Photo de Dario Bronnimann sur Unsplash

Loi climat: des aides pour nous libérer des énergies fossiles

Les effets du dérèglement climatique affectent notre qualité de vie et notre santé ici et maintenant en Suisse en 2023. Les pics de températures élevées se multiplient avec des épisodes de chaleur suffocante: depuis l’ère préindustrielle, la hausse de température a augmenté de 2° Celsius en Suisse, deux fois plus vite qu’en moyenne internationale. L’érosion de nos forêts ne permet pas aux résineux dans le Jura de redémarrer leur cycle. Malgré les fortes précipitations de ce début de printemps, la sécheresse de cet hiver n’est pas parvenu à reconstituer entièrement la nappe phréatique.

Protéger les glaciers

Depuis 1860, le volume de nos glaciers a fondu d’environ 60% et s’accélère (12% de perte de volume entre 2016 et 2021). Les glaciers alpins pourraient disparaître d’ici la fin du siècle. L’initiative pour les glaciers signée par plus de 100 000 Suisses et Suissesses est précisément à l’origine de la loi fédérale sur le climat et l’innovation (LCI) sur laquelle nous voterons ce 18 juin 2023. Cette loi est un contre-projet indirect à l’initiative populaire et a convaincu les initiants de retirer leur texte. Contrairement à la loi sur le CO2 rejetée en votation populaire en 2020, la loi sur le climat et l’innovation ne prévoit aucune taxe. Cet élément est important. Premièrement, pour un niveau de consommation équivalent, les taxes affectent de la même manière les bas et hauts revenus et pénalise par conséquent les personnes à revenu modeste. Or nous ne devons laisser personne au bord du chemin dans notre combat face au dérèglement climatique. Deuxièmement, l’inflation soutenue qui sévit depuis une année et demie contraint les ménages à faire face à une hausse soutenue des prix (assurance maladie, électricité, frais de chauffage, carburant, loyers, alimentation) qui affecte particulièrement les classes moyennes et populaires.

Énergies renouvelables pour nos bâtiments et nos PME

Le secteur du bâtiment est avec celui du transport individuel motorisé le secteur qui émet le plus de CO2. C’est donc logiquement sur ce secteur que porte l’effort prévu pour le passage aux énergies renouvelables. Dans le bâtiment en Suisse, la majorité des maisons sont chauffées au mazout ou au gaz responsables d’environ 25% des émissions de CO2. Ces énergies fossiles consomment beaucoup d’énergie et coûtent chers. Pour l’essentiel, elles sont importées de l’étranger: la Suisse importe environ 75% de son énergie. Il faut inciter les propriétaires à remplacer leur chauffage au mazout (et électrique) au système de pompe à chaleur ou de pellet (moins polluants, car utilisant de l’électricité décarbonnée en Suisse). C’est la raison pour laquelle la loi prévoit CHF 200 millions de subventions par an sur dix ans pour accompagner les propriétaires dans ce changement. Ces montants s’ajoutent à ceux du programme bâtiment de la Confédération qui déploie déjà ses effets dans les cantons, avec une logique du premier arrivé, premier servi, ayant pour conséquence que toutes les demandes ne peuvent pas être honorées et que les délais d’attente sont longs. La loi repose sur la même logique pour soutenir les entreprises. Pendant six ans, CHF 200 millions seront à disposition des entreprise chaque année pour investir dans des technologies innovantes visant à réduire les gaz à effet de serre.

Action ou défaitisme

Après le premier succès en référendum contre la loi sur le CO2 en 2020, les opposants de la loi, UDC en tête, prétendent que loi sur le « gaspillage de l’électricité » aggraverait la crise énergétique en augmentant le coût des énergies. Cette critique ne propose pas d’alternative pour engager la transition énergétique qui engage la Suisse qui a ratifié l’Accord de Paris visant la neutralité carbone en 2050. Naturellement, les changements nécessaires passent par une réduction de consommation d’électricité et une certaine sobriété énergétique. Reste que renoncer maintenant à opérer ces changements nous coûterait beaucoup plus cher. Le coût des énergies fossiles se raréfie et augmente. Les ménages le constatent sur leurs factures de chauffage, la plupart des locataires (60% de la population suisse) étant chauffés au mazout ou au gaz. Les automobilistes aussi le voient avec la hausse du prix du carburant. Les investissements dans des systèmes de chauffage moins polluants seront facilités avec ces aides de la Confédération et ces investissements synonymes d’économie d’énergie seront rapidement amortis. Passer aux pompes à chaleur ou à un système de chauffage aux pellets, c’est aussi pour les locataires une diminution de leur facture de chauffage. Les soutiens à cette loi incluent les Socialistes, les Vert·e·s, la Gauche radicale, le Centre, le Parti vert’libéral, le Parti pirate et le PLR. Parmi les partis représentés au Parlement fédéral, seul l’UDC se range dans le camp du non.

Enjeu du vote

La loi sur le climat et l’innovation soutient le passage à des chauffages moins polluants. La réduction de nos émissions de CO2 a pour objectif de réduire notre dépendance énergétique à l’étranger et de protéger notre qualité de vie. Voter oui le 18 juin 2023, c’est accepter de voir la réalité en face et d’agir pour nous libérer progressivement des énergies fossiles; un pas dans la bonne direction.

Photo de Sunguk Kim sur Unsplash

Invasion de l’Ukraine par la Russie: neutralité de la Suisse à géométrie variable

C’est un cauchemar éveillé. Les chars russes sont aux portes de Kiev et la centrale nucléaire de Tchernobyl est occupée par les forces armées. Selon le Haut commissariat aux réfugiés, plus de 150 000 ukrainiens ont déjà quitté leur pays. Les premiers chiffres font déjà état de plusieurs centaines de mort au sein de la population civile ukrainienne.

Cette attaque unilatérale est condamnée par la quasi-totalité de la communauté internationale à l’exception notable de la Chine, de la Corée du Nord et de l’Inde. Plusieurs des sanctions économiques nécessaires pour éviter à la Russie de financer sa guerre sont pourtant écartées par le Conseil fédéral. Cette position n’est pas acceptable. Selon les Ukrainiens, 1/3 des fonds des oligarques russes proches de Poutine se trouvent dans des banques suisses. Ces avoirs doivent être gelés sans délai pour éviter de financer l’invasion russe en Ukraine.

Confiscation de la neutralité

Il y a un malentendu dans la définition de la neutralité que cherchent à imposer les milieux conservateurs. La neutralité ne réduit pas dans chaque conflit qu’elles qu’en soient les circonstances et les disparités à se tenir à équidistance des belligérants pour se mettre à disposition en cas de pourparlers devenus de toute évidence impossibles. Ce discours révèle d’ailleurs de profondes incohérences. Les partisans les plus affirmés de cette passivité, bien représentés dans les rangs de l’Union démocratique du centre (UDC) ou de l’Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), expriment même leur sympathie à Vladimir Poutine (éditorial du 24.02.2022 « Poutine l’incompris » de l’influent conseiller national UDC zurichois Roger Köppel dans son propre hebdomadaire la Weltwoche). Les défenseurs de cette neutralité absolue ne s’émeuvent pas davantage de l’impossibilité d’établir la traçabilité d’armes livrées par la Suisse à l’Ukraine se retrouvant aujourd’hui dans le camp des séparatistes.

La neutralité doit devenir une politique active de promotion de la paix

Quand un Etat viole ouvertement le droit international en décidant d’envahir un Etat voisin, en s’en prenant à sa souveraineté territoriale (art. 2 § 4 de la Chartes des Nations Unies), la Suisse doit en tirer les conséquences. L’invasion russe ne repose ni sur une action de sécurité de sécurité collective des Nations Unies, ni sur la légitime défense de la Russie (art. 42 et 51 de la Charte des Nations Unies). Elle viole l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine. Or, la Suisse s’engage à respecter le droit international (art. 5 al. 4 Cst).

Quant aux axes de notre politique étrangère, ils sont définis dans notre Constitution. La promotion de la coexistence pacifique entre les peuples et le soulagement des populations dans le besoin en font partie intégrante (art. 54 al. 2 Cst). Ces priorités ont été acceptées à près de 60% par le peuple et les cantons en votation populaire en 1999. Le respect du droit international, la promotion de la paix et l’aide aux populations dans le besoin sont étroitement liées à notre neutralité. Ces fondements justifient que le Conseil fédéral fasse usage de tout ce qui en son pouvoir pour priver la Russie du financement d’une invasion sur le dos des populations civiles violant le droit international et fragilisant la sécurité internationale.

Débattre de la neutralité que nous voulons

Il manque à cette neutralité active incarnée par le Conseiller fédéral radical Max Petitpierre dans les années 1950 et reprise à son compte par la socialiste Micheline Calmy-Rey comme ministre des affaires étrangères au début des années 2000, une assise populaire ou/et associative qui fasse contrepoids au discours isolationniste de l’ASIN. Cette neutralité incarnée peut faire de la Suisse un Etat assumant pleinement ses responsabilités internationales en accord avec son rôle humanitaire de premier plan, contre une attitude d’égoïsme et d’indifférence. Cette neutralité gagnerait également en cohérence en s’évitant des livraisons d’armes dont nous nous sommes ni en mesure de contrôler les reventes, ni de garantir qu’elles soient utilisées lors de conflits armés. Et la Suisse n’en serait pas moins indépendante.

Morges

Droit à la déconnexion: le temps retrouvé

Grosse fatigue. En deux ans de pandémie, nous n’avons sans doute jamais passé autant de temps à la maison, jamais annulé autant de séance « en présentiel » et pourtant beaucoup se plaignent d’être épuisé. Comment l’expliquer? Les causes sont multiples, mais l’usage que nous faisons du télétravail (et non le télétravail en soi) est sans aucun doute un facteur d’explication.

Télétravail et déconnexion

Le télétravail implique une unité de lieu entre vie privée et vie professionnelle. Garde des enfants, tâches domestique et sollicitations professionnelles se confondent. Les horaires habituels peuvent rapidement se retrouver chamboulés. On peut être tenté d’aller chercher ses enfant plus tôt à la garderie, mais il faudra ensuite travailler jusqu’à tard dans la nuit. Le télétravail ne s’arrête pas avec la levée des mesures de restrictions de la pandémie entrées en force ce 17.02.2022. Pour rester attractif, tout employeur devra désormais proposer à ses salariés du télétravail. Les avantages sont nombreux: gain de temps du fait de l’absence de trajet, bienfait pour l’environnement et organisation facilitée, à condition justement … d’être très bien organisé.

Contre la dérégulation du temps de travail

Sous couvert d’autonomie, un discours très idéologique prend forme: celui d’un travailleur pleinement en phase avec les nouvelles technologies, disponible en tout temps, jamais vraiment complètement en vacances ou en week-end. L’initiative parlementaire du conseiller aux Etats Konrad Graber (Le Centre/LU) en fournit un bon exemple. Ce texte demande une réduction du temps de repos entre deux journée de travail à 8 heures, un déplafonnement par branche professionnelle du maximum de 45 heures de travail par semaine et des dérogations supplémentaires pour les cadres ou spécialistes à l’interdiction du travail du dimanche. Alors même que des négociations entre partenaires sociaux sont en cours sur les attentes et besoins des différentes branches professionnelles, la commission de l’économie du Conseil des Etats s’est prononcée dans la précipitation en faveur de l’initiative le 04.02.2022.

Le temps protégé

Les sollicitions en continu s’insinuent dans une zone grise susceptible de mettre les travailleurs en concurrence. Dois-je répondre à cet e-mail de mon supérieure reçu à 22h? Son e-mail ne pouvait-il pas attendre demain? Ces questions nous devons nous les poser et agir en conséquence. Notre apprentissage en accéléré du télétravail nous a fourni quelques enseignements: il est illusoire de pouvoir s’occuper d’enfants en bas âge en travaillant. Sans délimitation de ses horaires de travail, la charge mentale s’accroît et les atteintes à la santé, parfois jusqu’au burn-out, guettent. Nous avons besoin de temps pour nous vider l’esprit, faire autre chose que travailler et pour redémarrer ensuite à son bureau la tête reposée avec des idées neuves.

Comment m’y prendre

Le droit à la déconnexion, celui de ne pas recevoir de sollicitations professionnelles durant son temps libre, ses week-end ou ses vacances, est une contre-offensive à la dérégulation du temps de travail. Deux ans de télétravail ont souligné l’importance du droit à la déconnexion. Ce droit est encore à conquérir. Mais il peut déjà être une source d’inspiration dans notre rapport au travail. Il passe pas l’enregistrement quotidien de son temps de travail sur une plateforme à laquelle l’employeur a accès non seulement pour le porter à sa connaissance, mais aussi pour être conscient du temps consacré à son activité professionnelle. Dans nos vies trépidantes, le droit à la déconnexion prend la juste mesure de nos sollicitations continues pour se préoccuper de notre santé au travail.

Pour en savoir plus

>24 heures, Alain Détraz « Avec le retour au bureau, le droit à la déconnexion revient sur la table » 15.02.2022
>Sur mon blog Le Temps Changement et politique. « Déconnexion: un droit à conquérir » 28.07.2019
>Sur mon site « Droit à la déconnexion : pourquoi et comment » 28.07.2019
>Débat RTS Forum « Déconnexion : faut-il une loi ? » 27.06.2019

Mariage pour tous. De la tolérance à l’acceptation

Depuis la votation populaire de 2005 en faveur du partenariat enregistré, les couples de même sexe sont tolérés. Le scrutin du 26 septembre 2021 est l’occasion de passer à une véritable acceptation des couples homosexuels. Les arguments des opposants au mariage pour tous montrent une étonnante similarité avec ceux de 2005. Passage en revue et contre-argumentaire.

« Une différence biologique insurmontable ». FAUX

Selon cet argument, la nature voudrait que le couple se réduit à l’union d’un homme et d’une femme. Dès lors, il n’y aurait aucune discrimination à interdire le mariage aux couples de même sexe. D’un point de vue biologique, cette assertion est fausse. Le règne animal connaît quantité de comportements homosexuels chez les dauphins et les girafes notamment et chez 450 espèces vertébrées. Des comportements bisexuels sont aussi observés chez certains lions, putois ou lézards ou encore lesbiens comme parmi les macaques (voir le très beau livre « Amours » de Jacques Attali et Stéphanie Bonvincini). L’exposition à visiter en ce moment au Musée d’histoire naturelle de Berne « Queer – La diversité est dans notre nature » en fournit une riche illustration. Pour les tenant d’une vision essentialiste pourtant, la différence entre une femme et un homme ne se réduit pas aux aspects physiologiques, mais procède de goûts et d’affinités différentes. Poussée à son extrême, cette approche peut aller jusqu’à justifier les thérapies de conversion, encore bien présentes en Suisse, contraignant les homosexuels à (re)devenir hétérosexuels (voir la motion de mars 2020 du député socialiste Julien Eggenberger au Grand Conseil vaudois « Pour l’interdiction des thérapies de conversion »). Cette vision s’oppose à une représentation constructiviste de la personnalité libérée des assignations de genre. Cette représentation accepte la part de féminité présente à divers degrés chez de nombreux hommes hétéros ou homosexuels et inversement la part de masculinité chez bien des femmes. Il arrive parfois qu’une personnalité passe même du masculin au féminin (ou inversement), voire au genre neutre. On parle alors de genre fluide.

« Le bien de l’enfant n’est pas pris en compte ». FAUX

La loi soumise à votation autorise le don de sperme aux couples lesbiens. Les opposants au mariage pour tous y voient un danger pour l’enfant. La plupart des pays d’Europe occidentale connaissent déjà le mariage pour tous depuis de nombreuses années. En Suisse, depuis 2018, l’adoption est possible pour les familles arc-en-ciel, mais moyennant une procédure longue et intrusive. L’accès étendu aux dons de sperme facilitera la parentalité des couples homos. Aucune étude empirique sérieuse n’a pu établir que le fait d’avoir des parents homosexuels allait contre le bien de l’enfant. Un nouveau-né et un enfant a besoin de parents présents et aimants pour se développer. Leur sexe est sans importance. Seul les vexations et discriminations exprimés par des personnes hostiles aux familles arc-en-ciel peut porter atteinte au bien de l’enfant. Sur ce terrain, on peut mesurer le progrès considérable réalisé en une génération à peine. Il y a une vingtaine d’année, l’insulte « pédé » résonnait encore largement dans les préaux. Aujourd’hui, sous l’impulsion des nouvelles générations, plus grand monde ne se risque à proférer des insultes homophobes en public, et ce, même si ces discriminations restent encore beaucoup trop nombreuses. L’acceptation en février 2020 en votation populaire à plus de 63% de la loi Reynard contre l’homophobie en fournit l’illustration (art. 261bis CP).

« La gestation pour autrui et le don d’ovules seront les prochaines étapes ». IMPOSSIBLE À SAVOIR

Le texte de loi soumis à votation le 26 septembre 2021 n’autorise aucune de ces méthodes de procréation médicalement assistée. Notre Constitution fédérale interdit la gestation pour autrui (mère porteuse) et le don d’ovules (art. 119 al. 2 let. c et d Cst). Seul une majorité du peuple et des cantons pourrait autoriser ces pratiques. L’avenir nous dira si ces pratiques seront autorisées un jour. Actuellement, en Europe, la gestation pour autrui est interdite notamment en Allemagne, en Espagne, en France et en Italie. Le Danemark et les Pays-Bas l’autorisent en interdisant toutefois toute rémunération. Le Portugal la limite aux cas de stérilité féminine en cas de dysfonctionnement de l’utérus. La Grèce ou l’Ukraine l’acceptent avec plus de souplesse. Pour revenir à la Suisse, à ce stade, aucun projet de gestation pour autrui n’est à l’ordre du jour. Le don d’ovules est lui interdit notamment en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Norvège ou encore au Portugal. La France autorise le don d’ovocytes anonyme sans rémunération. L’Espagne le permet aussi en préservant l’anonymat des donneuses et avec une rétribution possible. En Angleterre, la donneuse n’est pas anonyme et une rémunération est autorisée. En Suisse, une initiative parlementaire a été déposée en mars 2021 par la conseillère nationale verte libérale de Bâle-Ville Katja Christ. Elle n’a pas encore été traitée au Conseil national. Il est difficile de savoir le sort que le Parlement lui réservera. En tous les cas, si un projet devait aboutir, le peuple et les cantons auraient le dernier mot.

Sur le même thème pour prolonger le débat dans les blogs du Temps voir aussi:
Pour le mariage pour tous
Ecologie politique et égalité. Le blog de Delphine Klopfenstein Broggini. 13.08.2021. Le mariages pour toutes et tous. Un droit fondamental. 13.08.2021
Contre le mariage pour tous
Le grain de sable. Le blog de Suzette Sandoz. Mariage pour tous: nouvelles inégalités. 19.08.2021

Pour les arguments des deux camps:
Le site des partisans du Mariage pour tous
Le site des opposants au Mariage pour tous

Pour le droit de vote à 16 ans

Voilà 50 ans les femmes finissaient par obtenir le droit de vote. Selon le principe « j’y vis, j’y vote », d’autres droits de vote sont à conquérir: celui des étrangers (la plupart des cantonaux ne connaissent pas le droit de vote communal des étrangers) et le droit de vote à 16 ans.

Discernement

À quel âge a-t-on suffisamment de discernement pour se prononcer pour ou contre le mariage pour tou·te·s, pour ou contre les pesticides? En permettant aux élèves de développer un esprit critique, de débattre, l’école leur donne les outils pour être en mesure de se forger une opinion. À 16 ans et jusqu’à preuve du contraire, un jeune a suffisamment de discernement pour se faire sa propre opinion sur un sujet de société. Dès qu’il suit ses cours de citoyenneté, on ne devrait pas faire attendre un jeune avant de lui donner son droit de vote. À 16 ans, le temps paraît plus long. Pour donner le goût de la chose publique, il faut pouvoir passer rapidement de la théorie à la pratique.

Droit de vote médian à 57 ans

En Suisse, l’âge de droit de vote médian (celui pour lequel il y a le même nombre de votants d’un âge inférieur et supérieur) s’établit à 57 ans. Il n’a cessé d’augmenter au cours de ces dernières décennies. En comparaison, l’âge médian en Suisse est de 42 ans. L’ « électeur moyen » a donc près de 20 ans de plus que la moyenne d’âge actuelle. Parallèlement, 2/3 des moins de 30 ans ont tendance à s’abstenir. Persévérer sur cette voie du vieillissement de l’électorat a quelque chose de préoccupant. Naturellement, une génération n’est pas homogène. Il n’en reste pas moins qu’elle partage des préoccupations communes, qui peut détourner son attention de nouveaux enjeux. Il y a donc un intérêt à promouvoir des mesures qui permettent de rajeunir l’âge des électeurs·trices. Le droit de vote à 16 ans est l’une d’entre elles. Elle doit s’accompagner d’un renforcement des cours de citoyenneté dans toutes les filières de formation (école obligatoire, formation professionnelle; lire mon post du 13.08.2019: Jeunes et politique: Un rendez-vous manqué?).

Le peuple décidera

Si en Suisse, seul le canton de Glaris connaît depuis 2007, le droit de vote à 16 ans, les lignes bougent. Longtemps considéré comme un gadget, le 02.02.2020, la Commission des institutions politiques du Conseil des Etats, imitant le Conseil national, se prononçait à 7 contre 6 en faveur de l’initiative de Sibel Arslan (Verts/BS) pour le droit de vote (et non d’éligibilité) à 16 ans, un vote encouragé par le Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ). Dans le canton de Vaud, la Commission des institutions et des droits politiques du Grand Conseil s’est prononcée à 7 contre 5 (et 3 abstentions) en faveur de la motion de l’écologiste Léonore Porchet pour le droit de vote à 16 ans (mon rapport de majorité et rapport de minorité de Grégory Devaud, PLR). Au plan fédéral, si le Parlement soutient le droit de vote dès 16 ans en vote final, le peuple et les cantons décideront. Dans le canton de Vaud aussi une votation populaire est nécessaire, puisque la Constitution devra être retouchée. Or cette étape sera sans doute la plus difficile. Le 09.02.2020, le canton de Neuchâtel rejetait en votation populaire une initiative pour le droit de vote à 16 ans à 58% de non, un score auquel l’âge relativement élevé des électeurs n’est sans doute pas étranger.

One wo·man, one vote

Selon le principe « One wo·man, one vote », nous n’avons rien à craindre d’un élargissement du droit de vote à 16 ans. Les Etats qui comme l’Argentine, l’Autriche, le Brésil ou encore l’Ecosse ont introduit le droit de vote à 16 ans n’ont pas fait marche arrière. Au contraire, le droit de vote dès 16 ans renforcera le principe d’égalité au coeur du suffrage universel. Elle incitera aussi les élu·e·s à intégrer les préoccupations des jeunes sur le réchauffement climatique ou, plus proche de nous, sur l’attention portée à leur santé mentale en période de distanciation sociale (pandémie oblige).

Election au Conseil des Etats: 2e tour VD

Complémentarité contre neutralisation : l’enjeu du 2e tour au Conseil des Etats en terres vaudoises

Deux femmes. Un homme. Trois possibilités. Dans dix jours, les Vaudois.es éliront leurs deux représentant.e.s au Conseil des Etats. Sur la ligne de départ, un sortant : Olivier Français (PLR, 64 ans) et deux challengers conseillères nationales : Ada Marra (PS, 46 ans) et Adèle Thorens (Les Vert.e.s, 47 ans). Plus si challengers que ça, puisqu’au 1ertour, les deux candidates totalisaient 19 000 voix d’avance sur Olivier Français (Adèle Thorens et Ada Marra se situant dans un mouchoir de poche, puisque la première ne totalisait que 400 voix d’avance sur sa colistière).

Un coup d’œil sur le profil Smartvote des candidat.e.s livre un aperçu de l’étendue des divergences entre Olivier Français d’une part, et Ada Marra et Adèle Thorens, d’autre part.

Il est pour :

  • l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans
  • la hausse du montant des franchises d’assurance maladie
  • la libéralisation complète du marché de l’électricité
  • la libéralisation complète des horaires d’ouverture des commerces (sans CCT).

Elles sont opposées à ces mesures, mais sont pour :

  • la construction de logements d’utilité publique
  • l’interdiction de l’exportation de matériel de guerre produit en Suisse
  • le renoncement aux pesticides de synthèse et la limitation de l’utilisation des antibiotiques
  • un salaire minimum de CHF 4000.- bruts pour un 100%

… que lui combat.

Neutralisation ?

Répété à l’envi par les huiles de l’UDC, l’argument d’une « représentation équilibrée » serait le meilleur argument pour inciter son électorat à voter Français au second tour. Mais que pèse cet argument, quand sur la plupart des sujets, une représentation prétendument « équilibrée » aboutirait à ce que les votes contraires des représentant.e.s vaudois.es s’annulent ?

Ou complémentarité ?

Une dynamique est en cours dans le canton de Vaud. Elle repose sur la prise de conscience que l’action collective contre le réchauffement climatique doit redoubler d’intensité et que nos habitudes de consommation doivent être repensées en profondeur pour des raisons écologiques, comme pour notre santé. Ce mouvement repose aussi sur la prise de responsabilités des femmes dans la société dans son ensemble, jusque dans les fonctions politiques les plus en vue. Dans un Parlement majoritairement conservateur, il reste de l’espace pour une représentation vaudoise au Conseil des Etats prête aux changements nécessaires pour relever les défis qui s’imposent à nous pour plus de cohésion sociale et plus d’attention à notre environnement. Dans le canton de Vaud, cette complémentarité est incarnée par Ada Marra par sa fibre sociale et Adèle Thorens pour sa sensibilité écologique.

Jeunes et politique : À vous de jouer (épisode 4/4)

Quelque chose me dit que vous êtes encore nombreux.euses à ne pas avoir voté. Vous avez reçu votre enveloppe de vote depuis plus d’une semaine. Est-elle enfouie sous la pile de votre courrier à traiter ou sous une pile de facture ? Commencez par remettre la main dessus.

Comme Jeunes, vous êtes à la pointe de la mobilisation pour le climat et pour les droits des Femmes*. Voici trois occasions manquées de changer les choses au Conseil national et autant de raisons de voter le 20.10 pour obtenir de nouvelles majorités.

  1. Êtes-vous favorables à l’introduction d’un congé parental ? 60 OUI vs 131 NON (11.09.2019)

Toutes les propositions de congé parental de 28 ou 38 semaines (demandes de Mathias Reynard PS/VS) – la moyenne des pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) est de 54 semaines – ont été rejetées dans les mêmes proportions.

  1. Êtes-vous favorable à l’interdiction du glyphosate au moins jusqu’en 2022 ? 59 OUI vs 119 NON (26.09.2019)

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classifié le glyphosate comme « cancérigène probable ». L’Allemagne déploie une stratégie de réduction progressive de l’utilisation de glyphosate, avant de l’interdire complètement en 2024. Malgré les propriétés cancérogènes du glyphosate, le Conseil national a rejeté cette motion de Balthasar Glättli (Verts/ZH).

  1. L’Etat doit-il s’engager pour offrir davantage de logements abordables ? 54 OUI vs 143 NON (22.03.2019)

Avec 40% de propriétaires (30% dans le canton de Vaud), les Suisses.esses restent majoritairement des locataires. L’initiative de l’Association suisse des locataires (ASLOCA) demande 10% de logements à loyers abordables (logements d’utilité publique) sur les nouvelles constructions.

Les décisions qui seront prises ces quatre prochaines années seront essentielles pour les employé.e.s, pour le climat ou encore pour le logement. Remettez la main sur votre enveloppe de vote. Faites mentir l’abstention des Jeunes. À vous de jouer !

Ø Pour savoir comment voter, consultez le tutoriel youtube de Ch.ch

Ø Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux jeunes sur mon site internet

Ø Vous pouvez aussi (re)lire les épisodes précédents de ma série sur les Jeunes et la politique

Episode 1 du 05.08.2019 « Jeunes et politique : L’éveil »

Episode 2 du 13.08.2019 « Jeunes et politique : Un rendez-vous manqué ? »

Episode 3 du 18.08.2019 « Jeunes et politique: Faire son choix »

Jeunes et politique : Faire son choix (épisode 3/4)

Plus de 4000 candidat.e.s sont dans les starting-blocks pour les élections fédérales du 20.10. 377 Candidat.e.s se lancent au Conseil national rien que pour le canton de Vaud. Des nombres records qui peuvent être décourageants pour les électeur.trice.s et les plus jeunes notamment qui n’ont pas toujours le temps, ni l’envie de comparer les propositions des différents partis et les profils des uns et des autres. Plusieurs moyens existent pourtant pour vous aider à faire votre choix.

Approchez les candidat.e.s

En Suisse, les élus au Parlement sont des miliciens et non des professionnels. Ce statut les rend – pour la plupart – beaucoup plus accessibles que dans les autres pays. Sur internet, vous trouverez facilement leur e-mail, assez souvent même leur numéro de téléphone. Vous pouvez les croiser dans le train et ils n’ont pas de voiture de fonction. Vous avez une question, une demande, une attente particulière : écrivez-leur, appelez-les, interpellez-les. Plus j’avance dans mon parcours politique, plus les sujets me sont suggéré par des personnes qui m’ont sensibilisé à un enjeu qui m’avait échappé. Et si un.e candidat.e vous reçoit mal ou vous ignore, c’est qu’il ne mérite pas votre confiance.

Aides à la décision

Comme candidat au Conseil national, j’ai déjà répondu à 15 questionnaires allant d’Animaux Parlement à Ecorating en passant par un baromètre numérique. Plusieurs de ces organisations vous renseignent sur les résultats des différents partis et candidat.e.s. En répondant à quelques questions (30 pour la version courte et 75 pour la version longue), Smartvote (accessible aux électeurs.trices dès le 20.08) ou Vimentis (dès le 26.08) vous renseignent sur votre profil politique en générant votre « smartspider » (voici la mienne, à titre d’exemple) et sur les candidat.e.s les plus proches de vos idées. Ces plateformes comportent aussi des limites. Tout d’abord, Smartvote ou Vimentis (même si cette seconde plateforme permet de hiérarchiser l’importance des questions) ne vous renseigneront pas sur la personnalité ou la sensibilité des candidat.e.s. Ensuite, l’approche retenue par ces plateformes comporte aussi certains biais. La différence entre un « Oui » ou un « Plutôt oui » à une question x ou y, ou la définition des algorithmes peuvent avoir des conséquences importantes sur la définition de votre profil politique. Ces plateformes vous donneront un repère, mais ne reflètent pas toutes les aspérités qui font la vie politique. Rien ne vaut le contact humain. La politique ne se résume pas à un algorithme.

Listes jeunes

Enfin, il faut se réjouir de tous ces jeunes candidat.e.s, qui malgré leurs faibles chances d’être élu, sortent de leur zone de confort et affrontent leurs inhibitions pour porter les valeurs qui leur tiennent à cœur. Si le taux d’abstention chez les jeunes a atteint des niveaux records aux dernières élections en 2015 et 2011, le nombre de listes jeunes pour les élections fédérales du 20.10 prochain atteint des niveaux rarement atteints auparavant. En se portant candidat, ces jeunes montrent à leurs semblables qu’il est possible de se lancer. Ces listes sont aussi pour les jeunes électeurs.trices une incitation à participer avec l’espoir que leurs préoccupations seront relayées par des candidat.e.s de leur génération. Ces jeunes méritent notre bienveillance et notre considération.

À suivre le 04.10.2019 : « Jeunes et politique : À vous de jouer (épisode 4/4) »

-Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux jeunes sur mon site internet

-Vous pouvez aussi (re)lire l’épisode 1 du 05.08.2019 « Jeunes et politique : L’éveil » et l’épisode 2 du 13.08.2019 « Jeunes et politique : un rendez-vous manqué ? »

Déconnexion : un droit à conquérir

Vous vous apprêtez peut-être à partir ou à rentrer de vacances. Vous êtes-vous senti.e obligé.e de relever vos courriels professionnels provoquant une soudaine montée de stress, alors que vous étiez tranquillement assis à siroter un café glacé sur une terrasse ombragée ? Avez-vous répondu au téléphone de votre chef.fe qui avait oublié que vous étiez en vacances ? Le temps de vacances est protégé par la loi. Il a pour but de se reposer, d’occuper son temps différemment afin de reprendre le travail.

Contre la semaine de 67 heures

Seulement voilà à l’ère de l’ultra-connexion, nous sommes passés d’une période où nous allions surinternet à une période où nous sommes dansinternet. La frontière entre vie professionnelle et vie privée s’estompe, d’où l’importance de protéger notre temps libre. Les tentatives d’affaiblir la loi sur le travail sont déjà bien avancées. En Suisse, la durée maximale du travail est déjà l’une des plus élevées en Europe, pouvant aller jusqu’à 45 heures, voire 50 heures/semaine. Tout récemment,pourtant,deux initiatives des partis bourgeois ont obtenu une nette majorité au sein de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats. La première consiste à introduire l’annualisation du temps de travail, permettant d’augmenter le temps de travail jusqu’à 67 heures/semaine, en réduisant le temps de repos entre deux journées de travail de 11 heures à 9 heures plusieurs fois/semaine (terminer lundi à 22 heures, pour reprendre mardi matin à 7 heures). La seconde veut supprimer l’enregistrement du temps de travail, qui a précisément pour objectif d’éviter le cumul d’heures supplémentaires. Ces régressions affecteraient les travailleurs exerçant une fonction de supérieur.e.s ou les spécialistes disposant d’un pouvoir de décision important dans leur domaine, soit jusqu’à 38% des employé.e.s.Ces velléités de dérèglementation rendent d’autant plus nécessaire la reconnaissance d’un droit à la déconnexion garantissant à tout.e employé.e le droit de ne pas lire ses courriels professionnels ou de répondre au téléphone pendant ses vacances et son temps libre. Un droit qui souffre naturellement quelques exceptions pour certaines fonctions dirigeantes élevées, vu leur niveau de responsabilités.

Solutions techniques

Le droit à la déconnexion a été reconnu dans plusieurs pays. En Allemagne, à la demande du syndicat IG-Metall, certaines entreprises, comme Mercedes ou VW font en sorte que les courriels reçus en dehors des heures de travail ne soient pas déviés sur le portable de leurs employé.e.s. Un procédé utile pour éviter une concurrence malsaine orchestrée par des employeurs pas toujours bien intentionnés, visant à tester la réactivité des salarié.e.s jusque sur leur temps libre.

En attendant

En Suisse, malgré quelques tentatives, nos autorités ne souhaitent pas inscrire ce droit dans la loi. En attendant la conquête de cedroit, prenez bien soin d’activer vos notifications d’absence à votre départ en vacances, en précisant bien que vos courriels ne seront lus qu’à votre retour au travail et en orientant vos destinataires vers votre secrétariat ou vers un collègue disponible en votre absence.

-Pour en savoir plus, consultez le post publié le 28.07.2019 sur mon site internet « Droit à la déconnexion : pourquoi et comment »

-Voir aussi, le débat RTS Forum du 27.06.2019 – Déconnexion : faut-il une loi ?

Avec Jean Tschopp, candidat PS au Conseil national, député et juriste chez Unia,

Claudine Amstein, directrice de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie,

Pierre Imhof, chef du Service du développement territorial du canton de Vaud, et

Catherine Vasey, psychologue du travail