Sommes-nous tous woke ?

 

 

Woke est de l’anglais, comme tout ce qui vient d’Amérique et que l’on a tellement de peine à comprendre qu’on ne parvient pas à le traduire Or nous risquons d’avoir été woke avant même de nous en rendre compte. Exemples.

Le racisme a causé de telles abominations que ceux, qui luttent aujourd’hui encore contre ce qui en subsiste, se croient de ce fait investi d’une mission qui les place au-dessus des lois et de l’histoire. Par exemple, la statue de Winston Churchill en face du parlement britannique a été, par des woke de bonne foi, barbouillée de rouge et ornée d’un graffiti proclamant qu’il était raciste. Effectivement on peut retrouver des citations de Winston datant des années 20 et jusqu’en 1943, où il affirme la supériorité des Blancs sur les peuples colonisés. Ce faisant, il ne faisait que se conformer aux préjugés dominants de son époque. Il était politiquement correct de mépriser les Africains et les Asiatiques et de soupçonner les Juifs d’un complot mondial. En témoigne la citation suivante qui n’est pas de lui :

« L’humanité atteint la plus grande perfection dans la race des blancs. Les Indiens, Jaunes ont déjà moins de talent. Les nègres sont situés bien plus bas » L’auteur n’est personne d’autre que Immanuel Kant dans toute sa splendeur. Or, il est aussi l’auteur de cette maxime fondant une morale : « « Agis de façon à traiter l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne des autres, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ». Malgré l’élévation de cette dernière pensée, malgré son métier de philosophe, il n’a jamais réalisé que son racisme s’opposait directement à son éthique. Notre civilisation a ainsi vécu dans cette schizophrénie jusqu’à ce que la folie des nazis enseigne au-delà de tout doute que le racisme est une abomination.

Or, cette schizophrénie coutumière eut bien d’autres dimensions que la race. Tous les groupes minoritaires ou faibles ont été persécutés. Dès lors ces persécutions ont engendré une réaction maniaque, aveugle, hors de proportion : woke.

Le machisme, le paternalisme et l’homophobie ont causés de telles iniquités à l’égard des femmes et de telles persécutions à l’égard des homosexuels que les woke qui luttent aujourd’hui contre leurs séquelles se sentent justifiés de toutes leurs exagérations. Ainsi à titre personnel, j’ai été interpellé au parlement par une conseillère nationale indignée, se scandalisant de ce que l’EPFL n’enseigne pas un cours sur la théorie du genre, alors que c’est clairement hors de son cahier de charges. De même, l’opinion publique se froisse vertueusement de ce que les noms de rues soient souvent (ou toujours) masculins et la municipalité  les débaptise pour y substituer le souvenir de femmes qui auraient mérité d’être illustres.

La persécution à l’égard de l’Islam est tellement universelle que les woke qui résistent sont qualifiés d’islamo-gauchistes, insulte qui les conforte dans une confortable position de martyres.

La plus grande des menaces sur l’espèce humaine est la transition climatique. Les militants écologistes adoptent souvent des attitudes extrêmes qui les confortent dans leur rôle assumé de prophètes incompris. Des woke envahissent les locaux d’une banque qui investit dans des activités productrices de CO2, ils sont normalement inculpés mais ils se scandalisent d’être condamnés à la plus légère des peines, comme si leur combat les plaçait au-dessus des lois.

Le spécisme soutient qu’il ne peut y avoir aucune raison de refuser d’étendre le principe fondamental d’égalité, défini pour les humains, aux membres des autres espèces animales. Il débouche sur la religion végane et ses extravagances. Une recrue de l’armée suisse a refusé de porter un ceinturon de cuir.

Tels sont les combats les plus importants que l’on regroupe sous le vocable de « woke ». « Passé simple du verbe anglais to wake, qui signifie en français « se réveiller », ce mot « woke » a pris un sens véritablement idéologique aux Etats-Unis pour désigner le fait d’être conscient des injustices subies par les minorités ethniques, sexuelles, religieuses, ou de toutes formes de discrimination, et mobilisé à leur sujet. »

Dans un contexte de combat en matière de justice sociale, cette expression définit quelqu’un de sensibilisé, ouvert, indigné face aux injustices qui existent autour de lui. Mais à force d’être woke, il n’est pas seulement « éveillé », il devient carrément insomniaque, sa vie se fond dans un combat intransigeant, à la limite de l’obsession. Diverses minorités exercent une fascination sur la société, exposée par elles à des manifestations de désobéissance civile qu’elle hésite à réprimer. Dès lors, on commence à courir le risque d’une dictature des minorités. Le racisme et tous ses analogues suscitent de la part de leurs opposants woke une critique radicale qui vise en fait les institutions, même formellement démocratiques. Le phénomène woke a une sérieuse dimension politique qui dépasse ses plus folkloriques manifestations.

Il existe même une école de philosophie (allemande naturellement) qui a développé la « théorie critique» . Celle-ci remet en question les structures de pouvoir sous-jacentes de la société et réduit la culture occidentale au conflit des oppresseurs contre les opprimés. La seule réalité, qui existerait et qui n’est pas perçue, serait les hiérarchies de pouvoir qui doivent être démantelées et reconstruite à partir de zéro. On en a eu un bon exemple avec le communisme soviétique et ses avatars pittoresques à Cuba ou au Cambodge. Même en Suisse à rebours de toute réalité, le Conseil fédéral est accusé d’exercer une dictature par ceux-là mêmes qui finiraient par en établir une s’ils accédaient au pouvoir.

Le wokisme vise à combler la lacune de l’espace culturel et politique jadis occupé par Dieu : nous sommes la première civilisation qui essaie de vivre en réduisant les religions traditionnelles à l’espace privé.  Comme la Nature a horreur du vide prolifèrent les substituts, c’est-à-dire diverses sectes woke : consuméristes, écologistes, nationalistes, intégristes, spécistes, proclimat, antiracistes, pro LGTB, tiersmondistes, homéopathes et naturopathes. Tout woke possède la vérité, la justice, la droiture, le refus du péché et le droit de juger. Avant que les tribunaux puissent se prononcer, il a déjà jeté l’opprobre sur des victimes qui n’en peuvent mais.

La condition de woke possède un aspect communautaire, en ce sens que les adeptes ont le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux qui leur garantit une justification morale. Ils croient qu’ils agissent toujours de manière juste, alors que ce n’est que parfois vrai. Souvent, tout ce qu’ils font n’est qu’une contenance, ou pire, une action destructrice des structures existantes. On aura reconnu les tares tellement évidentes des opinions extrêmes à gauche ou à droite.

La perversion du wokisme vient de ce qu’il instrumentalise les meilleures motivations du public, comme la compassion. Nous avons un désir réel de voir la vie des autres s’améliorer. Dès lors de nombreux chrétiens se sentent tenus d’être woke comme si c’était en accord avec les enseignements du Christ. Le wokisme interprète  les concepts de vérité, de justice et d’équité en ne laissant aucune place à d’autres façons d’aborder ces questions que l’outrance, l’exagération et le fanatisme. Il attribue une culpabilité ou une innocence intrinsèque à l’individu en fonction de son identité de groupe, woke ou non, indépendamment de ses actions individuelles.

Or, la croyance au cœur de la culture occidentale et notre ordre juridique est que chaque individu mérite la dignité et le respect, même s’il erre ou a commis un délit. Telle est la proclamation de Jésus de Nazareth selon laquelle les prostituées et les publicains entreront au Royaume des Cieux avant les bien-pensants.

Le récit de  justification que le wokisme avance est contradictoire au récit traditionnel de notre civilisation judéo-chrétienne. Les récits bibliques présentent le modèle de l’individu, en relation avec Dieu, comme le mécanisme principal de rédemption du monde. Par conséquent, le comportement du civilisé idéal est celui de la miséricorde, de la paix, de la bonté et du pardon. Le sommet de tout système politique est la recherche du consensus. C’est le secret actuel de la Suisse, de sa paix civile, de son unité dans la diversité, de sa réussite.

En revanche, le wokisme, se présente comme le modèle rédempteur de divers groupes qui se disputent le pouvoir contre un « système » prétendument oppressif (Démission d’Alain Berset !). Dans cette vision fragmentée du monde, seul existe le pouvoir et son contrôle est nécessaire pour démanteler un système corrompu. La violence est justifiée. De violentes émeutes, et pas seulement des protestations pacifiques, défigurèrent l’Amérique récemment. Trump a projeté une horde de woke  à l’assaut du Capitole avec des morts à la clé. A Berne la pacifique, une manifestation antivax munie d’outils a tenté d’ouvrir les grilles protégeant le Palais fédéral.

Si tous les woke du monde s’unissaient, ce serait la fin de la démocratie représentative et l’amorce d’une nouvelle barbarie. Examen de conscience : sommes-nous, avons-nous été woke ?

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

35 réponses à “Sommes-nous tous woke ?

  1. Pour illustrer le problème du wokisme…
    Est-ce que je peux poser une question à l’ingénieur ?

    Dans ma région, nous avons fêté récemment le centenaire du barrage de Montsalvens.

    Est-ce qu’on peut vraiment se fier à la solidité de ce barrage, 100 ans après sa finalisation ? alors qu’il était défini comme une prouesse technique à l’époque (donc un pari…).

    https://www.groupe-e.ch/fr/le-barrage-de-montsalvens-fete-ses-100-ans

    Nos ingénieurs étaient meilleurs avant ? peut-être parce qu’ils se souciaient plus de performance que d’égalité dans la médiocrité ?
    Ou est-ce le coût qui rend aujourd’hui nos ouvrages moins durables ?

    1. La stabilité des barrages fait l’objet d’une surveillance constante. En principe les ouvrages de génie civil, qui sont statiques, sont durables indéfiniment. Des ponts ou des aqueducs romains sont toujours en place. Une installation mécanique comme une éolienne est en revanche soumise à usure et a une durée de vie limitée.

      1. Monsieur Neirynck, je ne suis pas encore habitué à parcourir votre blog quant à la mise en page des commentaires et des réponses que l’on peut y faire, et je vais me permettre de vous donner un argument ici qui répond à une des critiques que vous avez faites aux personnes qui sont vaccinoprudentes. Vous écriviez que des hurluberlus exprimaient, à tort selon vous, des opinions au sujet du nombre de personnes atteintes du covid selon qu’ils étaient vaccinés ou non-vaccinés.

        Allez, je vous prie, lire cet article : https://www-heraldscotland-com.translate.goog/news/19843315.covid-scotland-case-rates-lowest-unvaccinated-double-jabbed-elderly-drive-rise-hospital-admissions/?ref=twtrec&_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=en

        Pour plus de commodité, il se présente sous une forme traduite directement de l’anglais. Pour vous-même c’est sans doute inutile mais peut-être que pour d’autres lecteurs ce n’est pas le cas.

        1. Si les gouvernements insistent pour la vaccination, ce n’est évidemment pas pour augmenter les admissions à l’hôpital mais le contraire. A partir du moment où les vaccinés sont beaucoup plus nombreux que les non vaccinés, ils seront aussi plus nombreux que ces derniers à être hospitalisés. En nombre absolu. Mais leur taux est beaucoup plus bas et la gravité de l’infection est plus faible. C’est pourquoi unanimement tous les responsables insistent pour la vaccination.

  2. Le wokisme est devenu l’épouvantail brandis par une cohorte de gens inquiets pour leurs status. Vu que sa definition est vague on y met tout ce que l’on veut. Pour certain tout est wokisme.
    Ce qui est sure, c’est que les dominants détestent se faire bousculer par les domines. La réaction de ceux ci face a la prise de conscience de problèmes qu’eux-même, parents ou grands-parents ont vécu et qu’ils prennent a bras le corps, ne plait pas. Ca derange !!!
    Le racisme, le sexisme, l’islamophobie, l’antisémitisme, les mauvais traitements aux animaux et j’en passe, continuent a exister. Ces combats ne sont des lors pas terminés.
    Traiter un theme comme étant du wokisme, est une manière de le discalifier.
    Le wokisme n’a rien de religieux.
    Y mettre l’écologie par exemple est totalement absurde. Il est clair que pour certain l’écologie et le respect de l’environnement peuvent attendre. S’il est un theme qui demande des decisions urgentes et radicales, c’est bien celui-ci. Le classant de wokisme il est pratique et facile après coup de le minorer.

    1. En l’occurrence, ce sont ceux que vous appelez “les dominants” qui portent le mouvement woke…
      Comment expliqueriez-vous cela maintenant?

      1. C’est un simple réflexe de défense. Les dominants se disent : “comment osent-ils me critiquer ??”
        Si vous êtes victimes de racisme au jour le jour, ou de toutes autres discriminations, croyez moi, vous le comprenez très vite ce terme. Le définir comme étant “des illuminés” est un mépris, mépris de ceux qui ne vivent pas ces situations, mépris de ceux qui sont plein de certitudes, mépris de ceux qui ne remettent jamais rien en cause car ils ont l’illusion qu’ils représentent la vérité. En gros ils se disent, si tu ne vis pas ce que je vis, tu n’es pas digne d’être écouté

        1. Il y a les dominants et les dominés. Ces derniers ont de justes raisons de se plaindre. Ce ne sont pas eux les woke, mais des dominants qui prennent leur parti et qui se placent au-dessus des lois. On doit défendre les homosexuels victimes de persécutions ou de discriminations, mais cela ne doit pas aller jusqu’à exiger qu’une école d’ingénieurs soit obligée de s’occuper du problème. Le woke exagère dans ses revendications.

          1. Comme si les noirs ne s’étaient jamais occupés de racisme, les femmes de féminisme, les homosexuels d’homosexualité…
            Les gens qu’on disqualifient en parlant de wokisme, sont tous mis dans le même panier.
            Les reactionnaires n’ont jamais fait dans la subtilité.

          2. Monsieur Neirynck, si tout prochainement vous avez suffisamment de temps pour suivre une longue vidéo, il se pourrait que vous la trouviez extrêmement intéressante, car nous entrerons en compagnie de Michael Esfeld dans le champ de la philosophie (https://www.youtube.com/watch?v=9JU3OwX-4xU).
            Michael Esfeld est un philosophe allemand spécialisé en philosophie des sciences et de l’esprit. Depuis 2002, il est professeur ordinaire en philosophie des sciences et épistémologie à l’Université de Lausanne. Il est également chargé de cours à l’EPFL.
            Pour résumer de façon beaucoup trop brève son propos, M. Esfeld analyse les relations actuelles entre la science et la politique, et le dévoiement qui est fait de la science par la politique.
            Il affirme que la science a toujours été et doit rester exclusivement un ensemble de moyens et de méthodes dont le but est d’expliquer et de comprendre la réalité, mais qu’on ne doit ne doit en aucun cas en faire un moyen de normalisation des comportements, de créer petit à petit des obligations sociétales, ou aussi des exclusions à faire respecter par les individus, et à imposer ces mesures aux récalcitrants par divers moyens de pression, comme on le voit maintenant. Cette dérive crée des scissions, fait apparaître des groupes de personnes qui seront désignées comme devant être traitées différemment des autres.
            Il rappelle notamment “On a vu une telle situation dans des régimes politiques dans lesquels on ne souhaite pas retourner”. À chacun de se souvenir de ce qu’il évoque par ses mots.

        2. “Le définir comme étant “des illuminés” est un mépris”

          Attention, je parle du wokisme à l’anglo-saxonne, ou du moins à la nord-américaine. Cela va bien au delà de la lutte au racisme, qui est elle tout à fait honorable. Voici des exemples de wokisme à la nord-américaine:
          – bannir un prof d’université parce qu’il a prononcé le titre d’un livre contenant le mot “nègre” dans le cadre d’un cours (Université d’Ottawa, 2021)
          – couvrir des peintures de natures mortes car la vue de gibier offense certains étudiants végans (université d’Oxford)
          – créer des “safe spaces” dans les écoles / universités lors de la Saint-Valentin pour ne pas risquer d’offenser les gens célibataires
          – la création du pronom “iel” pour ne pas offenser les gens qui ne s’identifient à aucun genre en particulier
          – Annuler la représentation d’une pièce de théâtre (Kanata de Robert Lepage) car des personnages amérindiens sont joués par des Blancs (appropriation culturelle)
          – Enlever des sapins de Noël, rebatiser Noël “fête du solstice” pour ne pas offenser les gens d’autres relgions…
          – Bannissement du Monsieur / Madame dans les communication (gouvernement canadien notamment)
          – Remplacement de “mère” et “père” par parent 1 et parent 2…
          – Banissement de la chanson “Baby, it’s cold outside” de certaines radios américaines pour cause de “paternalisme”
          – Etc, etc, etc…
          La liste est longue et ne fait que s’allonger…

          1. Merci, car Monsieur Claudecr n’a pas bien compris la distinction entre anti-racisme, non discrimination des homosexuels, féminisme ET wokisme. Le voici grâce à vous… éclairé !

            À votre liste, j’aimerais ajouter un concept à placer au pinacle du wokisme : remplacer “breastfeeding” (donner le sein) par – attention les yeux – “chestfeeding” (donner la poitrine, dans le sens de torse et pas de sein, évidemment) pour ne pas… offenser l’autre moitié de l’humanité dépourvue de seins, discrimination inqualifiable !

            C’est ça le wokisme, Monsieur Claudequineveutpasdiresonnom, et cette novlangue, sorte de mise en abîme de “1984”, fait froid dans le dos !
            Cela pue Savonarole – malheureusement, pas seulement au figuré : https://www.youtube.com/watch?v=Ae9u9tHvI0o – et moi, Monsieur, même si je ne suis pas un dominant que vous semblez abhorrer, je n’ai pas envie de ce monde vertueux là !

  3. Globalement d’accord avec votre analyse, si ce n’est pour deux points importants et particulièrement évocateurs de ce concept vide de wokisme, piège dans lequel vous avez presque donné.

    Le premier : vous dites que “l’opinion publique se froisse vertueusement de ce que les noms de rues soient souvent (ou toujours) masculins”. C’est largement exagéré. Ne se froissent que quelques féministes ultra orthodoxes qui ne représentent qu’elles-mêmes, mais auxquels les médias accordent une visibilité inversement proportionnelle à leur représentativité. L’opinion publique se fiche comme d’une guigne que les rues soient genrées ou pas.

    Le second : “Diverses minorités exercent une fascination sur la société, exposée par elles à des manifestations de désobéissance civile qu’elle hésite à réprimer”. Là encore, votre postulat est erroné. Les minorités que vous citez n’exercent de fascination que sur la caste des journalistes qui leur offrent une visibilité démesurée là où la majorité n’a la plupart du temps pour ces dernières qu’un logique et souverain mépris. Et si quelqu’un hésite à réprimer les actions illégales, ce n’est pas la “société” mais une frange de juges gauchistes bien vite rappelés à leurs études par un système judiciaire qui ne fonctionne finalement pas si mal.

    Le wokisme est une forfaiture intellectuelle, le plus souvent personnifiée par des étudiants en sciences humaines n’ayant jamais planté un clou de leur vie (pardon pour la tautologie) et relayée sans mesure par une presse qui en fait ses choux gras en s’aliénant au passage de plus en plus de lecteurs qui se chargeront de lui faire savoir le 13 février prochain.

  4. Le wokisme, que j’aime retraduire par “illuminé” plutôt que “éveillé”, participe à la radicalisation de nos sociétés, mais serait plutôt associé à ‘extrême gauche populiste. Il exacerbe, par symétrie, sa créature opposée, soit la droite populiste à la Trump. Heureusement, la vaste majorité de la population se maintient entre ces deux pôles infréquentables. Pour combien de temps? Selon la règle du 80-20, j’aime penser que 80% de la population n’adhèrera jamais à ces positions extrêmes; malheureusement, le mouvement woke est aussi profondément enracinés dans les université, ce qui lui confère une certaine honorabilité.

    Il faut vivre dans un pays anglo-saxon pour comprendre à quel point la culture woke est devenue un problème majeur du vivre-ensemble. Je rêve d’une Europe qui, en résistant à ce déchaînement populiste, retrouve un rôle phare digne du mouvement des Lumières.

  5. Des mouvements identiques qui naissent à plusieurs endroits dans le monde en même temps, et qui suivent la même évolution et les mêmes doctrines ne peuvent pas être spontanés, mais bien organisés. La question est de savoir par qui? et les réponses peuvent être multiples, car la haine envers l’Occident a toujours été grande. Le problème est la possibilité depuis une ou 2 décennies de financer ce type d’activité en douce par des ONG d’apparence correcte, sans laisser trace pour savoir qui se cache derrière. Certains vont dire que mon commentaire est complotiste, peut-être, mais je ne le pense pas !

  6. Jacques Neirynck est très fort. Mettre Trump et les populistes de droite covidosceptiques dans le même sac que les wokes, il fallait y penser. C’est un tour de force argumentatif – pour le moins ingénieux. Je ne suis pas d’accord, mais il faut saluer l’artiste.

  7. Il nous faut trois centrales nucléaires de nouvelle génération ASAP, pour fermer les plus anciennes et assurer notre approvisionnement électrique.

    Rien à faire du wokisme, il nous faut des ingénieurs.
    S’ils veulent qu’on les appellent iel, ils sont les bienvenus, tant qu’ils sont pour la sécurité de notre approvisionnement électrique, donc pour le nucléaire.

    Arrêtons de revasser, et remettons-nous au travail.
    Bâtissons.
    La fin du monde approche, si nous ne construisons pas des centrales nucléaires !

  8. Même les antivax ne tombent pas aussi bas…

    Pour éviter les discriminations, il faut interdire aux parents d’élever leurs enfants. Pour un pladoyer en faveur d’un orphelinat universel 🙈🤦‍♂️

    “Les pères et les mères les plus riches et les plus éduqués sont plus susceptibles de transférer ces avantages à leurs enfants, cumulant ainsi les privilèges au fil des générations. En conséquence, les enfants de parents moins favorisés sont confrontés à une lutte difficile, la mobilité sociale est au point mort et la démocratie est corrompue….

    Ma solution – rendre illégal le fait d’élever ses propres enfants – est simple, et en attendant que la loi soit adoptée, nous pouvons agir dès maintenant : les riches et les pauvres devraient échanger leurs enfants, et les propriétaires pourraient échanger leurs enfants avec leurs voisins sans abri.

    Maintenant, je reconnais que certains opposants vont rejeter une telle politique comme étant épouvantable, voire totalitaire. Mais ma proposition est assez modeste, une fusion de la philosophie traditionnelle et des obsessions politiques les plus courantes d’aujourd’hui.

    Dans sa “République”, Platon a adopté le sage conseil de Socrate – que les enfants “soient possédés en commun, de sorte qu’aucun parent ne connaisse sa propre progéniture ni aucun enfant ses parents” – afin de vaincre le népotisme et de créer des citoyens fidèles non pas à leurs fils mais à la société.

    Aujourd’hui, une politique d’orphelinat universel s’aligne sur des tendances sociales puissantes qui indiquent un intérêt moindre pour la famille. Les Californiens se marient plus lentement et ont moins d’enfants – notre taux de natalité n’a jamais été aussi bas.

    Ma proposition devrait également être politiquement unificatrice, en s’accordant avec les politiques les plus chères aux progressistes et aux Trumpiens.

    L’introduction par la gauche de l’antiracisme et de l’identité de genre dans les écoles se heurte à une réaction brutale des parents. Abolir la parentalité mettrait fin à cette réaction, en aidant à démanteler la suprématie blanche et les normes de genre obsolètes. Les démocrates auraient également l’occasion de construire un nouveau pilier du filet de sécurité – un système d’éducation des enfants appelé “Foster Care for All”.

    Source:
    https://eu.vcstar.com/story/opinion/columnists/2022/01/13/column-california-should-abolish-parenthood-name-equity/6513756001/

    1. Très triste de voir le monde à partir d’un portemonnaie ! Même les mamans des animaux se sentent meurtrirent quand on les séparent de leurs progénitures. Quel délire !!!

    2. Si Platon, père de tous les totalitarismes, a adopté le “sage conseil” de Socrate – soustraire les enfants à leur famille dès l’âge de trois ans pour les confier à l’Etat (l’Instruction publique ne se moule-t-elle pas toujours plus sur son modèle puisqu’elle impose l’enseignement obligatoire des quatre ans?) et en faire de futurs guerriers aptes à servir jusqu’à l’âge de cinquante ans (âge limite dans certain Etat qui nous est familier, non?) avant de les achever par le service obligatoire perpétuel jusqu’à ce que mort s’ensuive, il s’est bien gardé de conseiller à quiconque d’appliquer dans les faits le programme de sa Cité radieuse, décrit au Livre VI de la “République” (faites ce que je dis mais pas ce que je fais).

      Quand il a essayé de mettre sa théorie des philosophes-rois en pratique à Syracuse, Denys le Tyran ne l’a-t-il pas renvoyé à ses chères études par quelques coups de pieds au derrière avant qu’il ne soit vendu comme esclave sur la place publique? Platon, auteur de science-fiction certes doué, s’en est consolé en décrivant dans son mythe de la Caverne (au Livre VII de la République) le peu de reconnaissance que récolte le sage de retour dans le kaléidoscope ténébreux de la dite caverne après avoir contemplé le ciel des Idées au cours de son escapade spatiale à bord de SpaceX. Animé par l’ardent désir de convaincre les prisonniers enchaînés au fond de la caverne et hypnotisés par le défilé non-stop des ombres de Youtube, Facebook, Twitter and Co. sur l’écran noir de leurs nuits blanches, de se libérer de leurs chaînes de spectateurs captifs, en a-t-il récolté autre chose qu’injures, coups et cris de haine en retour? Ceci n’évoque-t-il pas les réactions épidermiques de certains irrédentistes allergiques au vaccin?

      Comme Alain Berset et les membres de la Task Force face aux derniers bastions des irrédentistes en question, Platon n’a-t-il pas dû se résoudre à constater que les captifs de la lanterne magique et du smartphone ne veulent pas être libérés et préfèrent la dictature des ombres des GAFA aux lumières du Ciel platonicien et l’infection aux effets salvateurs d’un anhypothétique vaccin?

      Jacobins, nazis, fascistes et maoïstes, eux, l’auront bien compris et auront appliqué à la lettre les préceptes de la Callipolis du Livre Vi. Avec les résultats que l’on connaît.

      D’ailleurs, pour en revenir à lui, Socrate, le divin fripon du prologue de “Gargantua”, n’avait-il pas pour les enfants et la famille l’estime que l’on sait aussi? Quand Xanthippe, sa femme, a mené sa progéniture devant le tribunal dans l’espoir de l’attendrir pendant le procès de son époux, celui-ci a aussitôt supplié les juges de faire sortir cette commère et sa marmaille.

      Je ne sais quelle expérience vous avez de l’enseignement, mais pour avoir été chargé de classes dites “à problèmes” (selon l’euphémisme d’usage) tant dans les ‘écoles publiques que privées et dont plus d’un(e) élève était à la charge de l’Assurance-Invalidité (AI), et donc de la collectivité, je peux vous confirmer que ce ne sont pas que les bourgeois qui envoient leurs enfants à l’école privée. Quant aux kolkhozes de l’Instruction publique, qui les finance, sinon la manne privée?

      Good luck then to “Forster Care for All”. On attend avec intérêt de voir qui fournira le service de ramassage des épaves abandonnées en route par un service de l’enfance qui, après l’avoir enfermée dans ses institutions, l’y aura laissé crever de faim.

    3. Antivax? vous voulez dire les antivaccin ARNm, n’est-ce pas ? Ils peuvent tomber très bas mais ils ne le font pas, en vous disant par exemple que les vaccinés sont des faibles d’esprit, influençables, impressionnables, moutonniers, inconscients des dangers de se faire inoculer des nanoparticules qui contiennent des lames de rasoirs (graphène). Je reste poli et ne vous le dis pas. Il y a quelqu’un dans les années 40 qui voulait que les gens se mettent en colonnes parfaites et marcher au pas sans le moindre écart, un peuple l’avait suivi dans son délire et son pays a subi l’infâme par la suite! Le modèle totalitaire pour gouverner à notre sort ne tient pas à long terme !

    4. Traduction mot pour mot de l’article de Joe Mathews de Zócalo Public Square, paru dans VC Star. Zocalo Public Square, association à but non lucratif autrefois respectée, a quelque peine à conserver sa réputation, si l’on en croit cet article du Los Angeles Times :

      “Zócalo Public Square founder engaged in discriminatory and inappropriate conduct, investigation finds

      The head of a Los Angeles nonprofit focused on promoting cultural events and inclusive discussions created an abusive work environment and engaged in behavior that discriminated against female, same-sex and disabled employees, according to an internal investigation by Arizona State University, which oversees the organization.”
      […]
      On peut lire la suite dans le Los Angeles Times du 15 décembre 2019 (par Dakota Smith, rédacteur du L. A. Times – https://www.latimes.com/california/story/2019-12-15/university-finds-zocalo-founder-gregory-rodriguez-engaged-in-discriminatory-inappropriate-behavior).

  9. « La persécution à l’égard de l’islam est tellement universelle». Étrange affirmation de M. Neirynck, si grosse de la soumission à l’islam jouant sa partition victimaire, soumission obligée par le règne occidental de la pensée correcte. Alors que c’est le contraire qui se passe, mis à part, en Orient, le triste sort subi par les Ouïghours et les Rohingya. Donc ces dites « persécutions » des musulmans apparaissent bien comme un des pièges du « wokisme », dans lequel tombent, parfois avec délices, nombre d’Occidentaux postchristianisés.

  10. On l’a vu il y a un an environ, la ministre chargée des universités a parlé du wokisme comme un “phénomène qui gangrènait l’université française”.
    Elle n’était pas capable d’articuler combien d’études ou de thèses étaient consacrées à ces matières accusées de wokisme. On a pu assister à une gesticulation pour faire à croire qu’il y avait un problème terrible au sein des universités française. Le CNRS lui avait dit poliment qu’il n’y avait rien à en dire. Il est vrai qu’au même moment, les étudiants français devait faire face à la fermeture des universités, à une préquarité telle, que pour beaucoup ils devaient se nourrir au secours populaire ou à la banque alimentaire pour survivre.
    Brandir de wokisme est un excellent moyen de faire diversion. C’est une nouvelle stratégie pour certains afin de ne pas parler des vrais problèmes. On se fait peur à pas chère.

  11. Monsieur,
    Ce que certains nomment véganisme, spécisme ou autre … d’autres l’appellent bouddhisme mahāyāna (« du grand véhicule »).
    Vous avez donc bien fait de parler de religion vegan.
    Loin d’être une minorité, elle concerne des millions d’individus, des villes entières en Inde notamment, et plus de la moitié des adeptes bouddhisme et de ses dérivés dans le monde.

    Selon une certaine croyance d’ailleurs, on vous souhaite de ne pas vous réincarner en oie ou en une quelconque personne des « minorités »concernées par vos propos.

    1. Hitler aussi était vegan et aimait les animaux au point de faire édicter les lois de protection de la nature et des animaux parmi les plus sévères de tous les temps. Il avait plus de respect pour les chiens, les chats et même les insectes que pour les humains, dont il a ordonné le massacre industriel de masse sans le moindre état d’âme.

      La religion hindouiste, pour laquelle l’animal est sacré, non seulement autorise mais préconise le mariage avec les animaux pour conjurer le mauvais sort. Sur le conseil de son gourou, une jeune Indienne a ainsi épousé un chien pour conjurer le mauvais sort (20 Minutes, 4/9/2014). “Girl weds dog to break ‘evil spell'” (BBC News, 19/6/2003).

      Autres exemples, en Inde et ailleurs: “Man in India Marries Dog to Atone for Stoning to Death Mating Canines” (Fox News, 13/11/2007). “German man ‘marries’ his dying cat” (BBC News, 3/5/2004). “Seven-year old Indian girls ‘marry’ frogs” (The Telegraph, 10/1/2009). “British Woman Marries Dolphin” (Fox News, 3/1/2006). En 2006 au Soudan, un homme est forcé de se marier avec une chèvre après avoir été surpris lors d’un acte sexuel avec celle-ci (“‘Man maries goat”‘ captivates millions”, The Telegraph, 3/5/2007).

      On ne s’étonne jamais assez de constater combien certains affectionnent leur hamster ou leurs poissons rouges tout en gardant une parfaite indifférence au massacre systématique de millions de sud-soudanais.

      Faut-il dès lors se faire encore des illusions sur ce “mondo cane”?

  12. La Chine a ordonné la fermeture de ports, pour éradiquer la vague Omicron, avant la tenue des JO.

    Que vous soyez humains, ou antivax, je vous invite à stocker conserves, riz, pâtes, eau et pq. Les prochaines semaines vont être pénibles. Et la Russie va jouer sa carte sur la scène internationale…

  13. Merci pour ces articles. Je crois que le Herald parle de taux par status vaccinal et non plus de chiffres absolus. On n’est donc plus dans le paradoxe de Simpson.

    La cause doit être ailleurs. Peut-être les classes d’âge et la réalité d’Omicron: moins de formes graves et moins de différences en fonction du status vaccinal.

    En Suisse, si on analyse les chifffres de l’OFSP, on constate un changement: bien que les cas aient été multipliés par presque 20, le nombre d’hospitalisation est en forte baisse. On constate aussi une diminution de 50 % des décès malgré l’explosion des cas. Cette diminution est la même quel que soit le status vaccinal: donc en chiffre absolu, c’est un chiffre important dans la catégorie non-vaccinés.

    L’âge moyen des décès s’élève aussi fortement: 85 % ont plus de 70 ans et 96 % plus de 60 ans. Dans ce contexte, et avec une mortalité réduite globalement de 50 %, d’autres facteurs peuvent jouer un role cumulés avec l’infection. Dans les classes en dessous de 60 ans, il n’y plus assez de cas pour faire une analyse statistique pertinente (d’autant plus que les patients avec co-morbidités sont inclus).

    Tout cela alors que delta, bien plus létal, représente encore 15 % des cas.

    Il se passe quelque chose et cela mérite de s’y attarder.

    1. “Dire les choses telles qu’elles sont”

      Si le nombre de nouveaux cas de Covid-19 ne semble pas encore s’orienter à la baisse – en moyenne sur 7 jours, la Suisse enregistre plus de 25’000 contaminations quotidiennes – le nombre d’hospitalisations aux soins intensifs et le nombre de décès, eux, ont diminué, et Alain Berset en convient. “C’est ça qui nous dirige, ce sont les faits. C’est ce qu’on voit sur le terrain”, confirme le conseiller fédéral. ”

      Extrait de la presse.

      Voilà,,,, même les autorités commencent à comprendre. C’est rassurant.
      D’autres pays ont compris plus vite. La France s’enferme dans la stupidité. Une nouvelle hierarchie en découlera.

      Dans certains pays, le presse commence à faire son méa culpa. On va peu être sortir de l’enfer. Pas du virus mais d’une société devenue folle.

  14. Cher Monsieur, votre article est d’une lucidité limpide.

    Puis-je compléter votre liste : “… possède la vérité,… et le droit de juger.”, par “et de CONDAMNER” !
    C’est cela qui rend le wokisme vicieux et intolérable. Un relativement petit groupe, par l’impact amplificateur des réseaux sociaux, réussit à condamner un individu sans aucune forme de jugement, donc sans droit à sa défense, par un phénomène que vous avez omis de mentionner, la CANCEL CULTURE. Staline aurait apprécié, pour sûr !

    On connaît la cancellation de JK Rowling ( https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/harry-potter/harry-potter-j-k-rowling-suscite-l-indignation-apres-des-tweets-juges-transphobes_4001951.html?gclid=Cj0KCQiAoY-PBhCNARIsABcz772sDQP-NJWo02Mxdg2A8NzV2hVa2Rlc9B5jAA774LGiWyFS4OcVEf4aApGFEALw_wcB#xtor=SEC-913-GOO-%5BLivres%5D-%5Btitle%5D-S-%5B%5D )
    “People who menstruate” : déjà que c’est délirant mais ce nouveau concept implique que les “personnes ménopausées” ne seraient donc plus des femmes. Bigre !

    Et bien, ça a traversé la manche et l’humoriste Claude-Inga Barbey en a fait les frais : https://www.rts.ch/emissions/infrarouge/12064963-peuton-rire-de-moi.html
    Le cas du courrier des lecteurs dans la Liberté de Fribourg est tout aussi pathétique…

    La liberté d’expression est dans le collimateur de ces nouveaux ayatollah de la vertu et ils tissent leur toile sans résistance.
    Voulons-nous de ce monde-là ?

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