Couvre-feu, Pare-feu, Contre-feu : Les solutions de l’homme des cavernes à l’homme confiné…
Outre la fascination des Hommes pour l’élément feu tant pour sa flamboyance que pour ses capacités destructrices, son utilisation martiale dans son aspect offensif – au sens du Sun Tzu – porte avant tout sur la capacité de cet élément à agir émotionnellement : à détourner ou à fixer l’attention ; à créer la confusion, l’effroi ou à favoriser une dispersion. De tous les éléments, il est le plus destructeur pour l’humanité car, contrairement aux autres éléments naturels, il provoque des destructions massives souvent irréversibles.
Dans le cadre d’une guerre totale, et de tous les temps, le feu ravageur a été utilisé non seulement comme arme de destruction mais surtout comme moyen tactique de diversion et de confusion. Outre la fascination qu’il opère sur le genre humain, il est le seul élément naturel à posséder le pouvoir d’éradiquer les traces historiques d’une civilisation. Que celui-ci soit utilisé pour conduire un autodafé, réduire une ville avec ses habitants et ses ressources en cendre ou brûler les ‘impies’ par le bûcher, l’attaque par le feu est un procédé d’effacement irréversible. (Source : Décryptage stratégique de la pensée Sun Tzu – Chapitre XII, p. 262)
Un peu d’histoire : Couvre-feux défensifs et offensifs
De tous les recueils et études historiographiques connues, l’origine la plus probable de mesures de couvre-feu remonterait à l’Europe du XIe siècle en tant que mesure préventive contre tout départ d’incendie nocturne. Des cloches signalaient alors le couvre-feu à la tombée de la nuit, indiquant aux populations de recouvrir les foyers en les isolant d’un ustensile de cuivre ou de terre cuite ou d’un couvercle en fonte ou en fer afin de circonscrire les risques d’incendie et de propagation – chaumières et habitations de l’époque étant de parfaits ‘combustibles’ à base de bois et de paille.
La tradition de la cloche de couvre-feu subsiste dans quelques rares villes de France, notamment à Pont-Audemer en Normandie ou à Strasbourg où la Zehnerglock de la cathédrale sonne tous les soirs après 22h00.
Pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs couvre-feux sont décrétés durant l’occupation afin de contenir les mouvements de la population et contrôler la sédition dans une doctrine à but contre-insurrectionnelle. Outre ses aspects astreignants voire coercitifs, la consigne dite « d’extinction des feux » était aussi pratiqué afin de masquer toutes sources de lumière dans le but de désorienter le repérage et le ciblage d’objectifs tactiques par les bombardiers ennemis.
Depuis 1945, cette mesure a été fréquemment utilisée de par le monde dans le cadre exceptionnel dit « d’état d’urgence » pour isoler, protéger ou diminuer toutes formes de risques majeurs pour les Nations. Plus récemment, l’utilisation du terme a depuis encore été élargie dans le cadre de politiques de force majeure ou d’état d’urgence en limitant la circulation nocturne de la population afin d’en assurer la sécurité ou limiter la propagation d’une menace épidémique, bactériologique ou chimique.
Si son aspect défensif est reconnu malgré les désagréments qu’il produit pour les populations assujetties aux restrictions imposées, qu’en est-il des stratégies de pare-feux et de contre-feux ?
Pare-feux et contre-feux : définitions et solutions
Un pare-feu est une barrière protectrice. Visible, car de nature ‘physique’, son rôle n’est pas seulement de protéger ses initiateurs, mais de montrer aux adversaires – dans un cadre martial – l’existence de capacités défensives accrues. Un mur, une enceinte, un château, un fort ou une ‘ligne’ sont des frontières architecturales de nature défensives. Mais pour parer un ‘feu’ (= un adversaire) dans un contexte civil, encore faut-il pouvoir l’identifier sous une forme visible et en connaître les desseins. Qu’il soit physique ou logique, le pare-feu n’est efficace que s’il possède la connaissance de la nature génétique de l’adversité : ses armes et son mode opératoire -en d’autres termes plus ‘prophylactiques’ : soit une bulle d’isolement étanche (prévention) ou un vaccin (curation)… Solution isolée qui reste parfaitement inefficace contre un occupant invisible, omniprésent et immatériel.
Le contre-feu, lui, est de toutes les stratégies – de celles qui incarnent le mieux, la politique de la terre brûlée ou de la diversion. Pour empêcher une propagation incontrôlée devenue incontrôlable, le stratège isole les sources potentielles de combustibles en créant des espaces artificiels pour circonscrire le feu sur des parcelles réduites. La stratégie consiste alors à baliser le terrain de vastes allées et zones aménagées pour empêcher la propagation par contact : une forme de no man’s land défensif et incapacitant. Le contre-feu est aussi une arme politique de diversion largement abordé dans le Sun Tzu mais dont l’utilité face à une pandémie reste à la marge, sauf dans un seul cas, s’il est avéré qu’un ‘contre-virus’ peut l’annihiler…
Alors, le couvre-feu est-il aussi efficace que le pare-feu ou le contre-feu ?
La synthèse de deux stratégies : Confinement et contre-feu (coupe-feu)
Depuis le mois de mars, l’humanité a eu l’opportunité d’observer l’adversaire et d’en découvrir le modus operandi, la vitesse de propagation et ses profils de cibles les plus fragiles (voir l’article ‘mutations’ du 19 avril 2020).
À défaut d’une source d’eau pour éteindre le feu – douce métaphore prophylactique à la découverte d’une hypothétique vaccination – c’est dans la combinaison de deux facteurs aujourd’hui démontrés qu’une autre solution bien plus efficace aurait-été salvatrice pour la santé des plus fragiles mais aussi de nos économies :
Identifier les plus fragiles – La force des uns n’étant que la faiblesse des autres : Quels sont les profils cibles dont les immunités sont les plus fragiles aux attaques ?
Réponse : ni le sexe, ni la génétique mais les tranches d’âge. On le savait… Mais l’avons nous compris ? Selon les dernières statistiques de Santé Publique France du 15 octobre,
- 92 % des cas létaux étaient âgés de 65 ans ou plus.
- L’age médian des décès est de 84 ans (dont 55 % Hommes – 45 % Femmes)
- 66 % des décès sont associés à une comorbidité ( principalement hypertension et pathologie cardiaque)
- La répartition précise des personnes décédées en fonction de l’âge du 1er mars au 12 octobre (avec ou sans comorbidité) : 0-14 ans : 0 % ; 14-44 ans : 1 % ; 45-64 ans : 9 % ; 65-74 ans : 15 % ; et 75 % pour les 75 ans et plus …
Une solution : la combinaison d’une stratégie verticale d’isolement – non par région ou lieux publiques – mais par tranche d’âge et profils économiques !
En synthèse de ce dernier rapport*, il en ressort la solution suivante :
1 – Contre-feu préventif – 45-64 ans (actifs économiques) : Une politique de dépistage prioritaire de la tranche médiane des 45-64 ans – dite des ‘actifs économiques’ – par test sanguin afin d’identifier et de les informer de leur état immunitaire : pour eux-mêmes et leurs familles.
Cette tranche d’âge est touchée par la létalité dans 9 % des patients hospitalisés. En réglant la priorité de dépistage sur cette génération d’âge (généralement cadres, dirigeants) on évite la dispersion budgétaire et on rétablit rapidement l’ordre et la confiance dans les entreprises. Mathématiquement, en priorisant cette tranche d’âge, on réactive de manière efficace 100% de l’activité économique pour plus de 90 % de la population.
2 – Confinement partiel et évitements inter-générationnels : 65 ans à 75 et plus
Un isolement prioritaire circonscrit aux plus âgés – 65 à 75 ans – Retraités dit ‘non-actifs’.
Aujourd’hui mieux informés, l’identification des personnes les plus fragiles au virus est clairement établi. Avec 90 % de létalité constatée au plan mondial touchant ces catégories, une deuxième phase de dépistage pourrait être envisagée en parallèle des 45-64 ans. L’évitement inter-générationnel dans les activités quotidiennes serait alors le plus approprié…
3 – Le contre-feu prophylactique – 0 à 45 ans – Seule obligation de dépistage pour les moins de 45 ans : uniquement dans le cadre de risques de santé ou de visites ou réunions familiales auprès des plus de 65 ans. Aucune restriction économique ni activité sociale intra-générationnelle ne doivent leur être interdite.
En conclusion
Si la prévention n’empêche pas le danger, rien n’est plus incohérent que d’imposer à une majorité active des mesures globales dont les premiers bénéficiaires en urgence seraient écartées : nos plus de 65 ans. La stratégie de confinement et de couvre-feu adaptée a eu une efficacité démontrée dans le passé sur la base de notre ignorance d’un adversaire inconnu. Cela n’est plus le cas aujourd’hui, mais visiblement certains politiques semblent ne pas avoir les mêmes éléments d’analyse – par déni ou par craintes électorales…
La question prégnante à laquelle il faudra s’atteler très rapidement, est celle de la troisième vague – un tsunami économique – bien plus dangereux et mortifère pour le monde et générée – non pas par un virus – mais par l’absence totale d’anticipation stratégique… Une nouvelle catastrophe bien humaine cette fois-ci.
A méditer (rapidement) avec discernement…
En vous remerciant pour votre attention et pour aller plus loin : Lien : Le document de Santé Publique France avec l’ensemble des statistiques au 15 octobre 2020
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