Le renard, gardien des poules

 

La Fontaine n’a pas rédigé de fable avec ce titre pour mettre en scène la naïveté de ceux qui confient la garde du plus précieux à un prédateur. Ils découvrent trop tard qu’ils ont déposé leur argent entre les mains d’un escroc, leur enfant à la garde d’un pédophile, le pouvoir politique aux bons soins d’un intrigant. Trump, Bolsonaro, Orban, Poutine en sont des exemples contemporains. L’Eglise catholique s’est rendu compte avec des décennies de retard qu’elle confiait les enfants à des prêtres à la sexualité déréglée. Les investisseurs du monde entier ont fait confiance à Madoff ou à Marcel Ospel. Le Conseil fédéral sera représenté dans l’ultime négociation avec l’UE par Guy Parmelin, le moins europhile de ses membres.

Autant d’accidents de parcours, pensera-t-on. Il est inévitable que dans le commerce entre individus des erreurs de jugement se produisent. Certes. Mais autre chose est le fonctionnement du Conseil fédéral, comme de tous les exécutifs suisses. Selon la règle de la concordance, ils doivent comporter des représentants des partis les mieux représentés au niveau du législatif. Le gouvernement de coalition, ailleurs figure obligée en seul temps de guerre, est une institution perpétuelle en Suisse. Voici sept siècles son peuple a déclaré sa méfiance à l’égard de tous les pouvoirs. Au fil du temps, il a concocté l’acratie, la dissolution du pouvoir, son émiettement, sa dissémination entre plusieurs niveaux, plusieurs partis, plusieurs personnes. N’importe qui peut décider de n’importe quoi:

Dans quelques jours aura lieu à Bruxelles l’ultime négociation entre les gouvernants au plus haut niveau de l’UE et de la Suisse pour décider du futur de la relation entre les deux entités (on n’oserait pas dire les Etats). Notre pays sera représenté par Guy Parmelin, vigneron de son métier, en tant que président de la Confédération, en tête à tête aves Ursula von der Leyen,  bardée de diplômes de médecin et d’économiste. Telle est la Suisse, qui s’enorgueillit d’être représentée par un agriculteur pour prouver que cela vaut bien une universitaire.

Ce n’est pas la seule différence et elle n’a au fond pas d’importance comparée à une opposition radicale. La Présidente de la Commission de l’UE croît au destin de l’Europe. Le président de la Confédération helvétique n’y croit pas. Ce n’est que peu dire. Il représente au gouvernement son parti farouchement opposé à tout rapprochement avec l’UE. C’est encore peu dire. La raison d’être de l’UDC est cette opposition qui fédère dans le parti tous les Neinsagers, ceux qui sont pour ce qui est contre et contre ce qui est pour. Sur tous les sujets. Pas seulement l’ouverture du cœur du continent sur celui-ci, mais aussi contre le vote des femmes, contre la politique sociale, contre les musulmans, contre les étrangers, contre les homosexuels.

De deux choses l’une. Ou bien Guy Parmelin adhère profondément à la ligne de son parti ; ou bien il n’est membre de l’UDC que par opportunisme pour accéder au pouvoir. Dans les deux cas de figure, il est mal placé pour défendre à Bruxelles un dossier qui n’est pas le sien, qu’il ne connaît pas dans le détail, pour lequel il n’a aucun attrait. Il va défendre une cause qui est celle du Conseil fédéral, pas la sienne propre. Il répétera ce qu’on lui a dit de dire. Fera-t-il preuve d’éloquence, de passion, de conviction dans la négociation ? On peut en douter. Il y avait en Grèce antique des sophistes, maîtres de la rhétorique, qui se flattaient de défendre toute thèse et aussi son contraire. On ne fera pas à Guy Parmelin l’injure de l’assimiler à cette détestable coterie.

S’il désirait vraiment conclure à Bruxelles, le Conseil fédéral a donc choisi délibérément le pire avocat. Est-ce un signe de son sentiment profond? Pourquoi n’a-t-il pas envoyé Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères, chargé du dossier depuis longtemps et sans doute moins ignorant de ses subtilités? Est-ce une façon détournée de condamner l’entreprise à un échec certain et d’en imputer ensuite la faute à Guy Parmelin, bouc émissaire tout désigné ? Ou bien est-ce une défiance sur les capacités réelles d’Ignazio Cassis ?

A ces questions, il n’y a pas de réponse claire. Il n’est même pas exclu que l’affaire réussisse, bien que l’on doive plutôt pronostiquer qu’elle finira en eau de boudin. Pendant longtemps le dossier était entre les mains de Roberto Balzaretti, secrétaire d’Etat du DFAE et directeur de la Direction des affaires européennes. On ne voit pas qui pourrait obtenir plus ou mieux que ce qu’il n’a pas obtenu. L’équipée de Guy Parmelin à Bruxelles restera donc une énigme, un symbole voyant du refus d’octroyer la gouvernance au plus qualifié, de confier une once de pouvoir à tous ceux dont la tête dépasse. Le destin de la Suisse est confié au hasard, ce maître de l’évolution biologique, ce gardien de la roulette. Tout pronostic est vain.

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

21 réponses à “Le renard, gardien des poules

  1. Tout pronostic est vain sauf que politiquement il n’existe pas de majorité en Suisse pour accepter un accord cadre, alors que l’UE a fait savoir qu’elle ne cédera jamais sur sa volonté d’abolir les “mesures d’accompagnement” qui permettent une protection minimale des avantages acquis des salariés suisses.

    Vous imaginez une fable de La Fontaine sur le renard gardien des poules mais vous ne croyez pas si bien dire. Le peuple suisse ne veut pas confier ses acquis sociaux au renard bruxellois libre dans le poulailler européen libre, ou les travailleurs suisses seront plumés.

    A part ça votre mépris de classe envers l’agriculteur viticulteur Parmelin est mal inspiré. Nous sommes en Suisse et nous avons connu plusieurs hommes d’états véritables qui ont bien gouverné notre pays alors qu’ils étaient paysans ou ouvriers et n’avaient fait que des études primaires.

    Le conseiller fédéral Parmelin est certainement un homme très intelligent, trop même pour mon goût. Il serait encore capable de sauver cet accord cadre dont tout le monde espère qu’il soit envoyé par le fond définitivement, et ce faisant de trahir le combat acharné de tous ces gens sans qui il n’aurait jamais pu
    parvenir au pouvoir. Je ne suis pas tout à fait rassuré par son appartenance à l’UDC. C’est peut-être un opportuniste.

    Jusqu’à plus ample informé j’espère que Parmelin sera correct et dira la vérité à madame von der Leyen, c’est à dire que la Suisse ne peut pas signer un texte qui serait rejeté en votation populaire. Mais j’aurais préféré que nous soyons représentés par quelqu’un de moins intelligent que lui, par exemple par une incompétente n’ayant pas la tête sur les épaules comme Micheline Calmy-Rey ; je la regrette car elle était tellement imposible et emm… quiquineuse que ces tyrans de Bruxelles ne seraient jamais parvenus à s’entendre avec elle, malgré son désir de se soumettre à toutes leurs volontés et de signer n’importe quoi.

    Je crains qu’avec le finaud Parmelin ces Gessler ne s’entendent comme larrons en foire. On aurait du envoyer Maurer.

  2. Par contre, monsieur Parmelin est connu pour sa courtoisie. Il pourrait donc marquer des points avec Mme von der Leyen, contrairement à monsieur Michel en Turquie.

  3. Le protocole a imposé le choix du visiteur. Le 23 il y aura une visite de courtoisie mais les négociations se font à distance avant et après la visite. Les 2 parties savent qu’un scénario à la Brexit serait mauvais à égalité pour les deux. La Suisse devrait aboutir à un accord avant le départ de Merkel à la rentrée prochaine, sinon les français vont essayer de prendre le lead sur ce dossier, et c’est toujours mauvais avec les français.

      1. Les relations humaines comptent et il en faut plus. Marquage de fin du chapitre de la version actuelle de l’Accord-cadre.

  4. Vous reprochez à Monsieur Parmelin d’être vigneron et non universitaire. Mais maintenant que n’importe quel fils de paysan ou d’ouvrier peut devenir docteur, ministre ou cardinal, comme dirait Edmond Gilliard, quoi d’étonnant si bon nombre de ces universitaires, de ces tertiaires, sont restés primaires, en fait – bien plus primaires que ceux qu’ils se complaisent à qualifier ainsi.

    Et si l’on peut en effet se demander ce qu’un digne fils de la terre fait à la tête de la recherche et de la formation, alors que sa contribution à la dite recherche ne couvrirait pas même une feuille de vigne, à défaut d’étancher sa soif de savoir auprès de l’Oracle de la Dive Bouteille, du moins ne manque-t-il ni de mâche, ni de bouquet.

    1. Il faut relire le texte tel qu’il est écrit. Nulle part il n’est reproché à Parmelin d’être vigneron. Le blog met en scène la rencontre entre un Suisse artisan et une Allemande bourrée de diplomes, ce qui est la réalité et qui dépeint bien la conception du pouvoir en Suisse. Puisque personne ne décide rien tout seul, n’importe qui participe au pouvoir et peut l’incarner.

      1. Je fais partie de ceux qui n’ont aucune (mais alors aucune !) confiance dans les politiciens pour lesquels j’ai une estime extrêmement limitée (c’est un euphémisme).
        De ma vie je n’ai jamais voté pour personne, quel que soit le parti politique (même pas pour moi-même alors que je m’étais laissé embarqué comme bouche-trou dans une élection communale).

        Qu’ils soient bardés de diplômes ou vignerons, je pense que vous pouvez mettre n’importe qui au pouvoir cela revient au même que de tirer au sort : parfois, très rarement et complètement par hasard, une personnalité d’exception sort du lot.
        Pas forcément pour le meilleur d’ailleurs, l’Histoire est là pour nous le rappeler, et souvent à l’insu des électeurs qui n’en demandaient pas tant.

        Donc oui, «n’importe qui participe au pouvoir et peut l’incarner».
        Et ceci quel que soit le système électoral et politique que vous mettiez en place.

      2. C’est vrai, je vous ai mal lu et m’en excuse. Donc, je vous relis:

        “…Guy Parmelin, le moins europhile de ses membres.” Sans doute, mais n’est-il pas aussi – que ce soit par opportunisme ou non – le moins europhobe de son parti? Faut-il déduire de ce qui précède dans vos propos que ceux qui lui ont confié la tâche de représenter la Suisse à Bruxelles ce vendredi sont des naïfs? Si l’on vous prend à la lettre – je m’efforce de lire ce que vous écrivez -, se sont-ils confiés corps et âme à un prédateur, à un escroc, à un intrigant?

        “… il est mal placé pour défendre à Bruxelles un dossier qui n’est pas le sien, qu’il ne connaît pas dans le détail, pour lequel il n’a aucun attrait. Il va défendre une cause qui est celle du Conseil fédéral, pas la sienne propre. Il répétera ce qu’on lui a dit de dire.” Si vous ne reprochez en effet nulle part à M. Parmelin d’être vigneron, faut-il pour autant prendre vos affirmations à son égard pour des compliments?

        “La Présidente de la Commission de l’UE croît au destin de l’Europe. Le président de la Confédération helvétique n’y croit pas.” Vraiment? Pourtant, comme le relève Raphaël Bez dans son article d’aujourd’hui, “Guy Parmelin à Bruxelles, la (bonne) surprise?” (https://blogs.letemps.ch/raphael-bez/2021/04/19/guy-parmelin-a-bruxelles-la-bonne-surprise/), “Guy Parmelin est collégial et défendra, à Bruxelles, la position du Conseil fédéral […]”. “Romand, il connaît les parcours de prédécesseurs comme Jean-Pascal Delamuraz (PLR), René Felber (PS) et Adolf Ogi (UDC) qui ont su agir avec vision, courage et ambition notamment en ce qui concerne le dossier européen […].” “Par le passé […] il a su démontrer ne pas être à la merci de l’aile blochérienne de l’UDC […].” “Pragmatique, il est conscient de l’importance de l’Europe pour la Suisse […].” “Il est en charge de l’économie, de la formation et de la recherche, en tant que chef du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche – trois domaines qui seront touchés les premiers en cas d’échec de l’accord […].” “Enfin, il connaît déjà personnellement Ursula von der Leyen de son temps à la tête du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (2016-2018) […].”

        Si la Suisse était vraiment une acratie, si n’importe qui peut y décider de n’importe quoi – toujours si je vous lis bien et comme vous l’affirmez -, ne serait-elle pas privée de toute forme d’autorité (voir l’article “Acratie” de Wikipedia – https://fr.wikipedia.org/wiki/Acratie). Difficile, dès lors, et en particulier dans la gestion de la crise sanitaire en cours, d’expliquer les réactions populaires à ce que certains qualifient même de “diktat” des dites autorités, vous en conviendrez.

        Si votre conception de l’acratie comme caractéristique du régime politique suisse est intéressante, en revanche ne manque-t-elle pas de nuance? Tout réduire à un simple mot ne revient-il pas en réalité à faire ce que vous décriez – un sophisme? Ni Protagoras, ni Critias ne vous auraient désavoués, sans doute. Soit dit en passant, “cette détestable coterie” ne formait-elle pas moins l’élite athénienne, à laquelle Platon a été formé avant de se retourner contre ses maîtres (comme c’est souvent le cas chez les élèves trop brillants)?

  5. “Ursula von der Leyen, bardée de diplômes de médecin et d’économiste” .
    On ne peut pas dire que cette dame se soit illustrée depuis qu’elle occupe le poste de présidente de la commission européenne, qui ne lui confère d’ailleurs aucun pouvoir .
    Si M. Neirynck pointe du doigt ” l’acratie suisse “, il devrait alors analyser plus en profondeur celle de l’UE où le pouvoir est encore plus mal défini : entre un président inexistant , une commission qui travaille mais ne fait que proposer , un parlement à la solde des lobbies, des chefs d’Etats membres qui n’arrivent jamais à se mettre d’accord , … , on ne compte plus les divergences qui font de cette institution une masse informe sans tête ni projets ! Et à la fin , c’est l’Allemagne qui tire les ficelles , les autres ne faisant plus le poids !
    Drôle de club où la plupart cherchent avant tout à puiser dans la caisse ! On se rappelle d’ailleurs de la célèbre phrase de M. Thatcher “I want my money back ” ! Et bien , en quarante ans , rien a changé …
    Dans ce contexte chaotique de désunion , le bon sens paysan d’un vigneron reste tout de même une valeur sure face aux discours de façade des 27 que plus personne n’écoute !
    Plusieurs présidents américains se plaignaient d’ailleurs de pas savoir en ce qui concerne l’UE quel numéro de téléphone il fallait composer !!!
    Alors se moquer du pouvoir suisse est à des années lumière de la réalité politique !

    1. Voici ce qui est écrit : “Telle est la Suisse, qui s’enorgueillit d’être représentée par un agriculteur pour prouver que cela vaut bien une universitaire.” Nulle part la politique suisse n’est moquée, mais décrite dans toute sa complexité. Faute de répondre sur le fond, ce commentaire m’attribue une thèse qui n’est pas la mienne.

  6. Comme dans le cas de l’Angleterre, c’est le choc entre la technicité des européens et de l’identité (héritage culturel)
    L’UE a montré sa difficulté à comprendre l’Angleterre, d’autant plus pour un diplomate français dont son héritage culturel n’est pas en faveur de la régionalité.

    Parmelin le vigneron, n’est pas un populiste ( même si son parti l’est), contrairement à Bojo et les “souverains” de l’Est. Dans sa mentalité, il représente une grande partie de la Suisse, mais aussi des oubliés qui vivent entre les villes de l’Europe de l’ouest et du centre.
    Face à l’UE, la froide technicienne et bureaucratique, je suppose que son rôle sera de jouer l’émotionnel.

    U. von Leyen représente bien cette UE, intellectuelle, élitiste, et Parmelin représente bien l’autre Europe. Parmelin devra donc faire oublier la Suisse des banques, une Suisse antipathique, pour une Suisse de la terre, de traditions.

    J’ajoute, que si la Suisse cherche au mieux à protéger ses intérêts, l’UE la libérale, fait de même maintenant face à la Chine. L’UE a égratigné son dogme du libéralisme, d’un monde ouvert. L’UE devrait donc mieux comprendre la Suisse, notamment de ne pas vouloir avoir 10-15 millions d’habitants, moins de démocratie et de ne plus avoir cette paix du travail.

    Et pour finir, au vu du nombre d’européens qui travaillent/vivent en Suisse (plus de travailleurs étrangers que de suisses travaillent en Suisse), ennuyer la Suisse, c’est mettre en péril aussi, des emplois européens.

    Parmelin a peu de chance d’arranger les choses, mais c’est loin d’être impossible. On a entendu des chercheurs européens qui sont mécontents que l’UE ait exclu l’Angleterre, Israël et la Suisse de ses programmes de recherche, avec en fond ,une crainte que les US en profitent.
    L’UE est divisé entre les dogmatiques et les pragmatiques. Qui est U. von Leyen ?

  7. On connaît bien l’attachement de Monsieur Neirynck pour la Science, la Recherche, le Monde Universitaire en général et l’Europe en particulier. L’incipit « sans parti pris » est donc à lire au second degré. Je ne vote pas UDC mais ce mépris pour la profession d’agriculteur du Président de la Confédération me paraît intolérable et ce manque de respect ne témoigne pas de l’ouverture d’esprit à laquelle on s’attendrait. « En dehors de l’UE pas de salut », dites-vous, or cela fait plusieurs dizaines d’années que nous prouvons le contraire, en excellente compagnie de la GB qui l’expérimente en ce moment plutôt positivement. En dehors de la surproduction de règlements tous azimuts, l’UE n’a pas apporté la preuve d’une efficacité extraordinaire, elle dont les autorités sont largement influencées par des lobbies souvent plus toxiques que chez nous. S’il faut adhérer, allons-y, mais pas à n’importe quel prix ; notre proverbiale lenteur helvétique sera notre meilleure conseillère !

    1. Je n’ai manifesté aucun mépris pour la profession d’agriculteur. Je constate, parce que c’est un fait éclairant, la discordance entre les dirigeants de l’UE et de la Suisse. Et je suis d’accord que la Suisse est des deux la mieux gouvernée.

  8. “Guy Parmelin à Bruxelles restera donc une énigme, un symbole voyant du refus d’octroyer la gouvernance au plus qualifié”

    Je ne sais pas, mais effectivement, un vigneron détonne complètement dans ces hautes sphères… Je n’habite pas en Suisse (ni même en Europe), et sans dire que je suis “bardé de diplômes”, même si j’en ai plusieurs, mon parcours universitaire m’a fait perdre quelques illusions. J’ai en effet souvent constaté que… (en vrac):

    – La Suisse donne régulièrement des leçons de démocratie au reste du monde, avec son conseil fédéral de 7 membres et ses paliers de gouvernements modulés par la démocratie directe.
    – Plusieurs pays sont dirigés par des technocrates “bardés de diplômes”. Avec quels résultats?
    – Les médecins font de très mauvais ministres de la santé (en tout cas dans le pays anglo-saxon que j’habite, et ou cette situation est devenue quasi-systématique depuis de trop nombreuses années)…
    – La MBA-ïsation de l’économie (merci Elon Musk) n’est pas nécessairement une bonne chose pour l’économie…
    – Les universitaires pèchent parfois par excès de confiance et peuvent se montrer très dogmatiques (comme le montre le mouvement woke, issu des campus nord-américains); par ailleurs ils peuvent aussi avoir une vision étonnamment étriquée de la réalité et afficher un conformisme surprenant. Ils ont aussi tendance à beaucoup aimer l’entre-soi.
    – Certaines universités américaines enseignent la terre plate et le créationisme (d’accord, elles sont heureusement très peu nombreuses, mais avouons qu’il est effrayant de constater qu’un lieu de savoir n’est pas à l’abri de la plus pure bêtise).
    – Un bon démocrate – lire un démocrate idéal – fait appel à une longue liste de qualités, dont font partie l’écoute, le bon sens commun, la capacité à se remettre en question, à reconnaître ses erreurs et surtout, une intégrité à toute épreuve. Des choses que l’on a tendance à ne pas apprendre à l’uni.
    – A mon avis, il est plus important de savoir ce qu’un politicien pense que ce qu’un politicien sait…
    – Je doute qu’un agriculteur ne puisse jamais se montrer condescendant envers qui que ce soit…
    – Je crois que la Suisse a un système politique unique au monde, et devrait se féliciter de ce système où le citoyen est véritablement souverain et dans lequel même un vigneron peut devenir le représentant du pays, ce qui sommes toutes ne doit pas arriver si souvent (au fait, dans mon pays, plus personne n’ose se présenter aux élections sans être avocat, médecin ou économiste).
    – Enfin, personne n’a le monopole des idées.
    – Je dirais que dans le monde merveilleux de la politique, j’ai tout de même tendance à préférer les amateurs aux professionnels…

  9. La réunion d’hier du conseil fédéral fut sans aucun doute une mise à niveau de l’information sur ce que va présenter Parmelin et non pas une séance de travail puisque tout est déjà ficelé par nos fonctionnaires fédéraux depuis quelques semaines.
    La carrière de M. Parmelin étant derrière lui depuis longtemps avec toutes les bourdes dont il a le secret et autres incompétences qui feront de lui le prochain “éjectable” du conseil fédéral.
    Triste bilan, pour ce monsieur peu respectueux des petits métiers qui ont eu à souffrir de cette crise non par paresse mais par le peu d’anticipation de l’équipe dont il est président !
    La Suisse passera sans doute à coté de l’opportunité de se rapprocher de l’europe en préservant ses intérets si elle ne présentera pas une solution lors de cette réunion.

  10. Je trouve ça très bizarre de débattre à perdre de vue sur les caractéristiques socio professionnelles, psychologique et individuelle, sur les diplômes et le style du monsieur qui est, par le hasard du calendrier, momentanément président de la Confédération, raison pour laquelle le conseil fédéral a décidé, à tort ou à raison, de le déléguer pour cette corvée.

    Est-ce le sujet ?

    Ne devrait-on pas plutôt parler de politique? Et dire les choses comme elles sont: l’accord cadre serait la mort de la Suisse en tant qu’état souverain et démocratique, sa transformation en un pays sujet, à la dérive, dominé et soumis pieds et poings liés à une puissance étrangère qui s’empresserait de le dépecer et de le plumer financièrement, à laquelle elle aurait cédé le pouvoir de faire nos lois, et ensuite de les interprèter. Ce serait aussi la perte définitive des modestes avantages sociaux des salariés suisses. Voilà, à mon avis, le vrai sujet. Pas la couleur de la cravate ni le diplôme de monsieur Parmelin.

    Cette façon de présenter les choses en personnalisant à outrance et en parlant que de détails de style, revient à dire que la politique est essentiellement un concours de beauté. Vu sous cet angle madame Doris Leuthard serait une jolie femme brune un peu sotte mais très culottée avec un fort accent suisse allemand que tout le monde aimait bien parce qu’elle était conviviale, Parmelin serait uniquement un vigneron, Cassis un médecin de petite taille ennuyeux et sans aucun charisme, Simonetta serait une pianiste issue d’une grande famille noble de gauche, qui s’est placée à la droite du parti socialiste pour mieux faire carrière, etc. Et ces personnalités auraient été choisies pour les hautes fonctions qu’elles occupent précisément en raison de ces caractéristiques futiles.

    Effectivement, c’est agaçant à constater, mais on doit bien reconnaître que c’est ainsi que se passent les choses. Quelque part monsieur Neirynck a raison de dire que que nos sept sages sont sélectionnés sur des critères futiles. C’est comme un casting, avec une prime au plus médiocre. Surtout pas une personnalité trop marquante, ni trop brillante, surtout pas de convictions fortes, ni une compétence avérée… On demande des gens ternes, dociles, prêts à se soumettre aux injonctions du deep power mondialiste. C’est du moins ce que je constate, en faisant une exception pour Ueli Maurer et en mettant Guy Parmelin au bénéfice du doute. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que notre pays soit à la remorque de l’UE comme il l’est.

    Finalement j’en viens à partager un peu le sentiment de monsieur Neirynck, bien que mon point de vue soit très différent du sien. Ce serait quand même une idée si on essayait de les choisir selon d’autres critères, par exemple en se demandant s’ils sont intelligents ou pas, et s’ils ont la trempe d’un homme ou d’une femme d’état ou pas.

    Ayant dit cela, je divergerai sans doute de nouveau immédiatement d’avec M. Neirynck car probablememnt mes critères de choix seraient à l’opposé des siens. Par exemple je sélectionnerais celles et ceux qui ont prouvé leur volonté de s’opposer au moindre empiètement de Bruxelles, de rétablir une armée forte de défense territoriale, d’appliquer fermement l’art 121 a de la constitution fédérale, de stopper complètememnt l’immigration, de tourner le dos à l’agenda LGBTQJAP++++, de donner un enterrement de première classe au mariage pour tous, de réaffirmer que la Suisse est un pays de civilisation chrétienne et doit le rester, et ainsi de suite.

  11. Choix habile de la Suisse. Rien de tel qu’un paysan pour expliquer à une théoricienne de haut vol que cela ne fonctionne pas sur le plan populaire. Un technocrate suisse aurait bien plus mal à l’aise d’expliquer qu’un tel accord soit irrecevable sur le plan populaire.
    C’est au final très diplomatique de la part du CF.
    Pour le reste, il faudrait plutôt nous expliquer pourquoi l’UE continue miraculeusement de dysfonctionner sans disparaître, avec tous ses défauts qui ne font que de s’amplifier avec le temps. Encore un pas en avant et nous aurons droit à la Peréstroïka de l’UE. Sans doute, ce Covid a-t-il permis de sauver encore la bestiole d’une crise institutionnelle prévisible, vu l’urgence sanitaire – mais la fin de la pandémie sera très douloureuse pour l’UE. Car le vide programmatique et démocratique est béant, alors que les divergences d’enjeux entre zones géographiques ne font que de s’accentuer. L’état d’urgence ne pourra éviter les questions qui fâchent très longtemps (max 3-5 ans). Et la lutte contre le CO2 (sur laquelle on mise tant d’espoirs) n’est pas un programme qui puisse assurer une unité du continent. Le verni ne peut cacher la rouille de la structure métallique en cas de choc.
    Même Macron semble s’épuiser, quant à l’Allemagne, elle paraît entrer en une longue crise de succession. Sans parler de Draghi pour l’Italie, qui est tout sauf un programme séduisant. Quant au Royaume-Uni, il n’ jamais été aussi désuni. Bref, au final – mieux vaut un pauvre paysan sans grand diplôme… la crise s’annonce à Paris, Berlin, Rome ou Londres. Même les dits “Pays de l’Est” semblent plus unis et solidaires que ces anciennes grandes puissances de l’Europe occidentale, perdues entre un passé glorieux et un cynisme actuel qui n’ouvre aucune perspectives à long terme.
    Reste la menace russe. Mais là aussi, à moins d’espérer une guerre totale en Ukraine, je ne vois pas ce qui pourrait unir l’UE dans un projet positif.

  12. Je suis tiraillé entre la peur de voir mon pays exclu du monde et l’envie de prouver qu’il est possible de rester un exemple que beaucoup nous envie, en un mot avoir confiance en nos propres possibilités.
    J’ai une sainte horreur de recevoir des injonctions en deca de mes limites. Je respecte les limites mais foutez-moi la paix dans mon cercle de responsabilités. Si l’UE acceptait cette ligne de conduite alors on pourrait la rejoindre. Tant que l’UE se contentera de fixer la longueur du câble électrique de mon grille-pain ou la puissance maximum de ma cuisinière alors qu’elle reste chez elle. La solution pour l’UE ? LE FEDERALISME. Un anglais ne fonctionne pas comme un allemand d’où les règles ne peuvent pas être les mêmes. Pour avoir travaillé en Angleterre, à 17h tous les employés du labo avaient revêtu leur par-dessus, devant la porte de sortie en attente de la sonnerie. Pour avoir travaillé en Allemagne, à la sonnerie, aucune réaction. 10 à 15min plus tard les premiers employés du labo levaient les yeux et prenaient le chemin de la sortie.
    Je ne connais pas les habitudes Italiennes mais j’imagine que la pizza ou les spaghettis bolognaises sont plus importants que la réussite du patron. Mais là je n’affirme rien.
    Tant que Macron et tous les autres auront la trouille de perdre leurs privilèges (D’accord c’est un peu le cas de la Suisse !) aucune avancée ne se dessinera en Europe pour une armée commune, un système fiscal commun, une géopolitique consensuelle etc.

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