La promotion de l’inculture

 

 

Une lettre, arrivée cette semaine sur le bureau du syndic de Lausanne, Grégoire Junod, reproche à la Ville de soutenir «un spectacle négationniste des crimes commis par Assad contre la population civile syrienne». Intitulée «Les chutes d’Alep», la pièce en question est programmée ce printemps dans quatre théâtres romands. Son auteure, la Vaudoise Myriam Demierre, a reçu en 2019 une bourse de 90’000 francs, financée à parts égales par la Ville de Lausanne et l’État de Vaud. Elle y critique la vision du conflit syrien donnée par les médias occidentaux. «Alep a été réunifiée, nos médias appellent ça la chute d’Alep et les habitants parlent de libération. C’est là que je me suis dit qu’il faudrait creuser». C’est tout ce que l’on peut en savoir, faute de disposer du texte.

Cet incident, fondé ou exagéré, est typique des dérives d’une culture subventionnée, qui n’a pas de normes et qui englobe de plus en plus de manifestations déjantées. On a assez répété que la culture a été mises à l’arrêt par l’épidémie et qu’il est urgent de la soutenir, parce qu’elle seule peut donner sens aux difficultés que nous traversons. De quelle culture s’agit-il ?

Est-ce à dire qu’il faudrait mettre en scène des spectacles de Lausanne frappée par le Covid, publier des livres sur le sujet, barbouiller une toile n’importe comment et l’intituler Epidémie. Ces démarches s’inscriraient dans l’actualité immédiate, mais elles négligeraient l’impératif fondamental de tout acte culturel : prendre de la distance, transposer, transformer le présent, l’identifier au passé, transcender le réel et l’actuel dans une perspective supérieure, ne pas rester au ras des pâquerettes. Pour renseigner sur l’opinion des habitants d’Alep, il y a des reportages, si possible objectifs et sans parti pris. Mais pour déchiffrer le sens de l’épidémie actuelle, il faut se tourner vers de grands classiques, Œdipe de Sophocle ou la Peste de Camus. Vers la culture. Authentique.

Il en est de même pour la catastrophe syrienne. Si l’on y prend parti dans une pièce de théâtre, cela relève de la controverse et pas de la culture. Le sens d’un événement n’est pas dans la distinction entre les bons et les mauvais, mais dans le dépassement de tout jugement.

Quand on n’a rien à dire, il est toujours possible de contredire. De verser dans le déni de réalité. L’exemple historique est le négationnisme des camps d’extermination nazis par des publicistes et des humoristes (?) français en mal de notoriété. Mais il y en a d’autre dans l’actualité. Par exemple la banalisation de l’accident de Fukushima, où l’on va jusqu’à prétendre que l’accident n’aurait pas causé un seul cancer : le but est bien évidemment de remettre en selle le nucléaire. Trump, Bolsonaro et Johnson ont minimisé l’épidémie de Covid pour dissimuler l’impréparation des pouvoirs publics : les populations ont payé un lourd tribut à ce risible et odieux déni de réalité.

Ainsi en est-il de la Syrie. Il est bien établi que la guerre menée par Bachar El Assad contre son peuple a fait 387 000 morts civils et fait fuir plus de cinq millions d’habitants. Que cette guerre a été menée en violation de toutes les règles qui tentent d’en limiter les horreurs : bombardement des populations civiles, utilisation des gaz de combat, torture dans les prisons. Que la bataille a été gagnée par des puissances étrangères, Iran, Russie, Turquie. Que le dictateur est l’objet de poursuites judiciaires internationales pour crimes contre l’humanité. Ce sont des faits, pas des opinions.

La Vaudoise Myriam Demierre, agente de voyage de son métier, visitant ce pays pour se renseigner, tombera naturellement sur des partisans du dictateur, qui nieront les fautes commises par le régime. Comme le Moyen Orient est le lieu d’affrontements entre communautés opposées qui débouchent sur des guerres civiles inextricables, un étranger n’y comprendra pas grand-chose.  Si elle s’engage dans une démarche partisane, à rebours du politiquement correct et de la matérialité des faits, l’autrice n’apporte aucune information mais s’assure une notoriété fondée sur le plus grand scandale possible.

Cet incident est révélateur de la dérive de la culture d’un petit pays (trop) riche qui dispose de moyens disproportionnés par rapport à sa capacité de création et qui subventionne sans discernement à peu près n’importe quoi. A toutes les époques, on n’a forcément pas la chance de trouver Ramuz,  Dürrenmatt ou Jacottet,  Goretta, Tanner ou Reusser,  Valloton, Hodler ou Anker. ( Ont-ils été convenablement soutenus du reste ?)  Faute de génie, on se rabat sur le plus médiatisé, celui ou celle qui a créé le plus grand scandale en allant à contre-courant du bon sens et du bon goût. Par principe tout se vaut.

Le plus illustre, le « plasticien suisse »,  Thomas Hirschhorn a pour seule qualification de bousculer les codes établis et le politiquement correct. Dans ses « installations », il n’y a à contempler qu’un grand désordre à base d’objets récupérés, une sorte de décharge publique dont la laideur agressive se veut une nouvelle forme d’esthétique. Cela suscite cependant l’approbation du milieu professionnel de la culture, qui le prend au sérieux.

On peut en dire autant du plus grand centre théâtral de Lausanne à Vidy. La direction actuelle se sentirait déshonorée de présenter un véritable spectacle de théâtre, mettant en scène une pièce du meilleur répertoire, Racine, Molière, Feydeau, Tchekhov, Shakespeare. Il n’y en a que pour la création contemporaine, comme si celle-ci pouvait à tout instant rivaliser avec plusieurs siècles de véritable culture. Comme si le passé n’avait plus aucune valeur par rapport au présent. Le résultat tangible a été la fuite de la moitié des abonnés, habitués lors des décennies antérieures à l’excellence d’un foyer de culture authentique.

L’Orchestre de Chambre de Lausanne est frappé de la même maladie. Entre un Rossini et un Schubert est insérée une commande de  l’OCL à un compositeur anglais contemporain, Julian Anderson. A chaque concert le sandwich est le même : entre deux œuvres du répertoire pour attirer les spectateurs, on leur impose une œuvre inaudible, ennuyeuse et prétentieuse pour la seule raison qu’elle est contemporaine et que c’est une création. Le résultat est toujours le même : une partie de l’auditoire se réfugie au bar. Si cette œuvre était placée en queue de programme, la salle se viderait intégralement. C’est la raison du sandwich.

Et donc le subside insolite, attribué à l’autrice Demierre, n’est qu’un élément extrême dans la politique anti culturelle de la Ville de Lausanne, enferrée dans une obsession de l’« art vivant », au détriment de toute exigence sur la qualité d’une œuvre. Dans le passé, il y eut des époques et des lieux de culture remarquables, les Médicis à Florence, Louis XIV à Paris, au XIXe siècle Vienne pour la musique et Paris pour la peinture et la littérature. Ceux qui commandaient les œuvres étaient des personnes, dont le goût avait été formé par une longue éducation dans un milieu privilégié. Tel n’est plus le cas, lorsque les commandes émanent du pouvoir politique dans une démocratie. Le peuple porte légitimement au pouvoir des politiciens qui le représentent au mieux, mais qui ne sont pas des spécialistes d’une culture à laquelle leur milieu familial ne les a pas préparés.  Ils sélectionnent aveuglément tout ce qui les interloque, dans l’idée que le grand art doit être incompréhensible et ennuyeux.

Telle est la politique quand elle se mêle de culture. D’une part l’extrême-droite ne jurera que par le cor des Alpes et le yodel, d’autre part la gauche bobo portera aux nues Thomas Hirschhorn et Myriam Demierre. A tout prendre on préfère encore les premiers, qui ont au moins un certain talent, alors que les seconds ne sont que des agitateurs médiatiques qui impressionnent des décideurs désemparés. Quand la culture est investie par des idéologies politiques, elle cesse de vivre, elle se dessèche, elle s’atrophie, elle devient une autre sorte d’académisme. Ce n’est pas en tentant vainement de persuader les Lausannois que Bacher El Assad est le sauveur de la Syrie qu’on les consolera de l’épidémie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

32 réponses à “La promotion de l’inculture

  1. Merci Monsieur Neirynck pour cette lettre qui exprime si bien ce que nous sommes très certainement beaucoup à penser sans réagir.

    1. Dans la culture ils se plaignent de ne pas pouvoir travailler?
      J’ai une solution:
      Dans le mot agriculture, il y a culture, et surtout besoin de main-d’oeuvre !
      A la sortie des grandes guerres, certains désœuvrés par les circonstances ont dû aller aux champs !
      Pourquoi continuons nous a subsidier ce genre de culture-boboiste quand notre agriculture a besoin de bras ?
      Cela nous évitera d’engager des ouvriers agricoles de pays de l’est qui dorment dans les vignes au-dessus de Cully.

      1. La culture est une nécessité et les artistes qui ne plaignent de ne pas pouvoir travailler ne l’ont pas choisi. La remplacer par l’agriculture n’est qu’un tour de passe-passe verbal qui n’arrange rien.

  2. Sauf que les chiffres des atrocités en Syrie sont un peu plus de 500.000 morts et 12 millions de déplacés… 6 à l’étranger et 6 autres dans leur propre pays.

  3. Monsieur le député oubli que si la Syrie s’est retrouvée dans cette situation, on le doit aux occidentaux prinicipalement qui ont soutenu les “printemps arabes” (LYBIE, SYRIE, EGYPTE, etc..) et ensuite soutenu des organisations terroristes contre le pouvoir(Laurent Fabius, ministre des A.E français) en Syrie…Donc la critique des autres est un peu facile quand on oubli volontairement qu’on a déverssé des torrents de haine et d’armes sur place soi-même (l’Occident). Facile ensuite de venir jouer les donneurs de leçons sur les droits de l’Homme, leçons qui sont à géométries variables si on est Syrien ou d’Arabie Saoudite…Chez Le prince Saoud, point de critique ni sanction…juste une tape sur la main pour ce qu’il fait au Yémen ou pour avoir démembrer le journaliste Kashoggi, normal c’est un ami… Ah ils sont beaux les donneurs de leçons !

    1. Je ne suis pas député.
      Le sujet du blog n’est pas la responsabilité de la situation syrienne mais une pièce de théâtre qui nie la réalité de cette situation et en particulier le rôle joué par le dictateur local. Il n’est pas exonéré de sa responsabilité parce que des puissances étrangères ont collaboré au désordre.

      1. Cher Monsieur,
        Vous parlez d’une pièce que vous n’avez pas lue. Vous évoque une subvention avec une somme jamais gagnée par un.e auteur. Vous critiquez une programmation dans un théâtre que vous ne connaissez pas. Vous parlez d’une situation politique sans la connaître. En résumé, vous dites n’importe quoi. Je suis étonné que l’on vous publie.

        1. Vous serez sans doute étonné que je vous publie, mais je fais partie de ceux qui souhaitent un débat fait d’opinions contradictoires ce qu’apparemment vous ne supportez pas.
          Je n’ai pas lu la pièce parce qu’elle n’est pas disponible et je le précise dans le blog.
          Cette subvention a été attribuée à cette autrice, je ne l’ai pas inventée.
          Je connais le théâtre de Vidy pour l’avoir fréquenté pendant deux ou trois décennies et je connais son programme parce qu’il est publié sur son site. Les dernières fois que j’ai assisté à une représentation j’ai fini par sortir tellement c’était dénué d’intérêt.
          Je suis de près la politique de Lausanne pour ce que l’on peut en savoir par les médias.

  4. vaste sujet de la question de la place de la culture ou des artistes dans la société , difficile de traiter en quelques lignes …
    De tous temps , on a pu constater le lien étroit entre pouvoirs et artistes, les premiers cherchant à se glorifier par des oeuvres monumentales , des sculptures, des peintures , …, exécutées par les seconds .
    Et plus les premiers étaient puissants , plus ils en exigeaient des seconds … Il fallait impressionner tous ceux qui étaient soit soumis, soit adversaires !
    Après l’Egypte, la Grèce antique nous a laissé de multiples ruines de temples et autres statues à la gloire des dieux et les Romains , qui lui ont succédé ont suivi son exemple… L’Eglise n’a fait que remplacer les temples par des cathédrales ornées de vitraux et de peintures qui à la renaissance ont donné un coup de fouet en Italie mettant en évidence les arts naissant comme la musique …toujours dans le sens de glorifier le pouvoir , qu’il soit religieux ou royal …
    Les monarchies européennes se sont donc arracher ces talents artistiques pour paraitre plus distinguées … sans toutefois abandonner leurs desseins guerriers (la peinture à Paris, la musique à Vienne , …) !
    Dans ce contexte historique , on peut comprendre que la Suisse primitive composée de paysans incultes se soit retrouvée sans cette dimension artistique .
    Avec la révolution , puis la révolution industrielle, le pouvoir change de mains en passant aux riches industriels puis financiers qui à l’instar de leurs prédécesseurs princiers veulent aussi gouter à l’art , de plus en plus considéré comme une marchandise ou un placement financier ! La France ayant gardé une certaine nostalgie royale a laissé au présidents le privilège de construire les nouveaux symboles du pouvoir (Tour Eiffel , Palais Beaubourg , opéra bastille , pyramide du Louvre …) .
    La petite Suisse neutre , bien loin des préoccupations impérialistes , manque de cet aspect flamboyant qui les accompagne ! Pas étonnant donc de la trouver un peu terne dans ce “monde de brutes” et quand un simple maire d’une ville s’imagine jouer au mécène sans le concours de spécialistes , il a de fortes chances de rater sa cible !
    Je ne sais pas comment on en est arrivé à jouer une pièce à la gloire de Bachar al Assad , mais les pouvoirs publics devraient se contenter d’allouer un budget culturel et laisser les artistes en disposer à leur gré … ainsi doit être compris la place des artistes dans le monde ouvert d’aujourd’hui …en restant les témoins d’un monde en perpétuelle évolution …

  5. Mettant de cote, la prise de position sur cette piece polemique traitant de la Syrie, je me mefie toujours des gens qui ont un avis sur “le beau”, sur ce qui faut voir ou ne pas voir, ecouter ou ne pas ecouter. L’art est affaire de gout. Il n’y a pas de police artistique. On se souvient d’un regime qui organisait des expositions pour “eduquer la masse a reperer l’art degenere”. Dans la liste des artistes on y trouvait, Gauguin, Picasso, pour la musique Schoenberg, Kurt Weil, le swing, pour le cinema et la literature on y trouvait Max Ophuls, Fritz Lang…
    Alors gardons nous bien de juger et condamner. Dans l’art on aime ou on n’aime pas. Ca ne va pas plus loin que ca. Sachons ouvrir nos yeux, nos oreilles et arretons de recasser les vieilles lunes.
    Les classiques sont beaux et grands car intemporels, mais il y a de la place pour la nouveaute. La culture n’est pas un chateau ou toutes les pieces seraient deja pleines et ou plus rien ne rentre.

    1. Vous exprimez la thèse actuellement utilisée par les pouvoirs publics pour subventionner n’importe quoi sous le prétexte qu’il est impossible de faire la distinctions entre ce qui vaut ou non la peine. Je maintiens que tout ne se vaut pas. Les périodes d’excellence mentionnée dans le texte ont existé parce qu’il y avait des auditoires de gens éduqués. Il en est de même en gastronomie ou en vins : tout ne se vaut pas. Macdonald n’est pas l’équivalent de Bocuse. Il y a une différence entre une piquette et un grand cru même si tout le monde n’est pas capable de la faire. Personne n’est empêché de se satisfaire de MacDonald. Mais les pouvoirs publics n’ont pas le devoir de le subventionner.

      1. Bravo
        Vous avez parfaitement résumé ce que je pense de cette prétendue culture qu’on nous sert à Lausanne.
        Pour retrouver toute la beauté des grands classiques un seul moyen : passer le week-end à Paris.

      2. Mais, si on y réfléchit, ” le périodes d’excellence ” sont rares en démocratie…
        C’était possible avec des grands Seigneurs et Papes, cultivés sans doute, mais avec un tel pouvoir, qui n’avaient pas de comptes à rendre sur l’utilisation de l’argent public, parce qu’il n’y avait même pas la notion d’argent public ! Tout ce qu’ils encaissaient sur le dos des paysans, artisans, petits commerçants, voyageurs etc. c’était leur argent !
        De nos jours si des gens du commun donnent des subventions à des gens du commun, on doit donner des subventions à tous, sans poser des conditions puisque tout le monde paie les impôts et que trier les “gagnants” pourrait ressembler à du racolage électoral. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans beaucoup de Pays, qu’il s’appelle copinage ou combat idéologique, ça donne un panorama culturel très uniforme et qui ne brille pas pour autant.

  6. Je pensais que chez Broulis une telle affaire serait impossible. Bien que c’est la ville qui gaspille, le canton a le droit de regard, surtout quand des socialistes sont en charge, il faut regarder 10 fois plus. Tout comme le Conseil d’Etat est intervenu à Vevey, j’espère qu’il interviendra dans la ville de Lausanne. De tous les maux, le socialisme est le plus grave car il a une apparence aphrodisiaque alors qu’il est dévastateur pour l’humain et son futur. Dans ces 90 mille, quelques francs qui ont attiré dans la caisse de la ville pour être donnés en subvention proviennent de familles qui arrivent difficilement à boucler leur budget !

  7. Cher Monsieur,
    Apparemment la culture n’a qu’un seul juge: le temps (et je ne parle pas de cet excellent quotidien qui nous réunit)!
    Et il pourrait bien se montrer cruel avec les “créateurs” (comme avec les décideurs, du reste…) de notre époque!
    Mais nous ne serons plus là pour le constater.
    Bien à vous.

  8. C’est intéressant… Sauf que la culture sans vue politique, ça s’appelle de la distraction.
    Je n’attends pas d’un politique qu’il sache à quoi peut bien servir la culture, puisqu’elle a comme but premier de ne servir à rien, justement. Sinon ça n’est plus de la culture, c’est de la communication. Je vous renvoie à Deleuze pour vous expliquer la différence.
    Mettez plus de culture dans les cursus scolaire, et vous aurez des gens qui savent quoi apprécier et pourquoi et comment. Mais l’heure est à la compétition économique, pas à l’esthétisme et le regard critique. Donc bonne chance…
    Reste l’effet Streisand… je crois qu’il vaut mieux ne pas parler de ce qu’on n’aime pas, parce que ca lui fait de la publicité. Et Myriam Demierre, pour ce que j’en connais, me parait une personne plutot sympathique. Laissez les gens décider. Faites confiance à la responsabilité individuelle !

    1. Le blog ne décourage personne d’aller voir ce spectacle mais interroge sur l’opportunité de subventionner des spectacles de ce genre. Les spectateurs décideront mais la municipalité de Lausanne a déjà décidé.

  9. Je suis d’accord avec vous.
    Je suis pour que l’Etat subventionne si nécessité, la culture populaire (carnaval, …) . L’Etat doit aussi soutenir les écoles de sports et d’arts, nécessaires pour le développement de la jeunesse.

    La culture populaire est souvent un lieu de rassemblement de la diversité sociale locale, parfois cela participe à la cohésion sociale. C’est donc très important, et l’Etat doit jouer son rôle.
    Pour le reste de la culture, que j’appelle “élitiste”, c’est le mécénat privé qui doit être le premier partenaire.
    On sait bien que depuis quelques années, l’Etat subventionne la culture pour son égo. Il est fier d’annoncer de grandes dépenses culturelles. Il n’est plus question de qualité, mais de quantité. Ca suffit.

    En résumé, l’Etat doit s’occuper de la culture populaire et de la jeunesse. Je préfèrerais donc que l’Etat verse son argent attribué à la culture élitiste, dans la cagnotte de la jeunesse afin que chaque jeune/enfant ait un accès gratuit (idéalement) à un sport et à l’art.

    Je souligne que je n’ai rien contre la culture élitiste, j’y trouve parfois mon plaisir, mais l’Etat n’a pas à s’en mêler.

  10. En lisant le titre de ce blog, je ne m’attendais certes pas à y trouver une allusion de couleur « négationniste » à l’accident de Fukushima :
    « Quand on n’a rien à dire, il est toujours possible de contredire. De verser dans le déni de réalité…. Mais il y en a d’autre dans l’actualité. Par exemple, la banalisation de l’accident de Fukushima, où l’on va jusqu’à prétendre que l’accident n’aurait pas causé un seul cancer : le but est bien évidemment de remettre en selle le nucléaire. »
    Je me permets simplement de renvoyer le lecteur intéressé à la source sous-entendue, mais pas indiquée dans ce blog, soit au tout récent rapport du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), une agence de l’ONU qui est ‘”composée d’experts scientifiques désignés par les États Membres. Son mandat est d’évaluer les niveaux et les effets de l’exposition aux rayonnements ionisants et de faire rapport à ce sujet”. En l’occurrence, avec ce nouveau rapport 2020 de l’UNSCEAR, “Levels and effects of radiation exposure due to the nuclear accident at the Fukushima Daiichi Nuclear Power Station (FDNPS): Implications of information published since the UNSCEAR 2013 Report”, ce sont 12 Etats membres et 30 experts qui ont complété et mis à jour le premier rapport de 2013 avec les éléments nouveaux issus d’observations jusqu’en 2019 :
    https://www.unscear.org/unscear/en/publications/2020b.html
    Certes, on peut contredire des experts, mais, si on le fait, encore faut-il disposer soi-même d’une expertise en la matière et non pas partir d’un simple “a priori” subjectif pour dire son désaccord.
    Cela étant dit en toute mansuétude, je souscris aussi à ce constat navrant de promotion de pseudo-culture au détriment de tant d’authentiques créateurs, artistes et acteurs culturels aujourd’hui très nombreux à se trouver en situation désespérée .

    1. Je n’ai aucune information particulière au sujet des séquelles de FuKushima, j’exprime simplement mon scepticisme devant ce genre de déclarations. Parmi les milliers de personnes exposées dans l’environnement, est-il crédible que personne n’ait eu un cancer depuis dix ans, sans nécessairement que l’accident en soit la cause mais sans non plus que l’on puisse l’exclure? A prendre au pied de la lettre cette déclaration, on finirait par croire que l’exposition aux radiations immunise contre le cancer.

  11. Des personnes sans instruction, isolées, rejetées, ont créé des œuvres qui ont ému plus tard des personnes guidées par leur seule curiosité, sans disposer de connaissances de l’art : ce n’était pas encore de l’art…

    Il existe aussi des artistes ratés qui ont abandonné leurs toiles ou leurs manuscrits sans regrets, en se dirigeant vers la presse qui les a aidés à devenir critiques d’art. C’est possible, en apprenant, tout comme savoir parler du vin après s’être entraîné à découvrir l’inspiration que procure de belles étiquettes. Et avoir du plaisir, cela s’apprend ? Ou reconnaître ce qui n’est pas bon, après avoir suivi un enseignement de formation du goût, peut-il aider à ne pas se tromper honteusement ?

    J’ai rencontré un jour un discret connaisseur des vignes, des vins, et évidemment de leur goût. Dans mon métier je passais au domicile de personnes qui pouvaient être des intellectuels, des illettrés, des fauchés ou aisés, crevant de solitude ou emmurés vivants dans un solide esprit de famille… Assez souvent j’étais bien accueilli : « Vous prenez un café ?.. » Ce jour-là, c’était l’épouse en tablier qui a aussitôt reçu un ordre de son mari :

    « Eh Mireille ! Va chercher la bouteille… »
    — Euh… Mais peut-être que Monsieur ne veut pas boire du vin, ensuite il doit conduire…
    — Vous conduisez, traversez les paysages, rencontrez beaucoup de monde, et moi vous voyez je reste cloué dans mon fauteuil, je ne vois presque plus personne… Vous boirez quand même un verre avec moi ?..
    — Eh bien volontiers, juste pour trinquer et goûter !

    La gentille dame obéissante est revenue avec une bouteille de 1 litre fermée par une capsule pliée, sans étiquette, et deux verres à limonade pas vraiment transparents.

    « Santé Monsieur, à votre beau métier, et moi à la grande lumière du ciel qui m’attend ».
    — Santé, profitons comme nous le pouvons de tous les bons moments.

    Je m’étais efforcé d’avoir un visage détendu en basculant le verre contre mes lèvres, je me préparais à tout sauf avoir cette réaction :

    « Oh… Mais ce vin est délicieux !.. »
    — Eh-he-he…

    Nous avons trinqué une seconde fois, comme pour mieux confirmer une bonne entente, et c’est l’épouse qui a éclairci l’énigme :

    « Vous voyez, mon mari, dans la vie il ne lui reste plus grand-chose, sauf le plaisir de boire des grands vins… Quand quelqu’un vient il est content de partager son plaisir, mais la vraie bouteille reste à la cave, je transfère avec un entonnoir. Si le visiteur, à la première ou deuxième gorgée montre une satisfaction sans plus, mon mari se tait… Mais avec d’autres comme vous, il a quelque chose à leur dire…

    « La prochaine fois que vous reviendrez, la bouteille aura une étiquette, un bouchon, et sera recouverte d’un peu de poussière. Nous la boirons ensemble dans de beaux verres… »

    Qu’ai-je appris ce jour-là ?.. D’abord que la sincérité est le contenu de la personne et n’a pas besoin de se présenter sous une belle étiquette. Que cela peut avoir bon goût, mauvais goût, ou si c’est un mélange un goût quelconque que l’on peut oublier. Ensuite j’ai compris qu’il y a des personnes qui gardent leur savoir à la cave, et savent comment le partager avec ceux qui en ont moins, comme moi qui n’ai aucune culture du vin… Merci à l’homme qui n’avait plus grand-chose dans la vie, de m’avoir offert ce qu’il possédait d’authentique…

    1. @ dominic: Vous avez toujours beaucoup de choses à écrire en commentaires. Pourquoi vous n’écrivez pas un livre sur vos multiples et surtout interminables expériences, exploits et conseils? Je vous propose comme titre “hors sujet”.

      1. Pour ma part, je proposerais: “Le Gurgulatron”.

        Notre charmant Dominic, le mielleux Amiel des blogs, ne confond-il pas quotidien d’information et d’opinion avec journal intime? Ou son fécond calame aurait-il égaré sa rimule?

        1. 1. Les auteurs qui estiment que mes textes n’ont pas leur place dans leur blog sont libres de ne pas les publier.
          2. La majorité des auteurs du Temps n’incitent pas à la course aux likes, ni à leur attention, ni entre commentateurs.
          3. Depuis ma participation aux blogs, soit trois ans environ, je reçois néanmoins 50 % de messages très positifs en réponses, ou sur mon mail de la part des auteurs, et 50 % qui vont dans le sens de vos propos.
          4. Je n’ai pas l’intention de tenter à faire pencher la balance du côté que vous estimez plus adapté à vos désirs de lecteur, mes motivations de participant aux blogs ne rejoignent pas les vôtres.
          5. Je pense avoir maintenant précisé ce qui est nécessaire et suffisant pour que nos échanges s’arrêtent ici.

  12. On ne peut pas faire l’économie de la création. Du temps de Mozart, l’empereur nommait un nombre important de musiciens de cour et tous n’ont pas accédé à la postérité. Du passé, on ne voit que les génies puisque les autres ont été oubliés ou leur pièces détruites. Il est donc toujours difficile de décréter dans le présent qui prendra date avec l’avenir. Il faut sans doute beaucoup de mauvaises créations pour en voir quelques brillantes. Certes il y a des âges d’or, comme Florence à la Renaissance, mais connaît-on l’inventaire de tout ce qui n’a pas survécu? En science, où beaucoup d’argent est versé aussi, il n’y a pas que des génies. Le système de distribution est à peu près semblable, en tout cas démocratique, critique-t-on les plus mauvaises publications? Certes, il est grave de pouvoir dire n’importe quoi au nom de l’art, mais les filtres ne seraient-ils pas plus dommageables que le laisser-créer démocratique?

  13. Je vous prie d’excuser la pagination du commentaire que je vous ai fait parvenir, les paragraphes n’ont visiblement pas été respectés par la mise en page automatique du blog, peut-être est-ce mieux ainsi ? :

    Cher Jacques Neirynck,
    Je ne connais ni Myriam Demierre, ni son travail, je me garderai donc d’en parler ici.
    Par contre, étant de ces artistes « sans génie » soutenu·e·s par la Ville de Lausanne, le Canton de Vaud et la Confédération, il me tient à coeur d’apporter quelques nuances à la caricature que vous proposez, caricature à laquelle ont par ailleurs été réduits quasiment tous les courants artistiques et qui n’a pas plus épargné Dürrenmatt que Valloton, pour reprendre de vos exemples. En effet, tandis que d’aucunes et d’aucuns – ne sachant, voulant ou pouvant appréhender leur travail – ont choisi, comme vous le faites ici à propos du nôtre, de le juger et de le caricaturer, d’autres en ressortaient transformé·e·s, « émancipé·e·s » pour reprendre les mots de Jacques Rancière.
    Ainsi, par exemple, en a-t-il été pour moi au contact de l’oeuvre de Thomas Hirschorn.
    Tandis que pendant longtemps, comme vous, je n’ai vu dans son travail (que je ne regardais, à vrai dire, que de loin) qu’un « grand désordre à la laideur agressive », je m’y suis un jour, au hasard d’un accrochage, littéralement « plongé ». J’ai été alors saisi – bouleversé – par la profondeur, la pertinence, l’acuité du geste : ces a priori « vilains » assemblages scotchés de brun proposaient, de fait, un agencement prodigieux de textes, images et références que l’artiste met en dialogue. Ce n’est – à dessein – pas l’esthétique (qui est affaire de goût) qui – chez lui – dit la beauté du monde, ce sont certaines images et associations fulgurantes ou autres citations éclairantes (notamment Walser, qu’il ne cesse de convoquer) qui invitent à s’en émouvoir. Le tableau offert au regard est brut (« Guernica » de Picasso l’était aussi), un « effort » est nécessaire pour y entrer (les « Nénuphars » de Monet, « Le Sacre du Printemps » de Stravinsky ou « Ulysse » de Joyce ne demandaient pas moins), mais on ne peut pas reprocher à Hirschorn de faire autre chose que « prendre de la distance, transposer, transformer le présent, l’identifier au passé, transcender le réel et l’actuel dans une perspective supérieure et ne pas rester au ras des pâquerettes ». On peut bien sûr ne pas être touché, mais cela ne devrait pas empêcher l’élégance de reconnaître que d’autres peuvent sincèrement l’être.
    Au sujet du Théâtre de Vidy, si une partie des habitué·e·s a quitté le navire au changement de direction, il faudrait – pour compléter votre tableau – préciser qu’avant la période qui nous touche les salles étaient pleines (et pas seulement d’invités pour gonfler les statistiques, comme il a notamment été d’usage dans des temps plus anciens), qu’un autre public a trouvé son compte là où d’autres ne trouvent plus le leur, et si cet état de fait est bien sûr regrettable lorsqu’on appartient aux seconds, comment (et… pourquoi ?) juger la réjouissance des premiers ?
    Pour compléter encore un peu le tableau du bord du lac, s’il est vrai qu’on n’y a pas (encore) rejoué du Feydeau, on a pu y entendre du Labiche, tout comme du Tchekhov et du Shakespeare. On aurait dû y entendre du Molière cette saison si elle n’avait été annulée, et je suis ma foi assez bien placé pour pouvoir vous dire qu’on y a même entendu par deux fois au moins du Racine, notamment avec un spectacle produit et commandé par la nouvelle direction, qui a été joué plus de 270 fois (400 si nous n’avions dû annuler les tournées de la saison en cours) à travers l’Europe, rencontrant un succès public et critique qui semble donner tort à ce cliché selon lequel les oeuvres aujourd’hui devraient être « incompréhensibles et ennuyeuses » (j’en veux pour très immodeste preuve ces quelques lignes https://www.2bcompany.ch/phedrepresse.html).
    A votre décharge, je suis moi-même – comme vous apparemment – souvent bousculé et troublé par les nouvelles formes proposées par les générations qui me suivent et dont nombre de codes – d’abord – m’échappent. Pour être absolument honnête, avant l’effort de le dépasser, mon premier reflexe est souvent le jugement, ce quasi automatisme dont Gilles Deleuze disait très justement qu’il « empêche tout nouveau mode d’existence d’arriver. C’est là le secret : faire exister, non pas juger. »
    « Faire exister, non pas juger » est précisément la politique appliquée par nos autorités de tutelle, qui ne font à mes yeux pas autre chose qu’adopter un principe que vous rappelez très justement dans votre humeur : « le sens d’un événement n’est pas dans la distinction entre les bons et les mauvais, mais dans le dépassement de tout jugement ».
    Bien à vous.

    1. Merci pour cette réplique à ma critique qui relève du droit des spectateurs. Je suis un fanatique du théâtre, des concerts, de l’opéra et du ballet. Je puis devant certains spectacles exprimer un jugement sévère.
      Les deux derniers Shakespeare vus à Vidy étaient l’un Macbeth si je me souviens bien. Les comédiens hurlaient et gesticulaient sans aucune raison. L’autre était un Roi Lear, joué par un seul comédien d’Asie centrale qui manipulaient quelques poupées. Comme nous ne pouvions par comprendre son dialecte, des sous-titres en français étaient projetés. A la fin, pour soutenir l’intérêt il se déshabillait sans rime ni raison, selon un poncif des mises en scène d’aujourd’hui.
      J’ai vu aussi un Shakespeare à Kléber Méleau à l’époque de Philippe Mentha, joué normalement, sans penchant à l’excès, au grotesque, à l’extravagance.
      Il existe une mode dans la mise en scène où le réalisateur s’efforce de faire du neuf à tout prix, d’inventer ce qui ne l’a jamais été, pour tout dire d’épater le bourgeois, de se mettre en scène lui-même sans aucun respect pour l’œuvre, voire sans œuvre autre que celle qu’il invente lui-même. C’est typique pour l’opéra où le metteur en scène se jugerait déshonoré si les costumes set les décors étaient ceux de l’époque. On finit par ne plus entendre la musique tant on se sent agressé par des inventions saugrenues.
      J’ai un critère simple d’appréhension d’un spectacle. Si je regarde ma montre au bout de dix minutes, il y a un problème. Si je la porte en suite à mon oreille pour entendre son tic tac, il est temps de partir.

  14. c’est bizarre , mais personne n’a parlé du travail ( de l’effort) nécessité pour produire une “belle” oeuvre …
    comment peut on s’extasier devant une peinture contemporaine , peinte avec la queue d’un ane , ou en lançant des pots de peintures sur la toile , et ne pas rester songeur devant le travail qu’a du representer une toile de Raphael !!!
    l’epoque va à la facilité, à la flemme devrais je dire, et les résultats sont ceux qu’on voit …
    c’est la meme chose pour le theatre, pourquoi se casser pour faire des beaux costumes qui vont couter chers , alors que les mises en scene même d’oeuvres historiques sont en chemises debraillées …
    quand au “spectacle vivant” qu’on subit dans les rues, c’est souvent l’oeuvre de ratés reconvertis … dommage que le contribuable les sponsorise !!!

  15.  “… il faut se tourner vers de grands classiques, Œdipe de Sophocle ou la Peste de Camus. Vers la culture. Authentique.”

    Les grands classiques sont une valeur sûre. Encore convient-il de savoir ce qu’on veut en faire. Hitler aussi aimait les classiques, comme l’atteste le journal d’Unity W. Mitford, sa sulfureuse maîtresse anglaise. En voici quelques extraits:

    « 
    10 juillet [Munich, 1937]
    Exposition sur l’art dégénéré

    Deux expositions à Munich, l’une consacrée à l’art authentiquement allemand, l’autre aux avant-gardes dénoncées comme « art dégénéré » (entarte Kunst).
    Je visite l’exposition sur l’entarte Kunst avec Eric [guide de Miss Mitford pendant l’exposition]. Je ne sais pas à quoi ressemble l’art dégénéré car l’exposition n’en montre pas d’exemples mais seulement les œuvres de l’ »art officiel »!? […]
    Je me surprends auprès d’Erich qu’il y ait (sic) pratiquement aucun tableau représentant des villes, des usines, des bâtiments modernes, que des arbres et des campagnes souvent sans personnages.
    « Le Führer préfère les tableaux champêtres. La représentation de la ville et des ouvriers, ce n’est pas très Völkish. Vous devriez voir les peintures d’Hitler pour comprendre son goût pour les paysages. Il est très modeste et on n’expose pas ses œuvres mais les prix se sont envolés depuis 1933. Et puis, il ne s’est toujours pas complètement remis de la non reconnaissance de ses talents par les professeurs viennois qui le considéraient comme « un barbouilleur du dimanche ». Le Führer se consacre maintenant à l’architecture et à l’urbanisme en concevant les monuments du Troisième Reich avec le Docteur Speer. »

    12 Juillet
    Goûts artistiques du Führer

    Hitler à qui je parlais de ma visite à l’exposition sur l’art dégénéré me fit confidence de ses goûts.

    Le Führer me confirme détester l’art moderne.
    […]
    « Mon goût personnel va aux paysages mais je ne crains pas les tableaux de nus, avoue-t-il d’un ton grivois. »
    […]
    « Ce qui compte c’est le travail de l’artiste. Il faut qu’on voit combien le peintre s’est donné du mal. Je ne supporte pas ces peintres modernes qui ne se donnent pas le mal de bien dessiner ou ces impressionnistes français qui peignent flou. J’aime la bonne peinture figurative du siècle dernier qui montre des vrais gens et des vrais paysages. Je suis en train de rassembler des centaines d’oeuvres pour le musée que je veux créer à Linz, ma ville natale en Autriche.
    […]
    Mais ne croyez pas que je sois conservateur. J’ai par exemple acheté pour la galerie d’art du IIIe Reich que j’ai décidé d’ouvrir ici à Munich une toile d’Edmund Steppes intitulée Lever du jour printanier sur le Jura bien qu’il ne fasse pas l’unanimité. Bien sûr, il faut que la peinture soit aussi au service de notre propagande. Les tableaux de guerre de Franz Eichhorst sont de bons exemples de tableaux patriotiques.

    A part la peinture, l’architecture est, avec la musique, ma seconde passion artistique. En architecture, j’aime l’art classique, la Grèce, Rome. Pas le Gothique et la Renaissance, qui ne sont que de la propagande chrétienne. Le romantisme, oui, car le romantisme est allemand.

    La sculpture aussi doit participer, comme les autres arts, à la gloire du Reich. […]

    En musique, nous avons la même passion, ma chère Unity, pour Wagner. Goebbels fait donner les Maîtres chanteurs ou Parsifal lors des Parteitag mais, personnellement, j’adore Tristan. »

    Source : Christian Stener« Unity Walkyrie Mitford : la groupie d’Hitler » (2015).

    “Telle est la politique quand elle se mêle de culture”, écrivez-vous, avant de conclure avec ces mots:
    “Quand la culture est investie par des idéologies politiques, elle cesse de vivre, elle se dessèche, elle s’atrophie, elle devient une autre sorte d’académisme.”

    On ne peut que vous donner raison. Pourtant, les plus grandes oeuvres sont-elles à l’abri du pire usage quand elles sont détournées à des fins politiques, comme l’a fait la propagande du IIIe Reich? Entre art et propagande, où est la frontière?

  16. Et n’oublions pas que Mozart (cité comme étant un digne représentant de la “vraie” culture) est mort à 35 ans, indigent et qu’il a été enterré dans une fosse commune… il est d’ailleurs emblématique du groupe conséquent des artistes incompris de leur temps et qui ont vécut dans la pauvreté. Comme quoi, ce qui devient un classique ne l’était souvent pas du vivant de son auteur, rappelons-nous en lorsque nous émettons des jugements souvent hâtifs.

  17. Chers tous… sachez que le spectacle a tout simplement été annulé…. il n’y aura donc pas de création au théâtre à Vevey ou ailleurs….

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