Balades sonores

Au printemps dernier, jusqu’à ce week-end d’octobre, vous auriez pu voir déambuler autour du MEG – Musée d’ethnographie de Genève, un groupe de marcheureuses, yeux fermés et oreilles grandes ouvertes.

Sous la houlette de Céline Hänni, facétieuse et talentueuse musicienne, iels ont exploré leurs voix pour rossignoler, chuinter, fredonner, grésiller…

Morceaux choisis

Des temps d’écoute
Des balades sonores
La bioacoustique
Biodiversité à travers la trame sonore pour ouvrir l’atelier
Claudine Nougaret, la compagne de Raymond Depardon,
Lui à l’image
Elle au son
Elle assimile l’écoute à la pratique instrumentale
Les sons du quotidien peuvent devenir musique
Pour vous, écouter et entendre c’est différent ?
J’ai entendu dire
Tu vois ce que j’entends
Entendre ça nous arrive dessus de toutes façons
L’écoute requiert une intention
Voir une attention
S’il y a une périodicité on aura une fréquence
Sinon on aura une onde apériodique
Avant de vous entendre j’aurais dit le bruit et le son c’est pareil
L’écoute est subjective
Le bruit on l’ajoute
Quand t’as une image tu mets du son
Un joli bruit
Dans mon métier de réalisatrice
Du bruit c’est du son
Moi dans mon métier avec les enfants
J’ai beaucoup de bruits mais peu de sons
Il n’y a pas de réponse juste ou fausse

Chaque personne a son rythme
Lâche
Expire
Baille

Pour réveiller le corps on va faire des petits tapotis
Sur le corps
Sur le visage
Tout doux
Soyez sympa avec vous
Gorge ouverte
Comme on respire un parfum
Et le silence ?
La réflexion
Des silences énervés
Un appel ?
Quand j’étais gamine on appelait les cygnes
Bouri bouri bouri
Je suis partie très bas
Alors je suis descendue à la cave
Écoutons ce duo de voix en tuilage
Ce timbre très nasal
Landscape sound
Soundscape
Quelles sont les empreintes sonores dans le paysage
L’écoute, c’est une forme du toucher
L’écoute profonde active
On va faire un temps de mise en corps
Être une grande éponge qui capte les sons
Quand tu as dit écoutez et que j’avais les yeux fermés
Mon regard s’est tourné vers l’intérieur
Vers mes globules rouges
Je vous propose un voyage écologique et économique
Partons en Guyane, à Bali, puis nous monterons à l’alpage
Dans l’écoute
Le premier voyage sonore c’était un vrai tableau
J’avais l’impression que c’était presque composé
Je me sentais à l’intérieur
Il y a certainement aussi la mobilité qui engendre la variété
Comment porter attention au monde qui nous entoure

Voilà un enregistrement au cylindre de cire
C’est incroyable ce bourdon du cylindre qui fait partie du voyage
Les rouleaux de cire une fois enregistrés
On pouvait les raboter et enregistrer à nouveau
C’est un tout
On reçoit la voix et ce bourdon
Au début on essaye de les dissocier
Mais finalement on les écoute ensemble
À l’époque, les voix de femmes étaient enregistrées avec des outils adaptés aux voix masculines
Il se trouve que c’est une majorité d’hommes qui a travaillé sur ces outils
Qui a posé des fréquences qui n’étaient pas destinées aux aigus
C’est ancré sur une histoire politique
On va sortir écouter la bande sonore autour du musée
Observer avec les oreilles
J’ai l’impression d’avoir monté le volume
Est-ce qu’il y a réellement plus d’oiseaux ?
Sur ce papier vous pouvez écrire tous les sons que vous entendez
C’est comment pour vous ?
Riche
Moi ça m’a stressée
J’étais moins dans l’émotion
Saisir une chose alors qu’il y a une multitude de sons
Passer des oiseaux à la route puis à la cour de l’école
Ça a spatialisé mon écoute
Moi c’était plutôt une chose après l’autre
Les cloches puis les enfants qui arrivaient par moment
Comme des vagues
Avec des onomatopées
J’avais pas envie d’écrire ding dong
Pas non plus d’envie d’écrire cloche
C’était tellement pauvre par rapport à ce que j’entendais
Moi j’ai mis le cui cui en refrain
Mais je trouvais que la feuille était un peu petite
C’est plutôt une feuille pour une liste
On s’adapte
L’avantage de ce petit carnet
C’est qu’il n’est pas intimidant
Là on a expérimenté l’écoute immobile
Maintenant on va expérimenter ce qui se passe quand le corps est en mouvement
Une personne donne le bras à une autre pour la guider
Ferme les yeux et laisse-toi guider
J’ai ouvert différemment les antennes
Même les choses les plus simples ont un son
Toucher ma peau
Chacun-e-x a son identité vocale
La voix c’est le présent à l’état pur

L’écoute politique vers qui on tend l’oreille
Conserver la voix
L’enregistrer
Pas forcément des gens morts
Des voix qui ont déménagé
C’est riche
Ça relie plus au vivant qu’une image
Parce que les photos on en a depuis longtemps
Ça fait pas cet effet-là
J’ai encore quelques vieilles cassettes que j’ai enregistrées
J’ai l’impression que ça me remet dans tout le déroulement d’un moment de vie
Cette démarche d’enregistrer, d’archiver
C’est très absorbant
Ça positionne en observateurice
Ça ouvre et ça ferme en fait
Je suis plus attentive si j’enregistre
Je cherche des voix qui ont des gueules
Disait Yann Paranthoën
Le micro et le casque
C’est comme un microscope sonore
Marcher sur des feuilles sèches en forêt
Ça devient une symphonie
Intervient la problématique de la technicité
Qu’est-ce qui fait que la photo a pris le dessus sur le son
Ah, je ne vous imaginais pas bouger autant
La manière de s’exprimer
C’est comme la manière de s’habiller
Il y a des gens capables de développer une élocution construite
Qui coule de façon très articulée
Les voix d’Arte ne sont pas les mêmes que celles d’M6
C’est très sociologique
Et le débit
Certaines radios françaises je les coupe
Elles vont trop vite pour moi
Quelles sont les voix qu’on peut entendre dans l’espace public ?
Touxtes ensemble
Au début on entend sa propre voix
Puis on se perd dans le collectif
Puis on se retrouve
C’est comme une conversation
Écoutons ces clameurs guerrières
Guérisseuses ?
J’ai cru que tu parlais de clameurs qui guérissent
Écoutons une très belle archive de comptine
Elles disent rataplam
Parce que nous on disait ratatam
Il y a des consonnes qui se sont perdues en route
Vous pouvez mettre Diego Carpitella dans un moteur de recherche
Et c’est Wahou !
C’est dingue
C’est une mesure irrégulière
C’est pas carré
D’habitude ça va pas par quatre les comptines
Et les chants de travail
L’évolution des sociétés
Est-ce qu’aujourd’hui il y a des hommes sur les chantiers qui chantent collectivement ?
Des chants de travail en Suisse
À l’open space ou à la photocopieuse
On chante peut-être après le travail
On travaille avec nos écouteurs
Nos playlists
On se questionne
De manière générale le chant collectif a disparu
Restent les chansons
Parfois dans une fête, une manif
Avec la pandémie, on s’est rendu compte que le territoire est couvert de chorales
Cette envie de se rassembler par le chant est très forte
Porter le chant dans l’espace public
Moi je le vois à la ZAD
Il y a plein de gens qui chantent pour le plaisir
Ou pour revendiquer des choses
Parce que ça crée un lien très fort
Et ça je ne l’imaginais pas
Il y a aussi les mélopées des street calls
Shoe shine
Les années quarante
Ce dont je me souviens quand j’étais petite
Chez ma grand-mère
Dans un petit village
Il y avait des gitans qui venaient une fois dans l’année pour aiguiser les couteaux
Ils chantaient pour prévenir les femmes de leur présence
En les entendant chanter
Elles savaient qu’il fallait préparer les couteaux pour leur apporter
Comme vous êtes fortxes
On va faire un double choeur
Maintenant l’idée c’est de nourrir l’unisson
Avec une voix cartoon
Ou en lyrique
Et tu mets plus de nez
En lyrique on va gommer les imperfections du passage dans les glissés
Ça peut être très beau de sortir de l’harmonie
Puis d’y revenir

 

 

Découvrir les chorales de Céline Hänni
https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/le-chant-4-5-soulever-les-foules-25045241.html
Site du MEG
https://www.ville-ge.ch/meg/

 

Joëlle Gagliardini

Joëlle Gagliardini enseigne aujourd'hui le dessin et l'illustration de mode à la HEAD - Genève. Illustratrice du réel, elle s'installe dans les théâtres et les jardins, pour saisir les images et les mots des habitant.e.s de ces territoires vivants.

2 réponses à “Balades sonores

  1. Ici en tout cas le désir de vivre et d’exister n’est pas freiné par les masques, et les visages dessinés ne perdent en rien de leurs expressions. C’est très positif, ce théâtre contient vraiment la vie, longtemps j’ai cru que le théâtre ne faisait que la jouer…

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