Faut-il démanteler l’Eglise catholique ?

 

Tel a été le thème acerbe de l’émission Infrarouge de mardi passé. Il a été remarquablement formulé car le verbe démanteler n’implique pas la suppression de cette Eglise ou l’interdiction d’exercer ce culte, mais un changement radical de direction. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec deux entreprises majeures, Swissair et UBS, dont la direction a été remplacée pour que ces firmes puissent poursuivre leur mission dans une situation de faillite. Toute institution, commerciale ou culturelle, est d’abord constituée de ses employés et de ses clients. Les directions ne font que passer.

Ainsi en est-il d’une Eglise dont l’étymologie en grec signifie simplement communauté. L’Eglise catholique n’est pas identifiable à sa hiérarchie, ni même à son clergé, mais à ses fidèles. Encore faut-il définir ce que l’on entend par ceux-ci. Environ 13% des catholiques en Suisse participent à un service religieux au moins une fois par semaine. C’est le cas de 72% des évangéliques. Cette dernière Eglise semble correspondre donc mieux aux attentes des habitants de ce pays.  Pourquoi? En quoi?

Le rapport de la Ciase en France a estimé à 330 000 le nombre d’abus sexuels commis durent les 70 dernières années par des prêtres ou laïcs engagés dans les activités de l’Eglise catholique. Il est évident que si la même découverte était faite dans une organisation quelconque, sportive, éducative, commerciale, la direction de celle-ci serait instantanément remerciée sans préjudice d’éventuelles suites judiciaires. Pour l’instant, les pouvoirs publics hésitent à appliquer le même traitement à l’Eglise catholique dont le rôle dans l’Histoire de France est majeur. Et surtout dans une Eglise qui se réclame d’un lien vertical avec le divin. Au point d’annoncer que le secret de la confession, loi divine, serait au-dessus des lois de la République pour se rétracter ensuite.

Devant l’ampleur du scandale, certains estiment qu’il faut au minimum une démission collective de tous les évêques. Ce serait l’application standard de ce qui se passe lors du dysfonctionnement d’une direction dépassée par les événements. Mais si cela se résume au remplacement d’une centaine de prélats, recrutés d’une certaine façon, par autant de clercs formés dans le même moule, on n’aura pas avancé vers une solution. Puisque l’Eglise est majoritairement formée de laïcs, il faut leur accorder le pouvoir qui leur a été jusqu’à présent refusé.

Il ne s’agit pas ici de dire à la France ce qu’elle doit faire mais de susciter en Suisse la même analyse par une commission indépendante. Il semble qu’elle sera fonctionnelle dès le début de 2022, tandis que fonctionne déjà une commission d’indemnisation des victimes déclarées. Il est donc trop tôt pour mesurer l’impact de ses travaux, mais la similitude des Eglises catholiques dans les deux pays oblige à envisager le cas d’un révélation aussi anormale et inattendue. Puisque le rapport entre les populations des deux pays est de l’ordre de huit, on pourrait craindre de découvrir de l’ordre de 40 000 cas d’abus. On peut cependant se rassurer car la Suisse comporte nombre d’Eglises réformées où il semble que le problème, même s’il ne peut être inexistant, n’a apparemment pas la même ampleur.

Et donc cette différence, si elle est confirmée, appelle un alignement de l’Eglise catholique sur l’organisation interne des Eglises réformées, sur au moins trois points, qui ne touchent ni au dogme, ni à la morale mais à la gestion la plus élémentaire.

1/ La coïncidence de tous les pouvoirs entre les mains d’une personne, évêque ou pape, va à l’encontre d’une pratique commune aux Etats de Droit démocratique, tellement féconde :  la séparation des pouvoirs, qui encourage un équilibre des instances et modère les abus. Dans certaines Eglises réformées il n’y a pas d’évêques ; donc toutes les prérogatives sont dévolues au synode. Ce dernier peut aussi devenir le lieu d’une confusion des pouvoirs comme certains incidents le révèlent : ce n’est pas une solution miracle.  Il ne sert non plus à rien de placer un synode en parallèle avec l’évêque si ce dernier conserve tous les pouvoirs. Une pratique simple consisterait à donner à un  synode tous les pouvoirs législatifs et de conserver à l’évêque le pouvoir exécutif. De même les tribunaux ecclésiastiques devraient disposer du droit de poursuivre d’office les crimes dont ils ont connaissance sans être soumis à une autorisation épiscopale. Il faut soulager les évêques d’une tâche qui dépasse manifestement leurs forces.

2/L’Eglise catholique de rite latin est la seul Eglise chrétienne qui recrute son clergé uniquement parmi des hommes tenus au célibat. Les Eglises catholiques de rite oriental acceptent les hommes mariés. Les Eglises réformées et anglicane admettent en plus les femmes au ministère sacerdotal, voire épiscopal. Or ces Eglises semblent ne pas être affectées de façon aussi systématique par la pédocriminalité. Ce rapprochement tend à prouver qu’un clergé strictement masculin et contraint au célibat commet en son sein des abus sexuels, qui sont loin d’être exceptionnels. Cette évidence peine à s’imposer car elle induirait la suppression immédiate de l’obligation du célibat, d’institution tardive. Une réforme du clergé catholique devrait comporter le recrutement d’hommes et de femmes, mariés ou non.

3/ Les Facultés de Théologie catholique fonctionnent sous la surveillance de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi romaine qui inflige des sanctions aux enseignants allant jusqu’à l’interdiction d’enseigner et de publier. En ont été victimes les plus éminents théologiens. Aucune discipline scientifique ne peut progresser dans cette situation ; il n’existe pas de contrôle centralisé des chercheurs en physique, biologie ou mathématique, disciplines qui s’en portent d’autant mieux. Il semble donc élémentaire d’instaurer la liberté académique comme allant de soi pour les chercheurs en théologie.

Dans l’Etat actuel des choses, seule la première proposition a quelques chances de recevoir un accueil précaire. Les deux suivantes ne sont que de la musique d’avenir, qui pourrait néanmoins advenir plus tôt qu’on ne l’espère. A terme elles s’imposeront inévitablement car elles conditionnent la survie de l’institution.. Il est donc important de les formuler dès maintenant dans toute leur rigueur. De même des revendications syndicales, politiques ou sociétales ont été postulées bien avant qu’elles ne soient accordées et se révèlent bénéfiques.

La désaffection des fidèles est patente dans l’Eglise catholique. Il faudrait étudier le rôle qu’a joué l’épidémie pédophile, dissimulée mais présente. Il n’y a pas que 330 000 victimes, il y a autant de familles qui refusent désormais de confier leurs enfants à une institution déshonorée. Si l’analyse dévoile bien le caractère systémique de l’épidémie, qui est en fait universelle, en Allemagne, Irlande, Etats-Unis…, il ne faudrait pas en déduire qu’elle est systématique. Elle n’a frappé qu’une minorité du clergé catholique tandis que l’immense majorité s’est dévouée sans compter et est aujourd’hui déshonorée à tort. C’est une autre catégorie de victimes. Errare humanum est, perseverare diabolicum.

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

51 réponses à “Faut-il démanteler l’Eglise catholique ?

  1. Il faudrait surtout que les Eglises, toutes les “Eglises” pas seulement la catholique, cessent de vouloir imposer leur vision du monde à leurs soi-disant “fidèles” (qui le sont de moins en moins d’ailleurs) et, pire encore, même aux autres. Elles devraient se limiter à donner des préceptes de vie que chacun est libre d’accepter et mettre en pratique ou pas, tant qu’il adopte un comportement et une manière d’agir qui ne portent pas préjudice à d’autres évidemment, sans menaces d’excommunication ou de damnation éternelle (!); à elles d’être suffisamment convaincantes! Quelle qu’en soit l’origine (divine ou naturelle) nous avons reçu un cerveau pour réfléchir et se faire notre propre vision du monde, faculté qu’il est absolument inacceptable de chercher à brider et encadrer par des doctrines qui obligeraient à accepter aveuglément des croyances qui n’ont aucune base tangible. Pour ceux qui ont la “foi”, tant mieux pour eux, mais les autres n’en sont pas moins respectables, on ne peut pas s’obliger à croire.

    1. Vous formulez et analysez si bien la situation et l’attitude tellement traditionnelle de l’Eglise. Après avoir été fervent servant de messe, il y bien des décennies, c’est exactement ce que vous dénoncez qui m’a fait peu à peu m’en éloigner. Grandir fait que malheureusement pour l’Eglise, pour ses innombrables préceptes, ukases, interdits et condamnations qu’elle a tenté de nous inculquer dans nos jeunes cerveaux, ce dernier a lui aussi grandit et acquis la capacité à évaluer, analyser, comparer et parfois juger. Je me souviens de ce curé, en préparant ma première communion, que j’avais surpris, affirmant à une personne qui l’interrogeait sur la précocité de cette démarche pour un jeune enfant. Il lui avait répondu. “Il faut les prendre avant qu’ils ne soient pris…” Et à l’opposé ce magnifique Pope orthodoxe que j’avais rencontré et eu le privilège d’une belle conversation et qui m’avait dit: “Notre église s’arrête à la porte des gens, l’église catholique va dans leur chambre à coucher…”

  2. Remarquable analyse et propositions pertinentes…mais qui ont peu de chances d’aboutir. Aucune institution n’accepte volontairement de se réformer radicalement sans une forte pression de la société et du pouvoir politique. Mais quel gouvernement prendrait le risque d’affronter le pape et l’Eglise catholique ? Et, en pleine pandémie, la société civile a d’autres soucis que la réforme de l’église catholique.

  3. Les statistiques au début de votre textes ne disent rien de de l’attente des habitants de ce pays. Le nombre officiel des catholiques se trouve dans le registre du contrôle des habitants de certains cantons, celui des évangéliques est une estimation qui dépend déjà de la définition qu’on veut donner à cette dénomination. Ou plus simplement: vous n’êtes pas évangélique si vous ne participez pas aux activités de la communauté, Sur le principe c’est aussi valable pour les Eglises dites reconnues, mais l’imbrication Eglise-Etat et l’héritage familiale rend les chiffres incomparables. C’est en train de changer, mais nous sommes encore Evangéliques par décision personnelle et catholique ou protestant par héritage.

    Cela fait plus de 10 que chaque diocèse, canton, et aussi la Conférence des évêques suisses ont crée des structures indépendantes pour recevoir le témoignage et la dénonciations d’abus et font des rapports réguliers. Si tout d’un coup ses chiffres étaient décuplés cela demanderait une sérieuse explication!

  4. Cet article est dense et aborde de nombreux aspects de la question. Mais je voudrais souligner une contre vérité flagrante sur un point particulier.

    L’auteur écrit ceci:

    “Il est évident que si la même découverte était faite dans une organisation quelconque, sportive, éducative, commerciale, la direction de celle-ci serait instantanément remerciée sans préjudice d’éventuelles suites judiciaires. Pour l’instant, les pouvoirs publics hésitent à appliquer le même traitement à l’Eglise catholique …”

    En d’autre termes, il existerait un deux poids deux mesures . l’Eglise catholique serait traitée avec plus de mansuétude pour les cas de pédophilie en son sein que ce n’est le cas dans d’autres organisations.

    Fact checking : il s’agit d’une parfaite fake news!

    Il est bien connu que, premièrement : les cas de pédophilie, aussi choquants et regrettables soient-ils, proportionnellement au personnel des diverses institutions, sont moins répandus dans l’Eglise catholique que dans les organisations laïques telles que l’instruction publique, les organisations sportives, la haute administration etc. ; et deuxièmement: l’omerta et la protection politique sans faille pour les personnalités politiques impliquées dans des scandales de pédophilie est encore plus forte dans la politique les médias etc. qu’elle ne peut l’être s’agissant les prêtres ou même évêques et cardinaux lesquels ont été (autrefois) protégés par les procédures internes de l’Eglise (mais ce n’est plus le cas ) et qui sont systématiquement livrés en pâture au public par les médias tellement désireux de nuire à l’Eglise.

    Visiblement M. Neirynck n’a jamais entendu parler de l’affaire Duhamel, du pasteur Doucet, de Jack Lang, des lieux de vie comme l’affaire du Corral, de l’affaire dutroux en Belgique où on a attrapé seulement les lampistes, etc., etc. Il n’a pas non plus entendu parler de scandales bien réels dans l’instruction publique, laïque, en Suisse.

    Je pourrai contimnuer lontemps. La liste est longue.

    Toutes ces affaires ont été sytématiquement étouffées et continuent à l’être, sauf la récente affaire Duhamel en France parce que là les victimes étaient des personnalités connues, et médiatiques, qui ont décidé de parler et donc on ne pouvait pas les faire taire (sauf l’actrice Marie France Pisier qui a été assassinée). Mais il faut voir le défilé de personnalités qui sont allées à la télévision prendre la défense du pédophile d’élite Olivier Duhamel.

    Donc M. Neirynck ment ici. C’est le contraire qui est vrai. Il y a certes un deux poids deux mesures, mais il s’exerce contre l’Eglise catholique et en faveur d’autorités laïques proches du pouvoir, plus gravement atteinte que l’Eglise catholique par la réalité pédophile, et qui protègent leurs membr4es jusqu’au bout et même jusqu’au crime, avec l’aide des médias, alors qu’un pauvre prêtre qui a tripoté la braguette d’un enfant dans une colonie de vacances en 1970 est poursuivi comme un pelé, un galeux, poussé au suicide, sans pitié, avec la meute médiatique à ses trousses. C’est ça la vérité.

    Et je vais même être un peu plus méchant. Pourquoi M. Neirynck ne parle-t-il pas des nombreux hauts cadres de la très officielle RTS coupables de crimes pédophiles et qui ont bénéficié et bénéficient encore d’une protection sans faille. Dois je donner les noms ?

    Je ne prétend pas être un bon catholique. Mais il y a une question de justice élémentaire. Cet article est une vilenie, d’autant plus choquante qu’elle vient d’un homme politique qui a été élu sur les listes d’un parti catholique (même si ce parti a renié son origine chrétienne récemment).

    1. “Il est bien connu que, premièrement : les cas de pédophilie, aussi choquants et regrettables soient-ils, proportionnellement au personnel des diverses institutions, sont moins répandus dans l’Eglise catholique que dans les organisations laïques telles que l’instruction publique, les organisations sportives, la haute administration”
      Cet extrait du commentaire ne tient pas compte de ce que la Ciase a découvert : le lieu le plus affligé par la pédophilie est la famille, puis vient l’Eglise catholique, bien plus que l’éducation, le sport.
      Bien évidemment l’auteur est au courant des autres scandales régulièrement dénoncés par la presse. Ce n’est pas le sujet du blog qui propose des mesures pour éviter la répétition de ces faits.
      Ce n’est pas parce que l’auteur a été élu au parlement sur les listes du PDC qu’il devrait se taire. C’est une conception curieuse de la liberté de parole. C’est imposer la complicité.

      1. Non, bien sûr, le fait d’avoir bénéficié de l’étiquette catholique pour être élu n’impose pas la moindre complicité. Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.

        En revanche, c’est une question de décence que si on a bénéficié de l’étiquette catholique, on traite équitablement l’Eglise catholique, et ne l’accable pas en lui appliquant des critères que l’on n’applique pas à d’autres institutions.

        Ceci est particulièrement important dans un moment où il y a une véritable campagne, que je n’hésiterais pas à qualifier de persécution, pour tirer parti des scandales de pédophilie dans l’Eglise, et ce afin d’abattre définitivement la dite Eglise (ou plutôt ce qu’il en reste depuis son suicide de Vatican II), et alors que cette campagne émane de milieux qui sont eux-mêmes mouillés jusqu’au cou dans des scandales pédophiles encore pires, mais qui sont étouffés.

        Je fais allusion ici à l’establishment politique progressiste antichétien dont les Jack Lang, Olivier Duhamel, Daniel Cohn-Bendit & Co ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

        Je vais faire une prophétie: quand ces milieux antichrétiens et anticatholiques haineux auront tiré tout le profit qu’il leur aura été possible de tirer en faisant monter la sauce au maximum dans les affaires de prêtres pédophiles pour abattre cette instution sainte qu’est l’Eglise, malgré ses turpitudes, eh bien, vous voulez savoir quelle sera leur première et plus pressante préoccupation?

        Ils feront adopter des lois décriminalisant l’inceste et la sexualité entre adultes et enfants !

        On prend les paris ?

        Ca a été toujours été leur but. Mais ils ont demandé aux pédophiles d’élite en leur sein de patienter un peu, pour leur laisser le temps de régler son compte d’abord à l’Eglise catholique.

      2. A mon avis, c’est un débat stérile.
        Y-a-t-il eu énormément de cas d’abus dans l’église catholique? C’est une évidence, vu le pouvoir qu’avait cette institution par le passé. Et vu que le pouvoir n’attire pas que des gens honnêtes…
        Y-en a-t-il encore autant? J’en doute énormément.
        D’abord, parce que l’institution a perdu la plupart de ses pouvoirs au cours des 50 dernières années. Et que sans les abus du pouvoir, les affaires ne sont plus étouffées comme par le passé.
        Dès lors, il ne sert plus à rien de prétendre démanteler une institution qui a déjà été dépouillée de ses prérogatives, dont on peut juger qu’elle étaient propices à des abus.
        Une fois que ce constat est posé, il vaudrait mieux s’intéresser aux lieux du pouvoir actuel, qui sont les les lieux des abus actuels. Quelles sont les institutions qui ont autorité sur l’enfance ou la jeunesse en 2021? Telles sont les institutions qui recèlent sans doute des abus.

        1. Bonne remarque et bonne question.

          Cela n’empêche pas à mon avis que les 3 propositions de M. Neyrinck seraient bienvenues, en particulier la 2e. Ceci indépendamment de ces affaires de pédophilie.

          1. Non cette proposition ne changerai absolument rien : étant donné que les agressions sexuelles se font bien plus dans la famille que dans l’église, je ne voit pas en quoi le fait de les marier pourrai réduire ces agressions. Pour l’ordination des femmes prêtres, cela ne changera pas le nombre de victimes : il y aura toujours autant de prêtres hommes (et on ne peut pas exclure que les femmes aussi peuvent aussi faire des agressions sexuelles) et donc autant de victimes, cela ne changera que le pourcentage d’agresseurs, pas leur nombre. Cette proposition est particulièrement inutile.

          2. C’est pour ça que j’ai écrit indépendamment de ces affaires. Ce serait une évolution globalement positive j’en suis convaincu. Je ne comprends pas pourquoi l’Église s’y oppose, mise à part avec des arguments insoutenables à notre époque, si elle souhaite rester (ou redevenir) crédible.

            “il y aura toujours autant de prêtres hommes”
            Au début peut-être, mais à terme il est fort probable qu’il serait moins nombreux puisque le nombre total nécessaire et soutenable financièrement ne peut pas croître indéfiniment.

      3. Une fois de plus la présentation des statistiques n’est pas univoque: J’en ai vu un qui présentait les cas par famille, Eglise catholique, Sport, Ecole, etc, etc. En additionnant Sport, Ecole, etc, etc, on obtient un nombre de cas plus important hors Eglise que dans l’Eglise.
        La comparaison que je n’ai pas vue, probablement trop compliqué à présenté, tellement les données changent dans le temps et les régions. La part de catholiques dans les familles (ou: les convictions religieuses ont-elles une influence sur le comportement sexuel), la part catholique dans l’instruction (Change aussi, du moment que les religieux ce sont largement retiré, du moins en Suisse) La part catholique dans les activités extra-scolaires…
        Jacques, lorsque vous parlez de mesures pour éviter la répétition de ces faits. vous parler à mon avis de mesures pour les chassez d’une institution. S’il y a un reproche que je fait à l’institution, c’est que la plupart des mesures cherchent avant tout: “plus de ça chez nous”. C’est important et légitime! Suffisant? Il y a de bonne raison de penser que certaines formes de vie religieuse puissent apparaître propice à des individus avec des inclinaisons à une sexualité ou d’autres formes d’abus désordonnés. S’intéresser aux motivations des candidats, ne pas cacher les actes, renvoyer les fauteurs sont des réponses nécessaires.
        Mais que faire du pédophile?
        Comment lui faire prendre conscience de ses tentations avant qu’il ne cause des dégâts.
        Peux-t-on continuer à le déclarer responsable de ses actes, tout en admettons qu’il a pas les moyens neuro-psychologiques (et ne les aura jamais. Je ne l’affirme pas, c’est le résumé que je fais du discours rencontré dans la littérature, les médias audio-visuels et sociaux) pour les contrôler?
        Sa responsabilité étant de ne céder sous aucun prétexte, quels moyens la société en générale et l’Eglise en particulier (dont la première mission n’est pas de se maintenir, mais de chasser les démons e guérir) peut-elle solidairement lui mettre a disposition pour qu’il y parvienne!
        Suis-je naïf de penser que nous préférons montrer du doigt que de chercher des remèdes car le discours de la société globalisée concernant la sexualité et le comportement sexuel est trop contradictoire?

  5. L’APPEL DU NOUVEAU PARADIGME
    Il faut savoir reconnaître lorsqu’un changement de paradigme est en cours. Les structures traditionnelles perdent de leurs superbes aux yeux des individus qui sortent de leur transe hypnotique et aspirent à autre chose – par exemple une spiritualité vécue dans son âme et pas seulement dans une église.

    RENCONTRER NOTRE OMBRE
    Et si abus il y a eu des autorités ecclésiastiques, il suffit de regarder autour de nous, pour voir que l’abus dépasse largement l’église (elle est culturelle et appartient à notre “singitude” – cf. travaux de Pascal Picq). Ce n’est que lorsque les protagonistes de ces abus, ces prédateurs tapis dans l’ombre de la psyché (derrière le déni et la dissociation) perdent leur pouvoir que les langues osent se délier…et que la réalité émerge et souvent ce n’est pas très beau à voir.

    PROCESSUS DE MATURATION
    Dans cette désertion de l’église, nous pouvons aussi y voir la répétition d’un métacycle de vie qui existe déjà au niveau individuel (ontogenèse), soit le passage de l’enfant qui déifie ses parents à l’ado qui défie ceux-ci, avant de pouvoir atteindre la maturité.

    TRAVERSER LE PASSAGE INITIATIQUE
    Dans ce changement de paradigme, la notion même de communauté se transforme aussi d’un système vertical top-down (autorité spirituelle centrale sorte d'”égosystème”), à une structure plus horizontale (“écosystème”). Mais nous n’en sommes pas encore là non plus, il nous faut d’abord traverser l’effondrement – sorte de passage initiatique collective – qui s’il est réussi nous permettra de rebâtir sur des bases plus saines l’entièreté de notre société qui arrive à bout de souffle (d’inspiration).

    EVITER LES PIEGES ET LES ECCUEILS
    Dans cette métamorphose, dans cet entre-deux, ce clair-obscure, il peut naître un monstre (transhumanisme, totalitarisme, idéologiques délirantes). Il faut donc être particulièrement vigilant aux faux semblants, aux belles paroles, aux raccourcis, aux fourberies de nos dirigeants et conseillers politiques qui appartiennent au monde de hier (Les premiers seront les derniers…).

    UNE ASPIRATION-INSPIRATION QUI NOUS GUIDE SUR LE CHEMIN
    Notre monde réclame un changement profond. Une rénovation complète. Un renversement de valeurs. Cela en va de la Survie de notre espèce, et si on se place dans une perspective écospirituelle : de l’ensemble de la toile de la vie.

  6. N’étant pas catholique, il ne m’appartient ni de critiquer, ni de juger les propos de l’auteur de cet article. Pourtant, pour avoir suivi une partie de ma scolarité dans un collège catholique, je n’y ai jamais connu le moindre écho de pratiques déviantes, telles que celles dont on accable l’Eglise catholique aujourd’hui. Pourquoi ces pratiques ont-elles été découvertes et dénoncées aussi tard, alors qu’elles ont pu exister de tout temps, et pas seulement celui des Borgia? Qui vise-t-on? Le pauvre curé de campagne dont la main baladeuse s’est quelque peu égarée sur ses tendres brebis, toutes plus innocentes les unes que les autres, bien entendu? Sur celui qui, encore dans la force vive de ses jeunes années, n’aurait pu résister au désir de faire un enfant à la lingère du cloître dont il supportait mal l’austérité?

    Comment ne pas voir dans cet acharnement à discréditer de manière systématique une Eglise dont l’apport à l’éducation, à la culture et au maintien de la paix est sans égal, une volonté délibérée et organisée de saper l’autorité morale de cette Eglise, dont le chef spirituel ne reste pas mois le “primus inter pares” aux plans diplomatique et politique?

    Cette église gêne-t-elle tant certains nantis et autres marchands du temple?

    Comme catholique, je me sentirais non seulement profondément blessé par les propos de l’auteur, mais tout simplement révolté et je partage pleinement les remarques de Martin, qui rappelle à très juste titre qu’on ne fait pas un tel tintouin sur les actes de pédophilie ou de harcèlement sexuel qui sont monnaie courante dans d’autres institutions et organismes civils – qu’il s’agisse de l’instruction publique, de l’université, des services de santé ou des entreprises.

    Au sujet de l’instruction publique, je m’étonne d’ailleurs que Monsieur Neirynck, qui, comme d’autres universitaires “éclairés”, n’a jamais caché son soutien aux prises de position d’un certain Tarik Ramadan, dont la thèse de doctorat a pourtant été réfutée par son propre directeur, ne s’exprime en revanche jamais sur le comportement de ce triste bougre, auquel l’instruction publique genevoise a confié un poste d’enseignant, ainsi qu’à son frère Hani, partisan de la lapidation.

    Qui donc pratique l’omerta et de quelle morale parle-t-on?

    1. La Ciase a été instituée par les évêques catholiques désireux de se rendre compte de l’ampleur du phénomène

      1. Merci pour votre réponse. J’ai aussi consulté le site de la Ciase et parcouru le condensé du rapport final de sa Commission. Elle est en effet constituée d’expert(es) indépendant(e)s et a été mandatée par la Conférence des Evêques de France, comme vous le soulignez. J’en retiens en particulier que ses travaux portent sur les cas d’abus constatés depuis l’immédiat après-guerre. Mais il faut croire que ce genre de sport a des antécédents notoires, entre autres si l’on se réfère aux Confessions de Saint Augustin, de son propre aveu grand adepte du genre:

        “Je veux rappeler mes impuretés passées et les charnelles corruptions de mon âme, non que je les aime, mais afin de vous aimer mon Dieu. […] Je brûlais, dès mon adolescence, de me rassasier de basses voluptés et je n’eus pas honte de prodiguer la sève de ma vie à d’innombrables et ténébreuses amours et ma beauté s’est flétrie et je n’étais plus que pourriture à vos yeux, alors que je me plaisais à moi-même et désirais plaire aux yeux des hommes.” (Confessions, II, 1).

        Vers dix-sept ans, Augustin reprend ses études, qu’il a dû interrompre pour raisons financières, à Carthage. Dans les Confessions, il décrit le climat d’extrême sensualité de cette ville d’Afrique du Nord, “la friture des amours infâmes”, les plaisirs de l’amour et du théâtre :

        “Je vins à Carthage, partout autour de moi bouillonnait à grand fracas la chaudière des amours honteuses.” Il avoue : “Je n’aimais pas encore, mais j’aimais aimer et, par un besoin secret, je m’en voulais de ne pas en avoir encore assez besoin.” C’est son fameux “Nondum amabam sed amare amabam et secretiore indigentia oderam me minus indigentem” (Conf. IV, 2).

        Ce que dit le futur évêque d’Hippone et ancien disciple de Faust, n’est-ce pas, ni plus ni moins, que le corps humain étant l’oeuvre de Dieu, à travers lui c’est Dieu qu’il aime?

        Dommage que tous les prêtres et prélats pédophiles de notre temps n’aient ni son talent, ni son esprit.

    2. “une Eglise dont l’apport […] au maintien de la paix est sans égal”
      AHAHAHAHAH

      Pour le reste, ma foi il y a du vrai, concernant les harcèlements sexuels surtout. Concernant la pédophilie, je ne sais pas.

      Remarque : je suis de confession catholique, mais ça fait bien longtemps que je considère l’Église et cette religion (les religions en fait) comme n’importe quelle autre institution telle que les milieux politiques ou scientifiques p.ex. : j’en retiens uniquement les valeurs que je juge positives.

      1. “..j’en retiens uniquement les valeurs que je juge positives.”

        Ce sont bien celles-ci que je retiens tout comme vous. Pour les autres, même si je ne les ignore pas – pour avoir enseigné les guerres de religion au collège, je ne crois pas être tout à fait à la traîne dans ce domaine -, ce n’est pas à moi de les juger. Dans mes vingt ans, étudiant aux Etats-Unis, qui étaient alors au pic de l’escalade dans leur guerre au Vietnam, il n’était pas difficile de constater que celle-ci n’était autre chose qu’une guerre de religions (ou idéologique, ce qui revient au même). En effet, le cardinal Spellman, à la tête de l’Eglise catholique américaine, était un ardent partisan de cette guerre, qu’il justifiait comme une croisade “pour la Civilisation contre la barbarie communiste”.

        Je pourrais vous citer d’autres conflits du siècle dernier, dont l’un en particulier m’a profondément marqué pour l’avoir vécu sur le terrain comme secouriste volontaire d’une ONG suisse et journaliste indépendant. L’Eglise catholique a été directement mise en cause comme responsable de ce conflit, le plus médiatisé avec celui du Vietnam, qu’il a même fini par éclipser et qui passait pour la première guerre de libération du Tiers-Monde. Par leurs opérations de secours, improvisées sur place avec des moyens dérisoires, auxquelles j’ai pu prendre part, les prêtres catholiques n’ont pas moins contribué à sauver plus d’une million de personnes de l’un des pires conflits d’après-guerre.

        Dans tout jugement, n’y a-t-il pas toujours deux côtés de la médaille?

    3. La mission de l’Eglise est salie par les actes immoraux de certains prêtres. Il n’y a pas d’équivoque et il convient de dénoncer les personnes mais pas l’Eglise Universelle. La gauche et les prétendus intellectuels sont anticléricaux d’office et l’occasion est belle pour eux de tirer sur la foule des chrétiens à cause des fautifs. Une vague qui passera, comme tant d’autres que l’Eglise a vu passer, mais il serait intolérable que ce genre de pratique ne cesse pas une bonne fois pour toute.

  7. J’ai regardé le site de la Ciase. C’est clairement une institution du pouvoir français antichrétien pour accabler l’Eglise tout en ménangeant les autres milieux cultuels justiciables de pédophilie. Cette Ciase sera crédible seulement quand elle enquêtera de la même manière, et avec la même sévérité, sur les faits de pédophilie dans les autres religion aussi : protestantisme, judaïsme, franc-maçonnerie, islam, etc. Ou alors, disons-le autrement : quand le pouvoir français persécuteur aura créé aussi d’autres commissions pour enquêter sur la pédophilie dans tous les contextes religieux et philosophiques, pas seulement le contexte catholique. Soit on poursuit la pédophilie chez tout le monde, soit chez personne.

    1. La Ciase n’a pas été créée par le pouvoir politique mais par la Conférence des évêques français. Les autres confessions n’ont pas créé jusqu’à présent leurs propres commissions.

      1. Très intéressant que vous nous disiez cela. Je ne le savais pas. Ça prouve que ces évêques sont des nuls. Ils ont complètement perdu le sens de leur rôle de chefs, qui est malgré tout de préserver un peu les intérêts du troupeau dont ils ont la charge, y compris les pasteurs du troupeau, et non de donner à leurs ennemis des verges pour les fouetter. C’est probablement une volonté de faire l’inverse de ce qu’on a longtemps eu tendance à faire, et pas seulement dans l’Eglise, c’est à dire de laver le linge sale en famille. Mais alors là, ils tombent carrément dans l’excès inverse.

        1. C’est une coïncidence sans doute mais justement aujourd’hui il y a un autre blog, celui d’un certain Mathieu Béguelin qui parle des “Harcèlements et abus dans le milieu artistique”. On y apprend qu’il y a beaucoup d’abus aussi dans les théâtres, et même à Lausanne dans le ballet de Béjart.

          Alors voilà: ce n’est peut-être pas aux évêques, comme notre sympathique et plein d’humour Morerod, de dire que chez les autres ce n’est pas mieux. Et pourtant c’est vrai. Ce n’est pas mieux. Alors je trouve qu’on en fait trop contre les curés.

          Après tout on vit dans une époque de moeurs débridées, pour ne pas dire désordonnées ou dévergondées, où même les homosexuels prétendent se “marier” et adopter des enfants, et en plus une majorité l’accepte. Et personne ne net en garde contre les dangers. Alors qu’on ne soit pas plus exigeant envers les curés qu’envers les danseurs de ballet. Pourquoi voudrait-on qu’un abbé soit moins sujet à la tentation qu’un chorégraphe ? Pourquoi voudrait-on qu’un archevêque ou un cardinal soit plus irréprochable qu’un conseiller fédéral Berset dit Tigrillo pour les intimes ? Alors que ce dernier est défendu en bloc par tous les médias et la classe politique. Le temps est venu d’être un peu plus tolérant avec le clergé, puisqu’on l’est avec tout le monde.

          Je remarque d’ailleurs dans les commentaires de Samy et L. Earn, qu’il y a aussi des gens qui sont un peu lassés de ces campagnes contre l’Eglise et de cet acharnement. Peut-être qu’on surjoue un peu l’indignation anti curés.

          1. La Ciase publie un rapport qui n’est pas une attaque contre l’Eglise catholique mais l’établissement de faits. Elle a été instituée à la demande des évêques. Elle a établi que les familles constituent le lieu du plus grand nombre d’abus, suivis par l’Eglise catholique, bien plus atteinte que les autres milieux qui, bien netndu le sont aussi. Le sel but du blog est de proposer des méthodes pour améliorer la situation.

          2. “suivis par l’Eglise catholique, bien plus atteinte que les autres milieux …”

            Sauf que l’Eglise est la seule à avoir recherché ces actes horribles; qui peut sérieusement croire que les pédophiles ne se cachent pas plus encore dans des écoles pour assouvir leurs perversions?

            Quand on cherche, on trouve; et l’Eglise a cherché. Quand viendra le tour de l’Ecole de chercher ?

        2. Hallucinant !
          L’Église ici montre l’exemple en cherchant à quantifier et identifier le problème plutôt que d’essayer d’étouffer l’affaire – comme vous reprocher aux autres secteurs de le faire – et vous trouvez ça aberrant ?
          C’est le monde à l’envers.
          Qu’auriez-vous dit si la Ciase avait minimisé les chiffres ou qu’on l’avait poussé à le faire et que plus tard l’info aurait fuité ?
          Bravo d’avoir protégé vos intérêts ?

  8. L’Eglise catholique est mourante, pour ne pas dire morte. C’est un fait, Comme le dit le commentateur Martin; ‘depuis le suicide de Vatican II’ ! Monsieur Neirynck, dans notre jeunesse notre parti était le Parti Conservateur Chrétien Social dont les buts étaient la conservation des valeurs traditionnelles de notre Etat dont le Préambule de la Constitution énonce le principe ‘Au nom de Dieu, amen’ et de l’Eglise Catholique dont l’une des préoccupations majeures est la justice sociale. Comme ‘conservateur chrétien’ était devenu insultant, on l’a supprimé et remplacé par ‘démocratie chrétienne’. Ainsi est né le PDC. Puis, comme le terme ‘chrétienne’ est devenu offensant, on l’a supprimé et ainsi ce parti est devenu le ‘Parti du Centre’. Exemple typique du ‘renversement des valeurs’, emblème de notre société actuelle. Comme vous le dites vous-même, il faudrait ‘un alignement de l’Eglise catholique sur l’organisation interne des Eglises réformées’ comme le souhaitent ‘nos frères séparés’ auxquels Vatican II a lamentablement fait soumission !
    Pour en revenir au scandale qui secoue actuellement l’Eglise catholique, ce ne sont ni le célibat des prêtres ni le secret de la confession qui en sont la cause mais le recrutement de prêtres trop jeunes, idéalistes et endoctrinés, incapables de mesurer la difficulté de leur engagement et mal instruits par l’Eglise. Si c’est l’état de l’Eglise romaine, ce n’est heureusement pas celui de l’Eglise orthodoxe qui a eu la sagesse d’ordonner des hommes mariés, donc moins susceptibles de tentation, sans oublier toutefois que les prêtres célibataires ne peuvent se marier et que les prêtres mariés ne peuvent divorcer !

  9. Mettre en parallèle l’Eglise et UBS/Swissair, il fallait oser ! L’Eglise, certes dirigée par des humains et donc imparfaite, existe depuis plus de 2000 ans, a connu nombre de vicissitudes et résiste à l’épreuve du temps. Pour ceux qui comme moi ont la foi et récitent régulièrement le Credo (souvenez-vous, Monsieur Neirynck, nous l’avons fait d’une même voix dans une Abbaye du Sud-Ouest) nous la savons sous la protection du Saint-Esprit et donc immortelle. Beaucoup de catholiques appellent de leurs vœux des réformes avec entre autres abolition du célibat des prêtres et accession des femmes aux plus hautes fonctions. Ceci prendra du temps. Dans un autre registre, mon enfance et mon adolescence ont baigné dans ce milieu, y compris plusieurs années en internat dans des collèges catholiques dirigés par des religieux, et JAMAIS je n’ai eu à souffrir d’aucun geste équivoque ni eu connaissance de tels agissements dans cet entourage. N’oublions pas que notre époque est celle de la victimisation et de la valorisation de soi-même. Et pour les amateurs de statistiques, quel serait le rapport entre victimes/population catholique mondiale ? Méfions-nous des généralisations !

    1. La pédocriminalité dans l’institution est systémique, c’est-à-dire engendrée par le système. Elle n’est pas systématique car elle ne frappe qu’une minorité. Malheureusement ceux qui n’ont pas fauté sont affligés d’une mauvaise réputation imméritée. Ce sont aussi des victimes.

      1. Ecrire systémique n’est pas rationnel car vous supposez que l’approche de l’Eglise s’appui sur ledit phénomène, ce qui n’est pas vrai, elle le combat depuis beaucoup de temps avec peu d’efficacité. Ne tirez pas sur l’ambulance SVP.

        1. Le mot systémique a été utilisé par la Ciase dans ses conclusions pour signifier que la pédocriminalité n’était pas la somme de fautes individuelles mais un système qui l’avait favorisé, en particulier la non séparation des pouvoirs. Je ne fais que rapporter cette conclusion car je tromperais en la dissimulant.

    2. Je trouve assez révoltant que vous tentiez de nier les témoignages de ce que nombre de personnes ont subi dans les écoles catholiques de notre pays, simplement en déclarant n’avoir JAMAIS eu à souffrir, et invoquer pour celles-ci le désir d’être des victimes voulant se valoriser.
      Durant les années soixante en tout cas, les mauvais traitements physiques et psychologiques étaient quotidiens dans les écoles privées catholiques, les orphelinats, et autres institutions où œuvraient les Pères ou les Soeurs. Vous devez être conscient d’autre part que ce qui est aujourd’hui reconnu comme étant des « abus à caractère sexuel » n’étaient à l’époque pas vu sous cet angle, parce que faisant partie des méthodes d’éducation. Les religieux étaient baignés du respect qui leur était offert d’entrée, leurs paroles de paix et d’amour suffisaient à croire en eux.

      Je pourrais citer deux écoles privées catholiques réputées à Lausanne, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles, qui n’ont jamais été inquiétées par des événements poursuivis pénalement mais déjà prescrits, relatés dans la « Feuille d’Avis » au début des années 70. Ce ne serait pas difficile de trouver des journalistes de ce quotidien, à la retraite, qui s’en souviennent. Mais je peux témoigner moi aussi des scènes auxquelles j’assistais couramment en classe, pour avoir passé six mois dans cette école de garçons. Gifles, coups de poing dans les côtes, touffes de cheveux arrachées, coups de pied, paroles humiliantes données avec ironie, sur un ton gentil. Élèves pris pour cible quasi journellement par les mêmes professeurs, ceux-là étaient habitués à prendre des coups, c’était ce qu’on réservait à ces élèves dits « de caractère difficile ». Cette brutalité n’était pas absente de sadisme, au vrai sens psychologique du terme. Et en ce qui concerne cette école, je peux affirmer que le quart des enseignants se comportaient systématiquement de cette manière, librement parce qu’à but « éducatif ».

      Contre ces six mois que j’ai passés dans cette école catholique, j’ai passé six ans au Collège secondaire public, où j’ai le souvenir d’un seul professeur qui donnait des gifles, et qui a été déplacé aux bureaux du D-I.P… Il faut donc tout de même se poser des questions à partir de ce constat, et pas besoin d’avoir la foi pour faire l’effort de raisonner avec bonne foi.

      Les souvenirs d’enfance ne sont peut-être pas des plus objectifs. J’ai questionné une dizaine de camarades retrouvés quarante ans après. La moitié d’entre eux témoignait des scènes que je relate plus haut, l’autre moitié ne se souvenait de rien : « C’était une bonne école, nous avions des cours souvent intéressants, le cadre était idéal, beaucoup d’espace pour jouer, faire du sport, avec forêt tout près… »

      1. @DOMINIC

        Les souvenirs sont certainement différents selon l’établissement et les personnes concernées. Personnellement, le genre de méthodes éducatives avec châtiments corporels et humiliations, gifles, tirages de cheveux, mépris, dont vous parlez à propos d’un collège catholique, je le ai observées dans l’école publique dite “prim sup”. Je n’étais pas moi-même en prim sup, mais certains jours alors que j’étais à l’école primaire, l’institutrice nous confiait au “régent” des grands, qui faisait la prim sup dans le même collège.

        Je pense donc que ces problèmes n’ont rien à voir avec le fait que l’enseignement soit confessionel ou laïque, mais bien avec l’époque. Dans les années 60 les châtiments corporels et humuiliations (on pourrait parler aussi des brimades et tortures dans les internats, pratiquées par des pensionnaires sur d’autres pensionnaires) tout cela était absolument monnaie courante et ne choquait personne. Et c’était un phénomène général, pas particulièrement catholique.

        l faudrait peut-être quand même reconnaître que parfois la sévérité faisait partie de la bonne réputation des collèges catholiques. On pensait que cette discipline de fer aidait à former les caractères, et que par coeur était une bonne technique d’apprentissage. Ainsi on avait des bacheliers de collèges catholiques qui avaient une mémoire excellente car ils avaient du apprendre des milliers de vers latins par coeur et s’en souvenaient toute leur vie. Leurs capacités en version et thème latin étaient supérieures à celle d’un professeur d’université d’aujourd’hui.

        L’extrême sévérité avait moins à voir avec la religion qu’avec la notion d’élite. Ces collèges catholiques prétendaient former une élite et on pensait que l’élite devait être formée à la dure. C’était aussi l’idée dans les collèges anglais de l’élite, qui n’étaient pas catholiques. Le principe était: pour savoir commander il faut savoir obéir.

        La sensibilité a changé plus tard, dans tous les établissements.

        1. Je rejoins bien plus votre commentaire que celui auquel j’ai répondu, où vous ne niez pas les faits et abordez la question avec recul.

          « La sensibilité a changé plus tard dans tous les établissements », mais au cours de cette évolution les abus ont subsisté bien plus longtemps dans les écoles catholiques. Celles-ci se sont adaptées, à mon avis, plus par la contrainte des lois que par une réelle évolution personnelle de leurs enseignants. Ceux-ci ont conservé leur poste jusqu’à leur retrait, et ont reçu encore des louanges portées par le parfum d’encens jusqu’au couvercle de leur cercueil. Ce que je pense de particulier à ces internats catholiques, c’est l’hypocrisie, les omissions et le mensonge sous le couvert d’un tableau idéal créé en paroles : une incapacité d’être honnête avec soi-même dans ce monde de paix et de bons sentiments, et surtout la consigne tacite de rester soudés ensemble, brebis galeuses incluses. C’est ainsi qu’une armée peut être forte, mais dans le cadre de l’apprentissage de la vie aux enfants le combat ne devrait pas suivre ce genre de règles ! Difficile de soustraire les agresseurs de civils d’une fraction d’armée en guerre, mais à l’école où il s’agit de gagner pour une cause contre personne, c’est assez fou de constater que des dérives de violence sont mises sous silence.

          Les châtiments corporels étaient admis assez généralement, je suis d’accord, mais il n’en reste pas moins que c’était une forme de violence exercée sur des enfants, par définition dépendants et conditionnés, et cela dans un but prétendu constructif. Cette ancienne vision est aujourd’hui reconnue contraire au droit de la personne au respect de son intégrité physique et psychique.

          La sensibilité a changé dans l’esprit collectif qui ne raisonne pas sur des préceptes religieux justifiant la souffrance méritée, fondamentalement je ne crois pas à un changement possible de l’intérieur pour que le « corps religieux » fasse des progrès en psychologie, cette dernière est pour lui d’un autre monde. Il y a peut-être quand même une brèche qui pourrait me rendre moins pessimiste, le pape actuel qui me paraît sincère et authentique dans sa sensibilité, son combat est honnête.

          1. “Cette ancienne vision est aujourd’hui reconnue contraire au droit de la personne au respect de son intégrité physique et psychique.”
            Et en plus cette “méthode” est contre-productive.

          2. Je ne vois pas d’évidence que les abus sexuels aient persisté plus longtemps dans les collèges catholiques que dans les autres. Sur quels éléments vous basez vous ?

            D’autre part je n’ai pas fait l’apologie des châtiments corporels. J’ai simplement dit qu’ils étaient monnaie courante partout, et que ça ne choquait personne.

            D’ailleurs je dois avouer moi même que je ne trouve pas ça choquant si un père de famille donne une bonne fessée à ses enfants de temps en temps. Si ce n’est pas fait avec sadisme.

            Il ne faut pas non plus exagérer avec ces interdictions des vieilles traditions qui sont choquantes dans le monde moderne. On va avoir bientôt un problème à cause des mutilations génitales traditionnelles chez les Africains, mais irez vous jusqu’à les interdire ? Il va y avoir une demande dans l’opinion publique pour ça. C’est sûr. Mais ça poserait un problème délicat, car dans ce cas il faudrait interdire aussi la circoncision des jeunes garçons…

          3. Bien évidemment. Il est possible d’éduquer un enfant sans le battre et de devenir croyant sans circoncision.

          4. Je suis du même avis que M. Neirynck, avec deux nuances.
            La circoncision du prépuce n’est pas seulement un acte religieux ou culturel. Contrairement à l’excision du clitoris, il peut s’agir d’un acte médical de prévention. Il n’y a apparemment pas de consensus médical global quant au rapport bénéfice/risque.
            À propos de battre un enfant pour l’éduquer, je suis aussi totalement contre. Le seul cas où je pourrais éventuellement envisager une petite tape (gifle ou tirage d’oreille), c’est dans un but de signaler un danger à un enfant trop jeune pour assimiler une explication ou qui se met en danger de façon répétée. Même dans ces cas c’est discutable car il existe d’autres solutions, quoique plus chronophage.

        2. Tout à fait d’accord et confirmant mes propres expériences et observations.
          Notre perception est souvent conditionnée par ce qui est à la mode.

  10. Les crimes de l’Eglise ne s’arrêtent pas à la pédophilie ! Elle a voulu effacer les autres religions ou civilisations , comme en Amérique où les indigènes ont été torturés et leurs bibliothèques brûlées !
    Ce n’est pas si vieux , puisque des faits on été relevés au Canada récemment où des cadavres ont été exhumés…
    Bien plus grave que la pédophilie …
    Les religions devraient commencer par reconnaître aux autres leur légitimité à leur propres traditions…

  11. Vous dites que l’église a dit que la confession était au dessus des lois de l république avant de se rétracter. Mais l’église ne se rétractera jamais sur ce point. Premièrement, si l’on croit en Dieu, il est évident que les lois de Dieu sont au dessus des lois des états: comment la loi des hommes (imparfaite car crée par des être imparfaits) peut être supérieure à la loi divine, parfaite par définition ?
    Ensuite abolir le secret de la confession est totalement inutile. Tout d’abord, celui qui va se confesser regrette sa faute et veut se faire pardonner. Le prêtre qui entend un crime comme une agression sexuelle lui demandera de se dénoncer et de purger la peine décrétée par la justice pour pouvoir avoir le pardon.
    Ensuite, si l’on abolit le secret de la confession, croyez-vous que des criminels vont continuer à y aller ? Qui serait assez stupide pour penser cela ? Si le secret de la confession est aboli, il n’y aura même pas d’incitation à la réparation car plus aucun de ces actes ne sera dit.
    Alors expliquez-moi dans quels cas la suppression du secret de la confession peut être utile.

    1. Comment peut-on croire que les lois de l’Église (divines) n’ont pas été créées par les hommes ? Et dans ce cas je dis bien les hommes et non pas les humains.
      Même pour quelqu’un qui croit en Dieu, prétendre le contraire c’est de la mauvaise foi ; sans jeu de mot.

  12. Cher monsieur,
    de quelle confession êtes-vous? Il semblerait que vous êtes plutôt adhérent à quelque loge pour n’avoir rien compris à la spiritualité de notre Sainte Eglise!

    1. L’épidémie de pédophilie est une réalité dont on a pris la juste mesure par la Ciase, organe créé par la Conférence des évêques français, pas par la franc maçonnerie qui n’a rien à voir dans cela. Cette épidémie n’est évidemment pas justifiable ou excusable par quelque spiritualité que ce soit. Le but du blog est de proposer des mesures concrètes d’organisation pour éviter que l’épidémie se prolonge. Ces mesures ne sont en rien opposée à la spiritualité du christianisme.

  13. Autre contresens dans les raisonnements denses du Prof Neirynck: son point 3. Il nous explique que l’Eglise devrait se conformer aux méthodes de la “recherche” scientifique, soit liberté complète de rec herche. Il s’agit d’élaborer toutes sortes de théories. Cet argument ne tient pas. M. Neirynck feint d’ignorer la différence entre la méthode expérimentale en science, visant à découvrir la vérité, et la parole de Dieu comme révélation. Les deux choses n’ont rien à voir l’une avec l’autre. Leurs principes ne peuvent qu’être absolument différents. Si ce n’est opposées.

    M. Neirynck ne veut pas d’une religion révélée. C’est ça le problème.

    1. La question est bien de savoir quel est le contenu d’une religion révélée. La recherche en théologie porte sur les textes fondateurs et sur les interprétations qui en ont été faites au cours des siècles. Exemple concret : le Vatican renonce au dogme des limbes pour enfants non baptisés. Il a fallu évaluer ce qui dans ce dogme relevait de la révélation, car les textes fondateurs n’en parlent pas, et de l’invention ultérieure. Ce commentaire reflète une conception minimaliste de la recherche en théologie qui serait asservie aux énoncés de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C’est la négation de la recherche.

      1. Je ne savais pas qu’on avait renoncé au dogme selon lequel les âmes des non baptisés seraient dans les limbes. Vous me l’apprenez. Je ne savais même pas qu’il y avait un dogme à ce sujet. Il n’en reste pas moins que votre confusion de la recherche caractérisant la science expérimentale, avec la théologie qui traite de la Révélation de la parole de Dieu, est une conception relativiste, comme disait le pape honoraire Benoît XVI.

        1. La révélation passe par des textes écrits voici vingt siècles dans la langue de l’époque et avec les idées de l’époque. On peut déceler des vérités profondes sous ces textes mais on ne peut rien affirmer d’absolu. Depuis vingt siècles on a rajouté des couches d’inventions humaines comme le purgatoire au XIIe siècle, l’Assomption au siècle passé, l’infaillibilité pontificale un siècle plus tôt. La révélation est toujours à découvrir en écartant les parasites d’origine humaine. Et donc oui le Catéchisme est relatif à une époque.

  14. Démanteler l’église pour ces raisons impliquerait aussi s’attaquer aux associations sportives, culturelles…
    Ce problème n’est pas spécifique à l’église, mais à un environnement qu’on retrouve ailleurs et dans d’autres religions non chrétiennes.
    En d’autres termes, changer les meubles alors que le problème vient de l’humain, ça ne sert à rien.

    Les secrets de la confession, sont un faux problème, si il n’y a plus de secret, il n’y aura plus de confession, à moins que la personne cherche à se faire prendre.

    Un changement de gouvernance de l’église et faire comme les protestants ? Mauvaise idée, il vaut mieux en cas de problème, un interlocuteurs que des milliers (voir l’islam).

    Côté spirituel, l’église doit changer.
    L’église dans les temps anciens, fut le guide et le psy de la communauté, elle est devenu juste morale loin des soucis des gens. Le PS a repris le flambeau de la morale guimauve, à l’église d’aider à travers les soucis de la vie.

    En résumer, l’église devrait aider l’humain dans sa condition humaine, être une sorte de psy basé sur la sagesse de Jésus. Jésus ne faisait pas de messes, il parlait, conseillait, aidait. Parler d’une famine à l’autre bout du monde ne va pas attirer les fidèles, mais parler d’eux oui.

    Concernant le mariage des prêtres, je pense que c’est une partie de la solution. Mais je suppose qu’il y a une peur concernant les homosexuels qui sont très mal vus en dehors de l’occident. Et dans un mariage homosexuel, il deviendrait impossible à l’église de ne pas les bénir.
    La solution est que des régions puissent avoir une indépendance religieuse. Ainsi les prêtres pourraient se marier en occident, et pas en Pologne, tout ceci en fonction de la sensibilité locale.
    L’église serait ainsi conservatrice en Afrique, progressiste en Europe de l’Ouest, et tout le monde serait content

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