L’avenir à reculons

 

Initiative, contre-projet du parlement, referendum contre le contre-projet. Une routine classique en politique suisse. Mais l’objet est maintenant capital : la transition climatique, le plus grand défi du siècle :

« La Suisse va devoir se prononcer par referendum le 18 juin sur le contre-projet du Parlement à l’initiative sur les glaciers Il prévoit le remplacement des chauffages polluants, l’assainissement énergétique des bâtiments et une offensive sur le solaire qui facilitera la construction de grands parcs solaires alpins. »

Les initiants décrivent ce contre-projet comme « toxique » pour l’économie. Atteindre la neutralité carbone en 2050 signifie effectivement interdire le mazout, l’essence, le diesel et le gaz. Le chauffage et la conduite automobile ne seraient plus possible qu’avec l’électricité. Il n’y a pas d’échappatoire possible à ce défi. Si en 2050, on brûle encore des combustibles fossile, la situation du climat sera hors de contrôle. C’est cela qui  sera vraiment toxique.

Pour fournir une demande croissante d’électricité, le parlement a d’ailleurs ajouté une prescription sur le solaire au contre-projet. Les nouvelles constructions d’une surface au sol supérieure à 300 m2 devront se munir de panneaux photovoltaïques. Les grands parcs solaires alpins pourront obtenir une aide fédérale.

Dès lors que s’ébauche enfin un brouillon de plan fédéral à long terme, comment peut-on encore s’y opposer ? Comment un tel aveuglément est-il possible ? Comment peut-on céder à une aussi basse démagogie ? D’autant que l’année 1922 n’a pas été avare de catastrophes climatiques donnant un avant-goût de ce qui va advenir.

Jadis les populistes ont commencé par prétendre qu’il n’y avait pas de réchauffement climatique, puis quand cette posture est devenue impraticable, par affirmer que ce qui se produit n’est pas dû à des causes humaines. Cela semble être la position de repli sur laquelle se jouera le référendum de juin prochain. Soutenir qu’il est possible, voire indispensable de continuer à brûler des combustibles fossiles sans inconvénient aucun.

C’est nier l’influence des gaz à effets de serre sur le climat, une chaine causale pourtant établie au-delà de toute contestation. Comment est-il possible de promouvoir une politique en niant l’évidence ?

L’explication est simple. Le but du populisme n’est absolument pas de résoudre les défis tels qu’ils se posent en réalité, mais tels qu’ils sont perçus par la masse des électeurs, dont la formation scientifique est évidemment lacunaire. On peut donc prétendre n’importe quoi dans le débat politique, aussi bien pour le réchauffement climatique que pour la vaccination contre le Covid ou l’envoi d’armes à l’Ukraine. Cela procède d’une analyse cynique mais tout à fait réaliste de l’opinion publique. En y additionnant des campagnes de méfiance à l’égard des « élites », on ruine lentement l’édifice démocratique et on se rapproche du pouvoir illibéral.

L’exemple de Bolsonaro et de Trump démontre qu’une telle campagne de communication dégage une majorité électorale. Celle-ci acquise dans les urnes, une seule fois de justesse, le pouvoir devient définitivement la propriété du leader charismatique, propulsé par son identification aux craintes de la majorité. Il suffit ensuite de lancer des émeutiers à l’assaut des bâtiments qui sont le siège du pouvoir. La Suisse sera-t-elle indemne de cette contamination ? Rien ne serait plus dangereux que de le croire. La démocratie n’est pas douée d’immortalité. Nous ne sommes pas démocrates de droit divin. Il a déjà fallu protéger le Palais fédéral par des grillages contre des émeutiers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’UDC montre à nouveau qu’elle ne prend pas au sérieux la crise énergétique et climatique, a déploré dans un communiqué l’Association suisse pour le climat. Elle regrette que le vote à venir, qui devrait avoir lieu le 18 juin 2023, retarde le changement de loi.

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

47 réponses à “L’avenir à reculons

  1. Vous me pardonnerez cette question naïve ?

    Bolsonara a été poignardé par un militant politique de gauche en septembre 2018 (un mois avant les élections présidentielles). Vous qualifiez comment cet incident (je ne vous ai pas entendu à l’époque sur le sujet) ? un attentat contre la démocratie ? une tentative de sauver la démocratie d’un candidat illibéral ? … ?

    Je me demande par ailleurs quand Cuba, le Venezuela, la Corée du Nord, le Bélarus et l’Erythrée retourneront devant les urnes et respecteront l’issue du vote…

  2. Pourquoi voulez-vous mettre tout le monde dans le sac de Trump et Bolsonaro, qualifier les gens qui protestent sur la place fédérale d'”émeutiers”, et m’interdire de protester contre un “vaccin ” expérimental qui est une thérapie génique potentielle que l’on a pas suffisamment testé, et que notre société sado-libérale veut imposer à tout le monde.
    Je suis d’accord avec vous que l’on agisse pour le climat, et le plus tôt possible, mais si la solution est le panneau solaire, pourquoi n’en mettons-nous pas sur TOUS les toits de Suisse, avant d’aller polluer nos montagnes ? Curieux que nos néolibéraux n’ont pas pensé que le touriste pourrait ne pas revenir si on en met partout. Le problème avec notre démocratie, c’est qu’on vous propose de voter pour une salade immonde, et après on vous traite de populiste. Dans une vraie démocratie, une votation devrait concerner un sujet, pas plusieurs : une votation pour les panneaux sur tous les toits, et une autre sur toutes les montagnes de Suisse …. et vous verrez que les gens ne sont pas populistes , mais intelligents.

    1. Dans une vraie démocratie, l’exécutif est élu à tous les niveaux et il fait ce dont la majorité du peuple a envie, sinon il n’est pas réélu. Ne pas accepter cette situation revient à vouloir changer de système politique. Eventuellement par la force. La manifestation à laquelle je fais allusion comportait des individus qui s’efforçaient de détruire les grillages protégeant le Palais fédéral.

      1. Personne ne veut changer le système politique par la force. Personne ne veut renoncer à la démocratie.
        Cela n’empêche pas beaucoup de personnes d’en avoir marre des politiciens vendus à des lobbys, qui passent leur temps à tenir des promesses en public, tout en défendant d’autres intérêts dans les faits.
        Et si vous viviez en Amériques ou au Brésil, vous sauriez que le niveau de corruption des politiciens n’est pas mineur.
        En Suisse aussi, mais de manière moins grossière.

        1. J’ai beau avoir été en politique à trois niveaux durant seize ans, je n’ai rien remarqué de la sorte et je n’ai jamais été sollicité par un lobby.

          1. Autre temps, autres mœurs?
            Vous pouvez voir sur le site du Parlement tous les lobbys annoncés par les élus.
            Et il y en a beaucoup, dans tous les partis.
            Par ailleurs, vous n’avez pas remarqué en ce moment des affaires de corruption au sommet du Parlement européen?
            Sans parler de la France, avec l’affaire A.Kohler? Ou plus proche de nous de l’affaire P.Maudet? De la mafia en Italie (qui est souvent très haut placé, avec les politiciens qu’elle finance)?
            Le problème est plus large que Trump ou Bolsonaro. C’est un problème de courtisans corrompus qui gangrènent le système politique et qui fait que bcp de citoyens sont déçus et ne croient plus en rien.
            Ce n’est pas un fantasme. Il y a des problèmes bien réels.
            Les conflits d’intérêts sont la menace no1 de toutes les démocraties.

          2. Les lobbies sont des groupements professionnels régulièrement consultés lors de l’élaboration d’une législation. A ce titre dans des commissions j’ai entendu d’innombrables lobbies. Comme toutes les parties avaient voix au chapitre, cela permettait d’être informé et de décider en connaissance de cause entre plusieurs thèses. Cela n’a rien à voir avec la corruption. On ne m’a jamais offert des finances ou des avantages pour mon vote. C’est une légende. Cela ne veut pas dire que cela n’arrive pas à d’autres. Mais ce n’est pas un mécanisme déterminant comme vous le présentez.

          3. Soit on vit dans la démocratie, soit on vit dans la la lobbycratie.
            Et justement, les lobbys détruisent la démocratie de l’intérieur, car ils n’ont aucune légitimité démocratique.
            Et le fait que vous ne voyez pas le problème, alors que des entreprises sont désormais à ce point riches et puissantes qu’elle peuvent s’acheter des loyautés à tous les niveaux, est une des cause de la frustration de certaines franges de la population.
            C’est dommage de justifier et légitimer ce qui est un détournement de la démocratie, détournement qui n’est jamais au profit de la population, mais au profit d’intérêts privés, qui ne devraient pas être dans le Parlement, mais à l’extérieur.
            La démocratie, c’est le pouvoir au peuple, pas le pouvoir de l’immobilier, des banques, des assurances, des sociétés pétrolières, des pharmas, des banques et des géants de la tech, etc., etc.
            Non, ce n’est pas la démocratie, c’est un processus de défiguration tragique et absolument pas indispensable.
            Et disant cela, je ne justifie pas le populisme. Absolument pas.

          4. La Suisse est une construction politique très élaborée par une évolution de sept siècles. Que les secteurs économiques en fassent partie est l’évidence. Cela n’empêche pas le peuple de pouvoir s’exprimer à de multiples reprises et à plusieurs niveaux. En dernière analyse c’est donc lui le responsable des décisions prises même si elles ont été manifestement influencées durant leur élaboration pat toutes les puissances économiques. Il serait dangereux de changer cette structure même si elle ne répond pas à l’idéal de certains.

          5. Cela me rappelle ce politicien qui utilisait sa position au parlement pour anticiper les réglementations et positionner son entreprise.

            Il n’y voyait pas de mal, car (j’ai pas compris).

            https://www.letemps.ch/suisse/lembarrassant-aveu-jeanfrancois-rime

            Tiens tiens:

            “…la réglementation encadrant les liens d’intérêts des député-e-s continue cependant à souffrir de lacunes.”

            https://transparency.ch/fr/communique-de-presse/journee-internationale-contre-la-corruption-pas-de-quoi-pavoiser/

          6. Votre tolérance semble absolue aux conflits d’intérêts du moment qu’ils sont économiques.
            Oui la vie économique n’a pas à être exclue des débats au Parlement et dans les organes gouvernementaux. Les lobby et les conflits d’intérêts, en revanche, devraient rester au dehors, avec un seuil de tolérance proche de zéro.
            En effet, les puissances économiques nationales ou internationales ont déjà pleins de leviers et relais pour être présents dans la vie publique. Ne vous faites pas de souci, ils défendent très bien leurs intérêts.
            Où je me fais du souci, c’est sur ce que ces intérêts soient ceux du long terme et ceux de la population.
            Vous semblez insinuer, circulez, tout fonctionne bien. Or justement, cela ne fonctionne plus, cela dysfonctionne, et toujours plus gravement.
            Un même élément peu être favorable à petite dose et toxique à haute dose, vous savez?

          7. Je suis d’accord avec cette dernière proposition. Cependant il n’est pas possible d’élaborer une législation pour résoudre un problème neuf sans entendre toutes les parties, depuis un milieu professionnel jusqu’à une ONG écologiste, les mlieux universitaires, la commission d’éthique. Sinon la loi est irréaliste.
            Après entendu les parties, la commission, puis le plénum d’une chambre, puis de l’autre. Et si la loi va à l’encontre du sentiment populaire, il y a la voie du référendum. Donc un lobby n’a pas le pouvoir. Il l’aurait s’il achetait des votes au sens financier. Mais cela n’est pas le cas à Berne car cela ne servirait àrien en démocratie directe.

    2. Bernard, je vous comprends.
      Et je ne vous interdirai jamais de protester, surtout sur le sujet de cette vaste expérimentation planétaire, vous savez bien laquelle. Ce qui me désole vraiment, c’est que seul(e)s quelques patient(e)s privilégié(e)s et déjà passé(e)s par la case « effets secondaires indélébiles sur la vie entière » ont été averti(e)s à temps. On nous a préservé(e)s pour nous empêcher de revivre l’enfer, bien que nous le connaissions déjà l’enfer.

      Sur le sujet qui occupe le blog, mon peuple, votre peuple est lassé de devoir voter et contre-voter à vous donner le tournis. Conduire correctement-prudemment avec le tournis, c’est impensable.

      Donc ce peuple, à la longue, s’emmêle les pinceaux et patatras. Tout le monde se plaint tout le temps et rien n’avance comme il faudrait, augmentant une irritation chronique bien compréhensible et qui hélas génère parfois des attaques et démolitions pas très futées.

      A noter que sur les blogs suisses-allemands, l’analyse politique des uns et des autres sur les sujets brûlants du moment est nettement plus rude. Je note un épaississement très rapide de la barrière de röstis. Où cela va-t-il bien nous mener ? Peut-être qu’un génial créateur devrait penser à mettre le Palais fédéral sous cloche hermétique ? Ce qui permettrait déjà que des informations confidentielles ne fuitent pas vers d’autres Palais beaucoup moins reluisants.

      Au plaisir de vous lire. eab

      1. Chère Eliane,
        Si vous êtes fatiguée par les votations, ce n’est pas parce qu’il y en a trop, c’est parce que les questions sont biaisées et accumulées, et on vous sert une salade indigeste ou immonde volontairement, car des lobbies sont à la manoeuvre derrière nos parlementaires qui ferment les yeux pour des raisons qui leur sont souvent profitables. Le sado-libéralisme et la main invisible du marché sont partout, et s’il y a, ce que je regrette, quelques manifestations violentes à Berne, c’est pour répondre à cette violence institutionnelle, qui a montré son visage pendant la crise du COVID pendant laquelle on a traité des cobayes humains avec une thérapie génique expérimentale, et cela gratuitement.
        Et ce n’est pas fini, hier (17.01.2023), Moderna terminait ses essais cliniques, sur des pépés et des mémés, avec le “vaccin-ARN” contre le virus SLV de la bronchiolites des bébés, avec succès !!!
        Donc , on va bientôt passer des pépés aux bébés , car ” le marché juteux , c’est la prime enfance”, pas les vieux. Les fous de la “vaccination expérimentale” à l’OFSP jubilent: quand va-t-on enfin pouvoir piquer tous les nouveaux-nés pour en faire de nouveaux malades ? et bientôt de nouveaux morts ? … alors que ce n’est pas nécessaire ….

  3. Une fois de plus, J.N. livre une vision lucide des choses. Que faire, sinon croire au miracle? Y croire!

  4. Toujours un plaisir de lire vos réflexions qui nous invitent et nous aident à prendre du recul sur l’évolution de la société.

    On pourrait également ajouter l’exemple du Brexit, où les britanniques commencent petit à petit à réaliser à quel point ils sont en train de payer cher d’avoir suivi les leaders populistes.

  5. Merci Monsieur Neirynck pour ce rappel utile pendant ces périodes de fantaisies politiciennes à l’écoute de leurs électeurs potentiels et reniant gravement la réalité largement documentée et démontrée.

  6. Cette votation n’est plus très importante.
    L’indépendance énergétique est devenu une évidence et la volonté est unanime pour le renouvelable ( solaire, géothermie, … ).
    L’isolation des bâtiments ne se heurte pas au manque de volonté mais à un manque de capacité. Bref le tournant est fait. Pour les voitures, on achètera ce qui sera offert, et ce sera exclusivement la voiture électrique ou à hydrogène.
    Par contre après l’échec de la Loi CO2, avec des jeunes majoritairement contre dans un clivage universitaire et les autres, il sera important de suivre l’évolution.

    Le climat ne se décidera pas en occident dont les émissions diminuent mais en Chine, Inde et ailleurs. Par contre, si la Suisse dépends toujours des dictatures pétrolières, sa neutralité est bafouée par la real politique. Climat et stratégique vont de pair.
    L’UDC qui nous parle de neutralité devrait pousser à l’indépendance énergétique. L’UDC devrait réfléchir à l’intérêt de la Suisse et non à sa position politique face à ses adversaires, le sujet est trop important.

    En résumé, le climat dépends peu de nous, mais l’urgence stratégique est une bonne raison pour accélérer le mouvement. Il n’y aura pas d’apocalypse ni de frugalité énergétique, mais d’efficacité énergétique et une nécessité d’adaptation qui aura des coûts mais aussi fournira des emplois.

    À l’époque romaine, la plupart de nos glaciers n’existait pas. Je ne crois pas à l’apocalypse.
    Mon grand sujet d’inquiétude c’est la biodiversité. Je pense sincèrement qu’on inverse les dangers. Et si la Suisse et l’Europe se dépeuplaient, ce serait une bonne nouvelle pour la biodiversité, la biodiversité est notre assurance vie.

  7. Vous devenez confus… Le débat sur l’abandon des énergies fossiles en Suisse méritait un article sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter Trump, Bolsonaro, le COVID et les barrières devant le palais fédéral. Le fond du débat sur l’abandon des énergies fossiles est beaucoup plus intéressant que vous ne le laissez entendre. Oui, se passer des énergies fossiles est nécessaire au niveau mondial. On ne peut discuter cet objectif de bonne foi. Par contre, il est bon de se rappeler qu’une loi n’est ni un objectif, ni un slogan. C’est une obligation. Toute obligation n’est pertinente que si elle s’applique à tous, qu’elle est réalisable et sincère. Or, sortir sincèrement du fossile, signifie travailler d’arrache pied et sans tarder sur des alternatives. Sommes-nous prêt à renoncer à tout produit agricole cultivé à l’aide d’énergie fossile? Sommes-nous prêt à renoncer à importer tout produit passant par un transport, notamment maritime, non décarboné? Toute la question est là. Sans une démarche sincère, c’est-à-dire acceptant de considérer l’énormité du problème dans sa globalité pour y apporter des solutions alternatives crédibles et sociales, nous ne ferons que brasser du vent. Oui, c’est bien de songer à investir massivement dans l’isolation des bâtiments que l’on souhaite chauffer au-dessus de 20°C. Mais que ceux qui vivent en dessous de 45% d’humidité relative durant l’hiver commencent par combattre les courants d’air.

    1. Je suis d’accord qu’il y faut une révolution des mentalités. En pratique il faut une loi pour l’initier. Exciter le sentiment populaire contre une loi nécessaire c’est du populisme.

      1. Exciter le sentiment populaire avec des “‘y a qu’à…, mais c’est pour plus tard” ne fait rien avancer non plus. Si nous sommes incapable de lutter contre le gaspillage aujourd’hui, comment croire que nous ferons la révolution demain? Il ne faut pas se leurrer, un changement de société, cela s’expérimente et se prépare si l’on ne veut pas passer par la case douleur qui est l’épouvantail des bonnes intensions. Il existe des investissements massifs dans divers projets scientifiques comme le CERN ou ITER. Mais personne n’a jamais proposé la création d’une ville décarbonée, une sorte de Ballenberg du futur en plus grand et plus vivant, un lieu ouvert pour inventer et expérimenter les solutions qui doivent nous sauver. Cela permettrait, je l’espère, de rassurer voir de produire un engouement. Personnellement, je rêverais d’y expérimenter une maison bon marché, à énergie massivement positive.

  8. Votre foi de charbonnier m’impressionne ! Vous avez certes raison sur toute la ligne, mais de là à imaginer que la vertueuse et exemplaire petite Suisse influencera le reste de la planète… Pensez déjà uniquement à la pollution effarante produite par la guerre en Ukraine, ou alors à des nations surpeuplées comme Chine, Inde, etc. Ferrailler contre l’UDC (qui se déconsidère d’elle-même) ne sert pas à grand-chose, pas plus d’ailleurs que de ronchonner sur les lenteurs helvétiques. Optimiste de nature, je crois au génie humain plus qu’au catastrophisme ambiant. Rappelez-vous toutes les malédictions qu’on nous promettait et que nous avons surmontées : la mort des forêts, l’épuisement des ressources pétrolières, le bug de l’an 2000… j’en oublie certainement.

    1. Entre un défi helvétique et celui à la planète, il y a une différence de dimension. La Suisse ne va pas à elle seule réduire les émissions de gaz à effet de serre nais elle doit simplement faire sa part.

  9. La Suisse contribuant pour 0,1 % du CO2 mondial contre 80% pour Chine+Inde+USA et sachant que la Chine et l’Inde vont ouvrir 800 centrales à charbon dans les 10 années qui viennent, je pense que ce débat n’a pas de sens car on parle de passer de 0,1% à 0,05% ( le zéro carbone n’existe pas) donc strictement aucun impact sur le climat…
    Mais bon, cela occupe des gens, renchérit des produits, services et rend nos entreprises moins compétitives… C’est un choix pour le principe et la bonne conscience, pas pour le climat.
    La question du climat doit se régler en Inde, Chine, USA, Allemagne….

    1. Même si la Suisse n’est pas un acteur majeur de cette mutation, elle peut en être l’exemple.

      1. Pour l’exemple ! Pour qui ? 90 % de la population mondiale est incapable de situer la Suisse sur la mappemonde et combien savent que la Suisse existe?
        Pensez-vous sérieusement que ce que la va faire va servir d’exemple à la Chine!
        On peut rêver….

        1. Tour à fait. J’ai eu trois stagiaires chinois dans mon unité de l’EPFL: la Chine officielle connaissait l’existence et la renommée de l’EPFL. A quoi sert sinon une ambassade’ Ces stagiaires sont retournés en Chine et ont occupé des postes importants.

          1. ET ? Vous croyez que la chine va changer sa politique énergétique et ne pas ouvrir ses 600 centrales à charbon prévues pour les 10 prochaines années parce que la Suisse va passer de 0,1 à 0,05 % d’émissions de CO2 mondiales ?
            Vous croyez que la Chine va entrer volontairement en récession pour réduire ses émissions de CO2 ? Idem pour l’Inde et les USA ?
            Voyons, ce que fait la minuscule Suisse n’a aucune important pour eux, en revanche venir y étudier et pomper toutes nos technologies pour les copier et nous les revendre, ça oui, ils le font et cela fait partie de leur politique…

          2. La Suisse peut se déterminer pour sa politique intérieure sans être conditionnée par celle de la Chine

          3. Oui, mais une offre politique qui indiquera clairement que les efforts demandés n’auront strictement aucun effet sur le climat et ne changeront absolument rien,
            ce serait comme demander aux gens de faire baisser le niveau du Léman avec leur petites cuillère… Car c’est de cela qui l’on parle pour cette politique Suisse consistant à passer de 0,1% à 0,05% ses émissions de CO2 mondiales… Baisse compensée par une ou deux centrales à charbon chinoise sur le 600 qui vont ouvrir dans les 10 ans….

          4. Faudrait-il que la Suisse ne fasse aucun effort parce qu’elle est petite? Combien d’autres pays pourraient adopter la même posture?

          5. Pour résoudre un problème, on ne s’attaque pas aux 20% des causes, mais aux 80%, c’est la base de toute stratégie. Or, 80% c’est la contribution de la Chine+Inde+USA au CO2 mondial. Si ce 80% ne diminue pas, mais augmente (et c’est le cas avec 800 nouvelle centrales à charbon pour les 10 ans qui viennent en Inde et Chine) alors tous les efforts des 20 % sont vains et encore plus les efforts des 0,1% de la Suisse ou des 1% de la France face aux 8% de l’Allemagne.
            C’est juste du bon sens, faire un effort qui va impacter notre économie si cela a un effet et sert à quelque chose, mais si cela ne sert à rien, alors pourquoi couler notre industrie et nos entreprises pour rien en leur faisant supporter un coût que les autres n’ont pas et nous rendent ainsi moins compétitifs.
            Le climat se moque de la bonne conscience, ce qui compte c’est les émissions de CO2, soit elles baissent drastiquement (les 80%) ou pas.

          6. Ce qui me fatigue, moi, ce sont les donneurs de leçons.

            Je n’ai pas de voiture, pas de vacances, pas de voyage en avion, pas de shopping, pas de température au-dessus de 17°C … parce que je suis simplement pauvre.

            Ecouter des enfants de bourgeois me faire la leçon parce que je n’ai pas le bon discours, ça, ça m’exaspère.

          7. Hors sujet. Personne ne vous fait la leçon. L’objet du blog est la politique de la Suisse face au réchauffement climatique.

          8. Et la politique de la Suisse en matière de lutte contre le réchauffement n’est pas le fait de petits et petites bourgeois.es ?

            Tenez, vous allez y croire vu que c’est sur France 5?

            https://twitter.com/2022Elections/status/1617609775222779904

            “10 éditorialistes « influents » dont Nathalie Saint-Cricq, son fils Benjamin Duhamel ou encore Dominique Seux, ont été reçus secrètement par Emmanuel Macron à l’Élysée, avec un objectif : influencer discrètement l’opinion.”

          9. La politique de n’importe quel pays face au réchauffement climatique se repose sur un objectif simple et évident : cesser de produire des gaz à effet de serre, renoncer aux combustibles fossiles, économiser l’énergie. Cela ne dépend pas des convictions personnelles, ni de la classe sociale. C’est un fait.
            Il est dans les attributions de l’exécutif de s’entretenir avec les médias et dans celle des médias d’entretenir des liens avec l’exécutif. Cela n’est pas un complot.

    2. “La Suisse contribue pour 0,1% du CO2 mondial”.
      Certes, mais est-ce une “bonne” raison pour ne rien faire ?
      Une raison égoïste et amorale en tous cas !

  10. Je rejoins REALISTE dans ce sens que chaque franc suisse investi pour le climat sera beaucoup plus efficace dans des projets de développement respectueux du climat en Afrique ou en Inde, par exemple, que dans de coûteuses installations de récupération et de séquestration de CO2 minuscules en Suisse.
    Comme déjà dit et redit ici, la Suisse produit une électricité décarbonée, bien plus que celle de l’Autriche, du Danemark ou de l’Allemagne, pays toujours, mais erronément, cités en exemple.

    Pourtant, il faut parler chiffres !
    Lorsqu’il y aura 10 millions d’habitants en Suisse, soit certainement d’ici 2050, et que nous aurons électrifié les transports et les chauffages, et bien que la consommation d’énergie primaire aille en diminuant (par abandon des agents fossiles), celle de l’électricité croîtra de 50%, des 61 TWh/an actuellement à hauteur d’au moins 85 à 90 TWh/an. La demande en puissance moyenne passera ainsi de 7 GW actuellement à bien 9 GW, et son amplitude, actuellement comprise entre 5 et 11 GW, passera de 6 à 15 GW, mais pas à des dizaines de GW. Il faudra assurer coûte que coûte ce ruban de façon pilotable, en étant bien conscient que l’on ne pourra plus compter à l’avenir sur des importations garanties, surtout en hiver, de la part des pays voisins. Il est déjà prévu une lacune hivernale d’au moins 10 TWh, ce qui représente 5 fois la Grande-Dixence. Le photovoltaïque alpin (PV), envisagé ces jours-ci dans la presse, serait de 1,5 GW (ou 7,5 km2 de modules PV) produisant 2 TWh/an, dont quasiment 40 à 45% en hiver. Ce sera évidemment une contribution bonne à prendre, mais pas le dernier mot pour couvrir nos besoins hivernaux futurs.
    Compter sur une production estivale et un stockage de dihydrogène, H2, représenterait, avec un rendement de 45% de la chaîne totale : électricité — gaz — électricité, la nécessité d’électrolyser de l’eau grâce à 2 TWh en été pour en retrouver seulement 1 TWh en hiver, sans parler des 600 mille tonnes ou 16 millions de m3 de H2 à stocker sous 700 bars… Pour retrouver ces 10 TWh en hiver, il faudrait donc disposer d’un excès estival de PV de 20 TWh, soit près de 40 GW de PV ou 200 km2 installés ! Les seuls coûts du PV (disons pour 40 GW à 1’000 CHF/kW) et des centaines d’électrolyseurs (disons pour une puissance de 4,5 GW à 1’200 CHF/kW) représenteraient déjà plus de 45 milliards.
    Pour moi, envisager à l’avenir le recours à environ seulement 4 GW de nouveaux réacteurs nucléaires (même à 5’000 CHF/kW), et produisant 30 TWh/an, n’est pas du tout aller à reculons, bien au contraire, car il y a beaucoup d’innovations (en efficacité d’utilisation du combustible et en sûreté intrinsèque accrue) dans la quatrième génération qui est actuellement en plein développement.

      1. Donc vous demandez un vote pour un chèque en blanc sans savoir pour quoi on va voter. Votez, c’est pour votre bien, mais si demain on vous interdit la voiture et de vous chauffer à plus de 15°, vous ne pourrez rien dire, le vote a fixé les objectifs et vous les avez accepté sans même connaitre les moyens…. Euh, c’est signer un contrat sans savoir ce qu’il contient… Vous faites cela vous ? Vous ne voulez pas savoir quelles sont les exclusions et conditions de votre assurance par exemple ?

Les commentaires sont clos.