La gabegie de la prévoyance professionnelle

« L’étude sur les caisses de pension suisses 2019 publiée aujourd’hui par le Credit Suisse analyse les principaux défis du deuxième pilier du point de vue des caisses de pension et des assurés. La comparaison intergénérationnelle réalisée par les économistes du Credit Suisse met en évidence que le montant des rentes des premier et deuxième piliers par rapport au dernier revenu passe de quelque 57% en 2010 à 46% en 2025, et chute même de 51% à 37% dans le segment des revenus supérieurs. Sans relèvement de l’âge de la retraite, il sera difficile d’assurer la pérennité de la prévoyance professionnelle. »

Ce diagnostic est imparable. Si l’âge de la retraite n’est pas modifié, le système ne peut plus tenir ses promesses. En le créant, on a garanti des pensions équivalentes aux deux tiers du dernier revenu. En le maintenant tel quel, on ne fournira plus qu’un tiers. Les promesses non tenues déconsidèreront le principe même d’un système national et obligatoire.

Depuis la création du système jusque maintenant, sur plus d’un demi-siècle, la durée de survie à 65 ans a doublé, de dix à vingt ans. Pour assurer la stabilité de l’AVS, qui est un système par répartition, il faudrait : soit augmenter de dix ans la durée du travail ; soit diminuer les rentes de moitié ; soit doubler les cotisations, soit combiner les trois méthodes. La seule mesure qui fut systématiquement esquivée est la prolongation de la durée du travail. Pour la raison évidente que cela échouerait devant le peuple.

On continue à payer les pensions mais au rabais : en excluant les veuves (elles sont incapables de se défendre! il faut en profiter) ; en ne compensant pas tout de suite le renchérissement c’est-à-dire en diminuant le pouvoir d’achat des rentes.

On n’augmente pas les cotisations mais on accroit la TVA et on affecte ce gain au soutien des pensions. Cela revient tout de même à faire payer les actifs par une taxe plutôt que par une cotisation. On taxe aussi les retraités, dont on diminue de la sorte le pouvoir d’achat en feignant de ne pas diminuer la pension nominale. Enfin on bouche les trous avec les taxes sur le tabac, l’alcool et les jeux. Le vice viendrait ainsi au secours de la vertu. Mais en pratique c’est l’inverse : lorsque l’on essaie de décourager le tabagisme ou l’addiction aux jeux, on ne s’attaque plus au vice mais aux pensions, symbole de la vertu. Le fumeur apaise sa conscience en se disant qu’il soutient les retraités.

Le Conseil fédéral, le parlement, les partis, n’ont pas le courage de proposer l’allongement de la durée du travail. Et cependant la vérité des chiffres finira par l’imposer, mais dans l’improvisation, c’est-à-dire quand les réserves de l’AVS seront épuisées et quand les rentes de la LPP versées aujourd’hui ne permettront plus de verser celles de la génération suivante.

Face à cette impasse, à ce déni de réalité, à ces promesses impossibles à tenir, une initiative est lancée par les jeunes PLR. Typique d’une entreprise qui risque l’échec. Le parti ne s’engage pas, mais investit ses jeunes.

Ceux-ci s’engagent dans trois directions simultanées : même âge pour les hommes et les femmes ; augmenter l’âge à 66 ans progressivement ; lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie. Cette dernière mesure à elle seule permettrait de résoudre le problème. Les deux premières créent plus de confusion et, en particulier, la première mobilisera contre elle l’électorat féminin.

On ne citera pas ici le texte de l’initiative, en particulier l’article 112, alinéa 2, a ter. Parce qu’il est incompréhensible et prétend régler les trois objectifs à la fois. Sa rédaction maladroite et confuse ouvre la porte au refus de signer la liste des initiants, à des discussions passionnées lors de la campagne, à de nouvelles incertitudes lors de la loi d’application. Une seule citation extraite du texte en donne toute la saveur : « l’âge de la retraite correspond à la différence entre l’espérance de vie et la valeur de référence, multipliée par le facteur 0, 8, plus 66 ». Qui peut comprendre cela ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? C’est tellement mal emmanché que l’on suspecte une volonté morbide de courir à l’échec.

En parallèle de l’AVS, insuffisante pour assurer le maintien du niveau de vie, le système de capitalisation, dit LPP ou du deuxième pilier, agglomère les cotisations versées par et pour chacun des travailleurs dans un capital personnel, redistribué à partir de la retraite. La fraction distribuée chaque année s’appelle le taux de conversion.

Tout dépend du taux de conversion. Or la durée de la survie au-delà de la prise de pension mène au calcul du taux de conversion : il suffit de diviser 100 par cette durée exprimée en années. A partir de 65 ans, elle est actuellement de 21 années et le taux calculé vaut donc 100/21 =4,76%. Cependant la loi le fixe actuellement à 6,8%.

En conséquence, on paie présentement les retraités, au-delà de leur dû, en partie avec l’argent des cotisants actuels, qui seront dépourvus lorsque leur tour sera venu. C’est le système Madoff : promettre un revenu démesuré, financé en réalité par les nouveaux déposants, jusqu’à l’effondrement de cette pyramide de Ponzi.

Mais la Nature qui est plus sage que les hommes nous a suppléé. Grâce à l’épidémie de Covid, l’espérance de vie est en train de diminuer. Bienfait du virus : il permettra de payer un peu plus longtemps des pensions moins indécentes.

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

39 réponses à “La gabegie de la prévoyance professionnelle

  1. Suffit d’arrêter de prendre des centaines de milliers de personnes qui cotisent que marginalement aux assurances sociales…

    Il ne faut pas faire travailler plus ceux qui travaillent mais soit remettre au travail ceux qui ne cotisent pas assez soit les mettre dehors.

    Y en a marre de travailler toujours plus pour des gens qui me haïssent ou haïssent la notion d’effort!

    1. Tous les travailleurs sont mis sur le même pied et ceux qui cotisent moins, en particulier parce qu’ils se sont arrêtés de travailler un certain temps, touchent une pension moindre. Bien entendu on ne peut pas expulser du pays les chômeurs professionnels de nationalité suisse. Donc vous sous entendez que les migrants travailleraient moins et cotiseraient moins. Si telle est votre pensée, elle est complètement erronée. L’AVS ne subsiste que grâce aux travailleurs étrangers dont la masse des cotisations excède celle des pensions.

      1. Merci de me montrer vos chiffres.

        C’est fini le temps des saisonniers et des travailleurs (je devrais dire bosseurs) ! Certaines nouvelles communautés sont à plus de 90 % à l’aide sociale sur le long terme !

        https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/securite-sociale/aide-sociale/beneficiaires-aide-sociale/aide-sociale-economique.assetdetail.14607278.html

        Nous devons réintroduire la politique des trois cercles et arrêtez de se servir de l’exemple des Portugais pour couvrir le manque de cotisations de certains nouveaux arrivants !

        T’y vis, t’y cotises, ou tu dégages.

        Et vous savez très bien que les prestations complémentaires font qu’ils n’ont rien à craindre de leur oisiveté (au contraire, ils toucheront même plus que certains précaires qui n’oseront pas faire valoir leurs droits, alors qu’ils ont bossé dur toute leur vie d’exploité!).

        Ils seront toujours soutenus, mais pas toujours moins de monde… Qu’est-ce qu’il y a de plus social que de leur demander de cotiser ??? Ou de leur demander de dégager ?

    1. La mortalité augmentée n’est pas suffisante pour en revenir à celle d’il y a 20 ans. Si on vous comprend bien, plutôt que de payer une pension, il faut pousser les retraités à mourir dès que possible.

      1. Je ne faisais que reprendre au 1er degré votre dernier paragraphe. Avec … pour marquer mon exaspération.

  2. * Il ne faut pas prendre l’espérance de vie de “actuellement” mais de celle applicable au moment de la naissance. 😉

  3. Ce système de retraite est de toute façon condamné, par l’avidité des plus nantis, dont on voit quotidiennement les méfaits dans la presse, évasion fiscale, montages financiers complexes, spéculation, quand ce n’est pas de l’escroquerie pure et simple. Les banques d’importance systémique sont assurées par l’argent du peuple…UBS, Banque Cantonale de Genève…c’est le Bail Out…A quand le Bail IN (les banques qui se servent dans l’épargne du peuple pour rembourser leurs pertes malheureuses lorsqu’ils ont pris des risques inouïs avec notre argent durement acquis.

    En 9 mois, les actionnaires ont récupéré leurs pertes du krach de février 2020. Merci aux banques centrales qui inondent le marché d’argent magique créé ex-inhilo. Cet argent est si facile à créer que notre épargne n’intéresse plus les banques. Au contraire, elles reportent des frais de tenue de compte toujours plus élevé… L’argent ne vaut plus rien (la contrepartie or qui donnait la valeur à l’argent a été aboli il y a bien des décennies) …Ce n’est qu’une construction anthropologique savamment orchestré par des financiers aux commandes de ce système. Un système basé sur la confiance ou plutôt sur la naiveté des gens.

    Actuellement, il y a une confiscation des épargnes, via le double mécanisme, taux d’intérêts négatifs et inflation (l’immobilier qui augmente en Suisse de 5% en 2020 alors que l’économie s’effondre)…
    Les loyers n”ont jamais été aussi haut (alors qu’ils auraient dû baisser avec les taux hypothécaires depuis 20 ans…). On nous expliquera que c’est l’offre et la demande…oui on crée une pénurie à Genève pour maintenir des prix excessifs (on ne peut pas ne pas se loger).
    Les mécanismes pour tenir le peuple en esclavage du système financier sont légions.

    Le capital n’a jamais autant rapporté (redevances indécentes), alors que le fruit du labeur (salaire) n’a jamais autant stagné. A Genève, pendant que les employés Suisse sont licenciés et mis au chômage, le nombre de permis G n’a jamais été aussi haut en 2020. Avec la main d’oeuvre étrangère on peut faire du dumping salarial…Ceux qui recherchent un emploi sont aussi prêt à travailler pour rien (via des stages non rémunéré qui s’éternisent ou qui se succèdent)…le Graal, un contrat de travail, c’est un peu la carotte que l’on agite…mais une fois qu’on est l’heureux élu…il faut tout sacrifier pour le travail…(peur que si on est pas à 400%, on pourrait être mis sur la touche)…

    A Genève, les élites politiques ne voient pas de problèmes au fait d’augmenter le directeur général des HUG de 18% pour harmoniser les hauts salaires…par contre, il y a quelques mois, c’est les fonctionnaires qu’on voulait ponctionner de 1%-4%. Bienvenue en méritocratie…

    A quand une hyper-inflation ? Mécanisme normal lorsqu’on vient augmenter la masse monétaire, sans augmenter la richesse de production. L’hyperinflation viendra anéantir le capital des retraites de toute façon… Le système n’a pas été conçu pour être redistributif, il a été conçu pour faire de nous des esclaves heureux.

    Nous vivons les derniers jours d’une illusion… et bientôt nous risquons de nous réveiller en plein cauchemar… dépouillé par ceux qui nous méprises et qui ambitionnent de posséder la planète (ils possèdent déjà la moitié des richesses mondiales). Klaus Schwab a prévu que le peuple ne possédera bientôt plus rien, il sera heureux nous promet-il. J’en doute fortement…

    La seule bonne nouvelle est que la fin de cette parenthèse singulière dans l’histoire humaine porte autant des menaces d’ampleur biblique qu’une potentialité de changer les fondements de ce monde. Le rendre plus humain et moins inique. Mais pour cela, il va d’abord falloir que tout s’effondre et que nous traversions la grande nuit noire de l’âme.

  4. Augmenter l’âge de la retraite alors qu’on ne trouve plus de travail à partir de 50 ans, est une belle farce politique !
    Avec l’arrivée de l’AI (+ quantum computing + GPT3, 4, 5,…) dans de nombreux secteurs, la situation va empirer de manière exponentielle ! Même les pilotes d’avions et médecins seront touchés dans les 10 ans à venir. Je ne parle même pas de tous les “honorables petits métiers” qui pourraient disparaître avant.
    Par ailleurs, que feront toutes ces personnes après avoir épuisé leur droit au chômage et aides temporaires de toutes sortes puisés dans les budgets cantonaux / fédéraux, encore pris sur les impôts de ceux qui travaillent encore?
    On arrive à un changement majeur de société nécessaire dû à de multiples facteurs, qui va être terriblement compliqué.
    La proposition de Me Auberson de taxer les robots fait de plus en plus sens et deviendra une nécessité.
    Sans être du tout communiste dans l’âme, à un certain moment il faudra prendre l’argent où il y en a (fortunes et évasion fiscale), sinon risques de troubles majeurs dans nos sociétés.
    Triste constat mais pas de solutions “simple” en vue….

    1. Il n’y a pas de solution simple, je vous rejoins. Dès lors on attendra la catastrophe pour agir n’importe comment dans l’urgence qui permet d’imposer n’importe quoi.

    2. Assez d’accord avec vous. Remonter l’âge de la retraite ne fera que déplacer le problème sur l’assurance chômage ou l’aide sociale. Beaucoup de grandes entreprises Suisses ne cachent d’ailleurs pas le fait que de terminer sa carrière à 65 ans dans l’entreprise relève plus de l’exception que la règle.

      Avec l’automatisation du travail et le chômage des jeunes, il faudra aussi probablement élargir le débat et considérer l’option d’un revenu universel.

      Finalement, il n’est pas certain que le système soit une pyramide de Ponzi. Les gains de productivité (automatisation) se reflètent dans la valeur boursière des sociétés qui a plus que doublé en 10 ans: ils devrait y avoir un moyen d’en redistribuer une partie dans le système de retraite au lieu des taux d’épargne ridicules qui sont servis aux cotisants (ce qui fait partie du problème avec les taux négatifs). Sans parler des frais de gestion qui devraient être revues fortement à la baisse car s’il est acceptable de payer 1 à 2 % quand on génère 8 % d’intérêt, c’est moins admissible quand on rémunère les avoirs à hauteur de 0.5-0.75 % !

      D’autre part, les projections qui tablent sur une hausse constante de l’espérance de vie sont fausses: nous avons atteint un plateau déjà avant la pandémie. L’espérance de vie s’est stabilisé déjà avant la crise sanitaire et a même entamé une régression.

      Dans la pratique, les taux de conversion ont déjà tellement fondu qu’il est parfois plus intéressant de retirer le capital… (avec des taux de l’ordre à 5 % – partie obligatoire et surobligatoire confondus – il faut vivre jusqu’à 85 ans pour récupérer ses économies, donc plus que l’espérance de vie actuelle).

      Rappelons que la quantité d’épargne accumulée en 45 ans par un cotisant (AVS + 2ème pilier part employeur et employé) est énorme et devrait suffire à couvrir une retraite à 65 ans.

      Tout cela sent donc fortement l’enfumage afin de permettre à l’industrie de la finance de dégager un maximum de profits de cette masse sous gestion…

  5. Vous oubliez la durée du travail : celui qui termine son apprentissage à 19 ans et travaille jusqu’à 65 cotise pendant 46 ans , alors qu’un universitaire commence à cotiser qu’à partir de 24 ans , soit 5 ans de moins .
    On pourrait tout au moins exiger que la durée de cotisation soit la même pour tout le monde .
    Donc si l’universitaire devait cotiser pendant 46 ans, il devrait travailler jusqu’à 70 ans !
    Comme les salaires de cette catégorie sont plus élevés, l’effet serait plus que doublé …
    On obtiendrait un relèvement de l’âge de la retraite par un changement de définition du temps de travail .
    Il ne faut négliger aucune piste …

    1. Tout à fait d’accord. Il y a des tas de détails importants à régler comme la prise en compte des travaux physiquement lourds. Mais cela n’a pas sa place dans la Constitution qui énonce des principes sur lesquels baser une législation.

  6. Ne confond-on pas espérance de vie et longévité? Dans la conception courante, l’espérance de vie représente la durée de vie moyenne que les individus peuvent espérer atteindre à leur naissance. L’espérance de vie humaine augmente en moyenne de 2,5 ans toutes les décennies dans les pays riches. Elle serait passée de 22 ans en 1750 à 81 ans en 2018.

    Toujours selon l’acception en cours, la longévité, quant à elle, désigne la durée de vie d’un individu. Si l’espérance de vie n’a cessé d’augmenter au cours des siècles, la longévité stagne avec le record mondial de 122 ans depuis plus de 20 ans (record de longévité établi par Jeanne Calment en 1997). Autrement dit, la durée maximale de vie serait fixe et soumise à des contraintes naturelles.

    Pourtant, cette assertion a été démentie par un article paru en 2018 dans la revue “Nature” montrant qu’il n’y a pas de limite à la longévité humaine. Selon cette étude réalisée à partir de “super-centenaires” âgés de plus de 105 ans, le risque de mortalité, après une augmentation exponentielle jusqu’à 80 ans, décélère puis se stabilise à partir de 105 ans pour devenir négligeable. Les chercheurs concluent qu’il n’y a donc pas de limite à l’espérance de vie humaine, autrement dit que l’immortalité des humains ne serait pas un mythe mais une réalité.

    (“Existe-t-il une limite biologique à la durée de vie humaine ?” Les Echos, 6 octobre 2018)

    Nos édiles auraient-il oublié de prendre en compte l’éternité dans le calcul de nos rentes?

    1. Travailler 46 ans (de 19-65 ans ou de 24-70 ans) semble être un option mais au delà de 65 ans cela ne semble concerner que les travailleurs Independants.
      Selon la pénibilité du travail tenir jusqu’à 65 ou 70 ans n’est pas évident et encore faut il que persistent des emplois au-delà de 50 ans et que le coût du travail soit supportable pour l’entreprise et qu’elle ait suffisamment de travail à offrir.
      Majorer le taux de cotisation paritaire pour l’AVS (répartition) est une option en se souvenant que l’indépendant assume le 100% et que cela peut parfois être difficile pour lui.
      Pour le 2ème pilier (capitalisation), le principe est le même (paritaire pour l’employé sauf a l’Etat de Genève où ce dernier n’assume que le 1/3 et les 2/3 sont payés par l’Etat). Pour l’indépendant c’est le100% avec possibilité d’effectuer des rachats d’année pour autant que l’activité permet de générer suffisamment de revenus.
      Travailler plus et cotiser plus semblent être des options cohérentes, mais d’autres paramètres incontournables sont très souvent négligés par nos élus (état de santé du travailleur et de l’économie, pénibilité du travail, travailleurs dépendant ou indépendant, fiscalité, stabilité du système politique, etc.).
      Et pourtant une réforme va être nécessaire.

  7. Jean-Paul
    Article intéressant comme souvent, mais trop simplificateur, ce qui est normal pour un non spécialiste.
    Le taux de conversion dépend aussi du taux d’intérêt technique utilisé pour le versement des rentes et pas seulement de l’espérance de vie.
    A terme, et pour autant que l’économie le permette, une augmentation de l’âge de la retraite semble inévitable, à fortiori, ce qui n’est pas certain, si l’espérance de vie à l’âge de la retraite continue d’augmenter.

    1. Effectivement, je n’ai pas parlé du taux d’intérêt technique parce que cela ne changera rien à la problématique décrite. Aux dernières nouvelles : “Depuis le 1er juillet 2016 les taux d’intérêt techniques des assurances vie ne peuvent dépasser 0,05% (CHF, contrats à prime unique), 0,25% (CHF, autres polices), 0,75% (EUR) ou 1% (USD), selon la FINMA.” Personne ne peut prédire ce qui va se passer avec les valeurs boursière. Il ne faut pas y compter.

      1. Il ne faut pas tout confondre.
        Les placements des institutions de prévoyance IP) ne peuvent être comparés avec ceux des assureurs vie pour les assurances individuelles.
        Dans le passé, on ne pouvait pas non plus prédire l’évolution des marchés financiers et, cependant, des IP ont réalisé des performances moyennes de plus de 4% de 1985 à 2019.
        Certaines IP utilisent un taux d’intérêt technique de 2,5% actuellement.

        1. Quel que soit le taux utilisé, cela demeure une spéculation sur un avenir que personne ne peut prédire. La crise de 1929 a entrainé un effondrement des valeurs qui ne fut résorbé qu’après la fin de la guerre.

          1. Il ne s’agit en aucun cas de spéculation mais de l’avantage que constitue un système de financement en capitalisation, avec l’apport du rendement, que l’on appelle aussi le 3ème cotisant.
            Il continuera à jouer son rôle sur le long terme, comme dans le passé, même si plusieurs crises peuvent survenir, comme cela a été le cas depuis 1929.
            Si on n’accorde plus de crédibilité à ce système, il faut alors remettre en cause le capitalisme et mettre en place un autre régime économique et social.

          2. Je mets volontiers en cause le capitalisme et je n’ai écrit ce blog que pour attirer l’attention sur l’insécurité des pensions. Il est récemment arrivé en Grèce qu’elles soient réduites largement par décision du gouvernement. Cela pourrait nous arriver. Les valeurs boursières sont menacées par une énorme bulle de liquidités injectées dans le système.

  8. La synthèse que vous faites sur la situation de la prévoyance professionnelle est d’excellente qualité.

    Par contre, je trouve que les propos que vous tenez à l’encontre du PLR et des jeunes PLR sont un peu durs :
    1) Proposer d’élever l’âge de retraite est un suicide politique. Difficile d’oublier comment Pascal Couchepin s’était attiré les foudres il y a 20 ans lorsqu’il avait évoqué l’âge de la retraite à 67 ans. Et il ne parlait même pas d’harmoniser l’âge de retraite entre hommes et femmes. Donc c’est un peu facile de reprocher aux PLR de laisser la patate chaude aux jeunes PLR tandis que tous les autres partis font de la politique d’autruche.
    2) Le PLR, réputé pour être majoritairement constitué de “mâles quinquagénaires et plus” ne peut pas se permettre de proposer d’élever l’âge de la retraite des femmes. Les féministes de gauche n’attendent que ça pour s’indigner. L’auto-censure actuelle fait qu’il ne reste plus que les jeunes qui peuvent se permettre de proposer cette idée.
    3) Le texte soumis par les jeunes PLR est certes compliqué, et donc peu convaincant. Mais n’êtes-vous pas le premier à déplorer les solutions simplistes de l’UDC qui ne résolvent rien bien au contraire ? Je conçois qu’il faudrait trouver un juste milieu, c’est-à-dire faire une proposition qui soit à la fois compréhensible et qui apporte des solutions durables, mais à partir de quel moment on considère que la proposition devient trop compliquée à comprendre ?

    Donc effectivement, comme vous le dites dans le titre, c’est la gabegie. Et encore, on s’en sort bien, car on aurait pu accepté AVSplus (Madoff plus).

    1. Je ne reproche rien au PLR. J’explique pourquoi ce sont les jeunes qui s’impliquent.
      Au niveau de la Constitution, il est possible d’ajouter à l’article 112, la simple phrase : l’âge de la retraite se détermine à partir de l’espérance de vie à 65 ans. Et de laisser les détails à la loi d’application.

  9. Pour une fois, je suis plus optimiste que vous: de manière générale, les tendances qui se dessinent aux Etats-Unis nous atteignent avec quelques années de retard. Or, depuis 2014, l’espérance de vie y diminue, de même pour le Royaume-Unis avec quelques années de retard. Les anglais ont trouvé une explication à ce phénomène : Shit Life Syndrome. Bref, la vie est de plus en plus difficile et instable, tout comme les couples; viennent s’ajouter la malbouffe et la sédentarité. Les gens qui perdent l’envie de vivre vivent effectivement moins longtemps. Cela étant, on peut effectivement imaginer ce que l’histoire pensera de cette génération qui après avoir fait mai 68 a tout consommé, de la planète au capital retraite de la génération suivante, ne laissant comme référence morale qu’un système néolibéral qui hésite entre anarchie (loi du plus fort) et dictature (loi du plus fort aussi, mais mieux organisée avec néanmoins des passations de pouvoir volontiers sanglantes).

  10. Tient au passage, que proposent les Vert et les Vert libéraux ? Hop de nouvelles taxes !!!

  11. Soyons plus optimiste. La bourse connaît certes des hauts et des bas, mais si on table sur le long terme on est toujours gagnant, en veillant à une diversification tout azimut (région, monnaie, secteur d’activité, etc.).
    Prenez l’action Coca-Cola: augmentation du cours d’environ 5’000% en 41 ans (de 0.69 à 49.61) et versement d’un dividende annuel de 3%, qui n’a jamais baissé en 40 ans ! Les gestionnaires des caisses de pension doivent savoir cela; reste probablement à assouplir les règles d’investissement, car l’obligation d’État de papa, c’est terminé. On pourrait aussi parler des frais de gestion des multiples caisses, qui devraient être centralisées en une seule (moins de directeurs et autres administrateurs à la valeur ajoutée hypothétique).

  12. Un salarié de 55 ans et plus doit prélever 18% + 5,10 = 23,10% de son salaire, déjà élevé, pour le système de retraite, et son employeur autant. De plus une famille de 4 (enfants adultes) avec 100 mille de revenu annuel débourse à Genève avec les franchises et les participations aux frais: 27% pour l’assurance santé. Total général envoisinant 50%. Ce salarié est soumis à la concurrence forcée, non voulue, d’un individu (industrie, internet, travail à distance, etc.) qui vit quelques part sur la planète et qui ne participe en rien à tout ce système, et chez lui rien de tout ce qui précède n’est obligatoire. Vous trouvez que cela est juste par rapport à ceux qui ont construit le civilisation moderne? vous pensez que l’Occident va pouvoir s’en sortir avec la mondialisation sauvage et destructrice? Selon l’OMC la Chine est un pays du tiers monde qui a des droits préférentiels pour nous envahir avec sa marchandise et mettre des freins à l’entrée de nos marchandises chez eux, et l’Occident, y compris Trump, restent “bouche bée”. Des naïfs et des ignares pour ne pas écrire c…ards sont à la manœuvre chez nous, contre un mode qui s’organise pour nous couler. Prolonger l’âge de la mise en retraite n’aura un sens qu’avec le retour des Etats Nations, car à ce rythme les salariés de 45 ans deviendront vieux et candidats au chômage.

    1. Effectivement les prélèvements pour la pension croissant avec l’âge sont une des aberrations du système qui décourage les entreprises de maintenir ou d’engager des gens âgés. Aussi longtemps que ce système perdurera il n’y aucune chance d’allonger la durée du travail. De façon générale les prélèvements oblligatoires sont beaucoup trop lourd pour ceux qui les subissent et ils ne subsistent que parce que la majorité de la population ne paie pas d’impôts.

      1. Ne serait-ce la captation toujours plus avide du fruit du travail par le système bancaire, qui est à l’origine de cela ?
        (de cela, et a fortiori de la destruction de nos écosystèmes).

        1. La captation des fruits du travail résulte de la législation, c’est-à-dire de décisions du parlement. A titre d’exemple on a découvert récemment que 70% de la population genevois ne contribue qu’à 1% de la collecte des impôts, pratiquement ils ne paient pas d’impôts. Et 70% des impôts proviennent du pourcent le plus riche. En d’autres mots ce système opère un transfert entre les riches et les pauvres. En passant il pèse lourd sur la classe moyenne qui paie des impôts et ne touche pas de subsides.

          1. Genève devrait être administrer par la Confédération pendant une dizaine d’année pour l’assainir, ou bien donner carte blanche à Broulis (ministre vaudois des finances) pour le faire.

  13. C’est toujours cocasse de constater que quelqu’un qui est a la retraite depuis bien longtemps, prone un allongement de la duree du travail pour les actifs.
    Il faut etre bien loin des realites en entreprise pour avancer ce genre d’argument. Quand on sait qu’a partir de 45 ans on est considere comme vieux, que l’intelligence artificielle va detruire un nombre d’emplois dont on a pas encore idee…
    Le travail ne se decrete pas, ne se multiplie pas non plus par generation spontanee.
    La jeunesse qui aujourd’hui fait face a la crise Covid, qui va devoir gerer une degradation de l’environnement dont la responsabilite incombe aux generations precedentes, on va lui demander d’en baver encore plus longtemps ?
    Le temps de la retraite serait aussi un moment pour corriger les inegalites subies par certaines couches de la population tout au long de leur vie professionnelle. Les femmes celibataires qui ont du faire face seule a la durete de l’existence, en elevant les enfants qui eux, cotisent et cotiseront pour les generations qui sont actuellement a la retraite. Pour une fois, ne pas faire payer tout le temps les memes.
    C’est faire prevue de degres d’ingratitude absolument ahurissant.

    1. L’auteur est moins cocasse que vous ne l’imaginez. De 1954 à 1996, il a mené une première carrière d’ingénieur, puis de 1999 à 2021 une seconde carrière politique avec l’élection aux trois niveaux, soit au total 64 ans. En parallèle, il a rédigé et publié une trentaine de livres qui postulent beaucoup de travail. Il n’est donc pas à la retraite depuis longtemps. Il ne l’est toujours pas.
      Il ne plaide pas abstraitement pour un allongement de la durée du travail, mais pour la sauvegarde du système de pension. Cela ne peut se faire que si le travail des personnes âgées n’est pas entravés par des cotisations croissantes et une qualification négligée. Cela vaut la peine de rappeler qu’aucune mesure de soutien à la formation continue sous forme de congés obligatoire et de subvention des coûts n’est actuellement prévue.
      Le travail se génère par la disponibilité du pouvoir d’achat c’est-à-dire par un travail rémunéré et non par des pensions rognées en douce. Votre remarque est fondée sur l’illusion qu’il existe un certain nombre figé d’emplois au kilomètre carré et qu’il est impossible de créer des métiers qui n’existaient pas.

    2. Dans un monde normal, un pays doit limiter l’accès à son marché de l’emploi en fonction du chômage chez lui. La Suisse devrait interdire le chômage en changeant le modèle actuel. Les génocides sanguinaires ne sont heureusement plus possible en Occident, mais les génocides administratifs et politiques sont de plus en plus implacables et plus dangereuses, car les affairistes qui les décident nous gardent en vie tout en vidant l’existence de la population de la tranquillité et du potentiel d’épanouissement. Ce ne sont pas les retraités qui prennent a place des plus jeunes.

  14. Merci pour cette implacable et nécessaire démonstration. La Suisse, si fière de son système des trois piliers, est comme la parabole des trois singes, qui ne voient rien, qui n’entendent rien, qui ne disent rien!
    La France, qui ne connaît que le système de répartition, sauf caisses complémentaires professionnelles, est confrontée au même déni de la réalité.

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