Ce vendredi 20 septembre, le théâtre Am Stram Gram déploiera sa saison.
En mai dernier, cinq membres de l’équipe et cinq compagnon.e.s pensaient, imaginaient collectivement la soirée à venir.
Amélie van Berchem, 19 ans
Ariane Catton Balabeau, 44 ans
Aurélie Lagille, 39 ans
Émilie Dérian, 34 ans
Fabrice Melquiot, 47 ans
Isaline Juvet, 12 ans
Laurent Schefer, 15 ans
Lorène Dupanloup, 14 ans
Mariama Sylla, 47 ans
Zoé Adatte, 13 ans
Morceaux choisis
Des idées sur papier
Après on les parle
C’est dommage si c’est pauvre rapidement
Alors que nos échanges ils ne sont pas pauvres
Même en déconnant c’est un concept qu’on cherche
L’identité de la soirée
L’idée d’un groupe constitué qui porte un regard critique
Ça viendra
C’est nous dix choisissant des spectacles
Confiance
Vous pouvez faire avec Amélie à New York
Des Skype
Des WhatsApp
Des lettres
Des lettres !
Des télégrammes
Ma mère elle a une Appli télégramme
Dès le moment où t’as plus de quatre-vingts contacts
C’est hyper facile de faire du réseau
T’as jamais fait de story WhatsApp toi ?
On est obsolète
Aidez-nous les chouchous
Les 5
Le club des 5
Début octobre t’es où
New York bonjour
Je sais que ce soir il y a un super spectacle à Am Stram Gram à Genève
Un Instagram je sais pas
Un bout de Shakespeare
Les Cinq compagnon.ne.s deviennent les cinq youtubeur.euse.s
Qu’on aille dehors plutôt que ça revienne dedans
Tu peux faire draw my life
Draw my show
Draw ma daire
Mais c’est du taf ces vidéos
Vous êtes largué.e.s complet
Y a un truc qui s’appelle le cinéma qu’a un peu originé tout ça
Tu veux nous faire découvrir Youtube
On va te faire découvrir Philippe de Dieuleveult
Je ne sais pas si vous savez mais vendredi
Y a un épisode de la carte aux trésors
Vintage ?
Ils sont cirque
Et bien cirque
L’enjeu c’est de tout faire en direct
Avec les téléphones portables je pense que c’est possible
Ça va être un gros bazar
Faut que les commerçant.e.s jouent le jeu
Ce sera le soir
Faut que le scénario soit écrit ce printemps
Y en a qui se sentent d’écrire un scénario
Moi ! Moi !
En fait vous créez une forme
Un moule
Vous connaissez Christiane et Viviane ?
Non
Tous les trois
Vous vous sentez d’écrire l’intégralité de l’ouverture de saison ?
C’est une énorme responsabilité les ami.e.s
Vous avez en gros un mois pour faire le truc
http://www.amstramgram.ch/#ouverture-de-saison-3
Merci pour cette rencontre heureuse de tous les âges dans un rêve partagé !
Entre l’âge de sept et vingt-cinq ans, j’adorais « faire des scènes de théâtre » dans des lieux ordinaires, sans prévenir personne : Épicerie, boulangerie, pharmacie, ou la rue… Je me déguisais en vieille dame prenant beaucoup de place avec son chariot à roulettes, jeune femme chic qui marche tout droit en faisant flotter avec arrogance son long foulard sous le nez des gens, homme vêtu d’un gros manteau des années quarante qui arrive avec une grosse valise… Le scénario de départ était minimum, mon rôle prenait vie face aux réactions des gens : Comme vrai, dans le vrai. Mes copains passaient par là l’air de rien, devenaient tout rouges en se retenant de rire, les plus craintifs allaient se cacher… Est-ce que c’était vraiment des « blagues » ? Oui, puisque après, nous prenions tous la fuite en riant… Mais pour moi le rôle était toujours sérieux, j’étais la vieille dame en trop, la jeune femme qui a la folie des grandeurs, le voyageur qui vient de nulle part. L’envie de rire me gagnait seulement après le « spectacle »… Parfois mes complices prenaient des photos, pour faire une bande dessinée en direct que nous affichions sur les murs de classe au gymnase. Tout le monde était photographié : avant la scène au moment des préparatifs, quand on se réjouissait, puis avec les acteurs malgré eux, et ensuite quand on revenait dans la réalité en riant comme des fous. La « bande photos » qui m’est le plus restée en mémoire, il y a cinquante ans de cela ; Les acteurs malgré eux : un directeur d’école âgé, distingué et galant, qui ouvrait la portière de sa voiture à sa secrétaire le samedi à midi. Les « vrais » acteurs : une jeune femme extravagante en fourrure, munie d’un gros appareil de photo, suivie d’un « vrai photographe normal ». Seul ingrédient de départ pour qu’il y ait quand même un sujet : une pomme de terre coincée dans le pot d’échappement… BOUM !.. Notre bande photo avait eu un grand succès en classe, nos professeurs la découvraient tous curieux : « Qui est ce monsieur et ces deux dames ?.. C’est un reportage ou… On pourrait croire un extrait de film de Tati… Des personnes excentriques qui se croisent et se suivent en ne sachant plus où elles veulent aller ! » On donnait des explications en riant, et ils comprenaient encore moins cette « histoire réelle ».
À cette époque et à l’âge que j’avais, j’aurais tout de suite voulu venir à votre théâtre !
Merci beaucoup pour ce souvenir !
Ce théâtre, c’est celui de Fabrice Melquiot, mené avec une équipe extraordinaire et de jeunes gens totalement libres de tout imaginer, libres comme nulle part ailleurs. Je me glisse auprès d’elles.eux dès que possible, pour vous transmettre leur créativité.
Vous savez que ce théâtre propose un atelier intergénérationnel et que vous pourriez encore coincer des patates dans un pot d’échappement ?
Au plaisir de vous rencontrer un jour au théâtre…
Merci Madame de m’accueillir si bien, moi qui ai mis tant de temps à grandir pour me rendre compte à 67 ans que… je ne suis peut-être pas encore complètement adulte, bien qu’à douze ans je lisais en cachette « Connaître votre enfant » pour tenter de savoir : « Comment c’est un enfant comme les autres, avec une mère comme les autres ?.. Est-ce que je voudrais être cet autre enfant ?.. » Ce n’est que bien plus tard que je pouvais répondre à mes amis en riant : « Ah ma mère était une artiste ! » Et ils me disaient : « Comme toi !.. »
Pour les scènes que je suscitais à mon jeune âge, je me suis demandé comment le public réagirait, ou réagit aujourd’hui avec le théâtre de Fabrice Melquiot (que je me réjouis de connaître). Il y a un climat de crainte, les gens « s’attendent à tout », peut-être avec raison. Même les batailles de boules de neige passent parfois mal… Si j’avais un fils, j’aurais peur pour lui qu’il joue à Zorro dans la rue avec un faux sabre, ou lance un pétard. Et une fille qu’elle se déguise en Lara Croft. Est-ce que je me trompe ?..