Energies, Economie, Pétrole: Revue Mondiale Février 2020

Le 1er de chaque mois, retrouvez un tour du monde des Energies. A l’agenda:

– Pétrole: le prix du baril trébuche sous les 50$
– Chine: le coronavirus fait dérailler le pays et ses industries
– France: La centrale nucléaire de Fessenheim à moitié fermée
– USA: Le pétrole de schiste montre des signes de fatigue
– Canada: Les indiens bloquent la construction de gazoducs
– Japon: L’eau radioactive de Fukushima bientôt relâchée dans le Pacifique
– Libye: Le général Haftar paralyse la production pétrolière
– Suisse : Energy Vault propose un système ingénieux pour stocker l’électricité.


 

Le mois de février peut se résumer en deux mots: climat et corona. Si le dérèglement climatique influencera la consommation d’énergie dans les années à venir, le coronavirus est dans l’immédiat.

Le prix du baril chute. Comme il ne faut jamais essayer de rattraper un couteau qui tombe, on le ramassera quand il aura touché le sol. Pour expliquer le mécanisme. Le virus paralyse les industries, la production et les transports. Du coup la demande de pétrole diminue, les prix baissent et passent sous les 50$ et pour être précis à 49,76$ à Londres (56.77$ fin janvier) et 44,77$ à New York (51,72$ fin janvier).

 

Le Graphique du Mois
Prix moyen du baril de pétrole de Brent par année

 

Pétrole

La demande de pétrole devrait continuer d’augmenter en 2020 même si le virus freine ce début d’année. BP estime que la croissance pétrolière devrait atteindre 700’000 barils/jour (b/j) au lieu des 1,2 million prévus.

L’OPEP, qui va se réunir début mars, propose une coupe de 600’000 b/j avec l’espoir de faire remonter les cours. L’équilibre financier des membres de l’OPEP nécessite un baril bien supérieur à 60$.

Selon le Financial Times, plus de 900 milliards $ d’actifs pétroliers pourraient ne pas être exploités à cause de la transition énergétique. Vu sous cet angle, on comprend l’empressement de certains pays producteurs à jouer des coudes pour extraire le pétrole avant qu’il ne soit trop tard.

En 2018, les banques et les institutions financières ont contribué à hauteur de 654 milliards $ pour les énergies fossiles.

«Peak Diesel»: le premier déclencheur d’un pic pétrolier, pourrait provenir d’un manque de diesel nécessaire pour alimenter nos camions, nos avions et nos bateaux. Le pétrole de schiste est parfait pour la pétrochimie et la production de plastique. Il n’est pas assez calorifique pour le convertir en diesel ou kérosène. Comme les extractions de pétrole lourd diminuent, ce n’est qu’une question de temps pour que la petite aiguille montre midi.

 

 

Contrairement à la grippe annuelle qui passe comme une lettre dans une boîte à lettres,
le coronavirus a pesé plusieurs fois sur le bouton “panique”.

 

Gaz naturel

C’est en 1988, que le concept : «le gaz est une énergie de transition avec les énergies renouvelables» a été inventé par l’American Gas Association. L’objectif était une attaque frontale face au charbon. Après 30 années, ce concept est aujourd’hui mis à mal par les émissions de méthane générées par le gaz.

Ainsi ce mois, une nouvelle étude révèle que les extractions de pétrole et de gaz ont relâché 40% plus de méthane qu’initialement évalué. Le méthane est 28 fois plus virulent que le CO2. Découvrir l’étude publiée dans la revue Nature.

 

Planète

L’Agence Internationale de l’Energie (IEA) annonce que les émissions de CO2 se sont stabilisées à 33 gigatonnes en 2019. L’Europe et les USA baissent alors que l’Asie enregistre une augmentation de 80%.

Le directeur de l’IEA, Fatih Birol, annonce que l’agence est en train de travailler sur un plan afin de réduire les émissions de CO2 d’ici à 2030. Ce plan sera divulgué le 9 juillet et propose la diminution des extractions pétrolières à 61 millions b/j au lieu des 101 actuels. Un détail reste à éclaircir : qui va avoir droit de consommer du pétrole?

Ah! un détail : avec +1,14 degrés, janvier 2020 a été le mois le plus chaud depuis 141 ans et février fait encore plus fort. Durant ce mois, un échantillonnage de tempêtes et de records ont détaillé le concept à venir surtout que la planète est en route pour les +2 degrés.

L’Antarctique argentin a connu un record de température avec une pointe à 18,3 degrés. Le précédent record était détenu par le 24 mars 2015 avec 17,5 degrés.
Quand il fait trop chaud, est-ce que les pingouins mangent des esquimaux ?

 

Point de situation sur les températures en Antarctique

 

Hit Parade du mois: les 3 pays au top

Chine

Il est encore trop tôt pour connaître l’impact du coronavirus sur l’économie chinoise. Certains indices, comme la consommation de charbon, la qualité de l’air dans les villes ou l’annulation de 2/3 des vols en avion montrent que l’activité économique serait passée sous les 50%.

Suite à cette baisse, les chinois montrent qu’ils ont bien intégré le concept de la Banque Centrale et de la manipulation des marchés en appliquant les mêmes principes développés par Powel, Draghi ou Jordan (de la BNS, pas le joueur de basket). Pour faire simple, si la Banque Centrale Chinoise doit devenir actionnaire majoritaire et propriétaire de toutes les entreprises cotées en bourse, manipuler les taux et sa monnaie, injecter du botox-monétaire, elle le fera.

Du côté, des bourses européenne, japonaises et américaines, les super-ordinateurs (qui ont remplacé les humains) ont intégré dans leur intelligence artificielle le mot coronavirus. Alors que nos amis les robots et bots n’ont pas besoin de masques, ils semblent aussi fébriles que les stars des “Anges de la Téléréalité” devant un sac à main. Par panique, les marchés ont baissé de 10%. (voir les chiffres actualisés du corona)

Afin de satisfaire la phase 1 de l’accord économique, l’American Petroleum Institute a averti Washington que les USA vont devoir livrer à Pékin pour 18,5 milliards $ supplémentaire de gaz et de pétrole en 2020 et 33,9 milliards $ en 2021. Au total, cet accord représente 1 million b/j de pétrole brut, 500’000 b/j de produits pétroliers et 100 cargos de gaz liquide (LNG). Petit problème, il n’est pas certain que les USA vont être capable d’extraire ces quantités de pétrole.

 


Pollution de Dioxyde d’azote (NO2) diesel, gaz, charbon (en orange/rouge)
Avant (à gauche) et pendant (à droite) le coronavirus en Chine.
Source: NASA, 29 février 2020

 

Les Etats-Unis

Comme prévu, le président Trump n’a pas été destitué et sa côte de popularité frise les 50%.

Trump a courageusement confié la gestion du virus à son invisible vice-président Mike Pence. Pour l’instant, Washington a empoigné le problème avec l’espoir que «tous ce qui est fabriqué en Chine n’est pas fait pour durer.»

Pour 2019, les deux géants pétroliers ExxonMobil et Chevron ont reporté des chiffres financiers qui indiquent la difficulté actuelle de l’industrie.

Darren Woods, PDG d’ExxonMobil confirme que son entreprise va investir entre 33 et 35 milliards $ en 2020 pour rechercher du pétrole et du gaz. Les bénéfices du géant américain se montent à 5,7 milliards $ au 4ème trimestre 2019. Petit bémol, dans ce chiffre, on trouve 4,5 milliards relatif à la vente d’un gisement pétrolier en Norvège.

Chevron a passé à la trappe pour 10,4 milliards $ d’actifs dont 6,5 milliards de gaz de schiste dans les Appalaches et 1,6 milliard $ dans son projet de gaz liquide Kitimat au Canada. Ces charges conduisent Chevron à une perte de 6,6 milliards $ contre un bénéfice de 3,7 milliards $ en 2018. Cette année, Chevron va investir 20 milliards $ pour l’extraction pétrolière.

L’énergie solaire est de plus en plus connectée à des batteries. La capacité de stockage devrait doubler à 4’800 MW cette année pour atteindre 32’000 MW en 2025, soit assez pour satisfaire 26 millions de foyers américains. Au total, la capacité électrique est de 1 million MW. La tendance est à réaliser des mini réseaux où les voisins se partagent leur électricité.

 

Solution de stockage d’énergie par le Suisse Energy Vault

 

Sous la pression de ses employés, le propriétaire d’Amazon, Jeff Besoz, va utiliser 10 de ses 130 milliards $ afin de créer un fond pour la planète. De son côté Microsoft va y déposer 1 milliard. En comparaison, en 2 ans Google va investir 32 milliards $ pour la construction d’infrastructures, de data centers et pour l’intelligence artificielle. Au total, l’informatique émet 2 fois plus de CO2 que l’aviation à 4% et les prévisions doublent ce chiffre dans les années à venir.

Pendant deux jours, un gazoduc a été bloqué par une attaque informatique de type ransomware selon le département de la sécurité intérieure.

Les démocrates sont en train de s’écharper pour choisir le messie qui aura le privilège de se présenter contre Donald Trump aux élections de novembre. Dans la liste des palpables, on retrouve le milliardaire Mike Bloomberg et son porte-monnaie de 62 milliards $. Le brave homme a déjà dépensé 509 millions $ en pubs dont 41 millions sur Google et 53 millions sur Facebook. Pour les autres candidats en course, leur survie dépend de leur capacité à lever des millions.

 

Pour la peine, voici une pub de Mike Bloomberg avec des cow-boys et tout et tout.

 

France

Pour 6 milliards €, le constructeur canadien Bombardier a cédé à Alstom sa division ferroviaire pour devenir le no2 mondial derrière la CRRC (China Railroad Rolling Stock Corporation). Les deux groupes comptent un total de 76’000 employés et les dettes de 9,3 milliards € de Bombardier l’oblige à cette cession. Les licenciements seront annoncés prochainement.  L’année dernière, une fusion entre Alstom et Siemens avait échoué.

Le premier réacteur de la centrale nucléaire de Fessenheim, mis en service en 1977, a été arrêté. Le deuxième et dernier réacteur sera mis hors service en juin 2020. Selon les chiffres d’EDF, la production de Fessenheim était intégralement livrée en Allemagne.

Engie et EDF ont été mis en demeure pour leur collecte de données des compteurs électriques Linky. Les compteurs smart «intelligents » ont tendance à capturer plus d’informations sur la vie privée que nécessaire comme : les heures de lever et de coucher, les périodes d’absence ou encore le nombre de personnes présentes dans le ménage.

Les deux entreprises ont trois mois pour mettre en conformité la manière dont ils gèrent la collecte des informations personnelles des consommateurs selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Motifs : « en raison du non-respect de certaines des exigences relatives au recueil du consentement à la collecte des données de consommation ainsi que pour une durée de conservation excessive des données de consommation ».

Quitte à prendre l’avion, 59% des français de 25-35 ans choisissent leurs destinations de vacances en fonction du potentiel Instagram en recherche de la photo qui sera la plus partagée.

 

Dessin: Chappatte

 

Europe

Les Championnats Européens de foot Euro2020 vont faire exploser le bilan carbone dans le cadre d’une manifestation sportive. Cinquante matches dans 12 pays. Les supporters de la Pologne devront faire 6’000 km et les Suisses 14’600 km en dix jours pour suivre leur équipe.

Consciente de ce problème, l’UEFA a pris le taureau par les cornes. Elle propose l’utilisation de gobelets recyclés et de la nourriture bio. Dans cet arsenal impressionnant de mesures, elle a également rédigé un communiqué de presse collector qui stipule : «L’Euro 2020 sera le tournoi le plus respectueux de l’environnement de son histoire.»

 

Luxembourg

Le Luxembourg est le premier pays au monde à proposer des transports publics gratuits!  A l’exception des trains, les habitants et les touristes vont pouvoir se déplacer sans avoir à acheter un billet.

 

Russie

Les extractions pétrolières du Russe Rosneft ont atteint 5,8 millions b/j en 2019 selon son PDG Igor Sechin.

Afin de mieux valoriser le gaz, la Russie planche sur la construction d’usines pétrochimiques pour la création de plastique. Des projets totalisants 200 milliards $ sont en cours de réalisation. Entre les projets en Amérique, en Arabie Saoudite et en Russie, l’industrie du plastique aura investi plus de 600 milliards $.

La cour d’appel de La Haye, Hollande, a condamné en appel, la Russie à verser 50 milliards $ d’indemnisations aux ex-actionnaires de l’ancien groupe pétrolier Ioukos, désormais démantelé. Sans surprise, Moscou conteste et «regrette que la Cour ait ignoré le fait que les anciens actionnaires de Ioukos, dont Mikhaïl Khodorkovski, n’étaient pas tous de bonne fois.» Cet argument dans la bouche du gouvernement russe ne manque pas de saveur.

 

Allemagne

Le PDG de Siemens, Joe Kaeser s’indigne que des activistes pointent du doigt un contrat de 18 millions $ pour la réalisation d’un train afin de transporter du charbon en Australie. Droit dans ses bottes, le PDG a souligné «Siemens aide ses clients à réduire ses émissions de carbone. Il est grotesque qu’un projet en Australie devient la cible d’activistes.»

Toujours du côté de Siemens, le géant allemand a acheté le constructeur d’éoliennes espagnol Gamesa pour la rondelette somme de 1,1 milliards $.

D’ici à 2030, Berlin propose de générer 5 GW d’hydrogène pour les transports, l’industrie et le chauffage. De plus, les stations à hydrogène vont être multipliées. L’initiative est principalement soutenue par l’industrie du gaz qui propose ses gazoducs pour le transport de l’hydrogène.

Tesla a reçu le feu vert pour continuer la construction de son usine à Berlin. La coupe de très nombreux arbres avait bloqué le processus.

 

Suisse

Le salon de l’automobile de Genève a été annulé suite à l’épidémie du coronavirus. Depuis des années, le salon est sur une pente négative. Coup dur ou coup de grâce?

Le gouvernement Suisse avait promis que les nouvelles voitures n’émettraient pas plus de 13 kilos de CO2 par 100 km d’ici à la fin 2015 et moins de 9,5 kg dès 2020. En 2017 et 2018, cette quantité n’a cessé d’augmenter pour arriver à 13,7 kilos selon le Conseil Fédéral. Le parc automobile Suisse est le plus polluant d’Europe et les carburants parmi les meilleurs marchés.

Selon le journal Sonntagszeitung, en 2017, la banque Crédit Suisse a espionné Greenpeace. La Banque qui a investi plus de 57 milliards $ dans les énergies fossiles avait réussi à obtenir les actions prévues lors de son assemblée générale par l’ONG. Crédit Suisse n’a pas souhaité révéler de quelle manière elle y était parvenue. Avec toutes les opérations d’espionnage organisées par le Crédit Suisse, on imagine qu’elle a pu bénéficier de tarifs préférentiels.

Chaque année en Suisse, plus de 6’000 personnes décèdent à cause de la pollution notamment des voitures. Faudrait-il renommer NOX, NO2, etc.. par coronavirus pour que les autorités s’agitent?

 

Angleterre

Premier Oil a réussi à obtenir 2,9 milliards $ de ses investisseurs afin d’assurer sa survie pour les 2 prochaines années. La compagnie active notamment dans la Mer du Nord accuse une dette de 2,4 milliards $.

 


Dessin Chappatte. Les machines de cryptage Crypto

 

Les Amériques

Schiste Américain

Le taux de déplétion pour les forages de schiste est 10 fois supérieurs au pétrole conventionnel (4%). La seule manière de compenser cette perte est de forer des milliers de puits qui deviennent de plus en plus difficile à financer et de moins en moins productifs. Il semble que nous sommes sur le point d’avoir fait le tour de la question aux USA. Est-ce que le prochain producteur de schiste sera la Russie ?

Le baril est passé sous les 50$ à New York. Alors que l’industrie doit rembourser 40 milliards $ de dettes cette année, l’équation reste inconnue. On voit mal comment certaines entreprises vont pouvoir trouver de l’argent d’une main et en perdre de l’autre.

Selon le directeur de la North Dakota’s Mineral Resources, Lynn Helms, la production du Dakota du Nord va atteindre son pic d’ici 2 à 5 ans et les producteurs doivent forer dans des gisements moins prolifiques. En décembre la production a reculé de -43’000 à 1’475 millions b/j.

Le PDG de Hess Corp, John Hess, pense que dans le gisement du Bakken pourrait atteindre son pic d’ici à 2 ans et que le plus grand gisement de schiste, le Bassin Permin arrivera à son pic d’ici à 5 ans.

Dans son Bankruptcies report, Haynes and Boone reporte la liste de toutes les entreprises pétrolières américaines qui ont fait faillites depuis 2014. Pour l’année 2019, elles sont 42. Au niveau du schiste, c’est l’hécatombe.

La production de schiste continue de progresser, mais de manière plus subtile à +11’000 b/j en février avec une prévision de 18’000 en mars. Seul le Bassin Permien augmente son extraction sur la période de 2 mois. Tous les autres gisements sont à la baisse. Il est vrai que les prix très bas du baril ne pousse pas à l’extraction.  Quel sera le comportement des investisseurs si les cours remontent à 80$ ou plongent sous les 50?

Entre 2010 et 2018, la production moyenne des forages de schiste a augmenté de 28% et l’injection d’eau de de produits chimiques de 118%.

Avec un hiver chaud, la demande de gaz de chauffage a diminué poussant les prix du gaz à un bas record de 1,77$.

 

La croissance de la production américaine de pétrole de schiste semble atteindre un plateau

 

Canada

Des tribus indiennes ont bloqué des voies ferrées pour protester contre la construction de pipeline de 670 km de GasLink. Ce tuyau de 4,8 milliards $ va relier le pétrole des sables bitumineux et le gaz de l’Alberta au port de Kitimat dans le Pacifique. Les Mohawks et les Wet’suwet’en ont érigé des barricades sur leurs terres et bloquent le réseau rail du pays.

Comme le premier ministre Justin Trudeau n’est pas homme à prendre des décisions, on se demande comment il va s’en sortir. De surcroit, Trudeau affaibli politiquement par un gouvernement minoritaire applique la règle du mikado : le premier qui bouge, perd.

 

Venezuela

L’entreprise pétrolière nationale PDVSA a 661’000 b/j de pétrole invendus à cause des sanctions américaines.

Les USA ont inclus dans leurs sanctions la société fille Rosneft Trading SA basée en Suisse. Elles ne sont pas appliquées à la société mère Rosneft qui est en lien direct avec Vladimir Poutine.

L’entreprise commercialise une grande partie du pétrole vénézuélien au nez et à la barbe des américains. Comme Washington aimerait démettre le président Maduro, soutenu par la Russie, la Chine, Cuba et la Turquie, elle interdit à toute entité américaine de faire du commerce avec Rosneft Trading SA et ses actifs aux USA sont bloqués.

Dans les faits, l’entreprise pétrolière nationale du Venezuela, PDVSA, vend aux russes son pétrole avec un rabais indécent à 20-30$ le baril. Via ses transactions pétrolières, le Venezuela a déjà remboursé la quasi totalités de ses dettes à Moscou.

Trump a permis à Chevron de continuer ses extractions pétrolières au Venezuela. Ainsi la major américaine vient d’augmenter sa production dans le pays. La probabilité de générer des bénéfices permet aux lobbyistes du pétrole de mettre sous pression Washington afin de lever les sanctions.

 

Brésil

La production pétrolière a augmenté de 20,4% en une année à 3,168 millions b/j, notamment grâce aux gisements en haute mer.

 


Dessin Chappatte

 

Moyen-Orient

Arabie Saoudite

Le prince héritier MbS vient de rebrasser les cartes du gouvernement. L’ancien ministre du pétrole, Khalid al-Falih a retrouvé un poste dans le nouveau ministère des investissements. Le sport, le tourisme et les ressources humaines auront également un Ministre ce qui montre l’envie du pays de s’ouvrir sur le monde et d’attirer des touristes ainsi que des dollars.

Avec la chute des cours du baril, Riyad va demander aux membres de l’OPEP, de diminuer les extractions de -600’000 b/j avec l’espoir de remonter au-dessus de 50$ dans un premier temps et 60$ après. Cette réunion aura lieu début mars. Le Royaume a besoin d’un baril à 85$ pour équilibrer les comptes de son budget.

 

Irak – Syrie

L’annonce de la nomination de Mohammed Tawfiq Allawi comme premier ministre reste en travers de la gorge notamment dans les régions pétrolières du sud de l’Irak. Du coup, les forces irakiennes ont été appelées à assurer la sécurité des forages pétroliers.

La plupart des gisements sont opérés par des sociétés et du personnel étranger. A Bassora, les manifestants continuent de demander des changements politiques et économiques. Si les manifestations pacifiques sont accueillies avec des vraies balles par l’armée, le blocage des gisements pétroliers touche une corde plus sensible du gouvernement.

En Syrie, la Turquie, la Russie et le gouvernement syrien jouent un jeu dangereux à base de testostérone. Heureusement que Trump n’est pas inclus dans cette partie. Plus de 33 soldats turques ont été tués par des bombes d’avions russes dans la région d’Idlib. Moscou confirme son soutien à la Syrie et la Turquie menace l’Europe de l’ouverture de ses frontières afin de laisser passer les migrants venus de Syrie.

 

Emirats Arabes Unis

Si les températures étouffantes ne suffisaient pas, Dubaï est devenue une proie privilégiée des stars du web dont l’objectif est de parader (pour le compte de marques) soit avec des sacs à main soit avec leur bébé trop mignon et vis versa.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, le gouvernement a autorisé la construction d’une première centrale nucléaire dans le pays. Ainsi, Abou Dabi est autorisé à exploiter les 4 réacteurs de sa centrale nucléaire de Barakah. On espère que son nom lui porte chance. Elle devra couvrir 25% de l’électricité du pays avec 5’600 mégawatts. C’est le coréen Korea Electric Power Company (KEPCO), qui est en charge de mettre en service les 4 réacteurs pour une modique somme de 20 milliards $.

 

Iran

Lors des élections, le pays a vu une victoire des ultra-conservateurs. En même temps, des résultats différents auraient fait froncer les sourcils. En effet, presque tous les candidats modérés avaient été soigneusement écartés. Pour les 2 années restantes à son mandat, la position du premier ministre modéré Rouhani sera compliquée. Le mélange ultra-conservateur iranien et Trump prépare un cocktail qui pourrait donner des mots de tête.

Malgré l’embargo, Washington a accordé à l’Iran l’autorisation de livrer son gaz à l’Irak. L’Irak a besoin de gaz pour produire de l’électricité, car sans électricité, il est compliqué de vivre dans une région devenue trop chaude. Il reste un détail. Les transferts des payements irakiens vers l’Iran sont bloqués et Téhéran est incapable de transférer dans ses coffres plus de 5 milliards $.

La vague de froid pousse la consommation de gaz à des niveaux records. La quantité de gaz consommé pour le chauffage diminue la disponibilité pour la production d’électricité par les centrales à gaz. Des coupures de courants de plusieurs heures ont été instaurées dans la capitale Téhéran.

Le député iranien à l’Organisation de l’Energie Atomique, Ali Zarean a annoncé que l’Iran a dépassé la limite pour l’enrichissement d’uranium. Cette annonce est intervenue alors que les signataires européens Allemagne-France-Angleterre ont condamné l’Iran pour avoir rompu l’accord signé en 2015. L’ombre de Donald Trump et les menaces sur une taxation des exportations de voitures vers les USA planent sur le comportement européen.

 

Dessin Chappatte

 

Asie

Le gaz naturel liquide a touché un bas record à 3$ par million BTU contre 20$ il y a 6 ans. Les exportations américaines ont noyé le marché d’autant que les températures assez chaudes aux USA ont limité la consommation de gaz de chauffage.

 

Japon

Tokyo a déployé des bateaux militaires le long des couloirs de passages des pétroliers dans le Moyen-Orient avec la permission de faire feu. La constitution japonaise interdit l’utilisation de la force dans les eaux internationales, mais comme le 90% du pétrole japonais provient du Moyen-Orient, une entorse est justifiée.

Une manifestation a eu lieu au siège du Comité Olympique à Lausanne pour éclairer le CIO sur la relation entre la catastrophe nucléaire de Fukushima et les prochains Jeux Olympiques de Tokyo de cet été.

Tokyo a reculé les dates prévues pour déverser les millions de litres d’eau hautement radioactive de Fukushima dans le Pacifique. Le gouvernement va attendre la fin des Jeux Olympiques pour débuter ce processus.

 

Inde

Le prix de l’énergie solaire atteint $3,4 centimes kWh soit moins cher que le charbon. Cependant, les 1,3 milliards d’habitants comptent sur le charbon pour leur électricité.

 

Consommation de pétrole:
Ligne bleue: la consommation continue. Vert: avec les réglementations proposées.
Rouge: pour maintenir une température à +2 degrés

 

Afrique

Libye

Les grandes nations ont choisi la Libye pour se battent à distance. Bien que la Libye soit un grand désert, elle détient deux ingrédients explosifs : pétrole et migrants désireux de rejoindre l’Europe. A force de faire joujou, Turquie, Egypte, Russie, USA, France, Italie risquent bien de tous en sortir perdants.

Le général Haftar tente d’asphyxier financièrement le pays en bloquant les exportations pétrolières. Ainsi les extractions ont passé de 1,3 million à 125’000 b/j. Comme le pays n’a pas de capacité de stockage, le blocage des ports et certains pipelines permet de paralyser la production. Cette stratégie pourrait mener au chaos et les semaines à venir apporteront un éclairage sur les velléités du général et de son opposant.

Les revenus du pays ont diminué de 1,74 milliard $ depuis le 18 janvier.

La National Oil Corporation (NOC), en charge de la commercialisation du pétrole, craint que certains forages ne puissent pas être remis en service une fois la situation rétablie.

Du côté des marchés, la perte d’un million de barils par jour, permet d’amortir la chute des cours.

 

Nigeria

L’extraction pétrolière du plus grand pays producteur d’Afrique, pourrait diminuer de 35% dans les 10 prochaines années. Dans le même temps, le ministre du pétrole annonce une découverte d’un réservoir de 1 milliard de barils dans les territoires du nord.

 

 

Phrases du mois

«Nous savons que la demande va continuer à croitre grâce à l’augmentation de la population, la croissance économique et les nouveaux standards de vie. Nous savons que les surplus vont diminuer plus rapidement que ce que l’on pense. Alors les marges vont remonter et de nouveaux forages seront nécessaires.» Darren Woods, PDG ExxonMobil

«Si Justin Trudeau, le premier ministre canadien, était sérieux sur la sortie du pétrole bitumineux, il devrait venir avec une alternative pour les 11% de PIB produit par cette énergie.» Irina Slav, OilPrice.com

«Chercher des coupables occupe le temps et économise l’introspection.» Sylvain Tesson

«La grande question : avons-nous passé le pic de croissance du pétrole de schiste aux USA ? Nos prévisions prédisent le oui. Les développeurs de pipelines et leurs financiers sont de plus en plus concernés.» Wood Mackenzie (agence pétrolière).

 

Sources: avec Tom Whipple d’ASPO USA et Resilience.org  et l’humour des chroniques matinales de Thomas Veuillet Investir.ch, des images de Patrick Chappatte et toutes les informations diverses et variées, récoltées dans différents médias à travers le monde.

 

Retrouvez la revue complète sur 2000watts.org

 

 

Laurent Horvath

Géo-économiste des énergies, Laurent Horvath, propose des analyses et des réflexions dans les énergies fossiles et renouvelables avec un objectif principal: "ne pas vous dire ce que vous devez penser, mais dire ce qui se passe. A vous de vous forger votre propre opinion." En 2008, il a fondé le site indépendant 2000Watts.org. Vous le retrouvez dans la version papier du journal Le Temps un jeudi sur trois.

14 réponses à “Energies, Economie, Pétrole: Revue Mondiale Février 2020

  1. Laurent, quand vous dites que le Japon va déverser des eaux hautement radioactives de Fukushima dans le Pacifique, pourriez vous préciser ? Quelle quantité, quel contenu, quelle radioactivité ? S’il s’agit d’une affaire si grave que cela, ce que vous semblez sous-entendre, vous ne pouvez pas vous contenter d’adjectifs. Il vous faut donner des chiffres !

    1. Il est intéressant de noter combien le nucléaire, et particulièrement Fukushima, est un sujet qui chatouille.

      Pour lire en détails les informations à vos questions, regardez dans votre moteur de recherche avec les mots: Fukushima Water Pacific. Vous verrez l’ampleur de la crise.

      Par manque de place, Tepco doit relâcher l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs hautement radioactifs. Au départ, cette eau aurait dû être décontaminée par Areva, EDF, Mitsubishi et les autre acteurs du nucléaire. Devant leur échec, le Pacifique devra se charger de diluer cette eau.

      Au total, TEPCO a stocké 1,2 million de tonnes d’eau.

      1. Pour Fukushima, il y a eu une première station par Areva&Co. Qui a été suivie d’autres plus évoluées par Mitsubishi.
        Cette eau stockée a été passée dans les 2ème stations, et il ne reste “en théorie” que le tritium radioactif dans cette eau, les autres isotopes n’étant pas nul mais dans les clous.

        Le tritium est une tarte à la crème.

        Il n’est pas très radiotoxique en soi (faible énergie de désintégration), mais la question peut se poser éventuellement sur les volumes. Il y a 1.2 millions de mètres cubes, soit 860 TBq (de tritium)

        Toutes les centrales nucléaires rejettent du tritium en plus ou moins grande quantité, et la Hague en rejette nettement plus, 11400 TBq l’année dernière …

        Maintenant, il y a quelques doutes sur les autres isotopes, et leur concentration réelles. Et là il serait bien de repasser au moins une partie de cette eau à la filtration. En soi ça n’élimine pas la radioactivité, mais ça la concentre dans des filtres nettement plus stockables et gérables.

        Est-ce qu’on ne pourrait pas filtrer aussi le tritium ? Et réellement repasser en dessous de toutes les limites ? A priori on a pas de technologie réellement viable (sans consommer une énergie démesurée)

        Celà n’apporte pas une réponse, mais des éléments.

        1. Pas sûr que le terme filtration soit adéquat. La séparation d’isotopes utilise des techniques de centrifugation ou de diffusion. Ces techniques sont efficaces avec des gaz, pas trop avec les liquides, et surtout implique des passages multiples dans des installations, car chaque étape de séparation est très peu efficace.

          Les isotopes des atomes lourds sont facilement séparés de l’eau, mais dans le cas du tritium, la différence avec l’eau normale est infime.

          Les techniques de séparation existent, mais soit elles demandent un développement pour pouvoir séparer le trituim de l’eau, soit elles sont gourmandes en énergie.

          Par contre, je n’arrive pas à comprendre pourquoi dans le cadre de Fukushima, on ne recycle pas l’eau radioactive pour le refroidissement des réacteurs ? Si on a une boucle fermée, avec un système d’échange d’énergie pour refroidir l’eau chaude en provenance des réacteurs, on ne devrait pas avoir à stocker autant d’eau, ni voir ce stock grandir de manière ingérable.
          Il manque des infos sur ce qui ce passe réellement au niveau de ces eaux de refroidissement.

          1. Oui, “filtration” était pour simplifier.

            Le 1.2 millions de litres d’eau est déjà une boucle fermée … ayant des fuites. L’eau pompée est bien renvoyée dans les réacteurs pour les maintenir froids (25°C), probablement plus froids que des réacteurs à l’arrêt hors accident.
            Seulement les cuves sont percées, donc l’eau est récupérée plus loin, dans les soubassements/puits de pompages.

            Le problème est double :
            -il n’y a pas que l’eau envoyée qui est récupérée, mais aussi toute l’eau qui s’infiltre de l’extérieur
            -il est en plus obligatoire de pomper assez pour faire que le niveau soit assez bas pour être sûr de récupérer toute l’eau, sans qu’il s’en échappe (trop) vers l’océan.

            Les infiltrations sont assez conséquentes car la centrale a été construite en décaissant la flan de colline. En fonctionnement normal, il fallait déjà rabattre la nappe phréatique – et c’est probablement là le point qui fait que l’on arrive à ces quantités d’eau. Et ne pas décaisser nécessitait en fonctionnement normal de pomper plus haut l’eau de mer pour le refroidissement en fonctionnement …

            Cet aspect “inflitration” explique la genèse du “mur glacé” autour des réacteurs accidentés, pour réduire ces infiltrations – en dépensant une énergie conséquente pour maintenir le sol gelé.

            Bref tous les jours, il y a un excédent d’eau qui est stockée. C’était 400 mètres cubes au début. C’est de l’ordre de la centaine maintenant.
            Il y a de nombreux retours d’expérience à avoir sur cet aspect de l’eau.

          2. Je ne suis pas sûr mais j’imagine que le problème est lié à la contamination de l’eau… après des centaines ou des milliers de va et vient dans un circuit fermé, elle deviendrait probablement extrêmement chargée en radioactivité. A l’heure actuelle, j’imagine que c’est tolérable et que si une partie part dans l’océan, le risque est relativement limité… toutefois, la même eau contaminée pendant des semaines ou mois dans un circuit fermé, ça serait une autre histoire.

            Si je me goure complètement, je prends volontiers une explication 🙂

          3. Pour le circuit (semi) fermé, si l’eau n’est pas décontaminée entre les passages elle se chargerait en effet de plus en plus en radioactivité.
            Mais elle est décontaminée entre tous les passages (au moins assez régulièrement pour garder un niveau ‘assez bas’) simplement parce que faire transiter de l’eau dans des tuyaux à travers toute la centrale – de et vers les cuves – pose des problèmes si l’eau est trop contaminée. Se tenir à proximité des tuyaux deviendrait problématique pour la radioactivité, pour les rayons X également …

            Cette gestion de l’eau occupe des centaines de personne. C’est un très gros poste de la gestion de la catastrophe qui peut certainement être amélioré dans les futures centrales

      2. Je ne comprends pas pourquoi l’on ne construit pas un circuit FERMé de refroidissement .
        depuis 2011 …. Qui peut m’expliquer ?

        1. Le refroidissement se fait en boucle fermée, mais avec des fuites. La boucle fermée complète n’est pas faisable.

          Il faut s’imaginer un grosse cocote minute de l’ordre 3m de diamètre et quelques mètres de haut. Le fond de la cocotte a fondu (probablement pas tout le fond, mais il est particulièrement troué, penser à un morceau de plastique qui resterait sur une plaque électrique …). Cette cocotte est dans une 2ème enveloppe plus grande – l’enceinte de confinement, en métal également.
          Le combustible nucléaire a chauffé, faisant fondre le fond de la cuve, puis tombant dans l’enceinte de confinement et perçant des trous dans l’enceinte de confinement, sans aller plus loin. Par les investigations, on sait que ce combustible fondu (et ce qu’il a fait fondre) s’est aggloméré en des tas de cailloux de quelques centimètres.

          Tout ça est sur un socle de béton dont l’épaisseur est de 1 à 2 m.

          Pour faire une boucle complètement fermée, il faudrait réussir à (ré)étanchéifier tout ça.

          Aller boucher les trous dans l’enceinte de confinement n’est pas si simple, parce qu’il y a une radioactivité telle que même les robots ont une durée de vie de quelques heures pour les plus robustes. Il y a aussi un gros tas de débris – il y a eu une explosion d’hydrogène qui a tout secoué.

          Envisager d’étanchéifier par le sous sol serait extrêmement complexe. Il faudrait quasiment mettre l’ensemble du bâtiment – endommagé et fragile donc – sur piloti, avec toujours le problème de radioactivité. Puisque on se trouve sous la cuve.

          La solution qui a été utilisée est de créer un mur de glace (geler le sol) tout autour des réacteurs. Celà marche mais laisse quelques fuites, donc la boucle n’est pas totalement fermée.

  2. et en France on continue parait-il de fabriquer un EPR ! on marche vraiment sur la tête !

  3. Encore une belle revue mensuelle.
    Je m’étonne chaque mois de lire que le schiste américain progresse, certes moins rapidement depuis quelques mois, alors que son endettement explose. Quand la bulle financière va exploser ça risque de faire mal
    Si Fessenheim produisait exclusivement pour l’Allemagne, que font faire les allemands? Cramer pus de charbon?

  4. “«Peak Diesel»: le premier déclencheur d’un pic pétrolier, pourrait provenir d’un manque de diesel nécessaire pour alimenter nos camions, nos avions et nos bateaux.”
    Pour l’aviation il faudra attendre la fin du coronavirus , puis la conso des stocks de kerosene avant d’être en manque … idem pour le diesel routier vu les limitations de réunions .

  5. Une étude de 2019 confirme que l’usage du gaz naturel importé émet, en amont, beaucoup de gaz à effet de serre.

    Voici un tableau qui compare les émissions, sur 20 et 100 ans, de centrales européennes utilisant du charbon européen ou du gaz provenant de différents endroits du monde.
    Puis de centrales asiatiques utilisant du charbon asiatique ou du gaz provenant de différents endroits du monde.

    Le résultat est sans appel. Sur 20 ans, une centrale, utilisant du gaz importé, émet presque autant de gaz à effet de serre par kWh qu’une centrale au charbon, à cause des fuites de méthane.

    Source
    National Energy Technology Laboratory, USA
    LIFE CYCLE GREENHOUSE GAS PERSPECTIVE ON EXPORTING LIQUEFIED NATURAL GAS FROM THE UNITED STATES, 2019.

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