Sur l’inflation des votations

Le 13 juin prochain, la peuple est appelé à voter sur cinq objets :

Initiative populaire du 18 janvier 2018 : «Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique»

Initiative populaire du 25 mai 2018 «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse»

Loi fédérale du 25 septembre 2020 sur les bases légales des ordonnances du Conseil fédéral visant à surmonter l’épidémie de COVID-19

Loi fédérale du 25 septembre 2020 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Loi fédérale du 25 septembre 2020 sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme.

Chacun de ces objets vise une des menaces réelles que nous subissons : la pollution, l’épidémie, la transition climatique, le terrorisme. Chacun des citoyens votera selon sa perception personnelle de ces dangers, de ses obsessions, de ses intérêts. Personne n’est capable de maîtriser parfaitement ces quatre domaines de la vie publique, particulièrement complexes et intriqués. Personne n’est à la fois agronome, virologue, climatologue et policier

Ainsi , la campagne votera pour l’utilisation de pesticides et la ville contre : les agriculteurs savent le bénéfice qu’ils en retirent, les citadins n’en perçoivent que les dangers, réels ou imaginaires. En sens inverse la campagne se positionne comme si les dangers pour la santé étaient inexistants et la ville comme si l’économie n’était pas concernée. Personne ou presque n’aura le courage, l’attention, le temps et la compétence pour lire les textes soumis à votation et pour percevoir les résultats concrets de ces législations. Le peuple prendra ses responsabilités, assumera les conséquences et ne pourra se rebeller contre un gouvernement qui est dès lors démuni de toute responsabilité.

Est-ce une démarche raisonnable ? Oui, si l’objectif supérieur est l’adhésion de la population à la loi, c’est-à-dire sa propension à la respecter. Non, si l’objectif était de protéger le pays au mieux de la pollution, l’épidémie, la transition climatique, le terrorisme.

Ainsi,  il y a eu une foule de gestions différentes de l’épidémie, certaines exemplaires comme celle de Taïwan, d’autres catastrophiques comme celle du Brésil. En passant de Trump à Biden les Etats-Unis ont rattrapé une dérive meurtrière. Il y a donc moyen de lutter efficacement contre une épidémie ou bien de laisser aller les choses à vau l’eau. La Suisse ne se situe à aucun des extrêmes mais dans une modeste moyenne. La loi sur le Covid résulte des débats d’un parlement à l’image du peuple, elle n’est certainement pas ce qu’il y a de plus efficace. Donc il vaut mieux accepter une demi-mesure que rien du tout.

Les deux lois sur la pollution par les pesticides se situent aussi à mi-chemin de rien du tout et d’une décision rigoureuse impossible à obtenir en votation populaire. D’un côté on assure que leur application sera catastrophique, que la production agricole baissera et qu’il faudra importer des produits étrangers ne respectant pas les lois suisses. D’un autre côté on soutient que l’usage actuel des pesticides entraîne des affections, éventuellement mortelles. Aucune de ces deux thèses n’est appuyée sur des arguments objectifs. Le citoyen ne peut se déterminer en connaissance de cause. Il votera en fonction de ses préjugés du moment, plus ou moins influencés par les campagnes de propagande, plus ou moins développées et efficaces en fonction du financement à disposition.

Il serait possible d’économiser ces dépenses stériles en utilisant la révolution numérique jusqu’en ses derniers développements. Durant la session parlementaire, chaque vendredi soir, les citoyens seraient invités à valider ou non les votes du parlement durant la semaine écoulée. Le délai référendaire serait réduit à quelques jours et tous les objets seraient soumis au vote populaire. Ne serait-ce pas pousser la logique actuelle jusqu’au bout ? Mais à propos, serait-il encore nécessaire d’avoir un parlement fédéral ? S’il n’est déjà plus souverain aujourd’hui pourquoi le maintenir ?

On répondra qu’il étudie à fond les questions, dans les commissions qui rencontrent les représentants de tous les milieux concernés. Que les deux assemblées discutent au plenum. Qu’elles doivent se mettre d’accord sur le même texte. Que c’est un lieu privilégié pour la recherche d’un consensus. Que les parlementaires en apprennent et en savent un peu plus que le citoyen ordinaire. Sans doute. Mais alors pourquoi donner au peuple le pouvoir de les contredire ? Pourquoi tolérer que des intérêts particuliers, munis de bonnes finances, puissent bâtir cette contradiction ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

36 réponses à “Sur l’inflation des votations

  1. Très bonne analyse et excellente conclusion. En gros, on pourrait résumer votre argumentation par: “trop de démocratie tue la démocratie!”. La Suisse a probablement été un peu trop vers un des extrêmes en donnant trop de pouvoir de décision à une “majorité” (qui, en fait, compte tenu des participations aux scrutins, n’est qu’une minorité) qui n’a pas les moyens de pouvoir réellement se déterminer en toute connaissance de cause quand les sujets sont trop complexes (et je me place aussi parmi ceux dépassés par certaines questions qui sorte de mes compétences, même si j’essaie de m’informer le plus et le mieux possible; ce que tout le monde ne fait pas d’ailleurs, il n’y a qu’à voir les commentaires avant ou après votations où parfois les gens n’ont même pas compris sur quoi on devait vraiment se prononcer). C’est un peu comme si on demandait aux passagers d’un paquebot naviguant dans une zone d’icebergs ou de récifs de voter à chaque manoeuvre s’il faut mettre la barre à gauche ou à droite, ralentir ou accélérer, alors qu’une grande majorité n’a aucune notion de navigation! Déjà, que même quand ce sont des professionnels qui décident cela peut mal se passer (voir le Titanic ou Costa Concordia!) mais, heureusement, quand même très rarement dans ce cas.

    1. Ce n’est pas mon idée. Cessons plutôt de le contredire à tout bout de champ.

      1. S’il était plus représentatif de la population…

        Il y a certes plus de femmes, mais c’est toujours le même profile (universitaire, au chômage ou planqué dans la fonction publique ou associée).

        Plein de petits et petites Alain Berset, en vert, en rose, en bleu, en brun,… mais toujours ce profile de csp+ qui n’ont jamais travaillé dans le secteur privé (ou alors dans un lobby subventionné).

        Combien de cfc au parlement ?

        1. Dans la commission science. éducation culture que j’ai fréquentée, il y avait 20 cfc et cinq universitaires.

          1. C’est un parlementaire populiste qui a fait cette proposition, tout comme Trump aux Etats-Unis.

          2. Vaud
            (avant 1ère élection au parlement)

            – Bendahan, uni, jamais travaillé (hors état);
            – Borloz, brevet fédéral, fils de;
            – Brelaz, epf, jamais travaillé (hors état);
            – Buffat, brevet fédéral, jamais travaillé (hors banque d’état);
            – Chevalley, uni, jamais travaillé (hors état);
            – Crottaz, uni, travaillé pour l’Etat, puis cabinet privé;
            – de quattro, uni, travaillé pour l’Etat, puis quelques années comme avocate;
            – Feller, uni, lobby (chambre immobilière);
            – Grin, agriculteur, fils de;
            – Maillard, uni, jamais travaillé hors état/lobby;
            – Marra, uni, lobby;
            – Michaud, uni, lobby;
            – Moret, uni, avocate;
            – Nicolet, agriculteur, fils de;
            – Nordmann, uni, jamais travaillé hors état/lobby;
            – Pointet, uni, informatique;
            – Porchet, uni, lobby;
            – Python, epf, pas clair;
            – Wehrli, uni, événementiel.

            Sur 19, deux agriculteurs, 2 brevet fédéral, et aucun salarié. Au mieux, des indépendants (avocats, médecin) ou fondateur de sa propre société…

            Sur 19, pas un seul qui a eu un supérieur hiérarchique ou la peur de perdre son emploi. Ils ne sont pas représentatifs mais légitimes (vu que les rares qui votent ont le même parcours ou croient l’avoir)

            * je me suis fondé sur wiki et précise que lobby n’est pas péjoratif.

          3. Je suis bien d’accord avec la constatation que le parlement n’est pas représentatif et qu’il ne peut l’être à cause de son caractère de milice qui empêche d’en faire un moyen de gagner sa vie. Impossible pour le salarié ordinaire du secteur privé de se porter candidat.

          4. Le parlement péruvien a soutenu cette proposition par 49 contre 39…

            Et le foufou qui a fait la proposition est certes populiste mais aussi … universitaire et même médecin…

            pauvre monde.

          5. “…son caractère de milice qui empêche d’en faire un moyen de gagner sa vie.”

            Vous croyez vraiment qu’un ouvrier ou un autre salarié perd de l’argent en devenant député ? Vous pensez que la caissière ne s’en sortirait pas financièrement avec “seulement” 130’000 francs par an pour un mi-temps ?? Dans quel monde vivez-vous ?

            Je cite:”En fonction du nombre de journées de séances et de leur fonction, les députés se voient allouer entre 130’000 et 150’000 francs par an à titre de rétribution et de défraiement.”

          6. Cette somme ne représente pas un salaire net mais comporte les frais de déplacement qui sont obligatoires. Ceux-ci consomment à peu près la moitié du total. Du salaire doit encore être déduit la contribution obligatoire à la caisse du parti. La contribution de la Confédération à la LPP est dérisoire. Pour vivre correctement un parlementaire a besoin d’une autre source de revenu ce qui explique que la majorité soit impliquée comme indépendant ou employé d’un lobby.
            D’autre part la fonction de parlementaire n’est pas un mi-temps si on veut l’effectuer sérieusement. Au point que les plus fortunés engagent un assistant.

          7. moi, je prends les 67’209 fr. net de M. Schwaab (2017) + 48’442 fr d’indemnités pour charges (non vérifiées, donc fillonnisables sans risque pénal… 🙁 ).

            https://www.schwaab.ch/transparence/

            Vous êtes conscient que 67’000 fr. net est plus que le salaire médian suisse à plein temps (6538 fr. brut par mois) ?

            🙂

          8. 6538CHF par mois fait 78456CHF par an. Le revenu du parlementaire est soumis à l’impôt. Il n’est pas net, pas plus que le salaire médian. Vous démontrez que le salaire du parlementaire est inférieur au salaire médian.
            Les charges ne sont pas filonisables puisqu’il s’agit des frais de logement et de nourriture lors des séances à Berne, calculés au plus juste d’ailleurs et impossibles à éviter..
            Si les parlementaires étaient mieux rémunérés, ils ne se recruteraient pas, comme c’est le cas, parmi ceux et celles qui ont un revenu par ailleurs.
            Enfin c’est le type même d’emploi précaire puisqu’il est soumis tous les quatre ans à élection

          9. 77’361 fr. (site de Schwab), soit un salaire annuel net de 67’209 après déduction des cotisations sociales.

            Le 78’456 fr. est certes plus élevé, mais soumis a des cotisations sociales également plus élevées…

            Pour les détails:

            https://www.tdg.ch/suisse/parlementaires-federaux-gagnent-vie/story/23047510

            https://www.parlament.ch/fr/services/news/Pages/sda-mk-info-2017-05-23.aspx

            > voir le lien vers l’étude de l’unige, en bas de page

            “Finalement, les chercheurs remarquent que par rapport au secteur privé, le salaire horaire des parlementaires est «généralement plus élevé». Mais si toutes les activités directement liées au mandat sont prises en compte, il est alors inférieur à celui pratiqué dans le privé.”

            https://www.rts.ch/info/suisse/10698874-revenus-et-avantages-ce-qui-attend-les-nouveaux-elus-sous-la-coupole.html

            Je note par exemple (filonisable):
            ” Pour le socialiste vaudois, le forfait de 33’000 francs dévolu notamment à l’engagement de collaborateurs n’est pas suffisant. “Certains parlementaires gardent cette enveloppe pour eux, car ce n’est pas crédible d’engager quelqu’un qui a le niveau de compétence nécessaire avec une somme aussi petite.””

            Je ne vais pas vous demander si vous aviez un assistant parlementaire 🙂

      2. Vous êtes parmi les rares personnes, qui n’ont plus de mandats officiels, et qui connaissent de très près à quel point les intérêts privés et particuliers de la majorité des parlementaires sont souvent en contradiction avec l’intérêt du peuple. Dans un monde idéal il faudrait créer un bassin de personnes qui auraient les compétences variées & nécessaires afin de choisir au hasard dans le respect dans les proportions des forces politiques, les payer correctement et contrôler leurs intérêts. Même le CF qui a profité de l’état d’urgence pour casser la tirelire que nous essayons de remplir pour combler les 100 milliards de déficits s’est montré gaspilleur et défaillant. Beaucoup de personnes honnêtes se transforment après une élection en laissant leurs consciences au repos.

  2. Oui, drôles de votations. Pour la loi Covid, ça arrive après le déluge et le résultat sera peu lisible au cas où une nouvelle pandémie devrait nous frapper car la peur change très rapidement les choses. Pour les pesticides, on parle de 10 ans d’adaptation et de subventions conditionnelles, alors que les fabricants de ces produits multiplient les défaites lors de procès où la toxicité de ces substances est avérée. On reparlera donc du sujet assez rapidement en cas de refus. Pour le CO2, les classes moyennes et pauvres seront les plus touchées donc il est normal que la majorité s’exprime avant d’accepter de payer la rénovation de ma maison et l’achat de ma voiture électrique de luxe. A terme, une prise de conscience sur l’enjeu social de la transition sera nécessaire. Il est tout simplement trop tôt pour la Suisse et le green-washing a actuellement le vent en poupe puisque l’industrie y voit une opportunité de forte croissance. Rendez-vous donc dans 5-10 ans quel que soit le résultat de cette épisode.

    Le seul vrai enjeu, ce sont les pouvoirs extraordinaires donnés à la police sous le prétexte de la peur. Il s’agit d’une dérive importante qui remet en question l’état de droit dans un contexte où la surveillance et le profilage numérique est devenu une réalité associé à une poussée d’autoritarisme en général. On se dirige, en effet, dans la même direction depuis 15 ans, certes à petits pas (une petite loi par-çi, une petite loi par-là) pour ne pas effrayer le démocrate modéré.

    Un tel outil entre de mauvaises mains pourrait faire des dégâts considérables. La Suisse dispose actuellement d’assez d’outils en matière de prévention du terrorisme (dont la surveillance numérique) ainsi que la collaboration internationale. On peut déjà agir sur la base l’indices (un simple “like” au mauvais endroit peut vous mener au tribunal). Pas besoin de court-circuiter en plus la justice.

    Et malgré tout ce qui a été dit, cette loi ne comporte quasiment pas de garde-fous. Prenons donc le temps de lire ce texte de loi pour nous faire une opinion éclairée avant de nous prononcer.

    Et si ce texte est incompréhensible, il faudra alors s’abstenir de voter car “dans le doute abstient toi” et une fois en vigueur “nul n’est censé ignorer la loi”.

  3. “On répondra qu’il étudie à fond les questions, dans les commissions qui rencontrent les représentants de tous les milieux concernés. ”
    Cela veut donc dire qu’un certains nombre de personne de notre gouvernement accepte que des enfants de 12 ans puissent être traité comme un vulgaire repris de justice avec cette nouvelle loi ?
    Mais on est complètement à coté de la plaque !
    Art. 24 et suivants font de tous de potentiels terroristes!
    Que dire des journalistes qui vont à l’encontre de l’ordre étatique en publiant des investiguations sur les mensonges d’états? Mensonges d’états qui sont répertorié dans l’ordre étatique puisque juridiquement c’est l’état qui le décide!

    1. On n’est pas ici en France. Ce discours d’extrême gauche ne me convainc pas; je crois dans le bon sens de nos autorités.

      Et les attentats de Vienne nous montre l’importance de revigorer nos services de renseignement.

      #NoLiestal

      1. Des autorités qui, pendant 40 ans et dans la plus grande opacité, ont fichés et surveillés près d’un million de citoyens au motif que leurs aspirations politiques semblaient suspectes.
        Il n’y a pas que les potentiels terroristes, qui peuvent aller à l’encontre de “l’ordre étatique”.

  4. @VIV

    “jamais travaillé…”?

    Enfin des parlementaires intelligents.

    “Le sot cherche les emplois et le plus souvent il les trouve.” – Chateaubriand

    “La noblesse se conquiert par l’épée et se perpétue par l’oisiveté.
    Ne rien faire est noble. Avoir un métier déchoit”. – Victor Hugo

    “On ne m’a pas mis sur Terre pour m’tuer à travailler…” – Eddie Constantine

    “Ce sont les imbéciles, dont notre société capitaliste fait une grande consommation, qui sont assurés de trouver ici ou là un emploi rémunérateur.” – Henri Roorda

  5. Permettez-moi un éclairage en partie identique, en partie différent sur les votations qui nous attendent, mais focalisé uniquement sur la loi CO2, non traitée dans l’article.
    La problématique climat-énergie atteint un degré de complexité inouï. Flash-back rapide sur les faits essentiels, excluant le Protocole de Kyoto (1997), et le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (1992).
    (Vérifications bienvenues)
    – Accident nucléaire de Fukushima, 11.03.2011
    – Suspension le 14.03.2011 par le Conseil fédéral (CF) des demandes de construction de nouvelles centrales nucléaires.
    – Décision du CF d’abandon progressif de l’énergie nucléaire, 25.05.2011.
    – Accords de Paris (COP 21), 12.12.2015. (Prochaine COP: COP 26 à Glasgow, 11.2021).
    – Loi sur l’énergie (LEne) de l’Assemblée fédérale, 30. 09.2016.
    – Approbation de la ratification de l’accord de Paris par le CF, 21.12.2016.
    – Aboutissement le 31.01.2017 du référendum contre la loi du 30.09.2016 sur l’énergie (LEne); 68’390 signatures valables.
    – Acceptation par le peuple le 21.05.2017, de cette loi sur l’énergie (LEne), par 58,21% de “oui”, et une participation de 42.89 %.
    – Adoption parlementaire de la ratification du CF de l’accord de Paris: synthèse 06.10.2017, Conseil national 02.03.2017, Conseil des Etats 16.06.2017.
    – Révision totale de la loi sur le CO2, 25.09.2020. Conseil national “oui”: 64.5% ; Conseil des Etats “oui”: 72%.
    – Aboutissement le 12.01. 2021 du référendum contre la révision totale de la loi sur CO2 (plus de 110’000 signatures déposées).
    – Décision référendaire à venir 13.06.2021.
    Il ressort clairement de ce parcours politico-juridique tortueux que les politiques ont réussi à imposer au peuple leur agenda et leur vision en la matière. Toutes les décisions importantes sont prises à l’emporte-pièce par une alliance tacite et perfide entre le CS et une majorité hétéroclite de parlementaires. Face à une telle association de filouteries, il n’a resté au peuple, pour la forme, que le recours au référendum contre la LEne, référendum bien entendu voué à l’échec. La même histoire est malheureusement en train de se répéter avec le référendum contre la loi CO2.
    On touche là à une faiblesse structurelle de notre démocratie semi-directe. Une crise se produit lors de désaccords graves entre le peuple et une certaine majorité d’élus exerçant le pouvoir. Cette crise peut se résoudre par référendum. Mais contre une loi votée par le parlement, nos représentants ne veulent pas renier ce qu’ils viennent de voter, et vont même jusqu’à s’obstiner dans une stratégie dont ils savent pertinemment que ses objectifs ne pourront pas être atteints. Le peuple est lui très mal à l’aise car il lui faut admettre qu’il n’a peut-être pas bien choisi ses députés. De lois bancales en référendums inaboutis, les mauvaises solutions finissent presque toujours par s’imposer. Cette mécanique porte un nom: l’enlisement. Elle est typiquement à l’œuvre dans ces questions imbriquées de climat-énergie. (Je renvoie au superbe texte des Misérables “Pour le sable comme pour la femme il y a une finesse qui est perfide” – une description métaphorique saisissante de lyrisme de l’enlisement)*
    Il est superflu d’épiloguer. L’enlisement ne tue pas directement*.

    * Les féministes vont monter au créneau et les scientifiques se gausser de l’ignorance de Victor Hugo du principe d’Archimède; l’enlisement n’ensevelit ni ne noie. Il laisse seulement le malheureux à la merci d’une bonne âme qui vienne le tirer d’affaires.

  6. “La suppression du parlement” est loin d’etre a l’ordre du jour. Les lobbies sont bien trop contents de pouvoir diriger voire forcer les parlementaires a voter dans leurs interest. Ils sont tres souvent les petits soldats zeles des puissances financieres en tous genre.
    Ils seraient (les lobbies) paniques de perdre ce levier vital.

  7. 1) le peuple a toujours raison
    2) le parlement a toujours raison
    3) le président a toujours raison
    Et maintenant choisissez l’option la plus correcte !?
    réponse au prochain numéro …

      1. Pour être plus précis – certains ne reconnaissent pas leur tort.
        Et c’est dommage, car tout le monde peut se tromper, ou être trompé de manière malhonnête.
        Et cela est vrai depuis le simple citoyen jusqu’au sommet de l’Etat.

    1. Un patron à son employé:

      – Il ne sert à rien d’avoir raison.

      L’employé:

      – Mais coooomme vous avez raison…

  8. La convention citoyenne sur la politique climat initiée par Mr Macron m’a fortement interpellé. Si j’ai bien compris on a sélectionné par tirage au sort des citoyens pour proposer une politique énergie . Mais surtout tous ces citoyens ont été formés aux lois de la thermodynamique, de la climatologie, etc… Avec au final des propositions qui semblent très pertinentes . Avec malheureusement un enterrement politique de première classe
    Pourquoi ? parce que l’horizon des décideurs est le résultat de la prochaine élection ?
    D’autre part je ne suis pas certain que Sarkosy par ex ait une compréhension plus fine de la problématique climatique et de ses conséquences que la moyenne de la convention citoyenne

  9. La documentation pour les prochaines votations, que je viens de recevoir aujourd’hui, illustre à la perfection les limites de notre système de démocratie directe que M. Neirynck met en évidence dans son blog; une brochure “explicative” de 144 pages !! Alors soit c’est un gaspillage éhonté de papier, soit il faudrait réellement lire ces 144 pages pour voter en pleine connaissance de cause. Qui va le faire?! Comme je l’ai dit plus haut, on va donc arriver à des décisions pouvant sérieusement affecter l’avenir de notre pays prises par une minorité de citoyens, dont la plus grande partie n’aura pas conscience des vrais enjeux et n’aura pas compris quelles pourraient être les réelles conséquences (si, déjà, elle aura compris sur quoi on vote réellement, ce qui n’est de loin pas assuré quand on lit les commentaires sur les réseaux sociaux). Vous avec dit “démocratie responsable”?!

    1. Je vous remercie pour ce commentaire qui résume parfaitement ma thèse: une petite minorité des habitants décide en toute méconnaissance de cause sur les objets les plus graves. On pourrait tout aussi bien jouer le résultat en tirant à pile ou face.

  10. Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse. J’avoue que je suis heureuse de pouvoir Voter et donc apporter ma voix à la politique mais même si j’essaie de me renseigner au mieux avant chaque votation, comparer les informations pour le oui et le non, les citoyens se retrouvent à prendre des décisions qui vont bien au-delà de leurs connaissances.
    Les citoyens sont faits de contradictions: on va imposer un une agriculture 100% bio et on achète des produits transformés ou plats préparés sans contrôler l’origine des ingrédients, on veut une eau potable “propre” alors qu’on n’achète que de l’eau en bouteille, on va imposer des réductions d’émissions de CO2 en Suisse et achète en continu des produits +/- utiles sur des grandes plateformes marchandises faisant les produits à travers le monde, on ne veut pas se faire imposer une loi sur la surveillance mais on dévoile toute notre vie sur réseaux sociaux (entre autres), on n’en peut plus des restrictions sanitaires mais on va voter pour que la loi Covid nous protège…
    [ok, j’ai volontairement poussé le trait]
    et en cette période de pandémie prolongée, les esprits sont à bout de nerfs, pas sure que le choix soit des plus raisonnés mais cela fait plus d’un an que nous faisons preuve d’une capacité de résilience extraordinaire, alors je reste optimiste pour l’avenir 😉

  11. Comme en Suisse le financement des partis politiques est totalement opaque…(on se demande bien pourquoi ???) on pourrait envisage le tirage au sort. On serait sans doute surpris de la conscience politique du citoyen et de l’engement de celui-ci, en comparaison de celui d’un parlementaire ayant fait des etudes de droits et qui se prononce sur des sujets lies a l’agriculture, a la science, a l’economie, a la sante, sans que cela semble vous poser le moindre probleme.
    Le citoyen n’est pas bon qu’a voter pour vous lors d’elections, il a aussi une conscience, est capable de reflexion au meme titre qu’un juriste, qu’un medecin.
    C’est surprenant de constater que quelqu’un qui a, pendant des annees, sollicite les voix des gens, a une bien pietre opinion de leur capacite a reflerir. Le citoyen est il juste capable de cocher des noms sur une liste ?

    1. Lirez-vous les 144 pages de la brochure qui explique la nature des votes du 13 juin? En supposant que vous le fassiez quel est le pourcentage des électeurs qui le feront?

      1. Vous avez raison – je me rends compte qu’il est de plus en plus difficiel de voter, chaque année. Mais le problème de fond ne vient sans doute pas de la démocratie, mais de l’excès de législation et de légalisme. Notre civilisation est devenue complètement accro au droit. Elle croit que de rajouter des lois résout tous les problèmes que nous rencontront dans la vie. Or c’est une illusion à long terme.
        Vous connaissez la maxime – la loi est faite pour l’homme, pas l’homme pour la loi.
        Nous sommes en train d’expérimenter cela.
        Mais je n’ai pas de solution à proposer. C’est un problème civilisationnel – presque spirituel?

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