Un voyage à Taïwan qui aurait pu attendre quelque temps

La Présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a suscité les foudres de Pékin après sa visite sur l’île de Taïwan. Territoire indépendant, mais revendiqué par la Chine. Elle fait désormais l’objet de “sanctions” de la part de Pékin. A l’heure où le monde est déjà confronté à de multiples crises, notamment le conflit Russie-Ukraine, est-ce que ce voyage de Nancy Pelosi à Taïwan n’aurait pas pu attendre quelques mois?

La Russie, qui a sans aucune raison valable envahi l’Ukraine en février dernier, a lancé des accusations contre son rival de toujours, les Etats-Unis. Elle les accuse de vouloir « déstabiliser le monde » en provoquant en connaissance de cause des tensions autour de Taïwan. En effet, Nancy Pelosi, la Présidente de la Chambre des représentants (Chambre basse du Congrès américain), a effectué une visite de quelques heures à Taipei. Et ce malgré les mises en garde de la Chine. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ce déplacement de Nancy Pelosi à Taïwan est une « pure provocation ». « Cela aggrave la situation dans la région et renforce les tensions ». Juste après son départ, la Chine a mis en place de grandes manœuvres militaires autour de Taïwan. Celles-ci doivent prendre fin aujourd’hui.

Une visite à condamner?

Cette déclaration du porte-parole russe m’a interpellé. Je me suis demandé si en effet cette visite de Nancy Pelosi à Taïwan n’était pas une manière de provoquer encore plus la Chine. On vit déjà un conflit sur le continent européen avec la guerre en Ukraine. Un autre conflit entre la Chine et Taïwan ou entre la Chine et les Etats-Unis, même indirectement, seraient dangereux pour la sécurité mondiale. Les Etats-Unis et la Chine sont incontestablement les deux grandes puissances économique et militaire de ce 21ème siècle. Il y a bien sûr des rivalités, c’est normal entre grandes puissances. Mais leurs actions militaires n’aident en rien à œuvrer pour la paix mondiale Le dialogue, même constant, est la clé pour éviter tout malentendu. Doit-on condamner la visite de Nancy Pelosi à Taïwan ? Bien sûr que non, elle a le droit en tant que présidente d’une chambre parlementaire de visiter le pays qu’elle souhaite. Mais cela aurait été plus intelligent de reporter sa visite à Taïwan à un autre moment. Il est vrai que son déplacement n’a fait qu’accentuer les tensions dans une région déjà sous très haute tension.

Le Président américain Joe Biden parle virtuellement avec son homologue chinois Xi Jinping depuis la Maison Blanche, en novembre 2021. Image : Reuters

La séparation “américaine” des pouvoirs

La Chine doit comprendre que les Etats-Unis sont une démocratie et cela implique donc la séparation claire des pouvoirs entre l’exécutif (le président) et le législatif (les deux chambres du Congrès). C’est-à-dire qu’un président américain peut recommander à un président d’une des deux chambres du Congrès d’effectuer ou pas un voyage dans tel pays, mais en aucun cas il peut l’en interdire, sauf sécurité imminente pour les Etats-Unis.

Un sommet Xi Jinping – Joe Biden en Suisse?

En 2021, la Suisse avait accueilli à Genève une rencontre entre les présidents russe Vladimir Poutine et américain Joe Biden. Le but de ce sommet était de reprendre et redéfinir les relations entre ces deux grands pays. La semaine passée, Xi Jinping et Joe Biden se sont entretenus par téléphone et ont convenu d’une prochaine rencontre. A moins que l’incident de Taïwan ne vienne perturber, la rencontre devrait toujours avoir lieu. Probablement en marge du sommet du G20 au mois de novembre en Indonésie. Et pourquoi la diplomatie suisse ne tenterait-elle pas un coup de poker en proposant Genève ou Zurich comme plateforme de dialogue entre Pékin et Washington ? La Suisse n’est pas une puissance militaire ni économique au niveau mondial. Mais elle restera toujours une puissance diplomatique qui parle à tout le monde. Accueillir chez elle un sommet entre les deux grandes puissances d’aujourd’hui, à savoir la Chine et les Etats-Unis, montrerait qu’elle est prête à désamorcer les tensions pour oeuvrer pour la paix mondiale.

Joe Biden et la realpolitik dans le Golfe

Le Président des Etats-Unis Joe Biden a passé deux jours en Arabie saoudite. Lors de sa campagne électorale en 2020, il avait promis de prendre ses distances avec ce pays suite au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Avec la guerre en Ukraine et le contexte géopolitique tendu dans le Golfe, Joe Biden n’a pas eu d’autre choix que de retourner sa veste. Avec cette visite, le royaume saoudien signe un retour en grâce sur la scène régionale et internationale. La Suisse devrait aussi mieux soigner ses relations diplomatiques avec certaines nations du Golfe.

Après une visite en Israël, le Président américain Joe Biden a fait halte en Arabie saoudite durant deux jours. L’objectif principal pour le gouvernement américain était de relancer les relations entre Washington, D.C. et Riyad, car celles-ci étaient au plus bas depuis le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. Durant sa campagne électorale, Joe Biden avait promis de réduire la puissante monarchie du Golfe au statut de « paria ». Une promesse de plus pas respectée parr le président Biden qui avait promis de ne jamais mettre le sujet des droits humains sous le tapis avec ses homologues saoudiens. Il a plus parlé pétrole et énergie que réformes démocratiques. Le locataire de la Maison-Blanche a rencontré le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud et le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Ensemble, ils ont évoqué plusieurs dossiers comme le pétrole, la sécurité énergétique, la défense ou encore la sécurité dans la région. Après le retrait américain chaotique d’Afghanistan, Joe Biden fait preuve une nouvelle fois de mauvaise gestion dans les dossiers internationaux.

Le Président américain Joe Biden a passé moins de 24 heures à Djeddah (Arabie saoudite), où il a notamment rencontré le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Image : © KEYSTONE/EPA/BANDAR ALJALOUD HANDOUT

Une alliance historique

Les relations solides entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite remontent à 1945. Cette année-là, le Président américain Franklin Delano Roosevelt et le Roi et fondateur du royaume saoudien Abdelaziz ibn Saoud, négocient ensemble les bases d’une alliance plus que stratégique entre les deux nations. Cette alliance est plus connue sous le nom de “pacte du Quincy”. En résumé, les Américains garantissent la sécurité de l’Arabie saoudite contre toute attaque extérieure et en échange, le royaume saoudien produit du pétrole pour les besoins énormes de l’économie américaine. De George Bush père à Donald Trump, tous les présidents américains se sont rendus au moins une fois dans le royaume.

Le retour de la realpolitik

Joe Biden ne s’est pas rendu en Arabie saoudite pour une visite de plaisir. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier, le prix du pétrole a grimpé et a causé une inflation énorme dans la plupart des pays de ce monde. L’Arabie saoudite, avec son pétrole et son rôle primordial dans l’économie mondiale (pays membre du G20), sait qu’elle a un rôle essentiel à jouer pour calmer l’envolée des cours du pétrole et apaiser un peu l’inflation. Joe Biden “l’endormi” comprend enfin après une année et six mois qu’il n’est pas possible de se passer du royaume saoudien. Les Démocrates devraient se mettre cela dans leur tête. La realpolitik gagnera toujours contre la vision du monde de certains dirigeants, surtout en Occident. Il y a des régimes qui ne peuvent être changés par la force ou qui ne peuvent pas être mis de côté, car cela déstabiliserait l’économie et la stabilité mondiale.

La Suisse et le Golfe ?

D’après le Département fédéral des affaires étrangères, les relations entre la Suisse et l’Arabie saoudite sont très bonnes, car le royaume est un « partenaire important » pour notre pays. Il est vrai que pour l’économie suisse, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar sont trois monarchies du Golfe très importantes pour les relations commerciales. Je regrette simplement qu’aucun de ces trois dirigeants n’aient jamais eu droit au tapis rouge à Berne. Ils visitent plus Paris ou Berlin que Berne malheureusement. Notre “pauvre” diplomatie préfère recevoir des chefs d’Etat d’autres pays, dira-t-on moins prestigieux. Ces dernières années, il a été bien rare de voir des chefs d’Etat arabes être reçus pour une visite officielle ou d’Etat à Berne. La Suisse ne soigne pas assez les relations avec ces pays-là. A noter toutefois que cette année, seul Ueli Maurer s’est déplacé au Qatar et y a rencontré l’émir. Du côté d’Ignazio Cassis, on peut relever un échange téléphonique avec le Président des Emirats arabes unis Mohammed ben Zayed Al Nahyane, suite au décès de son père au mois de mai.

Vladimir, Guy et Joe

Le mercredi 16 juin 2021 restera comme l’une des journées les plus importantes de l’année pour la diplomatie suisse et mondiale. Les Présidents américain et russe Joe Biden et Vladimir Poutine se sont rencontrés face à face à l’occasion d’un sommet historique à Genève. Plusieurs sujets d’intérêts communs et de tensions comme par exemple le désarmement nucléaire, le climat ou la situation de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny ont été passés en revue par les deux délégations. Plusieurs observateurs des relations russo-américaines entendus à la radio avaient redouté de grandes avancées. Et pourtant, à la fin de la rencontre, les deux hommes ont émis une volonté de restaurer le dialogue et de travailler ensemble. Un des points importants de ce sommet à retenir est le retour en fonction à Washington de l’ambassadeur russe et à Moscou de l’ambassadeur américain. D’ailleurs, Anatoli Antonov, ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, s’est envolé aujourd’hui pour Washington. Après les quatre années de haine déversée par Donald Trump contre les institutions internationales, Genève a-t-elle retrouvée sa place de plateforme de dialogue entre les grands de ce monde?

Un premier sommet Etats-Unis – Russie déjà en 1985

Il s’est passé 35 ans depuis la dernière rencontre Russie (URSS à l’époque) – Etats-Unis. C’était en novembre 1985 à Genève également, avec les leaders américain et soviétique Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Les Russes ont donc accepté l’offre des Américains de se rencontrer en présentiel en territoire neutre. Chapeau pour la diplomatie suisse car elle s’est activée en coulisse pour vanter les atouts de Genève. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, injustement condamnée par les Occidentaux, Washington et Moscou ne se parlait quasiment plus. Outre ce dossier chaud, l’avenir de Bachar al-Assad en Syrie ou celui d’Alexandre Loukachenko en Biélorusse sont aussi des sujets où Poutine et Biden analysent la situation différemment. Ce n’est pas cela qu’on devrait retenir mais plutôt la volonté des deux hommes de rétablir un canal de communication respectueux. Si les Américains et les Russes ne se parlent plus, alors le monde ne pourra jamais aller mieux. Depuis 1985, le monde a bien changé. A l’époque, il y avait d’un côté le camp communiste (Etats liés à l’URSS) et de l’autre le camp occidental (Etats liés aux Etats-Unis). Aujourd’hui, il y a des puissances qui ont un poids considérable autour du globe soit par leur économie puissante soit par leur arsenal militaire (Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Etats-Unis). Mais il y aussi eu ces dernières années une émergence de puissances dites régionales qui ont une certaine importance mais relative (Brésil, Japon, Allemagne, Pologne, Turquie, Israël, Australie, Inde, Indonésie, Thaïlande, Nigeria, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ethiopie ou encore l’Algérie). Les Etats-Unis et la Russie continueront à s’affronter idéologiquement mais davantage par le biais de leur alliés, les puissances régionales.

La Suisse, puissance ni économique ni militaire mais diplomatique

La Suisse en accueillant ce sommet a mis les petits plats dans les grands. Côté protocole, accueil des deux chefs d’Etat et sécurité, tout s’est bien passé. Joe Biden a eu un droit à un accueil à l’aéroport mais pas Vladimir Poutine. On dit qu’il n’aime pas trop ce côté protocolaire mais plutôt qu’il veut aller droit au but. Aucun incident n’est survenu pendant le sommet. On peut remercier ainsi toutes les personnes qui ont travaillé pour ce sommet et qui ont permis la tenue de cette rencontre. La Suisse a la particularité de parler à tout le monde, c’est-à-dire à des régimes démocratiques comme à des régimes semi-autoritaires. Notre Président Guy Parmelin a parfaitement endossé son costume de président, il a été au top. Il s’est entretenu le jour avant le sommet avec Joe Biden et le jour du sommet avec Vladimir Poutine. En ce qui concerne les relations Suisse – Etats-Unis et Suisse – Russie, il existe une volonté d’approfondir les relations bilatérales qui sont déjà très bonnes. Quand un Président de la Confédération rencontre un grand de ce monde, c’est toujours une marque d’estime. Enfin, je ne cache pas ma joie d’avoir vu Air Force One sur le tarmac de l’aéroport de Genève ou les cortèges de voitures américaines et russes circuler en ville de Genève. C’est toujours impressionnant de voir peut-être 30 ou 40 véhicules assurer la sécurité d’un chef d’Etat russe ou américain. En Suisse, on est tellement loin de ce “show”. Mais si j’étais Président suisse, probablement que je demanderais à Fedpol ou au SRC que le cortège présidentiel suisse soit plus imposant pour le public. Il faut montrer qui est le boss!

La Genève internationale, plateforme de dialogue indispensable

Genève est une ville connue dans le monde entier. Ce sommet a permis de remettre cette ville au cœur de la diplomatie mondiale. En gros, il y a un conflit ou une crise entre deux pays, les dirigeants devraient immédiatement penser à Genève. Un futur sommet Etats-Unis – Chine / Etats-Unis – Corée du Nord / Etats-Unis – Cuba / Etats-Unis – Iran, Genève est prête! Les années Trump et la crise du Covid-19 ont été un cauchemar pour la Genève internationale. Certes, Joe Biden reste un président américain qui défend d’abord ses intérêts mais quand un locataire de la Maison Blanche dit que le multilatéralisme a une importance, alors ses mots résonnent dans le monde entier. La Suisse doit continuer et elle le fera à soutenir la Genève internationale et le multilatéralisme. Face aux armes, le dialogue pour trouver des solutions sera toujours plus fort.

Biden – Harris : peuvent-ils relever l’Amérique?

Mercredi dernier, le 46ème Président des Etats-Unis d’Amérique, Joe Biden, a officiellement prêté serment au Capitole. C’est devant les anciens chefs d’Etat Bill Clinton (1993-2001), George W. Bush (2001-2009) et Barack Obama (2009-2017) ainsi que le Vice-Président sortant Mike Pence que Joe Biden a promis de réunifier un pays divisé. Comme l’avait annoncé Donald Trump sur son compte Twitter avant que celui-ci ne soit supprimé, il n’a pas souhaité assister à la cérémonie d’investiture. Une première dans l’histoire récente des Etats-Unis. A cette occasion, la capitale Washington, D.C. avait été placée sous haute protection, par peur de nouveaux heurts. Deux semaines avant, le 6 janvier, des partisans de l’ex-Président avaient envahi illégalement et de manière violente le Capitole, symbole de la démocratie aux Etats-Unis et dans le monde. Le Démocrate de 78 ans aura ces quatre prochaines années beaucoup de travail pour réconcilier deux Amériques qui ne se comprennent plus. Quels seront ses grands chantiers? Arrivera-t-il a replacer les Etats-Unis dans le concert des nations?

Tourner la page des années Trump

A peine investi, Joe Biden a pris possession de la 1600 Pennsylvania Avenue, là où se situe la célèbre Maison Blanche. Le Président démocrate a prévenu sur son compte Twitter qu’il n’y avait “pas de temps à perdre pour s’attaquer aux crises” qui frappent durement les Etats-Unis. Après une gestion chaotique de la pandémie par son prédécesseur, il a promis une stratégie nationale pour lutter contre le Covid-19. Joe Biden a aussi annulé le retrait de son pays de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il va également relancer une économie essoufflée, réintégrer l’accord de Paris sur le climat (décret présidentiel signé le 20 janvier) ou encore réformer la justice. C’est un programme ambitieux pour un pays qui est par moment au bord de la guerre civile, il n’y a qu’à voir les paroles des partisans les plus extrêmes de Donald Trump. Joe Biden devra convaincre Démocrates, Républicains et surtout les citoyens de le soutenir pour arriver à atteindre ses objectifs. Je crois qu’il n’a pas le choix s’il veut montrer qu’il est le candidat qui aura réussi à remettre le pays sur de bonnes rails.

Le retour de l’Amérique

Sur le plan international, Joe Biden devra “réparer” l’image des Etats-Unis dans le monde, notamment après quatre années de bouleversement géopolitique voulu par son prédécesseur. Par exemple, rétablir une relation apaisée avec l’Union européenne ou défendre les principes du multilatéralisme. Donald Trump en osant lancer une guerre commerciale avec la Chine, en retirant des troupes stationnées au Moyen-Orient ou en déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem n’avait pas tort de s’y atteler. La façon de le faire aurait pu être plus diplomatique. Je pense sincèrement que Joe Biden arrivera à relancer des contacts au niveau international et à replacer son pays dans le concert des nations. Mais ce ne sera pas sa priorité car il a déjà beaucoup à faire au niveau intérieur. Personne n’est dupe, le Président démocrate aura toujours en tête de défendre les intérêts américains d’abord. Simplement que le ton pour s’adresser aux autres dirigeants sera plus courtois et respectueux. Quid des futures relations Suisse – Etats-Unis? Elles sont déjà excellentes et les Etats-Unis ont besoin de nous dans les dossiers compliqués de l’Iran ou du Venezuela. Joe Biden connaît bien la Suisse, il est venu plusieurs fois au WEF de Davos. En février 2014, il s’était même entretenu avec le Président suisse Didier Burkhalter à Washington, D.C.

Le Président de la Confédération Didier Burkhalter (à gauche) lors d’un entretien avec l’ancien Vice-Président Joe Biden (à droite) dans la capitale fédérale américaine en février 2014. Menu de la discussion : l’Ukraine. Photo : OSCE

Joe et Kamala, unis pour réconcilier

Joe Biden est un vieux routier de la politique américaine. Elu au Sénat à 30 ans, Vice-Président sous les deux mandats de Barack Obama, apprécié chez les Démocrates comme chez les Républicains, il a toutes les cartes en main pour user de ses talents de négociateur. Je ne crois pas qu’il sera bloqué dans ses ambitions, il saura convaincre ses adversaires en leur faisant des concessions sur certains dossiers. Joe Biden en choisissant comme Vice-Présidente Kamala Harris a fait un excellent choix pour mettre en avant la diversité au sein de son cabinet. Le duo Biden-Harris peut relever l’Amérique des années Trump mais il ne devra pas se contenter de gouverner depuis la capitale. Voyager à travers les 50 Etats, y compris ceux dit “républicains” parait primordial pour montrer qu’ils sont capables de réconcilier deux peuples et de faire avancer le pays. God bless Joe & Kamala!

Entre Israël et les nations arabes, une paix plus que bienvenue

Le 13 août dernier, Donald Trump annonçait sur son compte Twitter la reconnaissance réciproque entre Israël et deux monarchies du Golfe. Autrement dit, l’établissement de relations diplomatiques entre l’Etat hébreu et deux pétro-monarchies: les Emirats arabes unis et Bahreïn. Deux mois plus tard, c’est le Soudan qui annonçait à son tour une normalisation des relations avec Jérusalem. Enfin, au début de ce mois, le Royaume du Maroc devenait la sixième nation arabe à officialiser ses relations avec Israël. Après l’Egypte (1979) et la Jordanie (1994), quatre nouveaux pays musulmans s’apprêtent à ouvrir des ambassades et développer des relations économiques dans des secteurs comme le tourisme, la technologie (y compris militaire) et l’énergie. Pourquoi les Etats-Unis voulaient-ils absolument ces accords? Face aux critiques des Palestiniens et de certains pays européens, n’est-il pas réjouissant de voir deux peuples, l’un juif et l’autre arabe, faire la paix?

De droite à gauche: le Président Donald Trump, le Ministre des affaires étrangères bahreïnien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Ministre des affaires étrangères émirati descendent les marches pour aller signer les accords d’Abraham, Washington DC, 15 septembre 2020. Photo: The White House

Passer le relais à des puissances régionales

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Donald Trump a complètement dynamité les relations internationales établies depuis 1945. Lors d’un précédent article en date du 1er novembre dernier, j’avais déjà expliqué ma position. Je ne suis pas tout à fait en désaccord avec la politique étrangère de Donald Trump. Il fallait bouger un peu les lignes suite à des années d’immobilisme. Après des années de présence dans cette région du monde, il est temps à mon avis que d’autres puissances, internationales avec la Russie ou la Chine, ou régionales avec la Turquie ou les Emirats arabes unis, prennent le relais quant à assurer la stabilité là-bas. Ces pays sont des alliés et on peut compter dessus. Le retrait de l’ensemble des troupes américaines doit se poursuivre.

L’Iran, ennemi de tous

Le premier but recherché à travers cette normalisation est d’appeler les nations arabes à isoler et étouffer économiquement la République islamique d’Iran. L’autre objectif est de vendre du matériel de défense américano-israélien aux pays de la Ligue arabe. Qui sont les soutiens et les ennemis de l’Iran? Je vous recommande cet article du Figaro qui explique les relations entre l’Iran et chacun des pays ci-après. Pour résumer, les “amis” de Téhéran sont: la Syrie, le Liban, l’Irak et le Yémen. Les ennemis sont composés de l’Arabie saoudite, du Bahreïn, du Soudan et d’Israël. Il y a trois pays qui sont plutôt défavorables à l’Iran bien qu’ils entretiennent des relations bilatérales: les Emirats arabes unis, la Jordanie et l’Egypte. Enfin, il y a les pays médiateurs avec le Qatar, Oman, la Turquie et le Koweït. Donald Trump avait promis un retour des sanctions contre l’Iran, c’est presque chose faite. On doit aussi beaucoup à la Suisse pour son rôle primordial dans la désescalade des tensions récurrentes entre Washington et Téhéran.

Une paix sur le long terme

Je suis personnellement satisfait de voir un pays comme Israël chercher la paix avec ses voisins arabes. Une nouvelle page se dessine dans cette région du monde, habituée aux conflits et aux guerres sans fin. Ces accords de paix seront bénéfiques pour l’ensemble de la région et ici en Europe. Je crois sincèrement qu’une paix peut durer dans cette région du Moyen-Orient. La création d’un Etat palestinien ou le sort des réfugiés palestiniens sont discutés depuis des années sans vraiment de grandes avancées. Cette question commence à ennuyer les monarchies du Golfe elles-mêmes. Le temps a passé, l’ennemi a changé. J’espère que l’Arabie saoudite sera le prochain pays à normaliser ses relations avec Israël. Cependant, attention aux Palestiniens, ils ne doivent pas être oubliés mais faire partie d’une quelconque solution.

La démocratie américaine est-elle réellement en danger?

Que retenir du premier des trois débats présidentiels américains? L’actuel Président Donald Trump et le candidat Démocrate Joe Biden se sont affrontés mardi soir à Cleveland (Ohio) et franchement il n’y a pas grand chose à retenir. Ni Trump ni Biden ont gagné cette première manche. Les grands perdants sont avant tout les citoyens américains avec un débat dans lequel il n’y avait pas de réponses à leurs soucis. Affrontements permanents et attaques personnelles, je ne peux constater qu’une seule chose : la démocratie américaine, une des plus vieilles du monde par ailleurs, est en danger.

Le débat de fond est mort. Ce constat est triste, inquiétant mais pourtant bien réel dans un pays comme les Etats-Unis. Donald Trump et Joe Biden ont offert aux citoyens américains et au reste du monde un débat plus que navrant. Alors que les Américaines et les Américains attendaient des réponses concrètes sur le COVID-19, la situation de l’emploi ou encore les émeutes dans plusieurs villes du pays, ils ont eu le droit à un duel théâtral. “Menteur”, “clown”, “vous allez la fermer!” ou encore “il n’y a rien d’intelligent chez vous”, voilà une sorte de résumé des échanges entre deux septuagénaires qui se battent pour le fauteuil présidentiel. Qui pourrait imaginer un débat de la sorte chez nous en Suisse? Personne à mon avis. On aurait pu s’attendre à un président sortant qui fasse le bilan de ses quatre années au pouvoir et à un adversaire qui défende sa vision de l’Amérique avec des idées nouvelles. Ce premier débat peut faire sourire vu d’Europe mais je m’inquiète de la santé de la démocratie dans le pays des libertés.

Un mauvais signal pour les démocrates, un bon signal pour les autocrates

Ce “débat”, si on peut appeler ça un débat, est un très mauvais signal envoyé aux pays où la démocratie et l’Etat de droit existent un peu voire pas du tout (Hongrie, Chine, Egypte, etc.). Les Occidentaux ne peuvent s’empêcher de le répéter à chaque rencontre avec un dirigeant autoritaire ou un dictateur : par exemple “nous sommes inquiets de la situation des droits de l’Homme et de la démocratie chez vous”. Pas sûr que ceux-ci prêtent beaucoup d’attention à ce genre de message. Bref, comment convaincre ces pays où règnent l’autoritarisme de choisir la voie démocratique quand le pays de l’oncle Sam offre un débat tout sauf constructif mais axé sur la haine de l’autre? Ce débat renforce justement le besoin de pouvoir absolu et le rejet net de la démocratie libérale. Donald Trump n’a d’ailleurs jamais caché ses bonnes relations avec des dirigeants controversés. Au détriment des relations d’autrefois avec les Européens.

Le Président Donald Trump discute avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, considéré par certains comme autoritaire, New York, 24 septembre 2018. Photo : The White House

Election à venir plus qu’inquiétante

En raison de la pandémie de COVID-19, les votes par correspondance seront nombreux. Comme à son habitude, le 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique a jeté le doute sur la validité de l’élection du 3 novembre prochain. A la question du journaliste expérimenté de Fox News, Chris Wallace, il n’a pas voulu s’engager à ne pas revendiquer la victoire et a appelé sa fidèle base au calme dans le cas où le résultat ne serait pas clairement établi. Joe Biden, de son côté et comme tout bon démocrate qui se respecte dans ce monde, a promis de respecter le verdict final. Avec un président américain qui menace de ne pas reconnaître le résultat de l’élection présidentielle, quel constat dresser vu de Suisse? La démocratie américaine est en danger!

Trump-Biden / Biden-Trump : le combat des papys

Le Président américain Donald Trump (74 ans) et son adversaire démocrate Joe Biden (77 ans) s’apprêtent à partir ou repartir en campagne à travers les Etats-Unis pour tenter de remporter la présidentielle du 3 novembre prochain. Les deux papys de la politique ont été officiellement choisis par leur parti respectif pour s’affronter ces prochaines semaines. Dans une Amérique tellement divisée, la campagne s’annonce tendue. Explications aussi en fin d’article sur le rôle exact de vice-Président aux Etats-Unis.

Après les Démocrates la semaine passée, c’était au tour des Républicains d’organiser leur convention. Aux Etats-Unis, une convention se déroule chaque été précédant l’élection présidentielle. Elle permet au candidat, démocrate comme républicain, et à son colistier d’être investis par leur parti. Sans suspense, Donald Trump a été officiellement choisi par les délégués du “Grand Old Party”. C’est depuis les jardins de la Maison Blanche que le Président Trump a accepté son investiture. Le choix du lieu est à la limite de la légalité quand on sait que la Maison Blanche est un bâtiment fédéral et qu’il est donc payé par les deniers publics. Quant à son actuel vice-Président Mike Pence, il est reconfirmé comme candidat officiel à la vice-présidence des Etats-Unis d’Amérique. Lors de la convention nationale républicaine qui se tenait à Charlotte dans l’Etat de Caroline du Nord, il a déclaré que : “L’Amérique a besoin de quatre ans de plus de Donald Trump à la Maison Blanche”. Pas sûr que tous les citoyennes et citoyens américains pensent la même chose, l’Amérique étant plus que jamais divisée entre conservateurs et progressistes sur de nombreux sujets de société. Pendant les quatre soirs de la convention, Joe Biden a été au centre de toutes les attaques. Donald Trump allant même jusqu’à dire que : “Joe Biden sera le fossoyeur de la grandeur de l’Amérique”.

Le Président Donald Trump débarque de Marine One à Asheville dans l’Etat de Caroline du Nord au premier jour de la convention nationale républicaine, 24 août 2020. Photo : The White House

Biden-Harris, un partenariat idéal

L’actuel locataire de la Maison Blanche accuse souvent son adversaire démocrate d’être “socialiste”. La RTS avait proposé en début d’année une analyse comparative des candidats démocrates avec l’échiquier politique suisse. Résultat pour Joe Biden : en Suisse il serait plutôt chez les Verts libéraux donc à droite. L’allocution prononcée par le vice-Président Pence n’a pas dû plaire aux Démocrates. Ces derniers ont tenu leur convention à Milwaukee dans l’Etat du Wisconsin. Tout comme son futur adversaire, Joe Biden a prononcé un discours pour accepter sa candidature. Il a promis notamment de “tourner la page de la peur et des divisions”. Le choix de sa colistière avec qui il va faire campagne est aussi surprenant. Retenez bien ce nom : Kamala Harris. Fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, elle deviendrait la première femme de couleur à accéder à la vice-présidence si Joe Biden et elle remporteraient la présidentielle du 3 novembre prochain. Avec ce choix, le candidat démocrate espère gagner le vote de la communauté des Noirs américains. Joe Biden devra aussi miser sur les réseaux sociaux pour remporter l’élection présidentielle. En tant que spécialiste médias sociaux, son image numérique est moins bonne que celle de son adversaire Donald Trump. L’actuel Président américain dispose de 15 fois plus d’adeptes sur Twitter et Facebook et génère nettement plus de recherches sur Google. Rappelons qu’en 2015 Donald Trump a remporté la primaire républicaine “grâce” à un usage immodéré des réseaux sociaux. La campagne jusqu’au 3 novembre se jouera aussi sur les réseaux sociaux à coup de publicité et de publications imagées vantant les mérites de l’un comme de l’autre. Comme les Démocrates ont préféré organiser leur convention en ligne, signe qu’ils prêtent attention aux conseils scientifiques demandant d’éviter les grands rassemblements, c’est devant des délégués connectés que Kamala Harris a accepté sa nomination à devenir peut-être vice-Présidente de Joe Biden.

Convention virtuelle chez les Démocrates et un peu moins chez les Républicains

Les conventions de nomination pour les deux principales formations politiques américaines ont été pas mal restreintes à cause de la pandémie du coronavirus. En temps normal, une convention c’est un véritable spectacle voire show politique. Elle regroupe dirigeants et notables du parti ainsi que de simples militants. C’est à ce moment-là qu’ils décident quel visage ils vont donner au parti pour les quatre prochaines années. Le coronavirus est passé par là et a littéralement chamboulé cette tradition de la vie politique américaine. La convention démocrate s’est pas mal déroulée en ligne, elle a été un peu moins chez les Républicains. Au contraire de Joe Biden qui est resté chez lui, Donald Trump a préféré faire le déplacement en Caroline du Nord. De même que l’actuel vice-Président Mike Pence.

L’ancien Président Bill Clinton s’exprime au troisième jour de la convention nationale démocrate, Denver dans l’Etat du Colorado. Photo : Shayne Adamski

A quoi sert le vice-Président aux Etats-Unis?

Dans les institutions politiques américaines, outre le rôle très important de Président, il y aussi le vice-Président. Depuis 2016, ce poste est occupé par le conservateur Mike Pence. Si vous voulez tout savoir sur le rôle exact de vice-Président des Etats-Unis, je vous recommande en cliquant sur le lien ci-après les explications de Valérie de Graffenried, correspondante du Temps aux Etats-Unis.