La LRens cible les ennemis de nos libertés

Entre respect de la sphère privée et garantie de la sécurité, les auteurs de la loi sur le renseignement (LRens) ont dû peser chaque article, afin d'en faire une protection face aux menaces actuelles, sans tomber dans l’extrême de la surveillance généralisée, pratiquée par d’autres.

Préservés, nous ne le sommes pas. Par nos valeurs et notre comportement, nous représentons ce que certains ennemis, les terroristes en particulier, rejettent. Peu importe le profil, le nombre ou le lieu, atteindre la cible représente leur victoire et la peur ou l'enfermement sont les symboles de notre défaite.

 

La liberté : un droit qu'il faut garantir

Alors que le terrorisme a fait plus de 270 morts en Europe en une seule année, personne ne peut nous reprocher d’être envahis par la peur lorsque nous apprenons la survenance d'un attentat à quelques kilomètres de chez nous, sur une place que nous avons fréquentée, touchant des individus de moins en moins anonymes à nos yeux. La peur nous enferme, elle nous prive de liberté et nous en venons à mesurer à quel point la liberté n'est jamais acquise. Elle est un droit mais aussi un combat du quotidien, voire un devoir envers les générations futures.

Reprocher à la Loi sur le Renseignement de porter atteinte à notre sphère privée est la réaction naturelle de tout défenseur des libertés, craignant une surveillance généralisée. Mais être libéral, c'est défendre la liberté responsable et consciente. Quand bien même nous la voudrions totale, elle se veut parfois dictée pas un contexte que nous ne pouvons maîtriser et qu’il serait fatal d’ignorer. Le terrorisme, quant à lui, ne peut nous ôter la liberté mais, par ses actions, il parvient peu à peu à nous contraindre d’y renoncer. Loin des réactions émotionnelles, la Suisse reste timide mais prend les menaces aux sérieux et réagit. A la surveillance généralisée pratiquée par certains, la loi suisse préfère la recherche ciblée des informations et met en place un système nécessitant l'aval de trois instances avant de donner l’autorisation de rechercher des informations. Nul doute que cela calmera la ferveur des plus téméraires.  Si certains se sentent encore épiés, ce doit être qu'ils font partie de la dizaine de cas touchés par ces mesures par année.

 

La sécurité : un service et non un droit

Entre sécurité et liberté, il n'y a ni opposition, ni comparaison. La sécurité est un service, la liberté est un droit qui s'applique où que l'on soit. Il n'y a d'ailleurs pas lieu de penser réduire l'un pour renforcer l'autre et comme disait déjà Franklin "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre et finit par perdre les deux". L'Etat n'a aucun intérêt à réduire la liberté, il a pour mission de garantir la sécurité et si la frontière est parfois difficilement perceptible, il est le premier gagnant lorsque les citoyens sont libres et responsables. 

Responsable, l'Etat l'est aussi et l'ignorance pratiquée n'est pas digne d'un État prenant à cœur sa mission de protection des citoyens. L'ignorance ne garantit pas la sécurité et nos voisins l'ont bien compris puisque les services d'espionnage étrangers viennent se servir sur notre territoire, sans véritablement se poser de questions à propos de notre sphère privée, ni même de ce qu'en pense notre gouvernement.

 

Se doter de moyens adaptés et cohérents

La cible est claire et peu de personnes se sentiront visées, à moins qu’elles ne pratiquent le terrorisme, l’espionnage, la prolifération d’armes de destruction massive ou qu’elles ne préparent des attaques contre des infrastructures critiques.

Le but aussi est clair. La LRens est appelée à organiser la nouvelle répartition des tâches dans le domaine du renseignement ; elle répartit les rôles et les missions entre les différents acteurs de la lutte contre le terrorisme et remplacera la loi fédérale instituant des mesures visant au maintient de la sûreté intérieure, ainsi que la loi fédérale sur le renseignement civil.

Nous ne pouvons attendre de l'Etat qu'il garantisse notre sécurité face aux menaces ciblant notre modèle de société, tout en lui refusant les moyens nécessaires pour accomplir cette mission. Refuser cette loi reviendrait à exiger de la Confédération qu'elle nous protège armée de glaives et de boucliers, face à une division de blindés. Lorsque les dangers évoluent, les outils pour se protéger doivent évoluer dans le même temps, sans quoi nous deviendrons de plus en plus vulnérables, au détriment de notre bien-être, de notre liberté et de notre stabilité, tant politique, qu’économique.

 

Préférons la clairvoyance à l'ignorance, car nos ennemis ne sont pas sans savoir.

Johanna Gapany

Libérale-radicale et économiste d'entreprise, Johanna Gapany vit la politique au quotidien. Après avoir été cheffe de campagne pour le PLR fribourgeois lors des élections nationales (2013-2015) et vice-présidente des Jeunes Libéraux-Radicaux Suisse (2012-2016), elle rejoint l'exécutif bullois en 2016 et devient députée durant la même année. Puis, elle vise un siège au Conseil des Etats en 2019 et décroche le siège après une campagne intense face aux deux sortants. Sa volonté ? S'impliquer davantage pour le renforcement de sa région, avec un œil attentif sur le rôle restreint de l'Etat et surtout la grande autonomie de chacun. Pour une politique libérale qui évite les excès, prend ses responsabilités et permet chacun de se former, de créer, de vivre.