Initiative, contre-projet du parlement, referendum contre le contre-projet. Une routine classique en politique suisse. Mais l’objet est maintenant capital : la transition climatique, le plus grand défi du siècle :
« La Suisse va devoir se prononcer par referendum le 18 juin sur le contre-projet du Parlement à l’initiative sur les glaciers Il prévoit le remplacement des chauffages polluants, l’assainissement énergétique des bâtiments et une offensive sur le solaire qui facilitera la construction de grands parcs solaires alpins. »
Les initiants décrivent ce contre-projet comme « toxique » pour l’économie. Atteindre la neutralité carbone en 2050 signifie effectivement interdire le mazout, l’essence, le diesel et le gaz. Le chauffage et la conduite automobile ne seraient plus possible qu’avec l’électricité. Il n’y a pas d’échappatoire possible à ce défi. Si en 2050, on brûle encore des combustibles fossile, la situation du climat sera hors de contrôle. C’est cela qui sera vraiment toxique.
Pour fournir une demande croissante d’électricité, le parlement a d’ailleurs ajouté une prescription sur le solaire au contre-projet. Les nouvelles constructions d’une surface au sol supérieure à 300 m2 devront se munir de panneaux photovoltaïques. Les grands parcs solaires alpins pourront obtenir une aide fédérale.
Dès lors que s’ébauche enfin un brouillon de plan fédéral à long terme, comment peut-on encore s’y opposer ? Comment un tel aveuglément est-il possible ? Comment peut-on céder à une aussi basse démagogie ? D’autant que l’année 1922 n’a pas été avare de catastrophes climatiques donnant un avant-goût de ce qui va advenir.
Jadis les populistes ont commencé par prétendre qu’il n’y avait pas de réchauffement climatique, puis quand cette posture est devenue impraticable, par affirmer que ce qui se produit n’est pas dû à des causes humaines. Cela semble être la position de repli sur laquelle se jouera le référendum de juin prochain. Soutenir qu’il est possible, voire indispensable de continuer à brûler des combustibles fossiles sans inconvénient aucun.
C’est nier l’influence des gaz à effets de serre sur le climat, une chaine causale pourtant établie au-delà de toute contestation. Comment est-il possible de promouvoir une politique en niant l’évidence ?
L’explication est simple. Le but du populisme n’est absolument pas de résoudre les défis tels qu’ils se posent en réalité, mais tels qu’ils sont perçus par la masse des électeurs, dont la formation scientifique est évidemment lacunaire. On peut donc prétendre n’importe quoi dans le débat politique, aussi bien pour le réchauffement climatique que pour la vaccination contre le Covid ou l’envoi d’armes à l’Ukraine. Cela procède d’une analyse cynique mais tout à fait réaliste de l’opinion publique. En y additionnant des campagnes de méfiance à l’égard des « élites », on ruine lentement l’édifice démocratique et on se rapproche du pouvoir illibéral.
L’exemple de Bolsonaro et de Trump démontre qu’une telle campagne de communication dégage une majorité électorale. Celle-ci acquise dans les urnes, une seule fois de justesse, le pouvoir devient définitivement la propriété du leader charismatique, propulsé par son identification aux craintes de la majorité. Il suffit ensuite de lancer des émeutiers à l’assaut des bâtiments qui sont le siège du pouvoir. La Suisse sera-t-elle indemne de cette contamination ? Rien ne serait plus dangereux que de le croire. La démocratie n’est pas douée d’immortalité. Nous ne sommes pas démocrates de droit divin. Il a déjà fallu protéger le Palais fédéral par des grillages contre des émeutiers.
L’UDC montre à nouveau qu’elle ne prend pas au sérieux la crise énergétique et climatique, a déploré dans un communiqué l’Association suisse pour le climat. Elle regrette que le vote à venir, qui devrait avoir lieu le 18 juin 2023, retarde le changement de loi.