Le PDC change de nom: un pari risqué !

Vous l’avez probablement lu dans la presse, le PDC s’appellera Le Centre. Pourtant, changer de nom et de logo pour un parti politique n’est pas anodin, surtout quand il s’agit d’un des plus grands parti en termes d’élu·e·s en Suisse (37 sièges dans les gouvernements cantonaux et 408 sièges dans les législatifs cantonaux). Alors pourquoi certains partis politiques changent-ils de nom ? Explicatif.

Souvent initiée après une série de défaites électorales, ce qu’on appelle rebranding (ce terme anglais désigne généralement un repositionnement plus ou moins prononcé d’une marque qui s’accompagne ou non de son changement de nom) permet de se débarrasser de son image vieillissante, de partir sur une nouvelle base et d’inverser une tendance électorale sur le déclin. 

Il existe d’ailleurs deux concepts en la matière : le repackaging ou le rebranding. Le premier consiste à un simple changement de nom ou de couleur, le second comprend une modification bien plus en profondeur de l’identité générale. En Suisse, les Verts sont devenus les Vert·e·s (à prononcer les Verts et les Vertes), formule épicène visant à souligner la présence des femmes au sein du parti, plus un repackaging qu’un rebranding donc. En France aussi on s’attèle à changer de noms, chaque fois après une défaite: l’UDF est devenu le MoDem, Les Verts sont devenus EELV (Europe écologie les Verts), l’UMP a choisi Les Républicains et le FN est devenu le RN (Le Rassemblement National).

Faut-il faire peau neuve après chaque revers électoral ? 

Comme l’écrit le journaliste Grégoire Baur dans cet article du quotidien Le Temps, “Le PDC Suisse est en pleine introspection. Il cherche le moyen d’infléchir sa courbe électorale, qui ne cesse de décroître depuis de nombreuses années et qui frôle désormais la barre des 11%. Mais il croit avoir trouvé la solution: changer de nom pour donner le signal d’un nouveau départ et abandonner le «C» de chrétien, dont la connotation religieuse lui ferait perdre bon nombre d’électeurs.“.

Le constat d’érosion est effectivement sans appel, y compris de leur président Gerhard Pfiseter : « Depuis 40 ans, nous n’avons jamais gagné de nouveaux électeurs ». Pour inverser cette tendance, le PDC semble estimer plus urgent de changer de vitrine que de changer sur le fond. Un pari risqué, mais nécessaire au vu du déclin ces dernières années : 15,9% en 1999, 14,6% en 2007, 12,3% en 2011, 11,4% en 2019. Il faut remonter à 1983 pour atteindre les 20,2 % aux élections fédérales, l’objectif très ambitieux visé par le PDC avec ce rebranding.

Si leur refonte se limite à un simple changement de nom, il faudra certainement plus qu’un nouveau logo pour convaincre les électeurs et électrices de revenir vers ce parti traditionnel. 

Il sera également intéressant de découvrir le résultat du vote des militant·e·s PDC sur ce rebranding. Il n’est d’ailleurs pas certain que la direction du PDC réussisse à fédérer toute la base au vu des dernières prises de parole dans les médias (Changer le nom du PDC c’est la ruine du Parti, Le choix du “Centre divise le PDC). Quoi qu’il en soit, l’avenir nous dira s’il s’agissait d’un coup de peinture sur la façade ou d’une refonte en profondeur.

Julien Rilliet

Ayant été au centre de diverses campagnes nationales et après avoir été le chargé de campagne du parti socialiste vaudois, Julien Rilliet s’est spécialisé dans la communication politique. Désormais à la tête de sa propre entreprise de consulting, il porte un regard amusé sur la politique d'ici et d'ailleurs et la façon dont ses principaux acteurs tentent de la réinventer.

5 réponses à “Le PDC change de nom: un pari risqué !

  1. «Si un parti doute tellement de lui-même qu’il veut changer de nom, alors ce parti n’est plus solide» dixit le conseiller aux Etats Beat Rieder.

    1. Il est vrai que le « Centre » n’est qu’une position sur l’échiquier politique tandis que le « C » fait référence à des valeurs à développer dans un programme et à défendre dans une action. Ces valeurs constituent la colonne vertébrale du parti dont la disparition risque d’ entraîner plutôt l’affaissement qu’un renouveau. Si l’on veut être à même de contrer des idéologies contraires à nos racines, il faut s’armer de convictions et non se contenter de brandir qu’on est le parti du Centre !

      1. Bonjour Jean-Paul,
        Merci pour votre commentaire.
        Je vous rejoins en grande partie, ce n’est pas avec un nouveau logo que le PDC réussira à convaincre les électeurs et électrices de revenir. Aussi fortes soient les convictions, il faut surtout réussir à avoir un appareil de parti qui fonctionne, une bonne dynamique à l’interne, un renouveau dans les membres, un positionnement clair, cohérent et dans l’air du temps, etc. En ce sens, et c’est déjà compliqué pour n’importe quel parti, ça l’est plus encore pour un parti en déclin constant depuis de nombreuses années d’y parvenir.

  2. bonjour; on dit méchamment des dames d’âge qu’elles doivent se refaire la façade…; cette grave affaire montre bien la superficialité des politiques, hélas ! à moins que le PDC devenu Centre ne joue avec le pouvoir central, comme le modem français dont Bayrou s’est inventé un excellent plan de fin de carrière…

  3. C dans le C..l

    Le probleme que vous soulevez est propre a chaque parti.
    Aucun parti n’a de programme, autre que les votants en s’adaptant un peu plus vert, un peu plus social ou un peu plus economique.

    Si on veut parler de “DEMOCRATIE”, il faut interdire le Lobbyisme, le reste n’est que pipeau
    (et rien a secouer que le lobbyisme soit vert, rouge, bleu, arc-en ciel)!

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