La victoire d’Egerkingen

 

Le comité d’Egerkingen a parfaitement atteint son objectif : diviser en deux l’électorat suisse pour ensuite capitaliser une moitié en faveur de l’UDC. L’initiative n’aura donc aucune incidence sur la réalité puisqu’elle ne la visait nullement. Comme le masque chirurgical est largement obligatoire, même après l’extinction très improbable de l’épidémie, personne ne pourra être sanctionné pour son utilisation. Se masquera qui voudra : fomenteurs de hold-up, émeutiers, femmes musulmanes.

La très éventuelle sanction de la burka et analogues est laissée à la libre interprétation des cantons, dont certains se sont prononcés contre l’initiative. Il est prévisible qu’à Interlaken, Genève, Davos et Gstaad des burkas déambuleront sans aucun risque de se faire arrêter ou amender. C’est un coup d’épée dans l’eau, comme cela a été planifié dès le début.

En dehors d’une incitation directe à devenir suppôt de l’UDC, la réussite de l’initiative aura l’effet de remettre dans le circuit l’appartenance confessionnelle. Voici un siècle, le pouvoir populiste s’est établi en suscitant le mépris, la suspicion et la haine des Juifs, pas seulement en Allemagne mais dans la plupart des pays européens. Pour le siècle à venir, ce soupçon frappera tous les musulmans, même et surtout ceux qui sont parfaitement respectueux des lois de la Suisse. Il y a 200 000 femmes musulmanes en Suisse et elles seront affectées par l’opprobre lancé sur 30 d’entre elles. Certaines seront tentées de les rejoindre, simplement pour affirmer leur liberté. Il y aura donc plus de porteuses de burkas qu’auparavant, ce qui est tout à fait le but d’Egerkingen. Eventuellement un terroriste venu de l’étranger commettra sur le territoire suisse un attentat afin de sanctionner la position antimusulmane de la Constitution.

Ce serait tout bénéfice pour Egerkingen. Il y aurait enfin une guerre de religion qui permettrait d’opposer les Suisses de souche aux autres. Il y aurait enfin des violences, des insultes, des passions. Moins de raison, de tolérance et de Droit. Une régression dans les siècles antérieurs, attisée éventuellement par la poursuite de l’épidémie, le chômage, une crise économique. Loin de réanimer les Eglises chrétiennes, cette initiative suscitera des sectes fanatiques.

Si l’on voulait éviter cette dérive, il faudrait aborder de front la relation interreligieuse. La Suisse n’est pas cet Etat laïque à la française, qui prône en fait une religion de l’Etat au détriment de toutes les autres, une sacralisation de la République. En Suisse, les religions sont reconnues et subsidiées par la plupart des cantons dont c’est la prérogative. Les règles pour cette reconnaissance ont été élaborées en faveur des Eglises chrétiennes et éventuellement du judaïsme. Pas pour l’Islam qui compte environ 5% de la population. Cela permet de le blâmer d’accepter des subsides l’étranger. Etre musulmans, c’est être un peu moins Suisse que normalement, c’est être un pion de l’étranger, une menace pour l’ordre public.

Effectivement, les deux initiatives contre les minarets et la burkas ont accrédité le préjugé selon lequel l’Islam serait une religion dangereuse, prônant la violence, en oubliant que l’on peut trouver dans la Bible tout autant de prescriptions dans ce sens. C’est chaque fois prendre au pied de la lettre des écrits datant de nombreux siècles et reflétant les préjugés de l’époque. Ce qui est interprété selon la justesse de la critique historique pour le christianisme ne l’est pas pour l’Islam.

Les musulmans suisses n’ont jamais perturbé l’ordre public, a fortiori commis d’acte terroriste. Il n’y a donc pas d’autre raison de les humilier que de promouvoir l’intolérance religieuse, qui est elle directement contraire aux valeurs inscrites dans la Constitution. Les initiatives d’Egerkingen ont donc pour but de saper les fondements de la Suisse en prétendant les consolider. En se drapant dans les plis d’une démocratie intransigeante, il pousse celle-ci jusqu’à la contradiction puisque son but est la prise de pouvoir par tous les moyens.

En plus la démarche d’Egerkingen témoigne d’un génie politique tout à fait exceptionnel. Le choix du sujet de l’initiative antiburqa est particulièrement pervers : par sa nature, il divise le féminisme qui ne peut ni l’appuyer, ni la refuser sans se mettre en contradiction. C’est un coup de maître. Attirer dans les rangs d’un parti machiste, des féministes convaincues est le sommet de l’art. Déceler la faille d’une contradiction chez l’adversaire et l’exploiter est un marchepied pour le pouvoir.

Enfin débattre d’un problème inexistant détourne l’attention des véritables problèmes pour lesquels le populisme n’a aucune solution : l’épidémie et la transition climatique. Cela permet de critiquer les efforts du pouvoir existant sans même proposer des solutions qui constitueraient une alternative. Cela permet de saper ce pouvoir puisque le but véritable est de le confisquer.

Dès lors, on peut à la fois regretter que les promoteurs des ténèbres soient tellement plus habiles que les enfants de lumière et en tirer une conclusion évidente : tout citoyen suisse désireux de faire une carrière politique réussie, sans se fatiguer, sans se prendre la tête, dans une indifférence totale à quelque conviction que ce soit, doit accéder aux rangs du parti populiste. Si vous ne pouvez pas battre vos adversaires, il vous reste à les rejoindre.

 

 

 

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.

31 réponses à “La victoire d’Egerkingen

  1. “Effectivement, les deux initiatives contre les minarets et la burkas ont accrédité le préjugé selon lequel l’Islam serait une religion dangereuse, prônant la violence, en oubliant que l’on peut trouver dans la Bible tout autant de prescriptions dans ce sens. C’est chaque fois prendre au pied de la lettre des écrits datant de nombreux siècles et reflétant les préjugés de l’époque. Ce qui est interprété selon la justesse de la critique historique pour le christianisme ne l’est pas pour l’Islam.”

    Le relativisme a des limites.
    Il n’y a pas, au 21e siècle, un “Etat Christianiste” qui applique à la lettre, et dans la violence la plus abominable, les prescriptions de la Bible.
    Il y a bel et bien des attentat commis en criant “Allahou akbar”, pas “Jesus” ou “Bouddah”. Les djihadistes ne sont pas déclarés comme apostats, contrairements aux musulmans qui osent remettre en cause le caractère incréé du Coran, et qui risquent la décapitation.

    1. Il y a la famille Bush aux Etats Unis attaquant l’Irak au nom du bien contre le mal. Il y a la Pologne qui prohibe l’avortement.

    2. Le relativisme a ses limites, tout comme votre vision cher Monsieur.

      Votre avis est biaisé par le rapprochement absurde que vous faites entre l’Islam actuel et le catholicisme d’état que nous avons connu en Europe jusqu’au 19e siècle, que vous n’avez de facto pas connu et dont vous avez semble-t-il une vision très romancée (et que vous présentez implicitement et à tort comme le seul exemple “d’état Christianiste”, pour autant que le terme existe, ce dont je me permet de douter).

      Malgré ce que vous pouvez entendre à la télé et toutes les idées préconçues que vous pouvez avoir sur le sujet, il n’y a en réalité pas beaucoup de pays de confession musulmane où des violences abominables (reste encore à définir ce que cela veut dire exactement) sont appliquées au nom de la religion par le gouvernement. Par contre oui, dans certains pays meurtris souvent par d’autres raisons (notamment l’intervention occidentale), on trouve des groupes extrémistes qui instrumentalisent la religion pour servir leur cause. Jusqu’à preuve du contraire, ce sont ces groupes qui commettent des attentats et non des états, c’est là une autre confusion dangereuse que vous faites.

      Il y a effectivement des attentats spectaculaires et surmédiatisés (à dessein) dans lesquels on rapporte que “Allahou akbar” est proféré, il est vrai. Mais pour répondre à votre argument erroné sur Jesus et Bouddha, les groupes islamistes n’ont malheureusement pas le monopole de la barbarie. Vous apprendrez par exemple peut être que depuis pas mal d’années, des groupes bouddhistes du sud de la Thaïlande massacrent les populations musulmanes dans une violence indescriptible, dans l’indifférence internationale la plus totale et qui n’empêche pas les occidentaux d’aller y passer leurs vacances. Que dire également de la situation birmane, où là encore des groupes bouddhistes (dont un nombre important de moines nationalistes radicaux) massacrent les Rohyngias musulmans, avec, il est vrai un peu plus de notoriété. Ceci dit cela ne vous touche pas donc vous vous en fichez probablement. Il serait également trop long de lister ici toutes les atrocité commises sous couvert du Christianisme depuis 1’500 ans, mais il suffit de regarder dans les actuels pays d’Europe de l’Est (en Pologne avec les intégristes populistes catholiques par exemple), mais surtout aux Etats-Unis, avec la toute puissances des églises évangéliques et leur impact sur la politique interne et externe du pays, et les exactions que ce dernier commet de par le monde au nom de la “liberté” et de la “justice”.

      Tout ceci non pas pour faire du “whataboutism”, mais pour démontrer que la religion n’est toujours qu’un prétexte à la barbarie, quelle que soit cette religion. L’Islam elle même n’est pas plus violente que le Judaïsme, le Christianisme ou le Bouddhisme, mais il y a eu des efforts colossaux en occident depuis 50 ans pour nous faire croire le contraire. Il est également extrêmement dangereux et dommageable de mettre dans le même panier une population qui vit sa foi en paix et dans le respect de l’autre, et des groupes extrémistes qui prennent la religion comme justificatif à des actes innommables.

  2. … ou simplement les Suisse.sse.s ont montré leur attachement aux libertés, au vivre ensemble, à l’égalité entre hommes et femmes… et rejeté une pratique en tout point choquante qui remonte au Moyen-Age.

    Personne ne regrettera la burqua, sauf quelques hommes qui devraient s’interroger sur leur conception de l’égalité entre hommes et femmes, plutôt que se réfugier derrière un concept d’islamophobie fumeux…

    Non mutilations génitales!, non à la burqua!, non aux abattages rituels!. C’est si dur de traiter son semblable avec humanité et lui reconnaître les mêmes droits qu’a ses propres filles?, et à les protéger par le droit pénal de pratiques obscurantistes ? Faut-il accuser les féministes d’ayatollah? ou d’islamophobes ?

    1. Tel est en effet le génie de l’UDC : choisir un sujet qui mobilisera forcément des femmes dont il ne se préoccupe pas du tout mais qu’il va instrumentaliser à ses fins propres, qui sont en particulier la régression dans le patriarcat et le machisme. Personne ne regrette le burqa bien évidemment mais on peut regretter l’utilisation qui en a été faite.

      1. Tel est en effet la sottise des partis de droite qui ont méprisé de leur tour d’ivoire les aspirations à l’égalité et les craintes de la population contre une marque d’asservissement des femmes.

        Cette interdiction n’a pas sa place dans la Constitution, mais les partis bourgeois ne se sont pas du tout préoccupés d’une préoccupation effective de la majorité de la population… voilà le résultat…

        Demain, ce sera le tour de l’abattage rituel et le comité trucmuche gagnera à nouveau…

        Heureux qui toi regarde de haut le petit peuple, ses petites aspirations à l’égalité et considère qu’il n’a pas compris ce que toi -ô toi – tu sais … 🙂

        1. Comment les partis de droite-je ne compte que le PLR- auraient-ils pu rencontrer une inquiétude aussi diffuse et vague? En interdisant l’immigration de musulmans? En fermant les mosquées? DE quoi la population avait-elle peur sinon de craintes attisées par la propagande UDC? Grâce au succès de l’initiative antiburqa elle sera confortée dans l’illusion qu’une menace existe.

          1. Je pense, cher monsieur Neirynck que vous mettez trop la faute sur le dos de l’UDC. Bien sûr l’UDC tire parti en Suisse de la crainte de l’Islam qui existe réellement et de manière diffuse dans la population. Mais cette crainte n’a pas été créée par l’UDC.

            D’une part c’est une tradition très ancienne qui vient du fait que les relations n’ont jamais été pacifique entre peuples chrétiens et musulmans. Nous mangeons tous des croissants avec le café au lait du matin. Ces croissants ont été inventés par la population de Vienne, pour se moquer des turcs qui encore au XVIIIe siécle assiégeaient Vienne. Le croissant est le symbole de l’Islam. Et rappelons nous que les choses ne sont pas si bien passées que ça, contrairement à ce qu’on nous dit, dans l’Espagne “multiculturelle” du moyen âge. Mais je veux bien reconnaître avec vous que ces souvenirs historiques sont lointains, presque oubliés.

            En réalité la crainte de l’Islam dans laquelle nous baignons est due AVANT TOUT à une propagande impériale et belliciste massive, venant des États Unis et d’Israël. Il a fallu justifier des guerres insensées contre l’Afghanistan, l’Irak,ainsi wue les exactions d’Isarël. On a donc déversé une phobie de l’Islam par tous les canaux de la propagande occidentale. L’UDC n’y est pour rien.

            Quand on a voté pour interdire les minarets, beaucoup de gens ont vanté le “courage” du peuple Suisse qui avait osé voter à contre courant de l’idéologie dominante. J’ai beaucoup réfléchi à ça, et je suis arrivé à la conclusion que le peuple Suisse n’a pas du tout voté à contre courant. Il a voté au contraire dans le sens du courant dominant, en anglais mainstream, et le mainstream est islamophobe parce que cela fait partie de la propagande de guerre occidentale.

            Il y a deux courants dans la propagande actuelle que nous subissons.

            Un courant antiraciste qui vise à culpabiliser les peuples européens pour qu’ils acceptent de se suicider par l’acceptation de l’immigration massive. Ce courant est très fort et il est subi très désagréablement par le peuple, mais le peuple ne réagit pas car on a pris la précaution de faire passer des lois qui musèrent et criminalisent l’expression de toute opposition à l’immigration et au multiculturalisme. De temps en temps le peuple se venge en acçeptant quand même une initiative anti immigration, mais ces initiatives là ne sont pas appliquées. La classe politique s’assied dessus, n’hésitant pas à violer la constitution pour ne pas stopper l’immigration.

            Et puis il y a un courant de propagande de guerre, voulu, je le répète par les USA et Israël, qui s’exprime comme toute propagande de guerre de manière brutale et excessive et qui écrase tout comme un bulldozer. Ce courant la en réalité est le plus fort. C’est lui qui explique l’acceptation des initiatives du groupe Egerkingen: minarets et burqa. Le peuple suisse suit simplement ce courant là qui vient de CNN et de Benjamin Nethanyahou, et vise à diaboliser les musulmans.

            Les deux thèmes propagandes que nous subissons peuvent se résumer comme suit:

            A) on nous ordonne de nous suicider en acceptant l’immigration et on nous interdit de réagir face à une immigration qui menace notre existence même comme peuples européens et donc notre survie ethnique.

            B) on nous autorise à dénigrer les musulmans et l’Islam. Ca c’est permis, c’est meme encouragé, car il faut justifier les guerres impériales pour le pétrole et les exactions d’Isarël envers les Arabes.

            Les Suisses se contentent d’obéir aux deux injonctions apparemment contradictoires, qui ne viennent pas de l’UDC mais de la propagande de l’empire. L’UDC se contente d’en tirer un parti électoral. Elle a raison de le faire et de son point de vue c’est de bonne guerre.

            Si vous voulez, comme le peuple subit une oppression à cause de l’immigration qui menace son existence, et qu’on lui interdit de protester contre cette oppression là, et que de l’autre côté on l’autorise à protester contre l’islam, il est donc logique que la marmite à pression, pour ne pas exploser, se serve de la seule valve de décompression permise par le pouvoir: voter contre les symboles de l’Islam.

          2. Nos analyses convergent, l’UDC observe bien la situation, exploite les contradictions de ses adversaires et en tire un bénéfice électoral. La question demeure : un parti est-il une organisation qui ne doit se préoccuper que de sa propre réussite ou bien un moyen pour rechercher le plus grand bien pour le pays. Gagner des voix en suscitant la division n’est peut-être pas une bonne idée à long terme.

  3. Face à l’extrémisme politique ou religieux, il n’y a pas une once de liberté à donner à ces gens.
    Votre erreur est de voir les choses au premier degré : Peu de femmes sont concernées, donc ça ne sert à rien..
    On peut être flexible et laisser salafistes, nazis et autres semeurs de haine, répandre leur idéologie, ou préserver la paix dans la société en étant stricte.
    Une société multiculturel ne peut exister dans le sens de communautés très différentes qui se mélangent. Il faut un gros effort pour transcender notre héritage ADN qui nous pousse à vivre en communauté ou dans une relation identitaire (pays, région, ….). Seule une minorité d’individus peut créer un pont pour transcender ces communautés, mais c’est presque toujours en créant d’autres ( riche ou hautement éduqué, croyance commune, haine commune, idéologie commune, …)

    Par conséquent, pour que les communautés puissent vivre ensemble et fusionner un jour, il faut éliminer les forces centrifuges : Les extrémistes.
    Il n’y a pas à chipoter avec des prédicateurs ou imam de haine, ni avec les symboles qu’ils utilisent.
    Que l’initiative soit venu de ces xénophobes ne me dérange pas, ma préoccupation, c’est de garantir que l’extrémisme ne pourrira pas la société.

    Si je fuyais mon pays sous l’emprise nazis, je n’aimerais pas que mon pays d’accueil considère cette idéologie, comme une droite, juste un peu musclé.

    1. Je n’ai pas dit que cela ne sert à rien, j’ai dit que cela sert à recruter des électeurs UDC.

  4. Très bonne démonstration que personne encore n’ose faire!
    Mais alors que penser de madame De Quatro devenue opportunément féministe et prenant la Défense de la femme musulmane, et aussi pourfendeuse du méchant musulman qui voile sa femme?
    Donc si je vous comprends bien, L’UDC nous instrumente sans vergogne pour alimenter la haine de l’autre ?
    Ce qui commence à faire peur c’est qu’un tiers des Suisses votent UDC !

  5. Promouvoir les ténèbres est de vouloir prétendre qu’un élément d’oppression avéré est un symbole de la liberté et un droit fondamental. De par sa nature intrinsèque, cela ne peut pas l’être et ne le sera jamais. Il est choquant de vouloir affirmer absolument le contraire par des raisonnement tortueux. Le souverain ne s’y est pas trompé et a donc voté en conséquence, et pas du tout contre les personnes de confession musulmane qui ont les mêmes droits essentiels que les autres dans ce pays. Des personnalités remarquables comme l’imam de Berne l’ont bien compris, ainsi que beaucoup d’autres qui seront toujours les bienvenu(e)s parmi nous. Ce que vous avez écrit déforme la réalité pour développer une polémique qui n’a plus lieu d’être vu le résultat démocratique de la votation. Il n’y a pas lieu de jeter la pierre à des partis politiques ou à qui que ce soit, une initiative a été lancée et il y a eu débat pour que les gens puissent s’exprimer. Contester à tout prix cet aboutissement revient à remettre en question la démocratie directe, ce qui ne semble pas du tout souhaitable si nous voulons garder une chance de pouvoir défendre efficacement et pacifiquement nos libertés.

    1. Je ne conteste pas le résultat qui était prévisible mais la perversion qui consiste à poser des questions inexistantes pour fabriquer des peurs sans fondements.

      1. En quoi un obscurantisme qui touche déjà 30 femmes en Suisse et est en augmentation serait inexistant??

        Il y a grosso modo 40 homicides par an en Suisse. Il ne faut pas intervenir non plus ?

        Je vous invite à tester la burqua pendant 5 minutes et vous me direz si c’est une simple question vestimentaire…

        Je suis blessée par votre banalisation d’une pratique aussi sexiste! Comment peut-on se dire en faveur de l’égalité des sexes, et banaliser la burqua ??

        1. Il faut lire un texte pour ce qu’il dit et non projeter dessus ses propres préoccupations. Nulle part dans le blog il n’est question de banaliser la burqa, ni même de revenir sur les arguments pour et contre, mais d’analyser la tactique magistrale de l’UDC qui a réussi à manipuler une partie de la gauche et une partie des femmes dont vous faites partie. Il aurait dû être clair que les initiants ne sont pas du tout en faveur de l’égalité des sexes, bien au contraire. La victoire d’Egerkingen est une défaite pour toutes les femmes suisses. Pourquoi? Lorsqu’il s’est agi de garantir l’égalité salariale, l’UDC est évidemment contre. Sa victoire récente renforcera le parti et défavorisera la cause des femmes dans le futur.

          1. Je dois dire que je suis assez admiratif de l’UDC en terme de finesse sur ce coup là.

            Réussir à faire voter des féministes pour un loi restreignant ce que les femme peuvent porter ou pas est simplement magistral.

            Le problème “adressé” par l’initiative existe t’il ? Oui, certainement. Est-ce qu’une interdiction va le régler ? J’en doute.

            Il me semble qu’il y a bien d’autres problèmes urgents à régler, mais l’UDC est invisible sur ceux-ci quand elle n’en nie simplement pas l’existence (Changement climatique, perte de biodiversité, dépendance énergétique vis à vis de l’étranger, dépendance alimentaire vis à vis de l’étranger, etc…). Problèmes que l’on ne peux pas régler avec des solutions simplistes, et donc sont des problèmes hors contexte pour un parti populiste.

          2. Mais, Monsieur, je ne suis pas captive du messager.

            Oui, cet obscur comité lucernois est globalement contre les droits des femmes. Mais je n’ai pas voté pour qu’il me représente, mais contre la burqua. Ce comité n’a pas un centime de plus, pas un conseiller national de plus, mais nous, nous avons gagné l’interdictions de la burqua! Et on a vidé leur tirelire, ce qui les empêchera de nous nuire pendant quelque temps 😉

            Je l’ai déjà écrit. Si l’UDC avait proposé une initiative en faveur du droit de vote des femmes il y a 50 ans, vous auriez appelé à voter non ? Parce que le messager ne vous plaît pas?

            Je vous invite à regarder le message, plutôt que le messager.

          3. C’est bien le problème. Quand un messager n’est d’ordinaire pas fiable, joue sur les sentiments, exalte les passions, crée des oppositions, tout message venant de lui est suspect et cache des intentions inavouables. Tous les régimes populistes et jadis les régimes fascistes ont des propositions acceptables. Hitler a construit les premières autoroutes, Mussolini faisait arriver les trains à l’heure, Staline soutenait les artistes. Cela n’excusait pas le reste et prohibait que l’on collabore avec eux.

          4. « l’UDC qui a réussi à manipuler une partie de la gauche et une partie des femmes »

            Diviser pour régner est une technique vieille comme l’humanité. Toute stratégie militaire ou politique a recours un fois ou l’autre à cette technique.

            Surtout quand l’adversaire, par ses contradictions, prête particulièrement le flan à ce genre d’opérations.
            L’idéologie de gauche ne manque pas de paradoxes moraux qui se heurtent aux dures lois du réel.
            Ne pas les exploiter serait une faute politique.

  6. C’est une bonne analyse. On peut ajouter que de mobiliser les passions sur un faux problème alors qu’une pandémie faisait plus de 10000 morts en Suisse, il fallait le faire. C’est un bon indicateur du niveau de crédulité face à la propagande internationale et de la “fake news” en Suisse.

    Egerkingen, c’est tout sauf la défense de la femme (c’est même une vision de la condition féminine dont les populations musulmanes conservatrices ne
    pourraient rêver – ça fait peur !). Si on les écoutait, le droit de vote pour les femmes serait révoqué.

    Le fait d’accepter, le même jour, un traité de libre-échange avec le plus grand pays musulman qui pratique une forme d’intégrisme religieux démontre à quel point les Suisse votent plus avec leurs pieds qu’avec leur cerveau.

    Ajoutons que la mise en oeuvre sera Cantonale (donc chacun sa loi d’application à géométrie variable) et là, nous devenons la risée du monde entier. Vous verrez quand il faudra expliquer à une touriste Indonésienne comment se vêtir dans le train Genève-Zürich.

    Bref, la Suisse a perdu beaucoup de son aura internationale pour pas grand chose ce week end (bel auto-goal). C’est la preuve que le “sonderfall” helvétique a vécu et que nous nous fondons parfaitement dans le décor “mainstream” dessiné par une propagande populiste internationale. La fin de notre indépendance est programmée car il est maintenant démontré que n’importe quelle puissance étrangère pourrait manipuler l’opinion comme l’UDC le fait grâce aux technologies modernes.

    1. Si jamais, les musulmanes indonésiennes ne portent pas de voile intégral. Celui-ci est même interdit dans plusieurs régions.
      Le port du voile n’est d’ailleurs pas obligatoire en Indonésie, et une part des musulmanes n’en portent pas.

      En résumé vous paraissez tout aussi ignorante que les populistes que vous critiquez, ce qui est dommage, car c’est ce genre d’intervention qui leur donne plus de crédibilité.

      1. Je ne crois avoir mentionné quoi que ce soit en qui concerne l’obligation du port du voile en Indonésie. Lisez bien avant de critiquer Monsieur je sais tout.

        Par contre, ayant vécu en tant qu’expat, je vous garantis que ce n’est pas un état laïc et que la loi islamique est parfois appliquée durement dans certaines provinces (comme dans l’Aceh).

        Le port du voile n’est, en effet, pas obligatoire à l’école mais il n’est pas interdit. Par contre, la pression sociale existe bel et bien et est plus forte que la loi.
        Les contraintes varient selon les lieux mais sont toujours présentes.

        C’est un peu comme la Suisse, cela dépend de là où vous vivez…

        1. J’ai réagi à cause de cette phrase dans votre précédent message : “Vous verrez quand il faudra expliquer à une touriste Indonésienne comment se vêtir dans le train Genève-Zürich.”

          En l’occurrence, il n’y aura rien à leur expliquer puisqu’elles ne portent pas de voile intégral. Puisque vous connaissez apparemment bien l’Indonésie, pourquoi avoir mis cette phrase ?

          Sinon je vous rejoins sur la pression sociale selon les régions, tout comme en Suisse.

  7. Merci Monsieur Neirynck pour votre argumentaire qui démontre parfaitement l’instrumentalisation mise en oeuvre par cette initiative. L’initiative a opéré par oppositions binaires, freinant des réflexions plus complexes pourtant bien nécessaires à l’appréhension des enjeux actuels. La manipulation a porté sur des injonctions et inductions binaires du type : sauver des êtres (considérés comme incapables de choix) ou être culpabilisé.e et considéré.e comme complice des oppresseurs, interdire un terrorisme (uniquement focalisé sur un bout de tissu) ou être complice de sa propagation. Habituellement, le contexte des initiatives est considéré comme important à considérer, alors que curieusement dans cette initiative beaucoup l’ont rejeté en portant paradoxalement son rejet comme un argument.
    Bref, l’excellent article du jour paru dans Le Temps révèle qui sont les acteurs de l’initiative. Suite à l’importante division opérée par ces initiants si peu connus, j’adresse au Temps le souhait que l’article puisse être lisible pour toutes et tous.

  8. Si l’on ôtait le nombre de fraîchement naturalisés qui votent UDC, il ne resterait pas grand’monde dans ce parti. Se souvient-on de Georges Breny, membre fondateur de la section bernoise de l’Action nationale, qui l’a mis en tête de sa liste vaudoise aux élections fédérales de 1971? Au cours d’un débat Table Ouverte, le 8 octobre 1974, quelques jours avant la votation, son opposant, le conseiller d’Etat radical neuchâtelois Carlos Grosjean lui demande:

    – Au fait, monsieur Breny, n’êtes-vous pas né à Tunis et votre vrai nom n’est-il pas Abdallah Ahmed Fradj Tabelsi?

    Silence mortifère et faciès blême de l’interpellé devant micros et caméras. En effet, né à Tunis en 1930, d’un père postier et d’une mère suisse dont il adopte le nom, Georges Breny s’installe à la Chaux-de-Fond où il fait un apprentissage de mécanicien-électricien, devient horloger-acheveur puis conducteur de tram à Berne. La loi lui permettant de ne pas faire figurer son domicile sur les listes électorales, il devient conseiller national d’un canton qu’il ne connaît pas (1971-75).

    Typish Helvetish, nicht wahr?

    (Source: Dictionnaire historique de la Suisse – DHS (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/004963/2011-11-24/)).

  9. J’adhère totalement à votre analyse. Mais il faut en tirer une conclusion positive: nous devons lutter pour la laïcité des États (Cantons et Confédération). Seul un Etat laïc peut défendre les principes républicains face à quiconque les contesterait au nom de lois prétendument supérieures. Seul un Etat religieusement neutre peut protéger à la fois la liberté de culte et une loi commune – l’égalité en dignité et en droit des femmes et des hommes – qui ne se réfère à aucun culte mais s’impose aux pratiquants de tous les cultes.

    1. Seuls Genève et Neuchâtels sont des cantons laïcs.

      Et ce sont les deux cantons qui ont le plus de problèmes. Il nous faut une neutralité confessionnelle, pas une laïcité qui ne fonctionne nulle part. Nous devons intégrer, assimiler et faire aimer notre pays.

      1. Comment aimer ce pays qui part en vrille à cause de ses structures politiques qui ne fonctionnent pas en temps de crise ?
        Comment être fier de ce pays qui va commercer encore plus avec l’indonésie qui pille la biodiversité et son peuple ?
        Pas facile !
        Comment imaginer que des Etats comme le Valais devienne un jour laïc ? impossible puisqu’ils dont gangrené par Econe, etc etc…

        1. On aime son pays sans conditions en essayant de corriger ses inévitables imperfections.
          Ce n’est pas Econe qui a fait le Valais mais le Valais qui a fait Econe.

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