Pas plus tard que mercredi dernier, l’OMPI (l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) a publié son Global Innovation Index plaçant la Suisse en tête des pays les plus innovants de la planète. Les gros titres des journaux internationaux affichent maintenant : « La Suisse, leader mondial de l’innovation ». En Suisse on se frotte la tête, on se pince l’avant bras, on a peine à comprendre les raisons de ces prestigieuses éloges.
On est d’ailleurs plutôt habitué à des gros titres comme « Parler de Health Valley lémanique est galvaudé » ou « Il faut quitter la Suisse pour réussir ». En parlant du soutien public à l’innovation, Thierry Mauvernay – administrateur du groupe pharmaceutique Debiopharm – affirme même :
« La Suisse a clairement du retard »
Comment se fait-il alors qu’on se retrouve tout en haut de cette liste impressionnante? Peut-être que cela fait partie du paradoxe suisse de ne jamais être satisfait de ses acquis, mais en regardant le Global Innovation Index de plus près, tout s’explique.
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Comment ça marche ?
Les initiateurs du G.I.I. l’expliquent très clairement sur leur site internet : pour établir leur classement, voici comment ils s’y prennent. Ils listent et notent d’abord tous les « inputs » d’innovation dans le pays: environnement politique, environnement régulatoire, éducation, recherche & développement, ICTs, accès au crédit, new venture investments, etc.; et les comparent aux « outputs » que le pays parvient à produire en terme d’innovation : création et diffusion de connaissance, impact sur la recherche, création de nouvelles entreprises, de biens et services, de produits innovants, etc. Le Global Innovation Index se base ensuite sur ce ratio d’efficience entre outputs et inputs. Plus ce ratio est grand, plus le pays est capable d’innovation par rapport à ce qui lui est mis à disposition. On s’explique soudainement mieux pourquoi la Suisse a pris la tête de ce classement.
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La vérité c’est donc que les Suisses ont une propension incroyable à innover par rapport à l’environnement défavorable dans lequel ils évoluent. Ajoutez à cela une facilitation des procédures de faillite, des passeports entrepreneurs, un financement public plus important, des crédits d’impôts et quelques autres impératifs structurels qui encourageraient l’innovation et on pourrait bien être sur la bonne voie de la réinvention post-secret bancaire à laquelle nous faisons et allons faire face!
En tous les cas, toute publicité est bonne à prendre et ce surprenant résultat n’est rien d’autre qu’une aubaine. Tant qu’on comprend les fondements de ce dernier et qu’on ne tombe pas dans le piège de penser qu’ « en Suisse on en fait assez », le monde nous prend pour le champion du monde de l’innovation et c’est tant mieux. Donnons-nous maintenant les moyens d’en profiter.
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J.G.
Une réponse à “La Suisse en tête du Global Innovation Index : mais comment ça se fait ?”