L’Union suisse des paysans (USP) a rapidement fait comprendre au monde politique qu’elle n’était pas la seule à se préoccuper de la sécurité alimentaire dans notre pays. En seulement 5 mois, elle a récolté les 150’000 signatures pour son initiative et a démontré, ainsi, l’intérêt et le soutien de la population.
L’article qui dit tout mais ne fait rien
Chercher des contre-arguments serait faire preuve de mauvaise foi. Si l’application soulève des interrogations, les objectifs semblent faire l’unanimité, pour garantir l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires : la préservation des terres et des ressources, une production adaptée aux conditions locales et aux exigences du marché, des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Un concept global, qui va de la fourche à la fourchette ou du champ à l’assiette.
L’énoncé est simple, les objectifs sont clairs et le chemin paraît tracé. Pourtant, les parties prenantes sont, elles, bien nombreuses et si le citoyen est amené à se prononcer sur un article constitutionnel, ce sont les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs qui vont devoir se mettre à table pour que l’engagement devienne réalité.
L’écrire, c’est bon pour la conscience. Le faire, c’est bon pour l’avenir
Inscrire la sécurité alimentaire dans la Constitution en revient davantage à afficher de bonnes intentions qu’à agir concrètement pour préserver nos terres agricoles et nos ressources. Tant que nous préférerons acheter du porc élevé juste derrière la frontière, au porc élevé par nos producteurs, nous encouragerons une diminution de la production locale avec, à la clé, des pertes au niveau économique, au niveau de l’emploi, du savoir-faire et nous nous rendrons de plus en plus vulnérables.
Si le Conseiller fédéral Schneider-Amann a déjà annoncé qu’en cas de oui, le contre-projet n’aura pas de conséquences pratiques immédiates, le peuple peut déjà influencer les décisions des distributeurs par ses préférences de consommateurs, sans demander que la plaine de l’Asse devienne un champ de bananes mais en focalisant son attention sur les aliments disponibles dans nos contrées.
La solution passera par une réduction des coûts
Un encouragement à la production suisse par une consommation responsable serait un premier pas important. Mais la solution passe aussi par des mesures pour réduire les coûts de production et les tâches administratives. Que ce soient les critères de construction et de production imposés par certains distributeurs, les contraintes administratives auxquelles sont soumis les agriculteurs ou encore la difficulté à trouver de la main-d’œuvre, sans parler des contraintes liées à l’aménagement du territoire ; les perspectives sont de plus en plus sombres et l’image dont usent les publicitaires correspond de moins en moins à la réalité du monde paysan.
Il va falloir aimer le travail en équipe car seul, personne ne fera progresser la situation alors que tout un chacun bénéficiera de son amélioration. La transparence dans le domaine de l’origine des matières premières, l’abandon de critères excessifs en matière de construction des exploitations agricoles, la simplification des mesures administratives, ou encore une collaboration directe et constante entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs ; ce sont quelques mesures qui permettraient aux familles paysannes d’entrevoir de meilleures perspectives et d’envisager des investissements à long terme, permettant ainsi aux générations futures de poursuivre l’activité.
(Après avoir commenté le poste suivant, j’étais intéressé à voir ce que vous aviez écrit.)
Drôle de paradoxe en parlant de l’UDC, non?
En fait pas tant que ça, le libre-commerce se fait aux détriment des petits, notamment des agriculteurs (UDC= ex parti agrarien).
D’ailleurs même les très grands et sans subventions seraient éliminés depuis lurette.
Alors s’il y a bien un “champ” (jeu de mot:) où la nourriture est une équation terrible, c’est celui de la nourriture.
Vous citez l’USP qui n’a cessé depuis des décennies de favoriser ses “gros” membres au détriment des petits, soit les artisans du paysage, prétextant que c’était la seule manière d’être rentable.
Las, on le voit bien, l’échec est total, tant au niveau environnemental qu’économique.
Alors les petits disparaissent et les gros auront toujours besoin de subventions pour vivre.
Alors perso, je ne vois pas l’agriculture de proximité de cette façon.
Mais le problème est plus que complexe, je vous l’accorde.
P.S. j’ai proposé dans une autre vie, le dépot d’une AOC pour les fromages, ainsi que d’autres solutions d’écoulement du fromage aux…barons de l’époque, mais on m’a rit au nez.
Aujourd’hui, ils ne savent plus combien investir (et c’est un peu tard) pour y arriver:))))
Elle est pas belle la vie!
Bien à vous
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article et surtout d’y avoir laissé votre avis. D’ailleurs, je lirais volontiers votre vision de l’agriculture de proximité car le chemin semble encore long mais j’ai comme l’impression qu’il pourra également être multiple au vu des nombreuses initiatives prises par des indépendants à ce jour et qui sont, pour la plupart, à saluer.
Avec mes plus cordiales salutations.