Irvine et l’University of California : Histoire d’une ville planifiée

La ville d’Irvine située dans le comté d’ Orange County (Californie du Sud ) est un cas d’étude très intéressant pour comprendre comment certaines aglomérations américaines se sonts construites et développées. Bâtie de toute pièces pour son Université, la ville compte aujourd’hui plus de 250’000 habitants.

L’une des Universités les plus connues en Californie est sans aucun doute celle de Berkeley située au Nord de l’état. Forte d’une solide réputation, elle demeure avec celle historique d’UCLA (University of California Los Angeles) un graal difficilement accessible. Que cela soit d’ailleurs pour les étudiants américains ou étrangers. Outre des frais d’inscription et de scolarité exorbitants, une sélection drastique est au rendez-vous des plus téméraires.

C’est cependant oublier que le pays et la Californie regorgent d’autres établissements prestigieux. L’University of California d’Irvine en est un parfait exemple et l’une d’entre elles. Avec plusieurs prix Nobel et la visite de Barack Obama, ” l’UCI ” s’est construit un nom dans l’un des plus grands états du pays et certains professeurs de Berkeley enseignent également dans cette académie moderne et multi-culturelle.
Afin de comprendre l’histoire du lieu, il est intéressant de noter que ce campus et la ville ont été crées et construits de toutes pièces en 1965 seulement. Sous l’impulsion du président Lyndon Johnson voulant inaugurer de nouvelles universités, c’est toute une agglomération qui en a profité pour sortir de terre, dans ce qui n’était qu’un désert de gravier et de sable. Cette successtory à l’américaine a été permise grâce notamment à l’apport de la famille Irvine et de leur compagnie (Irvine Company) qui cédèrent les terres constructibles pour la ville et le complexe universitaire.


Les travaux conduits par l’architecte William Pereira, le petit ranch et ses fermes se sont transformés en une ville de 50’000 habitants, pensée et construite pour son Université. Tout fut savamment calculé, étudié et planifié au point que les architectes de la Grèce Antique ne renieraient pas cette nouvelle ville. Avec une place précise pour les zones industrielles, résidentielles, récréatives, ainsi que des espaces verts et lacs artificiels. Tout ceci, bâtis bien sûr autour de la partie centrale qui est l’University of Irvine. En se déplaçant dans la ville, cette constante est d’ailleurs facilement remarquable.

 

Toutefois, cette “little city” à moins de 10 kilomètres de la très riche Newport Beach et du bord mer n’en était qu’à ses prémices, puisqu’en 1972 la population et ses autorités décidèrent d’agrandir considérablement la ville et de définir de nouvelles zones,constructibles, commerciales et industrielles. Ainsi, en moins de 35 ans, la population est passée de 50’000 à plus de 250’000 habitants. Ceci a notamment permit l’arrivée de grandes multinationales comme Toshiba, Arcos, Blizzard Entertainment ou Verizon, qui ont installé leurs sièges principaux à Irvine. Au total, ce sont plus de 200’000 emplois et habitations qui ont été crées autour de la ville universitaire. Et l’établissement accueille maintenant des étudiants de toute la California du Sud, sans oublier un grand nombre du monde entier. Il faut avouer, que la ville est la 3ème plus sûre du pays, avec un taux de criminalité très inférieur à la moyenne du pays et un niveau et qualité de vie des plus élevés.

 

Cependant, tout cela à un prix. Et il se calcule en “chers dollars”. Irvine est un lieu où il fait bon vivre mais où les loyers et les taxes sont très élevés et coûteux. Beaucoup de travailleurs ou d’étudiants logent d’ailleurs dans les villes voisines d’Anaheim ou de Costa Mesa, avec à la clé un trafic sur les routes et autoroutes souvent surchargé. Le réseau de transport public étant des plus médiocres, la voiture ou plutôt les belles voitures devrait-on dire étant reines dans cette région.

 

 

Ceci est l’un des revers de médaille. Tout comme le phénomène des rivières asséchées qui se remplissent de sable avec l’aide du vent au cours de l’été (le lieu était un désert de sable et de pierre voici encore 60 ans, faut-il le rappeler). Il n’est donc pas rare de voir des inondations pendant l’hiver en cas de fortes pluies, la ville et la région n’étant pas planifiées pour ce genre d’imprévus.

En conclusion, Irvine reste cependant une ville universitaire où il fait bon vivre, avec son cœur et son campus historique. Les prévisions et objectifs sont d’atteindre les 315’000 habitants d’ici 2035 et d’attirer des multinationales supplémentaires dans cette agglomération multiculturelle.Tout ceci, en préservant la qualité de vie, la sécurité avec son quota de policiers impressionnant par habitants et les espaces verts avec leurs golfs adjacents bien irrigués par la municipalité. Et tout ceci, dans l’Amérique de Donald Trump.
Mais en Californie, tout semble possible…

 

Huits jours de pluie consécutifs en Californie: Du jamais vu depuis près de cinq ans

Alors que le froid et un vent glacial soufflent sur l’est des Etats-Unis , beaucoup s’imaginent que la Californie profite d’un climat sec et ensoleillé en ce début d’année. Néanmoins, il en est tout autre, puisque de fortes pluies s’abattent sur l’un des plus grands états américains.

Presque dix jours consécutifs de pluie, accompagnés d’inondations et de vents violents. Voici près de cinq ans que la Californie et la région de Los Angeles n’avaient pas connu de telles précipitations. Cependant, la région et sa nature en ont grandement besoin, comme l’indique l’un de nos professeurs. Les derniers étés ont été particulièrement secs et arides, laissant peu de place au renouvellement de la nappe phréatique. Les habitants sont donc particulièrement contents comme l’indique mon interlocuteur. Avec une joie à peine cachée, il finit par avouer en bon américain, qu’il se réjouit aussi de pouvoir bénéficier de plus de liberté quand à la quantité d’eau utilisée pour soigner son gazon son jardin.

Ne tombons cependant pas dans les clichés de mauvais genre, puisqu’il m’indique aussi que c’est une vraie bouée de sauvetage pour les glaciers du nord de l’état appelé “Northern California”. En effet, les régions de la Sierra Neveda et de Yosemite Valley ont en grandement besoin. Les derniers hivers ayant été plus doux que par le passé et les étés plus arides que jamais. Si l’état situé sur la côté ouest et pionner dans l’écologie américaine ne veut pas que son sol devienne plus désertique qu’il ne l’est déjà par endroit, cette pluie et ces torrents d’eau sont presque de l’eau bénite.

Profitant de quelques heures de congé, nous nous rendons dans une petite station de ski de Californie du sud, nommée mont Baldy. Située à une heure de Los Angeles qui bénéficie de plus de 330 jours de soleil par année, le ressort est à l’image des Alpes tributaire des canons à neige pour garantir une saison entière aux amateurs de glisse. Avec une altitude de 1280 mètres, je me rends compte en discutant avec un des employés que l’or blanc tombé les derniers jours a déjà presque totalement fondu et en comparant les images des deux dernières décennies, on ne peut que s’incliner devant ce phénomène. N’en déplaise à Donald Trump et à son administration de climato-sceptiques.

 

En conclusion, ces précipitations en abondance ont donc fait beaucoup de bien à la Californie, mais auront aussi causé plusieurs sueurs froides aux autorités de Californie du Nord. En effet, à plus de 750 km de Los Angeles, le barrage d’Oroville, l’une des principales réserves d’eau de l’état a vu son réservoir être endommagé et plein à craquer, suite aux fortes pluies. Le gouverneur a d’ailleurs donné l’ordre d’évacuer plus de 200’000 personnes, le risque d’effondrement et d’inondations étant très important. Finalement, après plusieurs jours d’interventions, à coup de sacs de pierre et de sable lancés par hélicoptère, le barrage et les eaux ont pu être maintenues à distance de la ville et un retour à la normale est prévu entre et début mars.