; l’Europe des frontières et de la sécurité qu’elles esquissent ne fait rêver personne. La rénovation européenne doit se faire dans un processus intégrant tous les pays de bonne volonté, et donner un nouveau souffle à nos démocraties qui se sclérosent. Et pour cela, des pays de moindre importance, mais avec une longue expérience fédéraliste sont nécessaires.

Dans cet esprit j’attends aujourd’hui beaucoup de Didier Burkhalter. Sa réaction durant la journée a montré que lui est capable d’aller de l’avant. Mais se concentrer sur les accords bilatéraux et la négociation des conséquences du vote du 9 février ne suffit de loin plus; cela ne ferait que prolonger de quelques années le parasitage par la Suisse de l’agonie européenne. Il faut oser faire le pas et s’engager dans une redéfinition du contrat Européen. Les pays européens n’attendent que cela, sans que personne n’ose se lancer, laissant le champ libre à tous les populismes*, qui vaincront à chaque fois, comme ils l’ont fait le 9 février et le 23 juin.

Les temps sont durs, et nous n’aurons plus beaucoup d’autres fenêtres d’opportunités que celle-ci. Le pragmatisme doit changer radicalement de cap. Il est temps pour le Parti libéral radical de remiser ses avocats et juristes pour prendre son âme d’entrepreneur; il est temps pour le parti socialiste de développer une pensée visionnaire plutôt que réactionnaire; il est temps pour tous les autres de prendre le chemin certes inconnu, incertain, mais plein de possibles qu’offre un nouveau #SwissIn. Hic, et nunc!

*et leur cortège de coiffures relevant de la psychiatrie