Journal Le Temps

Vivre avec son temps

Courrier des lecteurs paru dans Le Temps

Par Martin Renevey et Jenoe Shulepov Bucher, Vert’libéraux Ville de Genève

 

Le 25 février dernier, Le Temps évoquait la woke culture idéologique qui a lieu dans certains partis politiques. Cette semaine, c’est la cancel culture qui est au cœur de l’actualité avec le rapport « Temps, espaces et histoires », commandé par la Ville de Genève, qui inventorie l’héritage colonial dans l’espace public.

Les mouvements qui réclament une société débarrassée de ces monuments ne peuvent être ignorés. Face à eux, des voix s’élèvent contre ce qu’elles considèrent être une révision de l’Histoire. Alors que faire de cet inventaire ?

Concernant les odonymes, les faire évoluer n’a rien de nouveau : en 1860, la rue des Chanoines et la rue des Belles-Filles deviennent respectivement la rue Calvin et la rue Etienne-Dumont. Pas de quoi crier au révisionnisme. De surcroît, le caractère pédagogique invoqué pour justifier le statu quo reste discutable. Cette volonté nous paraît donc légitime.

En revanche, les statues ont avant tout vocation à la glorification. Le renversement de Saddam Hussein constitue un exemple récent où ses statues furent démontées car symboles d’un pouvoir dont les Irakiens ne voulaient plus. Or, le dictateur restera dans la postérité, avec ou sans statues, preuve qu’elles ne sont en rien les garantes de l’Histoire.

Pour autant, leur retrait constitue-t-il la meilleure réponse ? Nous pensons qu’il est ici possible d’adopter une approche éducative via l’ajout de panneaux explicatifs ou d’œuvres contradictoires. Créer ainsi un musée à ciel ouvert permet de démystifier leur portée symbolique tout en respectant un devoir de mémoire.

Pour conclure, rappelons que chaque histoire a souvent deux faces. Aux États-Unis, Abraham Lincoln est pointé du doigt, alors que c’est à lui que l’on doit l’abolition de l’esclavage. Il ne faudrait donc pas tomber dans le piège de l’intégrisme et rester ouverts sur l’approche à adopter, au cas par cas. En ce sens, les Vert’libéraux attendent une proposition pragmatique, pas une lecture dogmatique.

Jenoe Shulepov Bucher

Un œil sur la planète, un regard sur l’économie. Jenoe Shulepov Bucher, président des Vert’libéraux – Ville de Genève, est attaché tant aux valeurs libérales qu’à la nécessité de tendre vers une société davantage tournée vers l’humain. De nationalité suisse, Jenoe Shulepov Bucher est en couple avec son partenaire (enregistré) depuis 2013. Il est passionné de films et de séries TV.