Trop peu et trop tard

 

 

Simonetta Sommaruga a signé le 6 juillet à Dakar un accord pour économiser (au Sénégal!) une fraction du CO2 que la Suisse continuera d’émettre sur son territoire. Nous n’avons du reste pas cessé de le faire. Les mesures réelles déjà prises ont réduit la production de CO2 par tête d’habitant. Mais comme la population a augmenté, le bilan global est le même. Et c’est le seul qui compte du point de vue planétaire. Le climat ne dépend pas d’efforts vertueux mais d’une réduction réelle des gaz à effet de serre. La marché international des droits de polluer est un une scandaleuse dérision, immorale parce que les pays développés, donc hautement polluants, achètent aux pays qui polluent peu le droit de continuer à émettre.

« Les émissions mondiales de CO2 devraient atteindre un niveau jamais vu d’ici 2023 et continuer à croître par la suite »  met en garde mardi passé l’Agence internationale de l’énergie.  Le diagnostic est sans appel et le jugement sévère. Préoccupé par la pandémie, le pouvoir politique a laissé couler le fleuve de CO2 en croyant qu’il se tarirait sous l’effet des mesurettes prises jusqu’à présent. Or, il n’en est rien. Au niveau planétaire, la situation continue de s’aggraver tout comme les conséquences déjà sensibles. Même en Allemagne et en Belgique, pays hautement développés qui se croient au-dessus des conséquences, le réchauffement a exigé son contingent de morts par noyade dans des inondations jamais vues auparavant.

A bien y réfléchir, la pandémie n’est qu’une répétition générale – et en ce sens une pédagogie- de ce qui nous attend vraiment, la transition climatique, autre rappel à l’ordre de la Nature. Elle ne s’arrêtera pas comme une épidémie, mais elle s’aggravera, jour après jour. Pour lutter contre celle-ci, pour la prévenir, pour l’atténuer, il faut renoncer le plus vite possible à l’usage des combustibles fossiles et arriver à la décarbonation totale. Par un double mouvement : réduire la consommation par exemple à 2000W par habitant, l’approvisionner par des énergies renouvelables. Tel est l’objectif affiché par le Conseil fédéral suisse pour le -beaucoup trop- long terme, soit l’année 2 100.

Le total de la puissance consommée dans notre pays divisée par le nombre d’habitants est actuellement de 4 800 Watts. Celle-ci ne tient pas compte de l’énergie grise consommée en Suisse, c’est-à-dire l’énergie nécessaire à l’étranger pour produire les biens importés. Si on en tient compte, on aboutit à une Suisse à 8 300 Watts. En prenant au sérieux l’objectif de 2000 Watts, cela reviendrait à diviser par quatre la consommation actuelle. Ce n’est pas banal.

Toujours dans l’objectif affiché par le Conseil fédéral, les trois quarts de la puissance de 2000 Watts proviendraient du renouvelable, hydraulique, éolien, solaire, géothermique, biomasse et le reste d’énergies fossiles, ce qui entraînerait encore l’émission d’une tonne de CO2 par an et par habitant au lieu des 4.7 tonnes rejetées actuellement.

D’une part, la législation va introduire des mesures contraignantes (interdiction de chauffages électriques ou à mazout, promotion des voitures électriques, etc.). D’autre part, chaque consommateur peut anticiper ces décisions et puis les soutenir lorsque le législatif en débattra. Voici un demi-siècle, le pouvoir d’achat et la consommation d’énergie n’étaient que le tiers de ce qu’ils sont actuellement en Europe. Il est donc possible d’atteindre ce but. Mais ce ne sera pas facile si cela s’opère contre la volonté du peuple.

Le consommateur intervient chaque fois qu’il ouvre un interrupteur, démarre une voiture, règle le thermostat de son habitation, remplit le panier du ménage. La sauvegarde de la planète dépend d’une foule de décisions minimes, prises par tous. Il s’agît d’une véritable ascèse. Il faut renoncer à la satisfaction de paraître plus prospère que son voisin en acquérant une voiture trop puissante ou le dernier gadget électronique, en passant ses vacances aux Maldives, en suivant la mode vestimentaire, en achetant pour la seule satisfaction d’acheter, en consommant pour consommer, en gaspillant pour se prouver qu’on en a les moyens, en s’imaginant que le bénéfice du gaspillage est de créer des emplois.

Cela ne se résume donc pas à réduire les émissions de CO2, mais à inventer une nouvelle société, une nouvelle économie, un nouveau système technique, une nouvelle culture. Quelles seront ses composantes ? Pour surmonter la barrière représentée par l’univers de la publicité, propagande implicite pour une économie mortifère, sur quels agents peut-on compter ?

Le plus important serait sans doute la communauté scientifique qui ne cesse d’émettre des mises en garde, plus ou moins relayées par les médias. Cependant la Science est perçue comme mensongère par une fraction de l’opinion publique. L’ignorance est prônée : la compétence pointue sur un sujet précis entrainerait l’incompétence sur tout le reste.  Selon l’image que s’en fait le peuple, un savant est un grand distrait. Il devrait s’abstenir d’intervenir dans un débat politique.

Dans l’Histoire les révolutions sociétales ont souvent bénéficié de deux autres agents, du reste étroitement liés, la culture et la religion, qui s’adressent à l’affectivité plutôt qu’à la raison. Mais une vaste sous-culture alimente le marché mondial à base de séries télévisées débiles, de jeux électroniques infantiles, de musiques médiocres, de modes grossières, de nourritures frelatées, pour ne pas parler de l’anti-culture de la pornographie, des jeux de hasard, du trafic de drogue et du tourisme de masse.

Cette débauche draine des capitaux importants, qui manquent pour la création artistique authentique. On souhaite une culture mondialisée, qui s’incarnerait dans des œuvres de grande valeur. Mais les gouvernements nationaux sont impuissants face à Internet, vaste marché culturel sur lequel se développe certes un échange authentique, mais aussi une contre-culture basée sur l’exploitation de la crédulité, de l’extorsion et du mercantilisme.

Il en résulte que notre survie mentale, qui se nourrit de culture, dépend dans une large mesure du passé. Les musées de peintures des siècles antérieurs sont saturés de visiteurs. Le répertoire des concerts symphoniques s’arrête en 1950 parce que les compositeurs contemporains font fuir le public. On n’a jamais imprimé autant de livres, mais les chefs d’œuvre sont rares. Depuis un siècle, nous n’avons rien produit qui se compare à la chapelle Sixtine, à la Passion selon Saint-Mathieu ou à la cathédrale de Chartres. La culture authentique est devenue une ressource en voie de tarissement, tout aussi non renouvelable que le pétrole.

Il faut donc inventer une nouvelle culture dont on aperçoit les prémices : elle favorisera la sobriété heureuse qui est le contraire de la pénurie infligée. Il faut se persuader que le but de l’existence est de se sentir parfaitement bien, en évitant de s’imposer des objectifs de consommation démesurés. Il faut sortir de la contre-culture représentée par la publicité, par la mode, par les revues sur papier glacé, par la glorification des « peoples », par des séries télévisées. Apprendre à se satisfaire de peu, puisqu’un jour on ne pourra plus produire que ce peu et le distribuer à tous, en le partageant honnêtement.

 

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

49 réponses à “Trop peu et trop tard

  1. Puissamment raisonné, cher Professeur, et politiquement irréprochable, mais procédant du rêve d’un monde idéal qui n’existe pas et n’existera certainement jamais, hélas. Toutes ces gesticulations sont vertueuses mais probablement impossibles à partager avec les nations les plus pollueuses. Dès lors qu’il est admis qu’une part majeure du réchauffement est imputable à une surpopulation galopante, je vous laisse imaginer la solution politiquement très incorrecte qui se profile à l’horizon. Rendez-vous dans 100 ans (peut-être même bien avant) pour évaluer le résultat des courses !!!

    1. Nous avons le choix entre le rêve et le cauchemar. Il a fallu rêver l’Europe pour sortir de la guerre. Cela a marché.

      1. Bien vu, sauf que trouver un accord au niveau de la planète n’est pas tout à fait la même chose qu’avec l’Europe. Mais vous avez raison… rêvons !!!

  2. Il faut écouter les scientifiques. Les politiques doivent prendre des mesures énergiques.
    Parfait, mais l’exemple vient-il d’en haut ? On peut en douter; les scientifiques sont-ils prêts à renoncer à leurs nombreux voyages en avion pour assister à des congrès ? les politiques (y compris ceux de gauche) sont-ils prêts à habiter dans un appartement à la surface mesurée et non dans leur grande et confortable villa ?
    Ces deux exemples valent ce qu’ils valent, mais le bon peuple sera plus facile à convaincre par l’exemple que par des injonctions de personnes qui consomment plus qu’eux.
    Quant aux taxes, elles sont antisociales en diable (les riches paieront sans problème sans changer de comportement, alors que les “moins riches” devront les premiers se serrer la ceinture) et ne seront pas acceptées par le peuple en l’état.
    Personnellement je n’ai jamais mis les pieds dans un avion et n’ai jamais eu de voiture, qui dit mieux ?

    1. L’EPFL a déjà réduit les voyages au strict minimum. Certains demeurent indispensables et le contact direct entre chercheurs a fait beaucoup pour la science.

      1. Une Suisse exemplaire ne comptera jamais que 1 pour mille des émissions de CO2 !
        Les pays asiatiques ou africains ont explosé leur démographie et sont plus préoccupés par lutter pour leur survie qu’à réduire leur consommation d’énergie. Ils comptent toujours sur le charbon pour produire de l’électricité, comme en Inde …ou pire en détruisant leur forêt , comme à Madagascar …
        Il faut donc développer les technologies vertes de manière qu’elles deviennent moins chères que les fossiles et accessibles à tous .
        On ne peut pas se contenter d’un discours mettant en avant la sobriété énergétique concernant à peine 10% des habitants de la planète …
        La question de la démographie devient bien plus grave que l’énergie…
        Nos ancêtres lointains vivaient dans une atmosphère contenant plus de 1000 ppm de CO2 et n’ont pas disparus pour autant …
        Il ne faut pas se tromper de cible …

        1. Merci de comparez les émissions en CO2 d’un Malien avec celles d’un Suisse: ce n’est pas la démographie du Mali qui pose problème.

      2. Une réponse intéressante. Les politiques ne sont pas mentionnés, pourtant ils ne sont guère pressés d’appliquer la soi-disant “sobriété heureuse” à eux-mêmes.
        Quant à l’EPFL, c’est toujours la même excuse qui est rabâchée, comme dans d’autres domaines: “les voyages sont pour l’avancement de la sciences, donc indispensables”; remplacez “l’avancement de la science” par n’importe quoi et le tour est joué. Vous ne quantifiez d’ailleurs pas le nombre de voyages refusés: 5% ? 10% ? 50% ? plus…? Y a-t-il un réel changement ou est-ce du “greenwashing” ?

        1. Pour connaître le résultat de cette consigne, il faut s’adresser directement à l’EPFL. Je me suis contenté de transmettre l’information dont je dispose.
          Quant à supposer que les politiques n’appliquent pas leurs propres recommandations, cela relève du réflexe classique : les élus sont trop payés, ils devaient être bénévoles, ils sont tricheurs. Accusation gratuite, sans fondement, suspicion jetée aux quatre vents. L’aéroport de Genève vous dira à quel point les voyages ont diminué, dans toutes les catégories.
          Quand j’étais parlementaire, je n’ai effectué des voyages que durant la commission des affaires extérieures, soit trois en quatre ans. Ils étaient justifiés.

          1. J’aimerais préciser que je n’ai pas évoqué les défauts que vous citez s’agissant des politiques. J’ai seulement mentionné, en ce qui les concerne, la qualité de leur logement, alors qu’habiter une villa est un non-sens dans une société frugale, mais c’est très confortable. Il y a quelques années un journaliste (Alain Rebetez), qu’on ne peut soupçonner d’hostilité envers le monde politique, était allé passer quelques jours au domicile de certains politiciens, et il avait déjà remarqué qu’ils étaient très bien lotis, sans égard à leur bord politique.
            C’est évidemment leur droit et on est content pour eux, mais à partir de là la position de “donneur de leçons” au bas peuple est vraiment difficile à défendre.

          2. La pertinence d’un discours politique dépend uniquement de son contenu et non de celui qui le formule, et encore moins de sa façon de se loger ou de manger ou de boire ou de pratiquer un sport

          3. @ Jacques Neirynck

            Je ne suis que partiellement d’accord.

            S’il s’agit de débats d’idées, je suis d’accord avec vous : toutes les idées sont bonnes à prendre, d’où qu’elles viennent.

            S’il s’agit de modifier activement les lois dans le but de changer le mode de vie des citoyens (et donc de leur demander efforts ou sacrifices), l’exemplarité doit être de rigueur. On ne peut pas exiger la sobriété en menant grand train.

            Ou alors on tombe dans un système à la soviétique dans lequel une petite minorité d’apparatchiks s’octroyaient de grands privilèges et des magasins réservés sous le prétexte qu’ils « défendaient la cause noble du Parti ».

            Mais peut-être est-ce ce à quoi nos « élites » aspirent sans se l’avouer … ?

          4. Ni les hauts fonctionnaires, ni les élus ne donnent en Suisse le mauvais exemple, à part quelques exceptions rarissimes. Cela ne permet pas de jeter la suspicion sur toute la classe politique.

  3. Je partage ce que vous énoncez, mais dans ce brouhahas quotidien qui nous entoure, il est difficile de protéger son « temps de cerveau libre », mais pas impossible.
    Viser une société plus sobre est souhaitable, mais sera bien évidemment contestée par tous les petits comploteurs au nom de leur liberté individuelle.
    La pandémie virale qui affecte notre planète montre à quel point cette situation sanitaire est complexe à gérer. Les scientifiques ont progressivement découvert le caractère imprévisible du comportement du virus. L’action des politiciens et des gouvernements s’en est ressentie temporairement bien évidemment.
    La problématique du climat est connue depuis plus de 50 ans, mais contestée par des économistes et des entreprises qui voyaient avant tout leurs activités menacées et leurs revenus fragilisés.
    Comme d’autres j’ai constaté avec tristesse que les avertissements répétés des scientifiques ont jusqu’à récemment été contestés voir négligés.
    J’ai toutefois l’impression qu’une prise de conscience s’opère, que la réalité et l’envergure du problème commence enfin à être reconnue, qu’un espoir est donc probablement possible. Les carottes sont paraît il cuites pour les critères de 2030 (faudra donc s’adapter), mais il y aurait un espoir pour 2050 et au-delà.

  4. Article lucide, limpide et tellement juste. On verra ce qui sortira de la Cop qui aura lieu cet automne. Je sens que les efforts seront encore repoussés….

  5. “Cela ne se résume donc pas à réduire les émissions de CO2, mais (“se résume”) à inventer une nouvelle société, une nouvelle économie, un nouveau système technique, une nouvelle culture. Quelles seront ses composantes ?”. “Le plus important (“la plus importante”) serait sans doute la communauté scientifique”. “Selon l’image que s’en fait le peuple, un savant est un grand distrait.” “Cependant la Science est perçue comme mensongère par une fraction de l’opinion publique.”

    La “communauté scientifique” est composée d’anthropes faillibles. Il paraît que M. Dubochet, s’est rendu en avion en Suède pour recevoir en grande pompe la distinction Nobel, alors qu’il embrasse la cause de Greta Thunberg. La vanité des anthropes atteint aussi bien les gens que vous dites appartenir au “peuple” que les scientifiques.

    Les anthropes scientifiques succombent éthiquement tout autant que tous les autres – ceux que vous dites faire partie du “peuple” – à la vanité, au pouvoir, à l’argent.

    Qu’a affirmé la science depuis le début de la crise du COVID ? Tout et son contraire. Les scientifiques vaniteux n’ont pas été rares, c’est une litote.

    La science pourrait être une panacée, mais seulement à long terme, après que les scientifiques qui prétendent avoir contribué à son développement y ont perdu tout intérêt personnel.

    1. C’est un raisonnement bien particulier que vous tenez là, qui me semble n’être au mieux qu’une mauvaise excuse.
      Le constat scientifique est une chose, la vie des scientifiques en est une autre. Ce n’est pas parce-que j’ai fumé (hypothétique) que mes propos enjoignant à cesser de fumer en raison de la létalité constatée du produit seraient moins valables.

      1. Les vices auxquels je pense, sans doute aussi bien répartis parmi les scientifiques que parmi toutes les populations, sont la vanité, l’appât du gain et celui du pouvoir. Ce sont ces vices-là qui poussent des scientifiques au plagiat, à la falsification de résultats de recherches, à la mise en doute jalouse des réussites de collègues.

        1. Sanas aucun doute on peut trouver les vices mentionnés dans le monde scientifique en cherchant bien. Il existe des falsificateurs de résultat mais ils constituent une exception qui est le plus souvent dévoilée et dénoncée- Le mécanisme de la recherche est tel qu’aucun résultat n’est valide que s’il peut être reproduit. Et donc des impostures comme la fusion froide ou la mémoire de l’eau ne tiennent pas plus que quelques mois. Il vient d’en être de même avec l’hydroxy chloroquine. Les scientifiques ne sont pas plus vertueux que la moyenne de la population mais ils savent à quel jeu ils jouent et que triche conduit à la fin d’une carrière.

          1. Les scientifiques qui ont pendant des décennies soutenus que le tabac est peu nocif? Ceux qui ont pendant 50 ans contesté la découverte par Wegener de la dérive des continents?
            Des scientifiques de cette nature sont d’autant plus dangereux qu’ils bénéficient de l’aura de respect que leur confèrent leurs titres universitaires.

          2. Je n’ai nulle part affirmé le contraire. Je suis en revanche certain que les têtes les mieux formées sont exposées aux tentations que j’énumère, la vanité, la cupidité ou le pouvoir, et peuvent y succomber, exactement comme tous les autres antrhropes. La science est du domaine du vrai ou du faux, la morale du domaine du bien ou du mal. La science la plus solide peut s’accompagner de la morale la plus dévoyée. C’est pourquoi il ne faut en aucun cas attribuer à la communauté scientifique un quelconque pouvoir spécifique.

          3. Il ne faut en aucun cas lui attribuer un projet pervers. De la faute de quelques-uns ne peut dépendre le mérite de tous les autres.

  6. Une fois de plus un excellent résumé de notre société actuelle !
    La sobriété heureuse est plus aisée a envisager passé le cap des 50 rugissants !
    Il faudrait trouver un “.motivateur” puissant et gratifiant pour notre jeunesse dejà fort habituée á l’internet débile , au plaisir immediat partagé avec tous sur insta ! Penible labeur d’éducation dont nombre de parents ont renoncé !

  7. “Le répertoire des concerts symphoniques s’arrête en 1950 parce que les compositeurs contemporains font fuir le public.”

    Donc, Schönberg, Boulez, Xenakis, Stockhausen, Maderna, Leibowitz, Babbitt, Cowell, Feldman, Brown, Cage, LaMonte Young, Rzewski, Globokar, Young, Riley, Reich, Glass, Adams, Górecki, Pärt, Tavener, Palestine, Catoire, Goeyvaerts, Lang, Messiaen, Carter, Ligeti, Ferneyhough, Crumb, Lachenmann, Zorn, Zappa, Benjamin, Harvey, Oswald, Aperghis, Dutilleux, Grisey, Hervé, Murail, Pauset, Pintscher, Taïra, Nono, Fedele, Scelsi, Takemitsu, Denisov, Goubaïdoulina, Donatoni, Naon et tous les compositeurs qui ont essayé de se délier du poids de la tradition, y compris quelques suisses – Jarrell, Blank, Bloch, Dayer, Gaudibert, Holliger, Huber, Kyburz, Lehmann, Zinsstag, Schuler… – sont à proscrire?

    Parce qu’ils remettent en cause les fondements classiques de l’harmonie, du rythme et des formes, en cherchant à produire des sonorités inédites et des formes nouvelles d’organisation des sons, seraient-ils pour autant décadents? De leurs travaux, il n’en est pas moins résulté une émergence de profondes mutations dans l’écriture musicale, qui laissent entrevoir de nouvelles formes d’expression liées à l’utilisation de nouveaux concepts (influences extra-européennes, informatique musicale, musique électro-acoustique, spatialisation, micro-intervalles, théories physiques et mathématiques, …) afin d’échapper au système tonal.

    N’en déplaise aux grincheux qui s’accrochent comme des naufragés à leur bouée aux valeurs sûres des classiques – qui le sont devenus pour la plupart parce qu’ils étaient dans leur temps révolutionnaires – ce n’est que grâce à ces innovateurs que la musique évolue. Le nier, c’est condamner celle-ci à n’être qu’une pièce de musée. Sans doute est-ce rassurant pour le bourgeois, mais n’est-ce pas ce que faisait Hitler? Lui aussi appréciait les classiques.

    1. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je ne demande pas qu’ils soient proscrits mais je constate qu’ils font fuir le public. Consultez les programmes de l’OCL et vous constaterez que le répertoire est essentiellement des XVIIe et du XIXe siècles. Les œuvres contemporaines sont insérées en sandwich au milieu du programme pour éviter que les auditeurs arrivent en retard ou partent en avance. Durant le morceau en sandwich une partie de la salle se vide. Vous pouvez le déplorer mais c’est un fait et je n’ai rien voulu d’autres.
      Quant à assimiler les mateurs de classique à Hitler, c’est un procédé rhétorique qui s’appelle l’amalgame. Je ne suis pas nazi parce que j’aime Bach!

      1. Si vous aimez Bach, vous avez bon goût!
        C’est avec plaisir que je retrouve vos billets – même si je les critique.
        La sobriété heureuse est appelée de mes voeux.
        Mais pour cela, chacun doit balayer devant sa porte. Et il faudrait aussi limiter Internet, qui est loin d’être sobre, ni heureux. Retrouver du lien social est essentiel dans les périodes de crise. Élever son esprit aussi. Accepter le débat d’idée, respecter les petites gens, etc.

      2. Ce n’est pas moi qui fais des amalgames, c’est mon dentiste. Je ne sais quels sortes de sandwiches sert l’OSR à son public, mais à les comparer à des oeuvres contemporaines, qui donc fait des amalgames?

        Soyons sérieux. Bien sûr, ce que vous appelez mon “amalgame” n’avait pour but que de vous provoquer un peu, dans l’espoir que vous réagiriez. Me voici comblé. Ne doutant pas de vos grandes connaissances artistiques, et en particulier dans le domaine musical, je m’en voudrais si vous deviez avoir pris mon rapprochement à titre trop personnel.

        Vous aimez Bach et moi aussi, sans être plus que vous nazi pour autant. Et il m’arrive même d’écouter Wagner, pourtant compositeur favori de l’ami Adolphe. Mais c’est une chose d’écouter Bach – puisque vous le citez – en salle de concert ou chez soi, c’en est une autre de voir un compositeur à l’oeuvre pour en obtenir des contrepoints et sons nouveaux. Or, depuis un certain temps, j’ai la chance de collaborer avec un compositeur et informaticien italien, auteur d’un programme générateur de contrepoints dans le style de Johannes Fux, le maître de Bach, et de son traité intitulé “Gradus ad Parnassum”, qui sert de référence encore aujourd’hui, même aux musiciens de jazz.

        Cet auteur a exposé sa théorie dans un livre encore inédit et, comme souvent pour une invention, ignoré dans son pays, tant il est vrai que nul n’est prophète chez soi.

        A mon avis, son travail mérite d’être mieux connu et vaut bien quelques sandwiches.

        1. Je ne résiste pas au plaisir de citer Woody Allen : “Quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne.”

  8. Votre constat est correct. Toutefois deux remarques:
    1. Si l’on tient compte de l’énergie grise importée, il faudrait, en bonne logique, soustraire celle que nous exportons. Notre balance commerciale étant très nettement positive, il est fort possible que l’énergie exportée est supérieure à celle que nous importons. Mais le fait que nous devons drastiquement la réduire est évident.
    2. La perception de la science par la population a 2 faces. Vous en décrivez une, celle du scepticisme. Je pense qu’elle est liée à notre égoïsme naturel, qui dénigre ce qui le dérange et l’incite à modifier son comportement. Mais comme Janus, la science a une autre face, plus dangereuse, dans notre société. Celle d’une science hégémonique qui, quoi qu’il arrive, finira par résoudre nos problèmes. C’est la vision que la science avait d’elle-même au 18me et 19me siècles. Orgueilleuse et sûre d’elle-même, elle se résume dans le démon de Laplace. La science du 20me siècle et celle du 21me siècle qui commence est paradoxalement plus modeste. Elle sait qu’elle ne saura jamais tout. Le principe d’incertitude d’Heisenberg a tué le démon. Le théorème d’incomplétude de Gödel nous apprend que même en mathématique il existe des propositions improuvables. Mais dans le grand public, qui ne craint pas la contradiction, la science, et surtout la technique sa fille, sont devenus des objets de foi d’une morale laïque qui a tué Dieu.

  9. Il est assurément beaucoup trop tard pour prévenir le chaos qui s’en vient. Celui qui regarde les chiffres devient collapsologue malgré lui. Nous étions pourtant prévenu depuis 1972 (The limits to Growth) et nous n’avons rien fait pour prévenir le désastre en cours. Pire, nous avons accéléré vers la falaise (de Sénèque).
    Certains complotistes pensent que le “vaccin” est la solution finale de certaines élites oligarchiques pour réduire drastiquement la population mondiale et ainsi ultimement sauver leur peau…Ces sociopathes en puissance ont déjà construits leurs bunkers de luxe en divers endroits du globe (Nlle Zélande, Suède, etc.), prêt à les accueillir à tout moment via leurs jets privés… A l’opposé de ce scénario digne de Hollywood, il y a un mouvance humaniste qui souhaite créer une autre fin du monde…Un monde plus humain, avec moins de biens, mais plus de liens (que la zézétique désigne souvent comme étant de mouvance sectaire, N.B : il y a toujours des gardes fous pour maintenir le système actuel comme seule alternative possible…sic.).
    Cette utopie pour être soutenable nécessite une terre en bonne santé (et non pas dégénérée et malade). Nous devons travailler à notre résilience dès aujourd’hui (à l’école, dans l’éducation, recommençons à réapprendre les gestes de survie, à faire pousser nos aliments, la permaculture…), sortons des solutions chimiques (pesticides), plantons des arbres, beaucoup d’arbres, partout, verdissons nos villes, limitons l’immigration (non ce n’est pas une solution pour nos retraites) et le bétonnage de nos territoires. Pour aller plus loin, voir l’excellent travail de La fabrique Spinoza.

  10. “Les mesures réelles déjà prises ont réduit la production de CO2 par tête d’habitant. Mais comme la population a augmenté, le bilan global est le même.”, écrivez-vous. Cela n’est pas du tout correct.
    Certes, à émissions totales égales, si la population croît, le quotient diminuerait. Mais, en tenant compte des émissions effectives de CO2 dans le pays, on constate qu’on est passé du maximum historique de 45,93 MtCO2 en 2005 à 36,85 MtCO2 en 2019, soit une diminution notable de 19,77% en 14 ans, et, pour tous les gaz à effet de serre, du maximum historique de 55,49 MtCO2éq en 2005 à 46,22 MtCO2éq en 2019, soit une diminution de 16,7% en 14 ans.
    Par rapport à l’année de référence 1990 fixée par Kyoto, les diminutions sont de 17,2% et de 13,9%. Il y a donc bien une réduction réelle et sensible des émissions. Il faut corriger cette opinion négative de la situation en Suisse que donne ce post.

    1. D’accord mais cela reste trop peu. ” Les émissions de gaz à effet de serre sont inférieures de 14% à celles de l’année de référence en 1990. D’après les estimations actuelles, la Suisse devrait manquer son objectif climatique pour 2020 de réduire de 20% ses émissions par rapport à 1990.” (TSR)

  11. Mettre des objectifs ambitieux est nécessaire pour la recherche et le comportement du consommateur. Mettre des objectifs inatteignables découragent les bonnes volontés. Une tesla à l’arrêt consomme un plein tous les 30 jours en hiver et un plein tous les 45 jours en été. Je ne pense pas que la tendance actuelle permettrait de réduire la consommation, même pas de 30%. Je ne comprends toujours pas qu’est-ce que la Suisse et l’Occident attendent avant de lancer des programmes d’énergies solaires ambitieux et déterminants. Ils ont ruiné les économies en 2 ans avec tout l’endettement pour mettre au chômage les millions & tester et inoculer ce vaccin-poison.

    1. Si ce vaccin était vraiment un poison, la moitié de la population suisse (vaccinée) devrait être morte:

      1. Les complotistes qui parlent d’un vaccin-poison se rendent.ils comptent qu’au cas où leurs prévisions apocalyptiques se révèleraient exactes ils vivraient un véritable enfer. Imaginez une très large fraction de la population gravement atteinte dans sa santé, voire décédée. Les survivants vivraient dans un total chaos, d’autant plus que c’est dans les professions les plus indispensables à la bonne marche d’une société que l’on trouve les taux de “vaccination-poison” (!) les plus élevés. Mieux vaudraient encore être mort que “vivre” dans un tel monde totalement effondré!

        1. Ne soyez pas à ce point pessimiste. Vous n’allez pas tous mourir prématurément, mais les témoignages de certains vaccinés font froid au dos. Monter l’escalier est devenu problématique pour certains, etc. Ceci n’est pas le sujet de cet article et je ne souhaite pas le polluer davantage avec le vaccin ! La confédération a pris l’engagement de traiter à ses frais tous les effets secondaires. On va voir comment ils vont dédommager les familles des décédés. Les avocats ne vont pas chômer.

          1. Et les effets secondaires du Covid, vous en avez entendu parlé ? Pour l’instant, j’entends plus de problème sur la durée pour ceux qui ont été victime du Covid que pour ceux qui ont été vaccinés. Ma parole contre la vôtre. Vous avez un autre argument ?

          2. Ou il y a de sérieuses conséquences et généralisées (ce qui devrait être le cas selon les anti-vaccins qui annoncent le pire), et mon commentaire est pertinent, ou il n’y a éventuellement que des effets limités et sans grand impact sur le fonctionnement de la société (et rien ne montre pour le moment qu’il doive en aller autrement) et alors c’est le discours des anti-vaccins qui ne tient pas. Ce ne peut être à la fois l’un ET l’autre!

  12. Votre article résume à la perfection le problème du CO2 : ce n’est pas un sujet technique, mais un problème religieux. Il est infiniment moins cher de réduire la production de CO2 en Afrique (restauration des mangroves, limitation de la déforestation, fourniture d’engrais pour éviter la culture sur brûlis…) qu’en Europe. Et pourtant, vous qualifiez cette approche d’immorale. Tout en admettant qu’un litre de CO2 en Afrique est équivalent à un litre de CO2 en occident. Le mécanisme de compensation permettant de réduire la production de CO2 là où c’est le plus facile et le moins cher est donc le plus pertinent mais vous le rejetez car votre approche est binaire : c’est l’occident le coupable inventeur du moteur à explosion, c’est lui qui doit payer le plus. Même si la Suisse représente 0.1% de la population mondiale, elle doit montrer l’exemple. Et souffrir. Christianisme dévoyé comme dirait Chesterton.

    1. Il faut diminuer la production de CO” là où elle est surtout produite et là où en on a les moyens. Ce n’est pas de la religion mais du bon sens.

    2. Donc vous êtes pour rejouer la colonisation ? Si les pays pauvres déforestent, utilisent des techniques destructrices pour assurer leur alimentation, utilisent du charbon pour produire leur électricité, c’est pour améliorer leur niveau de vie. De quel droit interdisez-vous ce droit alors que vous vivez confortablement grâce au fait que vos ancêtres ont fait pareil pour améliorer leur conditions.

  13. Nous avons criminalisé les crottes de chiens et les mégots sur les trottoirs, mais nous refusons de criminaliser les dizaines de kilos de poussières de caoutchoucs et les tonnes de CO2 que rejettent chaque automobile. Pourtant les conséquences sur l’environnement sont bien plus néfastes.
    Actuellement, il existe une forte pression pour faire passer la moralité suivante: celui qui paie est en droit de polluer. Cela peut paraître une évolution par rapport à la situation précédente (et encore largement dans la loi) où c’est à celui qui est pollué de payer.
    Mais c’est insuffisant: le seul frein à une diminution sensible des émissions polluantes est un changement de moralité. Il faut faire entrer un fois pour toute cette nouvelle règle dans les esprits: polluer c’est mal, gaspiller est criminel.
    Le jour où nous limiterons le chauffage des bâtiments à 20°C et que nous interdirons l’importation de véhicules inefficients, nous aurons fait un premier pas crédible (et indolore) vers nos objectifs climatiques. Tout le reste n’est que gesticulation.

    1. “Nous avons criminalisé les crottes de chiens et les mégots sur les trottoirs, mais nous refusons de criminaliser les dizaines de kilos de poussières de caoutchoucs et les tonnes de CO2 que rejettent chaque automobile.”

      Naguère, Monseigneur Ivan Illich a été excommunié de l’Eglise catholique pour avoir critiqué le Pape, qui condamnait la pilule tout en gardant le silence sur la bombe atomique. De même, le thème de la sobriété ne sert-il pas de cache-sexe à la surconsommation? Prêcher l’austérité quand on ne manque de rien ne coûte pas cher et permet de se donner bonne conscience à bon compte. Le faire dans les bidonvilles de Calcutta ou de Rio est une autre histoire. N’est-ce pas un peu comme rêver de perdre des kilos quand un tiers de la planète ne parvient pas à en prendre?

      Plus intéressant encore, comme celle de l’urgence climatique, la liturgie de la sobriété semble avoir son effet contraire, observable sous nos yeux. Dans mon quartier, depuis que les camions de la voirie portent la marque “Ecologie du déchet”, celui-ci a redoublé. Aujourd’hui, les containers d’ordures débordent, fait jamais observé auparavant.

      Entre sobriété et imposture, où est la frontière?

      1. C’est la bonne question. Le verdissement des partis traditionnels n’est pas une conversion à la sobriété mais un recours à l’imposture : ne surtout pas faire ce que l’on dit.

        1. Effectivement, depuis que l’on parle de crise climatique, la proportion de SUV n’a cessé d’augmenter et bien peu ont eu le réflexe de diminuer leur chauffage ou de se plaindre lorsque cela n’était pas possible. Voilà pourquoi la question doit migrer dans la loi avant d’être pleinement admise sur le plan moral pour que la sobriété ne soit plus une imposture.
          D’une manière ou d’une autre, il faudra bien remettre en cause cette boulimie énergétique.

  14. Vous pointez à juste titre la responsabilité de la publicité, mais je pense qu’il faudrait aller plus loin que le simple constat.
    Car si d’un côté les citoyens sont appelés à la sobriété individuelle choisie, de l’autre côté on les manipule sans relâche en les soumettant aux messages publicitaires pour les pousser à la consommation (y compris sur le site de ce journal où est publié ce blog).
    Pour une partie d’entre nous il est certes possible de résister, mais ne serait-il pas plus simple et logique de commencer par interdire et empêcher la publicité ?
    Une société sobre impliquera inévitablement des changements profonds.

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