Midterms 2018: les Américains prêts à se mobiliser pour les élections de mi-mandat

Deux ans après la victoire surprise de Donald Trump, les Américains sont rappelés aux urnes pour les élections de mi-mandat appelées “midterm elections” aux Etats-Unis. Si cet exercice est un peu moins connu que la course à la maison blanche en Europe, il est également moins populaire en Amérique. Cette année semble toutefois être une exception, avec une participation qui s’annonce importante. La personne de Donald Trump n’est d’ailleurs certainement pas étrangère à tout cela. Petit tour d’horizon de l’humeur et des enjeux à quelques jours du vote.

Qu’on le soutienne ou qu’on le déteste ouvertement, le président américain Donald Trump a au moins le mérite de ne laisser personne indifférent. Pour lui, les midterms du 6 novembre prochain sont le premier grand test avant une éventuelle campagne pour sa réélection. Soit les républicains gardent le pouvoir au congrès et il pourra très certainement continuer à mener sa politique actuelle, soit les démocrates parviennent à renverser la table et une toute autre constellation politique se profilera à lui pour les deux dernières années de son mandat présidentiel.

Un renouvellement (partiel) du congrès chaque deux ans
Comme évoqué en préambule, le système électoral américain est ainsi fait, que ses concitoyens sont appelés chaque deux ans à renouveler leur congrès constitué de deux chambres. La chambre des représentants (House of Representatives, chambre basse) est complètement recomposée, alors que le Sénat (Senate, chambre haute) ne l’est qu’à un tiers puisque les sénateurs sont élus pour 6 ans. De ce fait, une nouvelle assemblée est à chaque fois élue soit lors de l’élection présidentielle, soit lors du scrutin de mi-mandat comme ce sera le cas le 6 novembre prochain. En résumé, l’élection du congrès a ainsi lieu chaque mardi suivant le premier lundi du mois de novembre des années paires.

Vous l’aurez compris, outre le renouvellement de l’assemblée, les midterms sont aussi une occasion pour les Américains d’approuver ou non la politique du gouvernement en place. Un air de “mini référendum présidentiel”, en quelque sorte. Il est d’ailleurs de coutume que le parti du président en place perde ce scrutin et qu’il doive plus ou moins gouverner avec un congrès moins favorable que lors de la première moitié de son mandat. Dans l’histoire, seuls Bill Clinton (1998) et George W. Bush (2002) sont parvenus à faire gagner leur camp lors de cette épreuve.

Une occasion en or pour les démocrates 
Avec un Donald Trump très populaire dans sa base mais tout aussi décrié par le reste de la population, les démocrates ont donc de très grandes chances de remporter une voire les deux chambres du congrès. Selon les dernières projections, ils devraient ainsi s’emparer de la chambre des représentants alors que leur probabilité de remporter le Sénat paraît beaucoup plus incertaine qu’il y a six mois. En cause, quelques succès “passagers” de Trump sur la scène internationale, et les accusations finalement sans conséquences prononcées contre le nouveau juge fédéral Brett Kavanaugh qui ont eu le mérite de regonfler et mobiliser la base la plus solide et conservatrice de l’électorat républicain. Dans ces conditions, le parti de Barack Obama semble capable de gommer les 23 sièges de différence à la chambre des représentants. Cependant, au Sénat avec 26 sièges à gagner dont 24 remis en jeu (contre 11 à défendre mais 8 seulement à conserver pour les républicains) la tâche s’annonce très ardue et sera certainement déterminée par la participation du jour.

Les artistes se mobilisent pour les inscriptions sur les listes électorales: Taylor Swift vs Kanye West
La participation, parlons-en. L’une des excuses des démocrates pour la défaite d’Hillary Clinton à la présidentielle était le manque de moyen pour se déplacer le jour du vote. Cette fois-ci, plusieurs artistes ont donné de la voix pour appeler les américains à se mobiliser. Phénomène très ordinaire pour l’élection présidentielle, cette incitation au vote l’est moins pour des midterms. Ainsi, Taylor Swift a ouvertement demandé à ses “followers” d’aller voter, et pour le camp démocrate si possible. Kanye West a lui préféré s’offrir un mono-dialogue incroyable avec Donald Trump. Quoi qu’il en soit, les résultats sont là, avec plus de 170’000 nouveaux inscrits (en 4 jours) suite aux posts de Taylor Swift, beaucoup en comparaison des 70’000 sur tout le mois d’août. Ses fans étant plutôt jeunes et ayant tendance à être contre Donald Trump, cela laisse présager une course serrée le 6 novembre prochain. Reste encore à voir la mobilisation des 45-75 ans qui semblent dans leur majorité pencher très légèrement en faveur du parti du président pour le vote au Sénat.
La bataille du Texas et les county de Californie
Comme mentionné plus haut, la voie des démocrates pour récupérer la majorité aux deux chambres passe par des succès voire des exploits dans quelques états stratégiques. Ainsi, qui aurait cru voici encore deux ans que le Texas, terre républicaine, patrie de la famille Bush et base solide pour Donald Trump pourrait vaciller en mains démocrates? Le sénateur Ted Cruz tente en tous les cas de sauver sa tête face au challenger Beto O’Rourke. Le président en personne a appuyé la candidature de Cruz après l’avoir pourtant personnellement attaqué à maintes reprises lors de la présidentielle. Preuve que l’heure est à la vigilance du côté d’Austin.
Du côté de la chambre des représentants, l’attention se porte vers la Californie avec plusieurs comtés ( county en anglais) à tendance républicaine qui vont très certainement passer chez les démocrates. L’un des meilleurs exemples est celui d’Orange County, une région riche et privilégiée située entre Los Angeles et San Diego (voir aussi l’article sur la ville d’Irvine).
Cette enclave républicaine au pays des démocrates semble lassée par son représentant de la ligne pro-Trump et tout porte à croire que le modéré Harley Rouda remportera la partie. Un professeur de l’Université de Califonria se réclamant des républicains confiait d’ailleurs: ” Je suis républicain, mais rien ne m’oblige cette fois-ci à voter pour eux. Cette ligne n’est pas celle historiquement défendue ici. Je voterai pour l’autre candidat”. En d’autres termes, il votera démocrate. D’autres sons de cloches auprès de femmes blanches de la communauté de Newport Beach laissent penser que le candidat démocrate est plus proche des vraies valeurs républicaines notamment sur l’économie et le libéralisme. Elles aussi miseront sur lui pour sortir de la ligne trumpiste. Ces cas isolés mais assez nombreux pour pouvoir faire pencher la balance feront-ils le jeu des démocrates ? On ne demande qu’à voir.
La baie de Newport Beach (Orange County, California)

 

Trump se posera en vainqueur

En conclusion et en attendant la décision des Américains, l’ampleur de la participation devrait être le juge de paix. Les derniers midterms de 2014 avaient vu 36% de participation (dans la moyenne basse) contre près de 60% pour la présidentielle de 2016. Nous devrions pour 2018 être très certainement au-dessus de 45% soit une vraie prouesse pour des élections de mi-mandats américaines. Une autre donnée cruciale sera la réaction des démocrates en cas de victoire. Iront-ils jusqu’à tenter de voter l’impeachment contre Donald Trump ou attendront-ils l’heure de la présidentielle comme Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama, le conseille. Tout dépendra de la marge de manœuvre et des rapports de force des futurs candidats à la primaire. Si l’aile gauche emmenée par Bernie Sanders et Elizabeth Warren sort renforcée, l’impeachment est probable. Si, par contre, les modérés comme le Texan O’Rourke et la jeune Californienne Kamala Harris à qui l’on prédit un grand destin prennent le pouvoir, ils devraient normalement laisser le président terminer son mandat pour mieux attaquer ensuite

Une seule chose paraît toutefois certaine. Donald Trump maniera la victoire ou la défaite avec opportunisme comme il sait le faire. Si les républicains gardent leur majorité, il  aura la voie libre et se posera en grand vainqueur et sauveur de la nation. Il n’aura ainsi plus qu’à lancer sa campagne pour 2020 assortie d’un “keep America Great again”. Si les démocrates gagnent à une courte majorité, il se présentera en grand rassembleur et “roi du deal” comme il se vend si bien. Et non content de pouvoir nommer de nouveaux juges conservateurs à la cour suprême, il utilisera cet argument et ses promesses électorales tenues lors de la première partie de son mandat pour se tourner vers 2020.

Irvine et l’University of California : Histoire d’une ville planifiée

La ville d’Irvine située dans le comté d’ Orange County (Californie du Sud ) est un cas d’étude très intéressant pour comprendre comment certaines aglomérations américaines se sonts construites et développées. Bâtie de toute pièces pour son Université, la ville compte aujourd’hui plus de 250’000 habitants.

L’une des Universités les plus connues en Californie est sans aucun doute celle de Berkeley située au Nord de l’état. Forte d’une solide réputation, elle demeure avec celle historique d’UCLA (University of California Los Angeles) un graal difficilement accessible. Que cela soit d’ailleurs pour les étudiants américains ou étrangers. Outre des frais d’inscription et de scolarité exorbitants, une sélection drastique est au rendez-vous des plus téméraires.

C’est cependant oublier que le pays et la Californie regorgent d’autres établissements prestigieux. L’University of California d’Irvine en est un parfait exemple et l’une d’entre elles. Avec plusieurs prix Nobel et la visite de Barack Obama, ” l’UCI ” s’est construit un nom dans l’un des plus grands états du pays et certains professeurs de Berkeley enseignent également dans cette académie moderne et multi-culturelle.
Afin de comprendre l’histoire du lieu, il est intéressant de noter que ce campus et la ville ont été crées et construits de toutes pièces en 1965 seulement. Sous l’impulsion du président Lyndon Johnson voulant inaugurer de nouvelles universités, c’est toute une agglomération qui en a profité pour sortir de terre, dans ce qui n’était qu’un désert de gravier et de sable. Cette successtory à l’américaine a été permise grâce notamment à l’apport de la famille Irvine et de leur compagnie (Irvine Company) qui cédèrent les terres constructibles pour la ville et le complexe universitaire.


Les travaux conduits par l’architecte William Pereira, le petit ranch et ses fermes se sont transformés en une ville de 50’000 habitants, pensée et construite pour son Université. Tout fut savamment calculé, étudié et planifié au point que les architectes de la Grèce Antique ne renieraient pas cette nouvelle ville. Avec une place précise pour les zones industrielles, résidentielles, récréatives, ainsi que des espaces verts et lacs artificiels. Tout ceci, bâtis bien sûr autour de la partie centrale qui est l’University of Irvine. En se déplaçant dans la ville, cette constante est d’ailleurs facilement remarquable.

 

Toutefois, cette “little city” à moins de 10 kilomètres de la très riche Newport Beach et du bord mer n’en était qu’à ses prémices, puisqu’en 1972 la population et ses autorités décidèrent d’agrandir considérablement la ville et de définir de nouvelles zones,constructibles, commerciales et industrielles. Ainsi, en moins de 35 ans, la population est passée de 50’000 à plus de 250’000 habitants. Ceci a notamment permit l’arrivée de grandes multinationales comme Toshiba, Arcos, Blizzard Entertainment ou Verizon, qui ont installé leurs sièges principaux à Irvine. Au total, ce sont plus de 200’000 emplois et habitations qui ont été crées autour de la ville universitaire. Et l’établissement accueille maintenant des étudiants de toute la California du Sud, sans oublier un grand nombre du monde entier. Il faut avouer, que la ville est la 3ème plus sûre du pays, avec un taux de criminalité très inférieur à la moyenne du pays et un niveau et qualité de vie des plus élevés.

 

Cependant, tout cela à un prix. Et il se calcule en “chers dollars”. Irvine est un lieu où il fait bon vivre mais où les loyers et les taxes sont très élevés et coûteux. Beaucoup de travailleurs ou d’étudiants logent d’ailleurs dans les villes voisines d’Anaheim ou de Costa Mesa, avec à la clé un trafic sur les routes et autoroutes souvent surchargé. Le réseau de transport public étant des plus médiocres, la voiture ou plutôt les belles voitures devrait-on dire étant reines dans cette région.

 

 

Ceci est l’un des revers de médaille. Tout comme le phénomène des rivières asséchées qui se remplissent de sable avec l’aide du vent au cours de l’été (le lieu était un désert de sable et de pierre voici encore 60 ans, faut-il le rappeler). Il n’est donc pas rare de voir des inondations pendant l’hiver en cas de fortes pluies, la ville et la région n’étant pas planifiées pour ce genre d’imprévus.

En conclusion, Irvine reste cependant une ville universitaire où il fait bon vivre, avec son cœur et son campus historique. Les prévisions et objectifs sont d’atteindre les 315’000 habitants d’ici 2035 et d’attirer des multinationales supplémentaires dans cette agglomération multiculturelle.Tout ceci, en préservant la qualité de vie, la sécurité avec son quota de policiers impressionnant par habitants et les espaces verts avec leurs golfs adjacents bien irrigués par la municipalité. Et tout ceci, dans l’Amérique de Donald Trump.
Mais en Californie, tout semble possible…

 

Huits jours de pluie consécutifs en Californie: Du jamais vu depuis près de cinq ans

Alors que le froid et un vent glacial soufflent sur l’est des Etats-Unis , beaucoup s’imaginent que la Californie profite d’un climat sec et ensoleillé en ce début d’année. Néanmoins, il en est tout autre, puisque de fortes pluies s’abattent sur l’un des plus grands états américains.

Presque dix jours consécutifs de pluie, accompagnés d’inondations et de vents violents. Voici près de cinq ans que la Californie et la région de Los Angeles n’avaient pas connu de telles précipitations. Cependant, la région et sa nature en ont grandement besoin, comme l’indique l’un de nos professeurs. Les derniers étés ont été particulièrement secs et arides, laissant peu de place au renouvellement de la nappe phréatique. Les habitants sont donc particulièrement contents comme l’indique mon interlocuteur. Avec une joie à peine cachée, il finit par avouer en bon américain, qu’il se réjouit aussi de pouvoir bénéficier de plus de liberté quand à la quantité d’eau utilisée pour soigner son gazon son jardin.

Ne tombons cependant pas dans les clichés de mauvais genre, puisqu’il m’indique aussi que c’est une vraie bouée de sauvetage pour les glaciers du nord de l’état appelé “Northern California”. En effet, les régions de la Sierra Neveda et de Yosemite Valley ont en grandement besoin. Les derniers hivers ayant été plus doux que par le passé et les étés plus arides que jamais. Si l’état situé sur la côté ouest et pionner dans l’écologie américaine ne veut pas que son sol devienne plus désertique qu’il ne l’est déjà par endroit, cette pluie et ces torrents d’eau sont presque de l’eau bénite.

Profitant de quelques heures de congé, nous nous rendons dans une petite station de ski de Californie du sud, nommée mont Baldy. Située à une heure de Los Angeles qui bénéficie de plus de 330 jours de soleil par année, le ressort est à l’image des Alpes tributaire des canons à neige pour garantir une saison entière aux amateurs de glisse. Avec une altitude de 1280 mètres, je me rends compte en discutant avec un des employés que l’or blanc tombé les derniers jours a déjà presque totalement fondu et en comparant les images des deux dernières décennies, on ne peut que s’incliner devant ce phénomène. N’en déplaise à Donald Trump et à son administration de climato-sceptiques.

 

En conclusion, ces précipitations en abondance ont donc fait beaucoup de bien à la Californie, mais auront aussi causé plusieurs sueurs froides aux autorités de Californie du Nord. En effet, à plus de 750 km de Los Angeles, le barrage d’Oroville, l’une des principales réserves d’eau de l’état a vu son réservoir être endommagé et plein à craquer, suite aux fortes pluies. Le gouverneur a d’ailleurs donné l’ordre d’évacuer plus de 200’000 personnes, le risque d’effondrement et d’inondations étant très important. Finalement, après plusieurs jours d’interventions, à coup de sacs de pierre et de sable lancés par hélicoptère, le barrage et les eaux ont pu être maintenues à distance de la ville et un retour à la normale est prévu entre et début mars.

Le jour où Donald prêta serment: un matin comme un autre en Californie 

Après près de trois mois de discussions, de tensions et de questionnement, le moment fatidique est “enfin” arrivé aux Etats-Unis. Nous sommes le vendredi 20 janvier et Donald Trump s’apprête à être investi en tant que 45ème président de son pays. Si tout un peuple s’agite et attend de voir ses premiers actes, il semble en être tout autre en Californie.

Ce matin en me levant, outre mes mails et messages privés, j’ai déjà plus d’une dizaine de notifications et autres push rien que pour investiture de Donald Trump sur mon téléphone portables. Il faut dire que la Californie a 9 heures de décalage avec l’Europe et trois heures avec la côte est. En faisant quelques petits calculs matinaux, je me rends compte que je serai encore en plein cours lorsque Trump prêtera officiellement serment. L’application live TV de CNN ne sera donc pas de trop pour suivre ce “spectacle” et je me demande si notre le professeur du jour fera quelques illusions à ce sujet.

Arrivés en classe, nous traitons le sujet du jour sans autre commentaire et personne parmi mes collègues internationaux ne mentionne également l’événement du jour.Notre professeur, appelé Marty va finalement faire une petite allusion au nouveau président lorsque notre cours traite du management de projet et du calcul de coûts, en faisant un petit lien avec le mur à la frontière.

Il faut également dire que Marty n’a pas le profile atypique du professeur californien. Ancien officier américain de la Navy mais de parents allemands, il a grandi à Brooklyn et a beaucoup voyagé en Asie, Europe et Amérique du Sud au cours de sa seconde carrière de Marketing et Project Manager.Cependant, dans ses propos et contrairement à beaucoup d’autres professeurs américains, aucune possibilité de lire sa préférence. 

En sortant du cours, je décide donc de suivre la suite de l’investiture derrière l’un des écrans de l’Université, où la foule ne se fait toutefois pas tellement pressante. Il est vrai que nous sommes vendredi midi et que c’est pour beaucoup le début du weekend. Les Californiens qui faut-il le rappeler ont voté à près de 70% Hillary Clinton ont certainement mieux à faire que de suivre le “Donald show”. Sur beaucoup de voitures figurent d’ailleurs encore l’autocollant de campagne de Bernie Sanders.

Après avoir suivi quelques minutes ce discours sur une ligne similaire à sa campagne, je me résous également à abandonner le direct. Je regarderai finalement les commentaires, analyses et résumés plus tard dans la journée dans différents médias.


Quelques jours plus tard, après que la “Women March” ait connu un véritable succès dans toutes les grandes villes américaines y compris en Californie, une rencontre sonne comme un rappel que le rejet de Donald Trump est assez profond dans l’état le plus peuplé des Etats-Unis.

 En effet, je tombe sur un ancien professeur, un “anti-Trump” avéré et je lui demande ce qu’il pense des premiers décrets signés par le président. Il me dit qu’il n’est ni impressionné, ni résigné par ses mesures anti-avortements, ses attaques contre l’Obamacare ou encore par la construction du mur du Mexique. Pour lui, cette nouvelle administration n’a tout simplement aucune connaissance et expérience et il espère que le congrès américain saura jouer un rôle unificateur et de gardien de la nation.
Il termine finalement par un brin d’humour, la situation ne semblant pas encore être si catastrophique pour la Californie. Il faut aussi dire, que la ville d’Irvine dans l’Orange County, résolument multi-culturelle est encore en plein développement et que les états américains disposent encore d’une certaine marge de manœuvre. Néanmoins, je serai curieux de savoir son sentiment et sa position après 100 jours de pouvoir du nouveau locataire de la maison blanche.

@Images credits : CNN

Semestre d’études en Californie: de l’aéroport aux campus

En choisissant de quitter la Suisse afin d’étudier et travailler aux Etats-Unis dans le cadre d’un programme de visa universitaire de six mois, la première étape est l’arrivée sur le sol américain. Après près de 13 heures de vols, c’est là que commence l’aventure, et l’immersion est d’ailleurs immédiate. Retour sur les premiers jours de ce séjour sous la bannière étoilée en commençant par l’aéroport de Los Angeles.

 

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« Welcome to the United States of America ». Lorsque vous entendez cette petite phrase anodine mais de très haute importance de la part de l’officier à l’immigration, cela signifie que vous pouvez enfin vous diriger vers la sortie officielle de l’aéroport, non sans oublier de récupérer vos bagages et de faire l’inventaire complet si nécessaire auprès du deuxième contrôle de sécurité.
Avant d’entendre ces paroles bénites, vous devez toutefois vous armer de patience et espérer avoir correctement préparé votre arrivée aux pays de Georges Washington.

 

En effet, pas plus tard qu’au mois de novembre dernier, un étudiant suisse s’était présenté sur la côte est sans le visa et l’autorisation de séjour et d’études de son université. Pensant qu’un simple « ESTA » (voyage de moins de trois mois) était suffisant ou mal informé par son école, il en fut pour ses frais et fut renvoyé sur le champ dans le premier avion pour l’Europe. Suisse, européen ou d’un autre continent, la règle est d’ailleurs identique pour tous.
Revenons donc au passage de l’immigration à la sortie de l’avion. La plupart des passagers sont sans aucun doute fatigués, certains sur-excités et d’autres complètement perdus, comme ce couple de Séoul arrivé sur un vol quelques minutes avant nous. Ils me demandent de l’aide dans le langage universel des mains, je leur fais signe de suivre le cordon sécuritaire. Cordon qu’une famille suisse prend une certaine liberté de couper devant moi, la file étant il faut l’admettre assez vide ce jour-là.

Les Helvètes et leurs enfants d’abord amusés se feront rapidement intercepter par le personnel de sécurité qui leur demande de revenir se placer juste devant moi à l’endroit où ils s’étaient permis de sortir du tracé et du « passage officiel ». Les enfants me regardent un peu pantois et surpris, je leur adresse un sourire et quelques mots en français avec un « bienvenue aux États-Unis ». Je leur conseille également de suivre scrupuleusement les instructions dans cette partie officielle, s’ils ne veulent pas prolonger leur chemin d’accès à leurs vacances. Ce petit épisode sonne comme une première piqûre de rappel de l’administration américaine et me fait réaliser que je suis bien arrivé sur leur sol.

 

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Pour quelques heures encore, c’est bien la photo de l’administration Obama qui vous accueille l’aéroport international de Los Angeles

Lorsque arrive mon tour auprès de l’officier à l’immigration, je suis déjà le cinquième étudiant dans ma file, autant dire que la personne devant moi est parfaitement rodée. Je présente tous les documents nécessaires (visa, autorisation d’étudier, contrat de résidence), réponds aux questions traditionnelles des raisons du choix américain, de l’université, du lieu et de la durée de séjour. Sauf que lorsque je dois déposer mes empreintes, une de mes mains remplie de sacs, de la veste d’hiver et de mes documents officiels tremble un peu de fatigue. L’officier me regarde et me demande la raison, mais je lui explique que le fait de n’avoir pas fermé les yeux depuis plus de 25 heures tout en voyageant en est la cause. Après quelques sueurs froides inutiles, sa réponse avec un  » Welcome to the United States and take a rest » se veut finalement rassurante.

 

Le trajet et la prise en charge par un shuttle pour 25 dollars au milieu des dizaines disponibles se passe de commentaires, ayant tout réservé à l’avance après une minutieuse comparaison de l’offre, le prix pouvant tripler d’une compagnie à l’autre.
Après 7 heures de sommeil bien méritées, je me lève le lendemain matin afin de prendre un bus public m’emmenant vers le campus universitaire. Oubliez la précision et le confort des horaires suisses, un bus par heure et au timing s’avérant plus ou moins juste, c’est le mieux que la Californie puisse vous offrir.Sur la côte ouest comme dans le reste du pays d’ailleurs, si vous n’avez pas de voiture, vous êtes assez rapidement limité. Uber ou Lyft peuvent par contre devenir vos meilleurs amis.

 

La prise en charge par le bus, restera pourtant comme l’un des premiers meilleurs souvenirs. N’ayant pas le change pour 2 dollars exacts, le conducteur me demande de faire le tour des passagers afin de demander de l’aide. Une mère de famille me tend immédiatement 2 dollars et me les offre avec un grand sourire, me disant « la prochaine fois c’est vous qui aiderez quelqu’un ». Je suis un peu gêné, mais je n’ai pas le choix avec mon billet de 20 dollars. Je la remercie vivement et nous discutons ensemble tout le trajet sur l’Amérique et l’Europe qu’elle venait de visiter en décembre. Une conversation nommée « small talk » d’ailleurs presque obligée aux Etats-Unis contrairement en Suisse (le fait qu’elle m’ait payé mon trajet à l’université n’entrant ici plus en ligne de compte).

 

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Me voici donc arrivé à l”University of California d’Irvine” pour mon premier cours de marketing et project management. Le campus et la ville ont été crées et construits de toutes pièces en 1965. Sous l’impulsion du président Lyndon Johnson voulant inaugurer de nouvelles universités, c’est toute une ville qui en a profité pour sortir de terre, dans ce qui n’était qu’un désert de gravier et de sable. Cette successtory à l’américaine sera d ailleurs l’objet d’un prochain article sur l’évolution de cette ville aujourd’hui peuplée de 250’000 habitants, nommée Irvine du nom de la famille qui céda les terres constructibles pour le complexe universitaire.