La fusion est un outil qui a prouvé son efficacité pour répondre à des problèmes financiers, politiques ou encore administratifs. Dans le cas présent, elle est une opportunité pour renforcer une région. Le préfet de la Gruyère, Patrice Borcard, a fait preuve de son sens politique, a démontré son courage et surtout sa passion pour la région plutôt que pour son siège, puisque le terme fusion éveille d'abord la hantise face à une possible perte d'identité, la résistance au changement ou encore la crainte de voir disparaître l'ambiance villageoise. Ces réactions sont naturellles et une fois l'émotion passée, nous pouvons et devrions tenir compte de la réalité. Qu'avons-nous maintenant?
25% des conseillers communaux ont démissionné durant la législature
L'engagement politique, le travail de milice sont devenus, pour bon nombre, synonymes de sacrifice plutôt que de service à la société, non pas en raison du manque d'intérêt pour la tâche mais en raison du manque de reconnaissance et de la difficulté à assumer les responsabilités qui accompagnent la fonction. Celui qui s'engage ne compte pas le temps et il vaut mieux ne pas compter le retour sur investissement. Seuls les passionnés et les fous veulent bien s'y lancer et, dans certaines conditions, l'engagement politique des miliciens a atteint ses limites. Limites prouvées par les chiffres, alarmants, en Gruyère, où nous dénombrons 25% de démission dans les conseils communaux depuis les dernières élections, le double de la précédente législature.
21'500 habitants à Bulle, 1'250 habitants dans le Haut-Intyamon
Le déséquilibre se fait sentir entre les régions. Développer une commune, Bulle en l'occurence, semble être une évidence au vu de sa force économique. Pourtant, une ville se développe aussi grâce à l'attractivité de la région. Telle une entreprise, une région se développe par pôle. Nous y trouvons le tourisme, l'agriculture, l'économie, le sport et chaque pôle est essentiel à la stabilité de la région. Renforcer l'une des villes, sans veiller à la stabilité globale revient à affaiblir toutes les villes et/ou villages alentours, au détriment de la région.
1 district, 70 associations et ententes intercommunales
En Gruyère, comme dans bien d'autres régions, la régionalisation est déjà effective. Que ce soit en termes d'écoles, d'EMS, de mobilité, de soins à domicile, de service social…. des associations existent pour chacun de ces domaines et rassemblent toutes les communes qui, finalement ne sont totalement indépendantes que pour des tâches secondaires.
Avant la fusion, 33 sociétés de jeunesse. Après la fusion, 33 sociétés de jeunesse
Les fanfares, les choeurs, les clubs sportifs ou culturels, les associations, les sociétés de jeunesses sont les premières concernées par cette fusion. Non pas parce qu'elles sont appelées à disparaître, surtout pas. Parce qu'elles sont appelées à se développer et à gagner la place qu'elles méritent, celle de poumon de leur commune.
Telle que proposée dans le projet de fusion, la région pourrait compter sur une instance régionale pour avoir une vision globale. En parallèle, des administrations communales géreraient tant la partie administrative que la partie technique. Cette proposition ressemble étrangement à la réalité et revient à officialiser une situation déjà en vigueur et à organiser l'avenir, en tenant compte des défis.