Le fantasme religieux des OGM

 

 

« La culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM) n’est autorisée en Suisse qu’à des fins de recherche. Un moratoire sur l’utilisation d’OGM dans l’agriculture est en vigueur depuis l’acceptation d’une initiative populaire en 2005. Il a été prolongé trois fois par le Parlement et arrivera à échéance en décembre 2021. Le Conseil fédéral demande une nouvelle prolongation, jusqu’à fin 2025. »

Le Conseil fédéral n’est pas téméraire. S’il s’avisait de ne pas prolonger le moratoire, le peuple l’exigerait par voie de votation. En la matière, les organes élus, à commencer par le parlement fédéral se sont clairement prononcés dès 2001 pour l’introduction contrôlée de la culture des OGM encadrée par une loi très restrictive. Rien n’y a fait : le peuple n’en veut pas, cela ne sert à rien d’insister. Le moratoire sur les OGM est une séquelle du régime de démocratie directe, comme l’interdiction des minarets et de la burqa.

Ce refus populaire helvétique est d’autant plus étonnant qu’il se limite d’une part à l’Europe et d’autre part à l’alimentation. Ni en Amérique, ni en Asie, l’utilisation d’OGM en agriculture n’a suscité cette levée de bouclier. « 181,5 millions d’hectares de cultures OGM ont été cultivés en 2014 dans le monde. Les cultures OGM représentent entre environ 10% des surfaces agricoles de la planète. 28 pays en cultivent notamment les Etats-Unis, l’Argentine, le Brésil ou encore le Canada, les plus gros producteurs. En Europe, l’Espagne, la Roumanie et la Slovaquie en cultivent également. »

Par ailleurs, les applications médicales n’ont fait nulle part l’ombre d’une réserve éthique . La première protéine recombinante d’intérêt pharmaceutique ainsi obtenue, dès le début des années 1980, est l’insuline humaine pour soigner les diabétiques, produite dans la bactérie Escherichia coli. Contrairement aux insulines extraites de pancréas animaux, celle-ci est véritablement de l’insuline humaine. Depuis, de très nombreuses protéines-médicaments sont produites par ce procédé : hormone de croissance, EPO (traitement des insuffisances rénales), facteurs de coagulation, interleukines (traitement de certains cancers)… Les cellules utilisées ne sont pas toujours des bactéries ; il s’agit aussi de levures (champignons unicellulaires, comme la levure de boulanger), de cellules de mammifères (d’ovaires ou de reins de hamster, cellules humaines de rétine, cellules humaines cancéreuses du col de l’utérus), de cellules d’ovaires d’insectes, de cellules souches embryonnaires aviaires.

En premier lieu, essayons  de définir de quoi l’on discute. La définition la plus simple serait la suivante : on appellerait organisme génétiquement modifié (OGM) un organisme dont l’ADN a été modifié par l’homme. Bien entendu c’est faux. Car, il n’y a dans une ferme aucun animal ou aucun végétal, qui ne soit pas un OGM au sens littéral du terme, obtenu par croisement et sélection par les paysans dès le néolithique, puis par les stations officielles d’essais agronomiques. Il n’existe dans la Nature ni vaches, ni blés, ni vignes dans leur définition actuelle.

Si on s’en tenait à ce que la Nature nous offre, nous en serions toujours à la chasse et à la cueillette, c’est-dire que la Terre subviendrait médiocrement aux besoins de quelques millions d’individus. Sans OGM, l’espèce humaine ne peut survivre dans sa définition actuelle. En sens inverse, si l’on abandonne un élevage sans soin, les bêtes périssent, si des grains de maïs ou de blé sont semés “naturellement”, les plantes sont étouffées par les mauvaises herbes. Nous vivons en symbiose avec des animaux et des plantes dont nous ne pouvons nous passer pour nous nourrir et qui ne peuvent se passer de nous sans dépérir. L’élevage et l’agriculture sont deux vastes entreprises techniques, qui ont bouleversé non seulement le paysage mais qui ont aussi métamorphosé le vivant, la relation essentielle entre l’homme, les plantes et les animaux. La technique agronomique des OGM s’inscrit dans cette démarche.

Et donc la définition légale de la loi suisse est très alambiquée, voire sournoise et incohérente. Elle réserve le terme d’organisme génétiquement modifié au résultat d’opérations humaines que la nature ne ferait pas d’elle-même.

« Par organisme génétiquement modifié, on entend tout organisme dont le matériel génétique a subi une modification qui ne se produit pas naturellement, ni par multiplication, ni par recombinaison naturelle. » (Loi suisse sur le génie génétique, art5 al.2)

Mais bien entendu la Nature ne fait pas d’elle-même des opérations de sélection au sens souhaité par les hommes. Le blé actuel a été sélectionné par les hommes pour que les grains restent attachés à l’épi, afin qu’on puisse les récolter, ce qui n’est pas dans l’intérêt naturel de l’espèce dont les semences doivent au contraire se disperser.

Le blé moderne est le résultat d’une construction génétique unique : il contient le génome complet de trois espèces différentes Si un laboratoire, partant des espèces sauvages, reconstruisait un blé moderne par des techniques OGM, celui-ci serait légalement interdit à la culture. De même, si par croisement on parvenait à reproduire une espèce OGM déjà existante, les semences dites naturelles seraient autorisées, mais pas celles produites en laboratoire, bien qu’elles soient identiques. En d’autres mots la définition légale ne porte pas sur le résultat, mais sur le procédé d’obtention. En conclusion, il n’y a pas de définition de l’OGM qui tienne la route.  C’est du verbalisme juridique. On ne sait pas de quoi l’on parle.

Bien plus qu’un problème technique, le génie génétique soulève donc une objection culturelle. Nonobstant la consommation d’OGM massive depuis une génération, aucun risque pour la santé humaine ne s’est manifesté malgré l’évocation de possibles allergies, cancers, toxicités. Sous couvert de risques potentiels mais non manifestés des applications du génie génétique, se dissimule un problème essentiel : l’homme hésite au moment de toucher à la vie et de la modeler selon son désir, car il usurperait la position du Créateur et deviendrait totalement responsable de son destin. Que la personne soit croyante ou non en un Dieu personnel ne change rien à ce sentiment d’effroi devant la manipulation de la vie. C’est le même réflexe qui entraine le refus de la vaccination pour près de la moitié de la population de la Suisse : ce n’est pas seulement le résultat de l’ignorance bien réelle de la biologie, mais aussi d’une croyance archaïque : si je meurs, c’est que mon heure a sonné, il est vain et sacrilège de se révolter.

Dès lors, il faut se rendre compte de l’état réel de la majorité de l’opinion publique. Elle n’a aucune idée de génétique, elle ignore ou refuse les mécanismes de l’évolution selon Darwin. On peut le déplorer mais le pouvoir politique doit en tenir compte. Il n’est du reste pas le pouvoir puisqu’il ne peut décider en la matière. Il est plutôt dans la position du courtisan d’un souverain absolu, auquel il faut qu’il passe ses caprices et qu’il fasse des courbettes.

Tout ce que fait la Nature est bon. Elle n’a commis qu’une seule erreur, l’homme. Telles est la croyance non seulement des écologistes affirmés mais de la majorité du peuple suisse. Le refus des OGM n’est donc pas un choix technique, mais une profession religieuse, plus ou moins influencée par le premier chapitre de la Genès : un Dieu créateur crée toutes les espèces végétales et animales qui deviennent sacrées de ce fait dans leur définition.

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

25 réponses à “Le fantasme religieux des OGM

  1. Tout ce que fait la nature est surtout gratuit.
    Tout ce que fait l’homme est toujours breveté. Il y a donc une appropriation du vivant par quelques firmes, ce que Vandana Shiva appelle à juste titre de la bio piraterie.
    Essayez de faire pousser vos propres légumes et vous comprendrez bien la différence entre semences paysannes et OGM…

  2. D’un point de vue agricole, ça n’est vraiment pas une réussite pour l’instant les OGM.
    On peut vraiment parler de fantasme OGM pour le coup.
    Je vous conseil le livre de Mme Hélène Tordjman, la croissance verte contre la nature.
    Peut-être y apprendrez vous à modéré votre jugement.

    1. Si les OGM ne sont pas une réussite du point de vue de l’agriculture, pourquoi sont-ils utilisés si largement? Les cultivateurs se livreraient-ils à un accès de folie masochiste? Le blog rapporte surtout des faits et enregistre le refus massif du souverain suisse. Il essaie d’expliquer cette décision irrationnelles.

      1. Réponse simpliste comme tout ce blog qui ne comporte qu’une partie des faits et surtout pas ceux qui dérangent :
        La promesse des producteurs d’OGM d’améliorer la productivité de l’agriculture et surtout de se passer des pesticides ne s’est pas réalisée !
        Pour que ces OGM arrivent à pousser dans la nature , ils ont besoin de plus en plus de « roundup » de Monsanto qui est actuellement poursuivi par de nombreuses plaintes et c’est Bayer , son nouveau propriétaire, qui doit payer l’addition… des milliards …
        Sans compter que certains agriculteurs américains doivent recourir à d’autres produits plus agressifs comme le ´Dicamba ´ …
        De plus , un exemple d’échec est le coton BT utilisé au Burkina et qui s’est avéré moins bon autant du point de vue qualitatif qu’économique et bon nombre de producteurs y ont renoncé et sont revenus au coton naturel …
        La décision Suisse n’a donc rien d’irrationnelle, on peut tout au plus considérer cette position comme méfiante vis-à-vis d’une technologie nouvelle pleine de d’incertitudes…

        1. L’utilisation d’herbicide n’est pas liée à tous les OGM. Certains développent des plantes qui résistent spontanément aux ravageurs et qui n’ont donc pas besoin de pesticide.
          Toutes les technologies nouvelles (celle-ci est vieille de plus de trente ans) suscitent des méfiances. Example : les vaccins contre le Covid

          1. Vous parlez certainement des organismes qui ont reçu un gêne issu du bacillus thuringiensis.
            Et bien avec trente ans de recul on constate que les insectes cible développent des résistances. Quelles conclusions peut on en tirer?
            Il ne s’agit plus de méfiance mais de faits, et les faits sont têtus.
            Un bon travail d’écriture commence par un bon travail de lecture. Vous devriez vous y mettre.
            On peut encore ajouter qu’en général les graines OGM vendu sont à la fois résistante au glyphosate et porteuse d’un gêne Bt, qu’il s’agit principalement de plantes non alimentaire: Maïs(éthanol, fourrage) soja (carburant et fourrage) et le coton.
            Il faut aussi relever que beaucoup d’éleveurs de porcs en Europe renoncent aux fourrages OGM, bien que meilleur marché, pour des raisons sanitaires. Trop de pertes.
            J’oubliais, 10% des surfaces en trente ans, c’est pas ce que j’appellerai un succès, surtout quand on connait les méthodes de cow-boys pour y parvenir…

  3. Cher Monsieur,

    Je lis d’ordinaire votre blog avec intérêt et mon opinion tend à rejoindre la vôtre, mais je dois dire que j’ai été un peu déçue à la lecture de ce billet. Voici les points qui m’interpellent, et j’espère donc que j’obtiendrai une réponse de votre part:

    1) “Sans OGM, l’espèce humaine ne peut survivre dans sa définition actuelle.”
    Notre espèce a un problème dans sa définition actuelle, puisqu’elle est à l’origine du changement climatique qui la fera peut-être disparaître. Nous avons besoin de changer radicalement, de vivre avec moins – vous l’écriviez vous-même dans un précédent billet –, et je crains que les OGMs ne nous permettent pas d’atteindre de tels objectifs. Nous en demandons toujours plus à la nature, nous nous imposons davantage encore à la nature en lui demandant d’être différente de ce qu’elle est, en refusant de l’accepter telle qu’elle est.

    2) “Mais bien entendu la Nature ne fait pas d’elle-même des opérations de sélection au sens souhaité par les hommes. Le blé actuel a été sélectionné par les hommes pour que les grains restent attachés à l’épi, afin qu’on puisse les récolter, ce qui n’est pas dans l’intérêt naturel de l’espèce dont les semences doivent au contraire se disperser.”

    Je ne suis pas sûre de suivre votre raisonnement ici, d’autant plus que vous écrivez également que “Nous vivons en symbiose avec des animaux et des plantes dont nous ne pouvons nous passer pour nous nourrir et qui ne peuvent se passer de nous sans dépérir”… Je cite ici Claude Gudin: “Les plantes n’ont-elles pas asservi l’homme depuis longtemps comme elles l’ont fait avec l’insecte? Est-ce la plante qui est au service du jardinier ou le jardinier au service de la plante?” (Claude Gudin, “Nique ta botanique”, 1996.)

    Je disais que je ne comprenais pas votre raisonnement, donc, car c’est justement parce que les grains restent attachés à l’épi que l’homme a décidé de conserver cette espèce et que cette dernière a donc pu continuer à être cultivée, et donc à survivre… Je ne vois donc pas en quoi cela n’est pas dans l’intérêt naturel de l’espèce. Et nombreuses sont les relations interspécifiques – mais non humaines – dans lesquelles une espèce serait perdue sans une autre espèce (Gudin nous en donne un exemple, puisque de nombreuses plantes disparaîtraient sans insectes pour les polliniser…)

    3) “Sous couvert de risques potentiels mais non manifestés des applications du génie génétique, se dissimule un problème essentiel : l’homme hésite au moment de toucher à la vie et de la modeler selon son désir, car il usurperait la position du Créateur et deviendrait totalement responsable de son destin.”
    Ma réponse : Je ne crois pas que le génie génétique nous rende responsables de notre destin. Exemple: en décembre 2019, le Temps écrivait, au sujet des jumelles génétiquement modifiées Lulu et Nana: “les jumelles ont acquis des mutations à d’autres endroits du génome que celui désiré. Cela n’est pas une surprise dans la mesure où l’outil CRISPR-Cas9 n’est pas précis à 100%.” (Source : https://www.letemps.ch/sciences/une-annee-apres-fiasco-bebes-genetiquement-modifies). Ce manque de précision est l’une des raisons pour lesquelles je crois qu’il vaut mieux s’en tenir au principe de précaution. Un autre exemple: ceux qui, les premiers, ont utilisé des pesticides ne s’attendaient certainement pas à ce que cela ait un effet sur la fragilité des coquilles d’oeufs des oiseaux… encore une fois, “les risques potentiels mais non manifestés” sont bien réels, et je ne vois pas en quoi il serait mal d’essayer de les éviter.

    Une autre raison de mon scepticisme vis-à-vis des OGMs serait – et cela devrait compléter mes réponses précédentes – que je vois une différence entre les OGMs fabriqués en laboratoire et ceux obtenus par croisement/sélection: dans le premier cas, l’homme impose son savoir-faire aux organismes qu’il modifie. Il voit les organismes qu’il modifie comme n’étant pas assez bons pour lui ; il leur dit, d’une certaine manière, “vous devez changer pour vous adapter à mon mode de vie, vous devez vous plier à mes désirs”.

    Dans le deuxième cas – celui du croisement/sélection –, c’est “la nature propose et l’homme dispose”… l’homme n’a alors pas d’autre choix que de prendre ce que la nature veut bien lui offrir, ce que la nature est capable de faire. Et dieu sait si la nature est capable de faire des merveilles, dont nous ne connaissons d’ailleurs qu’une infime partie.

    Je crois que ce n’est pas la nature qui doit s’adapter à nous, mais l’homme qui doit s’adapter à elle. Et le changement climatique me semble être un bon exemple de cette “mésadaptation” de notre espèce: nous voyons le danger arriver et nous sommes incapables d’y réagir correctement, d’agir en conséquence, ni de raisonner correctement (je m’inclus évidemment dans ce “nous”)… Je crains que nous ne soyons plus adaptés à la nature et que les OGMs ne nous permettent pas de l’être davantage.

    Enfin, une question: pourquoi souhaitez-vous que ce moratoire soit levé?

    PS: je suis étudiante en biologie. J’espère donc que mon opinion et mes croyances ne sont pas dues à une “ignorance bien réelle de la biologie”… mais par pitié, corrigez-moi si je me trompe afin que je ne reste pas ignare plus longtemps.

    1. 1/“Sans OGM, l’espèce humaine ne peut survivre dans sa définition actuelle.” Vous m’attribuez une citation faussée dans son sens, car je me réfère à ces OGM qui sont dans toutes les fermes et non à la définition restreinte qu’en donne la loi que je critique dans l’alinéa précédent. Je ne vois pas le rapport que vous faites entre OGM et transition climatique.
      2/Les plantes sauvages doivent disperser leurs semences qui ne peuvent rester attachées à l’épi. L’homme a sélectionné des variétés de blé dont les grains restent attachés à l’éèi. Dès lors l’espèce humaine et l’espèce du blé doivent vivre en symbiose.
      3/ Le croisement sélection n’est pas une proposition de la Nature mais une intervention de l’homme. Nous n’avons pas cessé de modifier la Nature pour que nous puissions mieux nous y adapter, c’est à dire survivre.
      4/ Nulle part je ne souhaite que le moratoire soit levé puisque j’explique pourquoi c’est impossible. Je souhaite que les électeurs suisses soient un peu mieux informés et rationnels.

      1. 1/ Le rapport entre OGMs et transition climatique (ou plutôt changement climatique): nous en demandons toujours davantage à la nature car nos besoins (en tout cas pour un mode de vie occidental) sont beaucoup trop importants. Le fait de vouloir modifier le vivant génétiquement, en laboratoire, n’est qu’une demande de plus faite à la nature sans respecter ce qu’elle est et ce qu’elle a déjà à nous proposer. Mais nous avons évidemment une définition différente de ce que sont les OGMs (je différencie les OGMs fabriqués en laboratoire et ceux obtenus par croisement et sélection traditionnels ; cf. mon commentaire précédent).

        2/ Oui, je comprends bien que les espèces humaine et du blé vivent en symbiose. Mais je ne vois toujours pas en quoi cela n’est pas dans l’intérêt naturel de l’espèce, puisque bon nombre de plantes dépendent des animaux pour se faire polliniser, d’une part, et pour disséminer leurs graines, d’autre part. Les plantes ont visiblement compris que la symbiose était une bonne chose et qu’elle permettait la survie.

        3/ Intervention de l’homme, oui, mais toujours dans le respect de ce que la plante fait naturellement. Par croisement et sélection, on oblige pas la plante à changer pour qu’elle se plie à nos désirs. Si elle ne nous apporte pas d’avantages, on va simplement éviter de la cultiver, et la plante trouvera certainement d’autres moyens de perdurer, sans notre aide.

        4/ Merci pour cette précision car ce n’était pas vraiment clair… à vous lire j’avais l’impression que vous souhaitiez que les électeurs suisses soient “mieux informés et rationnels” afin que, dans le cas où le Conseil fédéral s’aviserait de ne pas demander une prolongation du moratoire, le peuple suisse se la coince et laisse passer cela comme si de rien n’était, comme si c’était la bonne chose à faire. Du coup, je suis contente d’apprendre que ce n’est pas ce que vous souhaitez.

  4. Cher Monsieur,

    Pardonnez-moi pour le formatage de mon précédent commentaire. Pour une raison que j’ignore, tous les retours à la ligne semblent avoir été supprimés… sa lecture risque donc d’être un peu désagréable.

    Avec mes cordiales salutations

  5. Il existe un autre fantasme religieux – celui de la science qui peut tout et donc qui est érigée en religion du progrès. Fantasme très dangereux, qui a produit des fruits très amers au cours du XXe siècle.
    Prudence est mère de bien des vertus.

    1. Non ! SAMY, la science, la vraie, ne PEUT PAS TOUT. Elle ne recherche pas le POUVOIR, contrairement aux religions. La science avance par hypothèses et vérifications et lorsqu’elle est mise en défaut elle met à la poubelle ce qu’elle croyait être le chemin d’une meilleure connaissance de ce qui nous entoure. Oui ! les connaissances acquises par la recherche et la curiosité des vraies scientifiques, je veux dire ceux qui admettent de se tromper, peut générer des catastrophes comme la mort de millions de personnes en quelques secondes. (Hiroshima, Nagasaki) mais paradoxalement ces mêmes 2 bombes ont peut-être évité d’autres millions de morts pour que le Japon cesse les hostilités. Ah ! Que le monde est complexe !

      1. La science est une démarche, qui est indirectement héritière des études religieuses. Les universités d’Europe ont été fondées par des religieux – pour l’étude théologique, puis pour l’astronomie, les mathématiques, la médecine, les langues, etc. C’est un long chemin.
        Donc penser que les religions cherchent le pouvoir, alors que les sciences pas, c’est un non-sens. L’être humain est attiré par le pouvoir qu’il soit religieux ou scientifique.
        Et la science en tant que connaissance est source de pouvoir. Ce pouvoir peut être bien ou mal utilisé, mais il existe. Sans parler de la réputation, de l’économie qui y sont liées, source de conflits d’intérêts.
        Donc, la science doit être encadrée, c’est indispensable, sinon vous aboutirez au Dr Mengele ou à d’autres dérives.

          1. Par le reste de la société, d’une manière ou d’une autre.
            Pour le cas des OGM en Suisse: ce n’est pas la recherche qui avait demandé d’être encadrée, ni l’industrie.
            C’est le principe de la séparation des pouvoirs. Si vous refuser de poser des limites à un secteur de la société qui engendre du pouvoir, vous aboutirez à une dérive, cela n’est qu’une question de temps.
            La science en 2021 est un secteur qui génère beaucoup de pouvoir et qui brasse beaucoup d’argent, non?

          2. La science ne génère pas de pouvoir pour ceux qui la pratiquent, les chercheurs, généralement payés modestement et sans pouvoir de décision hors leur domaine. Un chercheur ne brasse pas d’argent. Il reçoit des subsides affectés à des dépenses sous le contrôle d’organes comptables.

          3. Sincèrement, je crois que vous ne vous rendez pas compte de l’évolution du monde scientifique depuis 30 ans.
            L’argent est désormais omniprésent (recherche de fonds et marketing), et les partenariats avec le privé sont aussi très importants dans le domaine technique (d’abord les EPF, Hôpitaux universitaires, Biomédical, HES, mais aussi les universités en général, la formation continue).
            Que la plupart des jeunes chercheurs soient pauvres ne changent rien à l’équation (ce n’est pas un système égalitaire!). L’économie du savoir est désormais un secteur gitantesque du PIB des pays développés.
            Alors si un secteur génère 50% de la richesse d’un pays, croyez-vous vraiment qu’il n’y a aucun pouvoir lié?
            Ce serait comme d’essayer de me prouver que les communautés religieuses de l’an 1500 n’avaient pas d’enjeu de pouvoir et de richesses, parce que’elle faisaient cela pour la plus grande gloire de Dieu, et que les jeunes moines étaient pauvres.
            Désolé, mais la réalité est plus prosaïque.

  6. Cher Monsieur Neirynck votre analyse est d’une implacable clarté. Je n’ai rien à ajouter sauf que : les minarets et la burka n’ont rien à faire avec les OGM. Le peuple suisse a eu raison de refuser de jolies tours élevées « au-dessus de toutes les autres ». Les accepter est faire preuve de naïveté car il ne s’agit pas de liberté mais d’une pernicieuse ingérence dans notre culture, au nom de dogmes et certitudes d’un autre temps. (J’ai subi les appels à la prière en pays musulman.) Nos politiciens sont souvent naïfs. J’en veux pour preuve l’achat de F35 américains « aux meilleurs prix !! » Nos militaires n’ont-ils jamais acheté une imprimante jet d’encre pour un prix ridicule avec pour conséquence l’arnaque du prix des consommables ? Naïveté ! Qui ne s’est pas procuré une machine expresso en achetant du café à 100.-CHF LE Kg ? Naïveté ! Les mises à jour du système d’exploitation, des radars, des bombes etc. va faire gonfler la facture. Non ?
    Vous avez comparé les OGM à toutes les manipulations chimiques de la pharma (pesticides et médicaments) qui polluent notre terre et nos eaux sans que cela pose problème ! Naïveté.
    On s’inquiète des OGM avec raison lorsqu’on sait que les semences achetées à Monsanto and Co. ne peuvent être ressemées sans les racheter. (Aux mêmes fournisseurs !) Ceci me semble un facteur important, que vous n’avez pas abordé, et qui explique, en partie, l’opposition à leur utilisation ?

    1. Je n’ai pas abordé ce point précisément parce que la loi suisse interdit d’apposer le gène qui empêche de ressemer. Mine de rien cette loi est bien faite : elle permet les avantages et empêche les inconvénients.

        1. Tout le secteur médical. Les cultures avec un meilleur rendement. Les plantes résistants aux ravageurs sans insecticide. S’il n’y avait aucun avantage, pourquoi les cultivateurs les utiliseraient-ils? S’ils le font c’est qu’ils gagnent mieux leur vie.

          1. Pour le médical je ne discute pas de l’utilité d’une telle technologie. Noté que je ne me suis jamais prononcé sur les indéniables progrès réalisés.
            Mais au niveau agricole, c’est un fiasco. Il vous faudra tôt ou tard le reconnaître.
            Expliquez moi en quoi créer une plante qui produit elle même un insecticide, la cultiver sur d’immenses surfaces et induire chez les insectes visés une résistance à ce même insecticide naturel et libre de tout brevets est un avantage?
            Ou plutôt, pour qui es un avantage?
            Concernant l’apparent succès des OGM dans certaine région du monde, bien sur qu’au départ c’est miraculeux. Surtout pour une agriculture très industrialisée.
            Mais une fois que vous additionnez les problèmes induits (résistance des adventices aux herbicides, résistance des insectes à l’insecticide) et que vous ajoutez encore le monopole sur les semences de la part des producteurs d’OGM. Le cultivateur n’a plus vraiment le choix. Surtout quand les champs non OGM sont détruits par avion avec du glyphosate pour vérifier qu’ils ne sont pas OGM…
            Vous mentionnez également le Brésil dans vos exemples indéniables du succès de cette technologie, on peut quand même se poser la question au vu des dernières nouvelles venant d’Amazonie sur la stratégie agricole du pays? non?
            Je serais aussi curieux de connaître les plantes dont les rendements on été augmentés? Rendement financier? Tonnage à l’hectare? Rendement énergétique?
            De quoi parlez vous exactement?
            Vous semblez simplement dérouler une litanie sans vraiment vous intéressez au enjeux concret qu’une telle technologie fait peser sur la diversité génétique de nos ressources alimentaire, à la santé de nos sol et à leur utilisation.
            L’agriculture industriel poussée à son paroxysme grâce au OGM n’est pas durable et l’agriculture traditionnelle familliale vantée par les grandes instances internationales (ONU, WEF, FAO) n’a pas besoins d’OGM mais d’une grande diversité de semences et de pratique qui la rendent plus robuste aux aléas climatique. Tout l’inverse du système mis en place par les firmes produisant des OGMs.

  7. Excellent article qui corrige l’un de vos pires anciens articles sur ce même sujet. Tout le monde ou presque admet que la majorité des produits agricoles sont des produits de croisements, faits par l’homme mais naturellement dans les champs et/ou par la nature toute seule. Retravailler la composition des gênes humains et en éliminer les mauvais en labo n’est pas autorisé, pour ne pas créer un nouvel Homme (f/h). Pourquoi voulez-vous que la modification des gênes de produits agricoles soit autorisée par ce même procédé? Personnellement, je ne souhaite pas consommer des produits parfaits qui résistent à tout pourtant j’en consomme tous les jours. Il semblerait que l’écrasante majorité du riz, du blé, maïs, importés des Amériques sont des OGM non-autorisés à la culture en Suisse. les 500 gr de pâtes des célèbres marques italiennes sont des OGM à 100%. Dans un monde parfait il faut interdire leurs importation, mais heureusement le monde n’est pas parfait ! OUI à l’extension du moratoire !

  8. Monsieur, et la perte de la biodiversité ? En s’en fiche ? Plus qu’une tomate à la peau dure pour résister aux transports et les autres variétés alors ? Aux oubliettes la diversité de nos cultures ? Et hors-sol la pauvre tomate qui plus est, gonflée à l’eau et surtout sans goût (car pour avoir du goût une tomate doit lutter contre son environnement : la pluie, le vent, le soleil et les insectes ! un peu comme dans la vie quoi …
    Un jour (demain ?) un champignon coriace ravagera ces cultures monopoles et nous n’aurons plus la biodiversité nécessaire pour faire face… Une graine survit 5 ans dans un tiroir puis meurt si elle n’est pas plantée… Plantez mes amis ! Plantez ! Des semences paysannes pleine terre et avec les mains ! Et observer au passage les insectes; ce monde mystérieux et indispensable à la vie sur terre.

    Triste époque quand même et dire que je n’ai que 20 ans (je claque des fesses pour mes 60 si j’y arrive…)

    ps: svp ne confondez pas les pratiques ancestrales d’hybridation des semences de fruits et légumes avec la manipulation – commerciale- actuelle de Monsanto et autre.. ça ne fait que confirmer votre lacune en la matière.

  9. Il y a 2 paradigmes qui se superposent au temps présent :
    Le premier découle d’un fantasme, celui de l’homme qui domine la nature, qui arrive à en décoder les secrets et arrive à “manipuler” pour mieux servir ses ambitions d’hubricité. Vendu sous l’étiquette de miracle, révolution, progrès,…cela sert surtout à alimenter les desseins délirants de certains scientistes complètement “hors sols”. Car derrière cela, il y a l’eugénisme, le transhumanisme et toutes ces idéologies folles…
    Le deuxième paradigme est celui d’une Terre vivante, de reconnaître qu’il existe dans la Nature, un ordre, une intelligence qui nous dépasse (ce qui a le potentiel de nous rendre plus humble). Selon cette perspective holistique, la terre est un “holobiont”, un super organisme dont chaque partie est nécessaire à l’équilibre du Tout. Et nous ne sommes pas extérieur à cet holobiont, nous en faisons partie.
    Bloqué dans le paradigme précédent, nous ne comprenons pas la nature de l’écosystème dans lequel nous vivons, nous bafouons donc ses lois et mettons en péril son équilibre (nous observons alors un effondrement de la biomasse, un effondrement des équilibre – la terre est malade de l’homme). La Terre s’en remettra (nous pas). Notre seule issue n’est pas celui de perpétuer un modèle du monde dégénéré (qui ne produit que de la mort), mais de s’ouvrir à une vision plus large, plus écologique de la Nature. Pour cela nous devons dépasser les croyances, les idéologiques qui ne sont pas alignées à un monde vivant et non-vivable à long terme. Notre économie (qui est tout sauf éco) n’est qu’une construction bien humaine, lorsque nous l’élevons au delà de l’écologie, alors nous pervertissons un ordre naturel des choses. Il nous faut reconnaître qu’il y a d’autres voies, d’autres manières d’être, de vivre (c.f. permaculture, la fabrique Spinoza, etc.). L’homme doit retrouver sa place écologique (niche) – celle qui fait de lui l’intendant de la Terre. Le gardien ! Nous sommes doués de conscience – ne sommes nous pas le cerveau global de Gaïa, sa Noosphère ? Ce serait encore une fois séparer l’homme de la Nature. Car la Nature est consciente d’une multiple manière. Nous découvrons que les arbres perçoivent leur environnement (voir les travaux de Francis Hallé)
    Nous sommes à l’orée d’un nouveau paradigme qui réenchante la Nature. Ce n’est pas un retour en arrière dans le panpsychisme, mais plutôt une avancée dans une nouvelle spiritualité (deep ecology).
    La boussole qui peut nous guider est celui du bonheur – est ce que les progrès techniques et technologiques nous rendent heureux ? Si nous ne comprenons pas ce qui nous rend heureux, alors c’est que nous ne sommes pas aligné et nous risquons de faire des mauvais choix mauvais pour l’humanité.
    Il y a un paradigme en déclin qui résiste qui devient de plus en plus absurde et un paradigme émergeant qui a le potentiel de nous rendre plus humain, plus fraternel, plus en lien… Et pour moi les OGM n’en font pas partie.

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