Pourriez-vous imaginer l’Allemagne commémorer le massacre de SS, soldats de la Wehrmacht et civils allemands par les Soviétiques en 1945 comme celui de « Martyrs de la nation allemande » ? Plus que provocative ou rhétorique, la question paraît totalement absurde voire aberrante. C’est pourtant l’ambiguïté qui prévaut aux commémorations de Bleiburg, en Autriche, qui ont lieu chaque année en grande pompe et avec le financement de l’État croate depuis près de 30 ans – mais peut-être plus pour longtemps.
Bleiburg, c’est avant tout un lieu de mémoire, c’est-à-dire un toponyme « entre histoire et mémoire », un lieu autour duquel se cristallisent les narratifs mémoriels (Nora 1989). En bref, ce sont des piliers de la « mémoire collective », qui symbolisent un événement sujet à une injonction mémorielle, au « besoin de se remémorer ». Bleiburg, plus grande cérémonie croate de commémoration concernant des événements de la Seconde Guerre mondiale en termes de participants (Pavlaković, Brentin, Pauković 2018, p. 21), commémore les massacres perpétrés par les troupes partisanes de Josip Broz Tito dans l’immédiat après Seconde Guerre mondiale. En effet, alors que les troupes partisanes se rapprochent de Zagreb, les troupes de « l’État indépendant croate » (Nezavisna Država Hrvatska, NDH) – État fantoche sous contrôle nazi – ainsi qu’une partie de la population civile prennent la fuite vers l’Autriche, où elles espèrent trouver refuge auprès des Alliés. Parmi elles se trouvent également des unités militaires serbes, slovènes ou monténégrines, mais surtout beaucoup de membres de l’Ustaša, équivalent croate du NSDAP allemand, mis au pouvoir par Hitler après l’occupation de la Yougoslavie en avril 1941. Arrivées aux alentours du village de Bleiburg, après avoir passé la frontière autrichienne, ces personnes sont néanmoins remises aux mains des Partisans par les troupes alliées. S’ensuivent des massacres de représailles, et tout particulièrement des marches de la mort et des internements en camps à travers la nouvelle Yougoslavie socialiste. Selon les estimations les plus crédibles, les massacres auraient fait 70’000 morts, dont environ 50’000 personnes identifiées comme croates (Kolstø 2010, pp. 1156-1157, Grahek Ravančić 2009, p. 376). Il s’agit aussi bien de membres de l’Ustaša que de simples soldats enrôlés dans l’armée régulière ou de civils fuyant le communisme. Comme le souligne l’historien Ivo Goldstein, l’épisode de Bleiburg est bel et bien à considérer comme un crime de guerre et un crime contre l’humanité (Goldstein 2017, p. 106).
Sans surprise, Bleiburg, les marches de la mort et les exactions des troupes partisanes sont restées un tabou complet sur toute la durée de vie de la Yougoslavie socialiste. Il y prévaudra, selon les termes de Wolfgang Hoepken, une politique de la mémoire « gelée » au profit de la mémoire officielle, qui vise à promouvoir l’idéologie officielle de « fraternité et unité » (bratstvo-jedinstvo) et à garantir la légitimité du gouvernement titiste (Hoepken 1999). La culture de la mémoire de Bleiburg se développe donc dans l’exil, principalement dans des cercles d’émigrés proches de l’Ustaša voire anciennement membres de celles-ci, qui construisent un narratif où le communisme aurait signé le début d’un « génocide » à l’encontre de la population croate (Tokić 2018, , voir p.ex. Draganović 1955).
Mais avec la mort de Tito en mai 1980 la mémoire officielle yougoslave s’effrite progressivement; et si dans un premier temps la remise en question de la mémoire officielle se fait encore dans le cadre défini par la Ligue des Communiste de Yougoslavie, comme l’a récemment démontré Jovan Byford, les narratifs sont rapidement récupérés par l’idéologie nationaliste serbe qui met l’emphase quasi exclusive sur l’idée de génocide contre le peuple serbe (Sindbaek 2012, Byford 2021).
En Croatie en revanche, c’est l’arrivée au pouvoir de Franjo Tuđman et de la Communauté Démocratique Croate (HDZ) entre 1989 et 1990 qui change la donne (Goldstein 2017, p. 99). Le nouveau président croate est lui-même un historien dissident dont l’ouvrage le plus connu, Les impasses de la réalité historique (Bespuća povijesne zbiljnosti, Zagreb 1989), est généralement considéré comme fondateur du révisionnisme croate. L’ouvrage a notamment été décrié à sa sortie par une partie des historiens pour ses déclarations polémiques et contestables sur les Juifs et leur « co-culpabilité » dans les massacres de la Seconde Guerre mondiale en Croatie – des passages intégralement retirés des traductions subséquentes (Goldstein 2017, pp. 100-101, Goldstein & Goldstein 2002, p. 57). Une fois au pouvoir, Tuđman va appeler à « l’union nationale entre les Partisans et les Oustachis » pour une Croatie indépendante (Pavlaković 2013, p. 895). Ce geste, de même que d’autres déclarations comme l’accréditation de l’Ustaša au motif qu’elle aurait principalement cherché à réaliser le « rêve millénaire d’un État croate », est considéré par certains historiens comme la réhabilitation de facto de la NDH dirigée par l’Ustaša (Pavlaković 2010, p. 126), qui n’a néanmoins jamais été officiellement réhabilitée (Hoepken 1999, p. 215). Cette ambiguïté permettra que le vide mémoriel entourant Bleiburg soit rempli par les narratifs de la diaspora croate elle-même (Kolstø 2010, p. 1154). Les commémorations de Bleiburg, célébrées dès 1952 dans la clandestinité par cette diaspora, passent alors sous la tutelle de la République croate et prennent le nom de « Jour de Commémoration des Victimes Croates dans la Lutte pour la Liberté et l’Indépendance » (Pavlaković 2010, pp. 135-138).
Ainsi s’ouvre une nouvelle page discursive dans l’historiographie croate, dont la rhétorique est similaire en bien des points à celle du révisionnisme serbe contemporain : les massacres de la Seconde Guerre mondiale sont « dé-sécularisés », selon les termes de l’historien Vjekoslav Perica (2002, p. 148), l’identité des victimes devient exclusivement nationale, et c’est l’idée de génocide qui devient le « thème cardinal » du discours mémoriel (Sindbaek 2012). Les marches de la mort sont ainsi rebaptisées « Chemins de Croix » (Križni Put), une référence explicite à la souffrance christique, et les victimes deviennent des « martyrs » morts « pour le rêve étatique croate » (Pavlaković 2010, p. 129), tandis que la multiethnicité des victimes est entièrement effacée au profit de l’emphase exclusive sur les victimes croates (Pavlaković 2010, pp. 131-132). Le tout est alors qualifié, selon un texte publié en 2007 par le magazine ecclésiastique croate Narod, comme « le plus sérieux des génocides dans l’histoire de la race humaine » (cité dans Kolstø 2010, p. 1166). Comme le souligne Pål Kolstø, l’introduction du martyr « promeut le massacre de Bleiburg d’un niveau criminel à un niveau apocalyptique » (Kolstø 2010, p. 1169).
C’est ainsi que s’opère non seulement une appropriation mémorielle de l’Holocauste, comme le souligne Jelena Subotić (2019, p. 9), mais, plus encore, une véritable liquidation mémorielle, où l’Holocauste perd toute sa dimension de judéocide. Car en effet, le révisionnisme croate fait de Bleiburg un « contre-toponyme » à celui « concurrent » de Jasenovac (Benčić & Odak 2016, p. 811), qui fut le seul camp de travail et d’extermination du Troisième Reich opéré par des autochtones, en l’occurrence membres de l’Ustaša, devenu symbole de l’Holocauste dans la région (Goldstein 2018). Ainsi, là où le nombre de victimes de Bleiburg et des marches de la mort est constamment augmenté pour atteindre selon les affirmations les plus improbables et les moins étayées un demi-million de victimes, toutes croates (Kolstø 2010, p. 1156), celui des victimes du camps croate de Jasenovac, principalement serbes, juives et roms, et plus généralement le nombre des victimes de l’Holocauste en NDH est constamment réduit (McDonald 2002, pp. 160-182). Plus encore, l’Ustaša – fusionnée pour l’occasion avec « la nation croate » – est complètement dissociée d’une quelconque participation à l’Holocauste, dont la responsabilité est imputée aux seuls allemands (Subotić 2019, p. 26). Comme l’a souligné Pål Kolstø, le martyr enduré à Bleiburg prend une dimension expiatoire, qui absout la nation des crimes perpétrés (Kolstø 2010, p. 1154, Tokić 2018, p. 83). Certains auteurs, tels que Franjo Tuđman lui-même, parleront même à propos de Jasenovac de « mythe » voire de « mystification » dont le but serait de discréditer la « nation croate » toute entière (voir par exemple Tuđman 1990, p. 72 ou Mrkoci & Horvat 2008 pp. 17-18). Reste cependant à noter que Tuđman lui-même a critiqué dans ses écrits l’existence d’un « mythe » de Bleiburg et une exagération du nombre de victimes (Grahek Ravančić 2008, p. 851) et n’a jamais assisté en personne aux commémorations de Bleiburg (Kolstø 2010, p. 1165).
La « dé-sécularisation » de la commémoration de Bleiburg doit beaucoup à sa récupération progressive par l’Église Catholique croate, qui a bâti sur celle-ci une véritable « martyrologie » (Kolstø 2010, p. 1166). En effet, des membres de celle-ci ont participé à l’événement dès les premières commémorations clandestines des années 1950 ; puis l’Église elle-même le prend en mains à partir des années 1990, grâce à « l’officialisation » induite par le financement de l’État croate, pour le transformer en messe de grande affluence, à laquelle participent les plus hauts dignitaires ecclésiastiques croates. En 2007 par exemple, c’est l’Archevêque de Zagreb en personne qui mène la cérémonie (Kolstø 2010, p. 1167). Dans la rhétorique d’une célébration des « martyrs de la nation croate », la différence entre les simples civils et les dignitaires de l’Ustaša – qui ont mené une politique génocidaire acharnée contre les Serbes, Juifs et Roms (Dulić 2006) – devient pour le moins confuse (Pavlaković 2010, p. 129). Comme le souligne l’historien Vjeran Pavlaković, ce sont principalement des groupes extra-académiques comme l’Église Catholique croate, la Garde Honorifique de Bleiburg, association organisatrice de l’événement, ou encore des politiciens croates qui ont construit le narratif entourant Bleiburg, laissant dans les marges du discours les historiens – et en particulier ceux qui remettent ce narratif en question (Pavlaković 2010, p. 127). Ainsi, si l’on n’en est aujourd’hui plus aux discours promouvant l’idée d’une « Grande Croatie » comme ce fut le cas dans les années 1990 (Pavlaković 2010, p. 136), la très forte présence de symboles oustachis parmi les participants continue de faire chaque année de la commémoration un sujet de scandale (Pavlaković, Brentin, Pauković 2018, pp. 25-28). Par ailleurs, comme l’a récemment souligné une étude sur les discours prononcés à Bleiburg depuis 2014, l’Ustaša et la NDH n’ont jamais été condamnées en elles-mêmes à la cérémonie, contrairement au communisme (Pavlaković, Brentin, Pauković 2018, p. 14).
Mais pour l’Autriche, où se déroule la cérémonie, la coupe semble être pleine, et la tenue de la commémoration et de la messe de Bleiburg est désormais mise sur la sellette. Depuis quelques années, les oppositions se sont amassées contre la tenue de l’événement. L’Église Catholique autrichienne elle-même a voulu l’interdire en 2019, amenant à une intervention des autorités croates pour maintenir la cérémonie (Balkan Insight 2020a). La même année, le Ministère de l’Intérieur autrichien tentait par ailleurs d’interdire les symboles oustachis de la commémoration (Balkan Insight 2020b). Enfin, en mai 2020, alors que l’événement était annulé du fait de la pandémie de coronavirus, les groupes verts, socialistes, libéraux et conservateurs au Parlement autrichien ont exprimé via une résolution non-contraignante leur opposition à la tenue de l’événement – une prise de position par ailleurs saluée par le Congrès Juif Mondial, qui soulignait la problématique de la « glorification de “héros” du mouvement pro-Nazi [de l’Ustaša] » (Balkan Insight 2020c, Balkan Transitional Justice 2020). Mais des mesures plus déterminantes semblent aujourd’hui finalement s’annoncer : un rapport d’experts sur la question rendu au Ministère de l’Intérieur autrichien en novembre 2021 a clairement appelé celui-ci à interdire la commémoration à cause de l’affichage de symboles nazis et le fait que « le but de l’événement est la commémoration d’un régime fasciste », pratiques prohibées par l’article 9 du Traité d’État autrichien signé en 1955 (Bericht der ExpertInnengruppe « Bleiburg » 2021, p. 103). Avec la très récente accession au poste de Chancelier du Ministre de l’Intérieur Karl Nehmanner à qui ce rapport était destiné, et qui a lui-même affirmé avec force qu’en Autriche « il n’y a pas de place pour la glorification d’un régime terroriste », des mesures effectives semblent ainsi à bout touchant (Jutarnji List, 2021).
La messe est-elle donc dite pour les célébrations à Bleiburg ? Peut-être pas : comme l’ont souligné les journalistes Danijel Majić et Krsto Lazarević dans un récent épisode de leur podcast Ballaballa-Balkan, le rapport laisse la porte ouverte à une reprise des commémorations si les signes et la rhétorique incriminés en étaient interdits. Si une telle mesure de la part des organisateurs n’est pas impossible, elle restera très difficile à mettre efficacement en place, au vu de l’importante présence de ces symboles à la commémoration. Par ailleurs, il ne fait pas de doute qu’en cas d’interdiction de commémorer, l’événement sera tout simplement « rapatrié ». En 2020, la cérémonie ainsi à été déplacée à Sarajevo, provoquant d’importantes manifestations, puis dans l’Église des Martyrs croates du village croate d’Udbina en 2021. C’est désormais cette seconde location qui est pressentie pour accueillir l’événement si besoin (tportal.hr 2021). Reste de ce débat qu’il semble malheureusement plus important pour certains de préserver les symboles inacceptables d’un régime génocidaire affilié au Troisième Reich plutôt que d’abandonner ceux-ci au profit du recueil et de la commémoration légitimes des victimes innocentes des massacres perpétrés par les Partisans.
Ainsi, non seulement il est à attendre que la commémoration continue sous une forme ou une autre, et probablement avec les mêmes polémiques, mais surtout il est clair que la sur-saillance des questions de mémoire collective dans la sphère publique, débats qui aujourd’hui encore phagocytent très souvent les questions politiques plus concrètes, ne sera que peu altérée par la décision finale du gouvernement autrichien.
Ouvrages révisionnistes cités:
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MRKOCI, Vladimir et HORVAT, Vladimir (2008), Ogoljena laž logora Jasenovac , Naklada E.Čić.
TUĐMAN, Franjo (1990), Bespuća povijesne zbiljnosti. Rasprava o povijesti i filozofiji zlosilja, Nakladni Zavod Matice Hrvatske.
Articles de journaux
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MILEKIĆ, Sven (Balkan Insight 2020a), Croatia has Tarnished its Image Over the Bleiburg Mass, Balkan Insight, 25 juin 2020, en ligne : https://balkaninsight.com/2020/06/25/croatia-has-tarnished-its-image-over-the-bleiburg-mass/ (Lien consulté le 10 novembre 2021).
PAVIĆ, Snježana (Jutarnji List 2021), Austrija će tražiti uklanjanje spomen obilježja na Bleiburgu: ‘Veliča se fašistička država NDH‘, Jutarnji List, 24 novembre 2021, en ligne : https://www.jutarnji.hr/vijesti/hrvatska/austrija-ce-traziti-uklanjanje-spomen-obiljezja-na-bleiburgu-velica-se-fasisticka-drzava-ndh-15124154 (Lien consulté le 10 novembre 2021).
RUDIĆ, Filip (Balkan Insight 2020b), Austria Bans Two Croatian Ustasa Symbols, Balkan Insight, 13 février 2019, en ligne : https://balkaninsight.com/2019/02/13/austria-bans-two-croatian-ustasa-symbols/ (Lien consulté le 10 novembre 2021).
VLADISAVLJEVIĆ, Ana (Balkan Insight 2020c), Austrian MPs Vow to Ban Croats’ ‘Ultranationalist’ Bleiburg Events, Balkan Insight, 22 juin 2020, en ligne : https://balkaninsight.com/2020/06/22/austrian-mps-vow-to-ban-croats-ultranationalist-bleiburg-events/ (Lien consulté le 10 novembre 2021).
VLADISAVLJEVIĆ, Ana (Balkan Transitional Justice 2020), Jewish Congress Hails Austrian Move to Ban WWII Bleiburg Event, Balkan Transitional Justice, 2 juin 2020, en ligne : https://balkaninsight.com/2020/06/02/jewish-congress-hails-austrian-move-to-ban-wwii-bleiburg-event/ (Lien consulté le 10 novembre 2021).
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