La démocratie américaine est-elle réellement en danger?

Que retenir du premier des trois débats présidentiels américains? L’actuel Président Donald Trump et le candidat Démocrate Joe Biden se sont affrontés mardi soir à Cleveland (Ohio) et franchement il n’y a pas grand chose à retenir. Ni Trump ni Biden ont gagné cette première manche. Les grands perdants sont avant tout les citoyens américains avec un débat dans lequel il n’y avait pas de réponses à leurs soucis. Affrontements permanents et attaques personnelles, je ne peux constater qu’une seule chose : la démocratie américaine, une des plus vieilles du monde par ailleurs, est en danger.

Le débat de fond est mort. Ce constat est triste, inquiétant mais pourtant bien réel dans un pays comme les Etats-Unis. Donald Trump et Joe Biden ont offert aux citoyens américains et au reste du monde un débat plus que navrant. Alors que les Américaines et les Américains attendaient des réponses concrètes sur le COVID-19, la situation de l’emploi ou encore les émeutes dans plusieurs villes du pays, ils ont eu le droit à un duel théâtral. “Menteur”, “clown”, “vous allez la fermer!” ou encore “il n’y a rien d’intelligent chez vous”, voilà une sorte de résumé des échanges entre deux septuagénaires qui se battent pour le fauteuil présidentiel. Qui pourrait imaginer un débat de la sorte chez nous en Suisse? Personne à mon avis. On aurait pu s’attendre à un président sortant qui fasse le bilan de ses quatre années au pouvoir et à un adversaire qui défende sa vision de l’Amérique avec des idées nouvelles. Ce premier débat peut faire sourire vu d’Europe mais je m’inquiète de la santé de la démocratie dans le pays des libertés.

Un mauvais signal pour les démocrates, un bon signal pour les autocrates

Ce “débat”, si on peut appeler ça un débat, est un très mauvais signal envoyé aux pays où la démocratie et l’Etat de droit existent un peu voire pas du tout (Hongrie, Chine, Egypte, etc.). Les Occidentaux ne peuvent s’empêcher de le répéter à chaque rencontre avec un dirigeant autoritaire ou un dictateur : par exemple “nous sommes inquiets de la situation des droits de l’Homme et de la démocratie chez vous”. Pas sûr que ceux-ci prêtent beaucoup d’attention à ce genre de message. Bref, comment convaincre ces pays où règnent l’autoritarisme de choisir la voie démocratique quand le pays de l’oncle Sam offre un débat tout sauf constructif mais axé sur la haine de l’autre? Ce débat renforce justement le besoin de pouvoir absolu et le rejet net de la démocratie libérale. Donald Trump n’a d’ailleurs jamais caché ses bonnes relations avec des dirigeants controversés. Au détriment des relations d’autrefois avec les Européens.

Le Président Donald Trump discute avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, considéré par certains comme autoritaire, New York, 24 septembre 2018. Photo : The White House

Election à venir plus qu’inquiétante

En raison de la pandémie de COVID-19, les votes par correspondance seront nombreux. Comme à son habitude, le 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique a jeté le doute sur la validité de l’élection du 3 novembre prochain. A la question du journaliste expérimenté de Fox News, Chris Wallace, il n’a pas voulu s’engager à ne pas revendiquer la victoire et a appelé sa fidèle base au calme dans le cas où le résultat ne serait pas clairement établi. Joe Biden, de son côté et comme tout bon démocrate qui se respecte dans ce monde, a promis de respecter le verdict final. Avec un président américain qui menace de ne pas reconnaître le résultat de l’élection présidentielle, quel constat dresser vu de Suisse? La démocratie américaine est en danger!