Comme un pied de nez à la COP24 sur le climat, le baril de pétrole dégringole à 45,79$ à New York et 55,89$ à Londres, soit une baisse de plus de 30$ depuis début octobre.
A la fin de l’été, le consensus tablait sur un baril à 100$. Mais à la bourse, à chaque fois que c’est «évident», c’est le contraire qui se passe. Surproduction des 3 géants USA, Russie et Arabie Saoudite et perspectives économiques moins roses que prévues sont les ingrédients pour tenter d’expliquer cette dégringolade.
Début décembre, l’OPEP+ annonçait une réduction d’extraction pétrolière de 1,2 millions barils/jour (b/j) afin de faire remonter les cours. Le top départ de cette initiative était annoncée pour janvier.
Comme une marmotte au début de l’hiver et avant l’entrée en vigueur des quotas, les producteurs ont profité pour accumuler un maximum de réserves en extrayant des quantités maximales de pétrole.
L’Agence Américaine de l’Energie annonce que les USA sont devenus les plus grands producteurs du monde avec 11,7 millions b/j. Même si ces chiffres seront «corrigés» à la baisse dans quelques mois, la tendance est là. La Russie a également poussé ses machines à fonds avec 11,4 millions b/j en décembre et l’Arabie Saoudite tourne à 11.
De plus, comme les perspectives économiques de la croissance mondiale sont moins enthousiastes, les traders poussent les prix vers le bas.
Production de schiste aux USA en millions de barils/jour. Source IEA
Aux USA, les extractions de pétrole de schiste sont en forte augmentation de +134’000 b/j sur décembre ce qui compense les pertes du Venezuela.
Cependant, le prix de vente du pétrole de schiste US est passé sous les 40$ à 39$ le baril.
Déjà qu’à 60$, les pétroliers américains espéraient un timide bénéfice, à 39$, leurs pertes se chiffrent en milliards $. Le soutien inconditionnel des institutions financières internationales reste un mystère.
Champs de pétrole de schiste aux USA
la planête n’est pas prête à réduire ses km. Tout bon pour Macron!
Sur les 3.8 millions de barils par jour du Permian Basin, 2.8 viennent de réservoirs conventionnels, grès (90%) et carbonates (10%) donc ce n’est pas du pétrole de schiste. La différence, 1 million de barils par jour, vient du Wolfcamp Shale qui produit du pétrole de schiste. LE CEO de Schlumberger a récemment averti que 50% des puits forés dans cette formation de Wolfcamp Shale étaient affectés par le phénomène des “child wells” (70% dans l’Eagle Ford), selon lui, un indice que les projections de croissance de la production de cette formation seront bientôt revues à la baisse. La production de pétrole de schiste redescendra aussi vite qu’elle est montée car les zones commerciales sont forées en premier et à grande vitesse. L’engouement des financiers pour le pétrole de schiste s’explique par le Quantitative Easing et le rétablissement de l’assurance fédérale pour les swap derivatives incluant les investissements sur les matières premières fin 2014, de loin pas la meilleure décision du président Obama mais avait-il vraiment le choix face au lobbying intense de Jamie Dimon? Entre Charybdès et Scylla…