Jeunes et politique : Faire son choix (épisode 3/4)

Plus de 4000 candidat.e.s sont dans les starting-blocks pour les élections fédérales du 20.10. 377 Candidat.e.s se lancent au Conseil national rien que pour le canton de Vaud. Des nombres records qui peuvent être décourageants pour les électeur.trice.s et les plus jeunes notamment qui n’ont pas toujours le temps, ni l’envie de comparer les propositions des différents partis et les profils des uns et des autres. Plusieurs moyens existent pourtant pour vous aider à faire votre choix.

Approchez les candidat.e.s

En Suisse, les élus au Parlement sont des miliciens et non des professionnels. Ce statut les rend – pour la plupart – beaucoup plus accessibles que dans les autres pays. Sur internet, vous trouverez facilement leur e-mail, assez souvent même leur numéro de téléphone. Vous pouvez les croiser dans le train et ils n’ont pas de voiture de fonction. Vous avez une question, une demande, une attente particulière : écrivez-leur, appelez-les, interpellez-les. Plus j’avance dans mon parcours politique, plus les sujets me sont suggéré par des personnes qui m’ont sensibilisé à un enjeu qui m’avait échappé. Et si un.e candidat.e vous reçoit mal ou vous ignore, c’est qu’il ne mérite pas votre confiance.

Aides à la décision

Comme candidat au Conseil national, j’ai déjà répondu à 15 questionnaires allant d’Animaux Parlement à Ecorating en passant par un baromètre numérique. Plusieurs de ces organisations vous renseignent sur les résultats des différents partis et candidat.e.s. En répondant à quelques questions (30 pour la version courte et 75 pour la version longue), Smartvote (accessible aux électeurs.trices dès le 20.08) ou Vimentis (dès le 26.08) vous renseignent sur votre profil politique en générant votre « smartspider » (voici la mienne, à titre d’exemple) et sur les candidat.e.s les plus proches de vos idées. Ces plateformes comportent aussi des limites. Tout d’abord, Smartvote ou Vimentis (même si cette seconde plateforme permet de hiérarchiser l’importance des questions) ne vous renseigneront pas sur la personnalité ou la sensibilité des candidat.e.s. Ensuite, l’approche retenue par ces plateformes comporte aussi certains biais. La différence entre un « Oui » ou un « Plutôt oui » à une question x ou y, ou la définition des algorithmes peuvent avoir des conséquences importantes sur la définition de votre profil politique. Ces plateformes vous donneront un repère, mais ne reflètent pas toutes les aspérités qui font la vie politique. Rien ne vaut le contact humain. La politique ne se résume pas à un algorithme.

Listes jeunes

Enfin, il faut se réjouir de tous ces jeunes candidat.e.s, qui malgré leurs faibles chances d’être élu, sortent de leur zone de confort et affrontent leurs inhibitions pour porter les valeurs qui leur tiennent à cœur. Si le taux d’abstention chez les jeunes a atteint des niveaux records aux dernières élections en 2015 et 2011, le nombre de listes jeunes pour les élections fédérales du 20.10 prochain atteint des niveaux rarement atteints auparavant. En se portant candidat, ces jeunes montrent à leurs semblables qu’il est possible de se lancer. Ces listes sont aussi pour les jeunes électeurs.trices une incitation à participer avec l’espoir que leurs préoccupations seront relayées par des candidat.e.s de leur génération. Ces jeunes méritent notre bienveillance et notre considération.

À suivre le 04.10.2019 : « Jeunes et politique : À vous de jouer (épisode 4/4) »

-Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux jeunes sur mon site internet

-Vous pouvez aussi (re)lire l’épisode 1 du 05.08.2019 « Jeunes et politique : L’éveil » et l’épisode 2 du 13.08.2019 « Jeunes et politique : un rendez-vous manqué ? »

Jeunes et politique : l’éveil (épisode 1/4)

Comme rarement auparavant, les jeunes ont été au cœur de la mobilisation depuis plusieurs mois déjà. Les grèves internationales du vendredi pour le climat, cet éveil politique pour des dizaines de milliers d’apprenti.e.s et gymnasien.ne.s, ont rencontré un succès sans précédent, avec ce message simple : « à quoi bon poursuivre mes études, si notre planète ne sera plus viable ? ». La grève féministe a pris le relai avec une envie sans précédent d’en découdre avec les discriminations vertigineuses aux corps des femmes, d’émancipation et de combat contre les assignations de genre au travail, sur son lieu de formation, dans l’espace public et jusque chez soi. Ces deux mouvements ne s’arrêtent pas aux jeunes. Mais la jeunesse en a été à la fois le moteur et un.e acteur.rice incontournable. Rien n’indique que ces mouvements vont s’essouffler. Au contraire, ils génèrent une puissante émulation. Pourtant, les tentatives de le discréditer émergent déjà. En France, un philosophe supposé influent s’est étonné que l’initiatrice des grèves pour le climat, Greta Thunberg lui faisait penser à un robot et qu’elle ne souriait jamais, faisant fi de son autisme et de toutes celles et ceux atteint.e.s de cette maladie. Comme souvent la réaction contre ces deux mouvements d’émancipation pour notre environnement et pour l’égalité femmes-hommes oscilleront entre le mépris et la condescendance. Le rapport de force va se cristalliser de plus en plus autour de ces enjeux : pour ou contre le climat, pour ou contre la cause des femmes.

De l’indignation …

Dans son essai de 2010 « Indignez-vous ! », Stéphane Hessel écrit que l’indignation est le ferrement de l’esprit de résistance. Il est aussi le point de départ de toute prise de conscience et de tout engagement politique. Comment continuer à peser sur le débat d’idées ? Il faudra toute la créativité des animatrices et animateurs de ces mobilisations pour dénoncer le déni trop souvent entendu face à l’urgence climatique ou aux inégalités hommes-femmes, pour identifier les changements à entreprendre et pour conquérir ces nouveaux droits.

… À la participation

Mais nous ne serions pas complets, si nous ignorions la nécessité pour les jeunes de se servir de leurs droits populaires : droit de vote, droit d’élection et d’éligibilité aussi. Naturellement, la démocratie n’est pas l’alpha et l’oméga du champ d’action politique, mais elle en est une des composantes incontournables. En Suisse, aujourd’hui, deux jeunes (moins de 30 ans) sur trois ne participent pas aux élections / votations. Les élu.e.s l’ont parfaitement en-tête. S’adresser aux jeunes ne leur rapporte que peu de voix et ils n’hésitent pas à se détourner de leurs préoccupations. Il n’y a pas pire sourd que celui ou celle qui ne veut pas entendre. Pour peser de tout son poids sur la politique et imposer ses thèmes, environnement et féminisme en-tête, la jeunesse doit prendre toute sa place et cela passe aussi par l’usage de son droit de vote.

À suivre le 13.08.2019 : « Jeunes et politique : un rendez-vous manqué ? » (épisode 2/4)

Pour en savoir plus, consultez mon Appel aux Jeunes sur mon site internet