Soutien mondial au Brésil de Lula

Dimanche passé, Brasilia, la capitale du Brésil, a vécu un dimanche noir sur la Praça dos Três Poderes (en français : la Place des Trois Pouvoirs). Une semaine seulement après l’investiture du nouveau Président brésilien Lula, des soutiens radicaux de l’ex-Président Jair Bolsonaro ont attaqué le palais du Planalto (le siège officiel de la présidence), le Congrès national (le parlement bicaméral) et le Tribunal suprême fédéral (la plus haute instance du pouvoir judiciaire). Ces tristes émeutes montrent à quel point l’état de la démocratie dans le monde est fragile et surtout qu’il ne faut jamais baisser la garde face à l’arrivée d’extrémistes de gauche comme de droite dans les lieux de pouvoir. Le Président suisse Alain Berset a condamné ces violences sur son compte Twitter.

Ce que beaucoup de géopolitologues craignaient est donc malheureusement arrivé dimanche passé au Brésil. Une semaine tout juste après l’investiture de Lula à la tête de la première puissance économique d’Amérique du Sud, des partisans surexcités et violents de l’ex-Président Jair Bolsonaro ont occupé la Place des Trois Pouvoirs, détruisant tout sur leur passage pour montrer leur refus stupide d’accepter le résultat de l’élection présidentielle de l’automne 2022. Il ne faut pas avoir peur de dire que oui, ces partisans bolsonaristes déchaînés ont tenté un putsch avec une certaine connivence d’une partie des forces de sécurité (police et armée). Dégoûté par de telles images inédites dans la jeune démocratie brésilienne, le monde a unanimement condamné ces “fous et crétins” d’insurgés. Le Premier ministre australien Anthony Albanese, le Président chinois Xi Jinping, le Président russe Vladimir Poutine, le Président suisse Alain Berset, le Président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le Président américain Joe Biden, le Président argentin Alberto Fernández et d’autres chefs d’Etat du monde ont apporté leur soutien à Lula.

Des manifestants pro-Bolsonaro vêtus de jaune et vert ont pris d’assaut les trois lieux de pouvoir à Brasilia. Image : (© KEYSTONE/AP/Eraldo Peres)

Un souvenir amer du 6 janvier 2021

Ces scènes de pillages nous ont ramené à la date du 6 janvier 2021 lorsque des partisans de l’ex-Président Donald Trump ont attaqué le Capitole (le parlement bicaméral). Tous étaient ivres de rage et tentaient de bloquer la certification de la victoire du démocrate Joe Biden. Certes, le calme est revenu à Brasilia, mais le plus inquiétant est que la jeune démocratie brésilienne se retrouve fragilisée. Le respect de la démocratie, des droits humains et de l’Etat de droit n’est jamais un acquis. C’est quelque chose dont il faut en prendre soin et surtout le protéger quand on s’engage en politique, indépendamment si on est à gauche, au centre comme moi ou à droite. On parle là du Brésil, mais ce discours pourrait s’appliquer pour d’autres pays comme par exemple l’Iran.

Les multiples défis de Lula

A Brasilia, la police et l’armée ont été critiquées parce qu’elles ont réagi mollement à l’assaut. Un peu comme si elles approuvaient les actions illégales des pro-Bolsonaro. Cela est préoccupant quand on sait que ce pays a connu la dictature militaire entre 1964 et 1985. Lula doit maintenant empoigner ce dossier de l’armée et commencer par éloigner les officiers-partisans de l’ex-Président Jair Bolsonaro. Il ne s’agit en aucun cas de supprimer les forces de sécurité du pays, mais d’y faire le “ménage”. Lula sait qu’après un tel événement inédit au Brésil, il ne devra et ne pourra pas baisser la garde. Un autre défi qui attend le nouveau chef d’Etat brésilien sera de réconcilier un pays plus que divisé, entre les pro-Lula et les pro-Bolsonaro. Ces derniers n’ont toujours pas accepté le résultat de la présidentielle d’octobre 2022. Au début des années 2000, le boom des matières premières avait servi l’économie brésilienne. Lula avait grâce à cela pu mettre en oeuvre son programme de redistribution qui a permis à de nombreux Brésiliens de sortir de la pauvreté. Ce cycle est hélas terminé. A lui maintenant de remettre le Brésil sur le devant de la scène internationale après quatre ans d’absence.

Le président Lula inspecte les dégâts au palais du Planalto. Image : Eraldo Peres / dpa

 

Les relations entre Berne et Brasilia

Les relations diplomatiques entre la Suisse et le Brésil sont excellentes et remontent au XIXe siècle. Comme l’indique le Département fédéral des affaires étrangères sur son site, “le Brésil est le premier partenaire commercial de la Suisse en Amérique latine et de nombreuses entreprises suisses y sont implantées”. Les échanges économiques se traduisent en chiffres avec en 2020 des importations pour environ 1,4 milliards de francs contre des exportations pour environ 2,1 milliards de francs. De plus, “à partir de la fondation de la ville Nova Friburgo (1818) jusqu’au milieu du XXe siècle, le Brésil a été une destination privilégiée par de nombreux émigrants suisses”. Pour le moment, je suis incapable de dire si Alain Berset va rencontrer Lula cette année. Un voyage du président suisse en Colombie est prévu ce printemps. J’espère vraiment qu’une rencontre présidentielle Berset-Lula puisse se dérouler cette année, à Brasilia ou à Berne.

 

Jonathan Luget

Jonathan Luget est né en 1993, un mois après la visite du premier chef d'Etat européen, François Mitterand, dans la jeune République du Kazakhstan. En marche avec un CFC, deux maturités et deux diplômes SAWI (communication et réseaux sociaux). Les loisirs se partagent entre la lecture d'ouvrages géopolitiques, la rédaction d'articles, la cuisine et la natation.

2 réponses à “Soutien mondial au Brésil de Lula

    1. Bonjour CELA, je vous remercie pour votre commentaire. Je me rappelle effectivement de cette tentative d’assassinat du candidat Bolsonaro. J’avais à l’époque fait un tweet pour condamner cela, car n’importe quel candidat en politique a le droit de faire campagne selon ses idées. Je suis d’accord avec vous qu’hélas il y avait eu peu de condamnations internationales. Fort regrettable!

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