Lors de son audition de cinq heures au Sénat américain mardi dernier, le patron de Facebook a du répondre à de nombreuses questions de sénateurs. Pour s’aider, un wording. Et celui que Mark Zuckerberg a utilisé était étonnamment basique. Il nous en apprend par contre davantage sur la vision à long terme de Facebook, et c’est ce qui le rend intéressant.
Pour bien comprendre à quoi ces wordings servent (ou éléments de langage en français), rien de mieux qu’une vidéo. Dans les grandes lignes, et vous l’aurez compris en regardant la vidéo, il s’agit « de mots ou expressions soigneusement choisis sur un sujet donné, généralement polémique. Souvent élaborés par ou avec l’aide de conseillers en communication, les éléments de langage présentent l’avantage d’assurer une cohérence entre les différents discours qui émanent d’un même mouvement.»
Ces notes sont rarement publiques. Elles rappellent généralement à l’oratrice ou l’orateur les lignes rouges à ne pas franchir, les mots à ne pas utiliser et les messages à accentuer. Par probable maladresse, Zuckerberg a laissé celles-ci ouvertes devant lui suffisamment longtemps pour qu’un photographe de l’agence AP, Andrew Harnik, puisse les immortaliser. Et c’est intéressant à lire.
On y apprend par exemple qu’il devait répondre « Démissionner? J’ai fondé Facebook. Mes décisions. J’ai fait des erreurs. Défi de taille, mais nous avons surmonté d’autres épreuves, nous surmonterons celle-ci. Sommes déjà passé à l’action » à la question de savoir s’il comptait jeter l’éponge suite aux récents scandales liés à la protection des données. Ou de porter l’entière responsabilité du scandale de Cambrige Analytica en répondant « C’était ma responsabilité. Je ne désignerai aucun boucs émissaires. »
Plus intéressante encore, la partie concernant la nouvelle législation européenne sur la protection des données (dite RGPD). Le wording de Facebook est clair : « Le RGPD fait quelques trucs. Permet de contrôler l’utilisation des données –on le fait déjà depuis plusieurs années. Requiert l’autorisation des utilisateurs –on le fait un peu, et de plus en plus en Europe et dans le monde. » Entre les lignes, on comprend rapidement la position de Facebook: pas besoin de réglementer d’avantage, on en fait déjà bien assez.
Pour les curieux, le média en ligne The Verge a retranscrit intégralement ce wording. C’est toujours intéressant pour comprendre la politique d’un candidat ou d’une entreprise. A lire ici.