Sergio, grazie!

Les Parlementaires italiens se réunissent demain pour désigner le nouveau président. Sergio Mattarella s’apprête à quitter le Palais du Quirinal. Mais son départ provoque beaucoup d’inquiétudes en Italie et en Europe. Les candidats qui pourraient lui succéder sont pour le moment Paolo Gentiloni ou l’actuel Président du Conseil des ministre Mario Draghi.

L’Italie s’apprête à plonger dans l’incertitude politique. En effet, les députés italiens se réunissent demain pour procéder à l’élection du nouveau président de la République. La fin du septennat de l’actuel Président Sergio Mattarella touche presque à sa fin. Le chef de l’Etat de 80 ans n’a malheureusement pas souhaité rempiler pour un deuxième mandat. Sa succession a entrainé un grand round de négociations entre les différents partis politiques. A la différence d’une élection présidentielle en France, ce sont les Parlementaires de la Chambre des députés (chambre basse) et du Sénat (chambre haute) qui élisent le président pour un mandat de sept ans. En Italie, le rôle du président est essentiellement honorifique. Il n’intervient pas dans les débats politiques. Il a plutôt un rôle d’assurer l’union nationale, par exemple lors de crises gouvernementales ou de tensions entre le Nord et le Sud du pays.

Un homme à la hauteur de la fonction

Sergio Mattarella est une figure politique respectée dans le pays. Il a été député (1983-2008), Ministre de la Défense (1999-2001), Vice-Président du Conseil des ministres (1998-1999), Juge à la Cour constitutionnelle, car jeune il a étudié le droit (2011-2015) et enfin Président dès 2015. En 1980, il fait face à un drame terrible avec la mort de son frère, tué par la mafia. C’est le premier Sicilien à entrer au Palais du Quirinal. Je loue l’ancien juge constitutionnel, car il a su faire face à différentes crises politiques pendant son mandat. Comme en 2018 face à la coalition gouvernementale entre le Mouvement 5 Etoiles (parti populiste de gauche) et la Lega (parti d’extrême-droite). Il a su se poser en garant du respect de la démocratie et de l’Etat de droit. Un comble pour un pays fondateur de l’Europe.

Matteo Salvini de la Lega (à gauche) prête serment devant le Président de la République Sergio Mattarella et le Président du Conseil des ministres Giuseppe Conte à la cérémonie d’investiture du gouvernement italien, le 1er juin 2018, à Rome. Photo : Francesco Ammendola, AFP.

Qui pour lui succéder?

Parmi les candidats les plus cités dans la presse italienne, on retrouve Paolo Gentiloni et Silvio Berlusconi (deux anciens chefs de gouvernement). Mais celui-ci a annoncé hier qu’il renonçait à briguer la présidence italienne. Je verrais bien Paolo Gentiloni à la tête de l’Italie, car c’est un homme qui croit au destin européen. Un autre nom qui circule est l’actuel Président du Conseil des ministres Mario Draghi.

Vers un séisme politique?

J’ai l’intime conviction que Mario Draghi a toutes les qualités requises d’un homme d’Etat. Son engagement pro-européen n’est plus à démontrer, car il a sauvé l’euro lors de la crise financière à la fin des années 2000. Son gouvernement d’union nationale permet à l’Italie de profiter des nombreux fonds du plan de relance européen alors que le pays avait été l’un des États membres de l’Union européenne les plus touchés au début de l’épidémie de Covid-19. Avec le départ possible de Mario Draghi du Palais Chigi, je crains le pire. Les Italiens seront une nouvelle fois appelés aux urnes et l’Italie connaîtra probablement une longue zone de turbulence.

L’actuel Président du Conseil des ministres Mario Draghi (à droite) figure parmi les favoris pour succéder à Sergio Mattarella (à gauche) à la présidence italienne. Photo : AFP.

Et les relations avec le voisin suisse?

Comme l’indique le Département fédéral des affaires étrangères sur son site, les relations diplomatiques entre Berne et Rome excellentes. Cependant, je regrette que Sergio Mattarella ne se soit jamais rendu dans notre pays pour une visite officielle ou d’Etat. L’Italie est quand même notre troisième partenaire commercial. En sept ans de pouvoir, Sergio Mattarella n’aura rencontré que Simonetta Sommaruga lors de la visite de celle-ci à Rome en 2020. J’espère sincèrement que notre Président Ignazio Cassis recevra un officiel italien cette année à Berne.

Jonathan Luget

Jonathan Luget est né en 1993, un mois après la visite du premier chef d'Etat européen, François Mitterand, dans la jeune République du Kazakhstan. En marche avec un CFC, deux maturités et deux diplômes SAWI (communication et réseaux sociaux). Les loisirs se partagent entre la lecture d'ouvrages géopolitiques, la rédaction d'articles, la cuisine et la natation.