Le pétrole de schiste américain creuse des dettes abyssales

Le pétrole de schiste a souvent été présenté comme l’eldorado énergétique du futur capable de rassasier l’Economie mondiale. Avec 8,5 millions de barils/jours, le schiste US pourrait encore augmenter d’un million b/j d’ici à la fin de l’année.

Cependant, dans les coulisses, le tableau est moins rose. Les faillites s’accumulent et le manque de retour sur investissement exaspère Wall Street. Un sondage sur 29 compagnies pétrolières actives dans le schiste montre qu’elles ont perdu 2,5 milliards $ durant le premier trimestre de cette année.


174 faillites et le compteur tourne

Cette même dream-team avait déjà publié des pertes de 2,1 milliards durant le dernier trimestre 2018. Paradoxalement, ces performances négatives sont réalisées alors qu’elles ont diminué de 16% leurs investissements afin de réduire leurs coûts.

Globalement, les producteurs de schiste ont atteint un cash flow négatif de 184 milliards $ depuis 2010. Il est difficile de trouver une industrie qui jongle avec autant de pertes.

Depuis la crise pétrolière de 2014, 174 entreprises de pétrole et de gaz de schiste ont demandé l’ouverture de faillites afin de restructurer plus de 100 milliards $ de dettes. Pour le premier trimestre 2019, la tendance continue avec 8 faillites et une ardoise de 3 milliards $.

Au début de ce mois, Weatherford a demandé la protection d’une mise en faillite afin de restructurer sa dette de 6,7 milliards $. Avec un baril dans la zone des 55$, la contamination va se propager.

 

A touché le fonds, mais…

Le génie américain du pétrole de schiste a reposé sur deux facteurs :
A) une communication portée par les présidents Obama et Trump afin de donner l’illusion “d’abondance énergétique”, et
B) d’avoir réussi à financer son développement et ses pertes par les fonds de pensions étrangers (européens et asiatiques) ainsi que par les Banques Nationales comme la BNS Suisse.

Les entreprises de schiste ont peut être touché le fonds, mais elles creusent encore!

 

 

Sources: Morningstar.  Resilience.org: Tom Whipple, Steve Andrews

Laurent Horvath

Géo-économiste des énergies, Laurent Horvath, propose des analyses et des réflexions dans les énergies fossiles et renouvelables avec un objectif principal: "ne pas vous dire ce que vous devez penser, mais dire ce qui se passe. A vous de vous forger votre propre opinion." En 2008, il a fondé le site indépendant 2000Watts.org. Vous le retrouvez dans la version papier du journal Le Temps un jeudi sur trois.

5 réponses à “Le pétrole de schiste américain creuse des dettes abyssales

    1. “Surprenant que la BNS ai à ce point là succombé aux sirènes yankee !” Nous devons probablement remercie Blackrock et l’ancien président de la BNS?

  1. C’est là où je ne comprends pas… Les Américains ne financent pas ce secteur en perte, mais les étrangers le font à leur place ? C’est totalement incohérent et ça déstabilise artificiellement l’offre et la demande… Si votre papier est intéressant, il ne donne aucune mesure d’un seuil de tolérance et c’est bien dommage… Combien de milliards, combien de faillites seront nécessaires pour purger ce secteur ? Merci…

  2. Excellent article encore une fois!
    Jusqu’où iront les investisseurs? Quand vont ils dire : on ne met plus la main à la poche? C’est vrai qu’ils ont toujours l’espoir de retomber sur leurs pattes mais quand?
    Néanmoins je ne comprends pas pourquoi de nouveaux investisseurs arrivent quand même pour financer ce secteur.
    les dettes sont abyssales et je crains une explosion de cette bulle financière.
    qu’en pensez vous?

  3. Incroyable que ce soit les européens qui financent le gaz de chiste américain
    ils sont intelligents et rusés
    Et nous les imbéciles de service on va trinquer
    la seule bonne nouvelle c’est qu’ils ont pollué leurs sols

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