Vingt citations essentielles du Sun Tzu pour les dirigeants stratèges
Profitons de ce court répit hivernal pour méditer autrement sur ces quelques citations suivantes.
La puissance financière seule ne garanti pas le succès, car pour autant que certains espaces économiques peuvent se réduire drastiquement et conduire les protagonistes à user de la force et de moyens démesurés, ces derniers pourraient bien être symptomatiques d’un aveu d’échec par impréparation, mais aussi une bataille inappropriée engagée sous le coup de la colère et de l’orgueil.
“Dans la guerre, le nombre seul ne procure aucun avantage. N’avancez pas en vous reposant exclusivement sur la puissance militaire“.
Au regard des adversités économiques, les préceptes suivants se transcrivent assez aisément en ressources financières et humaines ; innovations technologiques ; management et gouvernance ; marketing, communication et déploiement commercial. Il suffit d’y poser un œil critique et un certain bon sens.
I – La base de tout : Le renseignement et la cartographie des menaces
Pour Sun Tzu, tout est dans la préparation, la coordination et la qualité des renseignements économiques recueillis : “Qui connaît l’autre et se connaît lui-même, peut livrer cent batailles sans jamais être en péril. Qui ne connaît pas l’autre mais se connaît lui-même, pour chaque victoire, connaîtra une défaite. Qui ne connaît ni l’autre ni lui-même, perdra inéluctablement toutes les batailles.“
Percevoir le concurrent identifié comme un ou ‘seul‘ adversaire peut s‘avérer trompeur quand d‘aucuns agît en méconnaissance des facteurs clés que sont : la doctrine (le modèle économique) , le temps (l‘agenda des actions) , l’espace (le secteur d‘activité et ses acteurs) , le commandement (le management) , la discipline (la coordination et la préparation).
Que ce soit sur le plan des affaires, de la diplomatie ou de l’influence, il s’agît ici surtout de mieux savoir pour mieux agir…
Quelques citations :
« Un prince avisé et un brillant capitaine sortent toujours victorieux de leurs campagnes et se couvrent d’une gloire qui éclipse leurs rivaux grâce à leur capacité de prévision. Or la prévision ne vient ni des esprits ni des dieux ; elle n’est pas tirée de l’analogie avec le passé pas plus qu’elle n’est le fruit des conjectures. Elle provient uniquement des renseignements obtenus auprès de ceux qui connaissent la situation de l’adversaire . »
« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. »
« Tout le succès d’une opération réside dans sa préparation. »
« Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’ennemi sera victorieux une fois sur deux. Que dire de ceux qui ne se connaissent pas plus que leurs ennemis ? »
« Connaissez l’ennemi et connaissez-vous vous-même ; en cent batailles vous ne courrez jamais aucun danger. »
« Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. »
« Sois subtil jusqu’à l’invisible; sois mystérieux jusqu’à l’inaudible; alors tu pourras maîtriser le destin de tes adversaires. »
« Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles. »
« Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peut conclure d’alliance. »
« Impalpable et immatériel, l’expert ne laisse pas de trace ; mystérieux comme une divinité, il est inaudible. C’est ainsi qu’il met l’ennemi à sa merci. »
II – Préparation et Protection du cœur de sa citadelle
La protection des entreprises consiste à préserver et sécuriser son patrimoine. Il s’agît ici non seulement de veiller à ses actifs matériels, mais surtout à identifier et comprendre l’ensemble de ses actifs immatériels dont la valeur financière ‘invisible’ représente jusqu’à 75 % de la richesse d’une entreprise.
Selon les différentes interprétations comptables internationales, le capital immatériel – aussi appelé ‘actifs intangibles’ – représente l’ensemble des actifs identifiables qui participent à la « rentabilité présente et future » de l’entreprise. Leurs valeurs restent pourtant ‘hors bilan’.
Aussi et selon la définition la plus acceptée en matière financière, le capital immatériel se décompose en trois catégories :
– Le Capital Humain : expérience, formation, gouvernance, management, relations interpersonnelles, motivation, etc.) ;
– Le Capital Structurel : la culture de l’entreprise, la communication interne, la sécurité de son patrimoine informationnel, l’organisation (management), l’innovation/ inventions, brevets, marques, franchises, licences et contrats, inventions, formules, processus, dessins, modèles et savoir faire, copyrights et droits d’auteur.
– Le Capital Relationnel , ou l’environnement d’affaires : les relations avec les actionnaires, les partenaires, les clients (fidélisation, ancienneté, solvabilité …), les fournisseurs (solvabilité, réputation, diversifications …), la société (réputation, influence, communication…).
La valeur globale d’une entreprise repose donc avant tout sur un savant dosage de ces différents types de ressources productives, mais aussi sur l’intelligence collective (émotionnelle) en place à les combiner, les développer et surtout les exploiter de manière opérationnelle.
Ainsi, comme on peut le voir, ce n’est pas nécessairement l’entreprise la plus riche en ressources qui l’emporte et qui dispose de la plus grande valeur…
Quelques citations :
« Lorsque le monde est en paix, un homme de bien garde son épée à son côté. »
« […] vaincre l’ennemi sans même se battre, voilà le fin du fin. »
« Le meilleur savoir-faire n’est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l’ennemi sans combattre. »
« Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu’elles ne surviennent. »
III – Diplomatie : de la communication à l’influence
Dans l’ouvrage “L’influence, le noble art de l’intelligence économique” paru en 2012 sous les plumes averties d’Alain Juillet et Bruno Racouchot, l’influence passe principalement par deux formes de communications :
« D’une part, une communication classique, ayant pour objet la diffusion de l’information vers des cibles extérieures, mais aussi en direction de ceux qui ont à la connaître en interne pour optimiser leurs actions. Envisagée sous l’angle sécurité, cette communication est aussi à visée pédagogique pour avertir des dangers potentiels, sensibiliser et apprendre à se protéger. »
Et d’autre part :
« il y a la communication active et offensive sous la forme de l’influence. On va utiliser les informations recueillies pour déstabiliser l’adversaire ou le faire aller dans la direction où l’on souhaite qu’il aille. Aussi surprenant que cela puisse paraître pour des esprits non-avertis, la communication est – et ce dès l’origine – consubstantielle à la démarche d’intelligence économique. Celle-ci, bien loin de s’enfermer dans une conception strictement sécuritaire, doit au contraire explorer les ressources offertes par la logique communicationnelle. Il est de son intérêt de le faire, sur un mode offensif, via la mise en œuvre de stratégies d’influence. »
Quelques citations :
« La grande science est de faire vouloir à autrui tout ce que vous voulez qu’il fasse, et de lui fournir, sans qu’il s’en aperçoive, tous les moyens de vous seconder. »
« Vous profiterez de la dissension qui surgit chez vos ennemis pour attirer les mécontents dans votre parti en ne leur ménageant ni les promesses, ni les dons, ni les récompenses. »
« Entretenez des liaisons secrètes avec ce qu’il y a de plus vicieux chez les ennemis ; servez-vous-en pour aller à vos fins, en leur joignant d’autres vicieux. »
« l’appât de la vengeance, celui des richesses ou des postes éminents que vous leur promettez, suffiront amplement pour les gagner. »
Les plus belles batailles sont toujours silencieuses, et leurs succès rarement tapageurs…
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Je ne connaissais pas trop et j’ai presque eu l’impression de me retrouver dans une bonne intrigue d’un film.
Je n’avais jamais pensé à ce genre de compétences pour des gestionnaire d’entreprise.
C’est vrai qu’aujourd’hui avec la mondialisation, l’évolution des parts de marché de quasi tout le secteur ressemble à des batailles.
Merci Alexandre pour votre commentaire fort à propos,
Intrigue : la réalité dépasse la fiction… Et Toujours en matière d’intelligence humaine et de créativité quand il s’agit d’inventer des méthodes de ‘contournement’ ou d’évitement’. Nous sommes des grands singes, ne l’oublions pas ! Plus sérieusement, il est tout de même incroyable que certains de nos dirigeants comprennent la valeur d’une porte blindée pour leur domicile et pas pour leur entreprise : Entre l’exponentielle développement de la cybercriminalité, les intrusions malveillantes, une hyper-concurrence mondiale et des contraintes règlementaires toujours plus astringentes, il apparait urgent de commencer par “apprendre” à protéger nos emplois et nos actifs économiques – C’est cela la gouvernance stratégique.
Merci pour votre post
Chaque fois que je vous lis, je ne peux m’empêcher de mettre vos propos sur ce que nous vivons en Suisse avec nos dirigeants censés gérer et appréhender les risques pour notre société en utilisant à efficacement l’information.
I – La base de tout : Le renseignement et la cartographie des menaces …
Donc :
« Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles. »
Cette magnifique citation s’applique parfaitement ici en Suisse et plus particulièrement à nos dirigeants (…), car nous avons snobé les services secrets Taïwanais en décembre 2019 qui nous avertissaient d’une probable pandémie à venir ….
Désolé pour mon cynisme mais la démonstration de la citation était trop tentante et amusante.
Merci Romuald pour votre contribution,
La Suisse comme la majorité des pays Européens n’était pas préparée à un tel raz-de-marée. Mais elle fait tout de même bonne figure quand on lui compare les exemples français, Britannique et Allemand qui – rappelons-le – sont des pays ayant des structures de renseignement bien plus ‘intensives’ et ‘importantes’ en personnels et moyens que ceux de la Confédération… Que doit-on en déduire ? L’impréparation était-elle liée à un défaut de renseignement ou tout simplement un ‘déni’ politique ? Taïwan et la Corée sont des pays pragmatiques possédant des Task Force ‘prioritaires’ en matière de sécurité nationale et sanitaire. Aussi, ce sont les deux pays les mieux renseignés (avec le Japon) en matière d’affaires Chinoises.
Je renvoie votre clin d’œil à la citation : « Une armée sans agents secrets est exactement comme un homme sans yeux ni oreilles. » Mais encore faut-il savoir l’intégrer dans une gouvernance stratégique.
Merci pour le clin d’œil 😉