Tunnel de base du Ceneri : un pont entre le Nord et le Sud de l’Europe

Après l’ouverture des tunnels du Lötschberg en 2007 et du Saint-Gothard en 2016, la Suisse a inauguré vendredi 4 septembre dernier un nouveau tunnel : le Ceneri. Il s’agit du dernier ouvrage à travers les Alpes qui doit transformer ces prochaines années le trafic ferroviaire entre le nord et le sud du continent européen. Même si aucun hauts représentants de l’UE ou des pays voisins de la Suisse n’ont fait le déplacement au Tessin, la Suisse, par sa position géographique, a une carte à jouer en matière de transports pour de futures négociations avec l’Union européenne.

La Suisse officielle a inauguré tout récemment le tunnel de base du Ceneri à Camorino (TI). Il s’agit du dernier ouvrage des NLFA (Nouvelles lignes ferroviaires à travers les Alpes) qui doit redessiner le trafic ferroviaire du nord au sud du continent européen. La Présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, accompagnée du Ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis sont arrivés à bord d’un train en provenance de Berne. Le Président du Conseil d’Etat tessinois Norman Gobbi était lui aussi sur place pour cet événement national. C’est donc ensemble qu’ils ont inauguré ce nouveau tunnel de base. Je regrette l’absence d’invités de marque européens à cette journée historique non seulement pour la Suisse mais aussi pour l’Europe. Aucun des hauts représentants (chefs d’Etat et/ou de Gouvernement) de l’Union européenne, des Pays-Bas, de l’Allemagne et/ou de l’Italie n’étaient malheureusement présents à la cérémonie. Malgré une présidente suisse socialiste et plutôt pro-européenne cette année au pouvoir. Une occasion manquée pour la Suisse de montrer aux Européens sa politique de transports développée et qui profite aussi aux pays voisins.

 

Le Ceneri, un pont entre le nord et le sud de l’Europe

Après l’ouverture du tunnel du Lötschberg (cantons de Berne et du Valais) en 2007 et celui du Saint-Gothard (cantons d’Uri et du Tessin) en 2016, ce  nouveau tunnel construit dans le Canton du Tessin est la dernière oeuvre des NLFA. Il a plusieurs objectifs à long terme : transférer le trafic déjà chargé de la route au rail, continuer à protéger les Alpes ainsi que fluidifier la circulation sur un axe ferroviaire reliant Rotterdam aux Pays-Bas à Gênes en Italie.

Le Ceneri en chiffres

Long de 15,4 km, le tunnel du Ceneri qui culmine à 329 mètres au-dessus du niveau de la mer doit pouvoir accueillir jusqu’à 170 trains de marchandises et 180 trains de voyageurs par jour. Les NLFA ont coûté à ce jour quelque 22,6 milliards de francs suisses. Petit rappel historique : les Suisses avaient dit oui à 63,6% aux NLFA en 1992. Deux ans plus tard, les citoyens helvètes approuvaient l’initiative des Alpes à 52%. Celle-ci demandait un transfert de la route au rail des marchandises passant sur l’axe nord-sud de la Suisse pour protéger les régions alpines du trafic.

Une Suisse géographiquement au centre de l’Europe

Lors de cette inauguration, le Ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis a déclaré que : “La Suisse est née et a grandi en faisant fructifier sa position géographique au cœur des Alpes, au centre de l’Europe. Avec cet ouvrage futuriste, nous marquons notre appartenance au continent européen, hier comme aujourd’hui, (…)”. Ignazio Cassis a eu raison de souligner que notre pays se trouve au centre de l’Europe. Cette politique de transports forte va servir les intérêts du Tessin, de la Suisse mais aussi des pays voisins de la Suisse. Les futurs présidents suisses ne devront pas hésiter à mettre ce dossier sur la table des discussions lors de rencontres bilatérales entre Berne et Bruxelles. Certes, la majorité des citoyens suisses ne veulent pas d’une adhésion de leur pays à l’UE mais ils sont prêts à “arranger” les Européens en votant les crédits et à faire leur part en ce qui concerne la construction et l’entretien des lignes ferroviaires. Nous avons rien à gagner d’une adhésion hormis une perte de souveraineté mais nous avons le devoir de défendre non par les intérêts de l’Union européenne mais les intérêts du continent européen. Nous sommes Suisses et Européens par nos valeurs, nos modes de vie, notre amour de la démocratie et de l’Etat de droit. La Suisse, par sa position géographique, se trouve au cœur du Vieux Continent, il nous faut donc des relations stables et de confiance avec notre premier partenaire commercial. Que cela plaise ou non aux extrémistes de gauche comme de droite!

Carte du continent européen. Photo : muck hole