Les malheurs instructifs

 

Parmelin a échoué à Bruxelles comme tout le laissait prévoir. Non pas de son propre chef, ni de celui du Conseil fédéral, mais sous le chantage permanent d’une consultation populaire qui réduirait à néant tout accord conclu avec l’UE. Il n’est même pas nécessaire que le peuple suisse se prononce, il suffit qu’il menace de le faire.

Le même jour, l’Amérique de Joe Biden s’est engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. C’est que l’épidémie de Covid enseigne depuis un an aux peuples favorisés qu’ils ne sont pas à l’abri d’un fléau de la Nature, dont les effets dépassent tout ce que l’on avait prévu. Ainsi a-t-on compris finalement que le réchauffement climatique pourrait engendrer des effets encore plus catastrophique qu’une épidémie virale, qu’ils n’auraient aucune fin et qu’ils s’aggraveraient de plus en plus. Les conséquences de l’épidémie ont servi de leçon.

Ainsi, au même moment la Suisse campe sur ses positions tandis que l’Amérique fait volte-face.

Pourquoi cette immobilisme suisse ? Où se situe cette différence radicale entre la volonté de faire l’Europe à 27, malgré les difficultés et les discordances, et le refus absolu de la Suisse d’en être, refus insurmontable du peuple et non du gouvernement ?

C’est que tous les Européens, sauf les Suisses, ont connu le malheur. Deux guerres mondiales pour la plupart. Des dictatures fascistes dans les pays du Sud. Des dictatures communistes à l’Est. La seule façon de se prémunir contre ces fléaux du passé est de s’unir. Car la Russie est toujours désireuse de récupérer les pays baltes et capable de s’y livrer. Car les pays méditerranéens ont une tendance naturelle à sombrer dans la dictature. Car les Français et les Allemands entretenaient la sale habitude de s’entretuer sous n’importe quel prétexte et que cela peut leur reprendre.

En revanche, les Suisses souffrent d’être les plus heureux des Européens. Ils sont passés à côté des deux guerres mondiales du siècle précédent, alors que la position centrale du pays le désignait apparemment comme un champ de bataille tout naturel. Mais l’abondance des montagnes découragea les états-majors qui préfèrent la plaine du Nord pour y faire de jolis plans de bataille. La Suisse n’a donc pas besoin de l’Europe pour éviter les malheurs. Ce pourrait être considéré comme un privilège, c’est peut-être une malédiction.

Cette particularité porte un nom, on l’appelle « suissitude », par analogie avec vicissitude et béatitude. En risquant une définition, on pourrait dire que c’est la vicissitude de la béatitude, le malheur de l’homme heureux, la souffrance de la santé, l’ennui de la réussite. Quand on a tout, on ne désire plus rien.

En évacuant leur pays de l’Histoire tragique des hommes, les Suisses se sont aussi exclus du destin commun. En se fixant des objectifs simples, ils les ont atteints sans difficulté. En diluant les problèmes, ils n’ont pas acquis la capacité de les résoudre. En filtrant leurs perceptions par l’éducation, la culture, les coutumes, la religion, ils n’ont rien laissé subsister qui puisse étonner voire scandaliser. En tenant l’étranger à distance, aussi bien dans les relations internationales que dans les procédures de naturalisation, ils ont perdu la possibilité de se confronter à l’autre. En définissant un citoyen modèle, propre sur sa personne, méticuleux dans son logis, conforme dans ses opinions, assidu dans son travail, ponctuel dans son horaire, ils n’ont rien visé que d’ordinaire mais avec un tel souci de perfection que cela en devient extraordinaire. Les autres en sont incapables et c’est bien pour cela qu’ils sont autres.

Il faut protéger la Suisse de ces autres. Mais la protéger de qui exactement ? De tout ce qui n’est pas Suisse. A l’extrême rigueur, on pourrait accepter les Scandinaves qui sont tout autant démocrates, les Anglais qui sont si bien élevés, les Américains qui sont puissants, les Saoudiens qui achètent tellement de montres. Mais les autres, les autres autres ! Les Portugais, les Grecs, les Bosniaques. Ils sont inassimilables.

Pour ne pas parler des Syriens ou des Afghans. Ceux-là il n’est pas possible de les intégrer, maitre mot de la procédure de naturalisation. Ils ont même une religion différente, une véritable provocation! Si on en tolère plus qu’une infime minorité, si on ne les parque pas dans des hôtels désaffectés, des casernes, des refuges de haute montagne, ils finiront par diluer notre essence quasi divine de peuple élu Si les Maliens se noient dans la Méditerranée, cela a un sens, c’est une métaphore de leur projet insensé de vouloir devenir Européen quand on est Africain. Pire que du désir d’être Suisse quand on n’est qu’Européen.

La négociation de Bruxelles serait-elle donc dans une impasse définitive ? Il ne faut jamais dire jamais. Une fois les accords bilatéraux dénoncés par l’UE, la Suisse pâtira forcément. Jusqu’où, jusque quand ? Impossible de le prévoir. Si les malheurs s’accumulent, si le marché d’exportation se rétracte, si la recherche suisse périclite, si les revenus baissent, elle apprendra une leçon et se résoudra alors, contrainte et forcée à adhérer. On ne le souhaite pas, mais il faut l’envisager. L’Histoire est faite de malheurs instructifs, les seuls aux quels les peuples sont attentifs.

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

16 réponses à “Les malheurs instructifs

  1. Il est probable que les sempiternelles jérémiades néo-populistes de l’UDC zurichoise influencent de façon pernicieuse notre gouvernement. Le contre poids toujours en attente des autres partis politiques est aussi surprenant que cette inaction apparente, mutisme, de notre conseil fédéral.
    Seule l’USS (union syndicale suisse) a pris la parole pour attirer l’attention sur les tendances néolibérales contenus dans ce nouvel accord dit global proposé par la CE et le risque potentiel sur les salaires en Suisse.
    La suissitude et la mondialisation semblent brouiller la perception de l’avenir économique de la Suisse en Europe et avec ses voisins. Les 8 Mo de suisses vont devoir s’accorder avec les 440 Mo d’européens (CE) et les 7,4 Ma habitants de la planète occupant les seuls 30% des terres émergées (continents) de la planète.
    Un retour à la réalité humaine est donc souhaitable.

  2. “Comme elle ne l’avait jamais fait auparavant” vous avez emprunté cette phrase favorite, sans le vouloir, au Président Trump; “As we have never did before”. A votre question pourquoi la Suisse veut jouer seul, un proverbe palestinien peut servir de réponse: “Quand tu joues seul, tu es toujours gagnant”, plus sérieusement, vous avez fourni la réponse en décrivant les gens du sud et ceux du nord et le couple qui ne peut pas voir l’un l’autre même en peinture avec 3 guerres destructrices depuis 1870 ! J’ai lu sur le web (je ne retrouve plus le commentaire) que les banquiers européens ne veulent pas de l’Accord-cadre, car il ouvre le chemin aux banques suisses d’aller chasser sur leur terrain ! Bel article et l’amertume de l’auteur renforce sa beauté !

  3. Votre vision multiculturelle, on la trouve dans les anciens pays colonisateurs occidentaux, même la Suède, pas ailleurs. C’est plus une anomalie de l’Histoire qu’une direction naturelle. D’ailleurs, que ce soit pour des questions religieuses ou ethniques, la planète se situe plus dans la “purification” que dans le multiculturalisme : Chrétiens ou musulmans chassés (Pays arabes, Chine, Birmanie, Turquie, …), guerres ethniques (Afriques, …) ou défenses ethniques (Japon, Corée, Chine, …).
    En ce sens, la Suisse est entre deux, mais comme l’Europe de l’Est, elle ne va pas contre l’Histoire.

    Les échanges culturelles ont toujours été importantes dans l’Histoire, mais le transferts de populations, non, même dans les conquêtes du passé. Même les tribus d’Amazonie veulent conserver leurs cultures.

    A mesure que s’éloigneront les années coloniales, l’occident colonisateur se sentira moins coupable de refuser un multiculturalisme pour en rester à un mouvement plus soft.
    C’est l’autre différence, la Suisse comme à l’Est, ne se sent pas un devoir de se racheter face à des populations lointaines.

    Je ne veux pas parler de l’UDC dogmatique, c’est presque maladif. Pour les Suisses, l’UE a beaucoup de défauts, pas dans l’idée européenne, mais dans son fonctionnement. Je pense même que le Suisse est plus européen qu’il y a 20 ans, même majoritairement, mais l’UE rebute.
    Ce qui est reproché probablement à l’UE, c’est que les peuples ont de la peine à infléchir les politiques. Si on prends l’immigration, la politique est contraire à la volonté de la majorité des citoyens européens, la politique se construit en fonction d’intérêts supposés. Je ne suis pas là pour dire qui a raison, mais l’UE se trouve plus dans une situation de monarchie avec sa cour (lobbies, ONG, ….) que d’une démocratie proche du peuple. Tant que l’UE s’affranchit du contrepoids du peuple, les suisses seront réticents.
    Quant aux représentants du peuples européens, ils représentent des dogmes, des idéologies, mais certainement pas les peuples : On peut être de gauche et être contre l’immigration de masse, ou être de droite tout en étant pour une protection sociale. Il n’y a pas de contrepoids du peuple via des initiatives et referendums.

    Quant à l’avenir, elle dépendra plus de l’évolution de l’UE que des difficultés de la Suisses. J’ajoute que la faiblesse criante de la politique de l’UE ne joue pas en sa faveur (l’UE n’est pas prise au sérieux par les puissances), sauf si on a besoin de sa force militaire, auquel cas, il y aurait une intégration par pragmatisme.

  4. Les malheurs instructifs… vous oubliez que l’UE ne peut exister dans sa forme actuelle qu’en contournant la volonté populaire. Depuis quand l’UE n’a-t-elle plus gagné les suffrages d’un état membre? C’est bien le problème avec la Suisse. Depuis 2015, il y a eu 5 référendum dans divers pays membres en rapport avec UE… tous perdus pour l’UE.
    Pour aller un pas plus loin, j’observe que la division va grandissante jusqu’à ce qu’on nomme la chose. Par exemple, Navalny a donné un nom à Poutine avant de se constituer martyr espérant voir pousser la graine qu’il a planté. Quel nom donner à l’UE? A ses débuts, c’était espoir et paix. Maintenant, c’est plutôt néolibéral et empire. Là se situe actuellement la ligne de fracture: ceux qui sont prêts à renoncer à une part de souveraineté et sont favorables au néolibéralisme sont pour l’UE, les patriotes et les syndicats y trouvent à redire.

  5. “En évacuant leur pays de l’Histoire tragique des hommes, les Suisses se sont aussi exclus du destin commun.”

    Ne serait-il pas facile de démontrer le contraire? Quels peuples ont-ils autant pris part au destin commun que les Suisses? Sur le plan guerrier, de Marignan à nos jours, par leurs mercenaires d’abord puis par leur action humanitaire, n’ont-ils pas été présents sur tous les fronts? Dans le domaine commercial, la flotte suisse, aussi modeste soit-elle, ne sillonne-t-elle pas toutes les mers du globe? Et si ce n’est par le transport maritime ou aérien, chocolat et montres ne sont-ils pas là pour rappeler le label suisse partout ailleurs?

    De plus, avec vingt pour cent de sa population d’origine étrangère et malgré l’exiguïté de son territoire, quel pays fait-il preuve d’une plus grande capacité d’assimilation? Même les Etats-Unis, pourtant première terre d’immigration, ne l’égalent pas à cet égard. A leur sujet, et en parlant de guerre, dans leurs 245 ans d’existence, les Etats-Unis ont été en guerre pendant 243 ans. Leurs deux plus longs conflits, celui du Vietnam (10 ans) et celui d’Afghanistan, commencé en 1979 et qui dure encore, se sont produits ces dernières six décennies – la plupart menés sous administration démocrate. Depuis 1776, les USA n’ont ainsi connu que deux ans de paix. Dans ses sept siècles d’existence, la Suisse n’a encore déclaré la guerre à aucun pays.

    Enfin (ou peut-être d’abord), combien de savants, d’ingénieurs, d’architectes, de pédagogues et même de simples particuliers suisses n’ont-ils pas servi les plus grandes puissances? De l’aventurier genevois Lefort, appelé par Pierre 1er de Russie pour fonder Saint-Pétersbourg et créer la flotte impériale russe, au constructeur suisse du pont Verrazzano à New York et du Golden Gate à San Francisco, en passant, en vrac et pris au hasard, par le tessinois Trezzini, bâtisseur de l’ancienne capitale des tsars, le payernois Jomini, tacticien de Napoléon avant de passer au service de son meilleur ennemi, le tsar Alexandre 1er de Russie (on est neutre ou on ne l’est pas), le pédagogue lausannois Edmond Gilliard, éducateur des enfants de Nicolas II, le bourlingueur à la roue Johann Sutter, fondateur de la Californie, le chimiste bâlois inventeur du LSD, qui a mis l’Amérique entière (et pas que) “upside down” dans les “gay sixties”, le barreur Noverraz, sans oublier les michelangéliques Gardes suisses du Vatican, de quel autre théâtre mondial la Suisse s’est-elle exclue?

    Qui faut-il admirer – les peuples qui se sont entre-tués à qui mieux-mieux par la guerre au cours des siècles, le plus souvent pour des futilités, ou ceux qui ont su, par sagesse autant que par courage, volonté, ténacité et force de caractère, s’en tenir à l’écart?

    Bien sûr, je n’exclus pas les côtés sombres de la “suissitude”, ceci d’autant moins que pour avoir été accueilli plus d’une fois par une batterie de DCA Oerlikon, de qualité éminemment suisse, au cours d’une mission bénévole de secours au Biafra, en 1968, je peux vous assurer que la Suisse est bien présente sur tous les fronts, y compris les pires. Grâce à Oerlikon, je ne me suis même jamais senti aussi “at home” que pendant mes vols de nuit, tous feux éteints et dans des conditions pour le moins rocambolesques, au-dessus de la côte du Golfe de Guinée pendant la pire guerre civile qu’ait connue l’Afrique.

    Tout Suisse or not tout Suisse? That’s the question.

  6. Il y a tout de même un discours antisuisse très désagréable dans cet article.

    Bienheureux les Américains qui grâce à Jo Biden peuvent se voir imposer des politiques dont ils ne veulent pas. Et puis il y a cette perle:

    “Les Suisses souffrent d’être les plus heureux des Européens” !

    Ah bon! faudrait-il donc se réjouir d’être malheureux?

    Faudrait-il se repentir d’avoir été heureux ?

    On sent là sous la plume de Jacques Neirynck, un homme qui a choisi la Suisse et qui l’aime, à sa manière, un concentré du complexe antisuisse qui anime pas seulement la gauche, mais aussi tous les euroturbos.

    Non, cher monsieur Neirynck, les Suisses ne se sentent pas supérieurs aux autres. Ce sont en effet des gens modestes qui depuis l’époque de Marignan environ, ont renoncé à la grande politique et tentent de faire ce qui est possible pour assurer le bien commun de leurs petites communautés. Effectivement les autres peuples qui ont été gouvernés par des monarques ou des élites ambitieuses, idéologiques, dotées d’un pouvoir sans frein, ont commis de terribles erreurs qui ont engendré des conséquences tragiques. L’Union Européenne, force est de le constater, est depuis Maastricht un exemple typique de cet hybris, qui a si souvent conduit les peuples européens vers l’abîme. Les Suisses ne blâment absolument pas leurs voisins pour cela, ils souhaitent simplement continuer à s’abstenir de ces excès divers, grandiloquents, absolutistes, gauchistes, fascistes, nazistes, communistes, européistes, etc.

    Personnellement je déplore volontiers aussi, de temps en temps, un certain culte de la médiocrité qui prévaut dans notre pays. Mais je ne vois aucune raison, sous prétexte que la sagesse helvétique est un peu terne, pour que notre pays se lance tête baissée dans l’aberration de cette Union Européenne dont tout le monde sait qu’elle ne fonctionne absolument pas.

    On a beau critiquer Parmelin et parler de lui avec condescendance parce qu’il est agriculteur et n’a pas fait de hautes études, il faut bien reconnaître qu’il a été excellent sur ce coup là. Et la tâche était très difficile. Il a été à la hauteur.

    On a affaire avec un pouvoir impéraliste dominateur qui pose des ultimatums et exige de la Suisse qu’elle se soumette inconditionnellement, en sacrifiant la protection des salaires, la souveraineté et la démocratie directe (c’est à dire la prérogative du peuple de décider en dernier recours, même contre l’avis de l’establishement, qu’il soit suisse ou européen.)

    Une telle exigence est impossible à accepter pour notre pays. Ou alors ce ne serait plus la Suisse mais un pays sujet dominé par des baillis étrangers.

    Il est vrai que nous avons eu pendant trente ans des dirigeants ineptes indignes, qui sautaient sur leurs chaises en criant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! et ces mauvais gouvernants ont fait des promesses inconsidérées en oubliant qu’ils étaient des serviteurs et non des maîtres.

    Le parallélograme des forces s’est modifié. Aujourd’hui, même dans la classe politique, et même à gauche, il n’y a plus de soutien pour un projet d’intégration anti social et anti souverainiste comme cleui qui est sur la table et qui nous est présenté comme non négociable, à prendre ou à laisser (quelle arrogance !)

    La bascule, définitive à mon avis et sans appel, s’est produite quand la tendance Pierre Yves Maillard l’a emporté au sein de la gauche socialiste et que le PS et les syndicats ont décidé de s’opposer à ce genre d’intégration européenne qui veut démanteler l’acquis social.

    Jusqu’à ce moment là, l’effort pour la défense de la patrie avait reposé uniquement sur les épaules d’une droite conservatrice et patronale : l’UDC. Désormais il y a un front populaire uni, trans-partis, allant de la gauche à la droite, contre cet accord cadre. Il est donc caduque.

    Si ces messieurs dames à Bruxelles avaient pour deux sous de jugeotte ils accepteraient ce fait et renonceraient à un accord politiquement impossible.

    Parmelin ne pouvait pas dire à Bruxelles autre chose que ce qu’il a dit, c’est à dire : “non possumus”. Il l’a dit, avec honnêteté et cette parole, qui n’était inspirée par aucun sentiment de supériorité mais par la probité et le simple réalisme poiltique, clôt la discussion. L’accord cadre doit être enterré.

    Parmelin a agi sans gloire mais honnêtement, et il rentrera dans l’histoire pour cette attitude d’homme d’état. Et en attendant, vous allez voir que sa cote de popularité va prendre l’ascenseur. Aujourd’hui tous ceux, et c’est 84% de la population, qui étaient inquiets à l’idée que le Conseil fédéral risquait de brader notre liberté à Bruxelles bei Nacht und Nebel, contre l’avis du peuple, poussent un soupir de soulagement.

    Parmelin nnous a préservé du pire.

    Vive Parmelin!

  7. M. Neirynck n’est pas capable de citer un seul projet européen, parce qu’il n’y en a pas :
    Autant dans le domaine de l’énergie (les Français restent figés dans le nucléaire, les Allemands dépendant du gaz russe ), de la conquête spatiale ( ils ne sont toujours pas capables d’envoyer un homme dans l’espace), ils ne connaissent pas non de secteur technologique fort, leur défense ( toujours sous les jupes américaines) ne leur permettrait pas de repousser les Russes , leur monnaie n’a plus de raison d’être, la diplomatie reste aux mains des États membres , …
    La plupart des questions sont ainsi traitées au niveau national et non à l’échelle européenne!
    Mais quelle motivation de rester dans ce club de bobos …?

      1. Et la recherche, ce domaine qui vous est cher? N’est-elle pas motivée à rejoindre l’UE, ne serait-ce que pour en solliciter la manne financière? La recherche fondamentale ne s’est-elle pas muée en recherche de… fonds?

        N’est-il pas paradoxal de constater qu’autrefois c’étaient les rois et les empereurs qui faisaient appel aux savants suisses – j’aurais pu ajouter dans mon dernier message Bernouilli, Euler et bien d’autres, invités par Catherine la Grande -, comme aux mercenaires, aux architectes et aux vignerons, et qu’aujourd’hui c’est l’inverse – ce sont les chercheurs suisses (certes, ils n’en sont pas responsables) qui se plaignent de ne plus pouvoir accéder à la cour des Grands? Faut-il donc que nos hautes écoles ne soient plus capables d’assurer leur propre relève pour devoir aller chercher ailleurs la matière grise?

        1. La science actuelle est très différente de celle du XVIIIe siècle. Jadis il y avait quelques personnalités que tout pays pouvait recruter en son sein. Aujourd’hui c’est une vaste entreprise avec une concurrence féroce. Il faut recruter les meilleurs dans le vaste monde. C’est ce que les Etats-Unis ont fait durent la seconde moitié du siècle précédent en asséchant le vivier européen. La Suisse a construit son excellence scientifique à son tour par le même procédé, plus la participation aux projets communautaires qui impliquent des capitaux énormes. C’est cela que l’UE peut nous retirer et a commencé de le faire. Nos hautes écoles n’ont jamais été aussi excellentes mais elles ne peuvent se satisfaire du recrutement local dans un pays dont la démographie n’est pas à la mesure d’une industrie de pointe.

          1. Et si on établissait un partenariat scientifique renforcé avec la Chine? La Chine sent bien l’attitude hostile de l’UE envers elle. Elle serait heureuse d’instaurer un échange d’étudiants, de budgets, et une collaboration dans la recherche de pointe avec la Suisse, pays ami depuis 1950. Ce serait l’exemple parfait d’une relation win win. Celà ouvrirait à la Suisse un accès privilégié au marché number one de demain. Il me semble qu’il y aurait là une magnifique carte à jouer, vue l’attitude mesquine et punitive d’une anti Europe dont nous ne pouvons plus accepter ni supporter les chantages perpétuels.

          2. C’est supposer que la Chine n’ait que que de bons sentiments à notre égard et qu’elle n’ait aucune visée impérialiste. C’est une posture naïve engendrée par l’hostilité à l’égard de l’UE.

          3. @JACQUES NEIRYNCK

            “Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge !”
            (Voltaire)

    1. Elle s’appelle normalement l’Europe des Nations et il y a un mécanisme d’aide entre Etats, genre péréquation financière à la Suisse, où le plus fort aide le moins fort. Pas besoin de construire ensemble des pyramides pour justifier son existence.
      Le problème est cette Commission toute puissante qui impose, casse, exige, menace, ligote, dicte, centralise, monopolise, légifère, juge, lève la voix, lève l’index en face des Etats et des partenaires qu’elle devrait accompagner, aider, modérer leurs positions, faciliter leur avancements, communiquer, rythmer, conseiller, etc. Un magnifique projet qui a était mis entre des mains suspicieuses. Il suffit d’observer le nombre de politiques, fonctionnaires et de juges qui mangent dans la petite main de Soros pour être dégouter de cette construction laide et boiteuse.

    2. […]projet européen […]
      Plus de guerres entre nations adhérentes?

      Après c’est effectivement plus flou, mais ces derniers mois ont néanmoins montrés des choses intéressantes.
      Il reste des défis globaux (dépendances de toutes sortes vis à vis de la Chine, des USA, de l’énergie Russe, défis climatique, etc) qui impliquent au moins une forme d’union.

  8. Cher Monsieur, c’est un plaisir de vous lire. Merci pour cette belle réflexion, peut-être un peu teintée d’acidité.

    Oui, il est difficile de faire changer les choses quand tout va bien. La pandémie aura été un bon exemple: nous avons fait pire durant la 2ème vague que la 1ère.

    Et pourtant le monde à changé: le monde numérique se moque de nos montagnes pour nous envahir. Le danger est moins militaire. La mobilité et la globalisation ont modifié la composition de la population.

    Les centres économiques les plus dynamiques de la Suisse fonctionnent comme des écosystèmes totalement imbriqués avec les pays voisins. On estime que presque un Suisse sur 4 est binational. L’accueil de sièges de multinationales a transformé la culture du leadership avec des valeurs parfois différentes. Vu la taille de ces entreprises, le CEO a parfois autant d’influence qu’un de nos 7 sages…

    La Chine (et la l’Asie en général) ont pris une place importante dans le monde. Les USA sont de retour mais n’ont pas réglé leurs problèmes internes. Notre meilleur allié n’hésite toutefois pas à confisquer la prosperité quand elle menace son intérêt. Les banques Suisses ne l’oublient pas. Une taxation minimum des sociétés au niveau mondial pourrait d’ailleurs avoir un impact sur la Suisse en marquant la fin de la concurrence fiscale comme nous avons vécu la fin du secret bancaire: il faudra bien que la 1ère puissance trouve le financement pour sa dette Covid pharaonique.

    Bref le monde a bien changé: les recettes d’hier ne feront pas le succès de demain.

    Par contre, l’humilité qui était une valeur Suisse semble s’être parfois transformée en arrogance. La Suisse n’est plus la meilleure dans de nombreux domaines et est devenue dépendante de l’étranger.

    Combien d’employés en Suisse ont encore un chef Suisse ? Combien de Suisses doivent parler une langue étrangère dans leur profession ? Combien de commerçants sont passés à l’anglais dans leur communication pour atteindre une clientèle expatriée. Nous avons accepté depuis longtemps à travailler avec diverses cultures. Cela fait partie de nos qualités.

    Le principe de neutralité et d’indépendance a vécu: “la Suisse n’accepte pas de se soumettre à des lois ou des juges étrangers”. En réalité, nous avons déjà vendu notre âme en signant divers traités de libres échanges. Nos lois sont déjà régies par ces traités (Chine, USA, etc). Et, en cas de conflit, c’est bien un juge étranger qui tranchera.

    Dans ce monde de grandes puissances, des alliances fortes sont indispensables. La Suisse peut donc difficilement se passer de l’Europe, culturellement la plus proche de nous, surtout si la Suisse fait la fine bouche avec la Chine ou les USA.

    Sinon, avec le temps, la situation économique de la Suisse finira par se dégrader suffisament pour faire accepter un traité par la population. A moins que l’Europe n’en profite alors pour fixer des conditions plus contraignantes quand nous n’aurons plus le choix.

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