A la Conférence de Munich sur la sécurité, notre ministre de la Défense a eu beaucoup de peine à expliquer la position rigide de la Suisse sur la neutralité. Au point qu’elle interdise à des pays tiers de réexporter vers l’Ukraine tout armement produit par son industrie. En ce sens, acheter à la Suisse ne signifie plus acquérir le droit de propriété. La Suisse demeure indéfiniment le véritable propriétaire. Cette démonstration d’intransigeance ne sert bien évidemment pas la réputation de cette industrie, qui risque de perdre des clients ou de devoir se délocaliser. Pour l’abstraction d’une vertu politique lancinante, le pays accepte de nuire à ses intérêts concrets.
Viola Amherd confesse qu’elle a eu beau expliquer la position suisse à des partenaires européens, ceux-ci ont continué à manifester de l’incompréhension. En Realpolitik – et même selon le bon sens le plus élémentaire – c’est la neutralité façon suisse qui est incompréhensible. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Suisse aurait exporté des armes pour 600 millions de francs suisses de l’époque, soit huit milliards de francs d’aujourd’hui, vers l’Allemagne nazie, pays agresseur, et sans rien fournir évidemment aux Alliés : peu importe le montant mais le fait est avéré. Et aujourd’hui sa neutralité serait offensée parce que des armements d’origine suisse, qui ne sont plus sa propriété, ni sa responsabilité seraient transférés à un pays agressé ? Quelle est cette logique ?
L’UE et l’OTAN, intimement liés, font face à une guerre qu’ils n’ont pas provoquée et à laquelle ils participent par pays interposé. C’est bien la guerre de l’Europe démocratique contre un empire totalitaire. Tous les moyens doivent être et sont fournis à l’Ukraine pour qu’elle puisse gagner ou du moins ne pas perdre, ce qui est déjà la définition de gagner pour un pays agressé. Malencontreusement, si la Russie ne gagne pas, cela signifie qu’elle perd, au moins la face, ce qu’elle ne supporterait pas. Pour l’instant, il n’y a donc pas d’issue diplomatique à cette situation bloquée, sinon celle des partisans de la capitulation inconditionnelle de l’Ukraine.
Selon la perception helvétique, la neutralité va en revanche de soi. Car elle appartient au génome du pays. La Suisse est tellement singulière que sur place, même en français, on utilise souvent le terme allemand, « Sonderfall. Ce qui ne regarde absolument pas les Suisses, c’est l’expérience tragique de l’Histoire. Un pays, qui a échappé aux guerres depuis des siècles, à l’oppression des pestes brune et rouge au siècle dernier, à la pauvreté des crises, aux révolutions sociales, aux dictatures, est le lieu d’un optimisme radieux : rien ne peut lui arriver dans la mesure où il reste fidèle à lui-même, où il demeure une exception politique.
Les quatre maximes fondatrices de la Suisse sont : la démocratie directe, le peuple a tout à dire ; la concordance, un exécutif doit inclure tous les partis ; la neutralité, la Suisse ne s’occupe pas des affaires des autres ; la milice, pas de politicien de métier, car il est déplacé de gagner sa vie par un engagement citoyen. Attenter à l’une de ces valeurs risque de détériorer les autres et de replonger le pays dans les affres de l’Histoire ordinaire. Par renoncement à sa vocation, il cesserait d’être le peuple élu.
Dans la dérive du conflit ukrainien, le malentendu est donc inévitable. Tant que la Suisse n’applique que les sanctions économiques, elle parvient à se prétendre neutre et à s’en convaincre ; dès que des armes fabriquées sur son sol interviendraient, même par l’intermédiaire d’un pays qui les a dûment achetées, elle ne le serait plus. La définition du terme est donc sujette à géométrie variable, interprétation mobile, explication impénétrable.
Si, par invraisemblable, les canons de l’armée russe étaient à portée de nos frontières, la proclamation helvétique de la neutralité n’entraverait pas Poutine, ignare du génome helvétique. La sécurité de la Suisse ne dépend donc pas du tout de sa posture neutre, mais bien du fait que son territoire est enclavé dans ceux de l’OTAN. Grâce à celle-ci, l’indépendance de la Suisse est garantie, sans qu’elle soit obligée d’adhérer à l’alliance qui la protège. Soit la situation du passager clandestin qui ne paie pas sa place. C’est tout bénéfice. La neutralité devient affaire de géographie car si nous étions un pays balte, elle ne serait pas possible. C’est moins la pratique d’une vertu qu’un constat pragmatique : nous n’avons pas de frontière avec la Russie.
Par crampe sur le concept, une moitié des citoyens suisses sont partisans de cette définition stricte de non-réexportation. Certains vont jusqu’au refus des sanction économiques. Que l’Ukraine devienne un pays satellite de la Russie ou même y soit englobée ne les concerne pas. Il leur semble que pour sauvegarder l’image de la Suisse, son confort, sa douceur de vivre il serait opportun, convenable, pratique de sacrifier une lointaine contrée dans un Est lointain.
Car, si l’Ukraine ne s’était pas défendue, disent-ils, il n’y aurait pas eu de guerre. C’est juste. Elle serait donc la véritable responsable. Mais y aurait-il eu la paix en Europe ? Toute victoire sans coup férir d’un agresseur ne l’incite-t-elle pas à d’autres agressions ? Toute manifestation de faiblesse de l’Occident ne convainc-t-elle pas Poutine de la justesse de son action. Si nous ne lui imposons pas une leçon, s’il ne comprend pas qu’il a déjà perdu, il pourra poursuivre tranquillement son agression à l’abri des armes suisses.
Excellente et très juste analyse. On pourrait y ajouter que la neutralité ne se décrète pas unilatéralement. En 1815, ce statut pour un pays au centre d’une Europe divisée et en perpétuels conflits entre les diverses puissances la composant arrangeait aussi bien la Suisse (qui aurait pu se diviser selon les appartenances linguistiques et culturelles des différentes parties du pays) que nos voisins qui ainsi ne risquaient pas de voir notre territoire utilisé pour contourner leurs défenses. La situation est tout autre aujourd’hui dans le conflit en Ukraine; d’une part nous ne sommes (heureusement!) pas au centre des nations en guerre et d’autre part nous appartenons de fait à l’Occident que déteste Poutine et qu’il voudrait voir disparaître, ou au moins lui être soumis, et qui nous met “dans le même panier” que nos voisins et ne nous reconnaît aucun statut de “neutralité”. Il faut se rendre à l’évidence, de fait ce statut est devenu caduc pour la Suisse en ce 21ème siècle puisqu’il n’est plus universellement reconnu.
Article plein d’inexactitudes, d’approximations et de méconnaissance. Et qui date déjà: MM. Berset et Cassis ont tenu depuis la rencontre de Munich une conférence de presse qui clarifie bien des points. De la part d’un ancien député ayant bénéficié de cette neutralité que vous ne parvenez même pas à définir, des propos sur l’impossibilité de réaliser la paix à brève échéance est une provocation. La Constitution fédérale a inscrit la paix comme fondement de sa politique étrangère. Prière de bien vouloir relire cette page sur son site officiel ! Quant aux graves erreurs, avérées, commises pendant la IIe GM, est-il utile de les projeter, de les superposer sur les faits actuels ou sur des décisions non encore prises? Êtes-vous certain de la nature de la “collaboration” que vous dénoncez et, surtout, des buts qu’elle poursuit? La fin ne justifie jamais les moyens.
Si vous pouviez préciser de quelle inexactitude je me suis rendu coupable, je me ferais un plaisir de rétablir la vérité.
Inexactitudes, et surtout manque de vérification ou de citation des sources: 1. Position rigide 2. Intransigeance 3. Abstraction d’une vertu politique lancinante (!) 4. La neutralité façon suisse est incompréhensible 5. Votre définition de la neutralité au 5e paragraphe 6. (…) et l’OTAN (fait) face à une guerre (qu’il) n’a pas provoquée 7. Il n’y a donc pas d’issue diplomatique, etc. Les termes employés dans votre page d’hier relèvent davantage de la fiction et de la défaite intellectuelle que d’une analyse des faits et des discours officiels tenus. Une fois pour toutes quant à l’origine de la neutralité de la Suisse: elle lui a été IMPOSÉE au traité de Vienne en 1815. Toute interprétation personnelle est une interprétation personnelle. En résumé, je suis d’accord avec M. B. J. Wohlwend qui vous répond ci-dessous.
Une inexactitude serait une déformation des faits, pas un appréciation de ceux-ci.
Monsieur Neyrinck,
Vous dites «Que l’Ukraine devienne un pays satellite de la Russie ou même y soit englobée ne les concerne pas (les suisses)». Mais qu’elle devienne un pays satellite des Etats-Unis vous concerne, vous ? Quand finirez-vous donc de plaider la cause des mondialistes et de la destruction de l’Etat souverain. Quant finirez-vous de prétendre savoir ce que pense Vladimir Poutine alors que vous ne faites que colporter des rumeurs infondées ? Quand finirez-vous de dénigrer les piliers fondateurs de notre pays dont la neutralité que vous vilipendez continuellement ? Quand finirez-vous de mépriser l’autre, celui qui ne pense pas comme vous ?
Tout dépend de la définition d’un pays satellite. Satellite de la Russie signifie pas de presse libre, pas d’élections loyales, pas de manifestation sinon réprimées par la police, pas d’ordre judiciaire indépendant. Rien de tout cela de la part des Etats-Unis. La différence la plus visible est le million de Russes qui se sont échappés pour l’Occident alors que je ne sache point qu’un millier d’Occidentaux aient été se réfugier en >Russie.
Et où aurais-je manifesté du mépris pour ceux qui ne pensent pas comme moi?
Qu’entendez-vous par “pays satellite”? Qu’une partie de l’Ukraine, qui s’identifie par le contexte historique plus avec l’Europe de l’Ouest qu’avec son voisin de l’Est, aspire à s’émanciper de son influence, et ceci déjà bien avant la révolution orange de 2004 et les évènements de Maïdan en 2014, dont nul n’ignore par ailleurs le soutien que leur ont apporté l’Union européenne et les Etats-Unis, cela vous concerne-t-il?
Que la proclamation le 21 novembre 2004 du résultat du deuxième tour de l’élection présidentielle, que de nombreux Ukrainiens perçoivent comme truqué par le gouvernement de Viktor Ianoukovytch et par le puissant clan de Donetsk, dont l’oligarque Rinat Akhmetov, que certains soient également outrés par l’appui médiatique, politique et logistique de Vladimir Poutine et du gouvernement russe à Ianoukovytch, cela vous concerne-t-il?
Que, d’autre part, les minorités russophones d’Ukraine souhaitent, elles, s’émanciper de la tutelle de Kiev, quoi de plus légitime? Encore faudrait-il que leur autonomie, que Kiev n’a pas plus de raison de contester que Berne celle du Jura ou de n’importe quel autre Canton souverain, soit garantie et reconnue selon les normes du droit international et sous surveillance de l’OSCE, et pas par des référendum bidon avec mise en place de marionnettes du Kremlin à la tête d’un gouvernement fantoche. Cela, le contestez-vous?
Nul n’est dupe du fait que l’Ukraine serve de prétexte à la nouvelle guerre froide que se livrent Moscou et Washington. A cette différence majeure près que celle-ci se déroule sur sol européen et non plus par états du tiers-monde interposés. Pour toutes celles et ceux qui ont vécu la précédente, n’est-il pas consternant de constater qu’on ne soit pas arrivé à évoluer d’un iota de sa logique archaïque et de son discours, amplifié par les mass-médiocres, plus stupide et virulent que jamais?
@L. RENALD
Vous dites à juste titre “Que, d’autre part, les minorités russophones d’Ukraine souhaitent, elles, s’émanciper de la tutelle de Kiev, quoi de plus légitime? Encore faudrait-il que leur autonomie, que Kiev n’a pas plus de raison de contester que Berne celle du Jura ou de n’importe quel autre Canton souverain, soit garantie et reconnue selon les normes du droit international et sous surveillance de l’OSCE, et pas par des référendum bidon avec mise en place de marionnettes du Kremlin à la tête d’un gouvernement fantoche.” C’esst exactement ce que prévoient les Accords de Minsk de 2014 et 2015 garantis par la France et l’Allemagne et dont Mme Merkel a avoué qu’ils n’avaient pour but que de permettre à l’Ukraine de préparer la guerre !
C’est en effet un secret de polichinelle que ni l’Ukraine, ni la Russie, n’avaient l’intention de respecter les accords de Minsk. Madame Merkel s’exprimait en son nom personnel dans une des rares interviews qu’elle ait accordé après avoir quitté le gouvernement. Le président ukrainien Porochenko n’a pour sa part jamais caché que l’Ukraine n’avait aucune intention d’appliquer les accords de Minsk.
Si l’Ukraine les a rompus la première, dès 2014, Poutine a pris son temps pour lui donner la réplique afin de préparer son “opération militaire spéciale”. Ce n’est que le 22 février 2022, deux jours avant l’invasion, qu’il a déclaré: “Les accords de Minsk n’existent plus” (Ukraine : Poutine balaie les accords de Minsk”, France 24 – https://www.france24.com/fr/europe/20220222-en-direct-face-%C3%A0-la-russie-le-pr%C3%A9sident-ukrainien-assure-n-avoir-peur-de-rien-ni-personne).
Si les Occidentaux (et les Ukrainiens de l’Ouest à leur manIère) jouent au football, les Russes, eux, jouent aux échecs. Mais après le fiasco de sa “blitzkrieg” du 24 février 2022, le joueur d’échecs Poutine a dû se résoudre à jouer gambit: sacrifier Kiev dans l’espoir de reprendre l’avantage à l’Est. Avait-il négligé une règle de base des échecs, celle qui consiste à réfléchir avant d’avancer ses pions?
La fin de partie ne risque-t-elle pas fort de se faire attendre?
Bonjour Monsieur,
Votre analyse tranche avec celle d’une certaine “bien-pensance” que je croise fort fréquemment en Suisse depuis le début de ce conflit.
À entendre, ou lire, certains propos, je crois voir beaucoup moins de convictions politiques, morales ou éthiques que de colères qui trouvent carburant dans les réseaux sociaux, souvent assorties ,non du désir sincère d’avoir une Paix ,mais plutôt du besoin moins avouable d’avoir la paix.
Il est un fait que se retrouver en coterie où l’on vient se conforter, et se réconforter, dans la certitude de lire ce que l’on veut lire car l’on y croit ,n’est pas nouveauté.
Mais les réseaux sociaux, blogs et médias du net savent fédérer et répandre. On voit apparaître alors des personnes qui affichent des valeurs comme des slogans indépassables. Mais à y creuser un peu, l’on y trouve souvent moins de vertueux que d’esprits assénant leurs complexes convictions .
Le véritable débat est-il celui de la neutralité de cette Suisse ” passager clandestin” ?
Ou celui des colères et trouilles face à l’inconnu ?
Vous remerciant Monsieur,
Petite question:
Quant vous avez acheté des armes américaines – est-ce que vous pouvez les réexportez sans demander la permission aux USA???
Donc, ce qui dérange nos “amis” de l’OTAN, ce n’est pas la neutralité ou l’Ukraine ou l’absence de quantités d’armes suisses sur le terrain, mais le fait qu’un petit village alpestre s’écarte encore et toujours de la vérité établie…
Or les représentants du bien et de la vérité ne peuvent supporter que la discours officiel soit mis en doute, même très léger, surtout par un pays à la bonne réputation comme la Suisse, car cela pourrait inspirer d’autres populations à penser autrement que ce qui est bon et vrai.
C’est un problème d’hérésie intellectuelle. Et cela doit être écrasé dans l’œuf avant de faire des émules ailleurs.
Donc tout sera fait pour que la Suisse accepte de livrer ne serait-ce que quelques couteaux suisses symboliques.
Excellent article que j’ai beaucoup apprécié. Abandonner l’Ukraine serait “soupir de soulagement… avant de rendre le dernier !”. Ceci dit, il faudra bien en finir et tout le monde sait que l’Ukraine devra finalement faire des concessions (même injustes), à moins de désirer une vraie guerre entre l’Occident et la Russie.
Il y a des pistes à explorer: fédération de régions dotées d’une certaine autonomie, voire d’une démilitarisation, statu de neutralité (coucou ! la revoilà) pour l’Ukraine, statu spécial de la Crimée, qui n’est ukrainienne que de fraîche date. Il y a du pain sur la planche pour les négociateurs.
Monsieur Vernet, je crois que vous avez tout à fait raison, “Il y a du pain sur la planche pour les négociateurs” à condition qu’ils soient neutres … et il n’y en a pas beaucoup, ou plus du tout à cause des sanctions. A condition aussi que les Américains soient prêts à discuter avec Poutine et à appliquer les accords de Minsk.
La Suisse n’a pas été exemplaire pendant la IIeGM : elle a fait ce qu’elle a pu faire pour ne pas être envahie, mais ce n’est pas une raison pour ne pas être exemplaire aujourd’hui, alors que la possible menace russe est plus éloignée que la menace allemande en 1939. Etre disponible comme nous le sommes en Iran ou en Corée: voilà notre raison d’être et notre liberté, qui peut servir à la paix parmi les hommes, et tous les autres pays doivent le reconnaître s’ils veulent avoir une chance de sauver leur peau. On peut nous lancer la pierre et nous traiter d’opportuniste, mais si une vraie neutralité peut empêcher un carnage définitif en Europe, qui a été désignée apparemment comme le futur champ de bataille de la IIIe GM par des belligérants qui vont s’amuser sur l’écran à se faire une guerre virtuelle pour eux, comme dans un jeu-video, … mais une guerre qui n’aura rien de virtuel pour nous qui sommes sur leur futur champ de bataille.
Il faut se mettre à la table de négociation le plus vite possible, c’est gagnant pour tout le monde, sauf peut-être pour les Américains qui veulent, … empêcher la “dédollarisation” de l’économie mondiale.
Si la Suisse a fourni des armes à l’Allemagne nazie pour ne pas être envahie, pourquoi ne le peut-elle pas pour éviter que l’Ukraine le soit? Cette conception de la neutralité revient à dire qu’elle peut être abandonnée si nos intérêts vitaux sont menacés, mais qu’elle est inviolable si c’est un autre pays qui sera sacrifié.
Pourquoi n’avons-nous pas fourni des armes à l’Irak, lors de l’invasion américaine en 2003?
Parce que c’était la réponse à l’agression de l’Irak sur le Koweit.
Le Koweït c’était en 1991.
En 2003, les USA et leur coalition ont envahi et occupé l’Irak sans aucune autre justification que les mensonges de l’administration de J.W. Bush.
Pourquoi ne fallait-il pas fournir des armes à l’Irak à la résistance irakienne contre l’occupation américaine illégale de leur pays?
On peut supposer que ce fut pour ne pas s’opposer aux Etats-Unis et au mieux de s’abstenir de lui prêter main forte comme le fit la France.
A ce que je comprends de votre argumentation, certains Etats ont un feu vert implicite pour agesser d’autres Etats, du moment qu’ils sont dans l’OTAN et qu’ils sont puissants.
Dans l’affaire qui nous occupe l’OTAN n’est pas l’agresseur. La position de l’UE est différente de celle des Etats-Unis, aucun de ses Etats n’agresse personne que je sache.
Samy, avez-vous connaissance d’une demande à l’époque de l’Irak d’avoir de l’armement Suisse? Ou d’un pays détenant des armes d’origine Suisse qui aurait souhaité les remettre à l’Irak ?
Autant que je sache, cela ne s’est pas produit.
La question est donc sans objet.
@Fdidoux
La question de l’exportation de l’armement suisse posée par J.Neyrinck est volontairement posée sur un plan moral.
Dès lors élargir la question telle qu’elle a été posée dans ce billet à d’autres situations similaires pour en montrer le défaut de raisonnement quant à la moralité est tout à fait nécessaire à mes yeux.
A force d’ obéir aux injonctions incessantes de vote environnement, vous allez paraître mous, inconsistants , inconscients et pour finir terriblement has been . Plus personne ne vous prendra au sérieux et vos rues finiront dans l’ état de celles de vos voisins. Si la est votre projet pour la confédération, allez y ! Vous êtes sur le bon chemin.
Ce qui est inquiétant est que les occidentaux n’arrivent pas à fournir des munitions à l’Ukraine et de garder les nôtres pour leur propres défenses. Bizarre! le but ultime de la pression des occidentaux est d’aligner notre pays et d’en finir avec notre neutralité. Vivement que le peuple tranche la question (initiative Blocher) pour en finir.
La même hypocrisie enveloppe les banques et la neutralité suisses, et l’expression officielle des « bons offices » répétée comme un mantra et derrière laquelle celle-ci tente de se cacher finit par avoir quelque chose d’obscène.
… Ah! Promouvoir la paix est obscène…? Et tuer des enfants, bombarder des écoles, briser des vies, se battre jusqu’au dernier “pour gagner”… ce sont des actions humanitaires?
“Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux”
G. Brassens.
Si la Suisse voulait vraiment promouvoir la paix, elle commencerait par ne plus fabriquer ni vendre d’armes, il faut être bien naïf pour croire que la neutralité est un idéal poursuivi par ce pays. Comme toujours l’argent prime sur tout le reste.
La Suisse ne promeut pas la paix mais la neutralité armée qui signifie qu’elle doit s’opposer à l’envahissement de son territoire par les armes.
Il y a la position ‘ambiguë’ de la Suisse vis à vis de la neutralité, qui pourrait être expliquée… par exemple, par la ‘Realpolitik’ chère à Mr Metternich.
Mais il y a également une logique difficilement défendable qui permettrait à un fabricant d’armes suisse d’exporter celles-ci, sous une forme de concession, c’est-à-dire un droit d’usage limité. Mais quel peut être cet usage, au sens de la neutralité helvétique ? Serait-ce l’usage de parade (montrer que l’on est fortement défendu grâce à ces bijoux de l’industrie suisse et, ainsi, contribuer à la seule dissuasion) ? Serait-ce limiter l’usage de ces armes et munitions à n’autoriser que les actions de défense, à l’exclusion de toute forme d’agression ? Il serait intéressant de connaître plus précisément ces droits de ‘licence’ pour pouvoir juger si la position actuelle des fabricants d’armes helvétiques (et, par voie de consequence, celle de la Confédération) qui leur confère certains droits selon l’article 22 et 22a de la LFMG serait logique ou non. Car, dans le cas où il s’agit d’un droit d’usage de défense strict, on ne comprend pas que le principe de neutralité suisse puisse limiter l’exportation de ses produits de défense à un quelconque pays, dans le respect des clauses de l’article 22a, sauf situation particulière temporaire (telle que, par exemple, un embargo ou les sanctions économiques acceptées par la Suisse vis-à-vis de la Russie). Il y a là une difficulté que le bon sens devrait pouvoir aisément surmonter, et pourtant ?!…
Ce blog et les réponses qui vont avec participent complètement au processus de maintien de la politique de neutralité de la Suisse : au-delà des lois, vu de l’extérieur, quelle impression ça donne ?
Mme Amherd a rencontré des difficultés pour expliquer la position de la Suisse ? C’est son métier de politicienne, qui demande des compétences de contorsionniste qui servent d’abord à être élu puis à exercer les fonctions obtenues. Des compétences qu’il doit être jouissif d’utiliser, surtout si ça fonctionne, comme un artiste qui exerce son art.
Donc, pour le moment il se passe exactement ce qui doit se passer pour que le pays s’en sorte plus neutre que jamais, quelle que soit la direction du vent. Si cet horrible conflit s’arrête d’une manière ou d’une autre, les arguments sont prêts à être servis :
Aux uns : on aimerait bien vous aider mais il y a cette loi qui coince, voyez-vous chez nous le processus démocratique est très lent, mais on fait tout ce qu’on peut, vous entendez bien toutes les voix qui, chez nous sont de votre côté.
Aux autres : nous mettons toute notre énergie pour résister aux pressions de vos ennemis qui voudraient que l’on trahisse notre démocratie en ignorant purement et simplement une loi qui existe justement parce que nous sommes neutre.
La guerre a bien commencé le 23 février 2022 ou c’est un peu plus compliqué que ça ? Qui a commencé quand, pourquoi, comment ? personne et tout le monde le sait, mais choisi quand même ton camp, camarade. Vous l’avez fait ce choix M. Neirynck, vous êtes certainement plus cultivé et mieux informé que moi, alors je ne peux pas décider si vous avez raison ou tort. Par contre j’ai adoré l’allusion subtile aux possibles conséquences économique et au risque de délocalisation de cette magnifique industrie. Je pense que si je devais voter pour passer outre cette loi ou non c’est cet argument qui ferait pencher la balance, parce que dans tout ça il ne faudrait pas oublier les choses sérieuses.
Pas besoin d’être “contorsionniste” pour expliquer ce qu’est la neutralité à des gens qui veulent la paix.
Si on veut éviter une mer de sang, c’est la seule solution. Les va-t-en-guerres de tous poils et de tous bords qui se trouvent sur le champ de bataille désigné n’ont aucune chance de s’en sortir.
En ce temps de crise, il faut avoir la tête froide pour donner sa chance à la paix qui ne sera satisfaisante pour personne, mais qui de toute façon est la moins mauvaise solution. La guerre, c’est la pire solution pour nous, … mais pas pour d’autres.
La question est jusqu’où cette guerre va-t-elle aller? Si Poutine lance une bombe atomique sur la Bavière, pourra-t-on encore se poser des questions sur les relations de la Suisse avec l’Europe? Il faudrait que cette guerre se finisse au plus vite. Je vois très mal ce qui se passe dans la tête de Poutine et encore plus mal ce qu’il va penser à l’avenir. Quel peuple a inventé la roulette russe? On peut “se rassurer” en pensant: s’il fait cela, il recevra aussi des Bombes… Impossible? Je n’en jurerais pas. Mis à part donner les permissions pour l’utilisation des armes suisses, qu’est-ce qui peut être fait? Cela ferait-il avancer la cause de la paix ou la retarderait? La neutralité suisse a-t-elle encore le même sens qu’autrefois? Rétorsions économiques allemandes? Convaincre les Russes qu’ils ne peuvent pas gagner? S’ils écrasent maintenant l’Ukraine, la majorité des gens de ce pays ne seront plus jamais des concitoyens sûrs pour Poutine. Et surtout, il faut être juste! l’attitude des dirigeants ukrainiens envers les russophones n’a pas toujours été très respectueuse. Les Russes sous-estimeraient ils l’apport des Américains dans leur victoire en 1945? La France ne devrait elle pas livrer les neuf-dixièmes de ses césars aux Ukrainiens comme le Danemark? Comment faire accepter aux belligérants les réalités de leur situation sans humilier personne et en installant une paix acceptable? On est loin d’avoir les solutions et ce qui se passe actuellement est une horreur
Tout à fait d’accord.
Toute nation occidentale est “pays satellite ” des US : c’est faux , Chirac l’a démontré en 2003 avec son NON à la guerre en Irak , ce qui a alimenté une sacrée brouille avec les US ( Blair a été le bon caniche de Bush par contre )
La neutralité de la Suisse ? du pipeau .Si elle était avérée , pourquoi est-ce que l’on irait chercher la Chine , la Turquie voire l’Inde pour proposer une sortie de crise ( sont-ils neutre , eux ?) ? Il est où , le plan de “paix” des Suisses , leur capacité à faire dialoguer les belligérants ? Les Suisses se croient neutres mais ils sont les profiteurs de l’Occident Global comme l’a très bien dit Mr Neirynck . Bravo pour votre article .
Chirac a refusé d’aller faire la guerre en Irak, parce qu’il avait reçu tellement d’argent de Saddam Hussein pour la construction de centrales nucléaires françaises en Irak (quand il était un jeune premeir ministre), que s’il était aller faire la guerre en Irak, Saddam aurait tout balancé. Chirac n’avait pas le choix. Autrement, il y serait allé sans sourciller.
Hors sujet
D’autre part, est-ce que la Suisse est obligée de s’associer à la bêtise des autres ? N’est-il pas judicieux qu’elle soit au contraire, une terre de négociations neutre où n’importes quels différends peuvent être négociés ?
Fournir des armes à l’Ukraine agressée serait selon vous une bétise. Il aurait donc fallu laisser la Russie la conquérir?
A lire:
https://www.arcinfo.ch/monde/ukraine/armes-suisses-en-ukraine-12-400-obus-cest-seulement-quelques-minutes-de-tir-1267780
L’enjeu concret de ce débat semble en réalité dérisoire. C’est plus une question de rhétorique et d’idéologie, avec en fond une bonne dose de rancoeur envers le non du peuple suisse à l’Europe et tout ce qui va avec.
De toute façon la Russie conquerra l’Ukraine, avec ou sans nos munitions.
Eteint-on un incendie en lui jetant de l’huile ? Autrement dit, à quoi sert de livrer quelques armes sans qu’aucune ne soit décisive ? Cela ne fait que fournir de l’énergie à la guerre. C’est en amont qu’il eut fallu agir, être intelligent ; aujourd’hui il est trop tard. Trop tard en tout cas pour une population meurtrie et dont les dirigeants de tous les pays concernés OTAN/EU inclus, n’ont cure. Mais est-il trop tard pour être intelligent ?
Ce sont bien-sûr les Américains qui sont contents et gagnants. Ils savaient ce qu’il faisaient depuis une ou deux décennies, en titillant l’ours.
Le seul pays européen qui peut accueillir tous les belligérants autour d’une table n’est-ce pas la Suisse, une Suisse neutre ? La Suisse peut se permettre ce luxe : être plus Sage que les autres.
Utopie. Le décideur est Poutine. Il a déclenché une guerre et l’arrêtera quand il voudra et seulement alors, Suisse ou pas.
Vous avez raison, Monsieur Poutine a déclenché cette guerre, il ne l’a pas suscitée. Elle l’a été par d’autres, déjà cités (ceux que certainement vous connaissez, sans vouloir l’admettre publiquement). Des intervenants bien plus compétents s’exprimant dans divers média et autres blog vont largement dans ce sens.
D’ailleurs faut-il vraiment saborder la Genève Internationale ? Elle n’existe plus selon un ministre russe important. Et pourquoi ne pas le contredire dans les faits ?
Utopie ? Oui si, malheureusement souhaité ! Mais est-ce que le bonheur ne naît pas d’une utopie parfois ?
Et quoi qu’il en soit, n’est-il pas nécessaire d’avoir au sein du monde un îlot de neutralité ? Sans qu’il soit nécessaire de s’exiler sur Mars ? (je plaisante avec Mars) !!
Très bonne nuit Monsieur.
Entre nous soit dit cette loi interdisant la réexportation vers un pays en guerre, par un acheteur du matériel de guerre suisse, a été voulue par les gauchistes antimilitaristes, proches du groupe pour une Suisse sans armée.
Il faudrait quand-même le rappeler.
Si on n’avait pas cette stupide disposition purement idéologique, gauchiste et antimilitariste, la Suisse pourrait parfaitement bien vendre du matériel à l’Allemagne qui serait son seul acheteur. Après quoi, ce que l’Allemagne fait de ce matériel, cela ne regarde pas la Suisse. C’est une ‘res inter alios acta’.
Donc si l’Allemagne, un grand pays qui est censé savoir ce qu’il fait, décide pour des raisons politiques qui lui sont propres et qui ne sont pas de notre fait, de revendre ce matériel à un pays en guerre, par exemple l’Ukraine, cela n’enfreint pas le droit de la neutralité.
C’est un peu cynique, mais si on veut avoir une production d’armes et une industrie d’armement, et nous en avons besoin pour nous défendre, on doit être un peu cynique.
Pourquoi monsieur Neirynck ne pointe-il pas du doigt ces gauchistes stupides, qui ne voient pas les réalités, au lieu de critiquer les défenseurs de la neutralité?
Je ne pointe pas ces gauchistes stupides parce que la décision a été prise par le Conseil fédéral où non seulement il n’y a pas de gauchiste mais où la majorité est détenue par l’UDC et le PLR, apparemment des partis de droite.
Excusez moi, mais il y a un malentendu. Le Conseil fédéral a été obligé de se conformer à la loi sur l’exportation de matériel militaire. Donc il ne pouvait pas faire autrement que d’argumenter que selon cette loi, et refuser de vendre ces matériels si l’Allemagne ne s’engage pas à ne pas les réexporter vers un pays en guerre. Ce que je disais c’est que le problème à l’origine vient de gauchistes anti miltaristes qui ont ont insisté pour que cette loi contienne cette disposition antibusiness.
Invraisemblable. Comment les gauchistes auraient-ils pu influencer une loi alors qu’ils ne représentent rien dans les deux chambres du parlement? Pour faire voter un amendement, il faut une majorité. Or celle-ci est de droite.
Ah, Monsieur Neirynck, comme vous avez raison pour une fois. Merci, ça fait plaisir !
Malheureusement pour vous, la population suisse est encore attachée à la neutralité. C’est le nœud du problème.
Et ce billet, cherche simplement à changer l’avis du peuple:
la neutralité serait hypocrite, la neutralité serait une trahison de nos valeurs, la neutralité favoriserait les dictatures, etc.
Il faut bien salir cette neutralité et sa prudence qui empêche de faire une bonne guerre bien noble, en ces temps difficiles de l’après Covid.
Détourner le regard des pauvres des problèmes intérieurs, pour les placer sur les méchants extérieurs, qui sont présentés comme abominables.
C’est une vieille technique qui a encore ses adeptes au sein des classes dirigeantes, ici et ailleurs.
Delenda est Carthago!
Carthago, c’est notre neutralité et l’attachement à ce principe parmi la population.
Oleksiy Iouriyovytch Reznikov (en ukrainien : Олексій Юрійович Резніков), né le 18 juin 1966 à Lviv, avocat et homme politique ukrainien, ministre de la Défense depuis le 4 novembre 2021, est de gauche.
Il semble que malgré les soupçons de corruption qui pèsent sur lui et son entourage, il n’ait pas trop mal mené son affaire jusqu’ici, non?
Hors sujet
On parle neutralité, mais cela ne vous inquiète pas de voir la ruine de nos armées et leur impossibilité de livrer des armes. Et encore moins combattre…
Êtes-vous fier du démantelement de nos armées ?
https://www.rts.ch/info/monde/13825483-pourquoi-les-chars-dassaut-europeens-peinent-a-arriver-en-ukraine.html
Le désarmement reposait sur l’illusion d’une paix définitive et d’une civilisation aboutie.
Évidement, si toutes les relations humaines entre Etats en l’occurrence, sont basées sur l’agressivité, la jalousie, la défiance, les intérêts et je ne sais encore quelles délicieuses “qualités”, il n’y a pas d’espoir d’éviter les conflits. Est-ce que les relations animales sont différentes ? c’est le plus fort, le plus méchant qui gagne ! Seulement, nous ne sommes pas des animaux !
Merci Monsieur de votre très intéressant et instructif blog, de vos aimables réponses. C’est toujours un grand plaisir de vous lire.
Excellente journée.
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer se serrant la main pour sceller la réconciliation franco-allemande au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale étaient-ils victimes de leurs illusions? Qu’ils aient cru alors à la possibilité d’une paix définitive ou non, la question reste bien sûr ouverte. Leur entente n’a-t-elle pas moins posé les bases d’une paix durable en Europe, et pas seulement sous la tutelle de l’OTAN et de Washington? Même Kant, dans son projet de paix perpétuelle et au contraire des théoriciens de la paix démocratique, n’excluait pas que les états démocratiques (il parlait alors d’états républicains) puissent se faire la guerre.
Si l’on compare le comportement actuel des Etats, démocratiques ou non, on constate qu’ils agissent à l’encontre même des six mesures (les “conditions préliminaires à toute paix perpétuelle”) qui devraient être adoptées au plus vite pour établir la paix entre les hommes selon Kant :
1 Aucun traité de paix ne doit valoir comme tel, si on l’a conclu en se réservant tacitement matière à guerre future.
2 Nul État indépendant ne pourra être acquis par un autre État, par échange, héritage, achat ou donation.
3 Les armées permanentes doivent être supprimées avec le temps.
4 On ne doit point contracter de dettes publiques en vue des conflits extérieurs de l’État.
5 Aucun État ne doit s’immiscer de force dans la constitution et le gouvernement d’un autre État.
6 Aucun État, en guerre avec un autre ne doit se permettre des hostilités de nature à rendre impossible la
confiance réciproque lors de la paix future.
Incapables de convenir d’un cessez-le-feu durable (simple cessation des hostilités provisoire et seule forme de paix possible tant que “l’état de nature” continue de régner entre les États) par opposition à la notion de paix perpétuelle tel que Kant, promoteur de l’idée de ligue des nations, la conçoit, les Etats actuels ne sont-ils pas en voie de retourner, sinon à l’état de nature, du moins à l’état sauvage?
Les Etats démocratiques ne se comportent manifestement pas de la même manière que les dictatures en regard de ces normes.
N’est-ce pourtant pas l’Etat qui passe pour modèle de démocratie qui a, le premier et à ce jour le seul, fait usage de l’arme atomique les 6 et 9 aoùt 1945 à Hiroshima et Nagasaki? Le général en retraite Mac Arthur et son ami Barry Goldwater, sénateur républicain de l’Arizona, n’ont-ils pas demandé de lâcher la bombe atomique sur HanoÏ pour mettre fin à la guerre du Vietnam – guerre déclenchée suite au mensonge américain de l'”incident” de la Baie du Tonkin? Le cardinal Spellman, chef de l’église catholique américaine, n’a-t-il pas dit de cette guerre qu’elle était une croisade de la “civilisation” contre “la barbarie communiste” dans un quasi copié-collé prémonitoire du discours sur la guerre “métaphysique” que livre selon Kyrill 1er, patriarche de Moscou, son ouaille et “cadeau divin” (dixit) Poutine?
De Joseph McCarthy à Donald Trump en passant par les coups d’état fomentés par la CIA en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, combien d’exemples de “démocratie” les Etats-Unis ne nous ont-ils pas donnés?
Entre l’actuel directeur de la CIA qui affirme que les Chinois vont livrer des armes aux Russes avec l’assurance qu’affichait le Secrétaire américain de la Défense sous George Bush Sr quand il soutenait que l’Irak produisait des armes de destruction massive, au ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov qui déclare en marge du G20, sans rire mais non sans déclencher les rires de l’assistance, que l’Ukraine a attaqué la Russie et que celle-ci ne fait que se défendre, qui ment le mieux?
De part et d’autre du front, la part des responsabilités n’est-elle pas quasi égale? Pour avoir vécu la guerre froide dès ses débuts, je suis consterné de constater que le discours fallacieux et biaisé qui en était la norme resurgit aujourd’hui, encore amplifié par les mass media, avec plus de virulence que jamais, au point que je me demande si cette guerre dite “froide” a jamais cessé.
Et vous, qu’en pensez-vous?
Le blog porte sur la neutralité suisse. Aide-t-elle ou non l’Ukraine? Hiroshima ne justifie pas l’agression russe. Sinon tous les pays peuvent entrer en guerre parce que les autres l’ont fait. Tout le monde est responsable de tout mais ce n’est pas le problème de ce blog.
“Le blog porte sur la neutralité suisse”, dites-vous. Mais de quelle neutralité parlez-vous? Votre article – ce n’est ni une critique, ni un jugement mais un constat – est centré sur la vente d’armes suisses à l’étranger et, pour son acquéreur, à la liberté ou non de les utiliser à sa guise. Or, ne serait-ce que du point de vue légal, ne faudrait-il pas interroger d’abord un juriste compétent dans ce domaine sur ce que dit le droit non seulement suisse mais aussi international? Comme je n’ai pas cette compétence, permettez-moi en revanche de faire par analogie un lien avec le droit d’auteur: Vous écrivez et publiez. Comme auteur (j’ai aussi publIé sept livres et suis journaliste de formation), ce n’est donc pas à vous qu’on apprendra que même si un éditeur retient l’essentiel des droits patrimoniaux d’un auteur qu’il publie (jusqu’à 94% des miens en ce qui me concerne), l’auteur, tout comme le journaliste, ne demeure pas moins le propriétaire de ses droits moraux dans leur intégralité.
Mais mon analogie s’arrête là, car dans le cas de vente d’armes, on voit mal ce que les droits moraux viennent y faire. Ou alors Voltaire et Rousseau sont responsables de la guillotine et de la terreur jacobine. Est-ce pour cette raison que le mot “moral” ne figure nulle part dans votre article, qui porte sur la seule notion de neutralité armée? Et les Conventions de Genève, qu’en faites-vous? Oui, le système suisse est complexe, et qu’il soit mal compris à l’étranger quand il l’est déjà si souvent par ses propres citoyens est-il surprenant?
Mais ne tout réduire qu’à la “Realpolitik”, aux seuls rapports de force entre Etats ou régimes politiques – les guerres inter-étatiques étant devenues de plus en plus rares, touchons du bois -, n’est-ce pas céder à un manichéisme facile entre gentils démocrates et méchants dictateurs? La seule institution neutre qui ait accès direct aux deux pays belligérants dans le conflit actuel n’est-elle pas celle d’un pays neutre, qui en est le garant, le CICR?
Celui-ci se garde pourtant de faire étalage de ses vues sur la neutralité dans la presse, sinon il tiendrait aussi un blog dans ce journal. S’il évite, pas toujours sans dérapages, il est vrai, de contribuer au tam-tam tribal, à la grande messe médiatique, il ne publie pas moins ses rapports d’activités, qui sont accessibles au public. Or, sauf à les avoir manqués, je n’ai pas encore constaté que vous les ayez jamais cités dans vos articles. Vous arrive-t-il seulement de consulter le site de cette institution, dont on ne peut pas dire qu’elle soit sans lien avec la neutralité suisse?
Ou serait-ce pour vous “hors sujet”?
Le sujet est l’incompréhension des autres pays à l’égard de cette conception de la neutralité. C’est un fait. A partir de celui-ci on peut poser la question de l’intérêt de cette neutralité pour la Suisse elle-même. Elle signfie la perte d’une industrie d’exportation. C’est un autre fait. On en a fait bon marché durant la seconde guerre mondiale. C’est encore un fait. Si une troisième guerre mondiale survient, le concept ne nous protègera en rien. C’est encore un fait. Le blog est construit sur une série de faits avérés. Nulle part il n’y a de jugement moral. Car dans les relations internationales avec un pays voyou, cela n’est pas pertinent.
“…dans les relations internationales avec un pays voyou, cela n’est pas pertinent.”
Pensez-vous que les belligérants accepteraient encore de discuter avec nos ambassadeurs, sans même parler des représentant(e)s du CICR et de la presse sur le terrain, si celles et ceux-ci commençaient par traiter leurs hôtes d'”états voyous”?
Si, selon vous, la conséquence la plus dramatique d’une guerre est “la perte d’une industrie d’exportation” – et quelle industrie! -, alors je dois avoir mal lu les mots du président de la Confédération Alain Berset dans ce journal même, aujourd’hui. Nulle part il n’y parle d'”état voyou” et encore moins d’une industrie d’exportation en matIère d’armement, mais uniquement de défense. Il rappelle en revanche le rôle médiateur de la Suisse, dépositaire et garante des Conventions de Genève et met en garde contre ce qu’il appelle à juste titre “l’ivresse de la guerre” – pas seulement dans les états voyous mais aussi et même surtout chez celles et ceux qui ne l’ont jamais connue sinon par jeux vidéos interposés ou depuis leur canapé devant leur télévision.
En quoi la condamnation par la Suisse qui adopte celle, quasi unanime, de la communauté internationale au nom du droit international, du droit humanitaire et de la morale, de l’agression russe en Ukraine met-elle en question sa neutralité? Ou alors la perte d’une industrie de l’armement et sa contribution au PIB seraient-elles plus dramatiques que la guerre elle-même?
Il est vrai que pour ladite industrie, la guerre est d’abord un commerce. Combien d’ingénieurs et de techniciens ne seraient-ils pas au chômage sans elle?
“War is all commerce” – Evelyn Waugh
Il est évident qu’Etat voyou est destiné à l’usage privé et pas aux relations diplomatiques. Il est intéressant de disposer encore d’une liberté de publication qui permet de dire les choses en termes crus.
La Suisse dispose d’une industrie d’armement pour assurer son autonomie mais celle-ci n’est rentable qu’avec des exportations. Autant les fournir au pays agressé qui n’a pas décidé de faire la guerre.
“La Suisse dispose d’une industrie d’armement pour assurer son autonomie mais celle-ci n’est rentable qu’avec des exportations. Autant les fournir au pays agressé qui n’a pas décidé de faire la guerre.”
Pourquoi l’industrie d’armement suisse, qui dépend sauf erreur du DDPS et non du secteur privé, devrait-elle être rentable? L’enseignement, la recherche, la santé, l’armée et la police, le Conseil fédéral lui-même ont-ils pour obligation d’être rentables? Si on sait au franc et à la photocopie près combien ils coûtent, qui se soucie jamais de leur demander combien ils rapportent et d’ailleurs comment le savoir?
Quant à qui a décidé d’entrer en guerre dans le contexte actuel, Alain Berset a aussi rappelé que celle d’Ukraine n’a pas commencé le 24 février 2022 mais remonte au moins aux événements de 2014 et pour tout historien ou féru d’histoire, ses racines sont bien plus anciennes.
J’ai d’ailleurs consacré un de mes livres au passage de l’autoritarisme au totalitarisme en Russie sous forme d’essai-fiction.
Une idée intéressante.
“Le blog est construit sur une série de faits avérés. ”
Aujourd’hui, en une minute la Russie a encaissé à l’échelle mondiale pour ses ventes de pétrole, de gaz et de charbon 93’959 euros, dont 33’353 euros de l’Union européenne. En un mois, ceci reviendrait en théorie à 3’788’426’880 euros à l’échelle globale et à 1’344’792’960 euros pour l’Union européenne – autant d’argent que la Russie peut utiliser pour financer son effort de guerre, que les sanctions occidentales sont pourtant sensées affaiblir.
Ce sont aussi des faits, non seulement avérés mais même calculés à la seconde près.
Sources: Russia Fossil Tracker (https://www.russiafossiltracker.com/)
Bruxelles n’a-t-elle dès lors pas beau jeu de faire la morale à la Suisse sur la rigidité de sa politique de neutralité en matière d’exportation d’armes, à défaut de pétrole et de gaz?
Il est vrai que l’Angleterre fournissait autrefois à l’Allemagne nazie son pétrole par le biais de la Shell et de son patron, le controversé Henri Deterding, qui ne cachait pas ses sympathies pour Hitler.
” Toute victoire sans coup férir d’un agresseur ne l’incite-t-elle pas à d’autres agressions ? Toute manifestation de faiblesse de l’Occident ne convainc-t-elle pas Poutine de la justesse de son action. Si nous ne lui imposons pas une leçon, etc, etc..”
Vous êtes, comme la grande majorité des politiciens, des journalistes et de la population en général, dans une passion triste. Et c’est navrant. Cette guerre semble vous réjouir, au fond: elle vous occupe et vous donne l’occasion de montrer de belles postures à bon marché, puisque vous savez que vous n’en éprouverez aucun désagrément si ce n’est l’augmentation des prix et vous savez que votre porte-monnaie est en mesure de le supporter. Envoyons des armes, ce n’est pas nous qui en mourront, n’est-ce pas ? Nous compterons les morts bien au chaud devant la télé dans notre canapé.
Jamais vous n’essayez de comprendre l’ennemi désigné et vous lui prêtez les pires intentions. Comment une guerre pourrait-elle se terminer dans ces conditions ? Mais au fond, qui souhaite vraiment que cette guerre se termine ?
Il est gratuit de me prêter l’amour de la guerre pour se débarrasser du défi auquel nous sommes confronté. L’Occident ne veut pas la guerre mais redoute celle que Poutine lui fera s’il réussit en Ukraine.
C’est une passion triste dans laquelle vous vous êtes, malgré vous, enfermé.
Vous voyez des gentils et des méchants, des gens raisonnables d’un côté et des sous-humains aliénés et assoiffés de sangs de l’autre. Mais c’est un récit, en réalité il n’y a que des êtres humains qui veulent satisfaire leurs besoins selon la pyramide de Maslow. Mais vous vous êtes fait intoxiqué par la propagande anti-russe distillée à dose variable ces vingts dernières années par les atlantistes.
“Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.” C’est exactement ce qu’il se passe. Dire que la Russie ne s’arrêterait pas aux provinces russophones d’Ukraine mais envahirait la moitié de l’Europe est une insulte à l’intelligence. Je ne comprend pas comment vous pouvez gober ça. Plus c’est gros, plus ça passe, dit-on..
Toujours est-il que je vous remercie d’être ouvert à la discussion avec des personnes qui ne sont pas du tout d’accord avec vous. C’est une qualité très rare de nos jours et sous nos latitudes.
Je suis assez ouvert pour savoir et non pas imaginer que la Russie est l’agresseur, ce qui suffit à la condamner. Je ne crois bien sûr pas que les Russes soient des méchants et les Ukrainiens des gentils. Ne m’attribuez pas une vision aussi manichéiste et simpliste. Mais la Russie est gouvernée par une dictature dangereuse pour tout le monde à commencer pas son propre peuple.
La militarisation croissante de la société russe n’entraîne en effet pour elle que des effets négatifs: baisse du taux de naissance avec les jeunes conscrits envoyés au front et hésitations, voire renoncement des jeunes couples à faire des enfants faute de perspectives économiques stables – ne sont disposés à procréer que ceux qui tiennent pour un devoir de fournir de la chair à canon à l’Etat. Affaiblissement du niveau d’éducation avec la chute, constatée par les autorités elles-mêmes, du nombre de diplômés, en particulier en sciences exactes et la fuite des meilleurs cerveaux à l’étranger. Avec la conversion de l’industrie civile en économie de guerre, recyclage des compétences dans des domaines sans rapport avec les formations acquises – il est aujourd’hui plus important aux yeux des autorités de savoir monter et démonter une Kalachnikov sans perte de temps que d’être titulaire d’un diplôme – pour ne citer que les conséquences les plus visibles de la dictature poutinienne. Celle-ci n’a que faire de gens éduqués et instruits, ni d’esprits indépendants et novateurs et donc considérés comme contestataires potentiels du régime. Ce qu’elle veut, ce sont des robots obéissants, quand ce ne sont pas des chimpanzés dociles.
Un tel régime, incapable de lui proposer un projet de société, peut-il mener la Russie à autre chose qu’à sa perte?
Nos débats internes sont intéressants mais ne vont pas beaucoup influer sur l’issue de la guerre. Cela dit, en ne lisant que la presse occidentale, nous voyons une montée encore plus forte de la russophobie. Il est bien clair que l’agresseur est la Russie, mais ce pays n’a pas moins d’intérets à défendre que les Etats Unis. Ils ont aussi droit à leur souveraineté, à sécuriser leur territoire, à se garder une autonomie énergétique.
Suite aux sanctions de 2014 après l’invasion de la Crimée, la Russie qui produisait 40 mio de tonnes de blè, en a produit 90 mio quelques années après. Ils ont su mobiliser leurs ingénieurs pour faire face à ce défit. La Russie s’est stabilisée ces dernières années. Un taux de suicide et baisse, taux de mortalité infantile plus bas qu’aux USA et diversification économique.
L’issue de la guerre est, semble-t-il, trés loin et incertain. Ce qui fait gagner une guerre, c’est la capacité industrielle des belligérants. On ne connait pas exactement celle de la Russie, et celle des Etats Unis est incertaine. L’Europe n’étant qu’un protectorat étasunien, elle n’a pas vraiment droit au chapitre, elle ne fera que de suivre le “Frère Américain ” comme elle le fait depuis toujours. La Russie joue gros dans ce conflit, mais l’Amérique tout autant.
Quand on prend la carte des pays qui ont mis sur pied des sanctions contre la Russie, on s’aperçoit que les Occidentaux sont isolés. Le soft-power russe joue sur une grande partie du monde. La Russie est devenue, aux yeux de beaucoup, un pays aux valeurs conservatrices qui attirent, que ça nous plaise ou non.
Il faut arrêter d’être des Occidentaux arrogeants qui pensent être la lumière du monde. C’est en analysant les choses froidement, qu’on peut comprendre ce conflit. Et ne jamais oublier que des deux côtés, nous sommes sujet à la propagande.
Le sujet de ce blog est la neutralité de la Suisse, pas l’arrogance prêtée aux uns ou aux autres.
… Voilà encore une déformation: votre interlocuteur ou interlocutrice L. Ander, parlant de Kant, évoque des “mesures”… et vous traduisez par “normes”. Oui, Monsieur Neirynck, le choix de mots inappropriés “ajoutent à la douleur du monde” (Albert Camus). Je voudrais clore provisoirement mon intervention sur votre blog en soulignant combien on se tromperait si on continuait de penser que Rouges, Roses et Verts s’accordent pour raffermir notre neutralité et unissent leurs voix pour refuser l’envoi d’armes à l’Ukraine. Cf. Article de Julien Culet dans 24Heures du 25 janvier 2023 et débats au sein de la Commission de la politique de sécurité du Conseil National – CPS-N, en date du 21 février 2023. Ex-membre du GsSA, je peux témoigner de revirements rhétoriques assez étonnants, ceux-là mêmes qui m’ont fait démissionner. Ha, ha, ha. Pour éventuellement questionner nos certitudes, une vidéo-conférence de Luciano Canfora: 《Dalle oligarchie alla volontà di potenza》2022. Le professeur Canfora y parle aussi de l’OTAN et du conflit actuel. Il puise chez Aristote, Les Politiques, livre III, ch. 8 sq. les définitions de la démocratie et de l’oligarchie pour montrer que s’il n’existe pas de démocratie mondiale, il existe toutefois une solidarité à toute épreuve entre oligarques, y compris en Europe, grâce à la finance, vivifiée par les crises du XXIe siècle. Il cite Gabriel Garcia Marquez, inventeur du concept d'”intégrisme démocratique”, à l’oeuvre comme levier, alibi, valeur mais inopérant dans les décisions. Enfin, et on retrouve encore Aristote, plus la population s’appauvrit, moins elle peut espérer de démocratie. Voir les fantastiques opérations militaires de simulation de guerre à Sète et environ depuis qulques jours, mobilisées par le Président EM, président qui augmente le budget de l’armée mais ne répond pas à sa population sur la précarité, y compris en soins médicaux de base.
D’accord avec vous – les oligarchies s’entendent bien au delà des frontières, mais les pauvres, eux, devraient se haïr et se faire la guerre pour les “valeurs démocratiques”, les nationalismes ou les empires.
Que les populations cessent de se prêter au jeu de la guerre, des marques et des idéologies, et l’oligarchie qui nous dirige finirait par s’effriter, puis s’effondrer.
Ce serait un soulagement pour tout le monde, même pour les petits entrepreneurs, qui travaillent dur pour finalement pas grand chose.
Et les Etats se dégonfleraient aussi et retrouveraient leur fonction d’être au service de la population locale, au lieu de servir des lobbys et de protéger des privilèges.
Je rappelle que la conscription ne laisse pas le choix aux appelés au service militaire. Dans la législation, on suppose que tout mâle a vocation à y servir. C’est récemment que la Suisse a établi la possibilité d’un service civil. La Confédération est plutôt au service de la population qu’à celui de privilèges.
“La Confédération est plutôt au service de la population qu’à celui de privilèges.”
Il faudrait argumenter un minimum pour le prouver.
Et le seul argument que vous donnez – la conscription prouve plutôt le contraire – à savoir que la population est considérée comme de la chair à canon au service de l’Etat et pas le contraire.
La population l’accepte parce qu’elle CROIT que l’Etat lui veut du bien. Mais cette croyance ancienne est en forte baisse depuis plusieurs années.
La Confédération est contrôlée et dirigée par des élus du peuple. On ne peut pas faire plus. Sinon quoi?
D’abord, tous les chefs de l’administration n’ont jamais été élus par la population – et ils ont acquis beaucoup de pouvoir dans la gestion de l’Etat.
Sinon, effectivement les Etats ont théoriquement à leur tête des “élus”. Primo, ces “élus” sont affiliés à des partis – sinon très difficile d’obtenir du “soutien” (financier, médiatique, réseautage). Ce qui crée une barrière entre ces personnes et la population, car la population n’est pas souvent affiliée aux partis en question.
Ensuite, les faits et décisions montrent jour après jour que les dirigeants élus forment une sorte de nomenklatura, qui est sponsorisée par les différents lobbys qui paient les campagnes électorale, et que cette nomenklatura ne partage pas forcément les préoccupations quotidiennes de la majorité de la population et sert volontiers d’autres maîtres.
Les visages proposés changent, mais la population n’a pas vraiment accès aux cercles élevés du pouvoir, sinon dans les petites communes, là où les enjeux de pouvoir sont demeurés modestes.
Et c’est pour cela que beaucoup de citoyens et citoyennes ne participent plus aux élections.
Vous nous faites comprendre que tout cela serait “normal”.
Je dis que tout cela va de travers.
A chaque personne de confronter son expérience de la réalité avec les discours. Personnellement, je me réjouis de la perte de crédulité de la population dans ses “institutions politiques”. C’est un passage nécessaire, si l’on veut que la population retrouve sa souveraineté à long terme.
La question n’est pas de supprimer l’Etat, mais de le remettre au service EXCLUSIF de la population.
Cette description du parlement est contraire à mon expérience. Un parlementaire n’est pas tenu de suivre les consignes du parti. Je n’ai jamais senti que j’appartenais à une nomenklatura.
Ce genre de description ruine la confiance de la population dans ses institutions et vise l’établissement d’un régime illibéral, type hongrois ou polonais.
“Ce genre de description ruine la confiance de la population dans ses institutions et vise l’établissement d’un régime illibéral, type hongrois ou polonais.”
Absolument pas.
Je désire simplement que les conflits d’intérêts soient bannis du Parlement et des sommets de l’Etat. Et que les structures de l’Etat retournent à leur seule fonction légitime: servir la population. Et pas servir l’UE, l’OTAN, et les grandes entreprises, la guerre en Ukraine, etc.
Est-ce si difficile à comprendre?
L’Etat devrait être hermétique au chant des sirènes des grands acteurs qui le détournent de sa mission.
Donc non, je ne désire absolument pas une dérive de l’Etat vers l’autoritarisme. C’est même le contraire – je souhaite un Etat qui soit moins vertical.
D’autre part, lors de la crise du Covid, je me souviens que vous appeliez à l’instauration d’une forme de “dictature” en donnant les pleins pouvoirs à l’exécutif. Pour s’opposer à la Russie, vous appeliez aussi à ce que l’UE s’assume “en tant qu’Empire”.
Donc je me demande si je suis vraiment plus illibéral que vous sur le plan politique.
A vous entendre donc, tout irait bien au niveaux des institutions, mais ce serait au niveau des opinions des gens qu’il y aurait un problème… je pense que c’est une forme de déni de la réalité.
Bravo pour ce blog , qui dit enfin, une partie de ce que beaucoup pensent tout bas .
J’y déplore le manque de deux mots essentiels : hypocrisie et lâcheté . Hypocrisie de fabriquer et vendre des armes pour faire de juteux profits, et refuser que ces armes (létales par définition) soient employées pour ce pour quoi elles ont été faites et vendues . Et lâcheté de se cacher derrière notre pseudo neutralité : on laisse les autres faire le job,les Ukrainiens protéger nos démocraties occidentale au front, mais , en cas de conflit sur notre sol , on trouverait normal que les amis que nous avons laissé tomber, viennent à notre secours.
Je suis extrêmement étonnée que aucun commentateur n’ait réagit au fait que notre jolie neutralité se soit accommodée de vendre sans état d’âme et pour un juteux profit , des armes au troisième Reich. Les mêmes commentateurs, anti américains primaires qui brandissent les accords de Minsk « bafoués, oublient allègrement les accords de 1994, sans lesquels l’Ukraine serait encore une puissance nucléaire et il ne serait pas question de cette guerre actuelle .
Et, last but not least , notre super neutralité pratique selon d’où souffle le vent, ne nous est pas un ADN comme prétendu par notre président, mais nous a été imposée en1815 : elle n’est donc pas un choix constitutif de notre pays .
Merci pour ce commentaire. J’évite les mots qui impliquent un jugement moral parce qu’ils prêtent à controverse, chacun disposant d’une morale particulière. Je me limite aux faits qui sont peu ou mal rappelés dans le débat. Ils parlent d’eux-mêmes.
Si la Suisse renonce à être une terre de neutralité, n’y a t-il pas la possibilité qu’une autre le devienne à sa place ? La Genève Internationale et ses Conventions disparaîtrons et du coup l’on ne parlera plus de Genève-Cointrin Aéroport International mais de Genève-Cointrin aéroport régional. Tant mieux pour les riverains peut-être !!
La neutralité se définit en fonction d’un conflit déterminé. La Turquie postule pour ce rôle dans le conflit actuel.
Neutralité à géométrie variable ?? Est-ce toujours la neutralité ? Ne peut-on pas concevoir une Neutralité – j’ai envie d’écrire neutralité noble – en Suisse ? ça existe la noblesse ! Est-on obligé de s’aligner à “petitesse de vue” ambiante ?
Quant à l’accueil des avoirs nazis, je n’y étais pas bien-sûr mais j’imagine que les engagements avaient été conclus avant que ne soient constatées et avérées les horreurs nazies !? (mais ce n’est qu’une hypothèse !). Je connais le cas d’un journaliste qui traversant l’Allemagne dans les années 1930-1940 avait révélé l’existence d’immenses clôtures barbelées, à l’évidence des camps. Personne ne l’avait cru !! (il s’agit de l’Allemagne mais je n’ai pas de date précise mais probablement avant l’éclatement du second conflit mondial). Certes cela n’affranchit pas la Suisse de ses erreurs.
Une banale ” neutralité se définit en fonction d’un conflit déterminé”. Mais pas la Neutralité suisse qui est active partout dans le monde et est reconnue par tous, sauf aujourd’hui par la Russie, parce que Monsieur Cassis en a fait une marmelade.
C’est exactement le sujet de votre blog sur la “Neutralité incomprise” par des élites que l’on devrait pouvoir élire par suffrage direct, et destituer pour incompétence par le même suffrage.
Monsieur Neirynck, quelque note:
– La Suisse avait exporté 500 million de francs en armes aux Alliées avant la chute de la France (septembre 1939 – juin 1940). Après ça l’Allemagne qui avait gagné contre la France a imposé le stop, menaçant la Suisse. Mais la Suisse dans neuf mois avait exporté aux Alliées la même valeur en armes qu’il avait exporter en deux ou trois années aux allemands dans le cours de la guerre.
– Les armes suisse ont eté crucial por les alliées; pour example la US Navy a defendu ses navires des attacques japonais avec cannon anti-aeriennes suisse.
– Le problème de la riexportation n’est pas la neutralité. La neutralité n’impose pas de ne pas permettre l’exportation ou la riexportation des ames (Convenction de La Haie). Le problème c’est le pacifisme et l’anti-militarisme, qui souvent se combinent avec l’internationalisme et la “vision europeenne” des politicien.
Les mêmes personnes qu’ils se plaignent de l’exportation des armes vers l’Allemagne nazie (et autres pays) sont responsable des lois restrictive qu’imposent de ne pas ri-exporter des armes à l’Ukraine. Et sont les mêmes personnes que aujour d’hui demandent de permettre cette riexportation. Cohérence…