Politique énergétique : Profitons du changement

Sous les feux des projecteurs un jour, puis totalement ignorée le lendemain, la politique énergétique est pourtant l’un des plus grands défis de notre société. Jusqu’à présent, consciemment ou pas, nous avons distingué l’approvisionnement énergétique de notre environnement alors qu’ils sont intimement liés. Tout comme nos habitudes alimentaires ont une influence positive ou négative sur notre existence, l’approvisionnement énergétique influence en bien ou en mal notre environnement. Dans ce sens, la stratégie énergétique 2050 est le résultat d’une réflexion du Conseil fédéral et du Parlement, qui ont tous deux décidé, en 2011, la sortie progressive du nucléaire, considéré comme un approvisionnement peu favorable à notre environnement. Un projet ambitieux mais surtout participatif et si eux l’ont décidé, nous allons être les acteurs de cette évolution, afin que la société à 2000 Watt ne soit pas le seul rêve des écologistes mais bien l’exploit de toute une société, qui ne subit pas les conséquences mais bénéficient des retombées de ce changement.

 

 

2000 Watt au lieu de 5000 à 6000 Watt

Une société à 2000 Watt alors que nous en sommes aujourd’hui entre 5000 et 6000. 1 tonne d’émission de CO2 par personne et par an alors que nous nous situons aujourd’hui à 6 tonnes environ. Une diminution des besoins énergétiques alors que nous sommes de plus en plus nombreux à consommer. Les objectifs sont clairement exprimés et s’ils paraissent aujourd’hui irréalistes, ils doivent pouvoir être atteints pas à pas, en faisant preuve d’ingéniosité, de responsabilité et en acceptant le changement, aussi dans notre sphère privée.

Pour vivre ce changement, l'évolution technologique sera l'un de nos alliés car elle nous permettra de trouver des solutions, tant pour produire de l'énergie, que pour en utiliser moins. En termes de production, exclure l'un des moyens est aujourd'hui risqué et nous gagnerons sans doute à diversifier nos méthodes d'approvisionnement.

 

 

Pendant que les chinois comptent 10 voitures pour 1000 habitants…

Nous pourrons toujours nous comparer aux Américains pour nous donner bonne conscience. C’est un exercice simple qui nous évitera de trop nous fatiguer à prendre des mesures pour préserver notre environnement, alors que la continuité nous apporte un certain confort. La comparaison peut toutefois se faire aussi bien avec les Américains qu’avec les Chinois. En quelques chiffres, pendant que les USA utilisent environ 770 voitures pour 1000 habitants, nous en utilisons 500 pour 1000 habitants. A quelques milliers de kilomètres, les Chinois se contentent d’environ 10 voitures pour 1000 habitants…

L’innovation dont font preuve les constructeurs automobiles va nous permettre de moins consommer et le développement des transport en commun va nous permettre de nous déplacer autrement. Mais on ne peut se reposer sur ces seuls acquis. A nous également de changer notre comportement pour penser au meilleur moyen à utiliser lors de chaque déplacement et diminuer, ainsi, la part actuelle de 39%, utilisée pour les transports, par rapport à la totalité de la consommation énergétique.

 

 

Les bâtiments représentent 46% de la consommation

Si les transports représentent 39% de notre consommation, ce sont les bâtiments qui remportent la palme. La mise en œuvre du premier paquet de mesures va, dès lors, incontestablement toucher le domaine du bâtiment, en renforçant l’efficacité énergétique. On ne le dira jamais assez, la meilleure économie est faite par celui qui ne consomme pas dans l’idéal, par celui qui ne gaspille pas également.

Notez qu’il est prévu que nous consommions -16% d’énergie d’ici 2020 et -3% d’électricité. Nul besoin de s’alarmer mais une nécessité certaine d’agir lorsque nous pouvons constater que nous utilisons aujourd’hui seulement 2 à 3% d’énergies renouvelables sur la totalité de notre consommation. A l'heure où certaines méthodes de construction et certains matériaux nous permettent de construire ou de rénover des bâtiments qui s’autosuffisent en énergie, notamment par la production et l’utilisation d’énergies renouvelables, ainsi que par l’efficacité énergétique du bâtiment, nous avons tout intérêt à les utiliser. L’augmentation de confort, le respect de notre environnement et les économies faites sur l’énergie non utilisée semblent être des arguments suffisamment pragmatiques pour prendre nos responsabilités sans en demander davantage à l’Etat.

Le secteur du bâtiment est également une opportunité à saisir pour les entreprises de la construction qui ont un marché à développer. Sur les 1.5 millions de bâtiments que compte la Suisse, 2/3 ont plus de 30 ans et sont mal isolés. Nul doute que la demande va augmenter. Il est donc temps de former des employés et de s'informer sur les moyens à proposer à de futurs clients pour rénover leur habitation.

 

 

L’Etat est l’architecte des 4 piliers, nous en sommes les constructeurs

L’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les centrales électriques et la politique énergétique extérieure sont les 4 piliers de la politique du Conseil fédéral, qui est l’architecte de ce changement. Sans pratiquer la politique de l’arrosoir en attribuant des subventions à qui veut bien installer un-demi panneau solaire sur le coin de son toit ou créer une nouvelle association au nom aussi vert qu’aux objectifs peu clairs, c’est en créant un cadre simple et des synergies entre les différentes associations que l’Etat peut véritablement renforcer cette politique.

A nous ensuite de prendre les décisions en toute connaissance de cause et de bénéficier du retour de nos investissements. Car pendant que l’augmentation des taxes fait réagir et provoque notre grogne, la rentabilité d’une installation et l’impression du devoir accompli éveilleront une véritable satisfaction. Certains l'ont d'ailleurs déjà compris.

Si des moyens sont à disposition, la recherche et le développement en ont sans nul doute besoin et les retombées seront bien plus intéressantes pour l’ensemble de la population. Si du temps doit être consacré, qu’il le soit pour discuter des conventions avec l’étranger afin de pouvoir importer durant les périodes de manque car aussi durables soient les énergies renouvelables, elles présentent le fâcheux inconvénient de ne pas être stockables pour l'instant.

En nous impliquant, nous trouverons les solutions et donnerons sens à notre participation pour faire de ce rêve un véritable exploit.

A nous de jouer !

Johanna Gapany

Libérale-radicale et économiste d'entreprise, Johanna Gapany vit la politique au quotidien. Après avoir été cheffe de campagne pour le PLR fribourgeois lors des élections nationales (2013-2015) et vice-présidente des Jeunes Libéraux-Radicaux Suisse (2012-2016), elle rejoint l'exécutif bullois en 2016 et devient députée durant la même année. Puis, elle vise un siège au Conseil des Etats en 2019 et décroche le siège après une campagne intense face aux deux sortants. Sa volonté ? S'impliquer davantage pour le renforcement de sa région, avec un œil attentif sur le rôle restreint de l'Etat et surtout la grande autonomie de chacun. Pour une politique libérale qui évite les excès, prend ses responsabilités et permet chacun de se former, de créer, de vivre.