Chèque du Président Roosevelt en 1939 en faveur de March of Dime, organisation contre la poliomyélite ou paralysie infantile qui décimait alors les Etats-Unis
Le 19 septembre 2020 dans une tribune publiée dans le New England Journal of Medicine, trois professeurs américains (Barry Bloom, Glen Nowak et Walter Orenstein) montrent le besoin de répondre clairement à la question de la date d’un vaccin contre le COVID-19 et de préparer déjà maintenant une communication claire sur ce vaccin.
Les trois auteurs constatent que la réponse doit aller plus loin qu’une estimation de spécialiste sur la date de la démonstration de l’efficacité et de l’innocuité du premier vaccin. Quand aurons-NOUS un vaccin contre le COVID-19 ? Cette question du public comprend souvent trois interrogations: la date de la disponibilité d’un vaccin efficace et sûr, la disponibilité pour le public général et les délais pour avoir une protection suffisante pour qu’un retour à la normale soit possible.
Le problème est que la compréhension de l’efficacité et de l’innocuité d’un vaccin peut varier largement entre la population générale et les experts. Les explications techniques sur les biotechnologies utilisées, les essais cliniques et les agences de santé ne vont pas suffire pour inspirer confiance parmi les médecins cliniciens et la population générale. La tribune du 19 septembre 2020 cite plusieurs points clés afin d’obtenir une information claire sur la vaccination contre le COVID-19:
- Les agences de santé nationales comme la Food and Drug Administration (FDA) responsables d’approuver ou non ces nouveaux vaccins ont déjà déclaré qu’aucun compromis sur l’efficacité et l’innocuité n’aura lieu. Cette promesse doit être constamment répétée. On peut ajouter que la même promesse par les dirigeants de grands groupes pharmaceutiques a été déjà déclarée et devra aussi être répétée.
- Les médecins praticiens et le public devront avoir accès à des données claires sur les études cliniques et les résultats d’efficacité et d’innocuité.
- La disponibilité du ou des vaccins approuvés devra être assurée à toutes et à tous ceux qui le désirent.
- La stratégie de vaccination devra être développée sur des bases équitables et rationnellement scientifiques. Le choix entre diverses options devra correspondre aux valeurs sociétales comme vacciner d’abord les personnes les plus à risque, ou les plus exposées ou encore celles risquant de transmettre le plus. L’accessibilité de vaccins entre les pays devra aussi être abordée.
Le degré d’acceptation de la vaccination contre le COVID-19 est déjà vu comme un enjeu majeur d’ailleurs traité dans le Temps.ch du 6 septembre 2020. Les 3 auteurs détaillent les challenges. Dans l’hypothèse d’une immunité de groupe d’au moins 60% à 70% pour éviter la propagation du SARS-CoV-2, il faudrait avoir 70% de la population vaccinée ou déjà immunisée car il semble que 90% des personnes soient susceptibles de répondre aux vaccins anti-COVID-19 en développement. Avoir une majorité d’Américains vaccinés promet d’être une gageure avec seulement 50% d’Américains prévoyant de se vacciner. Pire, il ne faudra pas croire qu’il est garanti que les personnes avec un besoin objectif élevé de se faire vacciner le feront réellement. Face à ce challenge, les trois professeurs américains évoquent des pistes à suivre:
- fournir des informations factuelles dans une forme adéquate culturellement et accessible
- impliquer activement le personnel de santé (médecins praticiens et infirmières) avec une information complète au niveau mondial
Les trois auteurs rappellent que depuis des décennies, une communication active sur la vaccination ne débute qu’après des échecs comme celui avec le vaccin contre le papilloma virus ou la grippe saisonnière. Il faut remonter aux années 50 pour trouver une communication active proactive en faveur de la vaccination contre le virus causant la poliomyélite alors appelée paralysie infantile. L’ONG américaine “March of Dime” (la marche pour le sous, créée par le Président Roosevelt en 1938) avait joué un rôle majeur pour promouvoir publiquement la vaccination contre la paralysie infantile. Ils appellent à débuter l’effort de communication et d’information sur la vaccination contre le COVID-19 dès maintenant avec les divers responsables et des groupes de populations.
Que retenir de cette tribune pour la Suisse ? Tout d’abord, les enjeux et les challenges de la vaccination contre le COVID-19 sont très similaires en Suisse et aux Etats Unis. En Suisse aussi, on peut déjà parier sur la nécessité d’un large débat. Les associations de sciences médicales, les fournisseurs de santé, les responsables de santé publique et les politiques doivent engager le débat dès maintenant. Celui-ci devra couvrir aussi les questions sociétales en plus des questions techniques. En particulier, il faudra évoquer avec détermination la nature personnelle ou collective du choix de la vaccination. Finalement, pourquoi ne pas débattre puis prévoir déjà une votation sur la stratégie vaccinale contre le COVID-19 ?
bonjour; vous faites du marketing, et cela seulement ! or on sait bien qu’il n’est pas utile de se faire vacciner, mais par contre il est impératif d’avoir un bon système immunitaire, donc une bonne santé, donc une vie correcte; je doute que le Journal Le Temps, journal de référence, ait pu laisser publier un tel parti-pris non nuancé ! bel automne à vous !
Merci Monsieur Serot pour votre commentaire,
Décrire comme marketing l’article suggère qu’il y aurait un lien d’intérêt entre mes écrits et mes activités. C’est l’occasion de pouvoir le déclarer: je n’ai pas de lien d’intérêt avec un projet ou une entreprise développant des vaccins contre des maladies infectieuses dont le COVID-19.
Si intérêt rime avec curiosité, je vous invite à lire l’excellent interview du Dr Alessandro Diana paru dans le Temps du 6 septembre 2020 «Les vaccins sont victimes de leur succès» où il est décrit comment “Une mort évitée pèse beaucoup moins qu’une mort avérée” et comment nous oublions les 1000 morts annuelles de la rougeole évitées en Suisse grâce à la vaccination.
Merci M. Otten pour cette intéressante référence.
Il serait peut-être bon de rappeler, parfois, ce qu’est un vaccin. (Je ne suis pas un spécialiste, aussi merci M Otten de corriger ou même de supprimer cette proposition de réponse !).
Notre système immunitaire comprend 2 branches, le système inné et le système adaptatif. Le premier répond immédiatement aux infections courantes. Le second tente de trouver la molécule qui pourra attaquer l’agent infectieux à combattre. Pour cela, un grand nombre de molécules sont générées au hasard, jusqu’à ce que l’une d’entre elle convienne. Elle est alors répliquée des millions (milliards?) de fois et combat l’infection. Le système immunitaire mémorise ce processus de fabrication. Cette phase de recherche dure environ une semaine, temps pendant lequel l’agent infectieux se multiplie et fait des dégâts.
Le principe du vaccin (conventionnel) est tout simple : il consiste à fournir au système immunitaire un agent infectieux désactivé ayant toutes les caractéristique de l’original sauf sa dangerosité. Le système immunitaire fait alors son travail, trouve la molécule salvatrice et mémorise son processus de fabrication.
Evidemment, c’est plus complexe, mais un vaccin est, en quelque sorte, un entraînement du système immunitaire et a, par conséquence, tendance à le renforcer. Alors pourquoi s’en priver ?
Merci pour votre utile explication qui vulgarise très bien ce qui est un vaccin classique.
Depuis l’arrivée du génie génétique il y a quelques décénnies, les vaccins fonctionnent toujours comme vous l’écrivez si bien “un entraînement du système immunitaire” mais ces vaccins sont très différents d’un agent infectieux désactivé ou rendu non-virulent. Le génie génétique étant inventif, il existe de multiples nouveaux types de vaccins mais ceux-ci partagent tous le principe qui est d’amener dans le corps la ou les protéines microbiennes qui servent à stimuler le système immunitaire.
Le vaccin de l’hépatite B a été le premier vaccin issu du génie génétique dans les années 80 à être mis sur le marché.
Merci de vos précisions.
Mais, semble-t-il, les vaccins dits ADN et ARN agissent encore différemment. Est-ce explicable simplement ?
Comme tout vaccin, les vaccins à base d’ARN ou d’ADN arrivent au même but: stimuler le système immunitaire adaptatif avec une ou des proteines microbiennes mais il y a une différence que voici:
– La différence est que la fabrication de ces protéines microbiennes a lieu dans le corps humain (via le codage de l’ARN ou ADN). L’ARN ou ADN sont produits en usine par génie génétique
– Au contraire, les vaccins recombinants (génie génétique) ou les vaccins à base de microbes innactivés sont fabriqués “en usine” et permettent d’injecter les proteines qui sont fabriqués “en usine” et non pas dans le corps humain
Il y a encore la situation des vaccins classiques vivants où le microbe non-virulant se multiplie dans le corps humain. Ici aussi, les proteines stimulant le système immunitaire sont produites dans le corps humain sans toutefois recourir au génie génétique.
Vous le voyez la technologie des vaccins est inventive !
Comment pouvez-vous dire une pareille chose Monsieur Serot ! Quand on sait que la poliomyélite n’a pu être vaincue que parce que l’on a pu vacciner à très grande échelle ! Et il y a d’autres exemples.
Le système immunitaire est certes fondamental, mais il ne peut pas tout et les vaccins lui donnent un coup de main.