Conseil des États : une de partie, dix de retrouvées ?

Il y a 23 ans, j’ai eu l’honneur d’être élue conseillère nationale sur la liste femmes du Parti socialiste genevois. Une liste qui, comme son nom l’indique, avait été créée pour favoriser l’élection de femmes, nettement sous-représentées au parlement fédéral. Las, cette question reste aujourd’hui d’actualité et nécessite l’engagement de tous les partis.

Oui, une certaine inquiétude règne quant au nombre de femmes qui seront élues en 2019 sur les listes de gauche, notamment au Conseil des États. Mais la responsabilité d’une meilleure représentation des femmes en politique n’incombe pas uniquement aux partis de gauche. Pour rappel, seules deux femmes PDC occupent actuellement un siège de sénatrice, et une seule PLR  – qui pourrait être prochainement élue au Conseil fédéral et céder son siège à un homme… –. Les quatre conseillères aux États socialistes sont ainsi plus nombreuses que leurs homologues bourgeoises, alors que le groupe socialiste ne représente qu’un quart de la chambre des cantons ! Quant au Conseil national, les groupes socialistes et verts y comptent plus de 58% de femmes, contre quelque 21% pour les groupes PLR et UDC.

Sans un engagement fort des partis de droite pour renforcer la représentation des femmes en politique, la situation ne s’améliorera guère. Le PLR et l’UDC ont encore prouvé récemment que pour eux, l’égalité entre femmes et hommes ne mérite pas débat, en refusant d’entrer en matière sur la question de l’égalité salariale. Malgré quelques voix divergentes au sein de ces deux formations, un immense travail reste à réaliser. L’élection de deux membres du Conseil fédéral sera l’occasion pour les partis de droite de démontrer qu’une présence accrue des femmes en politique et aux positions dirigeantes n’est pas qu’une simple promesse. Il est temps de passer des paroles aux actes !

Mon départ du Conseil des États en 2019 ne signe pas la fin de mon combat pour une véritable égalité. Je poursuivrai mon engagement au sein de mon parti, afin de favoriser les candidatures féminines à tous les échelons politiques. Le Parti socialiste a été précurseur en ce domaine et continue à se battre pour une représentation égalitaire – cause qui peut d’ailleurs être portée aussi bien par des femmes que par des hommes -. Mais le PS ne peut mener ce combat seul. Tous les partis doivent entendre la population, qui exige de réelles mesures pour appliquer la Loi sur l’égalité ! Une loi votée en 1995… l’année de mon entrée au parlement.

Liliane Maury Pasquier

Sage-femme, Liliane Maury Pasquier a une longue expérience politique : après le législatif communal de Veyrier et le Grand Conseil genevois, elle siège au Conseil national, de 1995 à 2007, qu'elle préside en 2002. Depuis 2007, elle siège au Conseil des États et dans la délégation au Conseil de l'Europe. Depuis 2018, elle préside l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

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