Vladimir Poutine ne veut pas envahir l’Ukraine

Les présidents russe et américain Vladimir Poutine et Joe Biden se sont entretenus, hier. Ce dernier a rappelé à son homologue russe qu’il se tient toujours à disposition pour un dialogue bilatéral. Mais qu’en cas d’invasion russe en Ukraine, les conséquences seraient très négatives. Un tel scénario reste cependant rare, même si les tensions sont fortes. Les craintes de Vladimir Poutine quant à l’avenir du voisin ukrainien sont-elles légitimes?

Les téléphones chauffent entre Moscou, plusieurs capitales européennes et Washington. Hier après-midi, le Président russe, Vladimir Poutine, et son homologue américain, Joe Biden, se sont une nouvelle fois entretenus. Un énième échange tendu entre les deux hommes sur la soi-disante probable invasion de l’Ukraine par la Russie. Je peine à croire à une telle intervention, car une guerre pour Vladimir Poutine serait un désastre économique pour son pays. Les sanctions économiques internationales seraient alors très dures. Les Etats-Unis croient à cette intervention militaire puisqu’ils envoient des renforts militaires en Lituanie et en Pologne. On n’a toujours pas vu de preuves américaines là-dessus. Du côté de la Russie, on dément toute envie d’envahir le voisin ukrainien et on dénonce “une hystérie”. Joe Biden a eu l’occasion d’insister sur le fait que son pays reste ouvert à un dialogue, mais qu’en cas d’invasion russe du territoire ukrainien, celui-ci n’hésiterait pas “à répondre de manière résolue et à imposer des répercussions sévères et rapides à la Russie”.

Les présidents russe et américain à l’occasion d’une visioconférence le 7 décembre 2021. Photo : Sputnik/Mikhail Metzel via REUTERS

Une Ukraine encerclée

Actuellement, des milliers de soldats sont déployés par la Russie aux frontières ukrainiennes. Moscou et Minsk mènent ensemble des manoeuvres militaires, ce qui fait que l’Ukraine se retrouve encerclée par ses voisins russe et biélorusse. On peut comprendre la grande inquiétude des autorités et des citoyens ukrainiens. Tout pays qui voit des militaires étrangers massés à ses frontières est en droit de se sentir menacé. Ces derniers jours, Joe Biden, son Secrétaire d’Etat Antony Blinken et la presse américaine tout comme européenne défendaient ardemment l’idée d’une intervention russe en Ukraine très prochainement. Je vois une grande peur de ces acteurs-là. Mais nous Occidentaux n’est-on pas en train de devenir fou voire hystérique? Ces signaux d’alerte créent plus la panique qu’autre chose. Je reste convaincu que Vladimir Poutine ne veut pas envahir son voisin ukrainien de même qu’il ne souhaite pas une guerre. Même le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé les avertissements américains en disant que ceux-ci “provoquent la panique et n’aident pas”. A ce stade, une rencontre de haut rang entre Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky, Olaf Scholz, Emmanuel Macron et Joe Biden serait la bienvenue pour que chacun explique ses craintes à l’autre. Je verrais bien Genève ou Zurich comme plateforme d’accueil de ce sommet extraordinaire.

Poutine et ses inquiétudes

On accuse beaucoup le président russe de provoquer le chaos aux portes de l’Europe. Mais qui a essayé de comprendre ses craintes? La Russie voit une présence militaire importante à ses frontières. Dans les pays baltes, en Pologne, en Ukraine ou encore en Géorgie. Qui n’aurait pas peur de voir une mobilisation militaire aussi importante? Si j’étais président suisse et que l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la France massaient des milliers de soldats et de chars à nos frontières, je craindrais également une invasion de mon pays. Vladimir Poutine l’a dit et le répète. Il ne veut pas que l’Ukraine ou la Finlande rejoigne l’OTAN. Ce qui est compréhensible. Si la Russie installait des bases militaires au Mexique, à Cuba ou encore en République dominicaine, comment réagiraient les Etats-Unis? Il ne faut pas seulement s’alarmer de la présence militaire russe aux portes de l’Ukraine, mais également comprendre les craintes de Vladimir Poutine.

Je crois aux vertus du dialogue. A mon avis, il faudrait que Russes et Américains retirent leurs soldats de l’Ukraine ou des pays alentours pour permettre un retour au dialogue et à la confiance mutuelle. Joe Biden dénonce la possible intervention russe en Ukraine. Doit-on rappeler les intervention militaires américaines catastrophiques en Irak, en Libye ou en Syrie? On connait tous la situation dramatique dans ces pays, actuellement. Joe Biden se voulait être un homme de paix, le voici en homme de guerre. Le rêve se brise.

Trump et les relations internationales : pourquoi était-ce nécessaire de les bouleverser?

Ne devrait-on pas considérer Donald Trump comme un faiseur de paix, notamment avec la Corée du Nord? Trump a-t-il tenu ses promesses de campagne sur l’accord nucléaire avec l’Iran? Donald Trump n’est-il pas le nouveau pacificateur au Moyen-Orient entre l’Etat hébreu et les monarchies arabes du Golfe? Que pense Trump de notre pays la Suisse? Et Donald Trump n’a-t-il pas raison de secouer les pays européens pour qu’ils augmentent leurs contributions dans l’OTAN? Autant de pays et autant de questions. A deux jours d’un scrutin présidentiel hors norme, j’ai choisi de porter un regard personnel sur le premier mandat présidentiel de Trump, mettant l’accent sur ses relations avec quatre pays dont la Suisse et une organisation militaire. 

Trump et la Corée du Nord

Donald Trump restera dans l’histoire des Etats-Unis comme le premier Président à avoir rencontré de près le dirigeant suprême nord-coréen Kim Jong-un. Rappelez-vous, au début de son mandat, Trump était très hostile envers la Corée du Nord. En août 2017, il avait promis carrément “le feu et la fureur” si ce pays émettait encore des menaces contre les Etats-Unis. Pourtant, entre 2018 et 2019, les déclarations de guerre entre les leaders américain et nord-coréen vont se fondre pour laisser place à des discussions plus constructives. Durant cette période, Donald Trump et Kim Jong-un se rencontrent à trois reprises. Le 12 juin 2018 à Singapour, le 27 février 2019 à Hanoï et le 30 juin de la même année dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées. Les images sont fortes voire irréelles alors que Washington et Pyongyang se menaçaient mutuellement de destruction en 2017. Seule ombre au tableau pour le locataire de la Maison Blanche, il n’est pas parvenu à obtenir un accord signé par son homologue nord-coréen pour renoncer aux armes atomiques. Le 45ème Président des Etats-Unis se définit souvent comme “un génie” et à juste titre dans cet exemple. Il est l’ARTISAN du grand rapprochement entre son pays et la Corée du Nord.

Le Président américain Donald Trump aux côtés du leader nord-coréen Kim Jong-un, lors de leur première rencontre à Singapour en juin 2018. Image exceptionnelle pour deux nations qui se menaçaient de représailles en 2017. Photo : Intell News

Trump et l’Iran

Au printemps 2018, Donald Trump annonce que son pays va se retirer unilatéralement de l’accord nucléaire avec l’Iran. Un texte négocié en partie en Suisse, sur les rives du lac Léman. La Confédération suisse joue un rôle de messager entre Washington et Téhéran. Berne représente les intérêts américains en Iran et les intérêts iraniens aux Etats-Unis depuis 1980. Les sanctions contre la République islamique d’Iran seront “les plus dures de l’histoire”, a promis le Président américain. Il a annoncé qu’il s’attaquerait à toutes les entreprises internationales qui continueraient de commercer avec l’Iran. Les Etats-Unis ont le droit de ne pas souhaiter des échanges économiques avec l’Iran. Par contre, il est inacceptable qu’ils imposent au reste du monde de faire de même. Chaque pays doit choisir souverainement les relations qu’il veut avec un pays. L’objectif de Trump sur l’Iran est clair: étrangler le régime des mollahs, le forcer à renégocier un accord nucléaire et lui interdire de développer ses missiles balistiques. Le retrait des Etats-Unis de cet accord était une promesse de campagne. Promesse tenue! Une manière pour lui de montrer à sa base qu’il dit ce qu’il fait et qu’il fait ce qu’il dit.

Trump et Israël

Le 14 mai 2018, les Etats-Unis inaugurent leur ambassade dans la capitale israélienne. Le transfert de l’Ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem marque une véritable rupture avec le consensus international. En effet, la communauté internationale ne reconnaît aucune capitale définie à Israël. Ce geste, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne l’oubliera jamais. Autre dossier important tant pour Israël que les Etats-Unis, c’est celui des normalisations de relations entre l’Etat hébreu et les monarchies du Golfe. Après l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994), les Emirats arabes unis et Bahreïn devenaient en septembre dernier deux nouveaux pays arabes à établir officiellement des relations avec Israël. Et dernièrement, c’est le Soudan qui a annoncé la création d’une relation diplomatique avec Jérusalem. D’autres nations arabes devraient suivre, notamment l’Arabie saoudite. Certes, Donald Trump a promis un plan de paix entre Israël et la Palestine pour résoudre ce vieux conflit. Mais au-delà de cette question complexe, les nations arabes se lassent de ce conflit et ont envie de s’associer à Israël pour faire barrage à l’influence grandissante de l’Iran. Donald Trump, avec ces accords de paix, est encore une fois un grand ARTISAN de la paix entre des nations qui hier se tapaient dessus.

Le Président américain Donald Trump, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et les Ministres des affaires étrangères des Emirats arabes unis et du Bahreïn réunis à la Maison Blanche pour des signatures d’accords historiques entre l’Etat hébreu et deux monarchies du Golfe, Washington, 15 septembre 2020. Photo : Israel Ministry of Foreign Affairs

Trump et la Suisse

Durant les huit ans de pouvoir de Barack Obama (2009-2017), celui-ci n’a jamais porté la Suisse dans son cœur. Il n’a jamais reçu un(e) Président(e) suisse à la Maison-Blanche ou même fait un déplacement officiel à Berne. Pourtant, il s’est rendu à plusieurs reprises en Europe. Dommage car la Suisse et les Etats-Unis partagent beaucoup de valeurs communes comme la démocratie libérale ou le fédéralisme. Seul fait marquant, Barack Obama a remercié en janvier 2016 le Gouvernement suisse pour son travail lors des négociations sur le nucléaire iranien. Mais même si je suis métisse, je ne le porte pas dans mon cœur. Barack Obama a été très dur envers la Suisse, mon pays d’accueil. Il nous a humilié et a mis fin à notre secret bancaire alors que l’Etat du Delaware est un paradis fiscal, le comble! Quant les deux otages suisses Max Göldi et Rachid Hamdani étaient retenus en Libye, les Etats-Unis comme l’Europe n’ont rien fait pour les sauver. Alors que ce sont quand même des puissances qui comptent sur la scène internationale. Par contre, son vice-Président Joe Biden a au moins fait plusieurs fois le déplacement en Suisse pour assister au Forum de Davos. Et sa femme Jill Biden s’est montrée très intéressée par le modèle d’apprentissage suisse. Une élection de Biden mardi prochain ne signifierait pas forcément une dégradation des relations Berne – Washington.

Sous la présidence Trump, les relations entre Berne et Washington se portent à merveille. Contrairement à son prédécesseur, Donald Trump est venu à deux reprises au Forum de Davos (2018 et 2020). En quatre ans, le Président Trump aura rencontré trois chefs d’Etat suisses : les socialistes Alain Berset et Simonetta Sommaruga à Davos en 2018 et en 2020 ainsi que l’UDC Ueli Maurer à la Maison Blanche en 2019. De plus, un accord de libre-échange Suisse – Etats-Unis est en pleine discussion. Enfin, Donald Trump apprécie le rôle important de notre pays pour son rôle de bons offices entre les deux ennemis jurés, les Etats-Unis et l’Iran. Trump aime la Suisse et la Suisse aime Trump. Profitons de ces bonnes relations pour avancer sur des sujets d’intérêts communs. Mérite à Trump d’être venu personnellement deux fois en Suisse et d’avoir invité un Président de la Confédération en exercice à la Maison Blanche pour une visite officielle.

Le Président américain Donald Trump reçoit son homologue suisse Ueli Maurer à la Maison Blanche. Au menu des discussions : l’Iran et un accord de libre-échange Suisse – Etats-Unis. Washington, 16 mai 2019. Photo : The White House
Au tour de la Présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga d’accueillir son homologue américain au WEF de Davos. Les discussions ont porté à nouveau sur l’Iran et l’accord de libre-échange entre les deux pays. Davos, 21 janvier 2020. Photo : The White House

Trump et l’OTAN

En décembre 2019, le 70ème anniversaire de l’OTAN a été célébré à Londres en présence de plusieurs Présidents et Premiers ministres. Il existe des dissensions croissantes entre Washington et les capitales européennes en matière de défense. Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait taxé l’OTAN d’obsolète avant de se raviser. Il exige à raison, et il l’a rappelé au sommet de Londres que les alliés paient leur part du gâteau et qu’au moins 2% de leur PIB soit consacré au budget de l’alliance. Les Européens ont promis des efforts dans les années à venir. Il est bon de se rappeler que cette demande américaine pour augmenter les dépenses militaires ne provient pas de l’administration Trump mais existait déjà sous l’ère Obama. Le ton et l’approche étaient simplement différents. La demande de Donald Trump est légitime et l’Europe, ce vieux continent qui dominait le monde autrefois, doit impérativement prendre ses responsabilités pour protéger ses citoyens et ses frontières. Sinon, le continent européen risque d’être menacé comme la France ces dernières semaines par le terrorisme islamiste.