Le Temps Julien Rilliet

Que nous apprend la participation lors de la votation du 9 février à Genève ?

Focus sur la votation du 9 février à Genève où le taux de participation a été de plus de 43%, soit dans la moyenne des derniers scrutins. Premier scoop: il n’y a aucune surprise. Deuxième scoop: l’adage disant que “plus une personne est âgée, plus la probabilité qu’elle vote est forte” s’est encore réalisé. Les personnes de 18 à 39 ans votent le moins (27,9 %) tandis que les 65 ans et plus sont les électrices et électeurs qui se rendent le plus aux urnes (62,6 %).

Même si le niveau d’éducation, l’activité et le niveau de revenus sont des caractéristiques socio-démographiques individuelles qui expliquent le mieux les écarts de participation entre différents profils d’électeurs, l’âge reste prépondérant.  Plus une personne est âgée, plus la probabilité qu’elle vote est forte: l’écart de participation entre les électrices et électeurs âgés de 18 à 24 ans et celles et ceux âgés de 60 à 84 ans est en moyenne de 20 à 30 points, ici de 27 pour la votation du 9 février à Genève comme le montre le graphique ci-dessous.

Source : Office cantonal de la statistique (OCSTAT) – Etat de Genève

A chaque catégorie d’âge sa stratégie de communication, donc. Avec son éternel dilemme pour les partis: tenter sa chance pour toucher un électorat nouveau (70% de non votants chez les moins de 40 ans) ou choyer celui de 65 ans et plus qui vote déjà massivement ? Pour ma part, au vu du potentiel de mobilisation immense chez les jeunes adultes, c’est vers celui-ci qu’il faut se tourner; sans pour autant oublier les 65 et plus, bien évidemment…

Julien Rilliet

Ayant été au centre de diverses campagnes nationales et après avoir été le chargé de campagne du parti socialiste vaudois, Julien Rilliet s’est spécialisé dans la communication politique. Désormais à la tête de sa propre entreprise de consulting, il porte un regard amusé sur la politique d'ici et d'ailleurs et la façon dont ses principaux acteurs tentent de la réinventer.

11 réponses à “Que nous apprend la participation lors de la votation du 9 février à Genève ?

  1. Bonjour. Pourtant tout a été essayé, non ? Smartvote, easyvote, VoteInfo, et j’en passe. Sérieusement je vois pas ce qu’on peut faire de plus pour aider les jeunes à voter ! Le vote électronique peut-être ? Quelles sont vos solutions d’après-vous ?
    Salutations, Bernard

  2. Trois solutions simplissimes:

    – transparence des mandats/jetons/financements, publiées sur le site CH
    (pour ne pas dire commission d’enquête sur Crypoleak, ou redorer le blason politique de milice, de pipeau)
    – vote à 16 ans
    – vote électronique

    Bien sûr, mes solutions ne conviendront pas aux vieux cons qui pipent les dés et les sièges à jeton 🙂

    1. Alors le vote à 16 ans ou le vote électronique (s’il est vraiment sécurisé / transparent) pourquoi pas essayer. Mais en quoi la transparence des mandats augmenterait la participation des -40 ans ? Ca me semble plus une évidence qu’une incitation au vote !

      1. Merci, il me semble que la transparence politique, dont on voit les résistances que ça génère pour la mettre en oeuvre, est une des clés de l’abstentionnisme.

        En d’autres termes, à quoi sert-il d’aller voter, les dés étant pipés par des intérêts “supérieurs”.
        On le voit bien dans toutes les votations, comme “le pouvoir” renverse l’opinion publique, lorsqu’elle ne va pas dans son sens… .

    2. – transparence des mandats/jetons/financements : même question que Bernard, en quoi ça inciterait les jeunes à voter ? Lors de l’élection complémentaire du CE dans le canton de Vaud, la Grève du climat qui a proposé une réelle alternative dans la manière de gouverner, n’a pas augmenté davantage la participation des jeunes, bien au contraire. Même Lausanne a voté à droite, du jamais vu en 30 ans.
      – vote à 16 ans : en réalité cela diminuerait le taux de participation. Comme l’indique la tendance : plus l’âge est faible, plus le taux de participation est faible. Celui à 16 ans serait donc le plus faible ce qui réduirait la moyenne de l’actuel bloc 18 – 39 ans. Le peuple neuchâtelois a cependant largement balayé le vote à 16 ans aux dernières votations, réduisant en même temps l’enthousiasme des partisans dans les autres cantons romands.
      – vote électronique : un article intéressant à lire là-dessus : https://www.ictjournal.ch/articles/2019-03-05/le-vote-electronique-peut-il-faire-augmenter-la-participation

      1. Merci, mais pas d’accord avec votre manière de calculer.
        Même si le taux des 16-18 est faible, il ne va pas faire baisser celui des 18-39, mais augmenter la tranche 16-39.

        En ce qui concerne le e-vote, c’est un problème qui doit être pris en main par la Confédération avec un système unique pour tous les cantons.
        Tiens, on pourrait demander un projet à Crypto AG 🙂 🙂

        1. On a un taux de 30% pour les 18-39 ans.
          Si le taux 16-17 est par exemple de 25%, alors le taux des 16-39 est forcément < 30%. Donc il se réduit.

          1. Bonsoir Olivier et Nicolas,
            Tout d’abord merci pour vos intéressants échanges.
            Quelques éléments pour vous donner mon avis sur le vote électronique, sans parler des problèmes de sécurités y relatifs. Le mode de vote actuel (par courrier principalement) n’étant pas contraignant du tout, j’entends par là que ça prend 5 minutes, ne coûte quasi rien et que personne n’est obligé de s’inscrire et/ou de faire la file pendant des heures durant une unique journée comme en France, je doute que l’aspect “facile” du vote électronique soit la solution qui rende le vote attrayant chez les moins de 35 ans.

            Le droit de vote à 16 ans me semble par contre une piste plus intéressante. L’Autriche en est un bon exemple et une littérature conséquente le relate mieux que moi. Pourquoi ne pas l’essayer ailleurs en Suisse, comme à Glaris, même si les spécificité ne sont pas identiques partout.

            Enfin, même si je partage votre avis sur l’opacité générale de la politique chez nous, je doute que ce soit un aspect qui freine le jeune électorat.

            Au plaisir de vous lire.

          2. Oui, l’ami Nicolas est sans doute plus matheux que moi et ce n’est pas difficile.

            Le droit de vote à seize ans ne vaut peut-être rien, mais il intéresse les jeunes à la politique, augmente le nombre de votants (pas en %), mais ptêt que la politique démocratique est finie?

            Moi, je suis plus fasciste que vous, je pense que, comme on donne le droit de vote à tel âge, on doit le supprimer aussi à partir d’un certain âge.
            Il n’est pas normal que des octogénaires influencent la vie des jeunes, alors qu’ils n’auront pratiquement rien à subir de leur vote qui sera effectif, la plupart du temps, dans dix ans.

            Quant au e-vote, je vis en Uruguay, ce qui en fonction de la vitesse de nos chères postes ne permet souvent pas de voter.

            PS. On fait des paiements sécurisés, dans le monde entier et tous les jours, mais le e-vote n’est pas sûr… qui peut bien croire cette farce?

  3. Comme le rappelle le comité pour un moratoire sur le vote électronique, l’ E-banking n’est pas une bonne source de comparaison, et je suis plutôt d’accord avec eux.
    “Souvent, les partisans du vote électronique argumentent que, puisque le E-banking a pu s’établir en tant que moyen de paiement facile et sécurisé, il doit en aller de même du vote électronique. Pourquoi ne serait-il pas possible d’appliquer aux processus démocratiques ce qui fonctionne parfaitement dans le secteur financier ? La réponse est simple : ce sont deux processus très différents ! A la différence du e-banking, où le client doit être identifié avec précision lors de chaque transaction, le vote électronique ne doit pas pouvoir relier un électeur à ce qu’il a voté, sous peine de violer le secret du vote. Il ne faut surtout pas conserver la trace de ce que chacun a voté. Tout cela rend le vote électronique beaucoup plus complexe à mettre en œuvre que le e-banking.”

  4. Si on introduit le vote électronique, il ne sera plus possible d’avoir confiance puisque la traçabilité n’existera plus. L’expérience du logiciel conçu pour la confédération est extrêmement choquante. Rappelez-vous: ce logiciel était soumis à un test pendant un temps très limité. En quelques minutes, une entreprise étrangère a trouvé un défaut majeur (une porte dérobée qui permet de modifier le résultat du vote sans laisser de trace). L’entreprise ayant développé ce logiciel dit: en fait nous étions déjà au courant…
    Et si les abstentionnistes étaient juste des gens qui n’ont pas envie de voter? L’avantage et l’inconvénient d’avoir un taux de participation faible, c’est qu’une minorité motivée peut déterminer le résultat. Donc, si les plus jeunes veulent imposer leur point de vue, par exemple sur l’écologie, il leur suffit de se mobiliser plus que les autres. Cette statistique sur la mobilisation par tranche d’âge est particulièrement intéressante. Je serais curieux de connaître quels sont les sujets qui mobilisent les plus jeunes et de combien.

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