Italie : Giorgia Meloni entre dans l’arène

Giorgia Meloni, la leader de Fratelli d’Italia, a été officiellement nommée Présidente du Conseil par le Président Sergio Mattarella. Elle devient ainsi la première femme à occuper cette fonction dans la péninsule italienne. Son gouvernement va devoir faire face à d’immenses défis. Les relations entre Berne et Rome, déjà bonnes, ne pourront que s’améliorer.

L’Italie entame un nouveau chapitre de son histoire politique. Giorgia Meloni était hier au Palais du Quirinal (résidence officielle du président italien) pour prêter serment devant le Président Sergio Mattarella. Victorieuse des élections législatives du 25 septembre dernier avec son parti post-fasciste Fratelli d’Italia qui a recueilli 26% des voix, la nouvelle Présidente du Conseil et première femme à ce poste, s’apprête à diriger le pays aux 60 millions d’habitants. C’est devant Sergio Mattarella qu’elle a juré fidélité à la République italienne, aux lois et à la constitution. La passation de pouvoir avec Mario Draghi est prévue ce dimanche matin au Palais Chigi (siège de la présidence du Conseil).

Une coalition très à droite

Ses partenaires de coalition, nommés vice-présidents du Conseil, vont l’accompagner dans ce nouveau gouvernement. Parmi eux, on relève la présence d’Antonio Tajani, leader de Forza Italia et nouveau Ministre des Affaires étrangères aux orientations pro-européennes et atlantistes. Ensuite il y a Matteo Salvini, le leader de La Ligue et populiste d’extrême-droite qui doit se contenter du ministère des Infrastructures et de la Mobilité durable alors qu’il visait plutôt l’Intérieur. L’avenir nous dira si ce dernier est prêt à œuvrer pour le bien du pays et de son gouvernement en mettant de côté son désir de pouvoir absolu ou s’il fera sauter la coalition d’ici quelques mois. Cela provoquerait à nouveau des élections législatives. Sur 24 ministres, on peut regretter la faible présence des femmes. Elles ne sont que six et occupent des postes mineurs, c’est-à-dire à la tête de ministères dits moins importants.

La nouvelle Présidente du Conseil, Giorgia Meloni, entourée de Silvio Berlusconi (Forza Italia, à gauche) et de Matteo Salvini (La Ligue, à droite), les chefs des deux partis qui composent avec la formation de Giorgia Meloni la coalition gouvernementale. PHOTO : GETTY IMAGES / ANTONIO MASIELLO

Les nombreux défis du gouvernement Meloni

Son gouvernement, le plus à droite dans l’histoire récente de l’Italie, devra faire face à de nombreux défis qui seront scrutés en Suisse, mais aussi en Europe. Il y a tout d’abord l’inflation. Elle a augmenté d’environ 9% entre 2021 et 2022 à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Cela frappe directement les ménages et les entreprises. Ensuite, il y a l’éternel problème de la dette avec plus de 2’700 milliards d’euros, soit environ 150% de son PIB. Sur le plan des réformes demandées par l’Union européenne, Giorgia Meloni a promis de défendre davantage les intérêts de son pays avant ceux de l’union. De quoi créer des tensions avec la Commission européenne. Enfin il y a la guerre en Ukraine. Mario Draghi a été un défenseur ardu des sanctions européennes contre la Russie à cause de l’invasion militaire déclenchée au mois de février. Là-dessus, Giorgia Meloni a pris position pour l’Ukraine. Mais au sein de sa propre coalition, des voix se font entendre qui remettent en cause le soutien à l’Ukraine et demandent l’abolition des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine.

Les relations avec le petit voisin suisse

Les relations diplomatiques entre la Suisse et l’Italie sont anciennes et excellentes comme le confirme le DFAE sur son site internet. Il y a d’abord le partage d’une langue commune, l’italien. Ensuite, « la plus grande communauté étrangère du pays » compte environ 320’000 ressortissants italiens qui vivent dans notre pays. Sur le plan économique, l’Italie est notre troisième client commercial avec en 2021 15,5 milliards de produits exportés contre 18,8 milliards de produits importés. On attend avec impatience l’orientation de Giorgia Meloni sur les relations entre Berne et Rome. A noter que cette semaine le Président Sergio Mattarella aurait dû se rendre en Suisse pour une visite d’Etat. Il n’est jamais venu. Malgré plusieurs interpellations de ma part au sujet de cette visite, je n’ai eu aucune réponse des autorités suisses et c’est bien dommage. J’espère sincèrement que cette visite n’a pas été annulée, mais juste reportée de quelques semaines. La dernière visite d’un président italien en Suisse remonte à 2014 et la dernière visite d’un président suisse à Rome date de 2020.

Brésil : une élection présidentielle sous haute tension

Au début de ce mois, le Brésil et ses 215 millions d’habitants ont célébré dans la joie et la bonne humeur les 200 ans d’indépendance de leur pays. Ancienne colonie portugaise, plus grand pays d’Amérique latine et puissance économique membre du G20, le Brésil est encore une jeune et grande démocratie d’à peine 37 ans. Lors de cette célébration, l’actuel chef de l’Etat Jair Bolsonaro a clairement fait de la récupération politique en mettant en avant sa candidature pour un deuxième mandat de quatre ans. Une fête nationale doit être un moment de rassemblement, pas pour faire campagne dans le pays. Cela aurait dû être plutôt une fête solennelle ou institutionnelle, mais Jair Bolsonaro a préféré chauffer à blanc ses supporters, avec notamment les plus religieux, une partie de l’agrobusiness et une partie des forces armées.

La tentative de rester au pouvoir par tous les moyens

Jair Bolsonaro suit exactement le même parcours que l’ancien Président américain Donald Trump. C’est son modèle pour ainsi dire. De la même façon que Donald Trump a contesté le système électoral américain lors des dernières élections en 2020, Jair Bolsonaro clame depuis des mois que les urnes électroniques ne sont absolument pas fiables, alors qu’elles n’ont jamais posé de problèmes pour la démocratie électorale ces dernières années. Il conteste déjà l’utilisation de ces urnes électroniques. Ses supporters et lui-même attaquent sans arrêt le Tribunal suprême fédéral et la Cour électorale supérieure en mettant en cause leur partialité. Du coup, plusieurs observateurs craignent le lendemain des résultats des élections en cas de non-réélection de Bolsonaro.  Parmi ceux-ci, Fiorenzo Iori qui est un fin connaisseur du Brésil et de ses institutions politiques. Va-t-on vers un assaut violent des bâtiments institutionnels de la part des supporters les plus extrêmes de Bolsonaro ? Impossible de dire à l’heure actuelle, mais selon Fiorenzo Iori, cette piste-là n’est pas à écarter. Il pourrait selon lui se dérouler un coup d’Etat si Jair Bolsonaro n’était pas réélu et s’il ne reconnaissait pas sa défaite. Actuellement, les sondages laissent présager une victoire importante, difficilement au premier tour, mais plus facilement au deuxième tour de son adversaire de centre-gauche Luiz Inácio Lula da Silva.

Des manifestants pro Donald Trump attaquent le Capitole à Washington en 2021. Image : JOSE LUIS MAGANA / AP

Les soutiens indéfectibles de Bolsonaro

Les fidèles de Bolsonaro sont par exemple les votes religieux. Les évangélistes au Brésil représentent tout de même 25% de l’électorat brésilien. Il y a aussi les membres du secteur agricole et industriel, soit l’agrobusiness. Non pas de façon hégémonique, mais la plupart des personnes appartenant à l’agrobusiness soutiennent évidemment Jair Bolsonaro. Le 2 octobre prochain va donc être un dimanche électoral sous haute tension. On craint beaucoup ce que pourraient faire les forces armées le lendemain des résultats des élections. Vont-elles respecter la constitution comme le souhaitent certains officiels ou généraux ou vont-elles se plier aux exigences de leur président qui souhaiterait par ailleurs un coup d’Etat ? Les Etats-Unis, l’Union européenne et la Suisse ont déjà promis des sanctions si ce scénario prenait forme.

Les relations entre la Suisse et le Brésil

D’après le Département fédéral des affaires étrangères dirigé par Ignazio Cassis, « le Brésil est le premier partenaire commercial de la Suisse en Amérique latine ». Il y a 2 ans, notre pays a importé pour environ 1,4 milliard de francs de biens qui venaient du Brésil et a exporté dans ce même pays des biens d’une valeur de 2,1 milliards de francs. Berne et Brasilia ont noué des premiers contacts au début du XIXe siècle. A cette époque, plusieurs commerçants suisses ont vu en ce grand pays un débouché économique à ne pas rater. Toujours selon le DFAE, « en 1819, le premier consulat suisse outre-mer a ouvert à Rio de Janeiro. À partir de la fondation de la ville Nova Friburgo (1818) jusqu’au milieu du XXe siècle, le Brésil a été une destination privilégiée par de nombreux émigrants suisses ». La dernière rencontre entre un président suisse et un président brésilien remonte à 2019. Cette année-là, Ueli Maurer s’était entretenu avec Jair Bolsonaro en marge du Forum économique mondial.

Le Président de la République fédérative du Brésil, Jair Bolsonaro, lors d’une rencontre bilatérale avec le Président de la Confédération suisse, Ueli Maurer. Image : Alan Santos/RP

Le wokisme et la cancel culture : un danger pour notre démocratie!

Cet été, je suis tombé sur un article qui m’a laissé sur ma faim. Non, il ne s’agissait ni d’un meurtre, ni d’un viol et encore moins d’un attentat terroriste. C’était quelque chose de plus surprenant. Un groupe de reggae, composé exclusivement de musiciens blancs, avait eu le malheur de chanter du reggae et de porter des dreadlocks dans une brasserie bernoise. Cela vous fait sûrement sourire, et pourtant c’est vrai. L’évènement remonte au 18 juillet dernier à la Brasserie Lorraine dans la capitale fédérale. Un groupe de reggae local, Lauwarm, a été obligé de mettre fin à son concert avec effet immédiat. En cause? Le malaise d’une partie du public, en fait des adeptes pures et dures de la culture “woke” et de la cancel culture, qui accuse les musiciens du groupe d’appropriation culturelle. Qu’est-ce qui a poussé ces gens-là à agir de la sorte? Cela les dérangeait que des artistes blancs chantent du reggae et portent des dreadlocks. Vous en revenez pas? Et bien moi non plus!

Le groupe de reggae bernois “Lauwarm”

Alain Mabanckou et ses mots censés

Dominik Plumettaz, musicien et membre du groupe mentionné ci-dessus, a choisi Blick pour s’exprimer sur cette pauvre polémique. “Je trouve qu’il est important de débattre de l’appropriation culturelle. Même si c’est bien sûr dommage que cette discussion ait lieu à cause d’un tel incident”. Dominik Plumettaz préfère mettre l’accent sur “l’inspiration” avant d’ajouter que “beaucoup de gens ne savent pas ce qu’est l’appropriation culturelle”. Il ajoute aussi que “le groupe fait du reggae en dialecte bernois avec ses textes, et non pas avec des textes empruntés à la culture jamaïcaine”. Dimanche dernier, dans le 19h30 de la RTS, l’écrivain Alain Mabanckou a eu des mots très censés que je veux souligner. Il a dit que “tous ceux qui se mettent de dreadlocks ne veulent pas s’approprier le reggae. Ils l’empruntent”. Je crois fermement que ce groupe aime la culture jamaïcaine et essaie de la promouvoir ici en Suisse. Ce procès qu’on leur fait est contraire à la pluralité des cultures, chère à ce groupe et à la Suisse en général. Cela aurait pris une autre dimension si le groupe portait des dreadlocks pour se moquer ou anéantir la culture jamaïcaine. Cela vaut aussi pour les cultures asiatiques, africaines ou sud-américaines.

La nécessité du débat

Les adeptes du wokisme et/ou de la cancel culture ne ratent pas une occasion de s’exprimer sur des sujets sociétaux à controverse. La demande de déboulonnage des statues de personnages historiques qui font polémiques, comme celle de David de Pury à Neuchâtel, c’est eux. La demande d’interdiction de vendre la BD “Tintin au Congo”, c’est encore eux. La demande d’excuses pour la chanson d’Annie Cordy “Chaud cacao”, c’est aussi eux. Ce printemps, une psychanalyste venue présenter à l’Université de Genève son ouvrage en faveur de transitions de genres a vu sa conférence interrompue par des manifestants, ils n’ont même pas cherché le dialogue. Ils ont le droit de remettre en cause certaines choses établies depuis des années, mais ils doivent aussi accepter qu’une partie de la population ne partage pas leurs idées. Il ne faut pas effacer notre culture ni notre patrimoine, mais accompagner des statues ou des ouvrages polémiques avec des messages qui expliquent dans quel contexte ça été fait.

Tout cela se traduit par un climat de plus en plus violent dans le débat public sur des sujets de société, pourtant importants. Cela m’inquiète quant à l’avenir du débat d’idées et de réflexion. L’acceptation des opinions différentes, et bien sûr respectueuses d’autrui, fait partie intégrante de notre ADN démocratique. Il faut absolument empêcher une minorité de personnes de prendre en otage le débat.

Finlande : la Première ministre Sanna Marin au coeur d’une polémique “bête”

Imaginez un des sept membres du Conseil fédéral dansant joyeusement lors d’une fête alcoolisée. Si cela arrivait sous nos latitudes, on n’aurait pas fini d’en parler. C’est pourtant ce qui est arrivé à Sanna Marin, la jeune Première ministre de Finlande. Cette histoire continue à susciter la polémique dans ce pays nordique d’habitude calme. La vidéo de la politicienne a été diffusée contre son gré, et celle-ci a été obligée de s’exprimer en public. Une dirigeante ou un dirigeant politique d’un pays est-il un personnage comme les autres ? Si oui, a-t-elle ou a-t-il le droit de s’amuser ?

Une première ministre finlandaise qui fait la fête, qui danse, qui se déhanche et surtout qui profite lors d’une soirée entre amis. Jusqu’à là, rien à dire. Cela fait partie de la vie courante chez de nombreux citoyens durant les week-ends. La vidéo où l’on voit Sanna Marin, la Première ministre finlandaise, en pleine fête, continue à enflammer les réseaux sociaux. On parle de cette affaire même en Inde ou aux Etats-Unis.

Sanna Marin sommée de s’expliquer

Le petit problème se situe dans l’extrait vidéo, car certains Finlandais auraient entendu le mot « farine », l’associant directement à de la drogue. Comme toujours, la polémique a pris de telles proportions que Sanna Marin a été contrainte de s’expliquer sur cette soirée. « A ma connaissance, il n’y avait pas de drogue, je n’en n’ai pas vu. Ce week-end-là, nous n’avions pas de réunion gouvernementale. J’avais du temps libre et je l’ai passé avec des amis. Je n’ai rien fait d’illégal. » a expliqué Sanna Marin lors d’un point presse. A la demande de l’opposition d’extrême-droite, la Première ministre sociale-démocrate de 36 ans va se soumettre à un test de dépistage de drogue. Les résultats seront publiés dans le courant de la semaine prochaine.

Un personnage d’Etat est je crois une personne presque comme tout le monde. Il se lève le matin, il part travailler, il dirige une administration ou un pays. Certes, un dirigeant se doit d’être exemplaire, sérieux, attelé à son travail de booster l’économie ou de défendre son pays contre toute menace extérieure. Mais un dirigeant politique a aussi le droit de s’amuser, de se relâcher un peu face à la pression quotidienne. Après tout, elle n’a rien fait de mal. Je me demande aussi si les critiques auraient été les mêmes si cela avait concerné un premier ministre. Probablement et malheureusement non. Je remettrais bien la palme de l’indignité à la personne qui a filmé cela et diffusé sur les réseaux sociaux pour faire du buzz.

Un voyage à Taïwan qui aurait pu attendre quelque temps

La Présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a suscité les foudres de Pékin après sa visite sur l’île de Taïwan. Territoire indépendant, mais revendiqué par la Chine. Elle fait désormais l’objet de “sanctions” de la part de Pékin. A l’heure où le monde est déjà confronté à de multiples crises, notamment le conflit Russie-Ukraine, est-ce que ce voyage de Nancy Pelosi à Taïwan n’aurait pas pu attendre quelques mois?

La Russie, qui a sans aucune raison valable envahi l’Ukraine en février dernier, a lancé des accusations contre son rival de toujours, les Etats-Unis. Elle les accuse de vouloir « déstabiliser le monde » en provoquant en connaissance de cause des tensions autour de Taïwan. En effet, Nancy Pelosi, la Présidente de la Chambre des représentants (Chambre basse du Congrès américain), a effectué une visite de quelques heures à Taipei. Et ce malgré les mises en garde de la Chine. Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ce déplacement de Nancy Pelosi à Taïwan est une « pure provocation ». « Cela aggrave la situation dans la région et renforce les tensions ». Juste après son départ, la Chine a mis en place de grandes manœuvres militaires autour de Taïwan. Celles-ci doivent prendre fin aujourd’hui.

Une visite à condamner?

Cette déclaration du porte-parole russe m’a interpellé. Je me suis demandé si en effet cette visite de Nancy Pelosi à Taïwan n’était pas une manière de provoquer encore plus la Chine. On vit déjà un conflit sur le continent européen avec la guerre en Ukraine. Un autre conflit entre la Chine et Taïwan ou entre la Chine et les Etats-Unis, même indirectement, seraient dangereux pour la sécurité mondiale. Les Etats-Unis et la Chine sont incontestablement les deux grandes puissances économique et militaire de ce 21ème siècle. Il y a bien sûr des rivalités, c’est normal entre grandes puissances. Mais leurs actions militaires n’aident en rien à œuvrer pour la paix mondiale Le dialogue, même constant, est la clé pour éviter tout malentendu. Doit-on condamner la visite de Nancy Pelosi à Taïwan ? Bien sûr que non, elle a le droit en tant que présidente d’une chambre parlementaire de visiter le pays qu’elle souhaite. Mais cela aurait été plus intelligent de reporter sa visite à Taïwan à un autre moment. Il est vrai que son déplacement n’a fait qu’accentuer les tensions dans une région déjà sous très haute tension.

Le Président américain Joe Biden parle virtuellement avec son homologue chinois Xi Jinping depuis la Maison Blanche, en novembre 2021. Image : Reuters

La séparation “américaine” des pouvoirs

La Chine doit comprendre que les Etats-Unis sont une démocratie et cela implique donc la séparation claire des pouvoirs entre l’exécutif (le président) et le législatif (les deux chambres du Congrès). C’est-à-dire qu’un président américain peut recommander à un président d’une des deux chambres du Congrès d’effectuer ou pas un voyage dans tel pays, mais en aucun cas il peut l’en interdire, sauf sécurité imminente pour les Etats-Unis.

Un sommet Xi Jinping – Joe Biden en Suisse?

En 2021, la Suisse avait accueilli à Genève une rencontre entre les présidents russe Vladimir Poutine et américain Joe Biden. Le but de ce sommet était de reprendre et redéfinir les relations entre ces deux grands pays. La semaine passée, Xi Jinping et Joe Biden se sont entretenus par téléphone et ont convenu d’une prochaine rencontre. A moins que l’incident de Taïwan ne vienne perturber, la rencontre devrait toujours avoir lieu. Probablement en marge du sommet du G20 au mois de novembre en Indonésie. Et pourquoi la diplomatie suisse ne tenterait-elle pas un coup de poker en proposant Genève ou Zurich comme plateforme de dialogue entre Pékin et Washington ? La Suisse n’est pas une puissance militaire ni économique au niveau mondial. Mais elle restera toujours une puissance diplomatique qui parle à tout le monde. Accueillir chez elle un sommet entre les deux grandes puissances d’aujourd’hui, à savoir la Chine et les Etats-Unis, montrerait qu’elle est prête à désamorcer les tensions pour oeuvrer pour la paix mondiale.

Cher Conseil fédéral, ressaisissez-vous ou démissionnez!

Ce mois de juillet n’a pas été de tout repos pour Ueli Maurer, Alain Berset, Ignazio Cassis et Viola Amherd. Grâce à des informations qui ont fuitées dans la presse, on a appris qu’on avait un Conseil fédéral désuni, qui avance en ordre dispersé, où tous les coups sont permis et qui traverse une mauvaise passe. Dans une année et trois mois, le peuple suisse renouvellera sa classe politique. Il est temps que le Conseil fédéral se ressaisisse ou tout simplement démissionne en bloc.

Il y a quelques semaines, Roger Nordmann, Président du Groupe socialiste au Parlement fédéral, expliquait dans “Le Matin Dimanche” qu’actuellement “le Conseil fédéral traverse une mauvaise passe”. Bien que les sept ministres soient actuellement en vacances et s’apprêtent dès aujourd’hui à sillonner la Suisse pour délivrer des discours à l’occasion de la fête nationale de notre pays, le constat est clair : le Conseil fédéral tel qu’il est composé de nos jours ne fonctionne plus ou pas correctement. Cela est très grave et peut sérieusement nuire au bon fonctionnement du pays. Bref rappel des “scandales”.

Ueli Maurer fait son shopping

Début juillet, Ueli Maurer est testé positif au Covid-19. Son porte-parole a donc indiqué que ses voyages prévus à Bali pour la réunion ministérielle du G20 et en Inde étaient bien sûr annulés. Lorsqu’on est testé positif, impossible de prendre l’avion. Mais quelques jours plus tard, quelque chose a surgi sur Facebook. Une photo d’Ueli Maurer le même jour que le sommet du G20, dans un magasin de chemises et sans masque. Étrange coïncidence ? On sait qu’Ueli Maurer n’est pas le plus grand défenseur des mesures sanitaires liées au Covid-19 et c’est son choix. Mais de là à esquiver deux voyages à l’étranger et préférer faire du shopping interpelle. Un départ volontaire du Conseiller fédéral en 2023 n’est pas à exclure.

Alain Berset et ses multiples gaffes

Peter Lauener, collaborateur et bras droit d’Alain Berset, a dû démissionner à cause de fuites dans l’affaire Crypto AG. Il y a aussi eu l’affaire du chantage avec cette mystérieuse femme qui a tenté de faire chanter le Conseiller fédéral. S’agissait-il d’une maîtresse ? Impossible de le confirmer, mais son image de mari modèle se retrouve écorné. Et dernièrement, Alain Berset a été contrôle par la sécurité aérienne française lors d’un vol privé entre le Canton de Fribourg et la France. L’affaire est quand même remontée jusqu’au Président français Emmanuel Macron. Une tâche de plus dans des relations diplomatiques Suisse–France déjà compliquées. Si Alain Berset veut espérer rester encore quelques années au Conseil fédéral, il devra d’abord régler ses affaires personnelles et ensuite se concentrer sur les dossiers qui préoccupent vraiment les Suisses. Il pourrait y avoir des candidats chez les Verts prêts à remettre en cause le deuxième siège socialiste au Conseil fédéral.

Ignazio Cassis : un président là, mais pas vraiment là

L’affaire Crypto AG ne concerne pas seulement le département d’Alain Berset, mais également celui du président cette année Ignazio Cassis. Markus Seiler, le Secrétaire général du magistrat tessinois est aussi visé dans cette affaire. On apprend également la démission de 28 collaborateurs des RH au DFAE depuis janvier. De quoi s’inquiéter. Au-delà de ça, Ignazio Cassis est président cette année. C’est-à-dire qu’il est amené à voyager un peu partout dans le monde pour rencontrer d’autres chefs d’Etat. Hormis quelques voyages en Europe, il ne s’est rendu que deux fois hors du continent européen. En février pour un voyage au Niger et en avril pour un déplacement au Japon. A l’inverse, le seul chef d’Etat hors sol européen reçu à Berne était le président kenyan en mai dernier. Il ne s’est même pas rendu aux obsèques de Khalifa ben Zayed Al Nahyane, le Président des Emirats arabes unis, lors de son décès au mois de mai. Quelle pauvre diplomatie ! On est en droit de se demander si Ignazio Cassis prête importance aux relations avec les autres Etats du monde. Si Ignazio Cassis veut rester au Conseil fédéral après 2023, il devra montrer une autre diplomatie, plus active et surtout débloquer le dossier européen.

Viola Amherd et ses avions F-35

Le dossier des avions de combat américains F-35 risque de connaître la même fin tragique que les suédois Gripen. On sait que le PS et les Verts sont fermement opposés à tout type d’achat d’avions, même s’ils oublient un peu vite que le peuple suisse a donné son accord sur l’achat d’avions de combat et pas la marque. Cependant, les critiques viennent également de la droite qui dénoncent la mauvaise manière de gérer le dossier. Si Viola Amherd veut rester au Conseil fédéral en 2023, elle devra prouver à la population le bien-fondé d’acheter américain et surtout surveiller ses arrières. Il pourrait y avoir des candidats au Centre prêts à se profiler pour gagner l’unique siège centriste au gouvernement.

Vous l’aurez compris, rien ne va plus au gouvernement fédéral. Quatre ministres sont empêtrés dans des dossiers qui pourraient leur coûter leur siège au Conseil fédéral. Et d’après un sondage apparu aujourd’hui dans la presse dominicale, 64% des Suisses interrogés estiment que les ministres fédéraux ne travaillent pas bien ensemble. «On essaie de se nuire mutuellement par des indiscrétions ciblées», précise le politologue Michael Hermann, qui souligne que cet esprit de compétition rappelle les souvenirs de luttes de pouvoir passées. Trop c’est trop. Ce gouvernement doit se ressaisir ou démissionner. Le Parlement fédéral a voté pour des candidats qui ont promis de travailler les uns avec les autres pour le bien du pays, pas pour des candidats qui travaillent les uns contre les autres !

Joe Biden et la realpolitik dans le Golfe

Le Président des Etats-Unis Joe Biden a passé deux jours en Arabie saoudite. Lors de sa campagne électorale en 2020, il avait promis de prendre ses distances avec ce pays suite au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Avec la guerre en Ukraine et le contexte géopolitique tendu dans le Golfe, Joe Biden n’a pas eu d’autre choix que de retourner sa veste. Avec cette visite, le royaume saoudien signe un retour en grâce sur la scène régionale et internationale. La Suisse devrait aussi mieux soigner ses relations diplomatiques avec certaines nations du Golfe.

Après une visite en Israël, le Président américain Joe Biden a fait halte en Arabie saoudite durant deux jours. L’objectif principal pour le gouvernement américain était de relancer les relations entre Washington, D.C. et Riyad, car celles-ci étaient au plus bas depuis le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. Durant sa campagne électorale, Joe Biden avait promis de réduire la puissante monarchie du Golfe au statut de « paria ». Une promesse de plus pas respectée parr le président Biden qui avait promis de ne jamais mettre le sujet des droits humains sous le tapis avec ses homologues saoudiens. Il a plus parlé pétrole et énergie que réformes démocratiques. Le locataire de la Maison-Blanche a rencontré le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud et le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Ensemble, ils ont évoqué plusieurs dossiers comme le pétrole, la sécurité énergétique, la défense ou encore la sécurité dans la région. Après le retrait américain chaotique d’Afghanistan, Joe Biden fait preuve une nouvelle fois de mauvaise gestion dans les dossiers internationaux.

Le Président américain Joe Biden a passé moins de 24 heures à Djeddah (Arabie saoudite), où il a notamment rencontré le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS). Image : © KEYSTONE/EPA/BANDAR ALJALOUD HANDOUT

Une alliance historique

Les relations solides entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite remontent à 1945. Cette année-là, le Président américain Franklin Delano Roosevelt et le Roi et fondateur du royaume saoudien Abdelaziz ibn Saoud, négocient ensemble les bases d’une alliance plus que stratégique entre les deux nations. Cette alliance est plus connue sous le nom de “pacte du Quincy”. En résumé, les Américains garantissent la sécurité de l’Arabie saoudite contre toute attaque extérieure et en échange, le royaume saoudien produit du pétrole pour les besoins énormes de l’économie américaine. De George Bush père à Donald Trump, tous les présidents américains se sont rendus au moins une fois dans le royaume.

Le retour de la realpolitik

Joe Biden ne s’est pas rendu en Arabie saoudite pour une visite de plaisir. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier, le prix du pétrole a grimpé et a causé une inflation énorme dans la plupart des pays de ce monde. L’Arabie saoudite, avec son pétrole et son rôle primordial dans l’économie mondiale (pays membre du G20), sait qu’elle a un rôle essentiel à jouer pour calmer l’envolée des cours du pétrole et apaiser un peu l’inflation. Joe Biden “l’endormi” comprend enfin après une année et six mois qu’il n’est pas possible de se passer du royaume saoudien. Les Démocrates devraient se mettre cela dans leur tête. La realpolitik gagnera toujours contre la vision du monde de certains dirigeants, surtout en Occident. Il y a des régimes qui ne peuvent être changés par la force ou qui ne peuvent pas être mis de côté, car cela déstabiliserait l’économie et la stabilité mondiale.

La Suisse et le Golfe ?

D’après le Département fédéral des affaires étrangères, les relations entre la Suisse et l’Arabie saoudite sont très bonnes, car le royaume est un « partenaire important » pour notre pays. Il est vrai que pour l’économie suisse, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar sont trois monarchies du Golfe très importantes pour les relations commerciales. Je regrette simplement qu’aucun de ces trois dirigeants n’aient jamais eu droit au tapis rouge à Berne. Ils visitent plus Paris ou Berlin que Berne malheureusement. Notre “pauvre” diplomatie préfère recevoir des chefs d’Etat d’autres pays, dira-t-on moins prestigieux. Ces dernières années, il a été bien rare de voir des chefs d’Etat arabes être reçus pour une visite officielle ou d’Etat à Berne. La Suisse ne soigne pas assez les relations avec ces pays-là. A noter toutefois que cette année, seul Ueli Maurer s’est déplacé au Qatar et y a rencontré l’émir. Du côté d’Ignazio Cassis, on peut relever un échange téléphonique avec le Président des Emirats arabes unis Mohammed ben Zayed Al Nahyane, suite au décès de son père au mois de mai.

Les femmes au pouvoir dans le monde en 2022

Elisabeth Borne est devenue en début de semaine la deuxième femme à entrer à l’Hôtel de Matignon (résidence du premier ministre français) après Edith Cresson, dans les années 90 sous la présidence de François Mitterand.

Le Président français Emmanuel Macron a nommé lundi dernier Elisabeth Borne au poste de Premier ministre, ou plutôt devrais-je dire Première ministre, suite à la démission de Jean Castex. Cette fidèle de l’idéologie Macron a occupé jusqu’à maintenant le ministère des transports (2017-2019), le ministère de la transition écologique et solidaire (2019-2020) et enfin le ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion (2020-2022). La Cinquième République compte enfin sa deuxième première ministre de l’histoire. Entre 1991 et 1992, Edith Cresson avait occupé cette fonction pendant le second septennat de François Mitterand. Une première dans l’histoire politique française. Il y a un progrès constaté autour du globe, même si je soutiens une accession encore plus importante des femmes à de tels postes. Tour d’horizon des femmes qui sont actuellement cheffes de Gouvernement ou cheffes d’Etat (y compris les monarques et les vices) sur les continents de ce monde, du Pacifique à l’Atlantique. La palme d’or revient aux pays de l’Amérique, nord et sud confondu, avec un total de 14 femmes. La répartition se fait entre des présidentes, des vice-présidentes, des premières ministres et des gouverneures générales.

Océanie : 2 pays

Nouvelle-Zélande : Jacinda Ardern, Première ministre

Samoa : Naomi Mata’afa, Première ministre

Jacinda Ardern, Première ministre de la Nouvelle-Zélande depuis 2017.

Asie : 8 pays

Azerbaïdjan : Mehriban Aliyeva, Vice-Présidente

Bangladesh : Sheikh Hasina, Première ministre

Géorgie : Salomé Zourabichvili, Présidente

Népal : Bidya Devi Bhandari, Présidente

Philippines : Leni Robredo, Vice-Présidente

Singapour : Halimah Yacob, Présidente

Taïwan : Tsai Ing-wen, Présidente

Vietnam : Vo Thi Anh Xuân Vice-Présidente

Halimah Yacob, Présidente de Singapour depuis 2017.

Europe : 12 pays + UE

Danemark : Margrethe II, Reine / Mette Frederiksen, Première ministre

Estonie : Kaja Kallas, Première ministre

Finlande : Sanna Marin, Première ministre

France : Elisabeth Borne, Première ministre

Grèce : Ekateríni Sakellaropoúlou, Présidente

Hongrie : Katalin Novák, Présidente

Islande : Katrín Jakobsdóttir, Première ministre

Lituanie : Ingrida Šimonytė, Première ministre

Moldavie : Maia Sandu, Présidente / Natalia Gavrilița, Première ministre

Royaume-Uni : Elisabeth II, Reine

Slovaquie : Zuzana Čaputová, Présidente

Suède : Magdalena Andersson, Première ministre

Union européenne : Ursula von der Leyen, Présidente (Commission européenne)

Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne depuis 2019.

Afrique : 11 pays

Bénin : Mariam Chabi Talata, Vice-Présidente

Ethiopie : Sahle-Work Zewde, Présidente

Gabon : Rose Christiane Ossouka Raponda, Première ministre

Gambie : Isatou Touray, Vice-Présidente

Liberia : Jewel Taylor, Vice-Présidente

Namibie : Saara Kuugongelwa-Amadhila, Première ministre

Ouganda : Jessica Alupo, Vice-Présidente

Tanzanie : Samia Suluhu, Présidente

Togo : Victoire Tomegah Dogbé, Première ministre

Tunisie : Najla Bouden, Première ministre

Zambie : Mutale Nalumango, Vice-Présidente

Sahle-Work Zewde, Présidente de l’Ethiopie depuis 2018.

Amériques : 14 pays

Argentine : Cristina Fernández de Kirchner, Vice-Présidente

Barbade : Sandra Mason, Présidente / Mia Mottley, Première ministre

Belize : Froyla Tzalam, Gouverneure générale (= représentante de la Reine Elisabeth II)

Canada : Mary Simon, Gouverneure générale (= représentante de la Reine Elisabeth II)

Colombie : Marta Lucía Ramírez, Vice-Présidente

République dominicaine : Raquel Peña, Vice-Présidente

Etats-Unis : Kamala Harris, Vice-Présidente

Grenade : Cécile La Grenade, Gouverneure générale (= représentante de la Reine Elisabeth II)

Honduras : Xiomara Castro, Présidente

Nicaragua : Rosario Murillo, Vice-Présidente

Saint-Vincent-et-les-Grenadines : Susan Dougan,Gouverneure générale (= représentante de la Reine Elisabeth II)

Trinité-et-Tobago : Paula-Mae Weekes, Présidente

Uruguay : Beatriz Argimón, Vice-Présidente

Venezuela : Delcy Rodríguez, Vice-Présidente

Kamala Harris, Vice-Présidente des Etats-Unis depuis 2021.

Le Président des EAU Khalifa Ben Zayed Al Nahyane est mort

Absent de la scène internationale depuis un AVC en 2014, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane a été remplacé par son demi-frère, le Prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane. Déjà aux commandes du pays, il a été élu président hier.

Feu Khalifa Ben Zayed Al Nahyane avait accompagné ces deux dernières décennies le développement fulgurant de son pays sur la scène régionale et internationale. Le Président des Emirats arabes unis est mort à l’âge de 73 ans, ont annoncé vendredi 13 mai les autorités de cette riche monarchie du Golfe. Le gouvernement a pour l’occasion décrété « un deuil officiel et les drapeaux mis en berne » pour une durée de quarante jours, selon l’agence de presse officielle WAM. Le portrait du président défunt a immédiatement été affiché partout dans les rues du pays. Rarement vu en public depuis l’AVC dont il a été victime en 2014, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane a été remplacé rapidement par son demi-frère, le Prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, dit « MBZ », déjà considéré comme le dirigeant de facto de ce pays. Le dernier grand voyage de Khalifa Ben Zayed Al Nahyane remonte à 2013, c’était à l’occasion d’une visite d’Etat au Royaume-Uni. Les Émirats arabes unis ont été pendant longtemps un protectorat britannique.

Le Président des Émirats arabes unis Khalifa Ben Zayed Al Nahyane en 2004.

Un pays ami et allié de l’Occident

Plusieurs dirigeants internationaux ont salué publiquement sur Twitter la mémoire de Khalifa Ben Zayed Al Nahyane. Le Président indien Ram Nath Kovind, le Roi saoudien Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, le Président israélien Isaac Herzog, le Président russe Vladimir Poutine, le Président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Boris Johnson ou encore le Président américain Joe Biden. Côté suisse, aucun tweet d’Ignazio Cassis. Ce qui est à mes yeux assez regrettable, car les Émirats arabes unis sont notre premier partenaire commercial au Moyen-Orient. Seul le compte Twitter de l’Ambassade de Suisse aux Émirats arabes unis a communiqué pour présenter les condoléances et indiquer que les drapeaux sur la Place fédérale à Berne ont été mis en berne. Contrairement à plusieurs chefs d’Etat européens, Ignazio Cassis n’a même pas pris la peine de se déplacer en personne à Abou Dhabi pour commémorer l’ancien président et rencontrer le nouveau. Je considère cela comme une faute diplomatique. Un partenaire économique de cette importance-là mérite un excellent traitement.

Puissance régionale et économique

Né en 1948, Khalifa Ben Zayed Al Nahyane a succédé en 2004 à son père, Zayed Ben Sultan Al Nahyane, président et père fondateur des Emirats arabes unis. Ce riche Etat du Golfe regroupe sept émirats au total, mais les deux plus importants sont Abou Dhabi, la capitale, et Dubaï. Les Emirats ont connu un rapide essor économique ces vingt dernières années. Il y a évidemment les richesses pétrolières à Abou Dhabi, mais aussi la finance et le tourisme à Dubaï. Cette ville est d’ailleurs appréciée des touristes suisses. Les Émirats arabes unis sont aussi un carrefour du transport aérien. Les Européens qui se rendent en Asie du Sud-Est ou en Océanie passent souvent par Dubaï. C’est sous l’impulsion du Prince héritier Mohammed Ben Zayed Al Nahyane que le pays est sorti de sa discrétion. Il a gagné une influence grandissante au Moyen-Orient. A ma connaissance, les autorités de cet Etat du Golfe n’ont jamais été invités à effectuer une visite officielle ou d’Etat à Berne. A l’inverse des autorités suisses qui ont souvent été reçues à Abou Dhabi ou à Dubaï.

 

Ignazio Cassis au pays du soleil levant

Le Président de la Confédération Ignazio Cassis a effectué ces derniers jours une visite présidentielle au Japon. Outre les sujets des relations bilatérales entre Berne et Tokyo et la coopération scientifique, la guerre en Ukraine a aussi été évoquée. Plusieurs dirigeants internationaux redécouvrent les vertus de ce pays, face à une Chine autoritaire et conquérante. Le Japon peut-il redevenir premier partenaire commercial en Asie?

Les deux premiers jours de ce voyage présidentiel ont été consacrés à des échanges politiques. Ignazio Cassis a pu parler avec le Premier ministre Fumio Kishida et son homologue des affaires étrangères Yoshimasa Hayashi. Ensemble, ils ont évoqué plusieurs thématiques comme les relations diplomatiques entre les deux pays, la guerre en Ukraine et son impact sur la sécurité en Europe et en Asie ainsi que la recherche. La science a occupé une place prépondérante, car comme notre pays est malheureusement exclu du programme européen de recherche Horizon Europe, Berne fait de son mieux pour renforcer ses liens avec d’autres pays hors UE (exemple Israël). Au cours d’une conférence à l’université de Kyoto, le Président Cassis a déclaré que : “la communauté internationale doit être capable d’exploiter les évolutions de la recherche scientifique afin de prendre les meilleures décisions possibles dans l’intérêt de l’humanité”. Un discours qui voulait souligner l’importance de la diplomatie scientifique pour avancer et affronter les défis de demain ensemble. Seul petit bémol passé inaperçu, il s’agissait d’une visite présidentielle et Ignazio Cassis n’a même pas pu rencontrer l’Empereur Naruhito. Aucune explication trouvée à ce stade, mais quand un président américain visite le Japon, il est coutume qu’il rencontre et l’Empereur et le Premier ministre.

Le Président de la Confédération Ignazio Cassis a rencontré lundi dernier à Tokyo le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Le retour de la Triade

Le pays du soleil levant est très courtisé en ce moment. Le Président suisse Ignazio Cassis et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern y étaient cette semaine, La semaine prochaine, ce sera au tour du Chancelier allemand Olaf Scholz de visiter le Japon. Et en mai, le Président américain Joe Biden y effectuera lui aussi une visite. Ces dirigeants redécouvrent les vertus de ce pays. Il est démocratique, libéral sur le plan économique, doté d’une économie très développée et d’institutions solides, c’est un partenaire stratégique sur lequel on peut compter. Aussi, il est un allié apprécié de Bruxelles et de Washington. Exemple, dans le conflit ukraino-russe, le Japon n’a pas hésité à lui aussi sanctionner la Russie. Tout le contraire de la Chine! Il faut se rappeler que dans les années 80, le Japon faisait partie de la Triade, soit les trois pôles économiques (Japon, Communauté économique européenne et Etats-Unis) qui dominaient le monde.

Vu du Japon, la Chine est devenue un voisin de plus en plus menaçant. Face à la montée en puissance de celle-ci, Tokyo tient désormais une place plus centrale, dans la stratégie claire de Washington de renforcer ses positions dans la zone indo-pacifique. Le Président Biden a aussi rallumé fin septembre une alliance endormie, le Quad, avec l’Inde, le Japon et l’Australie. Il est impératif que le Japon redevienne un partenaire de premier plan en Asie, au nom de la défense de la démocratie sur cette terre.