Le soutien du peuple s’achète par la complaisance

Qui l’aurait cru ? Il existe une majorité dans les sondages pour cette révision de l’AVS, qui comporte deux clauses : augmenter l’âge de prise de pension des femmes d’un an et augmenter la TVA de 7,7 à 8,1 %. Ces deux mesures permettraient de protéger ces pensions pendant encore un petit bout de temps, jusqu’en 2030. Elles ne s’inscrivent pas dans une logique pertinente, mais elles définissent une double échappatoire à une impasse politique.

Selon la doxa de la gauche, le travail est tellement épuisant, ennuyeux et dénué d’intérêt que le seul but de l’existence est de travailler le moins possible.  Il faut donc arrêter au plus tôt. Obliger les femmes à travailler un an de plus est une vexation d’autant plus insupportable qu’elles souffrent de l’inégalité des revenus durant leur vie active et qu’elles assurent l’essentiel des tâches ménagères. C’est un argument fondé mais Berne fait comme si ce ne l’était pas parce qu’on est vraiment coincé.

Ces arguments de la gauche ne convainquent plus l’opinion publique. Ou du moins les hommes qui votent dans une large majorité pour cette révision. Mais beaucoup de femmes en sont aussi convaincues. Il semble donc que l’opinion publique ait viré. Elle admet une évidence : si la durée de la vie s’allonge, les besoins du marché augmentent et il faut travailler plus pour les satisfaire. Si le pourcentage de retraités augmente dans la population, le rapport entre travailleurs et pensionnés se détériore.

Depuis la création de l’AVS en 1948, l’espérance de vie à 65 ans a doublé environ de dix à vingt ans. Dès lors il n’y a que quatre mesures pour maintenir l’équilibre du système : doubler les cotisations durant la vie active, diminuer de moitié les pensions, travailler dix ans de plus, introduire massivement dans le système des travailleurs dont la formation antérieure à l’étranger n’a rien coûté. Seule la dernière mesure a été utilisée systématiquement et aveuglément. La réaction négative du peuple sur ce sujet constitue le fond de commerce du plus important parti suisse. Elle fausse complètement le débat. Il est bien entendu impossible diminuer les pensions qui sont déjà dérisoire. Augmenter les cotisations diminuerait le pouvoir d’achat d’autant plus que l’on retombe dans l’inflation.

L’autre échappatoire consiste à financer l’AVS en augmentant la TVA. C’est une solution doublement absurde : elle réduit le pouvoir d’achat de tout le monde sans que ce soit trop visible mais aggrave l’exception de la Suisse comme pays cher ; comme les retraités modestes dépensent toute leur pension en achats de première nécessité, on diminue de fait leur pension.

Dernière question : pourquoi augmenter l’âge pour les femmes et pas pour les hommes. La réponse est évidente : la réforme ne passerait pas. Telle qu’elle est, sa réussite dépend du vote des hommes, favorables à plus de 70%, puisqu’ils n’ont rien à y perdre. Si seules femmes votaient la réforme ne passerait pas. Le Conseil fédéral n’a d’autre ressource que de proposer complaisamment des mesures qui recueillent un oui en votation : il n’est pas en mesure de définir une politique à long terme. Ce n’est pas de sa faute : c’est conforme aux institutions.

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

45 réponses à “Le soutien du peuple s’achète par la complaisance

  1. Vous oubliez la 5è solution, celle de l’Etat NON providence, cette invention du 20ème siècle, qui pourrait simplement laisser les gens s’occuper de leur retraite eux-mêmes, et beaucoup s’en sortiraient bien mieux ainsi ! … Pourquoi est ce impérativement l’Etat qui doit s’occuper de cela, est-il mieux placé que la population pour faire mieux ?

    1. Tout le monde n’est pas capable de prévoir le grand âge. Certains n’auront rien prévu. Faut-il ne pas s’en préoccuper?

      1. Bien sûr que si, et c’est absolue nécessité que de prendre les plus faibles en charge, mais ne pourrait-on ne s’occuper que de ceux-là, qui sont une petite minorité, comme on le fait dans d’autres domaines ? On peut très bien gérer les quelques grenouilles en difficultés sans se sentir obligé de gérer toute la mare… C’est un grand mal de ce début de siècle que d’avoir un Etat toujours plus tentaculaire et envahissant au détriment des libertés de gestion individuelles…

          1. On est libéral, quand on a les moyens de l’être et de “prévoir”. Regardez les chiffres de la pauvreté en Suisse: beaucoup de gens ne peuvent ni “prévoir”, ni économiser, mais arrivent péniblement à boucler les fins de mois: voyez, pour cela, les chiffres de l’Hospice Général ou consultez les communications de Caritas Suisse, qui montrent une précarité en hausse continue, depuis plusieurs décennies. Gageons que la crise multifactorielle qui se profile n’arrangera rien! Les assurances sociales sont basées sur le principe de la solidarité. Celles et ceux qui cotisent aujourd’hui le font pour autrui. Préféreriez-vous une société où les plus riches engrangent en ne reversant rien (“Les pauvres puent et Dieu les hait”, écrivait Bukowski). Franchement, ce monde-là, si révoltant, ne me donne pas envie d’y vivre. Vous avez la fibre davantage humaniste, en général, M. Neirynck…

          2. Le blog ne critique pas le principe de la solidarité, bien au contraire. Il explique que celle-ci est effectivement détournée. Faire payer des taxes supplémentaires à des pensionnés aux faibéles ressources est récoltant. Je le suis autant que vous l’êtes mais je crois avoir mieux analysé les raisons pour lesquelles on est arrivé là.

          3. Le système de retraite étatique et de caisses de pension n’a pas toujours existé. S’est-il mis en place parce qu’il était inutile ? “Le peuple des abysses” de Jack London date un peu mais c’est un bon rappel de ce qui peut attendre les personnes qui n’ont que leur travail pour prévoir leur retraite si rien d’autre n’existe. Peut-être serait-il utile de savoir comment vous définissez “les plus faibles” et par quels moyens des personnes sans capital de départ pourraient s’en sortir mieux en gérant eux-mêmes leur retraite ?

          4. Je n’ai pas exprimé l’opinion selon laquelle chacun devrait gérer sa pension. J’ai pris éla position contraire. Mais ce n’est pas une raison pour gérer ces pensions n’importe comment.

  2. L’état sanitaire général amélioré de la population active, permet une espérance de vie augmentée, par conséquent un prolongement modeste de l’activité professionnelle semble possible, pénibilité prise en compte, avec les cotisations AVS qui vont aussi l’accompagner. Ça me semble corréler.
    Par contre le salaire d’une activité professionnelle inférieur de 20% pour les femmes, à compétences égales, ne corrèle plus. J’ai entendu des arguments avancés par plusieurs mâles de notre parlement pour tenter, péniblement de le justifier, mais cela faisait peine à entendre. Idéalement retraite uniforme à 65 ans, voir plus selon envies et possibilités, mais SVP salaire égaux pour des capacités, responsabilités et compétences égales. Accessoirement l’organisation des crèches en Suisse laisse aussi sérieusement à désirer.
    Dans le mode de fonctionnement actuel de nos sociétés (ça peut encore évoluer), le problème résiduel selon les branches professionnelles, sera la possibilité ou non de rester actif au-delà de 55 ans.

  3. Comment ne pas être désolée avec cette nouvelle proposition de révision de l’AVS.
    La Suisse est un pays riche qui a de l’argent; comme toujours, ce sont les plus vulnérables qui paieront en premier si le peuple vote oui.
    La question que je me pose est la suivante : comment peut-on duper aussi simplement les femmes et les hommes ?

  4. Berne a réussi de nous faire détourner le regard. Le problème n’est pas cette année de travail de plus pour les femmes ni une année de pension en moins pour elle, cela ne change pas beaucoup le sort de l’AVS. Le problème, comme tous les autres problèmes en Suisse est le chômage, que Berne cache, et qui atteint en tenant compte des personnes à l’aide sociale à Genève plus que 12% de la force active. Le regretté Bernard Tapie, qui a fait peu d’études académiques, mais qui était d’une intelligence hors norme, avait préconisé de rendre le chômage des jeunes interdit. Que fait Berne? elle met en compétition salariale cruelle les résidents suisses avec un bassin économique de 350 millions de personnes. Exemple palpable: une personne qui passe au chômage à l’âge de 57 ans, car remplacé par un homme de 45 ans qui vient de l’étranger, ne cotise plus pendant 8 ans, mais son droit reste total à encaisser une rente. La personne qui arrive à 45 ans, admettons qu’elle travaille jusqu’à 65 ans cotise pendant 20 ans et encaisse des pensions pendant 20 ans. ça ne joue pas. Le palais fédéral est doté d’une administration des plus calculatrices et des plus puissantes, mais ils mettent toute cette capacité en œuvre pour tromper le peuple suisse, puisque le CF a décidé en 1992 de rejoindre l’UE, et son retrait de la demande d’il y a quelques années ne change pas la stratégie finale. L’AVS aura besoin d’une perfusion permanente et de plus en plus avec le temps. Nous déclinons à cause de l’UE et cela commence à se voir dans les chiffres.

    1. Comme je suis arrivé en Suisse à 41 ans, je ne touche qu’une pension réduite. Vous diffusez une information contraire qui est fausse.

    2. Oublieriez-vous aussi que la Loi fédérale du 25 juin 1982 sur la prévoyance professionnelle, vieillesse, survivants et invalidité (LPP), qui rend obligatoire la prévoyance professionnelle pour tous les travailleurs, n’est entrée en vigueur que le 1er janvier 1985? Toutes celles et ceux qui sont entré(e)s en vie active avant cette date ne touchent donc qu’une rente partielle, tandis que les générations arrivées sur le marché du travail depuis 1985 peuvent compter (du moins le leur souhaite-t-on) sur une rente complète pour assurer ses vieux jours.

  5. On apprend aujourd’hui que… seulement 6% des réfugiés reconnus et admis provisoirement travaillent en Suisse.

    https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-90035.html

    94 % se dorent donc la pillule à nos frais.

    Vous voulez des cotisations sociales? mettez au travail (ou expulsez) tous ces cassoc.

    Vous imaginez? il y a quoi? 80’000 bébés en Suisse chaque année qui vont devoir payer la retraite de leurs aînés 😊 ET l’aide sociale de 94% de ceux qui passent par la filière de l’asile 😠.

    Je comprends qu’on ne s’en sort pas…
    Et on ne trouve personne pour travailler dans le secteur primaire?, avec ce stock de cassos inactifs ?

    1. Faux. On apprend ce soir que 11% des réfugiés ukrainiens ont trouvé un travail grâce à leur qualification et austatut spécial dont ils jouissent.
      De là à dire que les autres “se dorent la pilule” il y a de la marge.

        1. Ce qui est absurde et non productif. C’est un autre mythe : le travail n’existerait que dans une somme fixe. Ce qui est confié à l’un est enlevé à l’autre.

      1. Qu’est-ce qui est faux?

        Le lien que j’ai donné dit:”Ce taux d’emploi [des Ukrainiens] de près de 11 % est presque deux fois plus élevé que celui des réfugiés reconnus et des personnes admises à titre provisoire, qui avoisine les 6 %. ”

        Je le redis donc: 94% des réfugiés et des admis provisoire, respectivement 89% des Ukrainiens au bénéfice d’une protection spéciale, sont totalement à notre charge et ne paient pas de cotisations sociales, impôts, etc… vu qu’ils sont à l’aide sociale ! Et je parie que les autres touchent des compléments de l’aide sociale…?

        Si on les met au travail, respectivement si on leur coupe l’aide sociale, on sauve l’AVS et on peut même baisser l’âge de la retraite !

        Pourquoi devons-nous payer et baisser nos retraites pour entretenir des oisifs ???

        Et pour répondre à fdidoux, l’interdiction de travailler ne vaut que les 3 premiers mois… et il est possible d’y déroger s’ils trouvent un travail…

        https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/1999/358/fr#art_75

        1. Cette question est fondamentale et je l’ai abordée. Beaucoup de réfugiés ne travaillent pas parce qu’ils ne le peuvent pas alors qu’une réfome spéciale est créée pour les Ukrainiens. Je suppose que le refus du travail pour qui que ce soit repose sur la thèse selon laquelle il existerait une quantité limitée de trvail et qu’en en concédant à un réfugié on crée un chômeur suisse.

          1. Non.

            L’interdiction ne vaut que pour les 3 premiers mois. Pourquoi?
            1. Parce qu’un réfugié est censé fuir une persécution; il lui est donc offert une période de 3 mois pour décompresser et se stabiliser;
            2. Parce que l’administration a besoin d’eux pour les démarches administratives;
            3. Pour ne pas concurrencer les autorisations hors contingentement=éviter qu’un employeurdise à un détaché hors UE : dépose une demande d’asile pour que je t’engage.

            Après 3 mois, il n’existe AUCUNE raison légale pour qu’un demandeur d’asile, réfugié reconnu ou admis provisoirement ne travaille pas.

            Et on le voit: les cantons, comme les Grison, qui ordonnent aux réfugiés de travailler, ils travaillent plus qu’ailleurs et s’intègrent mieux. Dans le canton de Vaud où on dit: les patrons ne les engagent pas, faut leur donner des cours de langue, faut les former, faut les entourer de conseillers, c’est de notre faute s’ils ne travaillent pas, etc. ils s’installent dans l’oisiveté et n’en sortent que très rarement.

            Et PERSONNE ne dit qu’un réfugié prend l’emploi d’un Suisse (vu leur instruction scolaire proche du néant, l’absence de documents d’identité, donc de diplômes, etc.); moi, je dis en revanche qu’il faut les sortir de l’oisiveté pour qu’ils paient des cotisations sociales et qu’ils arrêtent de dépendre de l’aide sociale à > 90% TOUTE LEUR VIE en Suisse !

            La réforme de l’AVS est exclusivement dû au mauvais calcul de ceux qui croyaient que les requérants d’asile travailleraient autant que les saisonniers italiens et portugais. Les saisonniers ont garni les caisses, par leur travail acharné (= leur exploitation); les réfugiés vident les caisses par leur oisiveté (= administration bisounours qui leur offre tout et ne requiert rien d’eux).

            Si les réfugiés travaillaient autant que les saisonniers autrefois, on pourrait tous partir à la retraite à 62 ans.

            L’oisiveté des réfugiés nous impose donc de travailler 3 ans de plus ! Et je le répète: ce n’est pas leur faute; mais de celle de notre administration bisounours.

            CQFD.

  6. Ernesto Bertarelli disait que l’argent est un concept. Pour sa part, George Soros, le père fondateur des controversés Hedge Funds, est réputé pour ne jamais se promener en ville avec plus de cinquante dollars d’argent de poche et pour vivre comme un ascète. Il répète à qui veut l’entendre ce mot, qu’il attribue à son père, en désignant sa tête du doigt:

    – Mon capital est dans mon capital.

    Or, comme chacun sait, en Suisse on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Donc, chacun d’entre nous ne devrait-il pas être multi-milliardaire depuis longtemps? Où est donc le problème de la retraite?

  7. Le financement des retraites dans les pays vieillissant est toujours un casse-tête car les politiques ne savent pas prendre les décisions et faire les calculs nécessaires qui s’imposent et qui demandent d’être objectifs et sincères . Augmenter l’age de travail des femmes sans tenir compte de la pénibilité et de l’espérance de vie en bonne santé est insatisfaisant. Il ne peut y avoir de retraite sans tenir compte de la vie de travail de la personne . Pour la TVA, c’est un calcul même pas digne d’un élève sortit du primaire . C’est simplement faire payer les plus pauvres pour favoriser les plus riches !

    1. C’est gratuit, c’est les riches qui paient? jusqu’à ce qu’ils partent et que le riche, c’est vous.

      En France, est riche, celui qui gagne plus de 3500 euros par mois…

  8. En effet, il n’y a pas de chiffres trompeurs, mais un tabou. Les Suisses refusent de parler de leur salaire, et par là, du montant de leur rente, que celle-ci appartienne au futur ou au présent. Encore une fois, j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, il faut consulter les tabelles du site officiel de l’AVS et, le cas échéant, effectuer une simulation. C’est gratuit et sécurisé. Dans votre cas précis, il existe bien un système de péréquation? Si vous avez cotisé dans un pays européen, vous pouvez bénéficier d’un régime mixte. (Professeur à l’EPFL… ça ne doit pas être si douloureux…). Et, paramètre qu’il faut aussi prendre en compte, oublié dans la plupart des recommandations de vote: le couple ne perçoit que 150% de la rente, soit 75% par personne. Alors bonjour Madame, croyez si vous voulez à l’égalité pour ce prix-là et à une année mirage. À gauche, on se croit mesquin si on use de la calculette; à droite, on pianote allégrement sur le clavier à 9 zéros.

  9. C’est être éloigné du monde de travail depuis bien longtemps pour en parler comme vous le faites. Ce n’est pas un Nirvana pour tous le monde. Nous ne sommes plus à l’époque de Zola, mais le travail reste pour une grande majorité des gens, source de souffrance et de pénibilité qui s’accroît au fil du temps. Pensez a l’infirmière qui doit tourner un malade dans son lit ou lui faire des soins a 65 ans. Le nombre de burn-out en entreprise, qui prend des proportions inquiétantes. Tous le monde n’est pas professeur d’université.
    La retraite ce n’est pas uniquement de l’arithmétique ou il n’y aurait qu’a… Avoir 45 ans aujourd’hui c’est deja être vieux dans l’entreprise.
    L’intelligence artificiel qui va avoir comme conséquence une suppression entre 10 a 15% des emplois existants.
    Aux USA, le “Big Quit” ou grande démission, qui a poussé 4.4 millions de personnes (3% des salariés) à quitter leurs emplois. Ces gens se sentaient agressés par une culture d’entreprise toxique, plus d’épanouissement dans le travail, plus de réelles perspectives de carrière.
    En Suisse il n’y a pas d’études sociologique post votation (savoir qui a voté quoi). Il ne serait pas étonnant, de constater que la majorité des votants pour l’initiative du 25 septembre, font partie des inactifs (retraités) qui décideraient que les jeunes générations doivent travailler plus longtemps, par simple réflexe égoïste.
    La longévité, n’est plus une courbe linéaire. Depuis 5 ans, on constate que l’espérance de vie diminue en France et aux USA.
    Le monde de travail est bien plus complexe que vous semblez le penser.

    1. “Ces arguments de la gauche ne convainquent plus l’opinion publique.”
      Voilà ce que j’en dis. Rien d’autre. Je m’efforce de décrire la situation de l’opinion publique, non la mienne.

    2. Bien résumé. J’ajouterais encore que s’occuper de la maison, des enfants, de tiers dépendants, de l’aspect administratif, voire commercial du foyer est souvent l’apanage (!) des femmes et que ce travail n’est reconnu que lorsqu’il n’est pas effectué. Reconnu et valorisé ni par la société, ni par l’Etat. Il n’est pas rémunéré, pourtant il est une source d’économie: pour la famille d’abord (on économise les frais de garde), pour l’enfant (on lui transmet des valeurs et une sécurité affective), pour la société qui ne finance pas de frais de crèche. Les personnes qui travaillent à la maison, font souvent du temps partiel en plus, pour obtenir une source de revenus souvent très nécessaires. On ne peut donc en aucun cas reprocher à ces femmes de ne pas travailler, car c’est souvent exactement le contraire! Quant à la pénibilité et le si nocif stress au travail, il est malheureusement le lot de beaucoup, âge et sexe confondus.

  10. Je ne vois pas à ce qui a de si choquant que les femmes partent à la retraite au même âge que les hommes. En plus actuellement, elle en bénéficient de 5 ans de plus que les hommes vu le différenciel d’espérance de vie de 4 ans en leur faveur. Le 1er droit de l’Homme est le droit à la vie. Pourquoi cette inégalité? Qui n’a rien de naturel et qui s’explique par une organisation sociale et politique qui privilégie la vie des femmes davantage que celle des hommes. Alors que les femmes soldats en Ukraine ont montré qu’elles étaient tout aussi aptes que les hommes à défendre leur pays avec des armes modernes, pourquoi est-ce les jeunes hommes qui doivent se sacrifier 10 à 20 fois plus? Vers 1850, l’espérance de vie des hommes et des femmes en Europe était globalement équivalente. On est passé par un maximum en 1950, environ 10 ans. Les démographes estiment que l’égalité sera de retour vers 2050.

    1. “POURQUOI CETTE INEGALITE?” Les femmes sont tout à fait d’accord avec votre excellente question, cher Monsieur, merci de l’avoir posée.

      1. Le déni du réchauffement climatique et le refus de prendre des mesures n’est pas spécifique de la gauche en quoi que ce soit. On peut aussi estimer que c’est une conviction de la droite. Là où elle est au pouvoir elle n’a du reste pas agi.

          1. L’abandon du nucléaire est une décision de Conseil fédéral, pas de Doris Leuthard personnellement.

      1. Tous les goûts ont dans la nature, on peut se sentir plus attiré par Poutine que par Zelenski, on peut ne pas apprécier l’aspiration des Ukrainiens pour la démocratie et préférer celle des Russes pour la dictature.

        1. Les Russes aiment-ils vraiment la dictature? Ni plus ni moins que les Français appréciaient le paternalisme des jacobins, l’humanitarisme et les charmes discrets du bon docteur Guillotin, sans doute. Navalny et les opposants réduits au silence, dont bon nombre de scientifiques, d’artistes et de journalistes russes empêchés de quitter le pays, comme aux meilleurs temps de la Guerre froide, aiment-t-ils la dictature?

          Affirmer en toute gratuité que les Russes aspirent à la dictature, n’est-ce pas cautionner à demi-mot la notion, dangereuse s’il en est une, de leur responsabilité collective?

          Ainsi, refuser des visas à tous les Russes, comme il en est question à l’UE, dans l’idée naïve qu’ils se révolteront contre le régime en place, n’est-ce pas au contraire renforcer leur adhésion à la dictature? Jusqu’ici, les effets du refus de visas n’ont été que négatifs, comme le montre “The Moscow Times” dans cet article paru aujourd’hui, qui confirme les constats que fait Fédéric Koller dans son article sur la même question dans “Le Temps”, ce même jour:

          “Visa Bans on Russians Will Strengthen the Putin Regime”. (https://www.themoscowtimes.com/2022/08/26/visa-bans-on-russians-will-strengthen-the-putin-regime-a78644).

          L’un des effets immédiats du refus des visas n’est-il pas de renforcer le tourisme en Russie même, revirement qui ne peut qu’enchanter Poutime? Celui-ci ne vient-il d’ailleurs pas d’offrir aux Ukrainiens de s’établir et de travailler en Russie même sans permis de travail?

          Entre se voir interdire de quitter l’Ukraine à cause de la conscription obligatoire, en démocratie version Zelensky – même pendant les deux guerres mondiales, la Suisse a-t-elle interdit aux hommes en âge de servir de quitter le pays (exemple notoire: Blaise Cendrars)? – ou pouvoir s’établir en Russie et y travailler, que choisira un jeune Ukrainien déclaré apte au service?

          Ou, comme au bon vieux temps de la contestation contre la guerre du Vietnam, “Better Red than dead”…

          1. Chaque peuple est responsable de son destin. Certains sont démocrates par nature, d’autres supportent la dictature. C’est leur responsabilité.

          2. “Certains sont démocrates par nature, d’autres supportent la dictature. C’est leur responsabilité.”

            Qu’est-ce qu’un démocrate “par nature”? Les soviets jusqu’en 1917 ne passaient-ils pas pour des modèles de démocratie directe? La tyrannie des masses est-elle préférable à celle d’un seul? Dans sa théorie de la dégradation des Etats (anacyclose), Platon dénonce la démocratie comme le dernier stade avant la tyrannie: “La démocratie advient quand les pauvres sont vainqueurs de leurs adversaires, qu’ils en tuent une partie et en exilent l’autre et qu’ils partagent à égalité entre le reste de la population l’administration et les charges, et les magistratures y sont le plus souvent attribuées par des tirages au sort.” (La République, VIII, 557 a.). Selon lui, le citoyen ordinaire est incapable de gouverner par simple tirage au sort, comme c’était le cas à Athènes et encore de nos jours dans certaines procédures, notamment judiciaires (élection des jurés de tribunaux, par exemple) – on ne tire pas au sort un médecin, un archiecte ou un ingénieur -, idée que reprendront les défenseurs de la démocratie représentative. Thomas Jefferson, John Adams, James Madison aux Etats-Unis, Emmanuel Sieyès ou Montesquieu en France expriment clairement leurs critiques envers l’idée d’une démocratie directe, lui opposant les avantages d’un régime représentatif, qu’ils concevaient donc comme une alternative à la démocratie plutôt que comme son équivalent (F. Dupuis-Déri, “L’esprit anti-démocratique des fondateurs de la “démocratie” moderne”, revue AGONE, no 22, septembre 1999, p. 95-113 Voir aussi P. Rosanvallon “L’universalisme démocratique : histoire et problèmes”, La Vie des idées, 17 décembre 2007).

            Avec l’avènement du Web et des réseaux sociaux, la cyberdémocratie rend impossible tout contrôle démocratique de l’information. Sensés en principe permettre à tous de s’exprimer, les réseaux sociaux sont en réalité gouvernés par une oligarchie, celle des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui en détiennent le monopole. D’où la guerre de l’information – et donc de désinformation – quasi permanente qui est devenue la norme aujourd’hui. Dans un tel contexte, comment le citoyen peut-il savoir s’il obéit au peuple souverain ou à la dictature des boeufs?

          3. Il est impossible de soutenir la thèse selon laquelle les citoyens ne sont en rien responsables de leurs institutions. Les Allemands ne furent pas innocents d’Hitler pas plus que les Russes de Poutine.

          4. J’ai vu un woke s’évanouir. A deux doigts de nous dire que les Africains sont responsables de la traite n*ière… respectivement des institutions coloniales qui ont conduit à ce crime contre l’humanité…

            Mais il a mal lu.

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