Le test d’une Suisse libérale – non à l’initiative d’Egerkingen

C’est l’histoire d’un groupe qui n’aimait pas l’islam. D’abord les minarets, et maintenant le niqab. Jusqu’en 2020, le destin de cette nouvelle initiative paraissait clair: un bis repetita de la votation sur les minarets. Mais les initiants du comité d’Egerkingen doivent composer avec deux contre-feux majeurs. D’une part, un important débat de société a lieu sur l’opportunité de cette initiative et la vision de la Suisse qu’elle propage. Les défaites des initiatives UDC ont laissé des traces. D’autre part, l’initiative est votée dans le contexte le plus improbable qui soit. Au moment du dépôt de l’initiative le 15 septembre 2017, qui aurait pu penser que le vote aurait lieu dans une Suisse masquée ? 

Les argumentaires contre l’initiative sont nombreux et solides. En très bref :

  • La contrainte est déjà punie en Suisse. Forcer une personne à faire quelque chose – par exemple porter un vêtement particulier – est punissable. 
  • L’initiative porte sur une problématique qui n’existe pas. Selon l’université de Lucerne, entre 20 et 30 femmes portent un niqab en Suisse. Selon l’auteur de l’étude, toutes les femmes qui portent le niqab en Suisse le font clairement de manière volontaire.
  • L’Etat ne devrait pas se mêler de la manière dont les personnes s’habillent. Il ne devrait pas interdire certains morceaux de tissu. Des signaux d’alarme additionnels devraient s’enclencher car, une fois de plus, l’Etat veut réglementer l’habillement des femmes.
  • La pandémie a démontré que se couvrir le visage n’empêchait pas la vie en société. Le « vivre-ensemble » est possible, même pour la vingtaine de femmes qui décident de porter un niqab. L’expérience de la pandémie a démontré que la société ne s’effondrait pas si le visage se voilait.
  • La situation est complètement différente dans les Etats totalitaires où les droits fondamentaux ne sont absolument pas respectés. Il faut renforcer la politique étrangère suisse et sa politique des droits de l’homme. Par contre, adopter des mesures liberticides en Suisse n’améliore pas la situation des femmes dans ces Etats autoritaires.

Au-delà de cet argumentaire, l’initiative représente un test majeur pour la société libérale. Elle nous pose une question de société fondamentale : sommes-nous prêts à accepter un comportement que nous trouvons étrange, incompréhensible, choquant ? A cette question, il faut dire oui. La tâche est tout sauf simple, il faut se faire violence pour accepter une altérité aussi profonde. Cette attitude respectueuse des convictions des uns et des autres s’entraîne. Notre muscle “libéral”  peut se renforcer à force d’entraînements. Pour ce faire, chacun d’entre nous doit puiser dans ces situations où il fait l’expérience d’un minoritaire et où une majorité peut être tentée d’imposer ses choix. Que chacun se pose honnêtement la question suivante : si j’étais une femme de confession musulmane qui souhaitait montrer sa piété de la manière la plus totale, voudrais-je que la majorité m’interdise de porter un niqab ?  

Ce test de libéralisme grandeur nature se déroule car le comité d’Egerkingen fait souffler un vent mauvais. Après avoir réussi à inscrire une discrimination crasse dans la Constitution (l’interdiction des minarets), le comité reprend son objectif : créer un « nous » et un « eux ». La recette est vieille comme le monde : le « nous » doit créer un “ennemi commun” pour se rassurer sur son identité de groupe. Nous sommes « nous », car nous n’acceptons pas ce « eux » si différent. 

Et pourtant, il y a une autre narration possible : ce « nous » se définit par la défense des libertés fondamentales. Nous sommes ce « nous » car nous sommes libres et nous respectons cette liberté. Notre grandeur se mesure à notre capacité d’accepter les autres résidents dans leurs différences, et à construire ensemble une société meilleure. 

En choisissant de raconter une Suisse où la liberté et l’égalité sont les valeurs essentielles, nous pourrons contrecarrer le projet destructeur du comité d’Egerkingen. En vue du vote du 7 mars, nous sommes mis au défi de la confiance. A titre individuel et en tant que société, sommes-nous suffisamment en confiance pour accepter le choix étrange de quelques personnes ? Avons-nous les ressources pour nous adonner à la critique sans tomber dans la tentation de l’interdiction ? Il le faut pour que la Suisse reste en accord avec ses valeurs de liberté et d’égalité.

Johan Rochel

Illustration Operation Libero

 

Johan Rochel

Dr. en droit et philosophe, Johan Rochel est chercheur en droit et éthique de l'innovation. Collaborateur auprès du Collège des Humanités de l'EPFL et membre associé du centre d'éthique de l’université de Zürich, il travaille sur l'éthique de l'innovation, la politique migratoire et les questions de justice dans le droit international. Le Valaisan d'origine vit avec sa compagne et ses deux enfants entre Monthey et Zürich. Il a co-fondé "ethix: Laboratoire d'éthique de l'innovation" (www.ethix.ch)

54 réponses à “Le test d’une Suisse libérale – non à l’initiative d’Egerkingen

  1. On ne peut pas se revendiquer du libéralisme et fermer les yeux sur le fait que la femme qui porte son niqab le fait sous la pression d’un groupe communautaire, ou se cacher derrière la supposition qu’elle en aurait fait le choix. Comparer un niqab au masque sanitaire ou le banaliser sur une illustration au même titre qu’un déguisement ou qu’une robe de mariée est une insulte pour les femmes qui d’en d’autres pays souffrent de cette percussion tous les jours et se battent pour leur liberté.

    1. Bonjour, merci pour votre retour. Je ne vous suis pas:
      – si la pression de “groupe communautaire” (ce groupe existe-t-il ?) est si forte qu’elle équivaut à forcer quelqu’un, alors cette obligation est déjà punissable.
      – si la pression de ce groupe n’est pas si forte, alors elle fait partie de la vie normale et nous sommes tous dans cette situation. Nous vivons tous dans une société qui exerce des pressions sur nous, sur les choses à faire et à ne pas faire.
      => ce qui est difficile dans ce débat, c’est d’accepter que la vingtaine de femmes qui portent le niqab en Suisse le fait de manière profondément volontaire. Il s’agit en général de femmes bien formées, Suissesses et qui décident de montrer ainsi leur piété. Je conviens volontiers que c’est difficile à comprendre sans partager leur foi, mais nous devons respecter leur libre choix.

      La tentative de ramener la situation des pays autoritaires comme argument dans le débat suisse échoue, comme mentionné dans le texte. Si on veut améliorer la situation des femmes en Afganistan, il faut renforcer notre politique étrangère, pas changer la constitution suisse avec des contradictions majeures par rapport à nos valeurs.

      1. « Nous vivons tous dans une société qui exerce des pressions sur nous, sur les choses à faire et à ne pas faire. »

        Je crois que vous vous avez résumé tout l’enjeu de cette votation dans cette simple affirmation : on vote pour ce que notre société considère comme les choses que l’on peut faire et celles que l’on ne peut pas faire.

        Nous verrons donc si la majorité considère, comme Antoine de Saint-Just, qu’ «il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la liberté».

        1. Bonjour Olivier, merci pour ce retour.
          C’est la citation la plus illibérale qui soit: le libéral doit justement être libéral même avec ceux qui ne le sont pas (dans la limite d’un principe de type “ne pas faire de mal à autrui”). Je n’ai pas à accepter que quelqu’un planifie un attentat contre le Conseil fédéral. Par contre, dans le cas du niqab, impossible de montrer un danger imminent qui justifierait une interdiction.
          C’est comme si vous étiez fan d’une équipe de foot et que vous lanciez une initiative pour interdire que d’autres portent le maillot des autres équipes…

          1. « dans la limite d’un principe de type “ne pas faire de mal à autrui” »

            Comment alors considérer le prosélytisme des religions ?
            Particulièrement celles qui sont parfois prêtes à utiliser la force (physique ou psychologique) pour imposer leur vision du monde, y compris à ceux qui ne la partagent pas ?

          2. C’est justement ce genre de cas que veut couvrir un principe du genre “ne pas faire de mal à autrui”. Le libéral s’arrête lorsqu’une personne recourt à la force pour imposer ses idées. Dans les autres cas, le libéral croit à la force des arguments et des idées.

      1. En quoi cela concerne t’il les Etat du Golf? Est ce que l’obscurantisme à sa place dans notre société? Pour ma part c’est non.

        1. L’obscurantisme, comme vous dites, ne serait-il pas d’interdire, allez, une centaine de niqab, quand la Suisse refuse l’interdiction d’exporter des armes à l’Arabie Saoudite, massacrant les Yéménites sous la bénédiction US et aussi euro?

          Vous allez sans doute voter OUI, au traité de libre-commerce avec l’Indonésie (autre Etat des lumières) et pour le E-ID des banquiers, non 🙂

  2. L’extrémisme n’accepte pas la liberté des autres, parce que c’est cela dont on parle. Derrière ce tissus, c’est la haine des juifs, des chrétiens et d’une partie des autres musulmans.

    La liberté doit être défendue contre ceux qui veulent la détruire, et ne pas être naïf à leur donner la liberté de le faire. Lorsque ces gens ne veulent pas que leur enfant aille à la piscine à l’école, ou est la liberté pour l’enfant ?
    On ne parle pas de foulard ici, mais d’extrémisme.

    L’interdiction du niqab par exemple, ne va pas arrêter l’extrémisme, mais notre population musulmane qui peut être soumise à des pressions, voir en France dans certains quartiers, doit savoir qu’elle sera protégée de l’extrémisme.

    Vous êtes un intellectuel avec une vision théorique qui va très bien dans un monde “normal”, bisounours. Vous êtes idéologique, là où il ne faut plus l’être. Etre libéral, ce n’est pas tout accepter, c’est agir pour préserver la liberté, notamment contre toutes formes de fascisme. Dans cette histoire il n’y a pas de tradition ou d’héritage culturelle qui pousse des femmes à se “déguiser” mais un mélange de religion et de haine.

    En résumé, votre démonstration théorique n’est pas adapté envers ceux qui veulent entamer notre liberté. Pourquoi protégez-vous donc ces gens là (les fascistes religieux/politiques) ?

    1. Cher Monsieur, chère madame,
      Merci pour ce retour.
      Comme dit dans un commentaire plus haut, le libéral doit justement être libéral même avec ceux qui ne le sont pas (dans la limite d’un principe de type “ne pas faire de mal à autrui”). Je n’ai pas à accepter que quelqu’un planifie un attentat contre le Conseil fédéral. Par contre, dans le cas du niqab, impossible de montrer un danger imminent qui justifierait une interdiction. Et si je ne peux pas démontrer un danger imminent, alors je n’ai pas de bonnes raisons de l’interdire. Si je commence à interdire tous ceux avec qui je ne suis pas d’accord, c’est la dictature de la majorité. C’est comme si vous étiez fan d’une équipe de foot et que vous lanciez une initiative pour interdire que d’autres portent le maillot des autres équipes…
      Sur les autres points, je pense que c’est vous qui êtes “idéologiques” comme vous dites. Consultez la littérature scientifique (sociologie notamment) qui donne la parole aux femmes qui portent le niqab et vous verrez que nous sommes très loin des clichés d’oppression.

  3. Vous connaissez sans doute…

    Quand ils harcelaient les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif;
    Quand ils harcelaient les handicapés, je n’ai rien dit, je n’étais pas habdicapé;
    Quand ils harcelaient les philosophes, je n’ai rien dit, je n’étais pas un philosophe;
    Quand ils harcelaient les femmes, je n’ai rien dit, je n’étais pas une femme;
    Quand ils m’ont harcelé, il ne restait plus personne pour protester…

    C’est sans doute gratifiant d’écrire votre message emprunt de bonnes intentions; mais protéger les intolérants vous place du mauvais côté de l’histoire…

    La cour européenne des droits de l’homme a rappelé que l’interdiction du voile intégral était en effet nécessaire pour garantir le vivre ensemble.

    Vous êtes dès lors contre les droits garantis par la CEDH au vivre ensemble? Bel esprit libéral …

    Arrêt de la cour eurDH:

    http://hudoc.echr.coe.int/fre?i=001-145240

    Et depuis quand il ne faut pas agir au profit des droits de la femme, au motif que les violations (intolérables) sont peu nombreuses ?

    Oui, je suis gênée de devoir voter en faveur d’une initiative constitutionnelle soutenue par des islamophobes. Mais je suis plus en colère encore que nos parlementaires n’ont pas saisi une occasion, lors de ces 30 dernières années, pour faire figurer cette interdiction dans la loi !

    Maintenant, on me demande de voter oui ou non à la burqua. Et je répondrai de toutes mes forces non, car ce signe d’asservissement est intolérable. Dommage que nos autorités n’aient pas agi plus tôt et à meilleur escient…. S’ils n’ont pas le courage d’agir, moi si.

    Chères soeurs opprimées, vous êtes les bienvenues en Suisse et on sera toujours de votre côté pour lutter contre ces mesures patriarcales. Ici, vous pourrez dire : la loi vous protège sans exiger de vous une plainte pour contrainte. C’est votre époux qui sera contraint sans réserve de vous laisser vivre à visage découvert. Je me réjouis de vous voir sourire à cette liberté !

    1. Chère madame,
      Grand merci.
      – sur l’arrêt de la cour: je pense qu’on peut – on doit – avoir un regard critique sur la justice. Et je pense que cet arrêt est problématique (pour son usage à l’emporte-pièce du concept de “vivre-ensemble”). La pandémie – où l’entier de la société est masquée – a démontré que la vie en société était possible avec le visage masqué. L’argument “fonctionnel” qui voulait interdire de se voiler le visage car cela rendait la communication impossible est à mon avis difficile à tenir. Et s’il n’est pas purement fonctionnel, cela veut dire qu’il cache des motivations autrement moins nobles.
      – Sur les autres points, je pense que l’image de la femme oppressée qui est forcée de porter un niqab que vous tentez de colporter ne tient pas. Consultez la littérature scientifique (sociologie notamment) qui donne la parole aux femmes qui portent le niqab et vous verrez que nous sommes très loin des clichés d’oppression. L’auteur de l’étude de référence en Suisse (mis en lien dans mon article) est très clair là-dessus: toutes les femmes en Suisse qui portent le niqab le font de manière volontaire.

      1. “que vous tentez de colporter”

        Monsieur, je vous invite sérieusement à réviser votre regard sur le droit des femmes et à relire objectivement mon commentaire. Ne discréditez pas mon discours parce que je suis une femme !

        Je l’ai par ailleurs écrit: je regrette que cette initiative provienne d’islamophobes.

        Mais si cet obscur comité avait proposé l’introduction du droit de vote des femmes il y a 50 ans, vous auriez appelé à voter “non” pour ne pas leur donner une victoire ? Pour lutter contre le messager, vous êtes prêt à assumer que les pires dictatures religieuses du monde patriarcal pourront se revendiquer de la démocratie suisse pour maintenir la burqua et opprimer les femmes qui luttent, là-bas au péril de leur vie, pour leurs libertés ?

        Que pensez-vous de l’interdiction en Suisse des mutilations génitales ? C’est bien parce que l’interdiction venait de la gauche (la même qui était contre la burqua dans les années 2000) ?, malgré le fait que vous trouverez également des femmes qui se disent libres d’y avoir recours?…

        Pourquoi ce relativisme?
        Les droits des femmes à l’égalité et au vivre ensemble ne seraient pas absolus, mais relatifs?

        1. Savez-vous que la loi punit (heureusement) déjà l’obligation contre laquelle vous vous élevez ?

          Par contre, cette initiative va mettre à l’amende non pas les maris, mais bien les épouses voilées. Si tant est quelles osent sortir.

        2. Chère madame, Merci pour ce retour.
          – désolé si le mot “colporter” vous a déplu. Mais je vous cite: “Chères soeurs opprimées, vous êtes les bienvenues en Suisse et on sera toujours de votre côté pour lutter contre ces mesures patriarcales. Ici, vous pourrez dire : la loi vous protège sans exiger de vous une plainte pour contrainte. C’est votre époux qui sera contraint sans réserve de vous laisser vivre à visage découvert. Je me réjouis de vous voir sourire à cette liberté !” – il me semble que c’est tout de même “colporter” une certaine image de la femme oppressée, forcée de porter le niqab. Et cette vision est objectivement fausse en Suisse.
          – mon argument ne porte pas sur le comité d’Egerkingen, mais bel et bien sur la violation des droits fondamentaux d’une minorité et d’une discrimination. Si le PS, le PLR ou le PDC l’avait lancé, je serais aussi contre.
          – de quel relativisme parlez-vous ? où est la comparaison avec le droit de vote ou les mutilations génitales ? En votant non à cette initiative, c’est bien le droit à l’auto-détermination et à la liberté des femmes qu’on protège. C’est vous qui souhaitez museler les femmes.

          1. Cher Monsieur,

            Apaisons la discussion.
            Je me contenterai de revenir sur mon exemple des mutilations génitales. En Occident, nous avons gagné le droit “My Body, my rules”. Une femme devrait donc décider seule des décisions concernant son corps. Pour autant, nous avons toutes admises l’interdiction dans la loi pénale suisse des mutilations génitales (alors que l’interdiction des lésions corporelles y était déjà présentante) car cette interdiction repose sur un intérêt public manifeste. Il ne s’agit pas de museler les femmes, mais de garantir nos libertés.

            Il en va de même pour la burqua. Cette interdiction est nécessaire. Il en va de nos libertés, de notre vivre ensemble. La CEDH l’a rappelé et proclamé. Et je crois en nos droits des femmes et du citoyen !

  4. “une Suisse où la liberté et l’égalité sont les valeurs essentielles”: c’est un gag, n’est-ce pas? Où sont la liberté et l’égalité dans la situation actuelle? Au-delà du Covid, les Suisses ont montré qu’ils préfèrent la sécurité et leur tranquillité à toutes autres valeurs.

    1. Cher Monsieur, merci pour ce retour.
      Je laisse de coté le covid pour le coup.
      Par contre, je ne vois vraiment pas de lien entre les 20 Suissesses qui portent le niqab et la sécurité du pays. Quant à la tranquillité, difficile de dire que ces femmes sont particulièrement bruyantes ou autres. Par contre, qu’on n’aime pas les voir, je peux le comprendre. Et c’est pourquoi ce test de libéralisme est si important…

  5. Je cite: «L’Etat ne devrait pas se mêler de la manière dont les personnes s’habillent. Il ne devrait pas interdire certains morceaux de tissu. Des signaux d’alarme additionnels devraient s’enclencher car, une fois de plus, l’Etat veut réglementer l’habillement des femmes.»
    Cas extrême: si une secte/religion préconise de vivre nu, l’Etat doit-il s’en mêler et interdire aux femmes (et aux hommes) de sortir dans l’espace public sans vêtements au nom des valeurs essentielles que sont la liberté et l’égalité?

    1. Bonjour madame, merci pour ce retour.
      Vous utilisez l’argument de la “pente glissante” – si on accepte le niqab, alors où s’arrête-t-on ? Votre exemple de la secte des “tout-nu” est intéressant (et on retrouve d’ailleurs des traces de cette discussion dans les cas de randonneurs qui souhaitent se balader nu/les naturistes sur la plage – repensez à l’adjudant Cruchot !). La réponse: il s’agit d’une convention où la société a déterminé que se balader nu n’était pas possible en société. On peut en discuter, c’est l’objet d’un débat. Il n’est pas absurde de dire que c’est ma liberté d’être nu, que je ne mets personne en danger en l’étant, etc. => ce sont d’ailleurs les arguments des nudistes partout dans le monde.
      Par contre, la différence clef me semble être la discrimination ciblée: ici, on ne parle pas d’une règle qui s’appliquerait à tout le monde. La règle est formulée de manière neutre (à la différence de l’initiative sur les minarets), mais elle cible clairement une seule communauté religieuse. Et ça, c’est extrêmement dangereux.

  6. Cher Johan Rochel, je pense que vous perdrez ce combat. Personnellement je m’en fous. Je voterai non à cette initiative pour d’autres raisons que vous. Mais sans m’exciter et en sachant qu’elle sera acceptée. La démocratie n’est pas un régime qui favorise l’ouverture d’esprit. C’est un régime qui par nature donne raison aux préjugés mesquins de la majorité. Alors n’attendez pas de miracle.

    Ça sera intéressant de voir comment l’officine de spin doctors Operation Libero fera pour tenter précisément “to spin” l’opinion. Ce sera plus dur que l’opération dégommage de Freysinger et l’opération pour faire échouer l’initiative UDC contre l’immigration. Car Freysinger avait fait quelques boulettes, que vous avez pu exploiter, et sur l’immigration vous aviez la possibilité de faire un chantage économique en menaçant de la clause guillotine, etc. Les gens ont voté contre leur coeur, avec leur porte monnaie et la boule au ventre de crainte des pertes d’emplois. Mais là vous n’aurez pas ces possibilités.

    De fait les progressistes comme vous ont voulu la diversité et le multiculturalisme et les ont imposés contre le gré de l’opinion pour détruire notre cohésion ethnique et spirituelle. Mais ils n’ont pas vu que ce faisant ils exacerbaient une crise identitaire qui ne peut que faire échouer le libéralisme.

    En plus, le pouvoir mondial impérialistes hégémonique a propagé une rhétorique anti Islam, pour faire la propagande des guerres US en Irak etc., tout en favorisant en fait la progression de l’Islam pour fracturer notre culture et la civilisation chrétienne. Il ne s’agit pas d’un discours marginal, mais bien majoritaire. Quand Oscar Freysinger est devenu mondialement célèbre avec son initiative antiminarets, il n’était pas, en réalité, dans un combat courageux contre le mainstream, à contre courant. Il était en réalité dans le mainstream majoritaire de la propagande des puissances hégémoniques. Vous vous heurterez à ce même courant majoritaire.

    L’impasse et la contradiction, l’aporie pourrions nous dire pour faire intello, sur laquelle vous allez trébucher, c’est en réalité le discours excessif de votre propre camp: féministe, émancipateur, individualiste, libéral, LGBTQIXYZ, etc… Votre ami politique Mathias Reynard est probablement opposé à l’initiative d’Egerkingen, mais, de fait, la majorité qui acceptera cette initiative est précisément celle qu’il a créé lui-même pour faire passer la criminalisation du discours homophobe. En vérité l’initiative d’Egerkingen passera en grande partie grâce au travail idéologique de longue haleine de Mathias Reynard.

    Vous êtes mal barré cher Rochel. Ici vous, et vos amis politiques, êtes pris à votre propre piège. Hé hé !

    Mon pronostic: oui entre 53.5 et 56.5% de majorité. Bref oui à 55%.

    1. Votre pronostic: oui à 55%… Ce serait grave que l’initiative passe à un score aussi faible, qui serait un bel encouragement à persévérer pour les intégristes. Cela dit, nos “démocrates” de tous bords si prompts à défendre des principe obscurantistes sont étrangement silencieux concernant par exemple les persécutions en cours contre les Ouïghours. Comme pour les Rohingyas, peuple musulman lui aussi terriblement maltraité, la situation ne s’est guère améliorée depuis maintenant des années que ça dure, bien au contraire. Presque partout, un silence quasi total et assourdissant malgré les nouvelles qui nous parviennent régulièrement. Ce serait bien pour leur crédibilité que tous ceux/celles qui veulent susciter des débats au nom de la liberté en fassent un peu plus pour des causes autrement plus graves et plus urgentes que le port d’un niqab ou d’une burqa. Je me permets ce coup de gueule, car la disparité de traitement est réellement choquante de la part de nos féministes et de notre gauche progressiste par rapport aux témoignages absolument terribles et insoutenables de femmes violées et maltraitées dans les prisons chinoises. Et je suis profondément déçu et écoeuré par tant d’hypocrisie, mais c’est hélas une réalité que notre monde reste essentiellement régi par des rapports de force, la puissante Chine inspire la crainte, y compris chez les islamistes qui n’osent pas non plus broncher.

      1. 55% ce sera le resultat si les spin doctors d’Operation Libero et les Johann Rochel & Co mettent le paquet, avec leurs techniques high tech et big data, pour tenter de barrer la route à l’initiative. Comme ils ont fait pour éliminer Oscar Freysinger ou pour faire échouer la limitation de l’immigration demandée par l’UDC. Mais si ces professionnels sophistiqués ont l’intelligence de comprendre que là c’est peine perdue, car on ne lutte pas contre un raz de marée, et si donc ils ont la sagesse de ne rien faire en réservant leur energie et leur argent pour des combats gagnables, alors je pense que cette initiative passera avec une majorité de 60%.

        Si les alliés de Johann Rochel jugent que cette affaire est essentielle et qu’il faut à tout prix empêcher l’interdiction de la burqa, (ça dépendra des ordres qu’ils recevront du deep Power), alors il ne leur reste plus qu’une seule méthode: celle qu’ils ont utilisée pour voler l’élection aux USA: fraudes massives et truquage du décompte des votes électroniques.

        Ca n’est pas impossible. On sait bien que la fraude est déjà pratiquée en Suisse. Il y en a même eu en Valais contre Freysinger et la justice a étouffé les plaintes.

        https://m.youtube.com/watch?v=A6uQXGsiTpk

          1. La force du deep power, comme autrefois de l’Eglise et de toutes les organisations qui ont entrepris une action de longue haleine pour façonner un esprit public en profondeur dans un certain sens, c’est qu’à un certain point elles finissent par jouir d’une certaine hégémonie dans les esprits. A ce moment là, les ambitieux, les opportunistes, les idéalistes, et toutes sortes de gens sincères, comme vous l’êtes, se font spontanément les agents de ce deep power, de cette Eglise, de cette mouvance: tantôt par idéalisme, tantôt par calcul, tantôt par conformisme, et parfois aussi, bien entendu, parce qu’ils ont été profilé et recrutés puis formés. Ce ne sont donc pas exactement des marionnettes, du moins pas tous ni même la majorité. Beaucoup sont très sincères et pensent avoir pris une orientation de manière tout à fait spontanée sans avoir subi aucune influence. Et pourtant…

            Je ne sais pas dans quelle catégorie il faut vous mettre. Vous vous agitez beaucoup, vous accumulez les diplômes. Vous avez de l’ambition. Vous avez réussi à vous faire mettre sur la liste de ces quelques personnes que la télé invite volontiers pour donner leur avis sur tout et sur rien. Votre créneau c’est “l’éthique”. Quelle éthique? on ne sait pas trop. On n’a pas l’impression que vous allez révolutionner la pensée philosophique qui ne vous avait pas attendu pour produire Kant, Popper et d’autres. Mais c’est dans l’air du temps, tel qu’il est formaté par une multitude de think tanks. Vous mettez la main à la pâte dans toute une série d’actions anti conservatrices et anti souverainistes, anti UDC: Operation Libero, Foraus, Appel citoyen. Vous avez fait partie de l’opération coup de poing contre l’Oscar. Vous êtes très remuant dans la Constituante valaisanne. Etc.

            Je vous observe sans antipathie, plutôt avec amusement. Dans le genre Rastignac progressiste vous n’êtes pas désagréable. Vous avez même de l’humour. Je me demande jusqu’où cela va vous mener. Visiblement il y a beaucoup de gens qui partagent comme vous la pensée et les objectifs du deep power mondial dans nos institutions. Vous ferez sans doute une carrière, mais où ? au DFAE, qui est truffé d’agents du deep power, peut-être, ou alors dans l’administration fédérale, ce nid de gauchistes, ou même dans la politique fédérale. On verra bien.

            Vous savez, la Suisse est un vieux pays. Depuis 1798 on en a eu beaucoup, de ces agents du deep power. Le plus grand était peut-être Jean Capo d’Istria qui lui était un vrai agent du vrai deep power international de l’époque, et un grand homme d’état, mais on a eu aussi Philippe Albert Stapfer, Henri Zschokke, Frédéric César de La Harpe, Augustin Keller, les frères Schnell, et tant d’autres. On en a connu des petits et des grands, et des moyens, des intelligents et des bêtes. Vous vous êtes mis vous même dans cette galerie de portraits, peut-être sans le savoir. Mais vous appartenez à un type humain que nous connaissons bien, depuis longtemps.

            Ces gens là, la Suisse les a toujours digérés à la fin, et parfois ils ont même fait du bon travail. Si je fais une contre révolution populiste réactionnaire illibérale en Suisse, je vous prendrai dans mon gouvernement. Il y a sûrement des tâches qu’on pourrait vous confier et que vous pourriez mener à bien, car vous êtes plein d’énergie.

            On s’entendra très bien, vous verrez.

      1. La raison pour laquelle je m’apprête à voter non est que je crois préférable que la présence musulmane massive soit visible à l’œil nu par nos compatriotes, et non cachée, pour qu’ils prennent conscience du danger que cela représente. Si on interdit la burqa, l’interdiction sera respectée et les bons Suisses ne se rendront pas compte que l’immigration leur vole leur petit pays alpin et chrétien. Donc ils ne réagiront pas. Il faut qu’une réaction se fasse en faveur de notre identité, culturelle et religieuse.

        Accessoirement je suis contre ce genre d’interdiction qui sont mesquines. Et du moment où on aura interdit la burqa on aura des anti chrétiens qui prétendront interdire aux nonnes catholiques de se promener avec le voile.

        Enfin, je constate avec amusement qu’en me faisant un gentil compliment vous esquivez habilement mon argument, qui consiste à vous dire que c’est votre camp idéologique qui sera responsable quand cette initiative sera acceptée, ce qui est certain. Car c’est vous, votre camp, qui avez créé cette ambiance gauchiste, féministe, L.G.B.T.Q.I.J. K.L.M.N.O.P.Q.R.S.T.U.V.W.X.Y.Z. qui fera aboutir l’initiative. Vous ne voulez pas voir les impasses de votre agitation politique et idéologique, alors vous éludez le sujet. C’est typique de votre manière.

          1. Oui, oui, bien sûr. Mais tout de même cet état d’esprit progressiste féministe libéral que vous soutenez, a fait le lit d’une opinion, qui est devenue majoritaire par suite de vos efforts, et qui votera oui à cette initiative. Ce n’est pas votre faute. Vous ne pouviez peut-être pas vous y attendre. Mais parfois il y a de ces effets d’action-réaction incontrôlables. Vous avez déclenché celui-là et vous devriez reconnaître que là vous êtes pris à votre propre piège.

  7. Défendre le droit des femmes de se dissimuler derrière un niqab dans l’espace public, au nom du libéralisme me semble totalement aberrant. Il devrait être évident aux yeux de tous et de vous en particulier, qui vous prétendez « libéral », que le port de ce vêtement est une expression politique et qu’elle est profondément illibérale car submissive et répressive. Il s’agit en effet clairement de déclarer aux autres qui pourraient le regarder, que le corps de la femme est impudique et indirectement que la femme est inférieure à l’homme qui lui peut se balader le visage découvert. Le voile est bel et bien une prison ambulante.
    Par ailleurs, il y a certes très peu de femmes en Suisse qui portent ce vêtement mais croyez-vous qu’il serait (sera) plus facile de l’interdire s’il y en avait (ou quand il y en aura) beaucoup ? Ne voyez-vous pas qu’il est porté comme un défi par des extrémistes pour inciter les autres musulmanes à le porter en leur faisant honte de ne pas le porter ? Vous recommandez l’application du principe « la liberté est bonne pour tous même pour les ennemis de la liberté ». C’est un jeu dangereux qui fait preuve de beaucoup de naïveté. Enfin vis-à-vis des femmes qui en Arabie ou en Iran sont jetées en prison parce qu’elles refusent de le porter le voile, c’est une attitude vraiment cruelle et méprisante.

    1. Cher Monsieur, merci pour ce retour.
      Je crois que j’ai une définition complètement différente de vous du libéralisme. Vous écrivez “que le port de ce vêtement est une expression politique et qu’elle est profondément illibérale car submissive et répressive” – c’est votre interprétation, c’est votre choix et je me demande de quel droit vous souhaitez l’imposer aux autres ? Si j’interdisais tous les symboles qui me paraissent néfastes à moi ou à la société, ne serions-nous pas dans une dictature plus ou moins éclairée ? Le libéralisme, c’est reconnaitre que d’autres ne pensent pas comme moi et leur laisser l’espace de liberté auquel ils ont droit.

      1. Certes mais l’islamisme radical, dont ces femmes se font l’étendard, n’est pas une opinion comme une autre, c’est une agression aux valeurs mêmes que vous dites porter. Une idée n’en vaut pas une autre comme un poids d’un kg en vaut un autre. Les idées ont des conséquences pratiques, ici l’enfermement de la femme et l’affirmation de sa minorité (outre une intransigeance qui dans beaucoup de pays a démontré sa violence). Je pense que dans votre domaine, en particulier, celui de l’éthique, il faudrait savoir “se mouiller” et admettre quelques exceptions à ses grands principes, c’est à dire savoir introduire des nuances dans son raisonnement.

        1. Cher monsieur,
          Ces exceptions comme vous les appelez sont déjà réglés par le code pénal sous le coup des appels à la violence et à la haine. Mais porter un morceau de tissu sur le visage ne suffit pas encore pour qualifier ce comportement d’appel à la haine pouvant conduire à des dangers immédiats. A la différence de mon comportement si je rentre dans une synagogue avec une foule en colère et que je porte un t-shirt où c’est marqué: tuez tous les juifs. La différence me semble tout de même assez claire.

      2. L’erreur est peut-être de vouloir défendre le symbole au nom de la liberté de croyance, sans vouloir prendre une bonne fois le courage de débattre de ce que l’enseignement des religions, la catholique par exemple que l’on connaît bien mieux que l’islamique, enseigne de plus inepte et cruel dans ses injonctions à l’amour de Dieu. Commencer à se poser des questions sur les influences que l’on a subies, sans même être allé au catéchisme, simplement dans le milieu ordinaire où l’on a grandi : l’école en premier, la morale hypocrite qui y était enseignée de manière bien naturelle, bel et bien issue de la religion, pas islamique bien sûr, mais qui baignait de son esprit aimable et attentif les classes, y compris à l’école publique de ces sages années soixante que les ratés du monde enseignant regrettent actuellement. La tolérance invoquée aujourd’hui pourrait être autre chose que de confortables mensonges pour se prétendre humaniste et libéral. Je défends cependant moi aussi la pauvre liberté des adolescentes et jeunes femmes qui souffriraient d’une interdiction de se vêtir selon leur souhait propre, et c’est ce qui me motive à choisir de voter « Non », non aux dégâts collatéraux parce qu’ils pourraient dépasser amplement la cible du « Oui à la dissolution des pratiques humiliantes sans respect pour les femmes musulmanes ». Pauvres femmes qui sont contraintes, et pauvre initiative qui se prévaut de toutes les honorables intentions !

        Qui n’a pas entendu déjà, dans notre pays exemplaire, un prêtre faire part de sa grande bonté à l’occasion d’un drame tuant des innocents, nous offrant sa grande compréhension de la vie sous la lumière que lui apporte Dieu ? Moi oui, après l’accident du car de Sion : « Les enfants sont porteurs de la culpabilité de leurs parents… » Ces paroles ont été très mal accueillies, mais personne n’a osé le faire taire, c’est cela notre tolérance soucieuse de respect et visant au bien-être de chacun. Je voterai « Non » pour protéger le bien-être des femmes (nombreuses ?) qui choisissent volontairement de se voiler sans en souffrir, c’est peut-être dérisoire mais je pense ainsi ne pas viser à côté de ce qui peut être encore positif dans ce déplorable chantier d’opinions lancées comme de lourdes boules de pétanque dans l’eau.

  8. Votre libéralité va-t-elle jusqu’à défendre la liberté de l’individu qui souhaiterait porter une croix gammée sur sa casquette, son veston,… ou son masque ?
    Cette initiative est sans grand intérêt, mais elle a l’art de nous inciter à nous poser de multiples questions intéressantes parce qu’elles titillent nos valeurs dans leurs marges.

    1. Cher monsieur, merci pour votre retour.
      Effectivement, je suis d’accord avec vous. Et le débat que vous mentionnez ici, c’est celui sur les limites de la liberté d’expression. Devrais-je pouvoir dire tout ce que je souhaite ou l’exprimer par des habits/vêtements ? C’est une discussion de très longue date, avec des traditions très différentes (USA vs. Europe). Ce qui me parait important ici: la question de la dangerosité d’une forme d’expression (l’appel à la haine, l’appel au meurtre, …) et son caractère imminent paraissent importants pour interdire une expression/comportement particulier. Dans le cas d’espèce, ces critères ne sont clairement pas remplis.

      1. Je corrige une coquille: Si vous vous vous refusez à interdire la burqa, au nom de la liberté,vous devez nécessairement aussi protéger le droit de deux qui désirent manifester leur adhésion au nazisme, par des insignes ou des drapeaux. Et non par des indignés.

        1. Cher monsieur Martin,
          J’ai répondu à cette question dans un autre commentaire, mais je peux le refaire pour vous.
          Les limites de la liberté d’expression: Ce qui me parait important ici: la question de la dangerosité d’une forme d’expression (l’appel à la haine, l’appel au meurtre, …) et son caractère imminent paraissent importants pour interdire une expression/comportement particulier. Dans le cas d’espèce, ces critères ne sont clairement pas remplis. Porter un morceau de tissu sur le visage ne suffit pas encore pour qualifier ce comportement d’appel à la haine pouvant conduire à des dangers immédiats. A la différence de mon comportement si je rentre dans une synagogue avec une foule en colère et que je porte un t-shirt où c’est marqué: tuez tous les juifs. La différence me semble tout de même assez claire.

  9. En général, porter le nikab relève d’une compétition entre les hommes plutôt, pour montrer le niveau de la religiosité du père, mari, frère, fils ainsi que leurs ascendances sur leurs femmes, couvertes. Ces hommes, comme leurs “femmes” seront contents d’une telle loi en Suisse qui interdit la chose, et vous allez voir qu’ils viendront nombreux passer leurs vacances chez nous, puisqu’une compétition entre eux à ce niveau ne sera plus possible. Je trouve dommage que cette interdiction n’était pas seule dans l’article Constitutionnel. Il fallait que la Suisse, sans se dérober derrière une généralité, montre clairement le chemin à d’autres nations, pour qu’elles osent aussi. Les changements ne se passent pas toujours avec la fleur au fusil. Personnellement j’ai voté non!!!, car je suis très attaché à la liberté sur la voie publique, mais si la votation était spécifiquement contre le nikab, j’aurais voter oui, pour l’interdire. Je connais très bien cette région du monde ( Le Moyen-Orient) et son fonctionnement. Des générations d’hypocrites faussement pieux (les hommes) qui se succèdent et qui agissent avec hypocrisie aussi bien quand l’occasion se présente et surtout quand elle ne se présente pas. A noter que pour les minarets les intitiants ne s’attendaient pas à une telle réussite, ils voulaient juste alarmer l’opinion publique. S’il existe vraiment des femmes qui se couvrent avec une sincère conviction, il serait nécessaire de les soigner. A noter toutefois que l’interdiction serait une grave atteinte aux femmes très âgées qui, par tradition, l’ont faite toute leur vie, et il est injuste de les forcer à changer d’habitude sur le tard, surprises par l’interdiction à leurs arrivées à l’aéroport. Espérant que la police sera bien préparée pour sanctionner seulement les jeunes femmes et de veiller sur les plus âgées.

    1. Chère madame,
      Espérons surtout que cette initiative ne passe pas.
      Sur les témoignages de la vingtaine de Suissesses qui portent le niqab, je vous renvoie à la littérature scientifique (sociologie notamment) qui donne la parole aux femmes qui portent le niqab. Vous verrez que nous sommes très loin des clichés d’oppression. L’auteur de l’étude de référence en Suisse (mis en lien dans mon article) est très clair là-dessus: toutes les femmes en Suisse qui portent le niqab le font de manière volontaire et comme un choix très personnel.

      1. D’après l’étude que vous m’indiquez, j’ai confirmation qu’elles ont besoin de soins psychiatriques, puisqu’elles portent la chose par, je cite; “crainte de fâcher le Seigneur”. Donc, on peut conclure que de leur perspective Dieu est content d’elles mais pas des autres 4 milliards de femmes. Leur délire n’est pas convaincant ! Les auteurs de l’article devraient faire un autre métier, car ils sont mauvais, tendancieux et malhabiles au point des donner des arguments contraires et opposés à leur conclusion.

        1. Chère madame, si croire en Dieu (et avoir peur de ses menaces) demande un soin psychiatrique, alors il y aura du monde à soigner. Il faut accepter que certaines personnes le croient – même si cela parait irrationnel.

  10. Le niqab est une marque d’intégrisme religieux discriminatoire imposée aux femmes par les hommes, c’est un fait social indubitable. Les islamistes radicaux ne sont pas respectueux des opinions des autres, ils ne veulent pas de l’altérité ni de la liberté et de l’égalité, ils n’acceptent pas les autres dans leurs différences même si c’est inoffensif pour eux. Car ils veulent imposer leur religion partout, par la force et la violence s’il le faut. Ils ne s’embarrassent pas de vos questions philosophiques et n’hésitent pas à tuer ceux/celles qui s’opposent à eux. Etes-vous suffisamment en confiance pour les laisser faire dans leurs projets de domination et d’oppression? Le jour où ils seront assez forts, ils n’hésiteront pas à vous couper la tête si vous vous opposez et ne vous soumettez pas. Vous êtes un enfant de choeur, cher Monsieur Rochel, alors que les intégristes sont déterminés et féroces. Ce que pour ma part je trouve très étrange par rapport à ces évidences, c’est d’avoir tant d’aveuglement et de complaisance à leur égard, plutôt que de leur faire savoir très clairement que nous ne voulons pas de leur système ici. En ce sens, cette initiative est utile, quoi que vous en disiez.

    1. Cher monsieur,
      Merci pour votre message.
      – “le fait social indubitable”: Sur les témoignages de la vingtaine de Suissesses qui portent le niqab, je vous renvoie à la littérature scientifique (sociologie notamment) qui donne la parole aux femmes qui portent le niqab. Vous verrez que nous sommes très loin des clichés d’oppression. L’auteur de l’étude de référence en Suisse (mis en lien dans mon article) est très clair là-dessus: toutes les femmes en Suisse qui portent le niqab le font de manière volontaire et comme un choix très personnel.
      – sur mon niveau de confiance et sur ma qualité d’enfant de choeur (je chante très mal), je vous renvoie aux réponses sur ce qu’est être un libéral pour moi.

  11. Cher Johan,
    Merci pour cette nouvelle contribution, comme toujours une tentative d’élever le débat pour en dégager les contradictions, les raccourcis mensongers et les prosélytismes politiques divers. Je t’en suis à chaque fois reconnaissant.
    Nous faisons toutefois face, dans le cas présent, à un drôle de mélimélo politique où une majorité risque bien de se dégager pour des motifs d’acceptation parfaitement dissemblables et sur des valeurs parfois antagonistes. Le comble de la perversion des opinions dans un débat démocratique, par pollution argumentaire entrecroisée !
    J’en tremble déjà quant aux effets collatéraux sur de futurs objets de votation si tant est que les Egerkingenais réussissent à nouveau leur coup. Sur quelles prochaines questions de vie sociale et communautaire ou quels facteurs de distinction ou d’exclusion cette méthode des bananes bleues va-t-elle à nouveau sévir. Tolérera-t-on encore les barbes touffues et mal taillées, les lunettes solaires opaques, les birgenstock portées sans chaussettes ?
    Touchons du bois. Bien à toi.

    1. Cher Olivier, merci pour ton message. D’accord avec l’analyse…d’où l’importance de tenter de clarifier le débat et surtout de se battre. Il y a 5 ans, nous serions partis perdants et nous n’aurions même pas tenté le combat contre cette initiative. Aujourd’hui, les initiatives UDC ont subi plusieurs défaites majeures. Tentons d’en faire de même avec le comité d’Egerkingen.

  12. L’ennui dans ces débats relatifs à l’initiative est (qu’involontairement ?) l’on s’adapte aux techniques des initiateurs qui espèrent créer la confusion pour mieux remporter leur affaire, ou alors on ne se soucie pas de désigner de manière inappropriée le Niqab en place de la Burqa. Cela n’aurait-il pas d’importance ? Apparemment non, puisque l’en-tête de l’initiative est « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage », et que la formule sans cesse reprise est « Non à la Burqa ». Je croyais d’abord, à force de l’entendre, que cette dernière expression était celle des initiateurs. Mais non, les opposants l’emploient tout aussi fréquemment ! Ainsi, pour avoir plus d’impact sur le plan émotif, c’est l’image de la Burqa qui est lancée. Qu’on ne me dise pas que je cherche la paille dans ce genre de discussions où les coups de poutres pleuvent, je ne désire pas m’adapter pour avoir plus de poids.
    Quelques points que je me permettrai d’ajouter :
    – Voile, hidjab, niqab, burqa, ne sont pas tous à mettre dans le même panier à lessiver, à moins que l’on s’en fiche de ce que cette votation peut signifier ou impliquer pour les femmes musulmanes, y compris celles qui se vêtissent à l’occidentale croyez-le bien. Ces vêtements ne sont pas choisis par celles qui les portent comme au rayon de jeans, au gré de ses désirs de fantaisie ou de la mode du moment. Il est possible de questionner les femmes musulmanes pour s’instruire et ne pas voter idiot, comme je l’ai fait, sans être spécialiste de la connaissance de l’âme islamique ou chrétienne, ou posséder un diplôme en sciences humaines. Pour cela il suffit de s’intéresser aux autres.
    – Le titre de l’initiative est large dans la désignation des vêtements concernés par « une dissimulation du visage », dès lors il n’est pas indiqué à mon avis de parler d’initiative « anti-burqa » puisque cela touche toutes les tenues proches ou inspirées par la culture et la religion musulmane. Voter oui ce sera voter contre la liberté d’un grand nombre de femmes qui, si elles veulent mettre un voile ou un foulard seront désignées coupable, pendant qu’une autre qui ne va jamais à l’église porte un petit crucifix au bout d’une chaînette.
    – Il faudrait cesser de vouloir s’offrir une vertu en consacrant ses forces à la recherche de la bête noire, ou pour les plus faibles qui visent ces valeurs trop hautes, se regarder une bonne fois de près, et tenir un petit cahier de ce qu’ils pourraient entreprendre de tout simple pour évoluer hors de leur solitude et leurs rêves de grandeur.
    – Il est possible d’aller voter sans bénéficier d’un haut niveau intellectuel, bien heureusement puisque le résultat de cette votation invitera tout le monde à vivre intelligemment ensemble, y compris les experts en hypocrisie et charité gratuite, les conscients en impératifs de sécurité, et les imbéciles qui croient que le monde pourra devenir meilleur. Mais soyons optimistes, voter à visage caché ne dissimule pas de mauvaises intentions, c’est seulement une nécessité pour se sentir libre d’exprimer et faire valoir ses choix.

    Et pour terminer bien dans le sujet, sans songer a priori à une intention de déformer la réalité, le nombre annoncé de 20 à 30 femmes qui porteraient le niqab en Suisse est impossible. Ou alors le tiers d’entre elles se sont donné rendez-vous l’été dernier pour aller se promener au bord du lac à Ouchy le dimanche… Ah il s’agirait de la Burqa ? Une simple faute de frappe ? Sans importance, puisque dans un cas comme dans l’autre c’est insupportable à voir, nous remercierons l’université de Berne ou le journaliste de nous conditionner positivement avant d’aller voter.

    1. Cher monsieur,
      – malgré une formulation neutre (à la différence de celle sur les minarets, ils ont appris), l’initiative vise clairement une seule communauté, et dans cette communauté, la vingtaine de femmes qui portent le niqab. Il n’y a pas de burqa en Suisse (seulement en Afganistan). Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la campagne des initiants…
      – il y a entre 20 et 30 femmes résidents qui portent le niqab. Les touristes sont bien sûr exclues de ce décompte.

      1. Merci pour votre information, je retire mes propos peu agréables à l’attention de l’université de Lucerne, et même des journalistes dans ce cas précis, mais suis d’avis que le nombre moyen de porteuses de Niqab en vacances aurait dû être ajouté aux 20 à 30 résidentes, parce que l’initiative ne les exempte pas de la mesure d’interdiction. La rectification que vous m’apportez me consolide d’autant plus pour voter « Non », et je mesure maintenant combien cette initiative est ridicule de s’acharner contre 20 à 30 femmes en Niqab ! Et l’université de Lucerne et les journalistes, que j’ai trop vite acquittés, usent-ils des techniques de l’UDC en sens inverse ? Soit fournir un nombre où les touristes sont « bien sûr » exclues du décompte. Les touristes, à mon avis, ne sont pas « bien sûr » à écarter du problème tel que les initiateurs l’évoquent (et que je nie) : dangerosité, perturbations du bon climat social, hygiène dans les piscines, etc. Et permettez-moi , sans que ce soit vraiment dans le sujet, de faire part combien je me sens attiré par les femmes de religion et culture qui dissone avec les nôtres : je connais le deux dixième de toutes les porteuses de Niqab en Suisse ! À moins qu’elles aussi ne soient pas incluses dans le décompte, étant d’origine 100 % suisse…

  13. Cher Monsieur Rochel,

    Je voterai OUI à cette initiative. Je veux également préciser que je suis musulman.
    Ce n’est pas cette initiative qui discrédite les musulmans, mais la burqa qui discrédite les musulmans. Effectivement ces fanatiques (adepte d’un Islam obscur) font peur auprès de la population et salissent la religion. Allah n’a jamais demandé que les femmes se cachent.
    Les musulmans qui osent prendre position contre cette initiative sont insultés, voire menacés. A ce propos vous pouvez lire l’article du journal le Temps concernant l’Imam Mustafa Memeti qui est contre la burqa. Ce dernier et sa famille ont reçu menaces et insultes.
    Je ne pense pas que ce Monsieur peut être accusé d’Islamophobie.
    Que Dieu bénisse cet homme.
    Voter OUI c’est préserver la liberté et surtout la dignité des musulmans. C’est aussi montrer que notre religion est éclairée. La burqa c’est le drapeaux de Daesch.
    Je peux comprendre votre pensé mais sachez qu’en vous opposant à cette initiative vous faites du tort aux musulmans.
    Article temps http://www.letemps.ch/suisse/mustafa-memeti-limam-contre-burqa-nom-lislam
    P.S Sachez que j’écris avec un pseudonyme pour préserver ma sécurité et de ma famille.

    1. Bonjour, merci pour ce retour.
      – votre appartenance ou non à une confession spécifique ne change rien au débat, qui est à mes yeux un débat de droits fondamentaux. Le fait de savoir ce que pense l’islam du niqab n’est pas pertinent pour la discussion. Le fait est qu’une vingtaine de femmes souhaite porter ce morceau de tissu et que l’initiative veut l’interdire.
      – les gens de confession musulmane peuvent bien sûr engager des débats sur l’interprétation de leur foi et en débattre, mais ce n’est pas ce qui est en jeu ici.
      – mon engagement contre cette initiative n’a aucun lien avec les musulmans, mais avec la défense des droits fondamentaux d’une minorité. Si, une fois, la majorité souhaite me supprimer l’un des mes droits, j’espère que des gens se mobiliseront.

      1. Le port de a burqa n’est pas un droit mais c’est une contrainte faite par des islamistes extrémistes.
        Il n’y a pas de droits fondamentaux dans le port d’un vêtement qui punit la femme.
        Tiendrez vous le même discours pour l’excision. !?
        Votre position ne vous honore pas mais comme dit le proverbe il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre et plus aveugle que celui qui ne veut pas voir,

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