Pour ces premières retrouvailles en présentiel sous la neige fraîche des Alpes suisses et après deux ans d’absence à cause de l’épidémie de Covid-19, le Forum économique mondial (WEF) de Davos s’est ouvert cette semaine et s’est tenu dans un contexte de fortes inquiétudes sur l’état du monde avec notamment l’inflation galopante et le conflit russo-ukrainien.
La petite station grisonne de Davos a été pendant quelques jours sous le feu des projecteurs. Chaque année à la mi-janvier, une tradition qui a maintenant un demi-siècle, les dirigeants politique et économique se sont retrouvés pendant quelques jours pour faire une mise au point sur l’état du monde avec en décor de la belle neige fraîche qui a recouvert les Alpes suisses. Un record d’environ cinquante chefs d’État et de gouvernement étaient présents, et à leurs côtés 1’500 patrons et décideurs économiques (directeurs de banques centrales, dirigeants d’institutions internationales, etc.). Il ne faut pas oublier non plus la présence de représentants de la société civile et du monde culturel.
Un monde en polycrises
Pour cette 53e édition, Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial (WEF), a choisi pour cette année 2023 le thème suivant : « coopérer dans un monde fragmenté ». Je trouve ce titre intéressant à bien des égards. Le contexte géopolitique tendu dans lequel s’est tenu cette réunion internationale est le plus complexe que le monde ait connu depuis des décennies. Depuis que je m’intéresse à la politique et plus particulièrement aux relations internationale, les crises, indépendamment de leur nature, s’enchaînent, mais peinent à être réglées avec des mesures concrètes et efficaces. Il y a eu la crise du Covid dont la Chine, deuxième puissance économique mondiale, peine encore à se relever. La guerre qui continue en Ukraine et ses conséquences visibles pour le continent européen : flambée des prix de l’énergie, inflation ou même s’il a passé au second plan le dérèglement climatique et ses effets dévastateurs pour notre planète. D’ailleurs, la jeune militante suédoise pour le climat Greta Thunberg a fait une apparition surprise à Davos et a dénoncé les “gens” qui selon elle contribuent à “détruire la planète”.
Un besoin de mieux coopérer
Pourtant, le principal sujet de préoccupation grandissante non seulement pour les décideurs politique et économique, mais avant tout pour les peuples (australien, chinois, éthiopien, suisse, brésilien ou américain) est celui du coût de la vie. La peur de la fin du mois et de ne pas pouvoir payer les factures a pris le dessus sur un risque de conflit ouvert avec la Russie. Je perçois aussi ces inquiétudes dans les échanges avec mes proches. Klaus Schwab a redit cette semaine que ce sont “les politiques court-termistes et égoïstes” et le manque de coopération entre les pays qui ont amené le monde là où il est. Malgré de beaux discours à mieux coopérer entre les Etats sur cette planète, notamment un renforcement de la coopération entre les pays du Nord et du Sud et ceux de l’Est et de l’Ouest, la tendance pour cette année 2023 est hélas au repli sur soi. Joe Biden est de loin un allié pour nous suisses et européens. La raison est à chercher du côté de l’Inflation Reduction Act. Cette loi voulue par le Président américain fait la part belle aux entreprises investissant dans les énergies renouvelables et la voiture électrique, à condition qu’elles investissent et délocalisent en territoire américain. La Suisse et l’Union européenne doivent impérativement mieux travailler ensemble et ce malgré des divisions pour affronter le monde, s’affirmer sur la scène internationale et défendre l’économie du continent européen face à la Chine et aux Etats-Unis.
Les présents et les absents
Un record d’environ cinquante chefs d’État et de gouvernement étaient présents cette semaine à Davos. Parmi ceux qui ont brillé par leur présence, il y avait évidemment le Président suisse Alain Berset, la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Chancelier allemand Olaf Scholz, le Président costaricien Rodrigo Chaves, la Première ministre finlandaise Sanna Marin, le Président sud-coréen Yoon Seok-youl, la Présidente moldave Maia Sandu ou encore la Présidente tanzanienne Samia Suluhu. Parmi ceux qui ont brillé par leur absence, le Premier ministre australien Anthony Albanese, le Président chinois Xi Jinping, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le Président brésilien Lula ou encore le Président américain Joe Biden. L’Inde de Narendra Modi qui assure pourtant la présidence du G20 cette année était aussi absente. Aucun dirigeant d’un pays du Golfe n’a fait le déplacement.