L’invasion des coachs - Key2Spark - Léa Guillaumot

L’invasion des coachs

Coachs au pluriel

Face à son bureau, Marianne commence à stresser. Dans deux jours, elle a une présentation importante. Suzanne lui a recommandé un coach vocal qui l’aidera à mieux s’exprimer. Elle se rend sur son site internet et book une session privée pour le lendemain.

Le reste de la journée se décompose en réunions trop longues, en réponses circonstanciées à ses 120 emails en attente, et en multiples plaintes exprimées ou réprimées contre son équipe qui ne semble pas comprendre ses directives et qui lui tient tête de plus en plus régulièrement. Elle regarde son tableau de suivi de performance: ils n’atteindront jamais les objectifs fixés en début d’année. Sa motivation est en berne. 

La journée de travail terminée, Marianne rentre chez elle. Elle décide de se changer les idées en regardant un documentaire sur le célèbre coach de vie Tony Robbins, intitulé « I am not your Guru ». Épuisée, elle s’endort à moitié hypnotisée par sa façon de bouger, ses propos directifs et ses questions intrusives en direction de son public médusé. Avant qu’elle ne ferme les yeux, la voix de Tony retentit une dernière fois « I challenge you to make your life a masterpiece » (no pressure).

La nuit qui suit est agitée. Dans un de ses rêves, une longue file se dresse devant son bureau. Une ribambelle de coachs se succèdent pour lui faciliter la vie: coach en image, coach nutritionnel, coach en rangement.

DRINGGGGGG. C’est l’heure de se lever et d’attaquer une nouvelle journée…

Et le coach professionnel certifié dans tout ça ?

Face à la multitude de coachs, quelle place pour le coach professionnel certifié?

L’utilisation très régulière du mot « coach » participe à brouiller les pistes. Derrière le terme coach, on entend souvent « expert » donnant des conseils précis dont l’objectif final est sous-entendu: se présenter à son avantage, mieux manger, ou encore maîtriser sa voix.  Or le coach professionnel ne doit pas être associé à quelqu’un qui conseille son client.

Il peut partager des expériences ou mêmes certaines suggestions mais son cœur de métier est le questionnement. L’art de questionner lui permet d’emmener son coaché vers de nouvelles réflexions, ressentis, solutions qu’il trouvera par lui même. La puissance de l’approche est bien là. Loin des solutions toutes faites ou des formules miracles, le coaching demandera une vraie implication du coaché dans la découverte de ce qui lui conviendra le mieux et sera le plus efficace dans son exécution. Par ailleurs, l’objectif vers lequel le coaché se dirige est déterminé par le coaché ou le coaché et son entreprise.

Le coach professionnel peut être spécialiste dans un domaine: communication, confiance en soi, management,  leadership, gestion du stress, organisation personnelle, etc. Ce qui signifie qu’il a une plus grande affinité et connaissance du sujet. Il aura une finesse et une aisance accrues pour aborder ces questions avec ses clients.

Le coach peut associer à sa pratique de coaching de la formation, où il pourra alors revêtir le costume de conseiller, d’expert en amenant à son audience un contenu précis qu’il pourra partager. Il peut utiliser une “approche” coaching lors de sa formation qui favorise la co-construction et l’implication personnelle des participants et l’eloigne des formes d’enseignement classique (rapport maître-élève, contenu fixe voir figé, etc).

Afin de s’assurer de la crédibilité et du sérieux d’un coach, le passage par une formation certifiante reconnue est, selon moi, fondamental. C’est ce combat pour la professionnalisation du milieu que mène notamment la Fédération Internationale de Coaching (ICF). Plusieurs écoles présentes à Genève proposent de tels programmes. Assimiler une série de compétences clefs, pratiquer un nombre d’heures de coaching minimum, signer et se conformer à une charte éthique stricte constituent les éléments essentiels de tout coach désirant obtenir une certification. Cela permet aux particuliers comme aux entreprises de s’assurer que le coach appuie sa pratique sur une base solide et professionnelle.

Pour vérifier la certification d’un coach accrédité ICF, vous pouvez vous rendre ici et taper le nom du coach.


3 Questions qu’un coach professionnel aurait pu poser à Marianne:

  • Qu’est-ce qui vous coûte le plus en énergie au quotidien ?
  • Quels sont les moments où vous vous sentez le plus stimulé ?
  • Quel manager voulez-vous être ?

Léa Guillaumot

Après son Master à Sciences-Po Paris, Léa Guillaumot travaille 7 ans dans le secteur de l'impact investing et de l'aide au développement en Europe, Asie et Afrique. Ses convictions la portent vers le coaching qu'elle voit comme un outil humain et puissant pour accompagner et soutenir les professionnels dans leur cheminement.

2 réponses à “L’invasion des coachs

  1. Bonnes questions, surtout les deux premières parce que mon métier n’est pas manager. Si je prends la première, je dois distinguer entre ce qui me pompe de l’énergie inutilement (zigzaguer dans Paris pour me déplacer étant donné le souk actuel dans les rues de cette ville envahie par les travaux de partout) et ce qui exige de l’énergie parce que challenge dans mon métier (un nouveau cours avec apprentissage d’une langue en grand débutant alors qu’il y a plus de cent inscrits et qu’il faut faire cours dans un amphi). Si je prends la seconde, c’est encore plus intéressant parce qu’on se la pose plus rarement : bon, si je réfléchis un peu, sans doute quand j’apprends quelque chose de nouveau parce que je dois faire un truc neuf, par exemple une présentation avec un poster, un classique pour beaucoup mais une rareté dans ma branche. Je vais demander de l’aide à une ancienne étudiante qui connaît bien ça ; je vais chercher sur le net un site qui donne des conseils ; et puis je vais me lancer, et ça m’amuse énormément en fait, en partie parce que c’est très concret avec le jeu sur les couleurs, sur la taille des caractères, et avec l’obligation de condenser mes résultats alors que d’habitude j’ai beaucoup plus de temps pour faire une vraie conférence. Donc c’est stimulant. Il y a des stimulants au sport aussi, quand c’est du QI Gong et qu’on prend le réflexe de placer ses mains/bras autrement, quand c’est de la piscine et qu’au bout d’un moment on commence à s’amuser à alterner nage sur le dos/sur le ventre.

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