Du primate à la suprématie
Les premiers pas
L’ouverture de ce long triptyque cinématographique marque encore les esprits.
… Derrière des yeux craintifs : l’inconnu.
La forêt semble primaire, noyée parmi d’immenses étendues de terres arides et sablonneuse ; la scène rappelle les contours d’un territoire d’Afrique subsaharienne.
Une communauté simiesque des ages immémoriaux survit dans le dénuement et la frayeur des premiers jours. L’angoisse est palpable dans les yeux de ces premiers hominidés. Née en Terra incognita, la tribu parait prostrée dans la peur de l’inconnu ; passive et soumise aux aléas de la prédation féline puis des ‘autres‘ dans un climat imprévisible ou chaque instant est périlleux.
Cueilleurs passifs, l’existence, la survie et la mort de l’espèce ne sont que les résultats du hasard.
A ce stade de l’évolution, la vie animale ressemblerait presque à un miracle sur ce bout de croûte terrestre que les éclats d’un soleil abandonne chaque jour par cycles alternatifs à des heures sombres et froides ; ces nuits où le visible et l’invisible se travestissent selon l’imaginaire et l’ignorance, en pères et mères de toutes les appréhensions, croyances et mythologies de l’histoire humaine. Un age des premières peurs, des premières croyances ésotériques : l’aube ténébreuse des mythes fondateurs et symboles protecteurs ; légendes stellaires et forces surnaturelles.
Aucune autre lumière sinon celle d’un immense cercle de feu inaccessible, suspendu et changeant: un soleil.
Dans ces âges premiers, le feu n’est pas encore maîtrisé et la survie dépend de phénomènes imprévisibles ; d’inconnues permanentes.
Prostrés tel des condamnés, seul l’instinct de survie engage les tribus ‘premières’ dans un simulacre de lutte pour se préserver et aux mouvements territoriaux pour assurer la continuation de l’espèce.
Se nourrir ;
S’hydrater ;
Se reproduire.
Survivre par le groupe et non ‘pour’ le groupe avec une contrainte : une seule ressource stratégique majeure ;
un seul point d’eau… Sans partage.
S’engagent alors des luttes tribales avec les “siens” contre ces “‘autres” – concurrents et maintenant ennemis – pour son accession, son utilisation, son exclusivité …
La scène qui suit reste l’une des plus énigmatique du Cinéma contemporain. Celle qui a donnée au roman d’Arthur C. Clarke la portée internationale qu’on lui connait. Celle-ci apparait sans transition.
S’ensuit l’affolement de la tribu, ses hurlements. C’est la stupeur et l’effroi (démuni) devant l’incompréhensible, l’impossible, l’inintelligible.
Devant ce monolithe aux formes géométriques parfaites et impossibles à assimiler, ces hominidés – futurs maîtres du feu -, vont sans le savoir, initier l’Histoire : l’Histoire d’une seule espèce, celle qui deviendra l’Homme.
L’Homme qui, par essence et selon Aristote, va se transformer progressivement en animal politique (zoon politikon).
La genèse de la suprématie – Les gènes des États
Le groupe des hominidés ou pré-humain serait apparu il y a 7 millions d’années. Fruit d’une évolution de l’espèce et caractérisé par sa capacité à fabriquer des ‘outils’, la transition du primate à l’Homo habilis s’effectue il y a 2 millions d’années.
Rien ne le différencie l’homme de certaines espèces animales à ce stade de l’évolution.
Il faudra attendre 1 millions d’année de plus pour voir apparaître les premières traces de l’Homo erectus parvenu à faire évoluer sa démarche simiesque à celle de nos bipèdes contemporains.
L’âge de la’ main’ et de notre capacité de préhension va naturellement suivre son cours et parfaire les outils pour bâtir (pierre taillée – estimée à 8000 ans avant J.-C), former la matière et peindre ; puis façonner les armes pour défendre et conquérir.
Notre ‘préhistoire’ s’arrête à l’ère ‘antique’ avec l’invention de l’écriture estimée à 4000 ans avant J.-C. Ce dernier stade dans l’histoire du monde est celui d’une seule espèce : l’Homo sapiens. Il date d’à peine 200.000 ans et englobe les longs progrès de notre évolution ‘technique’ jusqu’à aujourd’hui.
Cette ‘disruption génétique’ reste inexpliquée dans notre évolution. Si l’animal est devenu ‘politique’ selon Aristote, les humains ne sont pas moins restés instinctifs, voire pour les plus ambitieux, rusés et ingénieux dans leurs quêtes de survie et de conquête au sein du groupe.
Tacite, Polyen, Sun Tzu … : De la cartographie philosophique à la conquête des territoires politiques
L’expression ‘Arcana Imperii’ ou les ‘secrets’ et ‘mystères’ du pouvoir – de l’État -, a été employée pour la première fois au travers de deux essais majeurs des œuvres de Tacite : les Historiae (I, 4) et les Annales ( (Ab excessu diui Augusti -II, 36). Historien et sénateur romain né en 58 et mort vers 120 ap. J.-C, les thèmes majeurs de l’œuvre de Tacite traitent principalement de la gouvernance de l’état – la Cité – sous la domination Romaine.
Libre penseur et philosophe d’origine ‘Gauloise’ installé à Rome, il prévient les ‘grands administrateurs’ des risques permanent de dérives tyranniques. Tacite dépeint une analyse du pouvoir crue et réaliste qui porte à croire qu’il serait l’une des influences les plus importantes dans l’élaboration du Prince de Machiavel.
Ces thèmes principaux sont : la défense libérale de la domination romaine et l’éloge de la sagesse philosophique tempérée par la défiance à l’égard du fanatisme et du dogmatisme dont la tyrannie est le pendant.
Dans les prochains articles de cette série-blog, nous reprendrons les citations, pensées et aphorismes les plus saillants de notre Humanité.
Des lumières aux ténèbres, si l’Homme reste une énigme sur cette planète,
il n’en est pas moins prévisible aux yeux des plus sages…
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