Après près de trois mois de discussions, de tensions et de questionnement, le moment fatidique est “enfin” arrivé aux Etats-Unis. Nous sommes le vendredi 20 janvier et Donald Trump s’apprête à être investi en tant que 45ème président de son pays. Si tout un peuple s’agite et attend de voir ses premiers actes, il semble en être tout autre en Californie.
Ce matin en me levant, outre mes mails et messages privés, j’ai déjà plus d’une dizaine de notifications et autres push rien que pour investiture de Donald Trump sur mon téléphone portables. Il faut dire que la Californie a 9 heures de décalage avec l’Europe et trois heures avec la côte est. En faisant quelques petits calculs matinaux, je me rends compte que je serai encore en plein cours lorsque Trump prêtera officiellement serment. L’application live TV de CNN ne sera donc pas de trop pour suivre ce “spectacle” et je me demande si notre le professeur du jour fera quelques illusions à ce sujet.
Arrivés en classe, nous traitons le sujet du jour sans autre commentaire et personne parmi mes collègues internationaux ne mentionne également l’événement du jour.Notre professeur, appelé Marty va finalement faire une petite allusion au nouveau président lorsque notre cours traite du management de projet et du calcul de coûts, en faisant un petit lien avec le mur à la frontière.
Il faut également dire que Marty n’a pas le profile atypique du professeur californien. Ancien officier américain de la Navy mais de parents allemands, il a grandi à Brooklyn et a beaucoup voyagé en Asie, Europe et Amérique du Sud au cours de sa seconde carrière de Marketing et Project Manager.Cependant, dans ses propos et contrairement à beaucoup d’autres professeurs américains, aucune possibilité de lire sa préférence.
En sortant du cours, je décide donc de suivre la suite de l’investiture derrière l’un des écrans de l’Université, où la foule ne se fait toutefois pas tellement pressante. Il est vrai que nous sommes vendredi midi et que c’est pour beaucoup le début du weekend. Les Californiens qui faut-il le rappeler ont voté à près de 70% Hillary Clinton ont certainement mieux à faire que de suivre le “Donald show”. Sur beaucoup de voitures figurent d’ailleurs encore l’autocollant de campagne de Bernie Sanders.
Après avoir suivi quelques minutes ce discours sur une ligne similaire à sa campagne, je me résous également à abandonner le direct. Je regarderai finalement les commentaires, analyses et résumés plus tard dans la journée dans différents médias.
Quelques jours plus tard, après que la “Women March” ait connu un véritable succès dans toutes les grandes villes américaines y compris en Californie, une rencontre sonne comme un rappel que le rejet de Donald Trump est assez profond dans l’état le plus peuplé des Etats-Unis.
En effet, je tombe sur un ancien professeur, un “anti-Trump” avéré et je lui demande ce qu’il pense des premiers décrets signés par le président. Il me dit qu’il n’est ni impressionné, ni résigné par ses mesures anti-avortements, ses attaques contre l’Obamacare ou encore par la construction du mur du Mexique. Pour lui, cette nouvelle administration n’a tout simplement aucune connaissance et expérience et il espère que le congrès américain saura jouer un rôle unificateur et de gardien de la nation.
Il termine finalement par un brin d’humour, la situation ne semblant pas encore être si catastrophique pour la Californie. Il faut aussi dire, que la ville d’Irvine dans l’Orange County, résolument multi-culturelle est encore en plein développement et que les états américains disposent encore d’une certaine marge de manœuvre. Néanmoins, je serai curieux de savoir son sentiment et sa position après 100 jours de pouvoir du nouveau locataire de la maison blanche.
@Images credits : CNN